Killers & Henney
"What are you doing here?"

Autour de lui, la vie semblait être au ralenti. Cigarette dans la bouche, fusil caché dans son dos, il paraissait être le parfait homme en pleine dépression. Sauf qu’il ne l’était pas, c’était juste son… « aura » qui représentait son profil. Ses yeux sombres parcouraient lentement les passants, les voitures, le ciel et ensuite devant lui, sachant pertinemment où il allait. En fait, c’était inutile qu’il se presse car sa cible n’allait partir de sitôt et puis, il avait son temps. Sa démarche nonchalante récoltait quelques regards méprisants, ses cheveux sauvages attiraient les jeunes femmes et son air sinistre mais amusé repoussait les enfants ; en clair, il était autant méfié qu’admiré.

Soudain, alors qu’il voulut tourner dans la rue d’à côté, Colin s’arrêta brusquement. Son regard se porta sur une vitrine de bijoux, l’air intéressé. Il sortit son portefeuille, fouilla un peu à l’intérieur avant de faire un mince sourire. D’un pas actif, le tueur entra dans la bijouterie. Parmi toutes ces personnes riches et élégantes, il se trouvait misérable. Sa veste noire faisait ressortir son côté « obscur » et sa barbe de trois jours le faisait passer pour un peintre qui avait gâché sa vie. Et ses piercings n’arrangeaient rien… bien qu’il n’en avait qu’aux oreilles. Colin vint près de la vendeuse et lui jeta un regard charmeur avant de pointer le bijou qui l’avait tapé dans l’œil. Après quelques attentes et formules de politesses inutiles, il eut enfin ce qu’il voulait.

Colin partit, sentant le petit poids de la boîte de bijou dans sa poche et le rendant de bonne humeur. Malgré tout, il n’avait pas que ça à faire. D’un geste plus vif, il sortit une feuille froissée où des notes semblaient être écrites ainsi qu’une photo. C’était sa cible. Il n’aimait pas les appeler par le nom, c’était par respect et par lassitude. S’il devait à chaque fois se souvenir de leurs noms… c’est comme ça qu’il tuait sans connaître leur identité, juste leur métier, leur famille ; de quoi remplir une fiche et un contrat. Colin fixa un moment la photo, comme s’il tentait de l’ancrer dans sa mémoire avant de remettre son contrat dans l’autre poche.

Il reprit la marche un peu plus rapidement, sentant son cœur lui tambouriner contre son torse. Ce n’était pas de la peur ou encore de l’excitation, juste… le fait de tuer était quelque chose d’étrange. Il n’arrivait jamais à trouver la réponse, le sentiment exact. Plus il se rapprochait du lieu qu’avait dit son patron, plus il se sentait mal. Et cette fois, c’était la première fois que ça lui arrivait. Sans qu’il ne remarque, il se mit à penser à Elvie. Ce n’était pas une « conquête », une « amante » ou quoi que ce soit dans le genre, juste son amie. Une des seules, en fait. Et c’était plus qu’une amie pour lui, il la considérait comme une sœur, comme celle qu’il n’avait jamais eu et qui était toujours là pour lui ainsi que réciproquement. Il l’écoutait et ainsi de suite. Colin n’arrivait pas à se faire des amis, il n’en voulait pas mais Elvie était un cas rare. Il l’aimait énormément bien qu’il ne le montrait pas car il n’était pas quelqu’un de très… émotionnel ? D’ailleurs, il se demandait si le fait qu’il la protège tout le temps, qu’il soit toujours derrière elle, la dérange ? Colin tenta d’oublier cette pensée et s’élança à travers les rues de Times Square avant de soupirer en remarquant la foule de gens dans cette énorme place.

Bon, où était-il ? Où… Là ! Colin braqua son regard sur sa cible, fronçant ses sourcils avant de se faufiler doucement entre les personnes. Il était à l’écart du monde, seul avec… une personne ? La silhouette lui semblait familière. Colin plissa ses yeux, se sentant plus énervé qu’il ne l’était. C’était donc ça, ce sentiment qu’il avait ressenti. Pendant un moment, il voulut rester là, planté à regarder sa cible avec… Elvie. Cette dernière semblait vraiment en colère, Colin ne l’avait jamais vu comme ça et espérait ne jamais la voir ainsi. Bien que son caractère d’impulsif voulait tenter ses limites… Il s’approcha lentement, prenant sa mine colérique de d’habitude. Il devait tuer une personne et dans les millions de personnes qui se trouvaient dans New-York, il avait fallu qu’il soit accompagné d’Elvie ! Colin se mordit la lèvre inférieure avant de toussoter en s’approchant d’eux.

— Je me permets de m’incruster, fit Colin d’une voix sarcastique et doucereuse.

Pendant qu’il parlait, il avait regardé Elvie, tentant de comprendre la signification de cette rencontre qu’il n’avait pas douté. Il mit ses mains dans sa poche, l’une rencontrant la boîte de bijou. C’est vrai qu’il était trop surprotecteur mais il ne pouvait pas s’en empêcher ! Il n’était pas « fâché » contre Elvie… un peu. Enfin, indirectement. Juste fâché qu’elle soit avec sa cible. Chose qu’il ne voulait pas…

Je m’étais levée avec un poids sur le cœur, un poids en provenance de mon passé. J’ouvris la porte de ma chambre que je partageais avec Gaïa cette dernière était partie plus tôt…
Je vis plusieurs élèves s’agités dans les couloirs en riant en direction des cours. Dans les jours avec et les jours sans, celui-ci était définitivement un jour sans.
Je retournai m’allonger sur le lit, quand on toqua à la porte. Je me dirigeai vers la porte toujours ouverte, un jeune homme tenait une note à la main.

-"Quelqu’un est passé ce matin, il t’a laissé un mot."

Je le remerciais avant attrapé le mots. Je devais retrouver l’auteur du mot dans un bar, j’avais l’adresse et son nom. Je me rendis près des grilles et inventer un mensonge pour pouvoir passer, vu que j’étais censé être en cours. Je me dépêchai avant qu’il remarque quelque chose d’anormal. Je rejoignis la ville et me dirigeai vers ce bar. C’était bien lui, un pauvre type à qui j’avais sauvé la vie et qui depuis ce jour chercher les personnes à trouver pour me venger. Il se leva, et en venant à ma rencontre percuta mon épaule pour me chuchoter quelques mots.

-"En voilà un… Te fais pas tuer."

Il glissa un mot dans ma main. J’avais un nom et une photo, et une petite précision cet homme était recherché et pas que par mois, et il serait sûrement protéger. Je n’avais plus qu’attendre quelques heures, l’homme devait passer par ici, il suffirait que je me débarrasse de celui charger de sa protection afin de prendre sa place, chose qui n’allait pas être difficile.

Quelques heures après avoir attendu et parcourut les rues de la ville, je le trouvai, j’attendais que son garde du corps s’éloigne, utilisant ma télépathie pour le faire dormir. Je retournais auprès de ma « cible » qui remarqua rapidement ma présence.

-Je peux savoir qui vous êtes ?

-La personne en charge de votre protection.

-Vous êtes un peu jeune et enfin vous êtes une jeune femme...

-Merci j’avais remarquée. J’ai 20 ans, et je suis plutôt spéciale, et puis qui oserait vous nuire accompagner d’une innocente personne.

Hors de question que je le rate, il allait payer et ça ce soir. J’inventais un faux prétexte pour l’isoler de la foule, mon but étant lui et pas une foule d’innocent.
Et là je sentais que quelque chose n’allait pas. Mais cette sensation m’était familière alors je continuais à occuper ma cible avec cette conversation inutile et stupide.
Puis quelqu’un toussota tout en s’approchant un peu plus avant de prendre la parole.

-Je me permets de m’incruster.

Je connaissais très bien cette voix, Colin, le jardinier de l’institut et tueur à gages dans son temps libre. L’homme en face de moi me regarda comme pour me demander une explication à la jeune femme, voyant qu’aucune réponse ne venait de ma part il s’adressa à Colin.

-Oh… laissez-moi deviner c’est votre petite amie ? Ce soir c’est moi qu’elle accompagne.

Il m’attrapa par les hanches et me sera contre lui, je l’aurais bien réduits en cendres pour avoir osé ce geste. Colin avait effrayés des élèves de l’institut pour moins que ça.
Mais ce n’était pas la première fois qu’on prenait Colin pour mon petit ami. Gaïa la première y avait cru, ainsi que d’autres élèves, seulement Colin était devenu un confident, un ami très loyal, comme un frère, agissant comme un vrai protecteur, intervenant quand il me croyait dans une situation délicate, ou quand il me pensait en danger. Il avait effrayé plus d’un élève, en agissant comme ça.

-Colin je peux savoir ce que tu fais ici ?

Qu’avait-t-il encore dit ? « Douglas McCarter, un type plutôt bizarre. Il a 27 ans, si tu veux tout savoir, ce qui m’étonnerait grandement de ta part. Comme d’habitude, hein. Tu le tues discrètement, dans le noir si possible et tu essayes de ne pas te faire avoir par un témoin ou quelqu’un qui… serait beaucoup trop curieux. Sinon, tu l’élimines aussi. Si tu te fais avoir, on ne se connaît pas. De toute façon, t’as toujours un moyen pour t’en sortir. Envoie-moi un message quand c’est fait, Henney. »

Colin jeta un regard furieux à sa cible avant de fixer Elvie, se montrant insistant. Ce n’était pas logique, il y avait quelque chose qui clochait. Ce n’était sûrement pas un hasard qu’elle se trouvait là, pile le jour où il devait tuer sa cible. Et au même endroit. Il remarqua que l’homme le regardait et avant que Colin ne puisse faire quelque chose, sa « cible » prit la parole.

— Oh… Laissez-moi deviner c’est votre petite amie ? Ce soir c’est moi qui l’accompagne.

Ce fut le mot de trop, et surtout, l’agissement de trop. Avant qu’il ne put prendre son fusil et coller une balle dans sa tête, il attrapa Elvie par les hanches et vint la coller contre lui, chose qu’il ne fallait absolument pas faire devant Colin. Ce dernier les regarda un moment avant de faire un sourire forcé et de se frotter la nuque. Il fallait se contrôler, respirer longuement. S’il savait ce qu’il avait fait à des élèves qui tentaient de faire quelque chose à Elvie… ils n’osaient plus le regarder dans les yeux maintenant.

— Colin je peux savoir ce que tu fais ici ?

Le tueur leva ses yeux vers elle, sentant sa mâchoire se crisper. Sentant que sa mutation allait se répandre et éclater toutes les lampadaires de Times Square, il respira longuement avant réfléchir à sa question. Il n’allait pas lui dire « en fait, je dois tuer le type qui ose te toucher ».

— J’ai une meilleure question,dit-il, je peux savoir ce que TU fais ici ?

Sa colère montait douloureusement dans sa gorge. Il jeta un regard haineux à sa cible et longea sur son bras qui tenait les hanches d’Elvie.

— D’ailleurs, je ne suis pas son petit-ami, ajouta-t-il à sa cible cette fois avec évidence, et tu pourrais dégager ton bras avant que je ne le fasse ?

Le gros défaut de Colin était qu’il était beaucoup trop franc et que parfois, ça créait des conflits. Dont l’histoire se terminait rapidement. La chance lui souriait, s’il n’y avait eu personne, Colin aurait sûrement sauté sur lui pour l’achever sauf que les rues étaient bondées et qu’il doutait que le fait de le tuer en plein centre-ville était une bonne idée. Il s’approcha un peu plus d’eux, plissant ses yeux et voulant se montrer menaçant.

Quand Colin était en colère, beaucoup de personnes lui reprochaient d’être violent et d’être impulsif. Mais qui sur Terre n’avait jamais eu envie de passer à l’action et de finir avec la source des ennuis ? D’ailleurs, après en avoir fini avec cet humain puéril, il devait avoir une discussion avec Elvie, en tant que tueur compulsif et grand taré. Mais surtout en tant qu’ami (et big brother, s’il le fallait).

Pas besoin d’user de ma télépathie pour savoir que Colin était en colère.
Et ce type une plaie… Je n’étais avec lui que depuis quelques minutes que j’aurais bien emprunté le fusil de Colin…
Il répondit à ma question par une autre question.

- J’ai une meilleure question, je peux savoir ce que TU fait ici ?

-Je suis en charge de la protection de Monsieur Carter pour la soirée.

Colin lorgna sur le bras de Carter avant de reprendre la parole et je craignais le pire, connaissant Colin et son franc-parler.

- D’ailleurs, je ne suis pas son petit-ami, et tu pourrais dégager ton bras avant que je ne le fasse.

J’entendis le fameux Carter soupirer, sans bouger son bras, avant de s’adresser à moi.

-Non mais c’est qui ce type.

Je me concentrai sur Colin qui perdait peu à peu son sang froid. Je prenais le risque d’utiliser ma télépathie, je ne voyais pas d’autre option.

« Je t’en prie Colin garde ton calme, je sais que ça à l’air étrange comme situation mais je peux tout t’expliquer… J’ai peut-être même un plan, va falloir que tu ais confiance.  »

On parlait énormément avec Colin, il passer au dortoirs des fois, il filait avant que Gaïa n’arrive. J’avais confiance en lui, plus qu’en n’importe qui, mais là c’était son tour. Durant nos discussions j’avais parler de tout sauf de mon passé, j’avais toujours eu du mal à l’évoquer, et Colin ne m’avait jamais forcé à m’en parler.
Il fallait que je trouve quelque chose et vite…

-Eh bien à moins qu’il soit aussi chargé de votre sécurité, on devrait y aller n’est-ce pas ?

Non mais d’où me venait cette idée… Sérieux…Notre discussion assez agitée avec Colin commençait à attirer l’attention de la foule, qui remarquer le comportement de Colin.
J’insistais auprès de Carter pour qu’on se rende dans un bar peu fréquenter, je n’hésitai pas à donner l’adresse du bar assez fort pour être sûre que Colin ne la loupe pas, je n’hésitais pas à lui envoyer par télépathie.
Mon plan ? Avoir quelques réponses et me débarrasser de lui. On commença à s’éloigner, je me tournais vers Colin.

« Je répondrais à toutes tes questions plus tard, je sais que tu connais ce bar, je suis sûre que tu y seras. »

J’espérai qu’il capte bien le message, discuter autour d’un verre dans un bar serait toujours plus discret que d’attirer l’attention sur nous en plein milieu de la rue.
Je détestais le savoir en colère, quand je le savais dans cet état j’essayais au mieux de le calmer. Et j’avais toujours l’impression qu’il était derrière moi, qu’il me protégerait toujours quoi qu’il arrive. Il n’allait pas me laisser en plan… pas ce soir, se pouvait-il que ma cible soit aussi la sienne ? Si c’était ça, il allait nous rejoindre j’en étais persuadé.

Visiblement, ce Douglas ne voulait pas lâcher Elvie. Et rien que pour l’énerver encore plus, il soupira, comme s’il le ton menaçant de Colin n’avait pas eu d’effets sur lui.

— Non mais c’est qui ce type.

« Ce type » ? C’est lui qui demandait ça ? Colin plissa les yeux et avant qu’il ne puisse faire quelque chose, il sentit un souffle dans sa tête. Il connaissait ce sentiment, ce n’était qu’Elvie. Enfin, qui rentrait dans sa tête. Colin n’avait jamais aimé le fait qu’elle pouvait connaître tous ses secrets, tous ses souvenirs en un clin d’œil alors que lui ne savait rien d’elle et de son passé. Il n’allait pas la forcer mais ça l’inquiétait qu’elle n’en parle pas. « Je t’en prie Colin garde ton calme, je sais que ça à l’air étrange comme situation mais je peux tout t’expliquer… J’ai peut-être même un plan, va falloir que tu ais confiance. »

Colin retint un soupir avant de chercher une réponse parmi ses pensées noires, il avait l’impression d’être un fou à tenter de parler à son cerveau. C’est comme s’il faisait un quiz solitaire, en fait… Il ne répondit pas à Elvie, préférant lui lancer un regard suspicieux mais il comprit qu’il allait devoir rester « calme ». La dernière fois qu’il avait protégé une personne de cette manière était… euh, qui ? Personne, en fait. Il n’arrivait jamais à contrôler son côté protecteur qui venait tout juste d’apparaître dans son caractère.

— Eh bien à moins qu’il soit aussi chargé de votre sécurité, on devrait aussi y aller n’est-ce pas ?

Colin recula, passant ses mains dans ses poches avant de baisser légèrement la tête, comme s’il commençait peu à peu à comprendre son « plan ». Il avait tellement de questions, pourquoi était-elle ici déjà ? Quelques personnes avaient penché leur tête pour voir ce qu’il se passait, sauf que Colin fit semblant qu’il n’y avait rien. Quand ils se mirent à s’éloigner de lui, il ne put s’empêcher de les regarder. Soudain, il entendit Elvie donner une adresse d’un bar où ils allaient visiblement aller, ce n’était pas par hasard si elle le disait si fortement. Colin retint un sourire avant d’hocher doucement la tête, affirmant qu’il avait compris. « Je répondrais à toutes tes questions plus tard, je sais que tu connais ce bar, je suis sûre que tu y seras. »

Et comment qu’il le sera, il n’allait pas rater une occasion de pouvoir discuter « tranquillement » avec sa cible. Surtout que sa tête ne lui plaisait pas du tout. Colin les vit partir avec quelques inquiétudes avant de finalement soupirer en se disant qu’Elvie savait très bien se protéger seule. Colin prit son téléphone et appela son patron, se mordant doucement la lèvre.

— Ouais ? fit la voix bourrue du boss.
— Tu le savais qu’il y avait une protection pour la cible ?
— La cible ?
— Douglas McCarter, soupira Colin en levant les yeux.

Parfois, son patron se révélait être un véritable boulet. Il ne savait même pas qui il devait tuer alors qu’il lui avait donné… 3 contrats à faire en une semaine. Il ne restait plus que McCarter, les deux derniers étant tués d’une manière simple et accompagnée de son « don » d’obscurité.

— Ah, lui ! Je ne te l’ai pas dit ? Je sais plus comment elle s’appelle.. Elle a 20 ans j’crois. Tu pourras l’éliminer faci…
— Je ne compte pas la tuer, fit Colin avec évidence.
— C’est étonnant de ta part, ça ! rigola son patron d’un rire gras. Enfin, bref. Tant que ce Dougie soit mort, ça me va.

Colin n’eut pas le temps de répliquer que la conversation fut finie. Il grogna en se disant qu’il aurait pu lui dire plus de détails. L’irlandais n’alla pas directement dans le bar, il se promena dans les rues avec sa cigarette en bouche, il balaya quelques magasins miteux du regard avant de jeter sa cigarette et de lancer un bref regard vers le bar qu’avait dit Elvie. Il venait souvent ici et Elvie le savait. Quand il était de mauvaise humeur, il noyait ses soucis dans un verre d’alcool en compagnie du barman. Colin entra, salua le barman d’un signe bref de la tête avant de chercher Elvie et la tête à claques du regard. Ah, là ! Assis à une table dans le coin, il se mit à non loin d’eux, ne voulant pas créer une autre atmosphère dangereuse.

Colin commanda un verre d’alcool, ne la buvant pas et tenta de joindre Elvie par pensées bien qu’il n’était pas télépathe, il savait juste qu’elle allait l’entendre. « Alors, c’est quoi ton plan ? »

Accompagnée du fameux Douglas on s’installa dans le bar à une table où il n’y avait pas de fenêtre derrière.
Je ne le lâchai pas d’une semelle, on récupéra à boire, il enchainer les shoter, j’utilisai ma télépathie pour lui faire croire que j’en buvais autant que lui.

Je relevais la tête en entendant la porte s’ouvrir, Colin je souris il avait bien compris le message, comme toujours. Il s’installa à proximité mais pas trop près, le pauvre Douglas ne prêtait plus d’attention qu’a son verre. Colin venait de commander un verre.

- J’ai fait de terribles choses Evie.

-C’est Elvie pas Evie…

Terrible ? N’était pas le bon mot, je ne trouvais pas de mots assez fort pour qualifier se massacre… Je commençai à me perdre dans mes souvenirs quand une voix dans ma tête me fit sursauter.

« Alors, c’est quoi ton plan ? »

Ce n’était que Colin je me ressaisis, mon plan était des plus simples et me semblait des plus efficaces.

« Je le fais boire, je le questionne, une fois que j’ai mes réponses, je m’en débarrasse sans laisser de trace… »

Je commençai à être énervée, et le ton de ma voix s’en ressenter. Mais ce soir j’en finirais avec Douglas McCarter, Charles le découvrirait malheureusement, mais je n’avais pas l’intention de mentir, il savait très bien que je prenais ma vengeance très à cœur et que je ne reculerais devant rien. J’étais comme ça même si ce n’était pas mon genre de tués des gens, mais lui je pense pouvoir tenir le coup.
Douglas attrapa ma main. Je lui lançai le regard le plus noir de mon répertoire.

-Je suis un monstre Evie.

-Je sais et mon nom c’est…. Peu importe…

Je jetai un coup d’œil à Colin de là où il était il pouvait tout entendre, je lui fis un signe de main, dans l’état où était Douglas il ne fera pas attention à Colin.
Je n’hésitai pas à lui dire par télépathie, je savais bien qu’il n’aimait pas ça, mais je n’utilisai pas ma télépathie sur Colin pour fouiller dans son passé, où ces souvenirs, j’en avais vu quelqu’un, surtout ceux quand il faisait son « job » je n’en tenais pas compte, je connaissais Colin, je savais à quoi m’attendre avec lui.

«Tu peux venir dans l’état où il et il se rappellera pas de l’altercation en pleine rue. »

Colin se posait d’innombrables questions, en tant que curieux. Pourquoi cette haine envers ce Douglas, déjà ? Ils étaient deux à vouloir le tuer, l’un pour une raison professionnel et l’autre, apparemment, personnelle. Il n’avait pas cette habitude d’entrer dans les affaires des autres, il était juste… un peu inquisiteur ? Chipotant son verre d’alcool, regardant quelques clients balafrés, il se surprit à écouter leur conversation, dont leurs voix lui semblait proches. Et une seconde voix, la voix d’Elvie retentit parmi ses pensées.

« Je le fais boire, je le questionne, une fois que j’ai mes réponses, je m’en débarrasse sans laisser de traces… »

Colin tenta d’avaler toutes les informations qu’elle lui disait. Il savait qu’Elvie n’était pas quelqu’un qui se laissait faire et qui avait souvent des problèmes — elle lui ressemblait légèrement, donc, ce n’était pas étonnant qu’il sente une colère dans sa voix. Mais il fut surpris qu’elle lui dise qu’elle comptait le tuer. Alors qu’il s’apprêtait à boire son verre, il le déposa un peu brusquement avant de lancer un regard curieux vers Elvie. Et ce Charles Xavier ? Il allait accepter qu’elle tue quelqu’un ? Après tout, c’était son affaire. Mais aussi la cible de Colin… Ce dernier remarqua la main posée sur Elvie et détourna les yeux avant de regarder un peu partout. Il n’avait pas envie de poireauter, en fait. Il ne voulait pas attendre, il voulait juste en finir avec ce Douglas.

« Je te rappelle que c’est ma cible, Elvie. Il saura que je ne l’ai pas tué et j’ai bien peur que tu ne sois pas assez expérimentée pour tuer quelqu’un. » Ce n’était plus un ton protecteur qu’il avait pris mais plutôt une menace, il n’aimait pas, même ses amis, quand on interférait dans ses affaires professionnelles. Et le « il » était une allusion à son patron, une personne qu’Elvie connaissait vaguement.

— Je suis un monstre Evie.

Evie ? Il n’était pas un peu…

— Je sais et mon nom c’est… Peu importe…

Colin ne vit pas le geste que lui faisait Elvie, jusqu’à qu’elle le « contacte » par télépathie, il retint une grimace. Colin regarda son verre vide, très légèrement étourdi avant de le déposer.

« Tu peux venir dans l’état où il est il se rappellera pas de l’altercation en pleine rue. »

Elle l’avait drogué en fait ? Au début, il ne se leva pas tout de suite. Ce fut juste quand il se passa la main dans ses cheveux sombres qu’il décida de se lever. D’un pas lent, il vint les rejoindre avant de s’asseoir à une chaise, comme si de rien n’était. Pour une des rares fois, il ne savait pas quoi dire. Pas de blagues, pas de moqueries, pas de phrases mystiques, juste un silence sérieux. En fait, le fait qu’Elvie soit dans SES affaires, le rendait comme ça. Même quand il se trouvait avec un témoin, il devenait soudainement sérieux. Colin prit une profonde inspiration avant d’ouvrir la bouche et de la fermer de suite. Il lança un regard à Elvie, tentant de lui faire comprendre qu’elle devrait rentrer à la X-Mansion.

« Je vois vraiment pas comment on va faire pour… »

Il s’arrêta en plein dans sa phrase avant de soupirer. En cet instant, il voulait se donner une tape sur le front. Il avait un don et il ne s’en servait même pas. En levant les yeux au ciel d’exaspération, il reprit son sérieux avant de se concentrer. « Je pense que tu devrais me tenir la main, enfin, c’est juste un conseil mais bon.. » Lorsqu’il disait ça, c’était pour signaler qu’il utilisait sa mutation. Il ne voulait pas perdre Elvie dans le noir ! Quelques secondes de silence plus tard, le bar fut plongé dans le noir total. Des murmures effrayés, quelques cris surpris et ce fut le silence. Par instinct, il prit la main d’Elvie, préférant se rassurer. Il avait de la chance qu’il pouvait voir dans cette obscurité… Soudain, Colin se leva, attrapa le col du Douglas qui paniquait avant d’entrer par une porte qu’il avait remarqué, c’était un couloir. Brutalement, il plaqua sa cible contre le mur, ne lâchant pas la main d’Elvie.

— Et je le tue, là ? murmura Colin, sarcastique.

« Je te rappelle que c’est ma cible, Elvie. Il saura que je ne l’ai pas tué et j’ai bien peur que tu ne sois pas assez expérimentée pour tuer quelqu’un. »

Sa cible ? Il était aussi ma cible....

« Eh bien c’est aussi ma cible, et il se trouve que mon électrokinésie à un voltage élevé est suffisante pour le tuer … Ou je peux le rendre fou pour le reste de sa vie au choix. »

Ma colère se transformer peu à peu en rage. Mes mains me démangeaient déjà.
Mais Colin se leva passa la main dans ses cheveux et nous rejoignit.
Son regard et ses pensées m’indiquèrent la pension.

« Tu crois vraiment que j’ai fait tout ce chemin, que je me suis débarrassé de son autre garde du corps pour rentrer maintenant, et en plus sans mes réponses. Pour ton Boss je peux m’en charger, jouer avec son esprit n’est pas une chose compliqué. Et puis dans les deux cas la cible ne sera plus un problème »

Non je ne partirai pas. Hors de question pas comme ça, je n’avais pas passé du temps avec ce sale type pour rien…

Colin me sortit de mes pensées. « Je vois vraiment pas comment on va faire pour… »
Il s’était coupé… Je n’aimais pas ça…
Colin approcha sa main de la mienne.

-Je pense que tu devrais me tenir la main, enfin c’est juste un conseil mais bon…

Non, il allait utiliser son pouvoir, je lui lançais un regard de défi. Son don ne m’avait jamais fait peur, il le savait très bien.
Mais avant que je ne puisse réaliser ce qui se passait une épaisse noirceur avait envahi la pièce. Je sentis qu’on attrapait ma main, un grand bruit.
D’après les pensées des deux hommes proches de moi je comprenais ce qu’il venait de se passer. Colin avait plaqué Douglas contre le mur.

-Et je le tue, là ?

-Non ! Criai-je.

« Colin je te laisse toujours agir à ta guise, mais là il me faut des réponses, tu ne sais pas dans quoi tu t’engages, je t’en prie… »

Ma voix télépathique se brisa. J’étais assaillie par les souvenirs, par cette blessure du passé qui ne guérirait jamais. Ce Douglas me devait des noms… S’il le tuait maintenant, tout ce que j’ai fait n’aura servi à rien… Je ne pouvais délibérément pas le laisser faire. Si ma main gauche tenait celle de Colin, celle de droite tenait celle de Douglas, je pouvais en déduire à peu près où il était, je tentai de me placer devant lui…

Colin se retourna vivement vers Elvie, tenant toujours brutalement sa cible de sa poigne ferme. Il fronça les sourcils. Non… ? « Colin je te laisse toujours agir à ta guise, mais là il me fait des réponses, tu ne sais pas dans quoi tu t’engages, je t’en prie… » Si Elvie n’avait pas été si convaincante, il ne l’aurait pas écouté. Mais il soupira. Il se mordit la lèvre, laissa passer Elvie qui tentait de se mettre devant ce Douglas. Pour ne pas qu’elle parle dans le vide, il lâcha sa main et vint directement la placer dans son dos, la pivotant face à lui. Sa cible ne faisait que bouger, c’était… agaçant.

— Je te préviens, s’il tente de faire quoi que ce soit, je le tue.

Et pourquoi voulait-elle des réponses ? Des réponses à quoi ? Par précaution, il préféra garder sa main autour de la gorge de sa cible, le forçant à rester contre le mur. Colin n’avait jamais été un friand des interrogatoires mais là, c’était en lien avec Elvie. Alors pour une fois, il se contentait de rester calme. Ce qui était inhabituel… en fait, s’il n’aurait pas entendu la voix d’Elvie se briser, ni son regard suppliant, il l’aurait juste regardé pendant un moment, sorti son fusil… et faire son travail de tueurs à gages.

Si son patron le savait, il serait sûrement cuit et assailli de menaces, de reproches. Et il ne voulait pas en avoir, de plus, il avait des ordres. S’il ne les respectait pas, il risquait la vie de… personnes importantes. Fuyant ces mauvais souvenirs par peur qu’Elvie ne les découvre, il reporta son attention vers ce Douglas.

— Qu’est-ce qu’il t’a fait, au fait ? ajouta Colin, curieux.

Il n’allait pas non plus torturer cette pauvre cible pour des réponses qui ne lui étaient pas liées, mais c’était pour Elvie. Et vu qu’il ne devait pas laisser « trop » de preuves, il préférait rester calme. En attendant, il continua de fixer les yeux de sa cible dans la lueur faible qu’émanait ses yeux. Il pouvait voir mais comme s’il était un chat en fait, tout en noir et en blanc. Ce n’était pas très agréable mais on finissait par prendre l’habitude…

Je ne sais par quel miracle, Colin m’écouta, peut être parce qu’il détestait me savoir triste. Colin sembla se calmer un peu, il me replaça, avais-je parler dans le vide ?
Il ne tarda pas à reprendre la parole.

- Je te préviens, s’il tente de faire quoi que ce soit, je le tue.

C’était mieux que rien, ce type pouvait me dire merci je lui avais sauvé la vie, provisoirement… Que ce soit moi ou Colin ce Douglas finirait dans le même état.
Les pensées de Colin au sujet de son patron se bousculaient.

« Je le laisserai jamais te faire de reproches, ou qu’il essaie de te faire quoi que ce soit… Je te le promets. »

Colin savait très bien que je ne promettais pas des choses que je ne pouvais pas accomplir.

Puis Colin me posa la question celle que je redoutais.

-Qu’est-ce qu’il t’a fait, au fait ?

Quelques larmes roulèrent sur mes joues et je me tournais rapidement vers le fameux Douglas.

- Il fait partie des personnes qui ont détruit qui j’étais….

Je savais très bien que Colin ne se contenterait pas de ça. Mais je n’allais pas étaler ma vie maintenant encore moins dans ce bar…

Je posai ma main sur les tempes de Douglas. Espérant obtenir mes réponses, ça serait un interrogatoire silencieux.
Je trouvais le souvenir que je cherchais. J’étais dans une rage noire, si bien que je commençais à frapper le Douglas à la poitrine, je remontais au visage que je continuais de frapper secouer par des sanglots…

« Je ne le laisserai jamais te faire des reproches, ou qu’il essaye de te faire quoi que ce soit… Je te le promets. »

Colin se tourna lentement vers Elvie, souriant doucement, touché par cette promesse. Il n’allait pas laisser son « patron » le dominer, il avait essayé une fois… et la deuxième allait lui coûter cher s’il tentait de faire quelque chose. Lorsqu’il posa la question qui faisait redouter Elvie, il fut surpris de voir des larmes couler sur ses joues. Par instinct, il la fixa, se demandant ce qu’il aurait pu faire. Malheureusement, il ne contrôlait pas sa colère, il plaqua encore plus ce Douglas, sentant un gémissement se déchirer.

— Il fait partie des personnes qui ont détruit qui j’étais…

N’étant pas un ami très « confident », il la regarda pendant un moment. « Détruit »… lorsque quelqu’un disait ça, ce n’était jamais quelque chose de léger. Et il y avait toujours quelque chose de grave, de très grave. Colin leva doucement les yeux vers sa cible, la relâchant légèrement en remarquant Elvie s’approcher de lui. Lentement, il alluma une faible lueur, ne voulant pas rester dans le noir complet.

Curieux, il vit Elvie poser ses mains sur le visage de Douglas. Ce dernier fit un geste paniqué qu’il regretta car Colin lui fit « un peu » mal à la gorge. Et là, ce fut le chaos en quelques secondes. Sans qu’il ne le contrôle, son don ralluma toutes les lumières sous la surprise du tueur. Il ne put rien contrôler car il lâcha Douglas quand il remarqua soudainement qu’Elvie le frappait, les larmes coulant, la rage semblant avoir dominé son conscient. Affichant une mine choquée, Colin dégagea Elvie de son bras, tentant de ne pas lui faire mal.

— Calme-toi, Elvie, fit Colin d’un ton maladroit. Ne pleure pas, les rebelles ça ne pleure pas, ajouta-t-il d’un ton qui se voulut « drôle ».

Il ne l’était pas, ce qui était dommage. Doucement, il passa ses bras autour d’Elvie et posa sa tête contre son torse, ne sachant que dire d’autre. Soudain, il remarqua que la porte s’ouvrit brutalement, laissant sa cible s’enfuir, le visage et le cou blessé. Colin lâcha Elvie et fit un pas en avant, la mine colérique avant de lâcher plusieurs jurons. Il passa sa main dans ses cheveux avant de se retourner vers Elvie.

— Il… est parti, apparemment, souffla-t-il sur un ton désolé.

En cet instant, ses pensées se bousculèrent. Certaines lui disaient de poursuivre Douglas, de lui faire sa peau, et d’autres l’incitaient à rester près d’Elvie. Et rares d’entre elles disaient de ramener Elvie à l’institut. Ils allaient sûrement avoir des problèmes tous les deux si le prof’ Xavier savait pour ce sujet « dangereux ». Colin prit les mains d’Elvie et vint la regarder dans les yeux.

— Promets-moi… de ne pas faire de conneries sans moi. Je tiens à le tuer. Avec ou sans toi.

Il n’avait pas pris un air dur ou autoritaire mais plutôt quelque chose du genre « je veux que tu te venges aussi » et aussi… « ce serait moins drôle ».

Colin me dégagea rapidement de Douglas. Je l’avais assez bien amoché, mais j’étais encore en colère, pleine d’une rage qui n’allait pas partir comme ça. Colin tenta de me calmer.

-Calme-toi, Elvie. Ne pleure pas, les rebelles ça ne pleure pas.

Je savais très bien qu’il disait ça pour être drôle, j’ étais fan de son humour un peu étrange, mais pas ce soir.
Il passa ses bras autour de moi, ma tête sur son torse, je tentais de me reprendre en prenant de profonde respiration.
Puis Colin me lâcha et dit un pas en avant.

-Il… est parti, apparemment.

-Oui... Apparemment....

Colin avait l’air désolée. Je me tournais vers lui, décidément ce Douglas en plus d’être un criminel était un lâche.
Puis Colin d’approcha de moi et me prit les mains.

-Promets-moi… de ne pas faire de conneries sans moi. Je tien à le tuer. Avec ou sans toi.

Je n’avais pas l’intention de juste m’en aller et rentrer à l’institut. Je n’avais jamais fait marche arrière, je n’allais pas le faire maintenant.

- Je viens avec toi. On le retrouve et on le descend. Il ne s'en tirera pas comme ça.

J’avais la soudaine envie de grillade, et ce Douglas allait y passer. Je le traquerai s'il fallait.

-Il n’a pas eu le temps d’aller bien loin. A moitié drogué et attaqué par l’alcool. Il doit être dans le coin.

Si Charles apprenait pour ce soir… On était mal. Mais c’était le métier de Colin. Et Charles connaissait mon esprit de vengeance…

-Entre tes dons et les miens, on va faire un malheur…

Je me dirigeai vers la sortie, Colin juste derrière. On était à une intersection, je regardais de chaque côté comme si un indice aller surgir et me dire où ce Douglas était partis

-...Alors à droite où à gauche ?

— Je viens avec toi. On le retrouve et on le descend. Il ne s’en tirera pas comme ça.

Le « on » était légèrement dérangeant, dérangeant parce qu’il ne voulait pas mêler Elvie à des histoires de meurtres, de polices, et les problèmes qui s’en suivent. Ce n’était pas aussi simple. Ce n’était pas comme on voyait à la télévision ; James Bond qui sort son fusil, tue des personnes, s’enfuit et n’a rien dans le dos. On laisse toujours des traces et personne n’était là pour nous sauver la peau. Son patron n’allait jamais la lui sauver, car il était bien trop égoïste et malveillant pour ça. Colin s’était toujours débrouillé seul et le fait qu’Elvie, amie et confidente, se trouvait dans ses histoires, le faisait un peu peur. Bien que son obstination le faisait sourire.

— Il n’a pas eu le temps d’aller bien loin. A moitié drogué et attaqué par l’alcool. Il doit être dans le coin.
— Sûrement en train de déambuler comme un timbré dans les rues… soupira Colin.

L’irlandais se passa une main dans les cheveux, ramenant doucement quelques lumières qui s’étaient éteintes. Ce sentiment d’utiliser son don lui procurait une certaine satisfaction bien qu’il ne le maîtrisait pas bien, d’ailleurs, il avait souvent éclaté des lampadaires par erreur alors qu’il ne le voulait même pas… Ce n’était pas un signe de « puissance » quelconque mais plutôt comme de la flemmardise à travailler sur sa mutation.

— Entre tes dons et les miens, on va faire un malheur…

Colin esquissa un sourire amusé et s’apprêta à lancer une réplique digne de son humour disgracieux avant qu’il ne remarque qu’Elvie commençait à partir vers la sortir. Suivant ses pas et surveillant les alentours à la moindre recherche de témoins oculaires, mais rien ne vint lui prouver qu’il y avait de doute. Dehors, les passants marchaient rapidement, comme si le temps leur courait après.

— Alors à droite ou à gauche ?

Colin lança un regard curieux vers Elvie et regarda à son tour des deux côtés. Il n’avait pas l’œil perçant de Jayden, ni la télépathie de son amie… donc, ce n’était pas vraiment pratique de regarder plusieurs centaines de personnes marcher devant lui, le laissant confus. Il plissa les yeux, cherchant le moindre indice qui pourrait le ramener à Douglas. Soudain, il vit une silhouette, marchant lourdement, le corps penché sur le côté. Automatiquement, il plaça une main sur l’épaule d’Elvie et pointa Douglas qui tentait de s’enfuir lâchement.

— Là !

Colin avait juste envie de sortir son fusil silencieux, de le pointer vers Dougles et de tirer une balle. Sauf qu’il était trop loin et qu’il y avait du monde. Ne voulant pas perdre de temps et perdre Elvie dans cette foule, il attrapa soudainement sa main une nouvelle fois et traversa les passants, les poussant doucement pour qu’ils puissent passer. Ses yeux ne détachaient pas d’une semelle la silhouette penchée de Douglas. Ce dernier s’adossa contre un mur, chose qu’il allait regretter amèrement. Discrètement mais brutalement, Colin saisissait le col de Douglas de sa main libre, l’amenant dans une ruelle qu’il trouva. Avec le peu de concentration qu’il lui restait, il laissa passer Elvie devant.

— Tu l’électrocutes, je le tue ? Ou tu le fais souffrir mentalement ? Au choix.

Colin repéra rapidement notre cible Douglas, il posa sa main sur mon épaule avant de me lancer.

-Là

Avec cette foule nos actions étaient des plus limités. Colin attrapa ma main, afin que l’on ne se perde pas. Colin le rattrapa rapidement et l’entraina dans une ruelle.
Il me laissa passer devant avant de me lâcher :

-Tu l’électrocutes, je le tue ? Ou tu le fais souffrir mentalement ? Au choix.

Je portais mes yeux sur mes mains, qui fourmillait lâchant de petites étincelles.
Je pouvais le faire souffrir où le soulager, mais après ce qui l’avait fait, hors de question que je le soulage. Au contraire.

Je portais mes mains à ses tempes. Et créer une illusion l’homme était enfermé dans une pièce depuis des heures et il commençait à manquer d’air.

-C’est ça que tu leurs a fait, tu les as privés d’air jusqu’à ce qu’ils tombent inconscients… Maintenant tu sais ce que ça fait… Il est tout à toi Colin.

Je fis quelques pas en arrière et vacillai légèrement, j’avais un peu trop forcé sur mes pouvoirs… J’allais avoir une de ces migraines qui allait me durer deux où trois jours.
Je prenais de longue respiration attendant que Colin finisse le travail. Une larme roula sur ma joue.
Fatigue et Rage… Voilà ce que je ressentais, un avait payé, je finirai bien par trouver les autres…

-Pour le coup ton Boss n’aura rien à dire… Je vois même pas comment tu fais pour le supporter…

Les rares fois au Colin me parlait de son patron autant ses propos que ses pensées n’étaient pas des plus agréables.

Je portais mon regard sur Douglas

- Tu vois qu’on fait une bonne équipe… Je crois que j’ai besoin d’un verre…

Histoire de me détendre et de me calmer un peu. Après tant d’agitations. Je ne pouvais pas rentrer à l’institut dans cet état-là. Le professeur Charles comprendrait tout de suite, et Gaïa lirait mes émotions avec grande facilitée…

Quel était le sentiment d’être télépathe ? Colin se le demandait souvent. Se transporter dans les pensées des autres, savoir toute leur vie en un clin d’œil… en fait, cela effrayait beaucoup le tueur qu’Elvie sache ses souvenirs, ses peurs, ses faiblesses. Les failles de son caractère auquel il avait placé beaucoup d’espoir et de temps pour le forger. Jetant un regard curieux vers les mains de son amie qui semblaient jeter de l’électricité, il ne put s’empêcher de penser quel effet ça devait être. Avait-elle mal ? Probablement pas, c’était son pouvoir après tout. Ou alors… Colin balaya ses pensées, se ressaisissant vers sa cible, de ses yeux inhabituellement froids. Il vit la silhouette d’Elvie bouger, jusqu’à se placer près de Douglas avant de porter ses mains sur ses tempes, comme l’autre fois. Préférant s’abstenir de tout commentaire, il regarda la souffrance qu’avait sa cible. Cette dernière paniquait, portait ses mains à ses gorges comme si… elle manquait d’air ? Lançant un regard inquisiteur à Elvie, il se questionna sur ce qu’elle avait fait.

— C’est ce que tu leurs a fait, tu les a privés d’air jusqu’à ce qu’ils tombent inconscients… Maintenant tu sais ce que ça fait… Il est tout à toi Colin.

Ne répondant pas, Colin s’avança avant de s’arrêter brusquement lorsqu’il remarqua qu’Elvie fit des pas maladroits. D’un geste malhabile, il attrapa le poignet de sa télépathe préférée, tentant qu’elle reprenne pied. Un voile d’inquiétude traversa quelques instants son visage avant de reprendre une expression posée. Il lâcha lentement Elvie, de peur qu’elle ne tombe brutalement. Il se posait milles questions mais finit par les effacer de sa mémoire avant de sortir son fusil, il n’avait pas chargé son pistolet. Il ne le faisait jamais. Juste avant qu’il ne tue sa cible, en fait. Il sortit une seule balle, la plaça dans un des trous avant de fermer le chargeur. Il vint prendre son silencieux qu’il plaça au bout de son pistolet chéri et s’approcha de Douglas qui semblait être comme drogué. Il ne reculait même pas. Colin s’arrêta avant de pointer son fusil, il ne ferma pas les yeux, regarda un court instant les lueurs que provoquait un humain avant sa mort avant d’appuyer sur la gâchette. Le coup fut rapide, silencieux comme il l’avait prévu et Douglas vécut ses derniers instants avant de tomber lourdement au sol. Et comme d’habitude, il se retourna vers Elvie, gardant un visage neutre et sans remords.

— Pour le coup ton Boss n’aura rien àdire… Je vois même pas comment tu fais pour le supporter…

Et là, son masque de froideur partit. Ses yeux s’écarquillèrent et des souvenirs firent face au simple « boss ». Lui, attaché sur une chaise, criant… son dos saignant et le visage souriant de son patron, qui trimballait son couteau sur son corps, choisissant une partie à faire souffrir. Pendant un court instant, Colin ferma les yeux et balaya ce souvenir, préférant qu’Elvie ne sache rien. Il avait peur qu’elle voit sa faiblesse, ce souvenir et encore plus qu’elle apprenne que son boss n’était pas tellement le sien, mais juste un homme qui l’utilisait comme marionnette. Il fut presque soulagé de voir qu’Elvie regardait Douglas.

— Tu vois qu’on fait une bonne équipe… Je crois que j’ai besoin d’un verre…

Colin rangea son fusil dans sa hanche, dans sa protection de policier avant de passer ses mains dans ses poches, l’air penaud.

— Je le crois aussi, ajouta-t-il en soupirant.

Il partit le premier, incitant Elvie à le joindre, juste avant qu’ils ne partent, il plongea la ruelle dans le noir le plus complet afin de préserver les « preuves ». Normalement, son « boss » effacerait le meurtre, comme si de rien ne s’était passé. Arrivés au bar, il vint s’asseoir à table et fixa Elvie d’un œil inquiet.

— Tu vas mieux ? demanda-t-il, maladroit.

Le « tu vas mieux ? » n’était pas posé à tout le monde. D’ailleurs, il n’y avait que deux personnes. Enfin, trois. Mais la troisième était… disons, disparue de sa vie d’une façon qu’il ne comprenait pas. Colin appela le serveur de sa voix rocailleuse et prit deux verres d’alcool. Il n’allait pas non plus se saouler. Quoi que…

Spoiler:

Mes mains ne me blessaient pas, elles me picotaient…Ce n’était pas agréable, j’avais dépassé mes limites ce soir… Je l’avais souvent fait, je m’améliorais mais ça n’était pas encore ça…

Je vacillai…ça n’était pas mon jour… j’allais me ressaisir…ou pas… Une main saisit mon poignet. Je soufflai un merci, et m’appuyai sur le mur d’en face. J’entendis Colin chargeait son arme, je relevais la tête. Il ne fuirait pas… plus jamais je le savais et pourtant…
Puis Colin se tourna vers moi je lui souris. Quand je mentionnai son boss, il eut une réaction bizarre, ses souvenirs me filèrent une nouvelle migraine… Je n’avais pas compris grand-chose, je savais juste que Colin avait souffert. Faite moi du mal et je ne dirais rien, faite du mal à mes proches et je vous refais le portrait gratis…
Je reportais mon regard sur Douglas, ma migraine se calma mais ne partit pas pour autant.
Colin rangea son fusil, et passa ses mains dans ses poches, je souris, d’après lui j’avais besoin d’un verre. Il partit en premier je le suivis, on arriva au bar rapidement, il s’installa à une table, me fixa avant de me demander :

- Tu vas mieux ?

J’avais rarement entendu Colin demandait à quelqu’un s’il allait bien. Préférant se détacher.

- Je m’en remettrai…

Le serveur ne tarda pas à arriver, je le remerciais rapidement, et attraper le verre le plus proche de moi avant de le soulever en guise de toast. J’avais bien une idée à qui j’aurais pu le dédier, mais on m’avait appris à ne pas rappeler les fantômes du passé.

-Et toi ? Tu as l’air un peu ailleurs ? Un problème ? Des problèmes ?

Je baissais la tête, la migraine qu’il m’avait donnée m’intriguait… Je connaissais quelques trucs, ma télépathie me donnait un avantage qu’il n’avait pas, j ’avais préféré éviter de parler de certaines choses, et je ne tenais compte des choses que je voyais dans la tête de Colin, qu’une fois qu’il m’en avait parler.

-C’était quoi ce truc dans la ruelle ? Et avant que tu t’emportes je n’ai pas vu grand-chose, j’ai surtout ressenti une migraine, mais ça c’est parce que je suis fatiguée, mais j’ai aussi senti de la douleur…

Moi m’inquiétait oui c’était tout à fait mon genre, et je ne m’en cachais pas. Il n’avait pas l’air bien et je ne le lâcherai pas avant de savoir ce qui n’allait pas. Avec ou sans ma télépathie…

Spoiler:

Le « je m’en remettrai » n’était pas très convaincant aux oreilles de Colin qui s’était précipité vers son verre mais ne le buvant pas directement. Car Elvie tendit son verre, en signe d’un toast. Colin suivit ses gestes et fit de même, avec un mince sourire fatigué. Ce qui était rarement habituel vu que, malgré le mal de socialisation, il débordait souvent d’énergie et donc d’impulsivité qui lui était connue. Après avoir bu quelques gouttes sans retenir un frisson de chaleur qui l’envahissait grâce à l’alcool, il se mit à observer Elvie. Ses pensées tentait de le forcer à revenir sur son passé désastreux, ce qui était désagréable et qui le rendait pensif. Chose que son amie semblait avoir deviné…

— Et toi ? Tu as l’air un peu ailleurs ? Un problème ? Des problèmes ?

Soudain, le tueur déposa son verre brusquemment à table, sentant une vague d’inquiétude lui traverser ses pensées et son visage. Sa bouche était légèrement ouverte, comme s’il ne savait pas quoi répondre et en voyant Elvie baisser la tête, il comprit que ce n’était pas tous les jours qu’on avait des amis pareils et si attentionnés. Mais il n’allait rien dire, il n’allait jamais rien dire, ses secrets et ses objectifs étaient si lourds à porter qu’il ne voulait pas le partager.

— C’était quoi ce truc dans la ruelle ?

Ce truc ? Quand… Elvie avait vacillé ? Elle avait sûrement dû voir ses souvenirs. Ce qui alarma légèrement Colin qui fit un sourire crispé. Sa respiration flanchait et il priait pour ne qu’elle n’ait rien vu.

— Et avant que tu t’emportes je n’ai pas vu grand-chose, j’ai surtout ressenti une migraine, mais ça c’est parce que je suis fatiguée, mais j’ai aussi senti de la douleur…

De la migraine, de la douleur, de la fatigue… Il compatissait au fond. Pendant un moment, il se dit qu’il devait achever la conversation, mentir une fois de plus et ramener Elvie à l’institut, mais il n’avait pas la force de se lever. Baissant les yeux, trahissant son calme, il se mordit doucement la lèvre, cherchant à un mensonge.

— Tu as abusé avec ta télépathie, c'est pour ça, souffla-t-il, pas convainquant.

Il toussota et but quelques gorgées. S’il le fallait, Colin allait boire tellement d’alcool qu’il serait même plus capable d’aligner des mots corrects, sauf qu’il fallait rentrer et ça pouvait être dangereux, autant pour leurs pouvoirs qu’eux. Ne sachant quoi faire, il déposa son verre, sentant le vertige l’emparer. Il se força à fermer ses yeux, ce qui empira ses étourdissements avant de les ouvrir et de braquer son regard sur Elvie, lui portant un soudain intérêt curieux.

— Tu t’es vengée ? dit-il sur un ton plus bas. Je veux dire… ton passé… ce type, c’était la seule personne que tu devais « éliminer » ou il y'en a d'autres ?

Sa curiosité prenait le dessus et le fait que Colin voulait dévier Elvie sur un autre sujet que son passé était essentiel à son moral. Il savait qu’Elvie serait têtue et qu’elle tenterait de connaître ce qu’elle avait vu, mais il ne voulait pas qu’elle se mette à vouloir « tuer » son patron et surtout régler quelques comptes. Surtout qu’elle pouvait risquer sa vie. Balayant cette pensée noire, il joua avec une de ses bagues offertes par une… personne anciennement proche de lui. Il la fixa comme si tout allait revenir comme avant, comme s’il allait retourner en Irlande, son pays natal, en fixant cette bague. Chose qui ne risquait pas de se réaliser.

Spoiler:

Il avait posé la mauvaise question. En fait, il ne devait pas en poser ; après tout, c’était la vie privée d’Elvie, son passé qui semblait si mystérieux et difficile aux yeux de Colin. Pendant un court instant, il crut s’y retrouver, son passé à lui était simple, enfin, jusqu’à un certain âge. Et ce moment, le tueur préféra l’oublier avant de diriger son regard vers Elvie qui fermait les yeux et devait penser à tant de choses que Colin voulut savoir sur le coup. Des souvenirs, des anciennes pensées… ça ne devait pas être si agréable d’être télépathe, songea Colin.

— Ce n’est pas la seule personne.

Bien entendu. Colin l’avait deviné pendant qu’il avait formulé sa question. Mais il avait préféré demandé. Et ce fut la seule question qu’il décida qu’il ferait, ne voulant pas cogiter d’autres souvenirs, et surtout son passé. En touchant sa bague, il se mit à se rappeler de la voix sérieuse de ce proche qu’il s’était mis à chercher des informations sur lui, à se demander si un jour il allait lui pardonner de ce qu’il avait fait. Il se souvenait aussi de son regard ambitieux, posé et sage. Enfin, « sage », parfois, c’était un petit emmerdeur qui récoltait plus de petites-amies que d’amis. Un peu comme Colin, en fait. Sauf que lui n’était jamais sage, posé et ambitieux, donc bon.

— Je suppose que cette bague signifie quelque chose pour toi ? Et moi ce que j’ai vu dans la rue c’était quoi ? Tu me connais je lâcherais pas l’affaire avant d’avoir mes réponses.

Colin tourna son regard vers Elvie, la regardant longuement, l’air, pour une fois, sérieux. Sérieux car il se rendit compte à quel point Elvie était observatrice et têtue. Enfin, ça, ce n’était pas maintenant qu’il le remarquait, le fait qu’elle soit une tête de mule. Mais ça, c’était aussi dans ses gênes.

— Mon passé est confus, donc… il vaut mieux que tu ne saches rien avant que tu ne deviennes encore plus têtue, répondit-il avec un sourire.

Sauf qu’elle allait sûrement devenir encore plus têtue, il avait de la chance qu’elle ait abusé de la télépathie — chose qu’il n’aurait jamais pensé, car si elle fouillait dans sa mémoire, elle risquait de ne pas apprécier ce qu’elle allait voir. Beaucoup de sang, déjà, ainsi que beaucoup de regards terrifiants. Une salle, vide. Un homme… se tenant devant lui, le sourire sadique. Et de la douleur, une douleur profonde qui le faisait hurler. Mais il ne pleurait pas. Il avait faillit fondre en larmes, mais ce foutu humain l’avait relâché juste avant qu’il ne le fasse. Colin sursauta doucement en remarquant que le serveur posait le plateau devant eux. En fait, il n’avait même pas vu qu’Elvie l’avait appelé. Il attrapa un des verres un peu plus fermement, se redressant et regardant son amie qui en faisait de même. D’un geste un peu brusque, il cogna son verre contre celui d’Elvie qui trinquait.

— A notre fichu passé, qu’il ne redevienne plus jamais notre présent.

Avec un sourire, il hocha doucement la tête.

— Et qu’il ne devienne jamais notre futur, acheva-t-il en buvant son verre cul-sec.

Chose qu’il regretta bien vite, sentant sa vue devenir floue juste quelques secondes. Sa gorge brula quelques instants, et il sentit ses joues rougir légèrement. Depuis quand n’avait-il pas bu pour sentir si fortement les effets de l’alcool ?! Avec une moue curieuse, il lança un regard à Elvie, tentant de voir sa réaction. Il prit un deuxième verre, regarda le fond avant de le boire plus doucement. Il faillit s’étrangler et toussota délicatement.

— Il y a vraiment que l’alcool pour me rendre si heureux, souffla-t-il en finissant son verre.

En fait, c’était l’alcool qui était fort, pas le fait qu’il avait mis longtemps à en boire. Et cette soirée allait être riche en déboires, vu qu’il comptait en boire le plus possible, quitte à dépenser pas mal d’argents.

- Mon passé est confus, donc… il vaut mieux que tu ne saches rien avant que tu ne deviennes encore plus têtue.

- Et tu oses me dire ça, tu sais bien que je suis de loin la personne la plus têtue que tu connaisses.

Alors là je n'allais pas abandonner, si c'est qu'il pensait il avait tord. J'étais pas du genre à me dégonfler, j'attendrais s'il le fallait mais j'aurais mes réponses. Il était chanceux dans un sens, ayant abusé de ma télépathie, je préférais ne pas l'utiliser puisqu'elle me ferait plus mal qu'autre chose. Le serveur déposa le plateau pour nous servir que je passais déjà la prochaine commande. On trinqua tout en enfilant les shooters, ça faisait longtemps que je n'avais pas bu. Je ne vivais pas vraiment dans les excès, mais ce soir j'en avais besoin. L'alcool me brûler la gorge, mais nous avions pris la vie d'un homme ce soir, même qu'il est fait toutes ces choses, il n'en restait pas moins un homme, et cette brûlure passerai vite.

- Il y a vraiment que l’alcool pour me rendre si heureux.

Je portais mon regard sur Colin qui venait de finir son verre, je souriais, la soirée était loin d'être finie, le serveur revenait déjà avec un plateau, chargé de quelques shooters, il les déposa devant nous avec un sourire. Et boire devenait plus un réflexe je ne voulais plus penser, du moins plus penser à cette nuit, je portais mon regard sur Colin.

-Y'a quelque chose qu'il faut que je te dise, avec les gens que j’apprécie pas trop j'ai tendance à être méchante bourrée, avec toi il ne devrait pas avoir de problèmes mais avec les autres... je dis ça je dis rien. Serveur !!!!!

Le pauvre serveur arriva à notre table me demandant pourquoi j'avais crié, problème je voyais deux serveurs, chose qui commençait à m'agacée prodigieusement, je m'adressai donc au double du serveur, je voulais qu'il parte, il ne me plaisait pas, et le fait que les deux serveurs se ressemblent très pour traits ne m'inspirer guère confiance.

- J'ai dit Serveur au singulier, alors toi là pars !

Puis j'éclater de rire avant de demander à Colin de passer la commande. Je n'étais plus triste, je n'étais plus aphasique, j'étais bien, ce poids sur mes épaules était partis, il reviendrait plus tard accompagné d'une énorme "gueule de bois" mais là je m'en fichai. La seule chose que je voulais était passé du temps avec mon ami.