Ça ne faisait pas une semaine qu’il avait pris ses fonctions en tant que nouveau chef de ce poste de police, dans la glorieuse ville de New-York, et déjà il rencontrait des difficultés. Non pas avec les affaires en cours, en soi ça allait plutôt bien. Sauf une. Mais ça, c’est en grande partie dû aux problèmes de base que Gabriel rencontrait dans ce commissariat. Les deux agents principaux sur cette affaire ne semblaient pas prêts à travailler correctement avec lui. Dawkins et Grimshaw. Kelvin l’avait prévenu que ces deux-là étaient les éléments à surveiller sans avoir à trop s’en soucier en matière d’efficacité. Effectivement il avait vu leurs résultats et ils étaient excellents. Leurs méthodes…Surtout celle de Grimshaw à dire vrai, étaient une autre histoire. Bon, il ne dirait rien pour la simple et bonne raison qu’il aurait tendance à réagir comme lui : au diable les règles si on a un moyen plus rapide et plus sûr d’arriver au résultat. C’est pour cela qu’il savait pertinemment qu’il ferait toujours tout pour couvrir les hommes qu’il penserait méritant. Sans que l’on ne le remarque vraiment, cela allait sans dire. Sinon il allait droit vers une division interne dans l’effectif du poste et ça serait tout sauf productif.

Aujourd’hui commençait comme un jour comme tous les autres. Il arrivait plus tôt que la plupart des agents, sauf un qui semblaient faire beaucoup trop d’heures pour être sain mais il attendait d’avoir vraiment pris ses marques ici avant de commencer à jouer les papas poule (ce qu’il nierait toujours être devant l’adversité) avec ses hommes. Ensuite il prenait un café et allait revoir les dossiers que lui soumettaient ses agents. Il avait beau avoir accepté le poste pour sortir un peu de l’administration, il n’en sortait beaucoup plus pour autant vu que dans ses tâches, celle de vérifier les dossiers des affaires de ses hommes lui incombait totalement. Oh joy…Sauf qu’aujourd’hui ça changea un peu. Il avait passé une grande partie de la journée à relire des dossiers pour les remettre ensuite sur le bureau de la secrétaire et à écouter les briefings des retours de rondes dans la ville. Mais, en ce début de soirée, il y a une chose qui vint changer cette sorte de routine qui inquiétait quelque peu Gabe (la routine n’existe pas dans un poste de police à sa connaissance, ou alors les choses avait beaucoup trop changé depuis son époque) : on amenait en cellule un jeune homme. Ca, à la limite, c’est régulier – rien qu’aujourd’hui il en a vu passé quatre sans compter le dernier – ce qui l’est moins, c’est que ça semble être un habitué. C’est quand il demanda qui était ce type qu’on lui expliqua le tout. Clark Mercer, un jeune homme d’une vingtaine d’année qui se faisait embarquer au poste de police au moins une fois par semaine. Si bien que tout le monde ici le connaissait…Sauf Gabe. Eh bien, il était temps de changer cela.

Prenant une nouvelle tasse de café, le nouveau chef de police partit vers les cellules, bien décidé à rencontrer ce jeune homme. Arrivé à destination, il observa le jeune homme à l’intérieur de la cellule et dit, de son ton neutre habituel.

"Alors, de ce que j’ai cru comprendre tu es la terreur locale, c’est cela ?"

Un rien moqueur sur la fin, il devait bien l’admettre…

La soirée était encore jeune, venant à peine d’être entamée. Et pourtant Clark avait déjà trouvé le moyen d’aussitôt se mettre dans le pétrin, ou plutôt, chercher les problèmes. Il faut croire que son opposant avait les nerfs à vif, ou simplement avait-il la mèche bien courte… Il avait envie d’une bonne bagarre, et il l’avait enfin eu. Car à peine quelques moqueries et sous-entendus plus tard et la bataille fut enclenchée. Mercer avait réussi à rajouter cette dernière goutte qui fit déborder le vase, sa cible lui sautant dessus, avec cette envie rageuse de lui foutre la raclée de sa vie. De ce fait Mercer reçut le premier coup de poing, qui ne l’avait d’ailleurs pas manqué. Évidemment, il ne se fit point prier pour répliquer, n’ayant attendu que cela… Et voilà c’était partit les deux hommes se bagarrant sans grand ménagement, foutant le désordre dans ce bar, créant une forte tension. Des courageux avaient beau tenter de les séparer, il semblerait bien qu’il n’y avait rien à faire. C’était dangereux, et il voudrait mieux ne pas s’en mêler sous peine d’en sortir blessé. Il va s’en dire qu’appeler la police était la meilleure des choses à faire.

La routine habituelle quoi. Su moins cela l’était pour Mercer. La sécurité arrive, usant des meilleurs moyens pour les séparer et… Voilà que le blâme fut mis sur une seule et unique personne. En l’occurrence notre cher rebelle, le responsable de ce bordel, celui qui avait tout déclenché. Clark tenta en vain de se défendre, prétendant que ce n’était pas son problème si l’autre était à ce point susceptible. Il avait beau parler, mais ce cher policier qui l’arrêtait le connaissait assez bien… Ce pourquoi il ne l’écouta pas, ce pourquoi il lui enfila les menottes et l’obligea à embarquer dans la voiture. Direction le poste de police, pour une nouvelle soirée à passer enfermer dans une cage…  À endurer l’ennuie, et… Les douleurs qui émanaient de son visage. Il faut dire que l’autre ne l’avait pas manqué… Il avait le nez en sang, la lèvre quelque peu ouverte et ça sentait l’œil au beurre noir… Oh mais ne vous inquiétez pas, son opposant ne s’en était pas sorti sans rien non plus. Clark était tout de même un maître en la matière de la bagarre après tout…

Enfin, quelques minutes plus tard et les voilà arrivée à destination, l’abonné faisant son entré. Et comme toujours le mutant offrit de charmante salutation à la secrétaire, entrant dans sa cellule sans offrir la moindre résistance. À quoi bon, il allait y entrer de toute façon… Tout ceci, en ajout à quelques autres détails, laissant quelques indices que ce bonhomme était bien connu ici. Il était le petit habitué de Dawkins, l’abonné du poste de police, et encore… Il devait bien recevoir quelques autres titres sans aucun doute. Et un nouveau allait sous peu parcourir ses oreilles…

Clark n’eut droit à la solitude que quelques instants, le temps de s’installer comme bon lui semblait. La logique aurait été de s’assoir bien sagement et ordinairement, sur un petit banc prévu à cet effet mais monsieur préférait s’étaler en étoile contre le plancher. S’il était plus confortable pour lui alors soit. Il n’accorda pas la moindre attention aux pas qui se dirigeait vers lui, concentré à tenter de réduire les saignements de son nez. Puis les pas s’arrêtèrent non loin des barreaux, un regard se déposant sur lui qui ne détourna la tête qu’à l’ouïr de ses mots. D’autant plus que la fin de ceux-ci avait attiré son attention, y ayant décelé une pincée de moquerie à la toute fin.

La terreur locale…. Un nouveau surnom? Sarcastique semblait-il… Mais cela ne le fit que bien peut réagir notre Mercer, du moins en apparence. Il ne fit que lâcher un rire faux, braquant ses iris d’un gris anormal sur l’homme. Oh tiens… Une nouvelle tête? Il n’avait souvenance d’un jour l’avoir vu… Il connaissait tout le monde dans ce poste après tout.  Et tous le connaissaient aussi bien. Omis lui, cet inconnu qui avait décidé de l’approcher. Mais qui était-il? Quelle place avait-il donc dans cet endroit? Clark se releva sans presse, poussé par cette pointe de curiosité, décidé à aller faire face à  son… Visiteur, disons.

-La terreur locale…?

Il fut enfin sur ses pieds, marchant encore quelques pas avant de se coller aux barreaux, les doigts de ses mains enroulant ceux tout près de sa tête. Il afficha un air bien baveux, tentant de se faire quelque peu intimidant sur les bords.  Même s’il doutait fort que cette touche dans son expression n’ait un quelconque effet sur l’homme. Il embarqua quelque peu dans le jeu, répliquant à ces mots qui lui furent adressés.

-Oh mais vous n’avez encore rien vu…

Provocation? Évidemment que ce l’était. Oh mais il s’amusait, tentant de faire comprendre à quel point il ignorait de quoi il pouvait bien être capable… À quel point il pourrait mettre la merde si cela l’enchantait. Qu’il était capable d’offrir tout un spectacle. Il n’aurait qu’à lui lancer le défi, et c’était bien ce que Clark cherchait à avoir en prononçant de tels dires.  Et la moquerie fut de retour. Omis lui, c’était mille fois plus flagrant, il ne cachait absolument rien. Il était ainsi après tout. Et c’était toujours pire lorsqu’il s’agissait de la police. D’autant plus dans ce cas présent. On le cherche, il réplique, et puis voilà. Ce n’était pas plus compliqué.

-Et vous, vous êtes quoi hein? Le petit comique du poste?

A dire vrai, Gabe ne s’était pas attendu à voir le détenu dans une telle position dans la cellule, surtout en sachant quel genre de type y étaient passés avant lui – bien que le ménage ait été fait et bien, il y veillait. Mais bon, c’était l’autre type qui décidait de où il voulait attendre la fin de son enfermement, qui ne durerait que jusqu’à demain matin, sauf si quelqu’un venait le chercher. Il était bien amoché d’ailleurs le jeune homme. Bagarre à ce qu’on avait bien voulu lui dire, mais alors le chef de la police serait plutôt du genre à parier sur ceux qui avaient mis le petit dans cet état ; vu qu’eux n’étaient pas en prison. D’une part, et d’autre part, ils avaient franchement frappé fort à ce qu’il pouvait voir. Des raclées, il en avait donné et il en avait reçu pendant ses années sous couverture. Il savait reconnaître les blessures, les traces, les bleus. Ils lui racontaient une histoire, l’histoire de cette bagarre et presque du pourquoi du comment. Pourtant, ce n’était pas en ça que Gabe était intéressé ici, c’était en l’histoire de celui qui se trouvait de l’autre côté des barreaux. Pourquoi il était si connu du poste de police, quelle était sa prédilection ? Enfin, la première question était assez simple à répondre même sans participation active de l’autre.

En le voyant se levant, le chef le suivit des yeux ses mouvements, les sens en alerte et l’esprit prêt à trouver quoi faire en cas d’attaque surprise. Pourtant de l’extérieur il semblait toujours aussi détendu, une main dans sa poche de pantalon, une tasse de café de l’autre. Il ne cilla pas à l’air que lui offrit l’autre, allant même jusqu’à pousser le vice de hausser un sourcil mi-curieux, mi-sceptique à sa déclaration et de prendre une gorgée de café, calme et mesurée. Car s’il y avait bien quelque chose qu’était Gabriel, c’est calme. Peu arrivait à le faire sortir de ses gonds. Des coups de sang allaient et venaient, lui faisait hausser la voix de temps à autres, mais il n’a encore jamais été réellement en colère depuis qu’il était arrivé à la tête de ce poste de police. Ce qui n’était pas plus mal ; ils ne voulaient pas le voir en colère, sérieusement. Si de manière générale le Raith était plutôt calme et posé, sérieux et stricte mais impliqué et protecteur de ses hommes, il pouvait devenir une vraie pourriture si on le poussait à bout, sérieusement.

Puis la prochaine question tomba et Gabe eut un léger sourire amusé. A peine dessiné sur son visage, mais là tout de même.

"Je pense que pas mal de mes subordonnés ne seraient pas d’accord avec vous." Il posa sa tasse sur le bureau derrière lui et refit face au jeune homme incarcéré " Gabriel Raith, le nouveau chef de ce poste. Autant venir voir les légendes vivantes qui animent ce commissariat."

Et cette fois, il n’y avait pas de moquerie dans son ton, uniquement des faits.

L’homme avait bien fait de ne pas tant chercher à savoir le pourquoi, le comment, l’histoire de cette bagarre. Il n’y aurait certainement pas trouvé un récit des plus fascinants… Que simple moquerie, et envie de bagarre. Un trait bien connu chez Clark, il aurait pu y découvrir cette autre facette de son caractère. Quoi que définitivement, il n’en avait pas tant de besoin, c’était plutôt évident…  Avec son petit air de défi, de provocation et son visage dans un pareil état… Nul doute qu’il s’agissait là d’un accident à bicyclette…. Évidemment. Hum.

Enfin, il avait eu beau tenter d’inciter l’homme pour lui montrer ce dont il était capable, ou ne serait-ce pour voir une quelconque réaction… Il n’eut droit qu’au parfait calme de ce dernier. Certes, un sourcil relevé, un bien mince sourire en coin mais… Ce n’était presque rien ça. Il faut croire que Clark n’avait pas devant lui le meilleur spécimen à faire réagir… Bien malheureusement pour lui, sois dit en passant. Cette réalisation ne semblait pas tant lui plaire, ou plutôt le décevoir, son air se fana quelque peu, pour laisser un petit ''dommage…'' sur son jeune visage. Meilleure chance la prochaine fois peut-être? Car il va s’en dire qu’il reviendrait un jour à la charge, ou peut-être tantôt, ou peut-être pas qui sait? Seulement voilà, rien ne semblait être perdu aux yeux de Clark, lui qui venait de découvrir une nouvelle source de défi. Trouver le moyen de provoquer cet homme, lui arracher une magnifique réaction. Enfin… Ce n’était qu’une simple idée, un songe passager.

Une chose était bien certaine, ce n’était pas Mercer qui allait se faire subtil, ou encore nuancer son sourire et court rire amusé à la réplique de l’homme, tous deux se renvoyant la balle du sarcasme. Il ne pouvait renier à celui-là qu’au moins, il savait embarquer un peu dans ce léger jeu. Dont il venait en quelque sorte d’y mettre fin, se présentant à lui tout en lui offrant ce qu’il jugea de compliment. Et un véritable, pour cette fois.

Mercer, garda le silence quelques secondes, filtrant, emmagasinant cette nouvelle information. Il semblait analyser d’un tout autre œil l’homme, perplexe face à cette nouvelle. Kelvin n’était donc plus à la tête, remplacer par ce nouveau type. Il avait beau être un habitué, il n’avait pas été mis au parfum de ce changement…. L’appréciait-il? Ou alors le contraire? Eh bien à votre grande surprise il se trouva qu’il n’en avait rien à faire. Enfin presque… Car il s’était tout de même habitué à cette ancienne tête, et le voilà qui devra s’habituer à cette nouvelle. Nous verrons bien ce qui en ressortira.  

-Inutile de me présenter je suppose. C’est pas comme si j’avais un dossier gros comme une encyclopédie ici… J’dois bien être rendu à avoir mon propre tiroir de classeur… Enfin je suppose que j’y arriverais bien un jour…

Et il en était bien fier, c’était ça le pire. Tout comme l’était-il d’annoncer qu’il n’avait pas tort de lui donner ce surnom. La légende vivante oui, qui restait parfois tranquille, ou qui animait ce poste, devenant un être insupportable aux yeux et oreilles de certain il s’en doutait bien. Mais ça, il le garda pour lui. Il lui ferait certainement un jour cet honneur de lui montrer… Mais pas aujourd’hui, il n’était pas tant d’humeur, remercions la douleur qui émanait de ses blessures, plus particulièrement de sa lèvre fendue qui l’empêcherait de trop parler, ou faire autre chose…  Et le voilà qui revenait sur le sujet, tout de même curieux de comprendre et savoir le pourquoi de la disparition de Kelvin.

-Il est arrivé quoi avec l’autre hein? Trop vieux pour continuer?

C'était vraiment un drôle de spécimen que Gabe avait en face de lui. Drôle, mais bien connu. Sarcastique, caustique, provocateur, bagarreur (oui, oui le nouveau chef de la police avait deviné le pourquoi du comment des blessures du jeune homme, pour en avoir reçu pas mal lui aussi dans sa jeunesse), j'en passe et des meilleures. Le profil type du trouble fait qui ne s'arrêtait pas quand il se prenait un blâme. Un besoin presque chronique de créer le chaos. Les raisons qui poussaient ce gens à le faire étaient diverses. Envie de créer le chaos par pur esprit sadique, envie d'emmerder les mœurs de la population bien pensante, un besoin d'adrénaline, un besoin d'attention...Il savait tout cela et même s'il serait probablement capable de deviner la raison de Clark, il ne le ferait pas; ce n'était pas son job et il n'était pas là pour tenter à tout prix de le remettre sur le droit chemin. Ça, c'était l'affaire de toute personne ayant la charge de ce gosse. Qui n'en n'est plus tout à fait un par ailleurs mais on ne va pas chipoter que les mots. Le manque de réaction de Gabe face à sa provocation donna presque envie de rire au policier. Et oui, il avait l'habitude de réactions plus visibles, plus jouissive quand on est un fauteur de trouble notoire. Il imaginait seulement ce que l'agent Grimshaw ou Dawkins avaient pu lui offrir comme réaction chacun à leur manière. De très bons éléments malgré tout, même si infiltrés ils ne feraient pas long feu. Mais ceci est pour une autre fois.

"Un dossier épais, ça c'est sûr. Bien que notre secrétaire s'efforce de compresser un maximum d'information que une seule page afin que tu ne prennes pas trop de place dans ses tiroirs. Je me demande ce qui la pousse à faire ça d'ailleurs..."

Il jouait l'ingénu, mais il avait très bien vu la façon qu'avait eu Mercer de saluer la secrétaire et la réaction de cette dernière. D'ailleurs, le sourire amusé qu'il arborait montrait bien à son captif que son acharnement pour une cause perdue le faisait bien rire. Enfin, il pouvait volontiers lui reconnaître qu'il était têtu et tenace. Deux traits de caractères qui avaient tendance à lui plaire chez les gens. Ne croyez pas pour autant qu'il ferait ami-ami avancé ce jeune homme. Un compagnon de boutade tout au plus. Pourtant, il remarqua la lueur décidée dans les yeux de l'autre; il avait décidé qu'il arriverait à quelque chose avec Gabe. Quoi, ça le chef se posait déjà la question mais se dit que de toute façon, qui vivra verra. La question qui suivit le prit un peu de court, lui qui ne s'attendait pas à ce que la raison du départ de son prédécesseur ne l'intéresse vraiment. Il avait fait une erreur de lecture ici; il n'était pas juste un visiteur du poste; il avait vraiment une place à part entière. Un peu comme le poivrot chronique qui passe les 3/4 de ses nuits à cuver dans la cellule appropriée. En plus glorieux dans le cas de Clark. Reprenant une gorgée de café, il prit ensuite le temps de lui répondre.

"Kelvin a pris sa retraite après près de cinquante ans de bons et loyaux services, effectivement. Il voulait profiter de sa famille." il observa une seconde de plus l'homme en face de lui "Est-ce que tu veux un verre d'eau? Ne serait-ce que pour nettoyer tout ça? Parce que, je ne vais pas te mentir, c'est pas joli à voir."

En soi, il se fichait bien de la tronche que pouvait avoir l'homme en face de lui; il s'était fait ça presque tout seul, alors bon...mais il n'était pas sans cœur et à voir la mine qu'il tirait, ça n'était pas des plus agréable...

Créer le chaos… Il fallait bien qu’il l’aime, qu’il ne fasse qu’un avec lui. Autrement il ne serait jamais ici, et les mots calme et tranquillité serait inscrit dans les pages de son propre dictionnaire. Chose qui n’était pas le cas, lui qui pouvait parfois si aisément se transformer en une tornade, qui détruisait tout sur son passage. Ou plutôt l’ignorait-il et se contentait de faire ce que bon lui semblais. Il y avait une chaise sur son passage? Oh mais c’était à elle de ne pas être la voilà tout. Drôle de manière de penser je le sais bien mais c’était du Clark ça. Mais pourquoi était-il ainsi? Ou alors comment était-il devenu l’être qu’il était aujourd’hui? Il faut croire que lui-même avait depuis longtemps abandonné l’idée de s’analyser, de se comprendre. Ou alors ne le voulait-il tout simplement pas? Du moins une chose était certaine, Mercer était un être du genre complexe, peut-être mystérieux aux yeux de certain, et dont le mot passé tentait d’être oublié, ou du moins jamais prononcé. Alors heureusement pour Gabriel qu’il ne tenta pas de savoir le pourquoi du comment, certainement finirait-il peut-être par s’y perdre, ou du moins passer bien du temps avant d’enfin comprendre.

Pour ce qui était de la provocation par contre c’était plutôt claire. Mercer aimait créer des réactions, voyant toujours le tout tel un amusement. Il faut croire qu’il avait attrapé un bon poisson, fait de James une bonne cible à agacer, à tester sa patience, n’attendant presque avec impatience que ce  jour où il allait enfin craquer. Tout comme cette chère secrétaire. Qui avait droit à des salutations de sa part à chacun de ses passages, et ce, sans exceptions. Ô certes, elle ne réagissait pas tant que cela, ne daignant même pas de le regarder, tout en lui lançant parfois ses fameuses répliques qui lui laissait comprendre son état de marbre, tout en l’intimant à poursuivre son chemin vers les cellules. Dans un cas comme dans l’autre, il était bien au courant qu’il n’avait pas la moindre chance. Mais du type têtu, il ne lâcherait pas le morceau de sitôt. Oh non, il ne se nourrissait pas de faux espoirs, seulement savait-il qu’il agaçait, et il adorait cela. Autrement il se verrait s’ennuyer presque à mourir sans ces petits instants de distractions.

D’ailleurs cette nouvelle le fit bien rire, savoir que sa secrétaire adorée faisait tout son possible pour réduire son envahissement dans ses tiroirs. Ah tiens, d’une manière ou d’une autre il lui donnait du fil à retordre, en quelque sorte plus de travail et d’efforts. Il opta pour un air quelque peu charmeur, semblant faussement étonné voir sarcastique sur les bords.

-Ooh…. Vraiment? C’est pas plutôt car elle aime bien jouer dans mon dossier?

Il trouvait toujours le moyen d’exhiber un autre sens, celui qu’il voulait bien. Car bon, dans un sens, elle devait bien passer plus de temps pour compresser les informations plutôt que de simplement glisser les nouvelles feuilles dans son dossier.  Enfin, évidemment que ce n’était pas cela, encore une fois faisait-il mine du contraire. Avant d’enfin apprendre la raison du départ de Kelvin, alors la retraire en était la cause, ainsi que cette envie, ce besoin de passer du temps avec sa famille. Dires qui vinrent calmer quelque peu notre jeune homme, ce dernier lâchant un bien bref « Oh…Il fait bien. Enfin je suppose. » sans chercher à plus s’étendre sur le sujet, comme si le sujet l’eut tôt désintéresser. Peut-être qu’une simple illusion donné, ou un vouloir de ne pas plus en discuter simplement. Enfin, il ne comptait pas refuser cette offre donnée, pas contre cette idée de se nettoyer ou du moins avoir un sois disant de soulagement. Parce que bon, il s’en fichait éperdument de ne pas avoir une belle gueule. Mais…

-Je te prendrais bien de l’eau à l’état solide. Plutôt. Sinon j’ferais avec le verre d’eau…

Il avait vraiment du répondant ce gamin, Gabe aimait ça. Certes, c'était du répondant un peu gamin et juvénile sur les bords mais il était encore jeune, malgré tout ce qu'il pourrait protester si le policier lui répondait cela. Comme tout jeune gens à cet âge précieux qu'est la vingtaine, il refusait de croire qu'ils étaient encore jeunes et considérait les personne de son âge à lui comme des vieux presque déjà croulants. Ça l'amusait beaucoup par ailleurs. Cette façon qu'avait la société de se mentir à elle-même, de croire des choses qui ne sont que des mythes et d'enfouir moins les vrais problèmes de société (ou même leur simple problème ménagers). La société était la plus grande des hypocrites et lui n'était pas mieux. Menteur par obligation, chieur-né, incapable de suivre un règlement à la lettre s'il en faut. En fait, si on y réfléchissait bien, Clark et lui n'était pas si différent dans le fond. A la différence près que l'un avait appris à mettre ces défauts, aux yeux de bons gens, au service de la communauté alors que l'autre s'amusait à perturber cette dire communauté. Ils étaient des antithèses parfaites. Ou presque. Et ce qu'il allait dire pourrait lui valoir des reproches lourd de la part de sa secrétaire, mais tant pis. Si elle savait exactement ce qu'il en était, elle n'avait pas à s'en faire, d'autant plus que Clark semblait être du genre têtu, alors un peu plus un peu moins ça ne changerait pas grand chose.

"Je ne prétends pas connaître l'esprit de Mlle Heargrave. Ce qui est sûr c'est qu'elle nous permet de faire des économies de papiers à vos dépends."

La réaction que Gabe reçut en expliquant pourquoi Kelvin était parti l'étonna. Il s'était attendu à une nouvelle pique, une nouvelle remarque sarcastique sur le vieux Kelvin ou sur lui-même, mais pas à cela. Pas à ce qu'il semble refroidi par ces propos. C'était étrange à voir. Qu'est-ce qui l'avait fait tiquer au juste? Lui dire qu'il avait pris sa retraite? Non, il avait été le premier à parler de départ et ça semblait même l'amuser. Le fait de réaliser que c'était vrai et que, par conséquent, une habitude allait être briser ainsi? Non. Il n'était pas plus une créature d'habitude qu'un enfant sage (hormis cette habitude de se retrouver au poste). Serait-ce la notion de famille? Possiblement. C'est ce qui semblait la réponse la plus probable, et Gabe aurait bien poussé un peu le sujet, sans en avoir l'air, histoire de pouvoir en apprendre plus de ses réactions mais il n'en n'eut pas l'occasion. Il acceptait son offre d'eau, demandant même de la glace. Gabe eut un léger rire, à peine dans un souffle.

"N'espères pas en demander trop; ce n'est qu'un poste de police ici. On doit déjà lâcher toute notre ingéniosité pour faire un café potable, alors de la glace? Si seulement. Mais je t'apporte ça."

Aussitôt dit, aussitôt fait, Gabriel partit aller chercher un verre d'eau. Et un peu d'essuie-tout.  Histoire de dire. Il se reçu au passage des regards curieux, d'autre réprobateurs...Des regards qui se demandait dans quel but il faisait cela. Car ici il devait forcément y avoir un but à chaque action qu'il faisait semble-t-il. Rien ne transparût sur son visage, sauf un message disant "retournez au travail au lieu de jouer les commères" en direction de certains de ses agents clairement trop curieux. Il reçu même un soupir agacé de la part de la secrétaire. Elle ne l'aimait vraiment pas ce Clark. Il revint, et passa le tout par les barreaux de la cellule. Certains diraient que ce n'était pas prudent de laisser un bout de soi dans une cellule, mais que Clark tente quelque chose, il verrait ce qui lui arriverait.

"Voilà. Pas le meilleur mais le mieux que l'on puisse faire ici."

Oh mais certes ce genre de réponse était plutôt gamine… Mais Clark restait un grand gamin après tout, autant parfois dans ses agissements et bêtises que dans ses façons de répondre ou tout simplement parler. Rien d’immature cela dit, n’allez pas imaginer des choses. Enfin ce n’était pas une chose très caché chez lui, car il fallait bien avec un côté gamin pour autant faire de mauvais coup, vouloir autant défier les règles, et se foutre de tout. Il était loin d’agir en adulte responsable, malgré ses 23 ans. Il n’en avait rien à faire des responsabilités, n’ayant rien signé lui. Il semblait les éviter, ou alors les ignorer, menant sa vie comme bon lui semblait, sans plan ni avenir, sans prendre la peine d’y penser, vivant jour le jour sans plus se soucier du lendemain. Mais peut-être tentait-il de fuir autre chose aussi, ou refuser…  Il était un être plutôt complexe, une définition en lui-même comme dirait certain. Peut-être pour éviter de trop chercher à le comprendre, à analyser la raison de ses agissements, de sa tournure  du présent. Mais tout ceci était une autre histoire.  

Pour l’instant le voilà enfermé dans une cage, et ce jusqu’au lendemain, ne s’emblant pas s’en préoccuper plus qu’il ne le fallait. Il n’en était pas pour autant heureux d’être ici, mais il savait bien qu’il devait payer pour ses bagarres et la merdre qu’il créait, petite boule de chaos qu’il était. Chose qu’il n’était pas pour le moment, plutôt calme, voir plus docile. Il voyait, tentait quelques coups mais sans plus. Et puis il faut dire que cet homme n’était pas tant détestable, ce dernier ayant de nouveau réussit à lui arracher un sourire avec la secrétaire. Ce type semblait savoir comment l’amuser en tout cas. Malgré les faibles démonstrations, cela ne voulait rien dire au fond. Il ne fallait pas tant se fier aux apparences, ce n’était pas car nous semblions froid que nous l’étions. La preuve était plutôt là non? Gabriel lui ayant offert un verre d’eau, alors qu’il aurait très bien pu ne pas le faire et le laisser se débrouiller seul avec sa tronche mal amoché. C’était déjà très bien, mais évidemment Clark s’essayait toujours à demander ce qu’il voulait.

Mais il ne l’aurait pas, simplement car la glace ne semblait pas exister ici, tout comme le bon café. De quoi faire rigoler notre Mercer. Bah, il n’avait rien perdu à essayer de demander, il ferrait avec ce qu’il aurait après tout. Il n’était pas bien difficile. C’était déjà plus que bien qu’on lui apporte ce verre d’eau, les gens ici ayant cette forte tendance à le laisser sécher dans sa cellule, sans rien lui apporter pour au moins qu’il nettoie ses blessures et aie l’air un peu plus présentable. Cet homme lui apportait de ce fait même une fleur. Comme dirait cette expression. Certainement le comprendrait-il, avec ces regards posés sur lui, certains intrigués, et les plus en contact avec Clark; réprobateurs. Évidement. Il était loin d’en être bien surpris. Et malgré ce fameux dires du métier, il serait bien de souligner que Mercer faisait partit des grandes exceptions. L’homme aurait pu ouvrir la cellule et y rentrer, qu’il serait resté, là et bien docile, sans tenter de s’échapper. Peut-être car il en avait l’habitude, ou alors car il savait qu’il devait payer pour cette nouvelle bagarre qu’il avait déclenché. Pas comme s’il s’obstinait à dire ou croire qu’il ne faisait rien de grave, bien au contraire…. Toujours est-il que Clark ne comptait que prendre ce qui lui était donné, s’amusant tout de même, juste un peu…

-On aime vivre dangereusement?

Puis il prit tout simplement le verre et les essuie-tout, prenant une voix de charme en soulignant à l’homme qu’il avait de jolies mains, terminant son jeu d’un rire. Avant de s’éloigner des barreaux, retrouvant son plancher tant aimé.

-C’est déjà beaucoup vous savez…

Il ne dit pas plus, pas de remerciement ni rien, du moins rien de directe, ses mots étant ses derniers. Ils laissaient aussi passer ce message qu’il appréciait ce geste, le remerciant à sa manière, en quelque sorte, en soulignant la ''grandeur'' de son geste. Ne comptez pas sur lui pour un jour dire un véritable m-e-r-c-i…. Enfin, Mercer était simplement ainsi. Tout comme tant de choses que Gabriel découvrirait tôt ou tard sans le moindre doute…