♣ 14 juin 1970, New-York.

Sa cible était juste là. Discutant joyeusement avec, semblerait-il, un groupe d’amis. Accoudé contre le comptoir d’un petit bar de New-York, Colin buvait lentement sa boisson alcoolisée, de temps en temps, il regardait le fond de son verre. Il était aussi misérable que le goût de sa boisson. Aussi… amer ? Il n’arrivait pas à concevoir le fait qu’il était là, encore vivant. D’un geste brusque, il déposa son verre, faisant sursauter le barman et quelques clients. Il était temps de faire son job ; ce qu’il était toujours « destiné » à faire. Les yeux bruns de Colin devinrent soudainement plus sombres, des petites tâches apparurent et quelques instants plus tard, les lumières vacillèrent avant de tomber dans un sommeil lourd. Des chuchotements craintifs et des rires gâchaient l’atmosphère inquiétante que Colin voulait créer, il fit un soupir exaspéré avant de s’élancer vers sa cible. Il les voyait. Tous. Mais eux, ne le voyaient jamais. Dans la pénombre, ses pas lourds faisaient un écho effrayant. Et sans que personne ne le remarque, il vint placer sa main sur la bouche de sa cible, plaçant son souffle près de son oreille. Pour ne pas qu’elle s’enfuit, Colin le coinça grâce à son bras qu’il bloqua en dessous du cou de sa victime. Il sentait sa cible se crisper, tenter de s’enfuir mais il ne lâchait pas prise.

Des clients partirent, au plus grand bonheur du tueur. Ce dernier recula en arrière, tenant toujours l’humaine qu’il amena dans les toilettes. Avant que la lumière ne les atteigne, il l’éteignit plus radicalement que les autres. Il sentait la peur, il savait que chacune de ses victimes voulaient vivre mais lui il ne leur laissait jamais le choix. Ce n’est pas pour son plaisir ou pour combler un manque, mais Colin avait des ordres. Des ordres qu’il ne voulait pas négliger. Son cœur battait aussi vite que sa victime et soudain, il ouvrit un des cabinets, fit entrer l’humaine en gardant sa main contre sa bouche. Elle ne le voyait pas. Personne ne le voyait. Colin regardait son visage apeuré, ses yeux pétillants de peur, les larmes sur sa main qui tenait fermement ses joues. Sa cible tenta de retirer son bras mais le tueur vint plaquer sa victime contre le mur un peu plus fortement. Sa respiration flancha lorsque des formes ténébreuses sortirent de son corps pour attraper les bras de sa cible, bloquant tout mouvement. De sa main libre, Colin sortit son fusil silencieux, le plaça contre la tempe de la jeune femme. Cette dernière le sentit et essaya de se libérer de l’emprise des formes obscures sauf qu’elle ne put le faire. Ce qui était logique.

Et quelques secondes plus tard, Colin sortit du bar, laissant derrière lui un cadavre en sang.