Cher journal,

Je ne savais même pas comment appeler ce stupide bouquin que je tiens là dans mes mains. Puis pourquoi je dois mettre « chère » d'abord, je n'ai pas besoin d'être polie avec toi, t'es qu'un objet ridicule sur lequel j'écris mon histoire. Pourquoi ? Parce que l'écriture me manque, mais tu dis quelque chose je t'envoie valser dans les aires et même les martiens ne te trouveront pas, compris ? Bon j'ai compris, je deviens folle en écrivant cela, hein ? Ok, j'imagine que si un jour quelqu'un vient à me lire il se dira : « mon Dieu ! Elle était cinglée ! » Et il aura raison.

Tout a commencé le jour de mon anniversaire pour mes 6ans. Comme il faisait beau ce jour-là, mes parents avaient décidé d'inviter du monde à la maison, mes « amies ». Je me battais souvent avec ces filles parce qu'elle étaient jalouse de moi, j'étais la favorite du professeur, oui déjà petite j'attirais les garçons ! Bref, je suis rentrée chez moi, toute recouverte de boue parce que j'étais tombé à vélo et pendant que j'enlevais ce stupide casque Barbie de ma tête, mes parents et les invitées sont sorties de la penderie un gâteau dans les mains en me chantant « joyeux anniversaire ». En colère parce que ma pire ennemie était là, j'ai crié à quel point je les détestais tous autant qu'ils sont et mon premier champ de force est sortie de moi. C'était une sensation étrange, comme si on vous retirez brusquement une couverture, vous avez soudain froid, ou bien comme lorsque vous sortez de l'eau, il y a un courant d'air et vous avez des frissons. Voilà ce que j'ai ressentis lors de mon premier champ de force et c'est encore le cas aujourd'hui.

Après ce petit épisode, ma famille et toutes mes « amies » me rejetèrent, j'étais différente, quelque chose de pas qualifiable... Ils m'ont laissés là, dans la rue, il commençait à faire tard et je me suis dirigée n'importe où tant que ce n'était pas vers mon ancien « chez moi ». Je suivais, la route, les voitures, en espérant que quelqu'un me voit, me remarque et se demande : « tiens ? Elle est seule ? ». Mais personne n'est venue, j'étais une brebis égarée sans nul endroit où aller. J'ai passé ma première nuit seule dans un coin reculé de Central Park, je n'avais rien à manger, ni rien à faire à part rester là à regarder le temps passer.

Je me suis donc assise sur le banc, une vieille canette de coca traînait là, pour « tester » ce que je pouvais faire j'ai tendu mon bras vers l'objet en question et... Rien. Je me suis concentré comme lorsque je devais faire des maths à l'école et là, ça y était, la canette volait dans les airs. Je la regardais tombée sur le sol toute contente de moi en me disant que j'étais magique.

Bien plus tard j'ai su que ce qui m'était arrivée, était dû à une mutation génétique. Cela ne me dérangeait pas, j'étais différente, un modèle unique que tous les humains enviaient quelque part... Je les hais les humains, bien entendu à vous rejeter comme ils le font si facilement, mais il existe des gens bien. Je pense notamment à ma famille d'adoption, celle qui m'a recueillit lors de ma troisième nuit dehors. C'est une famille comme il devrait y en avoir, compréhensive, sans peur... C'est pour ça, malgré toute la haine qu'ils peuvent m'inspirer je vis à leurs côtés en me disant : peut-être, parmi ces personnes, il y a quelqu'un de bien, qui peut me comprendre...

Nésia.

(Ah oui, même si tu ne peux pas parler journal, ne m'appelle pas par mon prénom. C'est ma maman adoptive qui m'a donné ce surnom et je le préfère à mon vrai prénom, car au moins : il reflète qui je suis vraiment.)