Assise dans le train, sa valise posée sur ses genoux, elle n'avait pas eu assez d'argent pour s'en acheter une dans un meilleur état, ce vieux cuir usé avait eu raison d'elle et le charme rétro qu'elle lui avait trouvé l'avait poussé à l'acheter. Alexis fixait le décor filait à toute allure, elle se demandait encore pourquoi elle avait accepté de déménager une fois de plus. Sa vie entière tenait dans une valise, plus aucune attache depuis au moins trois ans, Alexis passait son temps à fuir sa propre ombre. Lorsqu'enfin son train arriva en gare, elle sortit d'un pas mal assuré de son wagon tentant tant bien que mal de se frayer un chemin parmi cette foule. Les rues de New York étaient pleines, trop pleine au goût de la jeune femme de 19 ans et quand elle essayait de demander son chemin on l'ignorait. Par chance elle réussit à arrêter un taxi, d'une main tremblante elle chercha frénétiquement dans sa poche un petit bout de papier contenant une adresse écrite d'une jolie écriture. Défroissant le papier tant bien que mal elle le tendit au chauffeur.

- Je... je dois me rendre à cette adresse.

Considérant un instant sa requête, il la dévisageait, son regard semblait pouvoir tout savoir sur elle, gênée, elle baissa la tête sentant ses joues devenir rouge, puis cette voix rauque l'interpelle, timidement elle relève avec peine la tête et range le petit papier dans sa poche.

-Aller, monte ma petite, je t'emmène jusqu'à destination !

Le gratifiant d'un franc sourire, elle entra dans la voiture posant sa valise à ses côtés. Alexis ne saurait dire combien de temps le trajet dura, bien trop occupé à contempler le paysage glisser sous ses yeux, elle songea à sa vie d'avant, avant que ce don ce manifeste avant l'incendie de sa maison en France, puis l'arrêt brutal la voiture la ramène à la réalité. Le chauffeur jusqu'à lors silencieux vient à lui dire le montant de la course, Alexis cligne des yeux, prend dans la poche de sa veste un portefeuille qui lui aussi a bien vécu, elle l'ouvre avec précaution et soudain sa pauvreté la gêne et la rend terriblement triste, lorsqu'Alexis relève la tête avec cette expression grave, elle se rend compte que le chauffeur a ce même air sur son visage. C'est comme ça que son apathie se formulait le plus souvent, ce qu'on lui avait dit être un don semblait plus un handicape pour la jeune fille. Le contrôler, elle avait tant de fois essayer seule, mais sans grand succès. Cette école lui avait-on dit pourrait l'aider. La voix du chauffeur la fait sortir de ses songes.

-Bon, ça va pour cette fois gamine, tu peux y aller.

Alexis souffla un simple merci et s'empressa de sortir de la voiture avant que le sentiment de compassion qu'elle avait fait naître chez l'homme ne disparaisse. Elle veut aller si vite qu'elle manque de tomber en trébuchant sur les graviers. Puis soudain, elle est frappée par la beauté de cette dite école, le souffle coupé, elle songea qu'il s'agissait plus d'un château que d'une simple école pour les gens de son rang. Les battements de son cœur s'accélèrent, sa main se crispe un peu plus sur la lanière en cuire de sa valise. Emplit de doute, elle se résigne à avancer, la pensée que l'école est payante lui effleure l'esprit, mais d'un mouvement de tête négatif, elle chasse cette idée qui la terrorise.