Jean était assise en tailleur dans sa chambre, les yeux fermés, elle tentait de se concentrer. Les meubles commencèrent à vibrer, d'abord doucement puis lentement, se soulevèrent du sol. Rejetant la tête en arrière, sa peau s'éclaircit étrangement tandis que sa télépathie se mit à absorber toutes les pensées des gens. Ce qui devait être à la base un exercice de concentration se transformait en autre chose, plus dangereux. La rousse ouvrit les yeux dans son monde intérieur et son souffle s'emballa quand elle vit à quoi elle faisait face. Ou plutôt qui, l'autre Jean. Son propre reflet la toisait mais dans une position du corps presque animal. La créature psychique s'accroupit étrangement et Jean aurait juré que jamais son corps n'aurait plié ainsi, pas sans fracture.

Ça va bientôt arriver Jean.
- De quoi parles-tu ?

Elle se rendit compte alors qu'elle n'avait pas bougé les lèvres, que tout était télépathique et ce n'était pas bon signe. Le phénix fit un sourire étrange, regardant quelque chose que la télépathe et télékinésiste ne voyait pas.

Tu t'améliores, le professeur peut te brider mais il est faible. Combien de temps ce jeu de cache-cache va-t-il encore durer ?

Jean savait de quoi l'autre parlait. Avant il fallait être endormie pour accéder à cette partie de son esprit, maintenant, elle pouvait le faire sous une intense concentration. Une concentration de méditation. Ce n'était pas bon signe, les barrières ne devaient plus trop tenir, après tout, quand était-ce la dernière fois que le professeur Xavier les avait renforcées ? Longtemps, très longtemps même. La mutante se glaça d'effroi ce qui semblait amuser son double. Lentement la rousse redressa la tête, le monde psychique s'agitait, signe que sa concentration se brisait. La dernière image qu'elle eut fut celle d'un oiseau de feu qui la toisait, puissant, furieux, cette cage fâchait le phénix, énormément même. Jean rouvrit les yeux sur la réalité, tremblant et glacée jusqu'aux os. S'étreignant de ses bras, elle garda la tête basse, le souffle rauque.

La jeune femme déplia souplement ses jambes et sortit de sa chambre. Elle étouffait, posant sa main contre le mur, elle le vit s'agiter. Elle se figea, retirant sa main, elle la regarda. Elle secoua la tête de gauche à droite et se mit à arpenter les couloirs. Elle devait se calmer, éviter de se disperser, ce n'était pas bon. Son petit short en jean's renfermait sa chair pâle, la chaleur était étouffante, elle avait l'impression de vomir. Une déesse dans une cage, vois ce que tu es. Merde, elle détestait vraiment quand la voix résonnait dans son crâne. Elle descendit les marches pour traverser le rez-de-chaussée et se réfugier dans le patio. Appuyant le front contre la porte qu'elle venait de refermer, elle se rendit alors compte qu'elle n'était pas seule. Jean leva la tête et fit volte-face pour voir une autre femme. Elle ne l'avait jamais vue, peut-être qu'elle avait fait peur en surgissant comme une sauvage ? Jean se contenta de sourire.

« Bonjour, désolé je... J'étais dans mes pensées. »

Ou plutôt elle fuyait celles-ci, ce qui n'était pas vraiment pareil. Un instant son regard s'égara, elle devrait vraiment penser à avoir un plan de secours pour partir d'ici, au cas où cela finirait vraiment mal. Son regard vert se posa sur l'autre femme.

« Vous êtes nouvelle ? Jean Grey, enchanté. »

Elle tendit sa main, continuant de sourire. Jean sans sourire ce n'était pas Jean.