Il était relativement tôt dans la nuit lorsqu’il ressentit les premiers malaises. Ils le réveillèrent brusquement. Tremblant, il s’était précipité hors du lit improvisé qu’il s’était fait de branchages, lui donnant cette drôle d’odeur de sapin incrustée à ses vêtements depuis près d’une semaine, maintenant. Il s’était débarrassé de la vieille couverture, une nappe peut-être même, qui le protégeait de la pluie extérieure qui tombait drue depuis la veille. Il n’avait jamais su où il était atterrit. En pleine jungle, forêt, sur quel continent? Il l’ignorait encore malgré les jours passés. Mis à part la faim qui le tiraillait depuis quelque temps déjà, il ne s’était pas trop mal débrouillé, malgré sa grande imbécilité. Il se révélait quelqu’un d’assez débrouillard, sa mutation le lui obligeant constamment.

Il fit à peine quelques pas, dans les feuilles mortes d’automnes, la mousse et les insectes invisibles, sans doute grouillant sous ses chaussure encrassées comme jamais par la boue, autant que le bas ses jeans. Lorsqu’il sentit sa vision se troubler, sa tête lui tourner, et, brusquement, comme si l’air lui manquait, que le moindre souffle s’étranglait dans le fond de sa gorge, il sentit le sol disparaitre sous ses pieds alors qu’un mal de tête effrayant le frappait. Le voyage ne dura qu’une fraction de seconde dans sa réalité. L’autre était qu’il avait l’impression que le temps s’était interrompu pour lui laisser l’occasion de bien sentir la douleur que pouvait lui provoquer ses voyages. Le plus inquiétant était que les symptômes semblaient ne pas aller en s’améliorant.

Une lumière brillante l’éclaira brusquement lorsqu’il arriva à destination. Une fois de plus, il était à plus de deux mètres dans les airs lorsqu’il réapparu dans la réalité, présent, passée ou future, il l’ignorait. Sa vision trouble ne lui permit pas immédiatement de discerner ce qui l’entourait. Et lorsqu’il retomba, se fut à quelques centimètres d’écraser quelqu’un, pour son plus grand désappointement. Joue contre le sol froid, peut-être de marbre, il ne savait trop, il avait l’impression que ses tempes étaient sur le point d’exploser. Pas tout à fait faut, son nez saignait, sans raison apparente puisqu’il n’avait pas souvenir de l’avoir cogné où que ce soit. Une masse sombre devant lui attira inévitablement son attention alors qu’il concluait qu’il s’agissait d’un pied, ou plutôt d’une chaussure dans laquelle se trouvait sans doute un pied, aux contours flous et vague, il était presque incapable de faire la différence entre une tache et un objet.

Lamentable. Voilà dans quel était il se retrouvait après un voyage. Ses vêtements encore trempé comme s’il était toujours dans cette forêt, ses cheveux bien imprégnés de l’odeur de sapin et de végétation, seul abri qu’il avait eu la dernière semaine. Il se ressaisit un peu, portant une main à son nez pour constater que le saignement n’était plus, mais qu’il y avait bien une trace. Ces voyages étaient-ils en train de le rendre malade? Ça ne s’était jamais produit auparavant, sauf lorsqu’il atterrissait à un endroit peu recommandable. Il se redressa finalement tant bien que mal sur ses coudes, puis ses mains, mais chaque geste posé lui semblaient plus difficiles que la normale.

-Je suis… vraiment navré pour ce… dérangement, lâcha-t-il sur un ton confus, n’étant même pas certain de véritablement s’adresser à quelqu’un.