Il était midi moins dix, et Sonia pressa le pas. Elle ne voulais pas faire attendre son amie, qui lui avait proposé d'aller manger au restaurant pour lui annoncer un nouvelle "qu'on ne peut annoncer que face à face". Honnêtement, Sonia avait un peu peur de ce qu'elle pourrait entendre. Candice était l'une de ses meilleures amies, et elles pouvaient tout se dire. Pourquoi alors l'inviterait-elle au restaurant pour lui annoncer quelque chose.
Alors qu'elle se rapprochait de la rue dans laquelle se trouvait le restaurant, une pensée traversa l'esprit de Sonia : son amie était-elle enceinte ? Pourquoi pas ? Après tout, c'était bel et bien le genre de nouvelle que l'on annonce en face ! Pourtant, Candice n'avait jamais parlé de petit ami à Sonia, et cette dernière était sûre qu'elle l'aurait fait si elle en avait eu un. Un doute persistait dans son esprit. Et se doute se manifestait par une peur croissante.
Sonia avait beau se répéter qu'elle n'avait rien à craindre, elle ne pouvait s'empêcher de trouver les évènements plus qu'étranges. Elle se trouvait à présent dans la rue du restaurant. Elle n'y avait jamais mangé, et avait fait confiance à Candice, qui lui avait proposé ce lieu de rencontre. Amatrice de bonne cuisine, Sonia espérait ne pas être tombé sur un restaurant miteux ou crasseux.

Sonia entra dans le restaurant, et sa crainte concernant la réputation du bâtiment s'envola. La pièce principale était sobre, mais donnait une impression de richesse, tant par le choix du mobilier que par celui de la couleur. Les tons étaient dans les rouges bordeaux, marrons, et les murs boisés donnaient une très bonne impression.
Quelques secondes après avoir fait ses premiers pas sur la moquette épaisse du restaurant, un maître d'hôtel s'approcha d'eux et lui demanda si elle désirait une table. Sonia ne répondit pas de suite, et chercha son amie du regard. Ne la trouvant pas, Sonia prit l'initiative de commander la table elle même. Un placier l'installa près d'une fenêtre, et elle s'y installa.

Elle n'eut pas à attendre très longtemps, car, quelques minutes plus tard, elle vite son amie passer la porte d'entrée.

"Pile à l'heure celle là !" Pensa Sonia, un sourire sur les lèvres.

Elle connaissait Candice depuis des années. Elle avait toujours était là pour elle, et leur amitié n'avait aucune limite. Si on lui avait dit ce qui allait se passer quelques minutes plus tard, Sonia ne l'aurait pas cru. Elles passaient souvent du temps au téléphone, à parler de leur vie, de leurs rencontres, de leurs problèmes, et savaient chacune d'elles qu'elles pouvaient compter l'une sur l'autre.

Sonia avait hâte de connaitre la (mauvaise ?) nouvelle qu'allait lui annoncer son amie, mais redoutait aussi grandement ce moment.

Mais, après tout, peut être se faisait-elle du soucis pour rien ?

Spoiler:

Sonia n'eut pas besoin d'attendre trop de temps avant que son amie pénètre dans le restaurant. Comme à son habitude, elle était somptueusement habillée. Sonia et Candice adoraient aller faire les boutiques toutes les deux, à farfouiller dans les rayons, et à juger mutuellement leurs propres tenues. Sonia, elle, portait un tailleur serré, qu'elle portait pour les grandes occasion (car elle jugeait que, selon le ton qu'avait employé son ami au téléphone, ce diner au restaurant était une grande occasion), et des lunettes de soleil, qu'elle laissait posées sur sa tête.
Candice se débarrassa de son sac à main auprès du portier, et se dirigea vers Sonia. Elles se saluèrent.
Sonia connaissait Candice comme sa soeur, et elle était tout à fait consciente que quelque chose de très important n'allait pas tarder à se passer. Des tas de petits signes qu'elle ne pouvait pas expliquer lui démontraient ce qu'elle ne voulait pas croire au fond d'elle même.

Candice tourna vivement les talons après s'être rendue compte qu'elle avait oublié un cadeau dans le sac qu'elle avait confié au portier. Sonia s'étonna de l'attention, même si elles avaient l'habitude de s'offrir des tas d'objets, comme pour "renforcer" l'amitié qui les liait. Elle suivit son amie des yeux, et la vit revenir, un petit écrin dans les mains. L'objet semblait assez important, aux vues de la matière soyeuse et du signe brodé en doré sur le couvercle, qui représentait un aigle vu de face. Sonia tendit les mains et attrapa l'écrin.

-Merci, fallait pas tu sais ! Aller au restaurant avec ma meilleure amie, c'est déjà un beau cadeau !

Sonia pensait vraiment ce qu'elle disait. Elle se sentait affreusement gênée de n'avoir rien apporté, et d'être venu les mains vides. Elle avait l'impression d'être une simple "profiteuse". Pourtant, ce n'était pas l'argent qui manquait sur son compte en banque ; agent de la CIA était un travail très bien payé !

-Je suis vraiment désolée ; je n'ai rien pour toi ! Je me rattraperai la prochaine fois, je te le promet !

Et, pour prouver sa bonne foi à se faire pardonner, Sonia enlaça Candice en la remerciant.
Après l'empoignade, la jeune femme reprit l'objet en main. Elle détacha le petit loquet doré et ouvrit la boîte. Elle contenait une magnifique parure, faite de petites pierres transparentes, qui reflétaient la lumière du plafonnier du restaurant. Sonia n'osait l'espérait, mais ces pierres étaient en réalité des diamants.

-Ce sont des vrais ? Mais Candice ! - Elle marqua une pause - Tu es vraiment géniale !

Après avoir fini d'admirer le bijou, qui brillait dans son écrin, Sonia le ferma, et le mit dans son sac à main (qu'elle avait laissé près d'elle). Elle ne voulait pas le passer tout de suite, car elle en avait déjà d'autre autour du cou, mais elle se promit à elle même de le passer dès le lendemain.
Elle s'assit à table, et attendit alors le serveur. Elle ne voulait pas presser Candice en lui demandant directement la raison de sa convocation, elle voulait la laisser parler d'elle même, surtout si c'était aussi important qu'elle le laissait paraître.

Après avoir attendu le serveur du restaurant pendant un petit bout de temps, les deux jeunes femmes passèrent leur commande. Candice demanda une simple salade sans sauce. Sonia, elle demanda, le plat du jour, du pain de viande et des épinards. Le serveur repartit, et, alors qu'elles attendaient qu'il revienne avec leur commande, Candice tourna la tête. Elle épia un homme qui venait de rentrer dans le restaurant, et fit signe à Sonia de le regarder aussi. Cet homme était habillé assez étrangement, il portait un grand manteau, ainsi qu'un chapeau et des lunettes noires. Il semblait vaguement familier à Sonia. Il s'installa à une table, près de la leur, et se déshabilla. Candice semblait assez anxieuse à la vue de cet homme ; peut être avait-il un lien quelconque avec ce qu'elle n'allait pas tarder à lui dire ? Ou alors était-ce simplement un inconnu qui avait attiré son attention !

Sonia n'eut pas le temps d'y penser plus longtemps, car le serveur arriva avec leurs plats en main. Il déposa les assiettes sur la table en souhaitant un bon appétit aux jeunes femmes, et repartit.
Candice s'alluma une cigarette, en regardant pensivement à l'extérieur du restaurant. Tout en commençant son plat, Sonia réfléchit à qui pouvait bien être l'homme qui se trouvait derrière elle. Elle tenta de se retourner, le plus discrètement possible, afin de n’attirer l'attention de personne. Lorsque l'homme rentra dans son champ de vision, elle faillit faire un arrêt cardiaque : les yeux de l'homme étaient fixés sur elle ! Mais la peur de s'être faite démasqué se changea vite en une autre peur : elle connaissait bel et bien cet homme, il participait au projet du nettoyage de New-York, projet qui consistait à éradiquer les mutants de la ville !
Sonia se retourna précipitamment, en espérant qu'il n'avait pas eu le temps de la calculer.
Une foule de question se pressèrent dans la tête de la jeune femme. Pourquoi était-il venu ici, avec elle ? Pourquoi ne lui en avait-il pas parlé ? Y avait-il un rapport avec le projet pour lequel ils travaillaient et sa venue dans le restaurant ? Malheureusement, ces questions restèrent sans réponses, car Candice commença à parler.

Elle lui dit qu'elle voulait que sa "révélation" reste secrète, et lui expliqua que ce qu'elle ne voulait pas que ce qu’elle allait dire entache leur relation. Curieuse de savoir la suite, Sonia fit un signe de la tête pour lui dire de poursuivre. Et ce qu'elle entendit la choqua au plus haut point.
Candice Rothfield, son amie de toujours, était en train de lui expliquer que sa peau gelée, la tempête de neige qui s'était arrêté toute seule étaient deux évènements totalement liés. En fait, sa meilleure amie était une mutante.
Il fallut quelques secondes à Sonia pour pouvoir encaisser le choc et retrouver ses esprits. Elle bredouilla quelques mots que même elle ne comprit pas. Les yeux de Candice étaient remplis de larmes. Elle fit alors quelque mouvements avec ses mains, et un morceau de glace se forma, que la mutante modela pour former un cœur. Elle le passa à Sonia, qui remarqua que des mots étaient gravés dessus : "Sonia, plus qu'une amie, une meilleure amie, une sœur, dans le meilleur comme le pire". Ces mots touchèrent beaucoup Sonia, qui était à présent partagée entre son amitié autrefois indestructible avec Candice et la mission qui guidait toute sa vie avec la CIA. Elle relut une deuxième fois les mots en lettre de glace, et ils sonnèrent totalement différemment dans sa tête. Elle avait l'impression que c'était une tentative désespérée de son amie pour essayer de ne pas s’attirer ses foudres.

Soudain, la tête de Sonia se mit à tourner, et à cogner avec violence. Une envie de vomir la saisit. Elle murmura à Candice :

-Je suis désolée, je me sens mal !

Elle se leva précipitamment, manqua de trébucher en sortant de la table, et se dirigea en courant vers les toilettes des dames. En passant, elle remarqua que son collègue de l'agence s'était levé, et avait commencé à la suivre. Il allait sans doute venir et lui demander ce qu'il venait de se passer. Pourtant, sa venue était la dernière chose que Sonia voulait.

Elle rentra dans les toilettes et s'enferma dans un cabinet. Elle avait besoin de rester seule, pour réfléchir à tout ce qu'elle venait d'entendre...

Était-ce donc là la fin d'une amitié ? Candice ne savait pas comment réagir, mais elle pleurait, à chaude larmes, et son amie ne réagissait pas, elle était sous le choc, elle ne comprenait pas, elle était perdue. La jeune femme n'avait jamais voulue provoquer ce genre d'émotions en sa meilleure amie, elle avait juste voulue être honnête et s'ouvrir à quelqu'un de confiance. Après tout, Sonia était sa meilleure amie, la seule qui pouvait la comprendre et avec qui elle passait autant de temps à discuter, que ce soit sérieusement ou simplement pour papoter, pour se raconter les derniers potins. Candice était en proie à une perte, la perte d'un être cher à son cœur, et elle se refusait à s'admettre cette vérité blessante : Sonia, son amie, ne la comprenait plus, ne la regardait plus de la même façon, ne l'acceptait plus. A cette instant, la jeune mutante aurait aimée être une femme quelconque, sans don particulier. Elle revint à la réalité seulement quand Sonia parla, d'une voix tremblante.

- Je suis désolée, je me sens mal !

Sonia se leva précipitamment et manqua de trébucher en sortant de table. En d'autres circonstances, Candice aurait ris, ou souris, mais le cœur n'y était pas et la joie encore moins. La jeune femme remarqua cependant que l'homme qui les regardait s'était levé et avait suivit Sonia dans les toilettes. Se connaissaient-ils ? Avaient-ils un lien ? Une chose était sûre, Candice ne voulait pas prendre le risque que cet étrange monsieur fasse du mal à sa meilleure amie. Elle se leva alors et les suivit dans les toilettes. Elle resta à la porte et écouta ce qu'ils se disaient, mais le son était bien trop faible. Candice entrouvrit la porte de quelques centimètres et s'assura que l'homme n'avait rien remarqué. Il parlait, et la jeune mutante ne comprenait pas grand chose à cette conversation. Elle était estomaquée.

- Alors comme ça, Sonia, on traîne avec des mutants ? N'était-ce pas le contraire que tu devais accomplir ? Tes supérieurs ne t'ont-ils pas confiés pour mission de trouver, d'arrêter et de ramener aux locaux ces monstres, ces abominations de la nature ? Tu me déçois énormément, toi étant habituellement si professionnelle, si peu sentimentale durant tes missions. Tu n'es qu'une idiote, une imbécile, et puisque tu ne peux pas exécuter ta mission, je vais le faire à ta place. Et attends-toi à de grosses représailles de la part des chefs!

Candice était choquée, énervée et n'avait envie que d'une chose : faire taire cet homme et s'expliquer avec Sonia quant à ce que cette dernière lui avait cachée. Elle entra discrètement dans les toilettes pour femmes et ferma à clé la porte d'entrée. Elle s'avança, écarta légèrement les jambes et prit une position d'appui et d'attaque idéale. Elle regardait l'homme et utilisa son don pour rafraichir l'air des toilettes. Les miroirs commencèrent à devenir blancs, les robinets et tuyauteries se gelèrent et l'homme se retourna. Candice le fixant, le regardant du plus froid, glaçant et mauvais regard qu'elle pouvait, parla.

- Alors, comme ça, tu veux m'éliminer ? Et tu menaces une de mes meilleures amies de la dénoncer à ses chefs alors qu'elle vient juste d'apprendre pour ma mutation ? Il faudra d'abord m'abattre et m'arracher les membres un à un avant de mettre tes menaces à exécution.

Un vent glaciale s'abattit alors sur toutes les toilettes et des glaçons se formèrent sur les surfaces plates de la pièce. L'homme commençait à grelotter et Candice souriait sadiquement, ne disant rien, sûre d'elle.

Sonia ne s'était jamais sentie aussi mal que la fois où sa meilleure amie lui avait avoué qu'elle était en fait une mutante. Une forte nausée envahit Sonia, et elle dut se courber en deux pour ne pas vomir. Pour couronner le tout, son collègue de travail, avec qui elle avait chassé des dizaines de "monstres" allait venir la voir, sans doute pour la sermonner, et lui rappeler que les mutants, peu importe s'ils étaient des amis de longue date, devaient être attachés, et ramenés au QG. Sonia connaissait la chanson, elle l'avait déjà entendue à plusieurs reprises lors de ses stages, où on leur apprenait à n'avoir aucune pitié. Elle ferma les yeux, et essaya de ne plus tituber. Enfermée dans un toilette, personne ne pouvait la voir dans cet état, et pourtant, elle ressentait une honte profonde à s'être laissée aller de la sorte.

Soudain, Sonia entendit des pas dans les toilettes. Elle aurait aimé que ce ne soit qu'une cliente qui avait besoin de se soulager, mais c'était bel et bien l'agent Cormaly, qui venait la chercher. Sonia savait que lui résister était inutile, et qu'il finirait par la trouver et lui raconter son baratin. Elle décida donc d'écourter ses recherches, et ouvrit le loquet de ses toilettes. Elle se trouvait face à lui, le visage blême, et les jambes flageolantes. Ils se regardèrent un moment, et Cormaly soupira.

- Alors comme ça, Sonia, on traîne avec des mutants ? N'était-ce pas le contraire que tu devais accomplir ? Tes supérieurs ne t'ont-ils pas confiés pour mission de trouver, d'arrêter et de ramener aux locaux ces monstres, ces abominations de la nature ? Tu me déçois énormément, toi étant habituellement si professionnelle, si peu sentimentale durant tes missions. Tu n'es qu'une idiote, une imbécile, et puisque tu ne peux pas exécuter ta mission, je vais le faire à ta place. Et attends-toi à de grosses représailles de la part des chefs !

Sonia ne l'écoutait pas du tout. Elle savait pertinemment qu'il n'était pas plus haut placé qu'elle dans la hiérarchie de la CIA, et que, étant son binôme, si elle devait couler, il coulerai avec. Elle se contenta donc de lui jeter un de ses regard noirs, qu'elle savait bien faire. Un moment se passa, pendant lequel personne ne dit rien, quand une mystérieuse sensation envahit le corps de Sonia. Un froid intense s'empara d'elle. Elle se rendit vite compte que ce n'était pas qu'une sensation, mais que toute l'atmosphère des toilettes pour dames se refroidissait. Une fine pellicule de glace se déposa sur les miroirs, et du souffle glacé s'échappa de leur bouche. En regardant tout autour d'elle, Sonia remarqua que Candice était venu les rejoindre. Elle sous-estimait la puissance de Cormaly, mais tout ça partait d'un bon sentiment. Même après la réaction idiote et choquante de Sonia, elle restait fidèle et loyale, et aller protéger son amie quoi qu'il arrive. Les paroles de Candice ne firent que confirmer les pensées de Sonia.

Alors que l'air de la pièce devenait de plus en plus froid, et que de la glace commençait à se déposer sur le sol et les murs, Sonia se demanda qui elle devait suivre. Elle ne sortait jamais sans son arme de service, et cette dernière pourrait fortement lui être utile, malheureusement, cette dernière se trouvait dans son sac à main, près de la table. Elle aurait aimé l'avoir sur elle, au moins pour faire pression sur l'un des deux. Elle commença à frissonner. Si Candice voulait tuer Cormaly en gelant la pièce, elle tuerait Sonia avec.

Sonia pesa rapidement le pour et le contre. Elle n'arrivait pas à se décider entre sa loyauté avec la CIA, et son amitié de toujours avec Candice, qui venait de lui révéler son plus grand secret. Elle trouva un juste milieu : elle devait faire croire à Cormaly qu'elle était de son côté, mais laisser une porte de sortie à Candice, qui devait à tout prix s'échapper, sans quoi Sonia ne pourrait plus rien pour elle.
Aux vues du pouvoir de Candice, le collègue de Sonia sortit son pistolet de sa poche et le braqua sur Candice. Ils étaient tout les deux en position d’attaque, et Sonia savait qu'aucuns des deux n'hésiteraient à passer à l'acte. Elle devait intervenir tout de suite, sinon, il serait trop tard. Elle cria donc la première chose qui lui passa par la tête ; et ce n'était sans doute pas la plus pertinente :

-Cormaly ! Ne t'occupe pas de celle là ! Laisse la moi !

Elle avait retrouvé toute sa force, et n'était plus patraque, comme quelques minutes auparavant. Elle tourna la tête vers Candice, et lui murmura le plus doucement du monde :

-Fuis !

Sonia ferma alors les yeux, en espérant se réveiller de ce cauchemar qui ne semblait pas avoir de fin...

Candice voyait dans les yeux de son amie qu'elle hésitait, qu'elle ne savait pas quel choix faire et quelle direction suivre. D'un côté, si elle trahissait son collègue en aidant la mutante, Sonia prenait le risque de perdre son travail et d'être mutée dans une autre ville pour garder confidentielles les informations concernant la mission "Mutants". De l'autre, elle voulait garder son travail tout en permettant à son amie de fuir. Le choix était difficile, et Candice en était consciente. Malheureusement, un seul d'entre eux pouvait survivre. C'était soit l'agent, soit la mutante. La jeune femme allait se battre pour rester en vie face à l'agent, Sonia devait le savoir. C'est pour cela que Candice ne comprit pas ce qui se passa ensuite. Son amie, sa meilleure amie, venait d'ordonner d'un ton plutôt sévère quelque chose à son collègue.

- Cormaly ! Ne t'occupe pas de celle là ! Laisse la moi !

On sentait que Sonia avait retrouvée ses forces, et que le choc de la nouvelle était partiellement passé. Non seulement elle se tenait droite, fermement, mais la puissance habituelle et la sévérité qui se dégageait de sa voix était de nouveau présentes. Candice se sentait mieux à l'idée que son amie aille bien, malgré le fait qu'elle soit une mutante. Sonia regardait l'agent, en tendant la main pour que celui-ci lui confit son arme de service, un pistolet noir, discret mais sûrement très efficace. Sonia tourna alors discrètement la tête en direction de Candice, au moment même où son collègue la tourna également, et lui murmura le plus discrètement possible, d'un son presque intelligible de fuir. La jeune mutante n'avait pas l'intention de fuir, ça non, ce serait trop facile, et à ses yeux, ce serait comme fuir ce qu'elle est et ne pas se battre pour se faire accepter. Candice ne pouvait se résoudre à cela, elle devait se battre, autant pour son amie, pour sa cause et pour sa communauté que pour elle-même et ses croyances.

C'est ainsi qu'elle resta au même endroit, comme figée dans ce froid hivernale. Sonia, quant à elle, fermait les yeux, comme dans l'espoir que tout ça n'ait été qu'un rêve. Malheureusement, tout ça avait été bien réel, et Candice aurait préférée l'inverse. Le collègue, quant à lui, pointait toujours son arme sur la jeune mutante et sourirait, comme ci quelque chose de positif pour lui allait arriver. Agacée, énervée, au bord de la crise de nerfs, Candice décida de faire bouger les choses. Elle créa donc, devant elle, deux piques de glace aiguisés pouvant traverser presque n'importe quelle matière, comme la chair humaine par exemple. Les deux piques étaient dirigés sur l'agent, et une barrière de glace commençait à se dresser devant Sonia, afin d'éviter à cette dernière de se jeter sur son collègue, et surtout de la protéger en cas d'incident grave. La jeune mutante avait un plan en tête, et sa meilleure amie ne devait surtout pas s'interposer si elle voulait rester en vie. Candice fit un pas en avant, et les piques avancèrent également. L'agent de la CIA ne semblait pas apeuré, il paraissait serein, calme, tranquille mais malgré tout déterminé et prêt à passer à l'action.

- Vous ne semblez pas avoir très peur, jeta Candice à l'agent. Vous semblez plutôt.. serein, comme si vous étiez sûr de vous. Mais vous savez, vous ne sortirez pas d'ici vivant, et personne ne retrouvera jamais votre corps. Vous allez tout d'abord vous faire percer le corps par ces deux magnifiques piques de glace, puis vous allez mourir. Je congèlerai ensuite votre corps et le cacherai dans un endroit que personne ne retrouvera jamais, pas même-moi. Quant à Sonia, elle aura juste à dire la vérité : un mutant a tué son collègue et a emporté son corps. Quelque chose à ajouter avant de mourir ?

Candice fit disparaitre la barrière de glace qui cachait Sonia et décida que cette dernière devait voir la scène afin d'être plus convainquante lors de son rapport.

- Je suis désolé, Sonia, que tu doives assister à cela. C'est pour ton bien, pour toi que je fais ça, ne l'oublies jamais s'il te plaît.

Sonia, qui était en train de vivre l'un des moments les plus difficiles de sa vie, se battait mentalement avec une petite voix dans sa tête qui lui tentait de la remettre sur le bon chemin. Lorsque Sonia pensait qu'elle était condamnée, et qu'elle n'avait plus d'issues possibles, la petite voix lui répondait qu'on avait toujours le choix, peu importe la situation dans laquelle on se trouvait. Lorsque Sonia tentait d'éviter la situation, la petite voix la forçait à se battre, et à rester forte. Pourtant, au bout du compte, Sonia choisit la facilité, en offrant une voie de recourt à Candice, qui pouvait s'enfuir, sans pour autant compromettre la réputation de Sonia au sein de la CIA. Mais la mutante décida de rendre la situation encore plus difficile en restant là, et en voulant se battre. Pour Sonia, il n'y avait absolument aucunes solution.

La température de la pièce continuait de baisser, à tel point que Sonia eut la chair de poule. Jamais elle n'aurait pu imaginer son amie capable d'effectuer de pareilles "prouesses". Mais, aussi fantastiques qu'étaient les tours de magie de Candice, cette dernière ne restait pas moins qu'une mutante, et les mutants devaient être traqués. Malheureusement, Cormaly connaissait aussi cette devise, et il ne voulait pas non plus lâcher l'affaire. Il se tenait droit comme un i, et avait son arme de fonction braquée sur Candice. Il n'arrangeait pas non plus la situation de Sonia, qui restait bloquée derrière un mur de glace crée par la mutante.

Alors, le pouvoir de la mutante prit une autre forme. En faisant des mouvements de ses mains, des espèces de bâtons acérés faits de glace se matérialisèrent dans l'air de la salle de bain. Ils étaient dirigés vers Cormaly, qui ne semblait pas apeuré le moins du monde. Sonia, elle, tremblait de tout son corps. Si ça avait été un tout autre mutant qui se trouvait à la place de Candice, elle aurait été brave, et, en quelques mouvements et quelques coups bien placés, ils auraient put le maitriser et le ramener dans leur QG.

« Mais les choses sont ce qu'elles sont, fit la voix dans sa tête, et il faut faire avec. Il faut arrêter de dire "si", et réagir en fonction de ce qu'on a, et de rien d'autre. »

Ces sages paroles, venues du fin fond de son inconscient, remirent Sonia en route. Elle devait protéger son amie, même si son collègue devait en payer les frais. Candice était une bonne personne. Du moins, c'était ce que Sonia pensait avant qu'elle ne profère ces menaces de mort. Choquée, Sonia perdit de nouveau pied. Elle n'imaginait pas que de telles paroles puissent être prononcées par un être aussi doux qu'était Candice.
Soudainement, le mur de glace qui séparait Sonia de la bataille disparut.

- Je suis désolé, Sonia, que tu doives assister à cela, dit Candice. C'est pour ton bien, pour toi que je fais ça, ne l'oublies jamais s'il te plaît.

Les intentions de son amie était bonnes, mais, du point de vue de Sonia, elle s'y prenait mal. Si elle s'était enfuie, Sonia aurait put la protéger, la cacher, tout en disant à la CIA qu'elle s’efforçait de la chercher. Mais les choses sont ce qu'elles sont, et il faut faire avec.
Elle tourna la tête vers son collègue. Il avait toujours l'arme braquée sur Candice.

Lorsque l'on est dans une situation qui nous dépasse, faire des choses rationnelles et censées peut être une tâche relativement difficile. C'est pourquoi Sonia décida de courir derrière la bataille, de pousser la porte des toilettes pour se retrouver dans le restaurant, et de crier :

-Au secours, ils vont se tuer !

Tout le monde dans la salle s'était retourné vers elle. C'est à ce moment là que Sonia se rendit compte de sa bêtise : elle n'aurait jamais dut mêler des innocents civils dans une guerre top-secrète, et, surtout, elle n'aurait jamais dut laisser Candice dans les mains d'un fou sanguinaire comme Cormaly...

La température des toilettes continuait de baisser et de la glace commençait à se former sur toutes les surfaces possibles et inimaginables. Les miroirs devenaient opaques, jamais personne n'aurait pu se voir dedans. Lorsque l'agent de la CIA et Sonia respiraient, on voyait l'air qu'ils expulsaient se blanchir un peu plus à chaque fois. Leurs lèvres commençaient à devenir violettes. Le collègue de Sonia ne bougeait pas. La détermination et la motivation coulaient dans son corps comme son sang coulait dans ses vaines. Son arme toujours braquée en direction de Candice, et son visage n'exprimant aucune émotion hormis celle de vouloir attraper, emprisonner et peut-être même torturer la jeune mutante, l'agent continua sa position de défense face aux piques acérés de glace que la jeune femme avait créée quelques minutes plus tôt. Ce qui était incompréhensible, c'est que le seul homme présent dans cette pièce savait qu'en s'opposant à un ou une mutante, il mourrait. Cependant, il continuait à défendre ses intérêts et à effectuer ce que ses chefs et supérieurs lui demandaient d'effectuer, comme si prendre le risque de perdre sa vie lui était égal.

Quelques minutes s'écoulèrent durant lesquelles les deux adversaires continuaient de s'affronter en silence, sans bouger pour autant. Leurs regards auraient produits des étincelles, si la température n'était pas si basse. Les armes glacées de Candice continuaient d'avancer, doucement, lentement, comme pour prendre leurs temps avant de tuer leurs victime. Le collègue de Sonia, quant à lui, s'était plaqué contre le mur, et tendait toujours son arme en direction de la mutante, comme si il pensait avoir une chance de blesser la jeune femme et de s'en sortir vivant. Aux yeux de Candice, cela relevait de la folie, de la démence même ! Personne, qui que ce soit, sain de d'esprit, ne serait resté ici. C'est d'ailleurs ce que la meilleure amie de la jeune mutante fit. La panique l'ayant envahie, la peur l'ayant consumée, Sonia sortir des toilettes et s'enfuit par la même occasion. Du moins, c'est ce que la jeune femme avait cru. Son amie était en réalité sortie des toilettes pour chercher de l'aide, sans réaliser la gravité de la situation. Premièrement, Candice était une mutante, et aucun humain en dehors des proches de ceux-ci et de la CIA ne connaissaient leur existence. L'agente de la CIA avait donc prie un énorme risque qui pourrait coûter la vie à son amie. Le second risque qu'elle prenait était de dévoiler une mission classée secrète par la CIA, puisque le but même de la CIA était d'organiser des missions de la plus haute importance secrètement.

- Au secours, ils vont se tuer !

Prise par le temps et la peur d'être découverte grimpant à une vitesse affolante en elle, Candice décida d'accélérer les choses avec l'agent de la CIA. Ses piques disparurent et la température remonta et la chaleur se fit d'un coup. La jeune femme opta pour une congélation nette et précise. Le collègue de la CIA se trouva alors enfermé dans une cage de glace épaisse et presque incassable. Pour le débloquer et le libérer, la seule solution restait d'attendre la fonte de la cage. Il s'en sortirait donc mais serait profondément marqué par l'expérience qu'il venait de vivre. Candice entendait énormément de bruit dans la salle de restaurant. Effectivement, à l'inverse d'obtenir de l'aide, Sonia avait créée la panique et les gens ne cherchaient qu'à s'enfuir de l'endroit. La jeune mutante se retourna, passa la porte des toilettes qu'elle ferma à l'aide du froid. Elle se retrouva à côté de sa meilleure amie, du moins celle qu'elle considérait ainsi. La panique l'avait envahie, et on aurait pu croire qu'une folle furieuse se baladait en toute liberté à travers la ville. Candice était en colère, et elle voulait s'expliquer avec Sonia. Le restaurant étant vide, la jeune mutante ferma toutes les issues à l'aide de son pouvoir et couvrit les fenêtres de glace afin que personne ne puisse les espionner de l'extérieur.

- Sonia, mais qu'est-ce qui t'arrive ?! Tu ne comprends donc pas que ton acte est quelque chose de grave et que j'aurais pu y passer si tu d'autres de tes collègues s'étaient trouvés là ?! Te rends-tu compte que tu viens de mettre ma vie en danger ? Je nous croyais amies, et malgré mon don particulier, je te croyais capable de m'accepter ! Visiblement, tu préfères sauver ton collègue de la CIA plutôt que moi !

A sa grande surprise, Candice entendit la porte des toilettes se casser. Elle se retourna et vit le collègue de Sonia, plus qu'en colère, se diriger vers elles deux. La jeune mutante n'avait plus le choix. Elle devait le tuer, et peu importe les conséquences. Elle s'avança donc et créa de nouveaux de piques de glaces acérés qu'elle lança droit sur l'homme. Celui ci les esquiva d'une roulade, se releva et pointa son arme non pas sur Candice, mais sur Sonia. Il parla.

- Toi, la bizzarerie ambulante, si tu tiens vraiment à Sonia et à sa vie, tu vas me suivre sans rien dire. C'est clair ? Sinon je la bute !

Sonia avait compris qu'elle avait fait une très grosse bêtise dès le moment où elle eut fini de crier qu'il allait y avoir un meurtre dans les toilettes pour dames, et que les gens autour d'elle s'étaient mis à hurler et à courir dans tout les sens. La panique se lisait sur leur visage, et ils ne prenaient même pas la peine de finir proprement leur assiettes avant de foutre en l'air les chaises et les tables. En quelques secondes, le restaurant se retrouva désert, même les serveurs avaient décidés d'abandonner le navire et de quitter les lieux. Sonia réalisait que tout le monde n'avait pas le courage d'une agent de la CIA. Elle avait, encore une fois, agit sans réfléchir, et sans penser aux conséquences. Elle donnerait tout pour recommencer, depuis sa sortie des toilettes. En fait, elle n'aurait jamais voulu avoir cette conversation avec Candice. Mais peut être allait-elle se réveiller d'un mauvais rêve, pour se retrouver dans un monde où son amie est juste une personne normale, sans aucuns pouvoirs, et qu'elle continuerait à traquer des mutants pour son travail ? Sans doute trop beau pour être vrai.

Un grand bruit ramena d'un coup Sonia à la réalité. Elle se trouvait actuellement dans un restaurant vide, avec une mutante plus puissante que ce qu'elle pouvait s'imaginer, et un agent de la CIA. C'était Candice qui était sortie des toilettes. Étrangement, elle n'était pas suivie par Cormaly. La mutante glaça la porte, la rendant infranchissable. Elle condamna aussi la porte d'entrée, et fit apparaître du givre sur les fenêtres. Ils étaient enfermés dans le restaurant, et cette idée fit frémir Sonia de tout son corps. Que voulait-elle lui faire ? Sans doute allait-elle la tuer. Elle avait alerté tout le monde et avait semé la panique dans tout le restaurant ; elle avait agit comme une parfaite idiote, et, si elle devait être punie, alors elle mériterait sa sentence.
Alors la mutante parla, d'un ton qui semblait très sévère et rude :

- Sonia, mais qu'est-ce qui t'arrive ?! Tu ne comprends donc pas que ton acte est quelque chose de grave et que j'aurais pu y passer si tu d'autres de tes collègues s'étaient trouvés là ?! Te rends-tu compte que tu viens de mettre ma vie en danger ? Je nous croyais amies, et malgré mon don particulier, je te croyais capable de m'accepter ! Visiblement, tu préfères sauver ton collègue de la CIA plutôt que moi !

Ces mots semblaient des pierres jetées au visage de Sonia. La pire, dans tout ça, était que Candice avait tout à fait raison. C'était vrai qu'elle avait mit sa vie en danger, c'était vrai qu'elle avait été inconsciente, c'était vrai qu'elle n'avait pas su l'accepter avec sa mutation. Mais il y avait une chose sur laquelle la mutante se trompait : à choisir, Sonia aurait préféré Candice à Cormaly.
Pour tenter de se justifier, Sonia bredouilla :

-C'est plus compliqué que ça, tu le sais bien. Ne m'en veut pas... Met toi à ma place !

Mais ces paroles furent soudainement interrompues par un énorme bruit. La glace qui retenait la porte des toilettes venait de voler en éclats, et l'agent Cormaly se tenait devant elles. Candice fut plus réactive que Sonia. Sans attendre, elle recréa, comme quelques instants avants, deux piques de glaces, qu'elle envoya à une vitesse folle sur le collègue de Sonia. Ce dernier les esquiva d'une roulade sur le côté. Sonia connaissait bien ce genre de technique ; on l'enseignait dans les locaux de l'agence. On leur apprenait, entre autre, à ne pas avoir peur de la mort, à ne pas avoir peur de donner la mort, et à ne pas avoir peur de se battre. Cormaly était une bête sanguinaire, et on ne l'arrêterait pas d'un claquement de doigt.

Soudain, un évènement tout à fait inattendu survint : Cormaly empoigna Sonia, en passant son bras sous sa gorge, et en lui donnant un coup de genoux à genoux pour qu'elle s'affaisse. Il avait son arme pointée sur sa tempe. Même si Sonia n'était pas en position de force, elle était forcée d'avouer que son plan était ingénieux, plutôt que de s'attaquer à la mutante et mourir, il la prenait par les sentiments. Reste à savoir ce que Candice allait faire, Sonia l'avait déjà trahit une fois, qu'est ce qui l'empêchait de faire de même ?

Au risques de passer pour un garce, Sonia aussi pouvait y trouver son compte : si Candice obtempérait, cela ferait un mutant en moins dans la ville, mais Sonia n'en serait pas directement responsable.

*Mais qu'est ce qu'il m'arrive ?*

Sonia venait de se surprendre à penser à des choses horribles. Bien sur qu'elle ne voulait pas que son amie se fasse prendre !
Elle riposta à l'attaque de Cormaly en lui agrippant fort le bras et en le faisant passer sur le côté. La pression sur son cou diminuant, elle put enfin se libérer de son emprise. Elle fonça jusqu'à son sac à main, ses chaussures à talon l'empêchant de sprinter. Elle attrapa son arme, faisant tomber le collier de diamants au sol - chose qu'elle ne remarqua pas du tout, aux vues de la situation périlleuse dans laquelle elle se trouvait. Toujours à côté de leur table, elle pointa son pistolet sur Cormaly.

-Maintenant écoute moi bien : tu vas nous laisser tranquilles pour le moment, et tu me reparleras plus tard !

Mais les choses n'allaient pas se passer du tout comme Sonia l'espérait...

Sonia venait tout juste d'être prise en otage par son collègue. Mais que cherchait-il vraiment ? Quelles étaient ses motivations en s'attaquant ainsi à un agent de la CIA qui avait la même mission que lui ? L'homme devenait fou furieux, il détestait perdre ou être en échec et cela se voyait autant dans ses yeux que dans ses gestes, ses paroles et sa façon d'agir. Candice, en le regardant, n'aurait jamais imaginer ce qui allait se passer par la suite. Comme quoi, ce n'est pas parce qu'on est imposant, grand et musclé qu'on est invincible : loin de là. Sonia venait de riposter à l'attaque de son collègue en s'agrippant fortement à lui et en le changeant de position : il se trouvait désormais sur le côté. La jeune femme en profitait pour se libérer de son emprise et elle se mit à courir en direction de la table sur laquelle se trouvait encore son sac et l'écrin contenant les diamants que Candice lui avait offert plus tôt. Son arme en main, elle ne remarqua même pas que le cadeau de la jeune mutante venait de tomber au sol et s'était brisé en mille morceaux. La rage de la mutante, qui commençait à grimper en elle, lui ordonnait de mettre fin à tout cela sur le champ. La rage de Sonia, elle, lui ordonnait visiblement de pointer son arme sur son collègue, puisque c'est qu'elle fit immédiatement.

- Maintenant écoute moi bien : tu vas nous laisser tranquilles pour le moment, et tu me reparleras plus tard !

La jeune femme était très ferme, dur et sèche dans sa voix, presque autoritaire. Candice, qui regardait la scène entre les deux agents de la CIA, fût très étonnée de constater que son amie avait enfin décidée de l'aider, ou du moins, d'arrêter cette guerre entre humains et mutants. Cela faisait d'ailleurs penser à la jeune mutante qu'elle devait dire quelque chose à Sonia dès que possible, quelque chose qui pourrait peut-être enfin changer la donne et permettre à cette dernière d'accepter son amie telle qu'elle est. Elle avait son pistolet dirigé vers son collègue, et celui-ci faisait la même chose. Candice était donc seule, elle ne participait pas et se trouvait au milieu d'une querelle entre agents d'un service secret. Elle se sentait inutile, jusqu'au moment où l'un des deux agents passa à l'action. C'était encore cet imbécile de bonhomme. Il avait tiré sur Sonia. La balle, se déplaçant à une vitesse folle, aurait tuée Sonia si Candice ne l'avait pas arrêtée en la gelant. La colère montant encore plus en elle et débordant, la jeune mutante ne put se contrôler. L'homme avait décidé de tuer son amie, il allait en subir les conséquences.

La jeune femme se mit en position d'attaque dos à son amie, comme pour lui faire un mur de protection. Ses mains, tendues droites vers le sol, firent apparaitre des petits grêlons, durs comme le fer et coupant comme le verre. La pièce se transforma en une véritable caverne de glace, les vitres devinrent entièrement opaques, les portes de gelèrent et la température baissa. Candice lança les boules de glace sur l'agent de la CIA qui les explosa une par une, comme ci il avait deviné d'avance la trajectoire des armes gelés de la jeune femme. Il riposta, au contraire, avec son pistolet. Il tira d'abord en haut, puis en bas et enfin en plein milieu. La mutante avait réussis à esquiver les deux premières balles mais elle se prit la troisième en pleine épaule. Elle fût alors propulsée en l'air et retomba sur une table dans un bruit monstrueux. Elle perdait du sang à cause d'un humain, pour la première fois de sa vie. Regardant Sonia, son amie, sa meilleure amie, dans les yeux, Candice décida de lui parler sincèrement, et de lui dire ce qu'elle avait sûr le cœur.

- Sonia, tu sais que je n'ai jamais voulu tout ça. Tu sais que je tiens à toi plus qu'à ma propre vie et je crois que je viens de te le prouver, que je sois mutante ou humaine. Si tu continues à suivre ce monstre, tu finiras comme lui, et tu ôteras la vie d'innocents mutants qui ne veulent que vivre en paix et être acceptés dans une société qui ne veut pas d'eux. C'est pour cela qu'une guerre de prépare : parce que des humains traquent, exploitent et abattent des dizaines et des dizaines de mutants par jour. Tu es ma meilleure amie, tu me connais par cœur et tu sais très bien que je n'ai pas changé, que je suis toujours la même et que jamais je ne te voudrai du tort, bien au contraire. Je viens de me prendre une balle pour t'éviter de t'en prendre une. Je crois qu'on peut dire que je t'ai sauvée la vie, non ?

Le collègue de Sonia hurla à cette dernière de ne pas faire attention et de rentrer avec lui aux locaux. Il était fatigué, on l'entendait à sa voix. Il croyait que Candice allait mourir, mais cette dernière était juste blessée. Elle assomma alors l'agent d'un coup de glaçon sur la tête. La température de la pièce remonta alors, les vitres redevinrent transparentes, les portes de débloquèrent et la pièce retrouva une allure de restaurant. La mutante attrapa le collier de diamants brisé et le répara provisoirement avec de la glace, le remit dans son écrin et le tendit à Sonia. Candice souffrait, la blessure la lançait, elle hurla et tomba, inconsciente, dans un noir indéfinissable.