♣ Où suis-je? Tout semble si atténué ici que je ne suis même pas sûr de pouvoir reconnaître quels mouvements sont mes mains et lesquels proviennent de l'infirmière qui vient me faire des injections de je ne sais trop quoi. Des bêta bloquants peut-être...En tout cas je suis certain que c'est couplé avec des sédatifs. Ce qui n'est peut-être pas plus mal. Mais ils ont raison; sans ça, je me serais déjà échappé depuis un bout de temps. Là, mon pouvoir ne me sert à rien, je n'ai que la possibilité de dormir - comater serait plus juste - ou bien d'observer le mur en face de moi sans vraiment le voir. On m'aurait fait une lobotomie que ça n'aurait pas été bien différent dans les effets concrets. De quel pouvoir je parle? Oh, c'est vrai, je n'ai pas tout expliquer. Je m'appelle Jonathan Artwood et je suis un mutant. En captivité. Détenu par la CIA. Et je peux traverser les murs. Amusant, comme ceux qui sont sensé protéger le peuple de ce beau pays (pardonnez l'ironie) sont les premiers à mettre ses habitants en cage. Mais, selon un des hommes qui m'interroge et qui expérimente sur ma pauvre carcasse: "Vous mutant n'êtes plus humain, la constitution ne s'applique donc pas à vous." Charmant. Ça fait toujours plaisir de se sentir apprécié dans sa patrie natale. Le pire dans toute cette histoire? C'est que j'étais, avant tout cela, un homme en somme tout à fait calme et civilisé, un homme qui n'avait rien demandé à personne et qui se sentait très bien dans sa petite vie et son travail de libraire à Philadelphie. J'avais même des amis qui s'inquiétaient que ma vie sentimentale ne soit trop calme. Et pourtant, alors qu'il y a des dizaines (oui j'étais du genre optimiste) de criminels qui mériteraient d'être à ma place, me voilà, attaché à un lit type lit d'hôpital, avec des gens qui m'interrogent tous les jours et d'autres qui font attention à ce que je ne meurs pas trop vite.

Mais ce calvaire allait prendre fin ce soir. Depuis plusieurs mois déjà je travaille l'infirmière préposée aux injections pour qu'elle réduise les doses. J'ai réussi, dans une certaine mesure, elle a réduit la dose de ce qui bloquait mon pouvoir. Après, je n'ai plus eu qu'à m'entraîner, à renforcer mon pouvoir du mieux que je pouvais. J'ai attendu que les sédatifs ne fassent plus effet et, désolé pour elle, mais l'infirmière n'a pas compris d'où venait le coup qui l'a assommé. Autant dire que je n'étais pas très réveillé mais au moins j'avais assez de facultés mentales pour avancer à travers les couloirs en essayant de trouver le chemin vers la sortie. Même si l'infirmière n'a pas donné l'alerte tout de suite, elle a fini par alerter les gens. M'échapper devint une vraie chasse à l'homme; mais j'avais mon pouvoir pour m'aider. Dire qu'à sa découverte mon pouvoir m'avait donné des crises d'insomnies tant j'avais peur de passer au travers du plancher par inadvertance.

Ce ne fut ni simple, ni rapide, mais grâce à mon pouvoir, je suis arrivé à sortir. Par contre, la grande question est où je suis...