Birds in the morning, good morning!

Les oiseaux du matin, bonjour!
Ft. Gaia & Seyonne

Les enfants craignent la nuit. Où tout du moins, lorsqu’ils sont seuls et perdus dans l’abysse du soir. Si jamais leurs parents n’avaient pas dans l’idée d’allumer une veilleuse non loin de leur lit, les enfants se tapiraient dans un coin de leur chambre, tous tremblants, leurs regards perchés vers la fenêtre ou encore droit vers les ombres qui dansent sur leurs murs. Le bruissement des feuilles, oh mélodie délicieuse pour bon nombre d’adultes, serait le cri des démons aux petites oreilles frémissantes des enfants, si une voix maternelle ne venait pas les endormir au borgnon, susurrant au creux de leurs tympans vulnérables. Pour certains, le sommeil ne vient pas. Il se montre absent et laisse son jouet épuisé au point d’en éprouver nausée et fatigue.

00 :30
Le petit monde de l’institut était dorloté dans les bras de Morphée. Seyonne pouvait enfin escompter se glisser sous les draps propres et lisses de son lit et peut-être, ce soir, enfin accéder au sommeil.

2 : 30
Allongé contre les édredons, le jeune adulte avait le regard perdu dans le vide. A première vue, Morphée avait décidé, une énième fois, de le tourmenter, en pauvre agnelle qu’il fut. Poussant un soupir d’exaspération, Seyonne se renfrogna sous ses draps et décida de compter les moutons. Qui sais, peut-être que cette fois, cette mythique technique fonctionnerait.

4 :30
Impavide, ses paupières semblèrent peser des tonnes par dessus ses globes oculaires, mais le sommeil le fuyait toujours, tel un lâche désœuvré, le châtiant pour un quelconque pêché. Pantin léthargique, le mutant attendait, encore et toujours, en silence. Finalement, l’impatience finit par se faire sentir et éconduit Seyonne à s’emparer de son iPod et de ses écouteurs. Comblant l’ouverture de ses tympans par les deux filtreurs des écouteurs, appuyant sur le bouton ‘on’ et se noyant dans une liste de musiques variantes, c’est au bout d’une heure passée que le professeur retrouva le chemin du sommeil. Comme si Hypnos avait eu pitié de lui...

5: 30
Soubresaut, paupières tremblantes, corps transpirant. C’est dans cet état agité et transpirant que Seyonne se réveilla en sursaut, réprimant un cri qui aurait risqué de réveiller les occupants des chambres voisines. L’habitude l’avait amené à se réveiller de la plus discrète manière qu’il soit, à force d’être accablé par d’incessants cauchemars. Des souvenirs du passé. Les plus déplaisants qui soient et qui le taraudent jusqu’au cœur de son subconscient. A mesure que les secondes s’écoulèrent, les battements de son cœur ralentirent jusqu’à reprendre un rythme normal. La sueur sur sa peau s’évaporait en même temps qu’elle propageait un frisson de tiédeur. La fenêtre était ouverte et l’aube s’annonçait, d’où la fraîcheur certaine. Quand il eut reprit ses esprits, Seyonne se hâta de sortir de son lit, délaissant des draps froissés à n’en rien envier. Après un détour dans la salle de bains, un coup de rafraîchissement, un brin de toilette et un changement vestimentaire plus adéquat, en bref, un jeans et un tee shirt noir, le professeur sortit de sa chambre, prêt et décrotté pour une nouvelle journée. Certes, 6h, c’est fort matinal, mais à force d’habitude, l’ancien agent avait finit par s’y accoutumer. Première et essentielle chose pour bien démarrer la longue journée qui l’attendrait : un café bien corsé. Aussi se dirigea-t-il vers les cuisines, lesquelles étaient vides et plongées dans le noir. Seyonne pénétra dans l’antre des estomacs affamés après avoir appuyé sur l’interrupteur et toisa d’un œil amusé le bol de céréales qui moisissait depuis assurément quelques heures sur le mini bar. Un affamé nocturne ? Peut-être. Il partit préparer la théière qui commença à émettre des gloussements électriques. En attendant que le café soit prêt, l’adulte se laissa retomber mollement sur l’un des hauts tabourets du mini ba. Il se mit à observer le lever du soleil par-delà la fenêtre. Les contours des arbres commençaient lentement à se dessiner au loin, déchirant le bleu marine du ciel de leurs sombres silhouettes. Magnifique, comme toujours. Mais un bruit furtif dans son dos l’arracha à cette contemplation quotidienne. « Tu es fort matinale… » Ses lèvres se retroussèrent en un petit sourire, mais il ne détourna pas le regard de la fenêtre. « Gaia… »

(court mais j'étais pressée ><)

Certaines nouvelles ont parfois un charmant effet secondaire sur les êtres, comme les tracasser toute la journée, et s’infiltrer dans leurs rêves, telles des bêtes acharnées à leur pourrir la vie. Il se trouvait que Gaïa était dans une telle situation, celle où le sommeil est agité, entrecoupé de moments de quiétude, et d’autres de réflexions douloureuses. La jeune mutante, au cours d’un énième moment durant lequel le sommeil semblait la fuir comme un désespéré, décida de se lever. Il était presque 6h, et Gaïa se connaissait suffisamment pour savoir qu’être réveillée pour elle à une telle heure ne signifiait qu’une chose : l’impossibilité de se rendormir. A croire que son organisme avait la flemme de se mettre en veille après 6h du matin...

En silence, pour ne pas réveiller Elvie, la mutante se dirigea vers la douche, pour se mettre les idées au clair, et la tête à l’endroit. Tout en s’habillant, elle prit soin de revêtir un pull, ne voulant tomber malade sous la froideur matinale. De surcroît, après avoir prit un bon petit déjeuner, elle avait prévu de courir un peu dans le parc de l’institut. Le sport était un bon moyen pour elle de parvenir à remettre de l’ordre dans son esprit. C’était étrangement plus facile pour elle de réfléchir en s’activant qu’en restant inoccupée... Elle espérait également parvenir à s’apaiser suffisamment pour s’assurer, pour la nuit prochaine, une nuit vraiment calme. La jeune française quitta la chambre, évitant de poser son regard sur sa table de nuit, qui contenait la maudite lettre qui l’avait tant tourmentée. Elle savait que si elle la voyait à nouveau, elle ne résisterait à pas à la tentation de la relire, histoire de s’assurer qu’elle avait bien vu, les multiples fois où elle l’avait lu... A moins qu’elle n’éprouve le désir violent de la déchirer, de la brûler... C’était au choix, le matin, Gaïa avait quelques soucis à trancher rapidement ses choix...

*Mais au moins, toi, quand tu fais un choix*, songea-t-elle amèrement, *tu t’y tiens !*

Un sourire crispé se dessina sur ses lèvres lorsqu’elle ne pût s’empêcher de repenser au contenu de sa lettre. Sa mère lui y annonçait qu’elle s’était remis avec Mr Monroe. Celui-ci lui avait même adresser un petit mot, disant qu’il espérait la voir pendant les grandes vacances, sachant qu’elle avait prévu d’aller passer quelques jours en France. Il avait même ajouter qu’il espérait qu’elle lui pardonnerait de l’avoir traité comme un monstre. Mais ça, c’était bien mal connaître Gaïa. Son père l’avait renié il y avait plusieurs années de cela, s’étant déjà éloigné d’elle lorsque son empathie était arrivé, pour finalement la repousser définitivement avec l’arrivée de son autre pouvoir, qui avait envoyé le meilleur ami de Mr Monroe à l’hôpital. Et le père de Gaïa n’avait jamais voulu croire que sa fille n’avait fait que se défendre, face aux gestes que l’homme avait eu à son égard. Au lieu de cela, il avait préféré la considérer comme un monstre dangereux. Alors, pour cela, Gaïa le méprisait, comme jamais elle avait méprisé quelqu’un. Elle le détestait presque autant que la personne qui avait tué sa jumelle, et dont elle ignorait l’identité, c’est pour dire !

Le plus silencieusement possible, Gaïa se rendit à la cuisine, ressentant une profonde envie de caféine, et de pain tartiné de confiture. Elle était en train de réfléchir aux mots bien sentit qu’elle allait envoyer à son père pour lui faire savoir qu’elle préférait largement se retrouver complètement victime de ses pouvoirs, plutôt de le voir, lorsqu’elle arriva enfin en cuisine. Pour y voir qu’elle n’était pas la seule à être matinale. Un sourire se dessina sur son visage lorsqu’elle reconnut, à la fois la silhouette et la voix, de Seyonne Weinsberg, l’un des professeurs que Gaïa appréciait le plus, et avec qui elle se sentait le plus en confiance.

« Visiblement, on est deux dans ce cas-là ! »

Gaïa s’approcha de l’enseignant, tout en sentant la bonne odeur du café en préparation. Arrivé au niveau de l’homme, elle regarda par la fenêtre à son tour, restant toutefois debout.

« Ma mère disait toujours que le lever du soleil était le meilleur moment de la journée, car il mettait en lumière ce qui nous pesait, et illuminait également la voie à suivre pour s’en débarrasser... », dit-elle en arquant un sourcil, « je crois que ma mère était un peu trop rêveuse, parce que ça marche pas vraiment, son truc... »

Elle soupira avant de s’asseoir à son tour. Après un bon café, tout ira mieux, ça, elle le savait, elle avait pu le vérifier à maintes et maintes reprises ! Etrangement, sa mère était en désaccord avec Gaïa sur les bienfaits du café... A croire qu’elles n’avaient guère de points communs, dans leur manière de penser et d’aborder la vie... Qu’importe... La jeune femme fixait le parc, ayant toujours aimé voir le levé du soleil, qui, à défaut de lui éclairer les idées, avait toujours réussit à la détendre....