♣ Caroline pouvait se permettre de ne pas vraiment écouter en classe. Et elle usait actuellement pleinement de ce droit. En effet, elle possédait quelques... facilité d’apprentissage. Elle se trouvait actuellement en cours de mathématique, et somnolait rêveusement sur sa table. Son professeur parlait d'une voix monocorde sur un sujet dont elle ne se souciait pas vraiment (les fonctions ?). Les autres élèves essayaient tant bien que mal de déchiffrer les paroles énigmatiques du prof, qui écrivait des formules compliquées sur le tableau. Caroline les regarda, amusée. Elle n'avait qu'à relire sa leçon une seule et unique fois pour la savoir sur le bout des doigts. Pas besoin donc de se fatiguer pendant ses heures de classe.

Il faisait particulièrement chaud pour une matinée de février, et ce n'était pas des conditions très désagréables pour piquer un petit somme sur sa table. Elle déplaça ses cahiers et croisa les bras sur sa trousse afin de se caler pour fermer les yeux. Malheureusement pour elle, son repos ne fut pas de très longue durée. A peine eut-elle le temps de commencer à plonger dans le fin fond de ses pensées que la voix de son prof la rappela durement à la réalité. Elle fut menacée de prendre un avertissement pour "nonchalance" - ce qui ne la tentait pas vraiment -
si elle ne se redressait pas sur le champ. Caroline obtempéra donc en soupirant. C'était raté pour la sieste des mathématiques. Elle la reporterait donc sur l'heure de littérature.

Forcée de rester éveillée, la fin de l'heure passa à une lenteur insupportable. Lorsque la sonnerie retentit enfin, c'est avec empressement que Caroline plia ses affaires. Elle se fit une dernière fois sermonner par son prof, qui trouvait que son attitude s'était "dégradée" depuis le début de l'année scolaire.

«J'espère que vous n'oublierez pas ce que je vous ai dit, sinon, je me verrai forcé de sévir !»

Une chose était sûre, c'est que non, elle ne l'oublierai pas. Elle ne l'oublierai jamais d'ailleurs. Pas moins dans trois mois que dans trente ans.

Heureusement pour elle, elle n'était pas confronté à la masse d'information qu'elle possédait 100 % du temps. Elle essayait, dans la mesure du possible, de ne pas trop penser en détail à des périodes de son passé, sans quoi trop d'information lui revenaient en mémoire, et sa tête se mettait à lui tourner violemment. Peu de personnes connaissaient son secret. Seules quelques unes de ses amies, qui avaient trouvé étrange qu'elle se souvienne de toutes leurs conversation au mot près étaient au courant du "don" de Caroline.

Au début, elle pensait qu'elle était la seule dans son cas, mais une lettre, arrivée quatre jours plus tôt avaient remis en cause toutes ses certitudes. La lettre, elle aurait pu vous la réciter, et ce, même si elle n'avait pas eu de super mémoire. Elle l'avait en effet parcourue une bonne dizaine de fois, tant elle était incrédule. Elle racontait, à peu de chose près, qu'elle avait été reçue à l'institut Charles Xavier, une école pour les surdoués. Elle avait eu beau fouiller dans sa mémoire, elle ne se souvenait pas du tout avoir envoyé une lettre afin de s'inscrire dans cette école.

Et puis il y avait aussi eu ce fameux Charles Xavier, qui l'avait contacté pour lui expliquer qu'elle était différente des autres. Au début, Caroline n'avait pas voulu croire qu'elle était une mutante, comme dans les histoires d'horreur, mais elle fut vite forcée de se rendre à l'évidence ; qui d'autre possédait une mémoire comme la sienne ? A partir de ce jour, elle avait décidé de finir son trimestre dans son école, avec ses copines, puis de partir pour aller s'installer à l'institut. Ses amies lui manqueraient beaucoup, mais elle vivrait probablement d'autres aventures existantes au côtés des autres "mutants".