SETH — Comme une envie de muffins au chocolat

C'était un samedi, un samedi ensoleillé, je suppose, enfin, en même temps, difficile de savoir lorsqu'on a les volets fermés. J'avais passé une partie de la soirée à bosser avec mon patron et l'autre à m'écraser sur mon lit. Sympa comme vendredi soir. Non vraiment, j'aime beaucoup !
Je sors du lit telle une larve et me fais couler un café. Je dois avoir une de ces têtes ! Je soupire. Je n'ai aucune idée du planning de la journée, enfin, pas à long terme. Pour le moment je n'ai envie que d'une douche et d'un muffins, un truc sucré dégoulinant de chocolat ou de caramel. Je jette un regard soudain à ma balance, à quelques mètres de moi. Peut être pas en fait, ouais non, mieux vaudrais éviter... Je ne porte pas énormément d'intérêt à mon poids, en général, mais j'aimerai éviter de ressembler à un petit hamster obèse. Vu ma taille, ce serait malheureux.
Allé hop, à la douche. Le jais douche brûlant me tire lentement de mon engourdissement et je ferme les yeux un instant, appréciant le contact des goûtes sur mon visage et sur ma peau. Il y a de la buée plein mon miroir et l'air est saturé de gouttelettes d'eau. J'aime bien cette ambiance feutrée, humide et douce. L'odeur de mon savon plane encore dans la pièce.
J'ai envie de sortir un peu, pour une fois qu'il fait beau et que j'ai ma journée !

Il doit être pas de midi et je marche dans les rues. J'ai quitté mon appartement il y a une trentaine de minutes environ pour aller me balader ( et m'acheter à manger, accessoirement ). Il y a du monde ici. Je m'approches de certains stands, repart. Des odeurs de nourriture me parviennent, diverses et variées, alléchantes ou non. Je marche, je marche, regrettant amèrement d'avoir de n'avoir pas chaussé des chaussures plates. Le soleil est chaud, l'air sec. La soif se fait sentir ( tout comme la faim ) et une escale dans le café le plus proche me semble inévitable. J'entre, commande une orangeade et ce qui ressemble le plus à un sandwich. Très appétissant. Hmm, miam... Je pais, repart. J'aspire une gorgée de jus d'orange à l'aide de ma paille et avale une bouchée de mon sandwich. Aussi bon que beau... Pour me consoler, je me promets de m'offrir un gâteau. Un bon gros gâteau et tant pis pour ma ligne.

Autour de moi les gens s'activent, pressés, enjoués...Combien de mutants se cachent-ils dans cette foule ? Combien de gens comme moi, différents ? Un ? une dizaine ? plus ? moins ? Quelle est la chance pour moi d'en rencontrer ?
Alors que je réfléchis, quelqu'un s'approche, je ne le vois, lui non plus j'imagine. Chanceuse comme je suis, je vois mon sandwich voler et s'écraser au sol. Quant à mon jus d'orange, il finit sa chute sur mon chemisier. Il y a des jours comme ça où l'on se dit que l'on aurait peut être du rester chez soit.

Comme une envie de muffins au chocolat

Anyes & Seth

L'eau chaude coulait poétiquement, un nuage de vapeur s'était formé dans la salle de bain tandis que je sentais tous mes muscles se détendre sous la chaleur qui décontractait chaque parcelle de ma peau. Je prenais rarement des douches à l'eau chaude pour tout vous dire, non, la chaleur rend paresseux les muscles et endors les pensées. Puis de toute façon l'eau chaude à l'institut est une denrée rare, enfin on s'en fous mais royalement. Je me faisais ce petit plaisir lors de ce petit séjour à New-York, j'avais pour mission de me reposer, enfin je crois que c'est surtout en prétexte pour qu'ils soufflent un peu du poids que j'excerce et des blagues pourrites que je fais H24. Je finis par sortir à contre coeur du paradis fait de chaleur et de gaz vaporeux. J'étais en un mot, crevé. Le sommeil a été difficile à trouver et il m'a falluun moment pour apercevoir la douce musique de Morphée. Je dois avouer que mes élèves et l'institut me manquait, j'ai tendance à avoir mes habitudes et à ne pas aimer les briser, mais bref. Je pris une serviette pour sécher l'eau qui s'était perlé sur ma peau. Un soupire d'épuisement me prit en enfilant mon caleçon puis mon pantalon avant de finir par une chemise blanche simplette.

Central Parc... un endroit sympa pour tuer le temps surtout quand il est long. La couleur, la fraîcheur, la joie, les arbres... que demande le peuple ? Je flânais ici, mains dans les poches et tête droite à regarder les merveilles de la nature autour de moi. Je partis hors des sentiers m'aventurant sur la pelouse regardant les étudiants... euhm... étudier, les amoureux s'embrassaient en se susurrant des choses à l'oreille et des jeunes enfants jouant à cache-cache et au loup. Un sourire ne put se contenir et dressa mes lèvres, une certaine nostalgie s'emparait de moi. Héhé, je suis un vieux maintenant ! C'est pas marrant, mais j'en suis bien un !

Même si ma fougue d'autrefois est toujours présente elle est légèrement moins forte, c'est vous dire comment j'étais chiant vers mes dix-huit ans ! L'adolescence... une grande étape pour nous tous qui l'est davantage pour nous, mutant que nous sommes, refoulé ou non. Mon pouvoir a commencé à émerger vers mes quinze ans, alors que ma mère avait calé avec la voiture sur un passage ferroviaire, un train se dirigeait vers nous. La peur galvanisa mon corps et fit émergé naturellement mon pouvoir, une sphère trouble m'avait soudainement entouré, je me rappellerais toujours de ce moment car plus aucun son n'était parvenu à mon ouïe à par le bruit de ma respiration. Le train fracassa la voiture et fit totalement explosé par le mur qui avait redirigé l'énergie cinétique vers le train qui trop lourd à du encaisser le choc. Ma mère et plus de trois cents personnes périrent ce jour-là. La première fois que notre pouvoir se matérialise n'est jamais facile à supporter, on dit que mon pouvoir est noble car il est défensif, mais dans mon cas il est a double tranchant et se montre redoutablement meurtrier. Si je n'avais pas été là il n'y aurait eu qu'un mort, ma mère. Si mon pouvoir n'avait pas inversé le sens du choc ces trois cents personnes ne seraient pas morte. Voilà pour la petite histoire de mon adolescence, élevé seul par un père devenu alcoolique à cause de moi... très joyeux je sais.

Je sortis du parc, ce douloureux souvenir s'évanouit pour rejoindre les autres tandis que je marchais avec un peu plus d'entrain. Je n'ai rien d'autre à trouver à faire à part faire un tour de ville voir ce qui a changé ou pas... Les gens étaient toujours aussi absorbé par leur portable et aussi pressaient, c'était amusant à voir. Soudainement quelque chose me rentra dedans ou quelqu'un plutôt, un sursaut banda tous mes muscles et me tira de cet catharsis avec la ville. C'était une jeune femme à peine plus jeune que moi, elle était blonde et était plutôt élégante. « Awh ! Excusez-moi ! Je... je... rah quel idiot ! Mille excuses ! Je n'ai aucun réflexe et je suis étourdis parfois ! Encore désolé ! », son chemisier avait prit la teinte de sa boisson. Je passais une main dans mes cheveux tandis que je la déshabillais du regard puis je finis par lui tendre ma veste : « Je vais vous payer le teinturier et... peut être un café si vous le souhaitez pour me faire pardonner ! ». Je suis direct je l'admets, mais cela était la moindre des choses, un sourire désolé arborait mon visage. Je venais de trouver un moyen de tuer l'ennuie !

C'est étrange, généralement, lorsque je trébuche ou perd l'équilibre, j'arrive toujours à me gérer, je ne fais jamais rien tomber. Jamais. C'est comme si quelque chose en moi, une sorte d'instinct arrivait à me faire réagir assez vite pour rattraper les choses en vol ou appréhender les chûtes. Généralement. Pour la première fois depuis des lustres, je contemplais mon repas étalé sur le sol. L'orangeade me trempait la poitrine et dégoulinait sur mon ventre, je le sentais à travers le tissus. Merde alors !
Je poussais un léger cri et jurais doucement. En relevant la tête, je découvrais un jeune homme brun, la trentaine. Malgré la situation, je ne pouvais m'empêcher d'apprécier la finesse de ses traits, la beauté de son visage. Bien plus appétissant que mon sandwich. Oh ça oui. Le rouge me monte aux joues et je me baisse prestement pour ramasser les vestiges de feu mon repas. Foutu. Alors que je relevais les yeux, l'inconnu commença à parler, il s'excusa et finit par me tendre sa veste. ( Non sans ajouter une invitation à prendre le café. ) Je souriais, amusée. C'était direct. Direct et tentant.

"Vu l'état de mon sandwich, ce serait bête de refuser !" Je rajoutais ensuite "Vous m'excusez une minute ?"

Avant d'attraper la veste je prenais quelques secondes pour jeter mon ancien sandwich ( qui était décidément peu ragoutant ). J'essuyais brièvement mes mains sur la serviette et la balançais à son tour.
Si les traces orangées de ma boisson étaient aussi discrètes qu'un tache sur un mur blanc, grâce à l'homme, elles n'étaient plus visibles. Je retrouvais un semblant de dignité et me présentais.

"Hmm, je m'appelle Anyes au passage. Et ne vous embêtez pas pour le pressing, un café suffira amplement !"

Je lui adresse à nouveau un sourire, attendant qu'il se présente à son tour. J'espérais du fond du cœur qu'il ne m’emmènerait pas dans un de ces cafés sordides où ils ne proposent même pas de petites pâtisseries atrocement appétissantes. La vu d'un couple se partageant une gaufre ne fait que raviver mon envie de sucre. Bon sang. Je reporte mon attention sur l'inconnu plus si inconnu. J’appréciais qu'il m'ait prêtée sa veste. Il faut reconnaître que quitte à se renverser du jus d'orange dessus, c'est mieux de le faire en rentrant dans quelqu'un de physiquement plutôt attirant. Ca... comment dire, réduit la peine ?

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