Un air renfrogné sur le visage, Nikolaï observait le sol, l’herbe, plus précisément, depuis presque 10 minutes maintenant, à la recherche désespérée de ses clés, qui avaient décidées de prendre la poudre d’escampette... Sa recherche était laborieuse pour deux raisons : La 1ère était qu’il tenait Liam, son berger belge à poils longs, en laisse, afin d’éviter qu’il n’aille embêter les rares badauds présents. La 2ème était que la nuit était tombée depuis plus d’une heure et certains réverbères à proximité avaient besoin de nouvelle ampoule. Trouver des clés avec pour éclairage une partie des réverbères qui ne cessent de clignoter, ça n’aide pas vraiment...

« Liam, mon vieux », grogna finalement le jeune russe à son berger à poils longs en changeant de lieu de recherche, « je te prie de croire qu’à l’avenir, il serait préférable pour toi de faire des efforts pour faire fuir les gens... »

Sentant sans nul doute la rage dans la voix de son maître, le chien baissa les oreilles, pour finir par s’allonger à ses côtés. Nikolaï détacha son regard de son compagnon à quatre pattes en soupirant, tentant de réprimer la colère qu’il éprouvait à son encontre en cet instant précis. Si Nikolaï voulait être honnête, c’était plutôt à l’humanité entière qu’il en voulait, et, pour ce soir, plus particulièrement à deux adolescents relativement débiles... Comme à son accoutumée, Nikolaï était venu en soirée à Central Park pour y promener longuement Liam, afin d’éviter de croiser trop de monde, dans ce parc dans lequel, lorsqu’il n’y avait presque personne, il prenait plaisir à jouer avec son chien, comme n’importe quel propriétaire canin... Mais, ce soir, sa route avait croisé celle de deux lycéens visiblement énervés, et leur état avait empiré sous l’effet du pouvoir de Nikolaï. C’est ainsi qu’une altercation vit le jour, altercation au cours de laquelle le russe perdit ses clés. Bien entendu, il ne s’en rendit pas compte immédiatement, car il était plutôt pressé de regagner la quiétude de son appartement, loin de la haine qui lui était sans arrêt réservé... Comme souvent, il lui avait suffit d’une parole pour que Liam les grogne, et leur montrer ainsi qu’il était préférable pour eux de laisser son maître tranquille... En effet, Liam était visiblement adorable de prime abord, mais il n’hésitait pas à montrer les crocs dès que quiconque s’approchait trop près de son maître, comme s’il sentait que celui-ci n’appréciait guère leur présence... Cette réaction était naturelle chez Liam, mais Nikolaï l’avait dressé afin d’exacerber ce côté de sa personnalité, s’arrangeant cependant pour que Liam soit, en cas de besoin, doux avec les inconnus. En effet, Nikolaï ne voulait nullement aggraver ses problèmes avec son pouvoir, avec un chien trop teigneux...

Pour en revenir au récit de la soirée du mutant, ce ne fut qu’une fois devant la porte de son appartement qu’il prit conscience de la perte de ses clés, et, à contrecœur, il dut revenir sur ses pas. Tout au long du trajet pour revenir ici, il avait fait part à son compagnon canin de sa mauvaise humeur, tant et si bien que Liam avait passé tout le trajet les oreilles baissées, l’air penaud.

Le mutant était en train de fouiller un nouveau « périmètre », pressé de rentrer enfin chez lui, sentant l’envie irrépressible de boire un café bien noir, afin d’y noyer son agacement. Certes, boire un café en pleine soirée n’était pas la meilleure idée qui soit pour quiconque espérait parvenir trouver le sommeil par la suite, mais Nikolaï souffrait, depuis très longtemps, d’insomnie, alors, ça n’était pas un café qui allait lui créer des difficultés à trouver le sommeil... Liam, de son côté, observait les rares promeneurs d’un air impassible, se contentant de grogner quiconque passait trop près de Nikolaï. Depuis toujours, en effet, Liam veillait sur son maître de son mieux, et, pour ce faire, il faisait de son mieux pour éloigner les gens en grognant d’un air mauvais les passants...

« Bon sang », s’énerva Nikolaï, « mais c’est pas vrai ! Je suis maudit ou quoi ? »

Le jeune russe s’étira doucement, avant de changer d’endroits de fouille. Ce fut ce moment précis que choisit son chien pour prendre l’air. Ou, plutôt, pour aller grogner un homme, plus âgé que son maître, qui, pour une raison connu seulement de Liam, ne lui inspirait pas confiance...

« Liam, viens là ! Maintenant ! »

Le ton de Nikolaï était sans appel, et, pourtant, Liam ne lui obéit nullement, au contraire, il grogna même de plus en plus fort, assit devant l’inconnu qu’il fixait avec insistance, une lueur de haine dans le regard. En poussant un soupir sonore, Nikolaï s’approcha vivement du duo, avec appréhension. D’une, l’inconnu ne devait sans doute pas apprécier l’attitude de Liam, et donc, en être énervé. Et, de deux, Nikolaï ne s’approchera pas seul du mutant : il sera en compagnie de son don, qui incitera l’homme à le trouver fortement agaçant, repoussant, énervant... Bref, tout ce qu’il fallait pour que la rencontre, qui commençait déjà mal, tourne potentiellement à une pluie de reproche à l’encontre du russe... Le mutant se préparait déjà mentalement à la pluie de reproches qui allaient sans nul doute pleuvoir sur lui, tout comme il prit soin d’afficher un masque d’absolue impassibilité, qu’il arborait en toutes circonstances.

Quand il fut enfin devant l’homme, il ne le regarda même pas, espérant ainsi écouter la scène. Il se contenta donc de regarder son chien, qu’il réprimanda avec sévérité, tout en penchant pour attraper la laisse de ce dernier. Bien évidement, durant ce temps, il resta sur ses gardes, anticipant de son mieux tous gestes d’animosité qui risquaient de se produire... Cependant, Liam n’en faisait qu’à sa tête, et continuait à grogner l’inconnu, ne tenant pas compte au fait que son maître était à ses côtés, le réprimandait et tentait d’attraper sa laisse, sur laquelle le chien était assit, et, ne comptait visiblement pas en bouger, en dépit des efforts du mutant...

« Il est à vous ? »

*Non*, songea Nikolaï, qui était agacé par sa soirée, *je sais pas à qui il est, mais je suis tellement stupide que je veux l’attraper, car j’ai pas d’amis, tu vois ?*

Parfois, quand Nikolaï n’en pouvait vraiment plus, il se dénigrait ouvertement face à ses détracteurs, car ça en calmait certain. Toutefois, le mutant sentait qu’il était préférable de ne pas en faire de même avec l’homme que grognait Liam, cependant, il ne saurait dire pourquoi. Sans doute l’air qu’il affichait, comme s’il était puissant, voire même, redoutable... En fait, il comprenait même pourquoi Liam le grognait depuis tout à l’heure, l’aura de l’inconnu était relativement déroutante, mais cela était inexplicable...

*Parfois, tu dérailles un peu, mon vieux*, s’incendia Nikolaï.

« Oui, il est bien à moi », avoua le russe, toujours à la recherche de la laisse. « Et il n’agit pas comme ça, d’habitude. Veuillez l’excuser. »

Il espérait parvenir à calmer les choses, mais c’était utopiste, alors, disons plutôt qu’il espérait ne pas envenimer la situation en se montrant le plus calme et courtois possible, même s’il ne regardait jamais son interlocuteur dans les yeux... D’un geste vif, il parvint enfin à attraper la laisse du berger belge à poil longs, qu’il réprimanda une nouvelle fois. Il allait se relever lorsque quelque chose attira son regard, juste sous le pied gauche de l’homme.

*Oh, non, par pitié, dites-moi que je rêve, je vous en prie*, songea-t-il, quasiment déprimé du sort qui semblait s’acharner sur sa misérable carcasse.

En se redressant, il garda son regard rivé sous le pied gauche de l’homme, et dut finalement se faire à la raison : il ne souffrait nullement d’hallucinations. Ces clés étaient bels et bien sous le pied de l’homme, enfin, plutôt l’anneau central qui maintenant toutes les clés et porte-clés. Jamais il n’aurait songé à les chercher ici, mais il faut croire que certaines personnes avaient du buter dedans sans le vouloir, les éloignant ainsi du lieu d’origine. Peut-être même que des chiens s’en étaient servit comme jeu, qui sait ?

Tenant fermement la laisse dans sa main droite, le russe regarda enfin l’inconnu, le détaillant rapidement du regard. En un sens, il jaugeait ce qui pourrait se passer par la suite, la meilleure manière de le convaincre de lever le pied, pour récupérer ses clés. Après tout, l’homme était sous l’emprise de son pouvoir, alors, faire un truc sympa pour Nikolaï risquait d’être la dernière des choses qu’il espérait faire dans l’immédiat. Toutefois, le mutant n’avait guère le choix, et les recherches l’avaient agacés, lui faisant perdre beaucoup de sa logique, alors il risqua le tout pour le tout.

« Excusez-moi de cette requête très incongrue, mais... » Le jeune russe poussa un soupir, avant de continuer sur sa lancée, se disant qu’après tout, il se passera ce qui se passera ! « Vous serait-il possible de lever votre pied gauche ? Il se trouve que mes clés, que j’ai perdu tout à l’heure, se trouvent juste en dessous de vous... »

C’était sans nul doute l’une des rares fois où Nikolaï adressait une phrase aussi longue à un étranger, mais, à demande exceptionnelle, mesure exceptionnelle, n’est-il pas ? Le jeune homme fixa l’inconnu, priant pour, pour une fois dans sa soirée, une rencontre avec un étranger ne finisse pas en insulte à tout va, et en tentative de pourrir le plus possible sa vie. Car, de toute façon, celle-ci était déjà pourrit, alors ces tentatives étaient réellement dérisoires, au fond...

Liam était couché devant Nikolaï, ayant cessé de grogner depuis la réprimande qui avait suivit la récupération de sa laisse. Toutefois, il gardait son regard rivé sur l’inconnu, comme s’il se méfiait de lui. En un sens, il ressemblait pas mal à son jeune maître ! Nikolaï, quant à lui, conservait un visage impassible, comme à son accoutumée, ne voulant nullement montrer à quel point tous les rejets qu’il endurait le faisait souffrir.

Cela ne faisait que quelques minutes que Nikolaï se trouvait à proximité de l’homme, et cependant, il parvenait à comprendre peu à peu pourquoi Liam ne l’appréciait guère. Cet homme, avec sa colère latente, était sans nul doute l’une des personnes les plus dangereuses que Nikolaï ait rencontrées. Cela peut paraître étrange, comme constat, au bout de si peu de temps passé avec lui, mais Nikolaï était devenu assez doué pour juger les gens, en fonction de leur réaction vis-à-vis de son pouvoir. Certes, les personnes qui étaient du genre à s’énerver franchement n’étaient pas tendres, car elles pouvaient se montrer violentes. Cependant, leurs attitudes étaient souvent prévisibles, de ce fait, le russe pouvait sentir quand la situation devenait dangereuse pour lui. Il y avait également les gens qui préféraient l’insulter ou le foudroyer brièvement du regard, comme si cela était suffisant pour lui montrer tout le mépris et la haine qu’ils ressentaient à son encontre. Ceux-là étaient encore ceux que Nikolaï préférait, car ils ne représentaient aucune menace pour lui, même si certaines fois, leurs regards étaient pires que les coups. Et, enfin, il y avait la pire des catégories, celle que Nikolaï jugeait la plus dangereuse : ceux qui restaient froid et distant lorsqu’ils étaient en colère. Au vu de l’expérience du russe, ils étaient les plus imprévisibles, et, de ce fait, les plus dangereux... D’ailleurs, Nikolaï gardait un souvenir impérissable d’une rencontre avec une personne de cette catégorie, qui avait finit en bagarre, au cours de laquelle le coléreux avait sortit un couteau et essayer de poignarder le russe... C’est donc la raison pour laquelle Nikolaï se montrait aussi prudent avec l’inconnu, au risque de l’énerver encore plus.
 
C’est pourquoi lorsque l’inconnu décala son pied pour lui permettre de récupérer ses clés, le russe se baissa avec prudence. Cependant, rien n’aurait pu préparer le mutant à ce qui se passa par la suite : en effet, alors qu’il allait enfin récupérer son trousseau, celles-ci s’éloignèrent soudainement de lui. Surprit, Nikolaï resta figé dans son mouvement, à moitié courbé, le bras tendu, alors qu’il tenait toujours Liam de l’autre main. D’ailleurs, en parlant de Liam, celui-ci s’était redressé en voyant les clés prendre la poudre d’escampette, et grogna à nouveau, ressentant sans nul doute à quel point la tension était monté soudainement d’un cran.
 
« Liam, ça suffit », souffla Nikolaï, énervé.
 
Le chien se tut immédiatement, mais ses oreilles étaient rabattues en arrière, car il était vraiment peu rassuré par rapport à ce qui se passait. C’est alors que l’inconnu prit à nouveau la parole, d’un ton qui ne laissait aucun doute quant à son énervement, et quant au danger qu’il représentait en cet instant précis. Nikolaï se redressa enfin, tout en se recomposant un visage de circonstance, c'est-à-dire, qui ne laissait filtrer aucune émotion, alors qu’à l’intérieur de lui, ça bataillait ferme. Il ne cessait de se poser des questions, et ne put toutefois pas s’interroger plus longtemps, car le ton de l’homme appelait manifestement une réponse, dans les plus brefs délais.
 
« Aussi surprenant que cela puisse vous paraître », dit-il le plus calmement possible tout en flattant Liam pour le calmer, et en fixant son interlocuteur, « je n’ai rien fait du tout ! C’est pas dans mes habitudes d’énerver encore plus les gens en faisant des tours de magie... »
 
Aussitôt, ses sourcils se froncèrent à la mention d’un tour de magie. Son regard se reposa sur les clés, qui se trouvaient à présent loin derrière l’homme, avant d’observer les alentours, et surtout les promeneurs qui se trouvaient à proximité d’eux.
 
*Serait-ce un tour fait par un crétin de tout à l’heure pour se venger de la rencontre désastreuse ?*, songea-t-il, *non, c’est pas possible : il aurait fallu qu’il sache pour mes clés, qu’il m’attende, et, en plus, les arbres les plus près sont trop loin pour se cacher. Un magicien qui s’entraîne, alors ? Non, là aussi, les cachettes sont trop loin, et le fil ne peut être si long. Un mutant, alors ?*, d’un regard, il balaya les alentours, *y’a trop de passage, ça pourrait être n’importe qui... Laisse tomber, Niko !*
 
Nikolaï se secoua mentalement pour sortir de ses pensées, qui se bousculaient à toute vitesse dans son esprit, interrompant ainsi le fil de son raisonnement. Il ne souhaitait nullement rester plus longtemps que nécessaire face à cet homme qui ne lui inspirait guère confiance... Restant toujours sur ses gardes, il contourna alors l’homme afin de récupérer ses maudites clés, mais lorsqu’il fut enfin derrière l’inconnu, et à quelques pas de son trousseau, un gosse d’environ 4 ans arrivait en courant, et tomba. Bien entendu, afin que ça soit plus « drôle », son genou droit tomba pile sur les clés de Nikolaï, ce qui fut, bien évidement, douloureux pour le gosse. Le môme se mit à pleurer, comme s’il était grièvement blessé, en somme, comme n’importe quel enfant blessé.
 
Le russe se retrouva rapidement devant l’enfant, devant lequel il s’agenouilla, et qu’il aida, gentiment, à se relever, tout en lui disant des paroles rassurantes. En pleurs, et sous l’emprise du pouvoir du russe, le gosse se jeta dans ses bras, comme il l’aurait fait avec un membre de sa famille après une blessure, en quête de réconfort.
 
« J’ai mal au zenou », ne cessait de dire l’enfant entre deux pleurs. « J’ai un gros bobo ! Rega’de ! »
 
La manière attendrissante de parler de l’enfant parvint  faire sourire le russe, qui regarda, comme le lui demandait le petit, sa blessure. Le blessé regardait Nikolaï comme si celui-ci pouvait le guérir, d’un simple geste ou d’une simple parole.
 
« Ca va aller, tes parents vont te soigner, et tout ira bien ! D’ailleurs, tu ferais mieux d’aller les retrouver ! 
- Ouais, mais toi, t’es plus zentil ! »
 
Malheureusement pour Nikolaï, les parents en question approchaient enfin, n’ayant laissé que quelques pas d’écart entre eux et leur progéniture, et accourait à présent en entendant ses pleurs...
 

Spoiler:

 

Il était étrange de constater à quel point Nikolaï pouvait changer du tout au tout lorsqu’il se retrouvait face à quiconque ne souffrait pas de son pouvoir. Dès lors, on pouvait apercevoir sa réelle personnalité, comme ce fut le cas avec le jeune blessé. Toutefois, son attitude changea dès que les parents du petit débarquèrent. L’inquiétude de la mère était telle qu’elle ne subit pas l’influence du pouvoir du russe, chose qui ne l’étonna pas outre mesure, pour l’avoir déjà constater de par le passé. Cependant, il n’en alla pas de même pour le père, qui ordonna froidement à Nikolaï de s’éloigner au plus près de sa famille.

Le mutant essaya alors de se lever lentement, évitant tous gestes brusques pour montrer ainsi qu’il n’avait nulles intentions négatives envers la petite famille, mais le dénommé James ne l’entendait pas de cette oreille. Il s’accrocha de toutes ses maigres forces au russe.

« Faut que je rentre chez moi », déclara doucement le russe à l’intention de l’enfant.

Sans attendre de réponses de la part du petit, il continua de se lever, et entreprit même de reculer de quelques pas avec Liam, qui montrait qu’il n’appréciait guère l’attitude du père envers son jeune maître... Le russe souffla quelques mots dans sa langue natale à son chien, lui intimant ainsi de se calmer au plus vite. Et comme souvent, Liam obéit bien plus rapidement aux ordres dictés en russe qu’en anglais, comme s’il savait que son maître ne parlait sa langue maternelle qu’en cas d’agacement profond.

Pendant ce temps, le jeune James reniflait d’un air malheureux, dans les bras de sa mère qui l’avait agrippé dès qu’il s’était décollé de Nikolaï, tout en regardant le russe avec l’envie manifeste de retourner à ses côtés. Ce qui n’arrangeait pas les affaires du russe, car ça agaçait le père...

Dans l’espoir d’écourter la scène, Nikolaï entreprit de prendre la parole, voyant parfaitement que la famille ne semblait pas vouloir partir tout de suite. Il souhaitait ainsi demander s’il pouvait récupérer ses maudites clés, qui se trouvaient actuellement juste derrière le duo mère/fils. Il eut à peine le temps de dire : « Excusez-moi, mais.... », que le père l’interrompit sèchement.

« Qu’est-ce que vous avez fait à mon fils ? Pourquoi il vous regarde comme ça ? Sale pervers ! »

Pourquoi un tel mépris surprenait à chaque fois Nikolaï, alors qu’il y était habitué, y ayant droit sans arrêt ? A croire qu’on ne s’habitude jamais réellement à être considérer par tous comme une créature abjecte... Et là, il ne savait pas vraiment quoi dire, sachant qu’un rien augmenterait la colère du père... Et, en effet, un rien l’énerva : son absence de réponse jeta de l’huile sur le feu de la fureur paternelle.

« Dégage maintenant des miens », hurla-t-il en se ruant sur Nikolaï, dans l’intention manifeste de lui offrir une chirurgie esthétique du visage à l’aide de ses poings...

La scène se passa trop vite pour que Nikolaï puisse l’apercevoir clairement. Le jeune James s’était apparemment redresser, et mit entre son père et le russe, qui, de son côté, se tenait prêt à se défendre (et oui, il ne souhaitait pas se battre, mais il n’allait pas se laisser tabasser sans rien faire...), et était de ce fait bien trop occupé à anticiper ce qui allait suivre pour remarquer l’enfant.

« Nan ! P’pa, laisse-le, c’est un gentil ! »

Les yeux exorbités, Nikolaï baissa le regard vers l’enfant qui implorait son père, ne sachant que trop bien que celui-ci n’avait pas vraiment les idées claires, dans la folle colère qui l’agitait. Et ce fut le cas : il devint fou en voyant son fils prendre la défense de l’homme qu’il considérait comme le pire monstre qui soit au monde ! Nikolaï ne fut pas assez rapide... Le père leva la main pour infliger une claque magistrale à son fils, qui chancela sous le coup...

Un voile de colère fit son apparition dans les yeux verts de Nikolaï, qui se mit alors à regarder le père comme si c’était lui, le pire être qui existe. En cet instant précis, il avait l’impression de se retrouver devant son propre père, qui, sous l’effet de son pouvoir, détestait tant son fils qu’il en venait parfois à lever la main sur lui, pour l’éloigner...

« Bravo ! Frapper son enfant sans raison, ça, c’est de l’intelligence », déclara-t-il, la laisse de Liam à ses pieds, car il l’avait lâché pour applaudir ironiquement. « C’est ce qu’on appel un homme ! »

Il ne constata la présence de la mère auprès de James qu’en entendant cette dernière le réconforter, alors que tout deux observaient le père avec stupeur, n’étant visiblement pas habitué à de tels accès de colère de sa part...

« Je ne te permets pas de me juger, sal monstre », grogna le père, avant de se ruer vers Nikolaï comme il en avait eu l’attention précédemment. Espérant que se laisser frapper par ce crétin le calmerait, Nikolaï ne fit pas un geste pour se défendre. C’est ainsi que le poing du père s’abattit froidement sur le visage du mutant, qui, sous la puissance du coup, se retrouva projeter contre l’inconnu avec qui il avait parlé précédemment.

« Désolé », dit douloureusement le russe, tout en s’essuyant le sang qui coulait de son nez à l’aide de sa manche. Il s’éloigna rapidement de l’homme, ne désirant nullement énerver quelqu’un d’autre maintenant... Il fit alors face à l’énervé, le dos tourné au 1er homme, sans pouvoir s’empêcher de se demander si son nez était cassé, alors que franchement, il avait pourtant des millions d’autres choses plus importantes à avoir en tête... Dont son chien, qui se rua à son tour sur l’agresseur, les babines relevées. Et ça le fit revenir à terre rapidement. Toujours en russe, il ordonna au chien de revenir à lui, ce que le chien fit à contrecœur...

Spoiler:

Parfois, il arrivait que les gens qui croisaient la route de Nikolaï soient particulièrement tenaces dans la haine qu’il leur inspirait involontairement. Et, là, ce fût le cas de ce père de famille, qui, bien que sa famille ait essayé de le ramener à la raison, rien n’y faisait, tant et si bien que la famille avait baissé les bras, dépité de voir l’homme changé ainsi du tout au tout... Pour l’heure, Nikolaï en était à se demander comment il allait bien pouvoir réussir à se débarrasser de son adversaire, sans pour autant lever la main sur lui. Il n’avait nullement envie de choquer encore plus le pauvre James, en qui il se retrouvait un peu. Tout comme lui, plus jeune, il admirait son père, le voyait comme un héros, un véritable modèle. Et puis, ça avait peu à peu changé, lorsqu’il avait vu l’attitude que son père avait envers la plupart des hommes. Le jeune Nikolaï ne l’avait alors pas comprit, mais son père n’avait jamais oublié les horreurs qu’il avait du voir durant sa carrière militaire. L’une des conséquences en était une sale manie à s’énerver rapidement, et de se battre avec quiconque se dressait devant lui, la plupart du temps, pour des broutilles... Le jeune Nikolaï avait souvent vu son père insulter des autres hommes, ou s’en faire insulter, pour finir par se battre avec eux. Voir les dégâts que peuvent se faire les hommes entre eux lorsqu’ils se frappent avait longtemps hanté ses nuits d’enfant. Et il ne fait aucun doute qu’il l’avait construit en tant qu’homme, participant au fait qu’en règle général, il n’hésitait pas à frapper à son tour, lorsque la situation le réclamait, même s’il n’était pas celui qui prenait l’initiative de lancer la bagarre. Cependant, il ne tenait pas à infliger un tel spectacle à James, qui venait déjà de voir son père frapper un autre homme qui n’avait visiblement rien fait de mal, alors, en rajouter une couche en le voyant livrer un vrai combat avec ce même homme, c’était au-dessus des forces de Nikolaï. Et oui, parfois, le jeune russe avait un cœur...

C’est la raison pour laquelle le mutant fut très surprit lorsqu’il vit l’autre homme, qu’il venait involontairement de bousculer, s’interposer entre lui et son adversaire. Nikolaï l’observait, intrigué, et son étonnement fut encore plus grand lorsqu’il prit la parole, pour faire savoir au père de famille qu’il était préférable qu’il s’arrête là. Et sa surprise fut telle qu’elle en devint inqualifiable, lorsque le père sembla l’écouter. La seule personne qui l’ait jamais fait, c’était Kim. Mais ça n’était pas comparable : selon Nikolaï, Kim était du genre à aider les gens qui se trouvaient en difficulté, qui étaient rejetés par les autres. Nikolaï ne connaissait rien de l’inconnu, et pourtant, il l’imaginait plutôt du genre à réfléchir à deux fois avant d’agir, aidé en cela par le fait qu’il observait parfois les gens, de loin ou lorsqu’ils étaient victimes de son pouvoir. De ce fait, ce qu’il avait vu de l’inconnu ne l’incitait guère à le voir comme quelqu’un d’impulsif... Bien entendu, Nikolaï n’avait que rarement l’occasion de vérifier si les gens qu’il observait étaient comme il le pensait, alors rien ne lui garantissait qu’il parvenait en effet à comprendre quelques aspects de leur personnalité...

Le jeune russe continua à être étonné lorsqu’il vit l’homme attraper son trousseau de clés, avant de s’éloigner de la famille, tout en incitant du regard Nikolaï à le suivre. Celui-ci fut contraint d’obtempérer, pour la simple et bonne raison qu’il avait ses clés, et que le mutant en avait assez que ses clés ne cessent de lui échapper à de maintes reprises, au cours de la même soirée...

Il attrapa la laisse de Liam et suivit l’homme, sans adresser un seul regard à la famille, de crainte que cela n’attise à nouveau la colère du père, qui semblait miraculeusement s’être apaisée suite à l’intervention de l’inconnu. Toutefois, il ne suivit pas l’inconnu de bonne grâce, son visage reflétait même son agacement, et celui-ci ne se disparut pas lorsque l’inconnu s’arrêta enfin.

En écoutant sa question, il ne retint qu’avec peine un soupir. Il n’avait pas vraiment le désir de s’étendre sur sa vie et les problèmes qu’il pouvait rencontrer en permanence. Il ne souhaitait que cela : récupérer ses clés, pouvoir rentrer chez lui, vérifier l’état dans lequel était son nez, (même si, au fond de lui, il savait qu’il n’avait rien de grave), prendre un médicament pour apaiser la douleur en provenance de son nez, et se détendre pour oublier au mieux à quel point sa soirée avait été désastreuse, comme bon nombre de ses autres soirées ! Cependant, il savait que s’il voulait enfin rentrer chez lui, il devrait répondre à la question de l’homme, car celui-ci semblait bien décidé à obtenir une réponse.

« Souvent, c’est plutôt un euphémisme ! », admit-il en se pinçant l’arrête du nez, alors que Liam, qu’il tenait toujours en laisse, se couchait à ses pieds, s’ennuyant ferme. « Maintenant, si ça n’est pas trop vous demander, j’aimerai récupérer mes clés, pour éviter de rencontrer à nouveau quelqu’un qui semble persuadé que mon nez ne ressemble à rien, ou que débarrasser le monde de ma présence serait un bien pour l’Humanité... »

Il tendit alors sa main, dans l’espoir manifeste de récupérer enfin son maudit trousseau. Il priait pour que l’inconnu n’ait pas envie de bavarder plus longtemps, parce que pour le moment, il n’avait guère envie de s’attarder sur sa manie à s’attirer les foudres des personnes qu’il croisait. Tout simplement parce que ça n’était pas son genre, mais aussi parce qu’il se voyait mal confier à cet inconnu tous les aléas de son pouvoir. Il n’était pas fou, tout de même, il savait que si l’homme venait à savoir qu’il était un mutant, celui-ci pouvait le détester réellement, parce que peu de personnes aimaient les gens différents... Le russe ne parlait jamais de son pouvoir, il n’y avait qu’avec sa sœur qu’il en avait parlé, et, à présent, il lui arrivait parfois d’en parler avec Kim, même s’il n’aimait pas vraiment cela. Il estimait que parler de son pouvoir ne servait à rien, car ça ne pourrait rien changer, au final. Toutefois, Kim était également une mutante, donc, elle pouvait comprendre ce que Nikolaï traversait, et n’allait pas le juger comme un véritable monstre, ce qui n’était pas garantit avec l’inconnu. Et, quand bien même celui-ci pourrait bien prendre cette annonce, ça n’était pas le genre de Nikolaï de parler de lui à des inconnus...

Spoiler:

La main toujours tendue, Nikolaï vit son interlocuteur esquisser un sourire suite à sa réponse. Le russe haussa un sourcil, s’interrogeant pour savoir ce qui, dans sa réponse, pouvait bien nécessiter une telle réaction. Il venait en effet d’admettre qu’il se faisait souvent haïr, et il avait l’impression que l’inconnu trouvait cela... amusant... Le mutant se retint de pousser un soupir, bien trop désireux de récupérer ses fichues clés, qu’il songeait sérieusement à accrocher quelque part sur lui, peut-être sur son pantalon ou sur une poche intérieur de sa veste, pour éviter qu’elles ne lui échappent de la sorte à l’avenir... L’interrogation de Nikolaï se teinta bientôt d’étonnement, lorsque l’homme parla de « pouvoir ». Etait-il possible qu’il soit mutant également ? C’était après tout bien probable, il semblait y en avoir pas mal, disséminés dans le monde. Et généralement, les humains ne connaissaient pas leur existence, ou ils les rejetaient, comme s’ils étaient des bêtes de foire. Nikolaï n’avait jamais connu le rejet à cause de son pouvoir, parce que son pouvoir poussait déjà les gens à le fuir... Mais il se doutait bien que certains humains, s’ils venaient à rencontrer des mutants qui avaient des pouvoirs autre, devaient sans doute repousser ces derniers. L’homme, avec un grand H, était connu pour craindre tout ce qui était différent, alors, pour le russe, il y avait fort à parier que l’homme n’allait pas réserver un très bon accueil aux mutants, si un jour l’existence de ces derniers venait à être connu du monde entier...

Le russe observa, intrigué, l’inconnu, se demandant, maintenant qu’il s’était convaincu qu’il s’agissait bien d’un mutant, quel était son pouvoir. Il ne tarda pas à avoir sa réponse. En effet, celui-ci sortit enfin les clés du russe, les tenant dans sa main, pour les lâcher soudainement. Mais elles ne tombèrent pas, restant, sans bouger, dans les airs... De quoi faire douter de la véracité de la célèbre loi découverte par Newton... Le jeune russe ne pût retenir un petit sifflement admiratif lorsque les clés se dirigèrent vers lui, visiblement sous le contrôle de l’homme. Nikolaï les attrapa, souriant, alors que l’inconnu se présenta enfin. Le russe détourna le regard de ses clés enfin récupérées en entendant qu’il se trouvait face à un certain Magneto, non pas parce qu’il connaissait déjà ce nom, (n’avoir que très peu d’amis n’aident pas à entendre parler d’autres personnes), mais plutôt parce qu’il trouvait ce surnom plutôt... sympa... Lui qui n’avait pas de nom de mutant, car il n’en voyait pas l’intérêt, se mit soudainement à espérer s’en trouver un aussi sympa, le jour où il serait enfin décidé à s’en prendre un... Enfin, si un tel jour venait à arriver !

« Merci », dit alors le russe à propos de ses clés, tout en les rangeant dans sa poche. « Moi, c’est Nikolaï. Et en effet, mon pouvoir n’est guère envier, mais, après tout, c’est ce qui fait mon charme », fit-il avec humour. « Par contre, le vôtre est... bien plus sympa et utile que le mien ! »

Parfois, Nikolaï s’amusait à s’imaginer avec un pouvoir différent, mais ça ne l’amusait pas longtemps, car il lui fallait imaginer une nouvelle vie, ainsi qu’une nouvelle personnalité, étant donné que sa vie actuelle et sa personnalité découlait grandement de son pouvoir. Et ça lui demandait donc trop d’imagination, bien qu’il en ait pas mal, alors ça le fatiguait.

Le pouvoir du dénommé Magneto semblait en effet plutôt cool aux yeux de Nikolaï, mais surtout, pas mal utile, bien plus que le sien. Avec un froncement de sourcil, le russe songea à un événement qui s’était produit un peu plus tôt :

« Alors, c’était vous, le coup des clés qui se sont mystérieusement tirées ? »

Le russe avait en effet déjà croisé un mutant qui, sous l’influence de ses phéromones de répulsion, avait perdu le contrôle de son pouvoir. Malheureusement pour le russe, le mutant en question était du genre bagarreur, et doté de la capacité bien sympathique pour un combattant tel que lui : une force surhumaine... Bien souvent, Nikolaï se demandait s’il n’avait pas un autre pouvoir : une immense poise.... Et immanquablement, il se rappelait que c’était un truc de famille. Combien de fois avait-il entendu des histoires de famille, racontant que l’un de ses parents avait connu telle ou telle mésaventure ? C’était presque devenu une blague dans sa famille, et ça avait donné lieu à une expression employé par l’entourage de sa famille : « Malchanceux comme un Krasnopolski » (du nom du véritable nom de famille de Nikolaï, qui avait renié sa famille lorsqu’il avait quitté sa Russie natale.) Tout ça pour dire que le russe savait donc que, parfois, ses phéromones tapaient tellement sur le système des mutants qui croisaient son chemin que ceux-ci pouvaient en perdre non pas leur latin, mais le contrôle de leur don...

Toute personne autre que Nikolaï aurait sans nul doute remercié Magneto de l’avoir aidé avec le père agressif, tout à l’heure, mais ça n’était guère dans les habitudes du russe de remercier quiconque... A la place, celui-ci se contenta de le fixer, intrigué, alors qu’à ses côtés, Liam semblait s’ennuyer comme... un rat mort... ce qui, en soi, est plutôt ironique, pour un chien... Comme s’il sentait que son maître, qui tout à l’heure, était pressé de partir et de rentrer dans leur cocon douillet, était désormais intrigué par son interlocuteur. Ce qui était le cas, Nikolaï se posait beaucoup de questions sur Magneto, parce qu’il avait remarqué, à force d’être fuit par la plupart des personnes, et de les observer en douce, que peu de gens agissaient pour les autres, sans arrière-pensée... Le russe ne résidait en effet pas dans le monde des Bisounours, et était vraiment très pessimiste concernant le genre humain... Lui le 1er n’agissait que rarement pour les autres sans idée derrière la tête... Des expressions telles que « La bonté d’âme », ou encore « Avoir le cœur sur la main », avaient le don de faire mourir de dire le mutant, qui s’amusait de voir que les hommes pouvaient parfois essayer de trouver de belles expressions pour essayer de faire oublier qu’au fond, comme le disait Plaute : « Homo homini lupus est « , « L’Homme est un loup pour l’Homme », locution reprise par maintes personnes dans l’histoire de l’humanité... Et ce fait, Nikolaï l’avait très vite remarqué, que ce soit à cause de son pouvoir, ou au travers de la mort de sa petite sœur...

« Ca n’est pas que je trouve votre compagnie désagréable », dit Nikolaï, bien décidé à exprimer tout haute ses craintes, « mais j’aimerai qu’on en vienne directement au but : vous n’avez pas agit sans raison, tout à l’heure, alors, au lieu de tourner autour du pot pendant des heures, pourrait-on en venir au fait ? »

En plus d’être méfiant, le russe avait également la joie d’être assez impatient, et franc...

Spoiler:

Un léger sourire fit son apparition sur le visage de Nikolaï lorsque son interlocuteur préféra ne pas s’étendre sur le sujet du trousseau de clé qui avait été victime du pouvoir de Magneto, visiblement involontairement... D’autres personnes que le russe se seraient sans nul doute fait la réflexion que le pouvoir qu’il avait été des plus dangereux. En effet, qui sait quel genre de mutant il serait amener à rencontrer, dans le futur, et avec quel genre de pouvoir, surtout ? Alors, s’il réussit à leur faire perdre le contrôle dessus comme il l’avait fait avec l’homme, qui sait ce que cela pourrait avoir, comme résultats ? Mais, Nikolaï était ce qu’il était : il n’avait que faire de l’avenir de l’humanité, de la planète dans son intégralité ! La terre pouvait bien exploser demain, il n’en aurait rien à faire, même si lui-même devait en être victime...

Le russe, les bras croisés, écouta avec attention la réponse que lui fournit son vis-à-vis, à propos des raisons qui l’avait poussé à l’aider précédemment. Lorsque le prétexte du « nous sommes tous deux des mutants » fut avancé, Nikolaï ne put s’empêcher de faire un moue ironique, montrant que cet argument ne lui suffisait guère, qu’il se doutait bien qu’il y avait autre chose. On n’aide pas les inconnus, selon lui, sans idées derrière la tête, surtout quand l’inconnu en question réussit à se faire détester des autres en quelques secondes seulement... Toutefois, l’argument suivant sur le fait que les personnes sans pouvoir craignaient les mutants trouva plus facilement grâce aux yeux du russe. Certes, son pouvoir ne lui permettait pas de se faire détester « naturellement » par les humains, mais il se doutait bien que cela devait se produire, si certains réalisaient que des mutants existaient...

Quand il comprit qu’il s’agissait d’une espèce de recrutement, il secoua la tête, riant carrément à la perspective qu’il n’aurait plus à supporter les regards haineux des autres, et qu’on lui propose même de l’aider à contrôler son pouvoir.

« Ecoutez, pour l’instant, je ne fais aucune différence entre les mutants et les humains. J’ai croisés des représentants des différentes espèces, et généralement, ça se passait toujours de la même manière : ils me détestaient ! Alors, essayez de me faire croire que grâce à vous, je pourrai trouver une sorte de havre de paix, c’est vraiment me prendre pour un c**... Personne n’a jamais rien fait pour moi, pourquoi devrais-je m’allier à quiconque ? »

Il se passa une main dans les cheveux, d’un air las. Certes, l’idée qu’on l’aide à maîtriser son don était alléchante, mais il doutait grandement que ce ne soit possible...

« Je sais pertinemment que les gens me détestent encore, au fond d’eux, quand ils découvrent mon pouvoir. Qu’ils doivent lutter contre ce sentiment. Alors, le coup du : « Vous n’aurez plus à supporter les regards haineux », c’est pas très crédible. Tout comme le coup du « Je peux vous aider à contrôler ce pouvoir. » Franchement, je pourrais plus facilement croire que le Père Noël existe, plutôt qu’un truc de ce genre, c’est pour dire ! »

En effet, lutter en permanence contre la haine et le dégoût que le russe inspirait ne devait pas être une chose aisée, Nikolaï s’en doutait bien. Qui voudrait l’héberger ? L’aider ? Devoir le supporter régulièrement ?

« C’est vraiment une offre sympa », ajouta-t-il, ne voulant pas complètement la refuser, « mais, pour l’heure, je ne vous connais pas, je ne sais pas si je peux vous faire confiance ou non, et je ne vois pas vraiment l’intérêt pour moi de prendre part à un groupe ou à un autre... »

Bien entendu, il n’avait pas précisé que gagner sa confiance n’était pas chose aisée... Il espérait toutefois que son interlocuteur ne prenne pas mal son refus, qui était momentanée, car il espérait vraiment pouvoir y réfléchir un peu plus, et qui sait, en apprendre un peu plus sur l’homme et ses intentions, afin de savoir s’il était fiable ou pas... Parce que sincèrement, Nikolaï ne supporterait pas de le rejoindre et de s’apercevoir qu’il n’avait fait que balancer de jolies paroles, qui n’étaient, au fond, que ça, de belles paroles... Même si, pour le moment, il n’avait guère envie de rejoindre un groupe ou un autre, pas tant, du moins, qu’on lui aura prouvé que l’un de ces groupes méritait plus sa confiance qu’un autre...

Nikolaï était un peu perdu. D’un côté, il était tenté de se laisser convaincre, mais son passé ne l’incitait guère à se laisser aller à une telle folie. C’est ainsi qu’il déclina l’offre, préférant avoir plus de temps pour réfléchir, ou même apprendre à connaître un peu plus ce Magneto... Et il faut avouer qu’il était plutôt impressionné par le fait que celui-ci parvienne à rester aussi calme, comme son interlocuteur se plût à le lui faire remarquer. Nikolaï le scruta avec attention, alors que celui-ci parlait, les bras grands ouverts, montrant ainsi qu’il n’avait aucunes intentions belliqueuses à son égard. Cela intrigua le russe, qui se demandant comment il pouvait réussir un tel exploit. Cela méritait vraiment qu’il réfléchisse avec attention à son offre, à tête reposée ! Après tout, si quelqu’un parvient à se calmer suffisamment pour rester calme avec lui, peut-être y avait-il de l’espoir pour lui, de trouver des gens similaires ?

Le jeune homme ne bougea pas d’un pouce lorsque Magneto s’approcha vers lui. Certes, ça n’est pas très intéressant de le souligner, mais, si on réfléchit, on s’aperçoit bien de l’utilité de le faire remarquer. Cela montrait en effet qu’il accordait une certaine confiance au mutant, et en sa capacité à gérer sa colère en sa présence ! Et ça, c’était assez peu courant pour qu’on passe du temps à le faire remarquer ! C’était donc un nouveau point positif pour Magneto, même si cela n’allait pas amener Nikolaï à s’allier à lui dans la minute, loin de là...

Le russe resta quelques instants sans bouger, alors que son interlocuteur reculait. Il arqua finalement les sourcils, avant de se décider à prendre la parole, car une question venait d’apparaître dans son esprit.

« Et, si jamais je veux vous revoir, où est-ce que je peux vous contacter, ou vous retrouver ? »

Bah ouais, c’était bien beau de réfléchir, mais fallait quand même que Nikolaï puisse le retrouver, s’il venait à se décider à rejoindre son groupe... Quoique, pour l’heure, il ne savait pas si Magneto était seul ou en groupe, mais ça, ça n’était pas son inquiétude du moment, ça viendra sans doute plus tard, lorsqu’il réfléchira à ce sujet. Pour l’heure, il attendait juste une réponse de sa part, et partirait après, parce qu’il avait vraiment envie de rentrer chez lui, et oublier que le monde le méprise ! Et se détendre un peu, pour avoir les idées plus claires, et réfléchir à ce qui venait de se passer, peser le pour et le contre, même s’il savait que sa décision serait longue à prendre. Après tout, ça le forçait à prendre position pour un groupe, et il n’avait pas vraiment l’intention de le faire dans l’immédiat, nul ne méritait vraiment sa confiance, et encore moins de l’avoir à ses côtés....

Spoiler: