CHAPTER I : le départ, la fin d'une enfance. Mes yeux fermés, je resserrais l'emprise avec mes petits bras. Les lèvres de mon père vinrent toucher mes cheveux et il les embrassa. Puis, après que j'eus lâcher prise, il me regarda dans les yeux. C'est là que je contemplais pour la dernière fois les siens, mouillés par des larmes naissantes. Moi, je ne pleurais pas. Je ne pleure jamais. Plus après ce départ précipité. Mon papa me posa à terre et j'eus du mal à marcher. Il m'avait porter de l'appartement jusqu'à l’embarcadère. Je ne savais quoi dire. Je n'avais rien à dire. Une autre main, plus flétries, vint me prendre la mienne. Je me retournais et vit ma gouvernante, habillée de noir et s'accrochant à une petite valise. La mienne était déjà sur le bateau qui n'attendait plus que moi à présent. Madame Viertel échangea deux ou trois mots avec mon père. Je n'en comprenais aucun, parce que je crois que papa parlait bavarois.
Je me trouvais sur le pont du grand bateau. Mes petites mains s'accrochaient aux barres. En fait, je pouvais encore voir papa au loin. Une sensation bizarre m'écrasa la gorge et je me sentis vraiment mal-à-l'aise. Tout d'un coup, je n'avais pas envie de partir loin de Vati. J'agitais mes doigts vers sa direction et je criais alors d'une voix aiguë :
- Vati ! Vati ! Ich bin da ! Komm Vati ! Warum kommst du nicht ? Je m'arrêtais sec. Mon père se détournait du bateau et disparaissait lentement dans la brume. Alors, des questions me tourbillonnèrent l'esprit. Allais-je revoir bientôt mon père ? Pourquoi fallait-il que je parte sur cet engin immense ? Pourquoi papa m'abandonne-t-il ? Je me tournais vers Madame Viertel et lui posais ma dernière question, celle qui me serrait le coeur. Je n'aurais pas du lui en toucher mot, car voilà que son visage devient tout rouge, qu'elle retrousse ses manches et me donne une tapette sur ma joue gauche. J'eus un sursaut et je reculais. La gouvernante me dit que je ne devais jamais penser de telle chose, que mon papa me protégeait... rien de plus. J'aurais voulu en savoir davantage, mais je m'abstenais. Une autre raclée ? Non merci !
C'est ainsi que je quittait Berlin, Hambourg, puis l'Allemagne. C'était en novembre 1932. Il faisait froid et je n'avais aucune idée de ce qui se passerait l'année suivante. J'ai souvent pensé à mon père. S'il m'avait fait quitter cette terre, il y avait une raison. Il n'était pas juif. Il avait eu une intuition... une mauvaise intuition. Et il ne voulait pas laisser passer cela.
Je me trouvais donc seule avec ma gouvernante (ma mère étant morte) en Grande-Bretagne, puis aux Etats-Unis.
CHAPTER II : une vie misérable mais faite de liberté... La voiture attendait tranquillement dans le parking du supermarché. Elle n'avait aucun soucis à se faire. Moi, plus qu'un peu. Depuis que j'avais accidentellement blesser ses petites filles. Ce n'était pas ma faute ! Je le jure... C'est arrivé si vite et je me sentais si bien. Je dansais jusqu'à n'en plus finir et je sentais l'air glissé sur ma peau. Puis, le temps s'arrêtait et je voyais chaque particule de l'air. Un sentiment de bien-être s'éveillait en moi. J'étais bien... je m'étais enfin trouvée. Et j'ai continué... à mon plus grand malheur. L'air est devenue violente autour de moi et le parquet, le plafond, les murs n'ont pas résisté à la tempête. J'ai vu ce que j'avais fait. J'ai vu les visages ensanglantés de mes élèves de danse. Et j'ai mis du temps à l'accepter.
Une goutte se déposa sur mon visage blanc. Je levais la tête vers le ciel noir. La nuit allait être tumultueuse. En effet, un rideau d'eau s'avançait vers moi. Je remontais le col de mon imperméable. Les caméras ne devaient pas me voir. Je menais maintenant une vie spéciale. J'ignorais si quelqu'un d'autre était comme moi. Je ne savais pas d'où venaient mes pouvoirs. Je m'en servais, car j'ai appris à les contrôler. Heureusement, car sinon toute la police de NYC en aurait après moi.