Lawrence marchait dans les couloirs de l'institut de Charles Xavier, le cœur empli d'une soudaine allégresse. Une musique résonnait dans sa tête, une musique qui chantait des paroles d'amour et de joie sur un rythme lent, mais entraînant. Il sentait que plus rien ne pourrait l'arrêter. Tous les problèmes de sa vie lui semblaient d'une futilité déconcertante. Dans sa tête, il pensait à des tas de belles choses, qui, dans son inconscient, ne faisaient qu'une : Elle. Il voyait une myriade de papillons colorés s'envoler, des oiseaux chantant sur une branche d'arbre, ou des fleurs en train d'éclore, mais toutes ces choses, aussi poétique furent-elles, n'étaient que bien peu de choses comparée à ce qui se trouvait au fin fond de son esprit.

Quelques jours plus tôt, Lawrence avait donné rendez-vous à l’une de ses « amies » : Aether. Entendre ce nom suffisait à le mettre en joie pour le reste de la journée.
Il avait rencontré Aether en classe, et le courant était quasiment instantanément passé entre eux. Pour la première fois de sa vie, Lawrence était tombé réellement amoureux. Il aimait la façon qu’elle avait de se déplacer, de sourire, de parler, de respirer, et, s’il avait eu le choix, il aurait adoré passer sa vie avec elle.
Officiellement, il n’y avait rien entre eux, mais, ni les copains de Lawrence, ni les copines d’Aether n’étaient dupes. Ils ne pouvaient s’empêcher de pouffer et de rire lorsque les deux mutants se retrouvaient seuls, quelque part, et se retrouvaient aussi gênés l’un que l’autre. Mais Lawrence voulait changer les choses. Lorsqu’il la verrait, dans quelques minutes, il officialiserait les choses. Cette pensée le fit sourire.

Il continue de marcher, sans prêter attention aux autres personnes. Il tourna une ou deux fois, s’engouffrant dans des couloirs, puis dans d’autres, se rapprochant petit à petit de son lieu de rendez-vous.
Il arriva finalement dans le parc, situé derrière l’institut. L’endroit était plutôt joli et bien entretenu. Des buissons de fleurs, des arbres et des bancs étaient disposés de manière à ce que l’endroit paraisse clair et lumineux. C’était l’endroit idéal pour un rendez-vous. Le parc était grand, et, même si une foule d’élève en quête de repos venaient y trainer, Lawrence et Aether pourraient sans doute avoir toute l’intimité dont ils avaient besoin.

Le jeune mutant se mit alors à chercher son amie des yeux. Ils s’étaient donné rendez-vous près d’une fontaine. Lawrence s’approcha du monument, qui représentait un homme tenant une jarre, d’où coulait un épais flot d’eau. Cette fontaine, que Lawrence avait vu des dizaines de fois, semblait s’être embellie pour l’occasion. Même les oiseaux, cachés dans les branches des arbres semblaient chanter quelque sérénade amoureuse.
Lawrence regarda sa montre. Il avait cinq petites minutes d’avance. Pas de quoi s’inquiéter, Aether ne lui avait pas posé un lapin. Il était, en réalité, très anxieux à l’idée d’arriver en retard, de se tromper de lieu de rencontre, ou de passer pour un idiot devant Elle.

Il attendit encore deux minutes, qui lui paraissent durer des heures. Soudain, une main se posa sur son épaule, et Lawrence se retourna.

-Ah ! Salut !

Lawrence n'aimait pas du tout arriver en retard, que ce soit en classe, ou à un rendez vous. Il arrivait quasiment toujours à l'heure, voire même un peu plus en avance s'il le pouvait. Et, cette fois ci, il le pouvait. Il était donc arrivé à côté de la fontaine qui se trouvait dans le parc, derrière l'institut presque cinq minutes en avance, et, comme son sens de la ponctualité était en couple avec une sorte de stress permanent, il s'était imaginé tout les scénarios possibles et inimaginables dans sa tête lorsqu'il s'était aperçu de la non-présence de Aether. Peut être s'était-il trompé d'heure, et était arrivé en retard ? Ou alors il existait une deuxième fontaine, dans le même parc, et ils se seraient loupés ? Ou alors elle avait tout simplement décidé de ne pas venir !

L'anxiété montait de plus en plus dans le jeune homme, qui craignait de ne pas être à la hauteur de son amie.
Mais la pression redescendit d'un seul coup, lorsqu'une petite main se posa sur son épaule et la salua. C'était elle. Elle était venu, et il ne s'était pas trompé. Mais, le stress de ne pas la voir arriver se mua en timidité. Il allait bafouiller, et s’emmêler les pieds à un moment ou à un autre, mais, plus tard ce moment arrivait, mieux il se porterai. Rien que de la voir, et il perdait tout ses moyens. Pourtant, Lawrence était tout sauf un timide. Il parlait à n'importe qui comme il parle à un ami, et c'est précisément cet esprit ouvert qui lui avait permis d'être une personne populaire.

Aether lui demanda si elle ne l'avait pas fait attendre. Lawrence, que cette question déstabilisa un peu, ne répondit pas tout de suite. Bien sûr qu'elle l'avait fait attendre, et que, pendant cette attente, il avait bien cru qu'elle lui avait posé un lapin, et ces cinq petites minutes, debout, à côté de la fontaine lui avait parrues des heures. Mais il répondit simplement :

-Non, ça va, ne t'en fais pas !

Pour une première phrase, il s'en sortait bien : elle était sortie quasiment tout seul. Reprenant confiance en lui, il continua sur sa lancée :

-Tu veux qu'on aille quelque part ? Tu sais... Toi et moi... Il faut qu'on parle...

Par "il faut qu'on parle", il entendait bien sûr : "il faut qu'on clarifie les choses, que je te dise tout ce que j'ai sur le coeur, et que je me libère enfin du poids qui m'oppresse à chaque fois que je te vois".
Il leva les yeux, et son regard croisa celui d'Aether...