Un ronronnement agréable. Il sourit. Ses doigts ses glissèrent dans la fourrure soyeuse, doucement, attentionnés. Un bruit étouffé derrière lui. Il entend le froissement du lourd drap noir qui sépare les pièces du chapiteau. Il peut occasionnellement entendre des éclats de rire, au dehors. Se redressant, il abandonne l’animal qui proteste aussitôt. Il n’y avait pas encore foule et c’était fort heureusement pour lui, d’ailleurs. Il fixe son regard sur l’homme blanc qui lui fait face, qui lui sourit, qui lui donne une tape amicale sur l’épaule, qui le dépasse pour s’éloigner d’un pas tranquille. Il est heureux. Solal le suit un moment des yeux jusqu’à le voir disparaitre de son champ de vision. Oui, il est heureux.

Il s’éloigne à son tour, relevant un pan lourd du tissu sous lequel il se glisse rapidement. Devant lui, le vide. Le vide qui se remplirait d’ici quelques heures. Il s’avance, s’installe dans un coin avec le thé qu’il n’avait pas omis d’apporter. Un mouvement non loin, l’homme blanc revient à son tour. Le Dragon le salut d’un signe de tête. Le blond vient le rejoindre sur une estrade. Il est silencieux, songeur, et John l’interroge du regard. Il secoua ses larges épaules. Solal était loin d’être fragile. Homme à la carrure impressionnante, il en jouait parfois pour démonter les trop curieux. Il refusait de se laisser écraser par la race. «Ça va. » répondit-il finalement à la question silencieuse. Ils se relevèrent d’un même geste après un moment.

Fallait y aller. Il se retrouva rapidement seul, passant à pas sec l’endroit pour rejoindre le sien, laissant retomber le pan rouge du tissu de la tente derrière lui. Entendant ricaner le perroquet comme un enfant, il se dirigea vers lui, qui s’agrippa inévitablement à ses vêtements serrés contre le corps massif. Malgré sa taille, il se montrait d’une délicatesse enfantine pour ce genre de choses et se plaisait à rester en solitaire sous la tente, écoutant les roucoulements, miaulement et rires qui provenaient occasionnellement de l’extérieur. Il les devinait, parvenait à dire à qui ils appartenaient. Connaître les gens avec qui il travaillait était important. Plus important encore lorsqu’il s’agit de sa famille. Puisque c’était bien le cas, n’est-ce pas? Ils étaient comme sa famille, à ses yeux. Il se sentait mieux en leur compagnie. Il était bien, là, loin du sombre monde, loin de cette haine évidente qu’il représentait, loin de la rage et de la terreur. Il préférait le minuscule bonheur momentané qu’ils créaient pour ces gens. Le reste, il ne s’en préoccupait pas. Du moins, il ne voulait pas s’en préoccuper, préférant ignorer la noirceur et contempler la clarté actuelle. Non, il était bien, et pour rien au monde il n’échangerait sa place.

Bientôt, le guichetier ouvrirait ses portes et bientôt, il ferait ce qu’il aimait le plus : s’occuper des bêtes, sourire, ne rien dire, s’éclater en bonne compagnie, faire rire. Il déferlerait un cri de surprise en usant subtilement de sa mutation qu’il n’avait jamais considérer comme une malédiction et il oublierait la douleur passée, du moins jusqu’à ce qu’il ne retrouve les draps rêches de sa couchette grinçante sous son poids.