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 Encore toi?!

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Encore toi?! Vide
MessageSujet: Encore toi?!   Encore toi?! Icon_minitimeLun 18 Juin - 23:02


    Sur son passage, quelques élèves le regardaient, effrayés. D’autres baissaient les yeux. Il faisait toujours cet effet, partout où il allait. Surtout que depuis quelques temps, il était de mauvaise humeur. De son pas habituellement lourd, Colin marchait vers l’extérieur, le regard sombre, la mine sérieuse. Il n’aimait pas cet endroit étouffant, tous ces élèves… ces mutants, surtout. C’était la première fois qu’il se trouvait dans un endroit avec autant de mutants. Pas que ça le dérangeait, mais plutôt qu’il y avait trop de monde.

    Colin arriva donc à l’extérieur, frissonna un peu au contact du vent contre sa peau et vint se saisir de ses cisailles. Il n’aimait vraiment pas jardiner mais bon, c’était le seul moyen pour gagner plus d’argents et pour oublier les soucis de son autre travail. Il se mit donc à couper quelques haies et se laissa vagabonder dans ses pensées. Pensées qui se dirigèrent vers une personne qui prenait un malin plaisir à le torturer. Comment s’appelait-elle déjà ? Gaïa ? A ce nom, il soupira et se souvint de sa rencontre « maladroite » avec elle. Et dire qu’il avait… Colin tenta d’oublier ce moment.

    A la base, c’était un tueur cruel et qui n’avait pas de remords, ce n’était pas aujourd’hui qu’il allait en avoir. C’était rare que tant de sentiments le rendait suspicieux, et là il l’était ; cette fille lui avait ouvert une sorte fissure dans sa fierté, dans son côté « sombre et violent ». Quand il voyait le visage de ce même visage qu’il avait tué, il ne pouvait pas s’empêcher de se poser tant de questions. Son contrat lui avait pourtant bien annoncé qu’elle était la seule personne à éliminer, qu’elle n’avait pas de famille. Alors pourquoi il se retrouvait avec une copie conforme de son ancienne victime ? Une sœur jumelle ? Sûrement.

    De plus, techniquement, il est supposé ne jamais parler de ses contrats. Ce qui fait que cette Gaïa allait rester sans vérité. Et le pire c’était que cette jeune fille ne faisait que lui suivre partout où il allait, elle collait dès qu’elle le voyait. C’était la première fois de sa vie qu’il prenait peur en voyant une personne s’approcher de lui. Enfin, il ne le montrait pas, il restait menaçant et parfois indifférent lorsqu’elle décidait de le suivre. Colin n’avait même pas remarqué qu’il était allé trop loin avec ses cisailles, il grommela avant de tenter de corriger son erreur.

    Des erreurs… Rah, mais qu’est-ce qu’il avait à être si mélancolique ?! Et d’ailleurs, pourquoi avait-il pris jardinier comme travail ? Il aurait pu faire archéologue si ce foutu professeur n’arrêtait pas de faire des allusions comme quoi il était trop intimidant. Intimidant ? Lui ?! D’accord, il l’avouait. Il était intimidant. Un peu. Son visage sérieux faisait peur à pas mal d’élèves et pourtant il ne l’était pas tellement.

    Pendant qu’il coupait le reste des haies, il pria pour ne pas voir cette fille complètement étrange. Car un jour ou l’autre, il allait probablement laisser sa violence le dominer…



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Encore toi?! Vide
MessageSujet: Re: Encore toi?!   Encore toi?! Icon_minitimeVen 22 Juin - 14:57


Comme à son accoutumé, Gaïa s’était arrangé pour avoir une journée bien remplit, avec le moins de moments d’inactivités possible. Depuis toujours, la jeune française avait en effet une sainte horreur de l’oisiveté, et cette tendance s’était accrût suite à la tentative de viol dont elle avait été victime alors qu’elle n’avait que 10 ans, pour atteindre un pic sans égal avec la mort de sa jumelle, l’année de ses 16 ans. Elle enchaînait donc les activités sportives, artistiques ou scolaires comme une accro à la caféine peut enchaîner les tasses de café en quelques heures seulement, en partie parce qu’elle ne pouvait physiquement pas rester les bras croisés, mais aussi parce que c’était tout ce qu’elle avait trouvé pour éviter de ressasser des heures durant son triste passé et la culpabilité qu’elle ressentait vis-à-vis de certains événements. Pour certains, c’était une vaine tentative de fuite, pour elle, c’était la meilleure manière de ne pas avoir envie de pleurer jusqu’à en être asséché complètement, mais également, en un sens, sa manière profonde d’être.

La souffrance qu’elle essayait surtout d’atténuer, c’était celle de la mort de Zoélie, et, pour ce faire, c’était un travail de chaque minute. Il existe deux sortes de jumeaux : ceux qui n’ont strictement rien à faire de l’autre, s’estimant bien plus heureux éloigné l’un de l’autre, et ceux qui sont inséparables, plus que des frères/sœurs, et plus que des amis. Les jumelles Monroe avaient toujours fait partie de cette 2nde catégorie, elles avaient toujours été indissociables, et s’étaient considérée comme une seule âme séparée dans deux corps. Bien qu’une seule d’entre elles fût empathe, toutes deux n’avaient aucune difficulté à savoir ce que ressentait l’autre, même éloignées. Bien qu’aucune ne fût télépathe, elles parvenaient également à deviner les pensées de l’autre. Alors, même sans le pouvoir de Gaïa qui lui avait fait ressentir la mort de sa jumelle comme s’il s’agissait de la sienne, la jeune française aurait été détruite. D’ailleurs, elle s’estimait détruite : une partie d’elle était morte, métaphoriquement, car elle avait partie la moitié du tout qu’elle formait avec Zoélie, et réellement, puisque, ce jour-là, son pouvoir lui avait donné le sentiment de mourir, d’où le fait qu’à présent, elle se voyait plutôt comme l’ombre d’elle-même, une survivante d’un drame dont elle n’était même pas la victime directe...

Cependant, Gaïa était douée pour cacher sa peine. Très peu de ses camarades étaient au courant de son passé, car l’empathe détestait en parler, se braquant dès qu’on essayait d’en savoir trop à son sujet. N’allez cependant pas croire qu’elle ne parlait jamais de son passé, elle savait que garder tout ça pour elle était le meilleur moyen de ruiner sa vie, de la guider peu à peu vers le précipice de la folie, qu’elle avait frôlé plusieurs jours après la mort de Zoélie. Elle se confiait donc régulièrement à sa meilleure amie Anaëlle, et allait voir un psy, afin de continuer son travail de deuil. Alors, pourquoi dans ce cas continuait-elle à enchaîner les activités ? Car, en plus des raisons citées plus haut, cela avait également le mérite de canaliser son énergie, et de l’aider à éviter que ses pouvoirs ne déraillent sans arrêt...

Aujourd’hui donc, elle avait longuement joué au tennis avec quelques camarades. Lorsque la partie toucha à sa fin, la brunette regagna le manoir, pour y prendre une douche bien méritée, mais également troquée sa tenue sportive pour une plus décontractée : une simple robe à fines bretelles, d’une blancheur virginale, qui mettait ainsi en valeur sa peau qui arborait depuis l’apparition des beaux jours, une jolie teinte caramel.

Elle se rendit ensuite dans la cuisine, pour y grignoter un morceau. Grâce à sa tendance à rester très rarement inactive, la jeune mutante pouvait se permettre bon nombre d’excès sans craindre pour sa silhouette, ce qui, il faut l’avouer, indifférait complètement Gaïa, qui n’avait jamais attaché qu’une très maigre importance à son apparence physique... C’est ainsi qu’elle mangea un délicieux gâteau au chocolat, adossée à la table de la cuisine, regardant par la fenêtre. La jeune femme arqua un sourcil en remarquant une silhouette « familière », et pour cause, elle s’arrangeait pour coller le plus possible le propriétaire de la dite-silhouette : Colin Henney, le jardinier de l’Institut. La première fois qu’elle l’avait aperçu, elle s’était fait la réflexion : « Waouh, il est mignon », jusqu’à ce qu’elle entende certains de ses camarades qualifier l’homme de « complètement effrayant »... La jeune femme avait préférée d’attendre avant de se faire la moindre opinion à son propos, se disant qu’elle aurait bien l’occasion de lui parler un jour pour savoir ce qu’il en était, mais la vie en avait choisit autrement : une bousculade, son pouvoir de contrôle du système immunitaire qui décide de saluer le jardinier, et bam, le dit-jardinier qui finit malade par la suite... Le court laps de temps durant lequel leurs regards s’étaient croisés, elle avait sentit un flot d’émotion comparable à un feu d’artifice de sentiments, qui l’avait complètement déroutée, car c’était la première fois qu’elle avait ressentit une telle onde d’émotions, dont elle n’en avait distinguée qu’une petite partie, tant il y en avait... Fort heureusement, Anaëlle était à proximité d’elle ce jour-là, et celle-ci avait eu la sagesse d’éloigner son amie de toujours de Colin, en voyant que celle-ci restait clouée sur place, envahit par les émotions de l’homme, incapable de se sortir de cet imbroglio d’émotions, se perdant complètement dedans...

Par la suite, comme elle le faisait souvent lorsqu’elle rendait involontairement quelqu’un malade, elle s’était empressée de prendre de ses nouvelles, et même arrangé pour lui rendre parfois visite durant sa « convalescence », culpabilisant énormément de la situation. Et, le moins que l’on puisse dire, c’était que ses attentions n’avaient guère été appréciées... Ce qui était on-ne-peut-plus simple à comprendre, car la jeune femme essayait également de profiter de ces instants afin de découvrir pourquoi leur rencontre avait éveillé tant d’émotions chez le jardinier.

La française, une fois son gâteau finit,se lava les mains et se dirigea vers le frigo, d’où elle sortit deux petites bouteilles d’eau. Elle était bien décidée à savoir pourquoi Colin la repoussait de la sorte, c’était la raison pour laquelle elle s’arrangeait pour le voir, dès qu’elle l’apercevait au loin... Elle avait d’ailleurs des tonnes de théories à ce propos, qui tournaient souvent dans sa tête, lorsque ses pensées se dirigeaient vers le jardinier.

*Il me déteste parce qu’il n’aime pas mon prénom*, se disait-elle souvent, *sans doute a-t-il connu une Gaïa qui lui a fait du mal, de quelques manières que ce soit ? Non, impossible, y’a que mes parents pour oser appeler leur gosse Gaïa... Faut être secoué pour faire ça, sérieux ! Nan, c’est pas à cause de mon prénom ! Théoriquement, il ne le connaissait pas, la première fois qu’on s’est vraiment vu... Ca doit être parce que je lui rappelle quelqu’un qu’il déteste, que ce soit à travers mon physique, ou mes gestes, mes manies... A moins qu’il ne me trouve vraiment laide...*, et cette pensée l’agaçait, non pas qu’elle souhaitait séduire le jardinier, mais plutôt qu’elle manquait grandement de confiance en elle, et supportait difficilement qu’on puisse la repousser à cause de son physique, bien que paradoxalement, elle n’accordait que peu d’apparence à son apparence... *Ou il déteste les français... Mais pour ça, aussi, faut déjà qu’il ait su avant qu’on se croise que j’étais française... Et, franchement, je l’imagine mal se renseigner sur les gens qu’il sera amener à côtoyer au boulot... Ca serait plutôt inquiétant, s’il le faisait, complètement pervers, et je pense pas que m’sieur Xavier engage un taré en puissance... Non, ça doit simplement être que y’a un truc en moi qu’il déteste, c’est comme ça, parfois, sans raison, on croise quelqu’un qui vous hérisse le poil à chaque rencontre, c’est physique, on le déteste, faut pas chercher à comprendre...*

Voici un bref aperçu de ses théories. Mais elle n’avait aucune ébauche de réponse, donc, elle n’était sûre de rien, et ça l’agaçait. Aujourd’hui, elle était bien décidée à enfin avoir le fin mot de l’histoire!

La brunette quitta le manoir, ses deux bouteilles d’eau en main. En chemin, elle ouvrit l’une d’elle pour se désaltérer quelque peu, réfléchissant en même temps à la meilleure manière d’aborder Colin. D’après ce qu’elle savait de lui, il n’était guère ouvert à la discussion, mais, lorsqu’il s’agissait d’elle, c’était encore pire, il se refermait comme une huître... Et c’était ça qui intriguait Gaïa, qui, en règle général, ne cherchait pas à comprendre pourquoi les gens éprouvaient telles ou telles émotions qu’elle parvenait à capter ! Elle savait bien que tout le monde avait besoin d’intimité, et, poser des questions, lorsqu’elle pouvait lire leurs sentiments, c’était déjà bien assez agaçant pour ne pas avoir à en rajouter avec des questions...

Le jardinier lui tournant le dos, il ne pouvait donc pas la voir venir à lui. Cela donna le temps à l’empathe de se préparer aux émotions qu’elle capterait peut-être de lui, si elles étaient trop fortes pour rester secrètes à son pouvoir. Et, si elle ne les captait pas, elle se servirait peut-être volontairement de son empathie, comme elle le faisait parfois avec lui, afin de parvenir à le déchiffrer...

Bons nombres de ses camarades, en la voyant se diriger vers Colin, esquissèrent un sourire. Les sombres crétins croyaient que Gaïa collait le jardinier dans le but de le séduire... La française adorait ses camarades, mais elle les trouvait parfois un peu trop puérils dans leurs conclusions... Même si certaines personnes de l’Institut devaient sans nul doute désirer séduire le jardinier, qui semblait prendre un malin plaisir à bosser dans des tenues qui mettait son corps en valeur....

*Et après, je me demande pourquoi certains crétins pensent que je veux le draguer... Non mais on n’a pas idées de bosser dans de telles tenues aussi... Y’a des gens dont les hormones sont en folie, ici*, songea-t-elle en entendant certaines filles se la jouer groupie en regardant des garçons jouer au foot, non loin de là.

Gaïa continua sa route sans se soucier de ses camarades, qui gloussaient comme des pintades, alors que les footballeurs faisaient leurs coqs : une vraie basse-cour... La brunette arriva enfin à destination, à côté de Colin.

« Tiens, une bouteille d’eau fraîche », dit-elle en lui tendant l’autre bouteille, tout en étant prête à ce que son don se manifeste, « je me suis dit que tu devais avoir soif. »

L’empathe s’était amusée à faire ressortir son accent français, qui, en règle générale, était atténué, du fait qu’elle était là depuis quelques temps déjà. Une certaine façon pour elle de voir si Colin était énervé de l’entendre parler ainsi ? Peut-être, bien qu’elle ne pourrait définir si son énervement provenait du fait de son accent, ou simplement de sa présence à ses côtés ! Evidemment ; elle restait quelque peu sur ses gardes, car elle devait admettre que dans le genre inquiétant, il était plutôt doué, même s’il semblait se modérer... Et oui, c’est ça, d’être en compagnie d’une empathe, vos émotions, parfois, n’ont aucun secrets pour elle, surtout quand l’empathe s’intéresse à celles-ci... En attendant que Colin daigne se tourner vers elle, prendre la bouteille et lui répondre, elle observa les haies qu’il était occupé à tailler, arquant un sourcil en voyant qu’il y avait quelques inégalités dans ces coupes... Alors, Colin, mal réveillé ? T’inquiète, Gaïa va te réveiller, et, surtout, la remercie pas, elle le fait de bon cœur ! ^^ Prudente, la française se retint cependant de toutes remarques, sachant qu’elle n’avait pas besoin de ça pour le mettre de mauvaise humeur...

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MessageSujet: Re: Encore toi?!   Encore toi?! Icon_minitimeDim 24 Juin - 18:09


    Le fait qu’il ne puisse travailler dans le calme dérangeait grandement Colin qui continuait de faire des erreurs sur les haies. Ce n’était pas si grave que ça, non ? Sentant que des rires le dérangeaient derrière lui, il se retint de soupirer et de lever les yeux au ciel. Ils n’avaient vraiment rien d’autre à faire ? Colin ne se retourna tout de même pas. Soudain, alors qu’il allait se remettre à couper, il sentit une présence à côté de lui. Lentement, il se tourna vers la personne et vit… la Gaïa. Sans qu’il ne se rende compte, il fit tomber ses cisailles et les ramassa tout en gardant un œil sur elle. Il la vit tendre une bouteille d’eau. Colin regarda la bouteille, comme si elle allait lui donner des réponses à ses questions et à sa culpabilité constante.

    — Tiens, une bouteille d’eau fraîche. Je me suis dit que tu devais avoir soif.

    Colin regarda un moment Gaïa, observant ses beaux traits et ses jolis yeux. Cet accent était vraiment charmant, il ne l’avait jamais remarqué jusqu’à maintenant. Elle devait être française, enfin, « devait », il en était sûr maintenant. Il l’avait toujours trouvée belle mais une peur le forçait à s’éloigner d’elle, comme s’il avait peur qu’il culpabilise encore plus. Alors qu’il ne devrait pas. Il prit la bouteille d’un geste précautionneux car il ne voulait pas avoir de contact physique et encore tomber malade, comme l’autre fois. A cette pensée, il baissa les yeux.

    — Merci,
    grommela-t-il.

    Il se tourna vers quelques élèves qui rigolaient idiotement, le fait d’entendre des rires le rendait mal à l’aise. Et surtout encore plus de mauvaise humeur, ses sourcils étaient froncés et il ouvrit la bouteille avant de boire. Lorsqu’il eut fini, il baissa la tête comme par peur de croiser ses yeux. Sentant que le froid le faisait frissonner, il passa rapidement une main sur son bras où des tatouages reposait jusqu’à son épaule. Pendant un moment, il trouvait cet instant très maladroit.

    Son cœur battait plus rapidement pour une raison qui l’agaçait réellement. Avant, il ne se souciait pas si la famille de ses victimes allaient pleurer ou quoi, mais là, le fait de rencontrer la jumelle, enfin… oui, jumelle, le rendait nerveux. Des pensées s’entrechoquèrent et il se souvint du visage de sa sœur, le suppliant de ne pas la tuer. Colin se retourna vers Gaïa, ne sachant que dire et que faire pour qu’elle s’éloigne de lui. Et puis, pourquoi parler à un homme qui faisait peur… ? Il passa une main dans ses cheveux rebelles, tenant toujours ses cisailles et la bouteille de son autre main libre.

    — Tes camarades doivent penser que tu dois être folle de parler à un quelqu’un « d’effrayant »,
    souffla-t-il d’une voix sarcastique.

    C’était la première fois qu’il lui parlait autant et ça le surpris. Il se mordit la lèvre, conscient qu’il devait sûrement faire peur à beaucoup d’élèves, ici. En même temps, il y avait de quoi. Sa mine colérique, son tatouage, ses cisailles et ses yeux sombres n’étaient pas particulièrement chaleureux.


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MessageSujet: Re: Encore toi?!   Encore toi?! Icon_minitimeMer 27 Juin - 17:22


Visiblement, la présence de Gaïa à ses côtés surprit Colin, qui en lâcha ses cisailles. Fort heureusement, celles-ci n’eurent pas la bonne idée de se dire, en tombant : « Tiens, et si on blessait quelqu’un... » Là, ça aurait été bête, tout de même ! Lorsque l’attention de Colin fut enfin sur Gaïa, après qu’il eut ramassé son outil, la jeune française l’observa, mettant son empathie en marche, bien décidé à passer au crible la moindre de ses émotions. Sans surprise, elle ressentit que le jardinier n’était guère content de la voir ici, comme si elle le dérangeait, ce qui, il faut l’avouer, était compréhensible, car il était en train de travailler... Et, sans surprise non plus, il émanait du mystérieux mutant une vague de culpabilité. Mais rien qui ne puisse indiquer à Gaïa s’il avait un quelconque problème avec les français, alors qu’elle avait fait de son mieux pour faire ressortir son accent. Elle en déduit qu’il ne devait pas mépriser les mangeurs d’escargots, sinon, elle aurait ressentit une vague de haine, sans nul doute...

Lorsque Colin l’observait, la jeune femme ne se priva pas d’en faire de même, décidée à voir si un face-à-face pouvait le mettre mal à l’aise. Et oui, elle était prête à employer diverses « ruses » pour essayer de cerner au mieux les émotions du jardinier, même si elle avait toujours détesté être empathe. C’est vrai, déchiffrer les émotions, c’est comme si on vous donnait un livre, mais dont il manque les cinquante premières pages, et qu’on vous dit : « Allez, maintenant, à toi de comprendre qui est qui, qui est ami avec qui, et ce qui se passe... » Bien entendu, on ne vous donne même pas de résumé, ça serait trop facile... Souvent, Gaïa rêvait qu’elle était télépathe, là, ça devait être plus facile, pour cerner les gens, eux, ils ont le livre en entier...

L’empathe esquissa un sourire lorsqu’il attrapa enfin la bouteille d’eau, en veillant à éviter tout contact physique. A croire qu’il gardait encore un souvenir amer de leur premier contact, c’est incompréhensible... Alors que Colin marmonna un merci, Gaïa but un peu, comme pour se donner du courage. Heureusement qu’elle n’avait pas mit d’alcool dans sa bouteille, là, ça aurait pu être du grand n’importe quoi, et il y a fort à parier que le jardinier en serait devenu encore plus dingue...

*Je devrais essayer, un jour*, se promit Gaïa, mi-sérieuse, mi-amusée.

Alors que Colin regardait les élèves qui riaient à gorge déployée, Gaïa observait du coin de l’œil les réactions du mutant, cherchant, au travers ses réactions et ses émotions, à mieux le cerner. Si elle comparait souvent l’empathie à un livre dont il manque les cinquante premières pages, lorsqu’il s’agissait de Colin, le nombre de page manquantes s’élevaient tout de suite à une centaine, dire à quel point il était un mystère pour la française... Toutefois, celle-ci sentit qu’il était mal à l’aise. En un sens, ça lui faisait plaisir, ça lui montrait bien que c’était sa présence à elle qui lui faisait un tel effet, même si elle ne savait pas encore pourquoi...

Sentant le froid, la jeune femme se disputa mentalement d’avoir laisser son pull dans sa chambre. Mais, en même temps, elle n’avait pas vraiment prévu de sortir, lorsqu’elle était dans la cuisine, de laquelle elle avait aperçu Colin. Lorsqu’elle l’avait vu, elle avait décidé de sortir sur un coup de tête, craignant que le jardinier n’aille bosser ailleurs, et n’ayant guère envie de devoir courir partout pour le retrouver...

*De toute façon, comme à son habitude, il va me faire savoir que je le gonfle*, pensa Gaïa, *donc, sauf s’il fait 14 degrés en moins d’ici quelques secondes, ça ira...*

Pendant un moment, ni l’un, ni l’autre, ne parlèrent. Gaïa, tout en cherchant des réponses dans l’attitude et les sentiments de Colin, se mit à jouer avec sa bouteille d’eau. Elle la maintenait à la verticale, et s’amusait à faire passer l’eau d’un côté à l’autre, consciente que c’était ridicule comme geste, mais cela l’apaisait. Car oui, Colin l’impressionnait, après tout, qui n’était pas impressionné face à quelqu’un comme lui ? La seule personne qui ne semblait pas le craindre, et même bien le connaître, c’était Elvie, la nouvelle colocataire de Gaïa, qui avait, étonnamment, sympathisé assez vite avec lui... Gaïa en avait été tellement surprise qu’elle avait crû qu’ils sortaient ensemble, car, après tout, Colin ne se lie pas facilement avec les autres, et ça semblait être la seule explication possible, d’autant plus qu’il se montrait très protecteur envers la télépathe. La jeune française en avait parlé à sa colocataire, qui lui avait alors certifié qu’ils n’étaient que des amis. Gaïa en avait été surprise, mais Elvie semblait sincère, alors elle n’avait pas cherchée plus d’explications, après tout, pourquoi un garçon ne pourrait pas être ami avec une fille ?

Alors que la française se dit qu’il fallait qu’elle brise le silence, tout en sentant que Colin se sentait vraiment mal à l’aise, elle eut la surprise de voir que Colin le fit le premier, lui faisant remarquer que ses camarades allaient la prendre pour une folle à lui parler, lui qui effrayer tout le monde. Elle esquissa un sourire, se disant qu’elle allait peut-être enfin réussir à percer le mystère Colin, et cessa enfin de s’amuser avec sa bouteille d’eau.

« Oh, tu sais, ils me prennent déjà pour une folle. Soit parce qu’ils m’ont parfois essayé de te parler, ou parce qu’ils m’ont vu en train de délirer toute seule comme une idiote. Certains me fuient même, simplement parce qu’ils me considèrent comme une « Porteuse de germes » ambulante. Une partie des élèves arrivent à voir au-dessus de tout ça, c’est cool, et, pour les autres : je m’en fous. J’ai jamais attaché de grandes importances à ce qu’on pouvait penser de moi, donc... Qu’on me prenne un peu plus, ou un peu moins, pour une folle, ça revient du pareil au même pour moi ! »

Evidement, certaines fois, ça embêtait un peu Gaïa que certains élèves ne cherchent même pas à la connaître plus, s’arrêtant sur les aprioris qu’ils avaient d’elle. Mais ça n’était pas souvent, car sa mère avait réussit à lui inculquer le principe que l’avis des autres ne comptent pas, s’ils ne font pas partie de ses proches... C’était aussi un moyen pour la française de leur prouver qu’elle ne leur accordait que guère d’importance, à ne pas souffrir de leurs préjugés.

Du côté de la basse-cour, ça gloussaient et ça paradaient toujours. Mais l’un des footballeurs, en voulant trop impressionner les filles qui regardaient le match, lança la balle en plein sur les groupies. Celles-ci se dispersèrent en criant, comme si le soleil leur tombait sur la tête...

« Moi, au moins, quand je cherche à éviter un ballon, je cours pas comme une tarée en criant », fit savoir Gaïa, amusée, avant de pousser un soupir et se secouer la tête. « Ecoute, Colin, je sais que t’es mal à l’aise quand je suis vers toi, et que tu ressens de la culpabilité dès qu’on se croise », déclara-t-elle en se disant, qu’après tout, elle n’était pas là pour faire causette ni sympathiser avec lui, mais pour savoir la vérité. La papote, ou la sympathie, ça viendra peut-être plus tard... Ou pas... Elle préférait en venir directement droit au but, au lieu de tourner en rond pendant des heures et des heures, car ça n’était pas dans ses habitudes de mettre trois heures avant de jouer cartes sur table. « Et j’aimerai juste savoir pourquoi, parce que, tu vois, c’est un peu... Pesant. Surtout notre première rencontre, là, c’était... Bref... Pourquoi ? Et, s’il te plaît, évite de me mentir... »

La mutante se tourna vers Colin, un léger sourire aux lèvres, un peu comme une gosse pourrait regarder un adulte en lui demandant de lui expliquer l’un des grands mystères de la vie, avec la petite moue et la voix qui va bien avec. Bien entendu, elle ne précisa pas qu’elle utiliserait son empathie pour savoir s’il lui mentait ou pas, car le jardinier devait s’en douter. Et, s’il ne s’en doutait pas, elle n’avait guère envie de l’énerver, car, étrangement, elle trouvait ça chouette qu’il abandonne quelques secondes son masque de froideur pour lui parler, car, oui, au fond, elle, elle n’avait rien à lui reproché... Enfin, pas à ce qu’elle sache...

Le groupe de « pintades » se rassembla enfin, à leur place initiale, une fois que le ballon dangereux fut maîtrisé par les footballeurs. Les filles étaient hilares, et bien décidés à faire de leur mieux pour que les garçons ne les prennent pas pour des « poules mouillées », mais plutôt à attirer leur attention sur leur belle plastique... Ou leur intelligence... On peut toujours rêver... Toutefois, Gaïa avait mieux à faire qu’observer si elles parvenaient à atteindre leur but, elle était focalisée sur Colin, son empathie entièrement tournée vers lui. Elle espérait que ses camarades n’allaient pas trop s’affoler, car s’ils venaient à ressentir de vives émotions, il ne fait aucun doute que ça allait détourner l’attention de son empathie de Colin. Et oui, pour l’heure, elle avait encore pas mal de progrès à faire avec ses pouvoirs, ayant du mal à se servir volontairement de son empathie juste sur une personne, en étant entourée de monde... C’est d’ailleurs sur ce point faible qu’elle travaillait en ce moment à l’institut.

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MessageSujet: Re: Encore toi?!   Encore toi?! Icon_minitimeVen 29 Juin - 20:28


    Pendant qu’il se posait de milliards de questions, Colin remarqua qu’il observait les mains de la, peut-être, française, jouant avec sa bouteille d’eau. Lentement, ses yeux suivirent ses mains, ses bras avant d’observer son sourire avec un intérêt curieux. Depuis de longues années, c’était, probablement, une des seules personnes qui le « collait » ainsi. Le fait qu’elle le suive pour connaître des réponses sur ses sentiments qui se sont bousculés, le rendait un peu nerveux. Il n’allait pas lui dire « tu sais que j’ai tué ta sœur jumelle ? Enfin, c’était un contrat, rien de bien grave. Sauf que t’es là, devant moi. » Et la réaction ? Il n’en savait rien, cette fille était vraiment imprévisible. Ce n’était rien comparé à lui, dans ses jeunes années.

    Remarquant qu’elle commençait à parler, il détacha son regard grognon de son sourire, le levant vers ses yeux. Porteuse de germes ? Il en avait fait l’expérience et rien que de penser à son dernier rhum, le rendait courroucé. Colin haussa un sourcil intéressé quand elle déclara que « ça revenait au même pour elle ». Intéressé car il n’avait jamais entendu une personne dire que ça revenait au même qu’on le prenne pour un fou et qu’on traîne avec un jardinier qui faisait tomber des cisailles, manquant de blesser les orteils des autres, et aussi un tueur à gages, qui probablement, avait dévasté beaucoup de familles. Ce qui était curieux, aussi, c’était cette manière qu’elle avait de parler. Une fois, elle prenait un accent français, une autre fois c’était cet air… indifférent ? Enfin, il ne savait pas comment définir son expression, actuellement. Ce n’était pas un psychologue, de toute façon. Ni un mentaliste.

    Coupant brutalement une des haies, sentant ses muscles se crisper à cause des cris puérils venant de certains élèves dont il avait envie de couper la tête, Colin se mit à chercher des raisons pour que cette Gaïa ne cesse de le coller afin de demander des réponses à ses questions dont elles ne se lassaient pas de virevolter dans sa tête de tueur. « Pourquoi ? Mais comment ? Et puis… » Il retint un soupir, se sentant irrité.

    — Je… commençai Colin.

    Sa voix se perdit dans un grognement avant de se tourner vers un idiot qui lançait la balle vers le groupe de filles niaises, qui se mirent à courir comme des poules qu’on pourchasse. Enfin, qu’on pourchasse… ça lui rappelait trop de souvenirs étant enfant, lorsqu’il avait… mais à quoi pensait-il, bon sang ?! Lui, qui court derrière une poule en criant « mais viens ici, espèce de… » Levant finalement les yeux au ciel, l’irlandais crut qu’il allait défaillir.

    — Moi, au moins, quand je cherche à éviter un ballon, je cours pas comme une tarée en criant.

    Sur ce point, il était d’accord avec elle. La regardant soupirer, Colin se dit que ce n’était pas ce qu’elle avait seulement à dire…

    — Ecoute, Colin, je sais que t’es mal à l’aise quand je suis vers toi, et que tu ressens de la culpabilité dès qu’on se croise.

    Ne sachant que dire, Colin sentait son cœur battre un peu plus fort, malgré lui. Elle commençait doucement à arriver avec ses questions, et il le sentait. C’est pour ça qu’il déteste les interrogatoires lorsque son patron l’invite à lui poser des questions sur ses prochaines victimes ; « as-tu eu une relation, quelle soit minime, avec cette cible ? » et ainsi de suite…

    — Et j’aimerai juste savoir pourquoi, parce que, tu vois, c’est un peu… Pesant. Surtout notre première rencontre, là, c’était… Bref… Pourquoi ? Et, s’il te plaît, évite de me mentir…

    Cette française était une fourbe. Colin plissa les yeux, jeta ses cisailles prudemment vers un coin, abandonnant le reste des haies à couper. Il se passa la main dans la nuque, soupira avant de la regarder franchement dans les yeux. S’il mentait, elle devait sûrement le savoir avec sa mutation très dérangeante, s’il disait la vérité, c’était soit il se faisait renvoyé et là, il sombrerait dans une grave dépression, soit… il n’en savait rien ! Il ne savait rien du tout ! Colin ferma les yeux un instant, ne sachant pas quoi inventer pour qu’elle le croit un « minimum ». Il fixa sa moue qu’il tentait de trouver mignonne, bien que derrière ce masque devait se trouver une maligne qui faisait tout pour qu’il crache le morceau. Mais Colin ne tomberait pas dans le panneau, comme il commençait à en avoir l’habitude dans cet institut. Les rires des filles derrière lui le déconcentrait… à un point embêtant.

    — En même temps… tu m’as refilé un rhum. Y’a de quoi fuir avec ça… pas que je dise que t’es du genre à faire fuir les gens, ou que t’es moche, loin de là,
    dit-il sur un ton neutre.

    Il se tût, toussota et détourna son attention ailleurs. Des moches, ici, y’en avait pas mal. Ce n’était pas un pervers qui faisait que regarder les fesses de certains professeurs ou quoi que ce soit, mais il avouait que, malgré son insistance à le coller, Gaïa était très jolie. Et la culpabilité… il avait préféré fuir que de tenter de donner une explication, il en avait une… mais ce n’était plus une explication. Soudain, il s’approcha d’elle et l’observa longuement, comme s’il tentait de lui faire comprendre qu’il n’était pas le genre d’homme avec qui on pouvait parler des plantes.

    — Je pense, sincèrement, qu’il serait préférable que tu tournes les talons. Fais comme tes camarades, fuis-moi. Il vaut vraiment mieux pour ton moral…


    Pour son moral et pour sa vie, tout de même. S’il n’aurait pas tué sa sœur, il aurait très bien pu devenir… impulsif, disons. Mais là, il ne savait pas comment réagir. Enfin, si. Son regard fut menacent, sa voix sèche et il tenta de se montrer intimidant. Il n’avait pas envie d’avoir une personne de sa précédente cible qui le pourchasse, qui le suit, rien que pour lui demander des réponses alors que lui ne savait même pas formuler une phrase correctement et habilement, il n’avait pas un charme explosif comme le professeur Xavier, ou une mutation super développée où le monde serait à ses pieds, juste lui et sa foutue vie. Et son foutu fusil qui pourrait le suivre partout… Ainsi que sa culpabilité qui le guettait en ce moment.

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MessageSujet: Re: Encore toi?!   Encore toi?! Icon_minitimeVen 6 Juil - 20:41


Si certaines épreuves de la vie de Gaïa l’avaient profondément changées, toute avaient eu pour effet de lui donner un certain recul par rapport à son image, allant même jusqu’à un certain « je m’en foutisme ». Après tout, la vie était bien trop courte pour se soucier de choses aussi futiles telles que « qu’est-ce que les gens pensent réellement de moi ? » Les seules personnes dont les opinions sur sa personne avaient une réelle importance à ses yeux étaient sa meilleure amie Anaëlle et sa mère. Les autres, elle n’en avait que faire, même si, comme avec Colin, elle pouvait parfois essayer de chercher à comprendre pourquoi on la repoussait, sans raisons apparentes. Elle en faisait de même avec Lucy Harteley, qui, selon Gaïa, ne l’appréciait guère, alors que la française s’était juste contentée de lui faire visiter l’institut... Parfois, Gaïa avait vraiment du mal à comprendre les gens, ce qui est drôlement paradoxale pour une empathe...

La mutante ne fut guère surprise en voyant l’air surprit que sa petite tirade avait provoqué chez le jardinier. Lorsqu’elle parlait de son rapport vis-à-vis de l’opinion des autres, ça faisait souvent un tel effet... Elle ressentit une vague d’agacement en provenance de son interlocuteur, mais elle ne pourrait dire si c’était à cause de sa présence à ses côtés, ou parce que certains de ses camarades faisaient les imbéciles, non loin de là, ce qui devait taper sur le système du jardinier, lorsqu’il tentait de travailler... L’homme commença à parler, mais il fut interrompu par le groupe d’élèves turbulents. Sachant pertinemment qu’il n’y avait que très peu de chances pour que Colin dise ce qu’il comptait dire, comme si cela l’avait coupé, la française prit alors la parole, pour en venir droit au but, quitte à faire une moue enfantine. Elle savait que cela n’aurait que peu de chances de fonctionner sur une personne comme Colin, mais on peut toujours rêver, non ? Et, après tout, comme le disait souvent Zoélie : « Qui ne tente rien n’a rien ! »

Attendant une réponse de la part de Colin, Gaïa observa alors le bras recouvert de tatouage de celui-ci, cherchant ainsi à en apprendre plus sur lui. En effet, on ne se fait pas tatouer sur la chair tel ou tel truc sans raison.... Toutefois, Gaïa n’était pas douée pour connaître la symbolique de tels ou tels dessins, et, surtout, elle n’était pas psy, donc, les conclusions qu’elle pouvait bien se faire était... très subjectives...

La française ne pût s’empêcher de se sentir rassurée en le voyant déposer ses cisailles. Et oui, elle le trouvait vraiment... Flippant, surtout lorsqu’elle en venait à l’interroger de la sorte, sachant pertinemment que cela l’agaçait au plus haut point. Et comme il semblait vraiment imprévisible... Bref, elle n’avait guère envie de jouer avec le feu...

Lorsqu’il prit enfin la parole, la jeune française dût avouer qu’elle était déçue. Et oui, il lui avait sortit l’excuse du : « Bah, tu sais, tu m’as rendu malade, alors, franchement, ça aide pas à ne pas avoir envie de te fuir à toutes jambes pour éviter qu’un jour, tu me files une maladie bien pire... » C’était un peu trop facile, au goût de l’empathe. Celle-ci s’apprêtait à le lui faire savoir, lorsqu’il continua dans sa lancée. Bon, au moins, il ne trouvait pas que quelque chose en elle faisait fuir les gens. Plus surprenant, même, il admit ne pas la trouver moche. La française arqua un sourcil, surprise, alors que quelques rougeurs apparaissaient sur ses joues. En effet, elle n’avait pas non plus l’habitude de recevoir les compliments, n’étant pas aidé pour cela du fait qu’elle ne se laissait que peu approché, et parvenait en général à éviter qu’on la complimente, car cela la gênait toujours. La mutante avait en effet très peu confiance en elle, et avait du mal à croire ce qu’on pouvait bien lui dire, ne sachant que trop bien, grâce à son empathie, que certaines personnes ont fait du mensonge un véritable art de vivre.... Son pouvoir avait parfois tendance à la rendre un peu parano, en plus... Elle devait admettre que, d’après les émotions qu’elle avait perçues venant de Colin, tout au long de sa réplique, celui-ci était honnête. Et ça la surprit : il la fuyait vraiment de crainte d’être à nouveau malade (même s’il ne faisait aucun doute pour elle qu’il n’y avait pas que ça.), et l’hypothèse comme quoi il la trouvait totalement repoussante était bonne à être rayée à présent, tout comme celle disant qu’il ne trouvait pas que quelque chose en elle clochait, la rendait étrange. D’un côté, « l’enquête » de Gaïa avançait un peu, d’un autre... Elle était toujours aussi... Perdue...

Un petit moment de silence fit son apparition, au cours duquel Gaïa réfléchit à diverses explications possibles pour justifier l’attitude de Colin à son égard. La française fut sortie de ses pensées en voyant Colin s’approcher, se planter devant elle, et la fixer... étrangement... Avec un sérieux et un air froid à effrayer n’importe qui. Gaïa n’était pas une combattante, elle avait une sainte horreur de la violence. Elle apprenait depuis quelques temps à se battre, plus pour savoir se défendre, que pour agresser volontairement quelqu’un. C’était plus en attendant que son empathie soit enfin sous son contrôle, et qu’elle puisse alors insinuer toutes les émotions qu’elle voulait chez ses adversaires, pour en faire de dociles marionnettes, enfin, autant que possible, du moins... Car elle ne rêvait pas, si son empathie venait à être développée, elle rencontrerait forcément des personnes qui seraient résistantes, ou qui l’empêcheraient de s’en servir, de ce fait, savoir se défendre était une bonne idée... La française ressentit un frisson de crainte, comme on peut en ressentir un si on se retrouve face à un prédateur qui tente de vous intimider, de vous faire comprendre que vous n’êtes qu’une brindille qu’il pourrait briser d’une simple pichenette... Instinctivement, l’empathe recula de quelques pas, avant de réussir à se contrôler suffisamment pour se stopper, restant toutefois à une distance raisonnable du jardinier....

Lorsque celui-ci lui conseilla de le fuir comme la plupart des pensionnaires, la jeune femme serra les dents. Elle avait toujours détesté qu’on la menace, ça lui rappelait trop son enfance et les multiples : « Ne t’approche plus de ma famille, sale monstre », qu’elle avait pu entendre de la part de certains de ses camarades de classe, après que l’un de ses pouvoirs aient échappés à son contrôle. A cause de cela, elle avait perdu l’amitié de beaucoup de personnes. Seules sa mère, sa jumelle, et Anaëlle lui étaient restées fidèles, en dépit de tout... L’empathe marqua un temps de silence, chassant ses sombres pensées. Une fois ses pensées éclaircies, elle attendit quelques instants supplémentaires, afin d’être sûr que son corps n’allait pas se mettre à trembler de peur, ou que sa voix n’allait pas avoir de trémolos de crainte... Elle ne combla toutefois pas la distance qui les séparait, ne se sentait pas prête à être plus à proximité du jardinier qu’elle ne l’était pour l’heure...

« Tu sais, tu devrais vraiment te poser des questions », lui conseilla-t-elle avec un petit sourire triste. « Parce que pour désirer faire fuir les gens, tu dois avoir de sérieux problèmes. Je le sais, je fais presque pareil, à la différence près que moi, je laisse les gens m’approcher, mais jamais être trop proche de moi. J’ai eu suffisamment de séances de psy pour savoir que ça montre qu’on a un problème quelconque. Moi, ça montre par exemple que j’ai un manque profond de confiance dans le genre humain. J’ai vu assez tôt que l’homme est le pire monstre qui soit », dit-elle en réprimant un frisson, songeant aux émotions destructrices qu’elle avait ressentit durant son enfance, mais aussi à cette nuit où on avait tenté d’abuser d’elle, « et désormais, faire entièrement confiance à quelqu’un m’est impossible... Ca montre aussi que je tente de me punir, en quelque sorte, parce que moi, je suis encore en vie, et pas elle », ajouta-t-elle en attrapant son poignet gauche, à l’intérieur duquel elle avait fait tatouer, en japonais, le surnom de sa sœur : Lily.

Elle reprit, tout en frottant de son pouce le tatouage, alors que sa voix contenaient des larmes, non pas parce qu’elle avait peur de lui, mais plutôt parce qu’évoquer Zoélie lui était difficile, surtout devant un inconnu, tout comme il lui était difficile de s’ouvrir autant à un inconnu... Certes, elle s’était fait des amis ici, mais aucun de savait vraiment tout ce qu’elle avait traversé, car elle avait une réelle difficulté à accorder complètement sa confiance. Après tout, son père l’avait bien abandonné au moment où elle avait eu le plus besoin de lui et de son soutien. En un sens, Zoélie l’avait aussi laissé, même si elle, contrairement à leur père, ne l’avait pas volontairement fait. Qu’on l’abandonne, alors qu’elle s’attachait aux gens, au point de leur laisser avoir une part considérable dans sa vie, était sans nul doute sa plus grande crainte. Certes, elle avait peur de ne jamais être totalement maîtresse de ses pouvoirs, mais ça n’était pas aussi effrayant en comparaison de la souffrance d’être abandonné par des gens qu’on aime, ni même de s’apercevoir que ces mêmes personnes peuvent n’avoir pas été honnête envers vous... Gaïa préférait qu’on lui dise la vérité, quitte à en être blessée, parce qu’elle ne savait que trop bien que les mensonges et non-dits peuvent ruiner les vies...

« Je me pourris ainsi la vie, en évitant de m’attacher aux gens parce que j’ai peur qu’on me blesse ou qu’on m’abandonne à nouveau, tout en me donnant l’illusion d’en profiter parce que je fais la tarée quand j’en ai envie. C’est particulièrement tordu, j’en ai conscience, mais ça me rassure d’agir ainsi. Ca me déculpabilise pas mal, parce qu’ainsi, j’ai l’impression de payer le prix des effets négatifs que j’ai pu avoir sur certaines vies. »

Bien entendu, elle faisait mention au divorce de ses parents. Sa mère avait beau lui avoir certifié à maintes reprises qu’elle n’était pas responsable, Gaïa s’était convaincu que si elle n’avait pas été une mutante, rien de tout cela ne serait arrivé... Et souvent, lorsque cette pensée l’assaillait, une autre venait aussitôt : *Ouais, et si t’étais pas une mutante, l’autre pervers aurait réussit à obtenir ce qu’il voulait d’une gamine de 10 ans...* Et, bien qu’étant heureuse d’avoir évité qu’un abrutit n’ait pu la souiller, même si avant d’essayer, il avait eu des gestes de plus en plus déplacés, elle ne pouvait s’empêcher de se dire qu’à cause du pouvoir qui l’avait sauvé ce soir-là et envoyé son agresseur à l’hôpital, son père l’avait considéré comme un monstre, et quitter sa mère qui avait prit la défense de la fillette... Je vous l’accorde, c’est tordu, et un peu paradoxale en un sens, mais la situation était compliquée, et les sentiments qui s’en découlaient l’étaient forcément.... Elle faisait également allusion à un gosse de son collège, qui, après le divorce des parents Monroe, avaient fait de son mieux pour faire de la vie des jumelles un enfer. Il y était tellement bien arrivé, qu’un jour, Gaïa était sortit de ses gonds, utilisant ainsi involontairement son pouvoir contre lui, développant en lui une maladie qu’il avait de latente, et qui, au bout d’un moment, l’avait immobilisé, pour toute sa vie, dans un lit...

Elle lâcha enfin sa main gauche, et le tatouage qu’elle avait caressé avec tristesse comme si cela lui avait ramené, quelques instants durant, la compagnie rassurante de Zoélie, pour lui donner la force de parler à cœur ouvert de la sorte, et continua sa tirade.

« Et toi, c’est quoi, ton excuse ? Qu’est-ce que tu cherches à fuir ? Et, évite de me mentir, parce que t’es pas aussi doué que tu le crois. Je sais que tu ne me fuis pas qu’à cause de mon pouvoir. Lorsqu’on s’est rentré dedans, mon pouvoir était à peine en train d’agir sur toi que quand tu m’as croisé, t’avais l’air... Surprit... Coupable... Honteux... Et encore pleins d’autres émotions ! »

Elle se prit la tête entre les mains, avant d’ajouter, en soupirant :

« Tu peux me menacer tant que tu veux, j’ai perdu trop de choses pour que ça ait un quelconque effet sur moi, pour que tu puisses me briser encore plus... »

Non, Gaïa n’était pas suicidaire, je vous rassure. Elle voulait juste dire par là que, bien qu’elle soit dans un institut sympa, entouré d’élèves pour la plupart gentils, avec sa meilleure amie, les événements de son passé lui avait permit de savoir que rien, dans la vie, n’est acquit d’avance : l’innocence ne dure jamais longtemps, l’amour est loin de rimer avec toujours, une famille peut se briser en un claquement de doigt, les gens peuvent vous décevoir en un rien de temps, la mort peut frapper à tout moment.... Lorsqu’elle avait sombré dans la folie, après avoir ressentit la mort de Zoélie, Gaïa avait prit pour que la mort vienne enfin à elle, pour qu’elle puisse enfin retrouver sa jumelle, cette partie d’elle qu’on avait tuée. Si elle avait tenu, et si elle tenait encore aujourd’hui, c’était pour sa mère, pour sa meilleure amie, et pour sa sœur, qui ne serait guère fière de sa jumelle si elle venait à se tuer. Mais elle savait qu’à tout moment, la vie pouvait jouer de sales tours à tous moments, alors elle se rattachait surtout au désir de vivre sa vie, pour Zoélie qui ne pouvait plus le faire...

Le troupeau d’abrutit interrompit Gaïa dans son discours, car une dispute venait d’éclater entre deux filles, qui se disputaient visiblement les faveurs d’un joueur de foot. L’empathe ôta ses mains de sa tête pour fixer de son regard, brillants de larmes de tristesse, qu’elle avait réussit à ne pas faire couler, mais aussi de colère de l’avoir forcé à ainsi se mettre à nue, Colin, le mettant au défi de lui répondre, et de parler avec sincérité à son tour. Elle savait toutefois qu’il y avait de grandes chances pour qu’il l’envoi bouler...

« En fait, tu avais raison : je suis folle... Mais on l’est tous, au fond. Le plus important, c’est de le reconnaître, et de savoir en quoi... », ajouta-t-elle, agacée de s’être ainsi dévoilée à lui, elle qui faisait pourtant tout pour que tout ce qu’on voit, c’était son côté souriant, enjoué, et un peu taré sur les bords. « Même si on ne peut guère changer ce que nous sommes... »
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MessageSujet: Re: Encore toi?!   Encore toi?! Icon_minitimeMar 17 Juil - 4:37


    La peur était une chose que Colin avait toujours tenté de refouler, il passait pour le jardinier suspect et sanglant de l’institut. Son air de « gros dur » qui ne lâchait jamais sa fierté en avait pris un coup en cet instant. Ses pensées se dirigeaient lentement vers ses victimes qu’il avait assassinées de sang-froid, gardant cet air impassible mais pourtant impitoyable. Cependant, ça ne voulait pas dire qu’il était un robot sans-pitié, sans sentiments et qui achevait la vie de ses cibles avec « classe ». Au contraire, ses défauts étaient les pires, ils le rongeaient, il le rendait si nerveux qu’il se demandait s’il ne tombait pas dans un gouffre. La peur était une des seules choses qu’il savait partager, car il avait lui-même peur de sa personnalité, peur de découvrir ce qu’il faisait à des humains, qu’il les tuait. Les mensonges avaient construits la vie de Colin, et le fait qu’il soit confronté à l’idée de dire la vérité à une jeune fille qu’il avait tué sa sœur était douloureux, douloureux pour sa fierté, ses émotions, ses remords qu’il ne montrait pas jusqu’ici.

    Et des remords, il commençait à en avoir, inconsciemment, peut-être ? Ses yeux se baissèrent lentement des yeux de Gaïa jusqu’à arriver à son poignet où il remarqua qu’elle touchait un tatouage en un langage asiatique. Japonais, sûrement. Pendant un moment, il se demandait la signification de ce tatouage comme il se le demandait pour le sien. C’était juste un acte impulsif de son adolescence, il n’avait pas cherché à quelque chose en particulier… enfin, si ; la colère. Il était en colère et il voulait montrer qu’il n’était pas naïf, coincé ou « pas à la mode ». Son tatouage représentait probablement toute la colère profonde qu’il contenait en lui, celle qui ne montrait jamais, celle où sa peur était fondée.

    Colin se posait des centaines de questions à propos de la présumée française : il se demandait si elle avait réellement peur de lui ou si elle jouait sur la comédie, mais en remarquant son visage qui traversait un lot de sentiments, il songea en un court d’instant de s’excuser et de s’enfuir, comme il le faisait de d’habitude. D’ailleurs, cela devait être l’un de leurs moments les plus longs qu’ils avaient dû entreprendre. Un silence tendu s’était installé entre eux deux et Colin ne s’apercevait même pas des bruits que faisaient les élèves autour d’eux, il ne remarquait pas le temps qui passait, ni la douleur que provoquait ses remords dans sa gorge. Sa voix était bloquée, enchaînée, il avait envie de déballer la vérité, lui dire ce qu’il avait fait… mais il avait peur de la réaction de Gaïa. Il était égoïste car il n’avait pas envie d’avoir mal, encore plus mal maintenant. La distance entre les deux mutants s’était détachée, comme refroidie par la peur qu’ils provoquaient.

    — Tu sais, tu devrais te poser des questions.

    Colin s’apprêtait à répondre, sa mine s’étant crispée avant de s’arrêter, remarquant le sourire accablé de Gaïa. Des questions…

    — Parce que pour désirer faire fuir les gens, tu dois avoir de sérieux problèmes. Je le sais, je fais presque pareil, à la différence près que moi, je laisse les gens m’approcher, mais jamais être trop proche de moi. J’ai eu suffisamment de séances de psy pour savoir que ça montre qu’on a un problème quelconque. Moi, ça manque que j’ai un manque profond de confiance dans le genre humain. J’ai vu assez tôt que l’homme est le pire monstre qui soit.


    Des centaines de sentiments passèrent dans l’esprit de Colin. Elle avait touché le point sensible, la faille qu’il ne fallait pas approcher, celle où il voulait qu’on ne remarque pas. Il s’était bien débrouillé jusqu’à maintenant, il avait réussi à mentir à ses amis, à montrer qu’il allait bien et qu’il n’était un enfant immature ; mais en fait, ses émotions étaient plus sombres qu’elles ne paraissaient. Et Gaïa qui l’avait suivi tant que ça, avait mis le doigt dessus, chose qu’il le faisait vibrer de peur. Il ne répondit pas, la bouche légèrement ouverte, comme s’il cherchait à dire quelque chose de cohérent. Il referma sa bouche, sentant un choc émotionnel le dominer. Il était comme Gaïa en fait, il avait ce manque de confiance en l’être humain. Il la comprenait.

    — Et désormais, faire entièrement confiance à quelqu’un m’est impossible… Ça montre aussi que je tente de me punir, en quelque sorte, parce que moi, je suis encore en vie, et pas elle.

    « Et pas elle. » Sa voix résonna dans sa tête en ricochet, lui rappelant tristement celle de sa sœur. Il voulait fermer les yeux, oublier ce moment, fuir de cet institut, mais quelque chose l’en empêchait. Et si c’était elle ? Et si le fait qu’il la voit autour de lui, lui était fatal ? Dans le sens, où il était toujours confronté à plusieurs émotions à chaque fois qu’il la voyait et qu’il sentait toujours un autre Colin naître en lui, un Colin qui avait toujours été paniqué par son métier et par ses objectifs. Ses cordes vocales tremblaient, cherchaient un moyen de se défendre, de répondre qu’il n’était juste qu’une marionnette que manipulait son « boss ». Il était une marionnette de la société, juste un être méprisable qu’on en voyait partout. Juste un fantôme.

    — Et pas elle… répéta-t-il dans un murmure étouffé.

    Il baissa les yeux, évitant de les rencontrer avec ceux de Gaïa, ne voulant pas trahir ses émotions qui se battaient dans ses pupilles. Lorsqu’elle déclara qu’elle se pourrissait la vie, il voulut lui taper dans la main et lui dire de son ton « joyeux » que lui aussi le faisait. Mais ce n’était pas une bonne idée dans ces moments-là. A la place, il releva ses yeux lentement, ne voulant pas passer pour un homme faible. Il l’écouta, cherchant une faille à elle aussi, bien qu’elle le disait à haute-voix. Non, il cherchait cette faille qu’avait tout le monde, celle où on cachait tous nos émotions les plus sombres. Il abandonna au bout de quelques secondes, se disant qu’il n’était pas empathe comme elle.

    Dans un sens, il la comprenait parfaitement : lui agissait comme un impulsif « sarcastique » qui lâchait des phrases à l’humour pourri digne des Henney. Comme elle se faisait passer pour une tarée alors que son passé ne devait pas être une bonne partie de jeu. Il se demandait comme avait réagi Gaïa en apprenant le décès de sa sœur, comme s’était-elle sentie ? Sûrement le même sentiment qu’avait ressenti Colin en abandonnant son frère en Irlande, aussi en ne revoyant plus ses parents. Il se remémora quelques instants cette scène où il vit le dernier regard que sa mère lui offrait : l’inquiétude. Il observait chaque fait et gestes de Gaïa, la regardant lâcher son bras, voyant ces mimiques qu’il s’était « amusé » à observer depuis quelques temps.

    — Et toi, c’est quoi, ton excuse ? Qu’est-ce que tu cherches à fuir ? Et, évite de me mentir, parce que t’es pas aussi doué que tu le crois. Je sais que tu ne me fuis pas qu’à cause de mon pouvoir. Lorsqu’on s’est rentré dedans, mon pouvoir était à peine en train d’agir sur toi que quand tu m’as croisé, t’avais l’air... Surprit... Coupable... Honteux... Et encore pleins d’autres émotions !

    Coupable, il se sentait ainsi souvent comme ça sans l’assumer. Colin se passa une main dans ses cheveux, sentant une multitude de sentiments passer en lui, il ne savait pas comment réagir face à ça, ni comment s’expliquer. Il le sentait, Gaïa tenait énormément à sa sœur, pas comme lui et son frère, leur relation avait l’air d’être une des plus belles qu’il avait pu voir, il voyait les yeux pétillants de Gaïa lorsqu’elle avait parlé d’elle, cette tristesse… Qu’allait-elle faire quand elle saura que le tueur de sa sœur tant aimée se trouvait juste devant elle ? Allait-elle prendre les cisailles, lui couper la tête ? Colin retint un soupir avant d’ouvrir la bouche, avant de la refermer lorsqu’il vit que Gaïa se prenait la tête entre ses mains.

    — Tu peux me menacer tant que tu veux, j’ai perdu trop de choses pour que ça ait un quelconque effet sur moi, pour que tu puisses me briser encore plus... ajouta-t-elle dans un soupir.

    Son cœur sursauta contre sa cage thoracique, l’incitant à se redresser. Il avait pris un air accablé et fit une moue désaprobatrice.

    — Vraiment ? lâcha-t-il sur un ton de défi. J’ai toujours peur de songer à … à ce…

    Sa voix se perdit dans un souffle, ne sachant pas comment continuer sa phrase. Il dévia sa phrase envers une autre déclaration :

    — J’admire ceux, comme toi, qui disent la vérité sur des choses, qui sont courageux… Mais tu dois avoir peur de moi, de mes sentiments.. Le fait de dire une vérité, c’est un coup dans ma fierté. J’ai peur de ce que je vais te dire, peur de ta réaction, j’ai… pas confiance en mes paroles, raconta-t-il dans un ensemble de phrases peu cohérentes.

    Il se tut, regardant le sol, chose qu’il prenait comme pour habitude depuis ces temps-ci. Il avait tout déballé, sans penser à ce que ça pouvait avoir comme conséquences. Il savait qu’en gardant la vérité pour soi et qu’il dise ces choses à Gaïa allait encore plus l’inviter à se poser des questions, et donc la lui demander souvent. Il voulait s’enfermer dans son appartement miteux, boire jusqu’à ne plus prendre conscience de qui il était, juste s’évader. Il emmêlait ses phrases, il n’arrivait même pas aligner des mots correctement, alors dire le décès d’une sœur n’était pas simple. Et qui disait qu’il allait faire… ?

    Colin ne regardait même pas les bandes d’idiotes se disputer, ni même la troupe qui se formait autour d’eux. Il entendait juste les éclats de voix résonner dans sa tête, menaçant à tout moment de lui faire mal au crâne, ne supportant pas ces voix aigues et superficielles. « C’est le mien, t’as pas le droit ! » et ainsi de suite. Il préférait regarder Gaïa, osant affronter son regard. Elle le défiait, il répondait mais pas avec autant de courage qu’elle. Il gardait la tête haute mais il avait envie de s’enfoncer sous terre et faire disparaître ce tas de sentiments qui le blessait, mais, qui, pourtant reflétait sa vraie personnalité.

    — En fait, tu avais raison : je suis folle... Mais on l’est tous, au fond. Le plus important, c’est de le reconnaître, et de savoir en quoi...

    — Tu es plus sensée que certaines personnes, assura Colin avec un petit sourire qui se voulut rassurant.

    Gaïa semblait irritée, autant que Colin, en fait. Il se sentait coupable d’avoir menacé la jeune française, coupable d’avoir ressenti d’aussi faibles sentiments qui trahissait sa fierté.

    — Même si on ne peut guère changer ce que nous sommes...


    Sans qu’il ne le veuille vraiment, il sentit une colère au fond de lui ; il avait envie de changer et le fait qu’il entende quelqu’un dire ça, le rendait « faible ».

    — Malheureusement… souffla-t-il d’un ton indigné.

    Colin soupira lentement de tristesse et de douleur, fermant quelques instants les yeux avant de les ouvrir.

    — Je suis désolé si tu dévoiles tes sentiments à cause de moi, désolé parce que j’ai l’impression de te faire remémorer des choses que tu aurais sans doute voulu effacer de ta mémoire.

    Le tueur s’arrêta, se demandant s’il n’allait pas trop loin. Mais quelque chose le poussait à déballer des choses de son cœur, malgré qu’il n’en avait pas envie. Comment allait-il lui dire… ce qui s’était passé ce jour-là ? Il n’allait quand même pas avouer ? Il ne pouvait pas ! Cette peur l’empêchait. Colin paraissait choqué par son comportement, dégoûté de ces mains qu’il avait utilisées pour prendre la vie d’innocents, d’avoir effleuré des contrats qui avait détruit des familles… En fait, il se sentait coupable par-dessus tout.

    — Je ne coupe pas que des haies, je ne plante pas que des fleurs, mais ça tout le monde se le doutait à l’Institut. Mais je ne pense pas qu’ils suspectent que je fasse quelque chose de si différent. Mes mains ont servies à des travaux malhonnêtes et pourtant, je suis là, devant toi, sans en ressentir le moindre remord. Jusqu’à ce que je te rencontre, en fait. Tu dis que je me suis sentis coupable, honteux, mais je le suis toujours en te voyant. Pour une raison que... je ne pense pas que je serais capable de le dire un jour, c’est impossible. On ne change pas, j’aimerais, et je resterais un type répugnant et effrayant.

    Sentant sa respiration flancher, il voulut balayer ses pensées noires qui venaient sans cesse le déranger. Colin attrapa une pelle près de lui, vint la planter dans le sol avant de poser sa main sur le manche.

    — Je vois même pas comment Elvie me supporte… je vois même pas comment ce professeur Xavier a su m’engager, lui qui doit sûrement savoir ce que je fais. C’est insensé…

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MessageSujet: Re: Encore toi?!   Encore toi?! Icon_minitimeDim 29 Juil - 18:58


Lorsque Colin mentionna le fait que le petit discours de Gaïa n’était qu’un coup de fierté, la jeune femme ne répondit rien, tâchant de reprendre contenance, la tête toujours dans les mains, comme pour se donner le courage d’aller plus loin dans son discours, mais elle n’en avait plus le courage ni l’envie. C’était bien la première fois qu’elle s’ouvrait tellement. Et étrangement, d’un côté, elle était soulagée de sortir enfin tout ce qu’elle avait sur le cœur d’elle-même, et non pas parce qu’un psy stupide la l’y invitait, mais, de l’autre, elle se sentait violement mise à nue, regrettant peu à peu d’avoir autant parlé, se maudissant pour s’être ainsi laisser emporter. Jusqu’à présent, elle avait toujours réussit à se contenir suffisamment pour éviter de craquer devant qui que ce soit, seul la solitude de la nuit avait été le témoin de ses larmes dû à ses douloureux souvenirs. Il était cependant trop tard pour faire marche arrière, c’est pourquoi Gaïa décida de faire de son mieux pour garder la tête haute, bien décidée à obtenir des réponses. Mais celui-ci ne semblait guère décidé à tout expliquer aujourd’hui, se contentant de parler de manière obscure du fait qu’il craignait sa réaction s’il venait à tout dire. ?? C’était bien trop peu clair pour que Gaïa puisse essayer d’y comprendre quelque chose, et elle était certaine que même à tête reposée, elle n’y comprendrait rien.... Sentant donc que le jour où Colin lui expliquera enfin tout n’était pas encore venu, la française se décidé à reprendre la parole, enlevant enfin la tête de ses mains, pour conclure sa petite tirade. Elle lâcha un petit sourire amusé lorsque le jardinier lui dit qu’elle était plus sensée que certaines personnes, trouvant cela particulièrement drôle alors que beaucoup de personnes durant son enfance lui avaient certifiés l’inverse.... Elle perdit son petit sourire pour prendre un air intrigué lorsque Colin parût déçu de l’entendre dire que nul n’était en mesure de changer du tout au tout. Décidément, plus elle essayait de le comprendre, et moins elle y parvenait, s’enfonçant de plus en plus dans un brouillard de questions... Cependant, ce constat n’incita pas la jeune femme à baisser les bras, elle était de plus en plus décidé à découvrir ce qui se cachait derrière Colin et le fait qu’il la fuit de la sorte, sa curiosité ayant été accentuée lorsqu’il avait dit craindre sa réaction s’il venait à lui parler. Ils ne s’étaient jamais rencontrés avant, alors qu’avait-il à craindre d’elle et de ses réactions ? Certes, cela pouvait venir d’un truc qu’il aurait fait après leur rencontre, mais comme dit précédemment, Gaïa avait ressentit des regrets d el part du jardinier dès leur 1ère entrevue, ce qui la confortait dans l’idée qu’il regrettait quelque chose du passé... Il devait sans doute la confondre avec quelqu’un d’autre, elle ne voyait que cela comme explication, certaine de ne l’avoir jamais vu avant d’être en Amérique. Elle allait prendre la parole lorsque Colin s’excusa de l’avoir involontairement obligé à se remémorer de mauvais souvenirs. La jeune française secoua la tête, tout en disant :

« On a beau faire tout ce qu’on veut, on ne peut jamais oublier notre passé, même les événements les moins joyeux, alors, crois-moi, t’y es pour rien, je suis suffisamment grande pour y penser toute seule... Et oublier son passé n’est pas le meilleur moyen d’avancer, dans la vie... »

Son ton était froid, non par méchanceté, mais plutôt parce qu’elle était agacée par ce petit jeu, qui n’aurait jamais de fin, selon elle, Colin était bien trop décidé à garder ce qu’il savait pour lui.... Elle savait d’avance que cela l’épuiserait, de tout faire pour le faire parler... Mais elle n’abandonnerait pas.... Elle croisa les bras, comme si cela donnait plus de poids à ses paroles et à sa résolution...

Autour d’eux, la dispute continua, mais Gaïa s’en fichait totalement. Elle était occupée à observer Colin, comme si elle pourrait lire en lui, trouver quelque chose qui la guiderait vers les réponses aux questions qu’elle se posait sur lui. Mais rien, il faut dire qu’elle n’était pas très doué pour déchiffrer les expressions des gens, et que son empathie était visiblement aussi secoué qu’elle, déraillant comme une chaîne de vélo alors que vous êtes en pleine montée... C’est ainsi que la culpabilité éprouvé par Colin l’envahit avec virulence, alors qu’elle ne s’y attendait pas le moins du monde, alors que jusqu’à présent, elle avait eu son empathie sous contrôle durant cette entrevue. Ce sentiment était si fort, et accentué par son empathie qui était en mode « Je fais n’importe quoi ! », que la mutante en eut le souffle coupé. Elle ressentit toutes les émotions du jardinier alors qu’il parlait, permettant à la jeune femme de voir qu’il n’était pas aussi froid qu’il tentait de le faire comprendre, mais plutôt qu’il était... brisé, ou un truc du genre... Elle ne saurait dire pourquoi. Tout comme elle ne comprenait qu’à moitié ce qu’il disait. Il était étrange, ça, tout le monde le savait, tout comme tous suspectaient qu’il devait baigner dans des affaires louches. D’ailleurs, les rumeurs circulaient à bon train, à son propos, au sein de l’institut... En général, c’était plutôt des trucs « gentillets », du genre, Colin avait fait quelques conneries dans sa jeunesse, et avait encore de mauvaises relations. Mais ça n’était que des suppositions, la folle imagination d’ados qui s’ennuient, du point de vue de Gaïa... Et visiblement, tout le monde était à mille lieux de la vérité, à en croire le jardinier. Gaïa n’eut pas le temps de s’interroger sur ce que Colin avait fait de si horrible que ça que celui-ci continua sa tirade, disant que les remords ne l’assaillaient que lorsqu’il la voyait. Ca, Gaïa l’avait remarqué, donc, ça ne l’aidait guère, loin de là... Il faudrait vraiment qu’elle réfléchisse à tout ça à tête reposée, et pourquoi pas en parler à Anaëlle, histoire de bénéficier de ses lumières sur cette histoire... Car pour l’heure, la seule piste qui paraissait plausible aux yeux de la française était encore qu’elle ressemblait à quelqu’un que Colin avait rencontré, et avait vraisemblablement blessé...

Lorsqu’il ajouta qu’il ne songeait pas être en mesure de lui révéler les raisons de sa culpabilité, Gaïa poussa un soupir, retrouvant enfin un souffle normal. N’avait-il donc pas encore comprit qu’elle était têtue, et bien décidé à tout savoir ? Pourtant, depuis le temps qu’elle le collait, il avait bien dû le remarquer, non ? Le regard de la mutante se posa sur la pelle que le jardinier venait de planter dans le sol, tout en écoutant celui-ci s’étonner sur le fait qu’Elvie et Xavier l’avaient accepté. La française décroisa les bras pour s’approcher de lui, sentant à présent comme une sorte de détresse provenir du jardinier, depuis quelques instants à présent.

« On ne peut pas changer, mais rien ne nous empêcher d’essayer, pour atténuer les côtés de nous que l’on apprécie le moins... Et pour Mr Xavier et Elvie, ils ont du voir que tu n’étais pas comme tu te plais à le croire : effrayant et répugnant. », fit-elle tout en avançant vers lui. « On a tous un côté sombre en nous, je l’ai bien vu. A nous d’essayer de cohabiter avec lui... »

Elle secoua la tête, se sentant quelque peu bête à parler de la sorte à quelqu’un de plus âgé qu’elle, alors qu’elle n’avait que 25 ans, et qu’elle n’avait (et elle l’espérait), pas vu grand-chose de la vie...

« Je ne te connais pas, je ne sais pas ce qui te ronge, ni même ce tu as fait de si mal dans ta vie, mais je peux te dire qu’éprouver des remords montrent que tu es mesure de changer. Pas forcément entièrement, ça, c’est impossible, mais tu peux changer un peu... », déclara-t-elle en s’arrêtant devant lui, allant même jusqu’à poser une main rassurante sur son épaule, ignorant pourquoi elle se montrait si réconfortante avec lui alors qu’il l’énervait à se montrer si secret. « Et si tu en doutais encore, dis-toi que tu as gagné la confiance de deux télépathes, ça ne veut pas rien dire, tout de même ! »

La jeune femme secoua la tête et retira sa main de l’épaule du jardinier, gênée de faire une telle leçon de vie à quelqu’un de plus mature. Mais c’était dans sa nature, d’essayer d’aider les autres lorsqu’ils allaient mal, ses parents l’avaient élevé en ce sens, et avec son empathie, c’était difficile à éviter... Même lorsque la personne en face était aussi inquiétante que Colin... Il est certain que Gaïa avait, depuis quelques instants, l’impression de se retrouver un peu en lui, s’était sentit comprise lorsqu’elle s’était dévoilé précédemment, même si elle ignorait à quel degré Colin était d’accord avec ce qu’elle avait dit... N’allez cependant pas croire qu’elle n’était plus agacée d’avoir été contrainte de se dévoiler de la sorte, mais elle détestait rester les bras croisés alors que près d’elle, quelqu’un allait mal... Même si ce quelqu’un était Colin, et risquait de ne pas apprécier d’être ainsi réconforter par une gosse comme elle, qui le collait dès que cela était possible... En attendant une réaction de la part du jardinier, la mutante se tenait à quelques pas de lui, partagée entre la gêne et l’envie de le rassurer et lui ôter son désarroi qu’elle ressentait, et qu’elle tentait d’éloigner d’elle ! Fichu pouvoir !
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