Where The Wild Things Are - PV Elvie Killers

La soif se fait sentir, imperceptiblement, subrepticement. Il fait chaud, et j'aimerais bien me désaltérer. Je ne sais pourquoi je n'ai pas senti la soif avant, à dire vrai. Sans doute avais-je les idées ailleurs, mes pensées vagabondaient très certainement en direction d'une jeune fille que j'avais rencontrée quelques jours auparavant. Curieux d'ailleurs que je repense à une fille de cette façon, j'ai eu des tas d'aventures avant, mais aucune ne m'avait marqué à ce point... Et dire que ce n'est même pas une aventure... Enfin, toujours est-il que mes pouvoirs ne me permettent pas de regarder ce qu'il y a dans le frigidaire, ni d'y prendre quelque chose sans bouger de ma position... Direction le frigo de cette petite chambre d'hôtel qui lui sert provisoirement d'appartement. Plus de bière. Plus non plus de soda, rien qu'une eau limite croupie qui sort d'un robinet dégoulinant. Il est temps de faire quelque chose, non ?

En descendant m'acheter de quoi apaiser la soif de cette fin d'été, je repère un pub que je connais déjà bien. C'est l'heure de l'ouverture, quelques clients se pressent déjà autour des portes pour commander leur boisson favorite, dans le but de ressortir en rampant dans quelques heures. Décidément, je ne comprendrai jamais pourquoi les vieux boivent autant, jusqu'à en vomir, recommencer, perdre la tête. Mais au fond, ça ne m'intéresse pas. Ils peuvent faire ce qu'ils veulent, tant qu'ils ne me dérangent pas. Tout ce qui m'importe présentement, c'est de me poser dans un endroit où je vais pouvoir boire quelque chose de frais. Quelques gouttes perlent le long de mon front, descendant sur mes joues. Ce n'est pas un temps caniculaire, mais suffisamment lourd pour provoquer ce phénomène de régulation thermique. Je me précipite à l'ombre du pub, désireux d'étancher cette soif.

Je m'approche du comptoir, et demande un cola bien frais. Je maudis mon âge, parfois. Je ne suis pas encore majeur, donc pas censé pouvoir boire de l'alcool. Et je sais que le patron est très suspicieux, surtout à mon égard. Non, je n'ai pas les mêmes yeux que tout le monde, et alors ? Je pourrais sortir cette fausse carte d'identité que j'utilise pour justement avoir accès un an en avance aux privilèges des soi disant adultes, mais cette fois j'ai envie d'éviter de faire du remous, et puis ce n'est pas ce que j'ai envie de boire ce soir, alors autant éviter d'en rajouter. Le contact glacial de la bouteille sur mon front me fait un bien fou, si bien que j'ai l'impression que si je le prolonge, le verre va se réchauffer avant que j'aie pu boire la moindre goutte de ma boisson. Du coup, je m'interromps, et verse le liquide dans mon verre. Alors que je le sirote, je regarde les alentours. Pourquoi elle me regarde, elle ? J'ai quelque chose sur le visage ? Bah, de toute façon, non seulement j'ai bel et bien quelque chose sur le visage, enfin, dans mes yeux, et en plus, j'ai pris l'habitude qu'on me regarde de manière étrange.

J'avais ressenti ce besoin de partir, juste comme ça, je profitais de l'occasion pour passer la journée en ville.
Mais je n'avais pas prévu cette chaleur, je marchais, avant de tomber sur un pub, que j'avais déjà fréquenté avec un vieil ami, le patron avait fini par bien me connaitre, je prenais place au bar, en travaillant sur ma télépathie, j'arrivais à présent à savoir quand une personne était un simple humain ou un mutant, l'endroit tel que ce pub était parfait pour m’entraîner.

Mais à croire que c'était une journée sans, je n'étais entouré que d'humain... Je recommandais un autre verre, au moins j'étais au frais, enfin je buvais frais, c'était le principal, et alors que je pensais laisser tomber mon entrainement, je me retournais, tout juste pour l'arrivé d'un jeune homme aux yeux intéressant... En voilà un de mutant. Pensais-je le sourire aux lèvres, je réfléchissais à la manière de l'aborder c'était la première fois que je le voyais ici, savait-il qu'il était mutant ?

Il finit par jeter un regard autour de lui, et par poser le regard sur moi, la seule idiote qui le fixer, je descendis donc de mon tabouret, pour m'approcher du jeune homme. J'arrivais vers lui, avant de le regarder droit dans les yeux et de prendre une chaise pour me mettre en face de lui.

- Mutant et nouveau en ville ? Enfin mutant c'est sûr.

J'inclinais la tête, toujours en souriant, je n'avais pas pour habitude de m'occuper de la vie des gens, mais là j'avais eu envie de changer, et après tout je ne le reverrai peut-être jamais, alors il pouvait bien penser ce qu'il voulait de moi. J'avais aussi besoin de me changer les idées, alors rencontrer un nouveau mutant si je ne le faisais pas fuir par mon approche me paraissait quelque chose de changeant. Je voulais quand même me présenter, histoire de ne pas passer complètement pour une folle.

- Je m'appelle Elvie, et vous êtes ?

Je tendais ma main, attendant la sienne, bien sûr j'aurais pu connaitre son prénom en fouillant ses pensées et ses souvenirs, mais je ne faisais ça qu'en cas de problèmes, je savais me tenir et contenir ma télépathie... J'attendais patiemment la réponse du mutant en jouant avec mon verre presque vide.

La voilà qui s'installe juste en face de moi, déplaçant même son tabouret pour cela. Elle n'y va pas par quatre chemin, c'est clair ! Elle balance carrément que je suis un mutant ! Heureusement que le brouhaha ambiant a empêché les autres de discerner ses paroles. Parfois je me demande si c'est si évident que cela. Mes yeux rouges sur fond noir pourraient être issus d'une anomalie génétique n'ayant aucun rapport avec la mutation, non ? Au fond je n'en sais rien, je ne m'y connais pas assez dans ce domaine. Tout ce que je sais, c'est que parmi tous les gens que j'ai croisés au cours de ma courte vie, je suis le seul à avoir ces yeux. Mais j'ai fini par m'y faire, peut-être que pour les autres, ça n'est qu'une anomalie bénigne. Je n'en sais rien et en fait, je me fiche de ce qu'ils pensent, tant qu'ils me laissent vivre ma vie.

Quoi qu'il en soit, si elle m'annonce cette semi évidence d'emblée, de deux choses l'une : soit c'est une mutante, soit elle en a croisé sans en être une. Dans un cas comme dans l'autre, il ne sert à rien de tergiverser et de trouver un mensonge pour lui faire croire le contraire, autant continuer sur notre lancée. D'ailleurs, elle est plutôt jolie, semble avoir environ mon âge, et est venue m'aborder, ce qui me fait penser qu'elle s'intéresse à moi, ou bien au fait que je ne sois pas un humain de base. Peut-être les deux en même temps ? Aucune idée, mais je peux toujours essayer de la séduire, après tout ça me réussit plutôt bien en général. Je n'ai aucune envie que cela mène où que ce soit, mais la séduction est un jeu. Et j'adore jouer.

« Ici depuis peu et effectivement pas comme tout le monde. Tout comme vous, semble-t-il, très chère, je me trompe ? » Faisant tournoyer mon verre dans ma main, lui lançant un regard charmeur, je réponds à son autre question. « Ravi de faire la connaissance d'une aussi jolie fille, qui possède un gros point commun avec moi. Je t'en offre un autre ?» Lui dis-je en pointant du doigt son verre bientôt vide.

Au diable le vouvoiement. Je ne suis pas là pour lui faire la cour tel un chevalier en armure. En fait, je ne sais pas pourquoi je suis là. Pourquoi je la drague. Sans doute parce que ça m'amuse. Je ne suis pas un gentil toutou serviable, mais un homme qui aime jouer avec les autres, parce que dans le cas contraire, la vie ne vaut pas la peine d'être vécue. Je peux être serviable, bien sûr. Mais je ne suis pas un gentil, je me contente de vivre en dictant mes propres règles. Et en l'occurrence, j'ai juste envie de savoir si je peux la séduire. J'ai déjà Malicia, et elle me subjugue littéralement, alors lors autres... Mais je ne peux pas non plus renier ma nature. J'aime les femmes, je suis comme ça.

Mon initiative avait dû en surprendre plus d'un, mais j'étais comme ça, j'agissais et je réfléchissais après, c'est susurrement ça qui m'attirait autant de problèmes. Mais de ça aussi je m'en fichais, j'avais connu bien pire, et j'étais décidée à ne rien changer quoi qu'il arrive.

- Ici depuis peu et effectivement pas comme tout le monde. Tout comme vous, semble-t-il, très chère, je me trompe?

- Je suis effectivement comme vous, mais contrairement à vous ça fait déjà quelques mois que je suis là.

C'était à son tour de jouer avec son verre, il est vrai que ses yeux étaient étranges, mais j'étais fasciné par les mutations, visible ou pas, j'avais toujours aimé rencontrer de nouveaux mutants, connaitre leurs points de vue sur les humains, sur les autres mutants, connaitre leurs histoires.

- Ravi de faire la connaissance d'une aussi jolie fille, qui possède un gros point commun avec moi. Je t'en offre un autre ?

Et voilà maintenant je me faisais draguer, je m'en fichai bien, et puis j'avais soif, et nous allions avoir une bonne conversation alors autant en profiter, je remarquais qu'il avait laissé tomber le vouvoiement j'allais donc faire la même chose.

- Eh bien ce n'est pas de refus. Mais je ne connais toujours pas ton nom...

Je souris, je terminais donc mon verre et le fit glisser près du sien. Puis j'indiquai ma tempe avec mon index avant de reprendre la parole, je ne prononcerais pas le mot "mutant" une nouvelle fois, surtout pas depuis qu'un autre flot de personnes étaient entrés dans le pub et c'était invité à une table proche de la nôtre. Je parlais à présent bas, juste assez pour qu'il m'entende

- Tu sais que nous sommes les seuls ... dans ce bar

- Tu appartiens à un quelconque club ou camps ?

Il n'était pas forcé de me dire la vérité, mais il serait forcé d'y penser et je pourrais savoir s'il était chez "l'ennemi' grâce à ma télépathie. C'était bien pratique comme un détecteur de mensonges. Sauf que je connaissais la réponse en lisant ses pensées, je ne voulais pas fouiller je préférais provoquer la réponse, si jamais il sentait une quelconque intrusion il pourrait se braquer, ou pire encore, s'en prendre publiquement à moi.

Les choses allaient bon train. Il était rare qu'une femme me refuse quelque chose, de toute façon. Je n'avais jamais su si la facilité que j'avais de draguer les filles venaient d'un don, d'une mutation, de mes phéromones, ou que sais-je encore ; toujours est-il que je ne me faisais quasiment jamais éconduire. Aujourd'hui, même chose, Elvie semblait ravie que je lui offre une autre boisson. Qu'à cela ne tienne, donc. Elle vida son verre rapidement et l'approcha du mien, histoire qu'il se remplisse de nouveau. Je hélai donc le serveur, lui demandant de remettre la même chose pour la demoiselle, ce qu'il fit après s'être occupé d'un autre client de l'autre côté du comptoir.

« Au fait, moi c'est Remy, mais tu peux m'appeler beau gosse. »

Quel besoin avais-je de vouloir séduire toutes les jolies filles qui passaient à proximité ? C'était plus fort que moi. Un besoin quasi maladif de plaire à la gent féminine. Cela m'avait apporté pas mal d'ennuis par le passé, et continuerait de m'en apporter, mais chassez le naturel, il revient au galop, paraît-il... Et c'était dans ma nature. Et puis la nature, justement, m'avait bien fait, pourquoi me priver ? Le serveur amena donc le verre demandé, suite à quoi je levai mon verre, incitant la mutante à trinquer avec moi. Une mutante... J'en avais rencontré quelques unes, au cours de ma courte vie bien remplie. Je me demandais quels étaient ses attributs, ce qu'elle savait faire. Non pas que cela m'intéressait vraiment, mais cela pourrait être divertissant. De toute façon, je n'avais pas l'intention de m'amuser avec elle d'une autre façon, il fallait bien que je passe le temps.

La chaleur était toujours présente, et s'était accentuée depuis l'arrivée d'autres consommateurs de boissons alcoolisées...Il commençait à y avoir beaucoup de monde dans cette salle. Je levai mon bras pour appeler un serveur, lui demandai de m'apporter la même chose que la dame en face de moi, ce qu'il fit une poignée de minutes plus tard. Elle s'approcha ensuite de moi, pour me parler à voix basse. Etait-elle déjà dans mes filets ? Non, elle souhaitait simplement continuer notre discussion, en m'annonçant que nous étions les seuls mutants ici. Comment le savait-elle ? Intuition féminine ? La piste du pouvoir me paraissait plus plausible. Une sorte de détection, peut-être ? Cela pourrait expliquer comment elle m'avait identifié si rapidement. Même si cela se voyait comme le nez au milieu de la figure, ou plutôt comme les yeux au dessus du nez, que je n'étais pas comme les autres, elle n'aurais certainement pas eu la certitude de ce qu'elle avançait sans ce pouvoir, du moins le supposais-je.

« Alors dis-moi, c'est quoi ton secret ? Tu sais faire quoi ? Comment tu le sais, qu'on est les seuls ici ? »

Et puis elle évoqua un sujet qui me parut étrange. Un camp ? Un club ? J'en avais vaguement entendu parler, mais sans plus. Je n'avais pas l'intention de rejoindre un gang ou quoi que ce soit. Ma liberté me plaisait. Trop. Je pouvais faire ce que je voulais sans rendre de compte à qui que ce soit, pourquoi aller m'embêter à suivre les ordres de quelqu'un ? Autant être mon propre chef, voire celui de quelqu'un d'autre !

« Je ne vois pas trop de quoi tu parles, tu peux développer ? En tous cas... J'agis seul. »

- Au fait, moi c'est Remy, mais tu peux m'appeler beau gosse.

- Et bien on va rester sur Remy sans vouloir t'offenser.

C'était des présentations vraiment pas commune... Qui me fit presque rire. J'étais là parce qu'il était différent, non merci je ne draguais pas comme ça ouvertement quelqu'un. Mais il était impossible de savoir cela sans me connaitre.
Puis le serveur retourna à notre table avec les verres, puis le mutant en face de moi attrapa son verre, afin de trinquer je levai donc mon verre. Il n'avait aucune idée de qui j'étais et de ce que je savais faire, j'étais une parfaite inconnue.

- Alors dis-moi, c'est quoi ton secret ? Tu sais faire quoi ? Comment tu le sais, qu'on est les seuls ici ?

- La télépathie. J'ai appris dernièrement à repérer les gens comme nous. Enfin il suffit que je cherche.

Je parlais toujours bas, notre conversation ne regardais que nous. Quand je lui parlais de quand il ne semblait pas vraiment comprendre, je me concentrai et j'appris qu'il agissait seul, puis sa prochaine question me confirma ce que je pensais déjà. Pendant ce temps je faisais tourner mon verre.

- Je ne vois pas trop de quoi tu parles, tu peux développer ? En tous cas... J'agis seul.

- Et bien disons qu'il y a plusieurs camps ayant des idées différentes.

Je n'en dirai pas plus, je n'étais pas là pour faire la promotion des différents camps, et je n'étais pas là pour recruter, j'avais posé une question et j'avais eu ma réponse. Quant à mes pouvoirs j'avais omis de parler de mon électrokinésie, c'était préférable si jamais il m'arrivait quelque chose, l'élément de surprise était de mon côté, et c'était bien mieux comme ça. Il valait mieux que notre conversation reprenne un cours normal. Les gens n'arrêtaient pas de rentrer et le serveur semblait de plus en plus débordé.

- C'est de la folie tout ce monde...

J'avais lâché sa à voix haute sans même m'en apercevoir. Je regardais autour de nous me serrant un peu plus vers la table pour permettre aux personnes de passé.

Elle refuse mes avances. Enfin, avances est un bien grand mot. J'ai tenté de placer une petite plaisanterie, histoire de voir comment elle réagit. A dire vrai, je me fiche qu'elle m'appelle par mon prénom ou pas, elle sait qui je suis, que je suis un mutant, et c'est la seule chose importante pour l'instant. Et puis le serveur revient avec nos boissons, que nous entamons à notre rythme.

Et puis nous entrons dans le vide du sujet. La télépathie... Le pouvoir de lire dans les esprits. C'est assez fascinant, même si j'avoue que je n'aimerais pas que l'on fouille dans ma tête. J'ai tellement de secrets enfouis, d'histoires inavouables, que je préfèrerais qu'elle n'entre pas dedans. Mais comment l'empêcher ? Au fond, je ne sais pas si je peux, mais ça mérite que je m'y intéresse, que j'y prête attention.

« Et tu peux lire les pensées des gens, comme ça ? Par exemple, tu peux dire à quoi pense ce type au bout ? »

J'espérais détourner son attention de moi en lui indiquant une autre cible. Si elle pouvait lire en moi comme dans un livre ouvert, cette stratégie ne servirait strictement à rien, mais dans le cas contraire, je pourrais prendre quelques précautions. En tous cas, elle pouvait discerner les gens comme nous du commun des mortels. C'était assez pratique, mais ne m'intéressait nullement. Qu'ai-je à faire de mes pairs ? Je suis un solitaire, je n'aime pas spécialement la compagnie encombrante des autres, sauf lorsqu'ils sont mes proies du soir. Les déposséder de leur argent parce que je gagne aux cartes m'est un vrai plaisir, après tout. A la fois ma passion et ma façon de survivre dans cette ville.

Et puis elle enchaîne sur ses histoires de clans, ou je ne sais quoi. Apparemment, les mutants sont regroupés en factions qui ne sont pas d'accord les unes avec les autres, ce qui ne paraît pas étonnant. Mais cela me passe au dessus. Le flot de mes pensées est interrompu par le va et vient incessant des clients du pub, qui se retrouve rapidement bondé. On ne s'entend presque plus penser, c'est intenable. J'ai envie d'en savoir plus sur elle, un peu. En savoir plus sur son pouvoir, si c'est dangereux pour moi. Mais pas ici, trop de monde.

« On sort ? J'aime pas toute cette foule. »

Sans lui demander son avis, je me lève, lui prend le bras pour la tirer ailleurs, en laissant sur la table de quoi régler nos verres.

Et à chaque fois que j’annonçais ma télépathie je sentais les gens se refermer. Oui je pouvais lire vos pensées, découvrir tous vos petits secrets. C'était quelque chose de pratique, mais ça n'en restait pas moins une intrusion dans la vie privée des gens et souvent ils étaient contre...

- Et tu peux lire les pénsées des gens, comme ça ? Par exemple, tu peux dire à quoi pense ce type au bout ?

Je me tournais vers la personne qu'il venait d'indiquer, un trentenaire, qui gardait ses yeux sur son verre, je me concentrai sur lui afin de savoir ce qu'il avait en tête, quelques secondes plus tard, je me tournai à nouveau vers Remy.

- Alors Jack, 32 ans, comptable il cherche à annoncer à sa femme qu'il ne s'est pas absenté pour son travail mais chez sa maîtresse et il vient de se faire virer. Je peux aussi te dire que tu intéresses une jeune femme blonde derrière toi. Je continue ou ça va comme ça ?

Si je voulais tout connaitre de sa vie je n'avais qu'à fouiller pas sûre qu'il n'est pas mal et pas sûr que je ne finisse pas avec une bonne migraine. Trop de monde dans ce pub ça n'était pas vraiment agréable, et on ne qui pouvait se cacher dans cette foule.

- On sort ? J'aime pas toute cette foule.

Je n'eu même pas le temps de dire volontiers, qu'il me prenait le bras pour m’entraîner dehors après avoir laissé de quoi régler notre commande, on arriva dans la rue, il faisait malheureusement toujours aussi chaud, je n'avais pas vraiment le choix de la direction puisque c'est lui qui menait. J'avais quand même quelques questions.

- Alors tu es à New-York juste comme ça ? Ou peut-être cherches-tu quelqu'un ou quelque chose ?

Il fallait bien que je sache ce genre de chose, peut-être est-il juste de passage, peut-être pas... Et s'il était là pour retrouver quelqu'un ? Après tout ça pouvait être tout et n'importe quoi. C'est d'ailleurs parce que j'aimais le danger et qu'il me le rendait bien que je préférais garder en réserve mon électrokinésie, histoire d'avoir toujours un coup d'avance.

- Tu as une idée d'où on va comme ça ? Je ne suis pas contre une petite balade mais j'aime bien savoir où je vais d'abord.

Une réponse moyennement convaincante. Elle pouvait tout aussi bien bluffer, inventer n'importe quelle histoire, je n'avais aucun moyen d'en être sûr. La seule façon aurait été de lui faire lire mes pensées, mais ça, je n'en avais pas la moindre envie. Je ne savais toujours pas si son pouvoir était automatique ou s'il fallait qu'elle se concentre précisément pour entendre les pensées des autres, mais j'avais déjà un élément de réponse. Elle avait capté ce qui se passait dans le cerveau de deux personnes, l'homme que j'avais indiqué, plus une femme que je ne voyais pas, sur laquelle elle ne se focalisait pas, a priori. Mais ce n'était pas vraiment une preuve. Après tout, je plaisais, rien d'étonnant à ce qu'une femme me trouve à son goût, c'était même le contraire qui serait anormal. Je devais donc tenter une approche différente pour m'assurer de la véracité de ses dires. Quoique... Même si j'ai des particularités physiques qui me rendent différent des autres humains normaux, elle ne pouvait pas savoir si cela venait de ma mutation ou si c'était une simple anomalie génétique bénigne, comme les albinos.

Et nous nous retrouvons dehors. L'heure a avancé, mais la chaleur est toujours présente, environnante, accablante. Je ne sais pas trop vers où me diriger, sortir du pub était largement suffisant. Trop de monde dans un si petit espace, de quoi étouffer rapidement. Respirant à pleins poumons l'atmosphère extérieure, je suis interrompu par une question venant de la fille qui me tient compagnie en ce moment. Elle me demande la raison de ma venue dans cette ville. Pourquoi demander au lieu de fouiller en moi ? Aucune idée. Son pouvoir semblait plus ou moins incontrôlable, puisqu'elle pouvait lire en quelqu'un qu'elle ne regardait pas. Comment cela se faisait-il qu'elle ne faisait pas la même chose à présent ? Il y avait trop de réponses possibles, et aucun moyen de les vérifier. Mais les réponses finiraient probablement par tomber au bout d'un moment, si j'arrivais tourner la discussion dans mon sens.

« Non, je suis venu ici sans but précis, en fait. »

C'était un pur mensonge. Je me contentais de fuir ma ville natale, de laquelle j'avais été chassé. New York était une ville attrayante par bien des aspects, détestable par d'autres, mais pour l'instant, c'était l'endroit que j'avais choisi pour rester un temps. Ensuite ? Je n'en savais rien. Je n'avais pas poussé la réflexion jusque là. Ma rencontre avec Anna changeait la donne d'ailleurs, même si je ne savais pas quand je la reverrais, elle ne me laissait vraiment pas indifférent. Mais ce n'était pas le moment de penser à elle, je voulais d'abord en apprendre plus sur le pouvoir de mon interlocutrice. Et sa nouvelle question confirma ce que je pensais d'après la précédente. Il y avait peut-être à la fois du contrôle, et à la fois une part de vagabondage. En tous cas, elle ne lisait pas dans ma tête, à ce moment, sinon elle aurait pu répondre toute seule que je n'avais pas la moindre idée de l'endroit vers lequel nous pourrions nous diriger. Mais il suffisait de prendre l'initiative en choisissant un endroit au hasard. De préférence pas trop au chaud...

« Je te propose d'aller vers le port, histoire d'avoir l'air du large à proximité. »

En fait, je n'attendais pas vraiment son approbation. Je commençai à avancer, son bras toujours dans ma main, puis je réalisai que je la tenais toujours, et la lâchai en m'excusant sommairement. Sur le trajet, j'avais décidé de satisfaire ma curiosité en continuant de lui poser des questions sur elle.

« Et ton pouvoir, du coup, il marche comment ? Tu peux capter en permanence les pensées des gens, genre, tu sais à quoi je pense là maintenant ? »

Il fallait que je fasse le cobaye si je voulais l'éprouver. Je me forçai à penser à n'importe quoi, comme la Statue vers laquelle nos pas allaient nous porter, pour qu'elle ne fouille pas en moi si jamais elle le décidait.

Je sentais qu'il ne me croyait pas vraiment, je le comprenais à vrai dire ma mutation était plutôt du genre "invisible" difficile donc de le prouver surtout si on vous demander les pensées des autres au lieu des siennes, il me croyait donc à moitié. Puis je lui demandais ce qu'il faisait ici, s'il était là pour une raison particulière ou si c'était juste comme ça, et sa réponse n'était pas très convaincante, enfin pas pour moi.

- Non, je suis venu ici sans but précis, en fait.

Je ne cherchais pas à en savoir plus c'était sa vie, il en faisait ce qu'il voulait, et puis ça ne me regardait absolument pas. Je pouvais très bien chercher les informations que je voulais dans son esprit et puis partir, mais je n'aimais pas faire ça, j'aimais bien découvrir les gens et pas les forcer.

- Je te propose d'aller vers le port, histoire d'avoir l'air du large à proximité.

Il n'attendit pas, et je fus légèrement forcée de le suivre Remy ayant toujours sa main dans la mienne, il s'en rendit compte avant de s'excuser. Puis il commença à me poser des questions sur ma mutation, les gens étaient souvent curieux au sujet des mutations.

- Et ton pouvoir, du coup, il marche comment ? Tu peux capter en permanence les pensées des gens, genre, tu sais à quoi je pense là maintenant ?

- La statue en face de nous.

Les gens voulaient souvent servir de cobaye histoire d'avoir une preuve, la preuve que j'étais bien une télépathe. Ils n'aimaient pas qu'on fouille dans leurs esprits, mais ils n'hésitaient pas à mettre leurs esprits à votre portée vous laissant une carte de libre accès...

- Normalement mais c'est un brouhaha incessant mais avec un peu d'entrainement on arrive à faire taire les voix. Et ça ne sert à rien de se forcer à ne pas penser...

Combien de personnes avaient essayé de me duper en se forçant de ne penser à rien, mais ce forcer de ne penser à rien était déjà une pensée, et il ne tardait pas à penser à autres choses...

Elle avait touché au but. Pourtant, je ne fixais pas le monument qui se dressait face à moi, c'est à peine si je l'avais regardé. Et encore, elle ne regardait pas mes yeux à ce moment, la direction de mon regard, mais droit devant elle, ce qui était naturel lorsque l'on marchait. Il était impossible qu'elle sache précisément ce à quoi je pensais à ce moment, mais elle avait trouvé cette chose improbable. Il me fallait la croire, même si ça semblait farfelu. D'un autre côté... Nous étions tous les deux des mutants. La limite de la normalité avait disparu, toute échelle de valeur était supprimée. Plus rien de ce qui était auparavant surnaturel ne l'était désormais. Il me fallait admettre son pouvoir comme quelque chose que je pourrais voir ailleurs que chez elle, et cela en était presque effrayant. Presque, car au fond, je vivais de façon tellement marginale, tellement décalée, que je m'en fichais. Mon passé, je l'oubliais presque, en temps normal. Je disais ce que je voulais dire. Qu'aurais-je à cacher ? Mais je n'aimais pas pour autant l'idée que l'on puisse s'introduire dans mon esprit sans que je le sache, insidieusement.

Puis j'apprends ce que je voulais savoir, le fonctionnement de sa capacité, d'une manière plus précise. Elle entend tout ce qui se passe aux alentours, mais ne peut écouter qu'en se concentrant, à force d'entraînement. Ce qui voulait dire que c'était dangereux, mais apparemment, elle ne captait que les pensées superficielles, pas les souvenirs, ce genre de choses. Tant que je ferai attention en sa présence, tout irait bien. Comme si j'étais homme à faire attention !

Nous arrivâmes donc au port. Endroit en plein effervescence, rempli de marins qui s'agitaient sous la tonne de travail à accomplir. L'air frais et vivifiant emplissait mes poumons, et apportait sa dose de baisse de température. De toute façon, le soleil avait beaucoup décliné, la canicule ressentie quelques heures auparavant n'était plus de mise. Bientôt, d'ici une heure ou deux, la nuit prendrait place, masquant le soleil jusqu'au lendemain matin. Mais pour l'heure, la clarté illuminait encore l'endroit. Regardant ma montre, je jugeais que d'ici quelques dizaines de minutes, il serait temps de partir. Surtout que je me méfiais d'elle, de ce pouvoir si vicieux. Je n'avais rien contre cette fille, mais je n'aimais pas ce qu'elle était capable de faire.

Et puis, me revint en mémoire ce qu'elle avait évoqué plus tôt. J'étais tellement obnubilé par sa télépathie que j'avais oublié un autre point qui n'avais pas vraiment d'importance, mains qui pouvait en avoir dans le futur.

« Au fait, toi tu appartiens à une de ces factions dont tu m'as parlé ? Il y en a combien ? »

Une fois arrivée au port je m'assis en tailleur afin de profiter des dernières lueurs de soleil, et histoire de profiter du vent qui c'était levé.
Je sentais comme une légère animosité ou de la retenue de la part du jeune homme, c'était surement à cause de ma mutation, heureusement que je ne lui avais pas parler de mon électrokinésie sinon il m'aurait vraiment prise pour une barge et serait parti en courant. J'aimais mes deux pouvoirs ils m'avaient sauvé la vie plus d'une fois, et apprendre à les maîtriser était très utile et pouvait s'avérer comique parfois.

J'avais rencontré un mutant une fois, qui avait la même mutation que moi, nos deux mutations combinées faisaient de sacré dégâts.
Puis je portais mon regard sur le jeune homme qui regardait sa montre, était-il pressé de rentrer chez lui ? Ou peut-être un rendez-vous, ou peut-être s'ennuyait-il je n'étais pas la meilleure compagnie qui soit.

- Tiens, on est attendu quelque part ?

Je n'attendais pas vraiment de réponse c'était juste histoire de faire la conversation, je ne voulais pas vraiment me mêler de sa vie ou de ses habitudes. Je portais moi aussi mon regard à ma montre. J'avais du temps et ce soir je ne dormais pas à l'Institut, mais dans mon appartement histoire de changer un peu. J'espère qu'Ethan n'aura pas de problème...
Je n'aimais pas absenter depuis son arrivé, je voulais qu'il s'intègre, qu'il se sente bien à l'institut. Puis une nouvelle interrogation de la part du jeune homme me rappela où j'étais.

- Au fait, toi tu appartiens à une de ces factions dont tu m'as parlé ? Il y en a combien ?

- Oui j'appartiens à l'une d'entre elles. Il y en a quatre et on fait tous partis d'une faction, j'ai longtemps voyagé seule. De pays en pays, sans vraiment savoir que j'appartenais à la faction des "égarés", mais maintenant j'ai choisi mon camp, pour le meilleur comme pour le pire.

Nouvelle réponse. Quatre factions différentes, ayant vraisemblablement des buts, des motivations différentes, et sans doute les manières d'agir qui vont de paire. Je me demandais ce à quoi elle faisait allusion en disant que tout le monde avait un clan. Cela voulait-il dire que moi aussi, sans le savoir ? Ou bien ne parlait-elle que de gens qu'elle connaissait ? Je ne savais pas trop, mais clairement, la première hypothèse était à exclure. J'avais passé ma vie seul, loin de tout le monde, depuis mon départ de la Nouvelle Orléans. J'évitais les autres, les foules, ne m'approchant de mes proies que pour les dépouiller de leur argent ou passer du bon temps. Je ne m'étais jamais attaché, n'avais jamais rien signé, n'avais pas serré de main. Rien dans mon comportement ne pouvais indiquer la moindre velléité d'une quelconque affiliation. Du moins l'espérais-je...

J'avais bien obtenu une réponse. Mais ce n'était pas suffisant. Il m'en fallait savoir plus, pour juger de ce qui se tramait dans le monde mystérieux de mes congénères. Je n'étais pas intéressé par le fait de rejoindre un de ces groupes, mais si jamais j'en rencontrais un, je pouvais au moins avoir une idée approximative de ce qui m'attendait.Typiquement, pour moi, il y avait, les gentils, les méchants, et les neutres. Pour résumer, ceux qui voulaient cohabiter avec les humains, ceux qui voulaient les détruire, et ceux qui s'en fichaient, comme moi. Je ne considérais pas que cela m'incluait dans un quelconque parti, cela s'inscrivait plus dans une sorte d'idéologie. Mais il me fallait d'avantage de renseignements.

« Tu peux m'en dire plus, du coup ? Comme, quelles sont ces factions, et quel est leur but, par exemple ? »

J'espérais vraiment qu'elle répondrait. Je pourrais ainsi en avoir plus, même si ce n'était pas pour moi d'une nécessité absolue, mais cela ne pouvait pas être inutile de toute façon. Puis je repensais à sa phrase exacte... La faction des égarés ? C'était quoi, des gens qui ne savaient pas trop ce qu'ils faisaient là ? Qui ne savaient pas quelle faction rejoindre ? Ce n'était pas mon cas, puisque j'avais l'intention de rester solo un bon moment. Mais j'étais curieux de savoir ce qu'elle allait me dire de plus. Peut-être, selon sa réponse, arriverait-elle à me tenter. Mais j'en doutais. Fortement.

Oui on avait tous un camp... Techniquement... Avant de choisir un camp on est considéré comme égarés, comme quand on ne sait pas qu'il y avait différents groupes, ou alors quand on ne voulait pas appartenir à un autre. Le jeune homme avait l'air très intéressé par ces nouvelles informations que je lui apportais et que je pouvais lui donner...

Si j'étais dans son cas j'aimerais aussi qu'on me mette au courant, mon choix c'était fait rapidement et je ne le regrettais pas. Mais si je n'avais pas rencontré le professeur est-ce-que j'aurais terminé à l'institut ?
Ou mes idées de vengeance m'aurait entraîné dans filets des damnés ?

Je relevais la tête vers le jeune homme sentant sa prochaine question venir, j'avais attisé la curiosité de Remy, il était normal que je fasse face à ses questions. Même si je n'étais pas du genre à recruter, mais au moins s'il tombait sur quelqu'un qui tentait de le faire il serait prêt à faire un choix ou non.

- Tu peux m'en dire plus, du coup ? Comme, quelles sont ces factions, et quel est leur but, par exemple ?

- Eh bien...

Je me relevais, essuyant mon pantalon là où il était entré en contact avec le sol. Puis je tournais vers lui, en cherchant les mots justes ou du moins en essayant...

- Alors si tu n'as pas une dent contre les humains ou l'humanité, et que tu es persuadé qu' humain et mutant peuvent vivre en paix tu as l'Institut. Dans le cas contraire tu as la Confrérie. Sinon tu as les damnés, c'est un peu plus sélect, il te faut une bonne mutation ou alors bien y avoir tes entrées...

Je ne pourrais pas faire mieux en matière de résumé. Mais je n'avais pas encore évoqué le cas des égarés.
Chose qui n'allait pas tarder, alors pour lui éviter une nouvelle question je me commençais déjà à formuler ma réponse.

- Il te reste donc les égarés qui représentent tous les mutants qui ne sont pas au courant des différents groupes, et ceux qui ne veulent pas appartenir à l'un d'entre eux... Comme toi.

J'avais enfin ma réponse. J'étais placé dans une catégorie sans même le savoir, et quelque part, cela m'embêtait un peu. J'avais pris la décision de rester seul dans mon coin. Je n'aimais pas me mêler à la foule de toute façon, suivre un groupe. Je vivais pour moi uniquement, me débrouillant seul depuis toujours. Il n'était pas question qu'après une vingtaine d'années d'existence de cette façon, tout soit chamboulé. Mais il me semblait que je n'avais pas le choix. D'un autre côté... Faire partie des « égarés », comme elle les appelait, ne changeait absolument rien pour moi. Ce n'était pas comme si subitement, j'allais changer mes habitudes. Au contraire, c'était précisément un groupe sans en être un : une simple dénomination pour tous ceux qui avaient la liberté de choisir soit leur clan parmi les trois autres, soit au contraire décider de rester libre de toute attache. Ce qui était mon cas. Un peu de réflexion m'amena à me dire que finalement, il ne valait pas la peine que je m'en fasse. Les choses étaient très bien comme elles étaient, et cette décision totalement arbitraire de catégoriser les mutants sans leur consentement ni même qu'ils soient au courant pour la plupart ne m'affectait plus du tout. Je n'avais aucun pouvoir de décision sur ces choses-là, de toute façon.

Puis je sortis de mes pensées, pour me rendre compte qu'il faisait bientôt nuit. Le soleil couchant exposait ses splendides couleurs automnales à l'horizon, et tout comme lui, je souhaitais me retirer, me reposer. Il faisait bien plus frais que quelques heures auparavant, mais pas froid pour autant, c'était encore l'été après tout. Maintenant que je savais tout ce que je devais savoir ou presque, je décidai de prendre congé. J'avais envie de m'éloigner assez rapidement, car j'étais resté bien plus que de raison. Même si je savais à peu près comment fonctionnait son pouvoir, cela ne changeait pas le fait qu'il était un peu effrayant. Je devais mettre de la distance, je n'avais pas envie qu'elle fouille dans ma tête, mais si je me doutais que ce n'était pas aussi simple que cela. Quoique... Je n'en avais pas la certitude non plus.

Je n'avais plus soif, mais je commençais à avoir faim. J'avais hâte de retrouver ma chambre d'hôtel, de prendre une douche, et de me changer pour sortir manger un bout avant de travailler. Dépouiller des pigeons de leur argent, mais légalement. Juste en jouant aux cartes et en pariant. J'avais fait cela toute ma vie, et je continuerai tant que j'en aurai besoin. Et justement, mes finances commençaient à rétrécir, il me fallait y remédier. Et sur ces belles pensées, les idées d'argent plein la tête, je décidai de faire part de ma décision à mon interlocutrice.

« Sur ce, je vais te laisser, certaines affaires m'attendent. Merci encore pour les informations, et peut-être à une prochaine fois. »

Le fait de faire partie d'un camp sans même le savoir ne paraissait pas lui plaire. En même temps je pouvais le comprendre. Mais quand on y réfléchissait ça ne changeait absolument rien. C'était juste un groupe, ou on était même pas obligé de côtoyer les autres, on n'était pas forcément au courant des groupes existants, où on ne voulait pas rejoindre un parti, et que l'on préféré rester dans notre coin.

Si vous ne faisiez pas partie des groupes comme celui de Magnéto, de Frost ou du professeur Xavier vous étiez un égarés. C'est juste une espèce de petite classification. Rien de bien méchant. Je regardais autour de moi la journée avait bien avancé à tel point qu'il faisait presque nuit. Heureusement que je n'habitais pas loin, car rentrée à L’institut de nuit...

Je sentais comme une distance émanant du jeune homme, je me doutais bien que ça venait de mon pouvoir. Je ne comprenais pas comment les gens pouvaient mettre de la distance pour le simple fait que je pouvais connaître ses pensées je sais aussi me tenir, je ne passe pas mon temps à faire ça. Certains étaient fascinés par les mutations, d'autres les craignaient, ne se sentaient pas à l'aise avec. Je ne me sentais plus vraiment à mon aise, et c'est ce genre de comportement qui me faisait aimer l' Institut. On ne vous juger pas, vous étiez tous dans la même galère. Vous n'étiez pas traité de monstre, ce n'est pas pour ça que je ne pensais pas en être un...

Je commençais à m'avancer quand le jeune homme en face de moi, pensif reprit la parole. Son esprit lui semblait ailleurs, et je ne préférais même pas chercher à savoir pourquoi.

- Sur ce, je vais te laisser, certaines affaires m'attendent. Merci encore pour les informations, et peut-être à une prochaine fois.

- Pas de soucis.

Puis je commençais à partir, repassant devant la statue que nous avions dépassée quelques instants auparavant, je jetais un dernier coup d'oeil au port. J'aimais vraiment cet endroit...

RP Terminé

Sujet: Re: Where The Wild Things Are - PV Elvie Killers