~|LE COMMENCEMENT|~Continuant de sourire à Joshua, son amie de si longue date, Robert ouvrit la porte de la chambre. Lui faisant signe de le suivre, il descendit l'escalier pour arriver au rez-de-chaussée. Son regard se portant ici et là, comme à la recherche de quelque chose, de quelqu'un, à première vue il ne trouva pas ce qu'il cherchait. C'est alors qu'il entendit une voix. Quelqu'un parlait tout proche et cette personne, qui ne pouvait être que son père, s'adressait apparemment à quelqu'un ou bien peut-être au vide puisque tous les mots qui se disaient ne sortaient que de sa bouche. Peut-être Noah était avec lui? S'approchant tranquillement du salon, comme s'il ne voulait pas qu'on le surprenne à espionner, il écouta à travers la porte fermée.
*Oulà, s'il parle à Noah, c'est clair que ça va pas bien se passer. Mais qu'aurait-il donc fait pour mériter le courroux de mon père?*, se demanda-t-il
Depuis le temps qu'il connaissait les Smiths, il savait que le jeune homme était le mouton noir de la famille, mais ce n'était pas le genre à faire enrager autant Gabriel Marshall. Si ce dernier avait voulu cacher sa frustration du moment, c'était raté. Écoutant plus attentivement, le jeune garçon de quatorze ans qu'il était put en apprendre un peu plus long sur la nature de la chicane en cours... et quelle déception fut la sienne en découvrant que c'était avec sa mère que son paternel ne s'entendait pas. Il aurait pu se tromper, mais il n'y avait pas de doute; des Lucy il n'en connaissait pas beaucoup et, lorsque les mots ''chérie, c'est ton fils aussi'' se faisait entendre, il était clair que ce ne pouvait être qu'une seule personne.
Ne pouvant pas rester une seconde de plus, Robert sortit rapidement de la maison pour se retrouver juste devant à l'extérieur. Levant la tête vers le ciel et fermant les yeux, il prit une grande respiration. Lui qui pensait qu'entre eux deux ça allait beaucoup mieux, mais non, ça n'avait été que subterfuge et le voyage ici entre père et fils qu'était-ce donc alors? Son père comptait-il avoir sa garde ou plutôt s'enfuir avec lui de gré ou de force? Hmmm... il n'en savait trop rien, il ne voulait pas le savoir, il ne voulait plus rien savoir... ni penser à rien.
*...*, aucune pensée
La pluie ruisselait sur son visage et le ciel toujours aussi mauvais que ce matin. Y avait-il vraiment eu une éclaircie entre le moment où il était entré et maintenant? Il l'avait cru lorsqu'il avait apprit que Joshua allait venir. En parlant d'elle, elle était là à ses côtés sous le porche. Elle l'observait tranquillement. Essayait-elle de lire en lui? Si d'habitude elle y arrivait souvent, ces derniers temps c'était quelque peu différent. Ces derniers temps, il n'était plus vraiment lui-même et ce n'était pas juste de la faute de ses parents dont les chicanes étaient quelque peu présentes de son quotidien. S'approchant de la jeune fille, il décida de lui sourire ne sachant quelle autre expression adopter.
-Ça va aller?, demanda-t-elle
''Ça n'a jamais été mieux qu'aujourd'hui.'', répondit-il après avoir jeté un coup d'oeil sur la fenêtre du salon
-Tu...''Pars avec moi, là, tout de suite. On plie bagage et on s'en va vivre notre vie loin de tout ce que l'on a connu.'', dit-il en coupant sec son amie
Qu'était-il en train de dire, de faire au juste? Il était bien trop jeune pour partir ainsi comme ça, mais il en avait assez de tout ce qu'il connaissait. Même si Smallville faisait vraiment changement d'avec Newark, il avait l'impression d'étouffer, d'être comme compressé, prit entre quatre murs qui ne lui laissait que peu d'espace. Il avait besoin de changer d'air, il le sentait tout au fond de lui. Et puis, cela ne datait pas juste d'aujourd'hui qu'il avait ce désir qui, il devait se l'avouer, était quand même présent depuis quelques temps voir quelques années.
-Pour aller où Robert? On est encore au collège. Comment on fera sans diplôme? On est trop jeunes pour pouvoir travailler.''On trouvera un moyen. Je suis sûr que Noah voudra bien nous aider. Allez Lene, ça va être génial de découvrir tout plein d'endroits nouveaux et inconnus et pourquoi pas de faire le tour du monde.''
-As-tu pensé à nos familles, à nos amis? À comment ils vont être quand ils vont découvrir qu'on est partit?Ne sachant quoi répondre, sentant ce sentiment si brusque de constatation sur le fait qu'on ne peut rien faire, Robert tourna la tête vers le dehors si proche d'eux. Il pouvait sentir cette senteur de gazon mouillée mélangée à la terre. Et comme si son destin l'appelait au loin, il sentit son coeur battre de plus en plus sous les émotions plus que partagées qu'il ressentait. Il se devait d'agir, il se devait de faire quelque chose là maintenant, n'importe quoi tant que cela lui permettrait de se défouler, de se relâcher et quoi de mieux que de courir sous la pluie pour cela.
''Allez Lene, on fait une course.''
-Une course sous la pluie?''Oui, oui. Allez viens.'', dit-il avec un grand sourire
C'est vrai qu'il pleuvait de plus en plus et que le temps était mauvais, mais pourquoi pas, ils ne risquaient rien... ou presque rien à part se faire frapper par un éclair, mais en mouvement, ce serait un peu dur de les atteindre, non? Ce n'était pas si bête comme pensée lorsqu'on y réfléchissait un peu, mais quand même. Robert regarda Joshua et il espérait vraiment qu'elle vienne avec lui... mais bon, il n'allait pas non plus la forcer physiquement à vouloir ce qu'il voulait là maintenant. N'attendant pas plus longtemps, il s'élança sous la pluie. Il aurait voulu crier, mais son amie n'était pas loin et il ne voulait pas non plus que son père l'entende.
*AAAAAAAAAARRRRRRRRRRRRRGGGGGGGGGGGHHHHHHHHHH...*, cria-t-il pour lui-même dans sa tête
Toujours en course, un dernier regard vers Joshua et l'impensable se produisit; il fut frappé par la foudre. Il ressentit comme une sorte de brûlure soudaine en lui, un peu comme la fois où il s'était brûlé en faisant la cuisine ou plutôt la fois où il s'était électrocuté... mais quand cela s'était-il produit? Du plus loin qu'il se souvenait, il ne s'était jamais électrocuté, mais en lui résidait cette impression si forte que ça avait déjà été le cas et que ça avait été plus que ces moments où on met ses doigts dans une prise. Mais là, pour l'instant en ce temps précis du présent, il pouvait sentir ou s'imaginait très bien en train de griller sur place et que son corps ressemblerait à un vrai paratonnerre comme l'était les arbres. Qu'adviendrait-il de lui? Il n'en savait rien, il savait juste que les secondes étaient devenues des sortes de minutes spéciales comme quand on sait qu'on est en train de mourir. Un seul mot, un seul nom régnait en son esprit... Jolene. Et puis, ce fut la fin...
-Robert? Robert? Robert?...C'était tout ce qu'il entendait et c'était une délicieuse voix qui répétait ainsi son nom. Était-il mort? Était-il déjà au paradis? Pour l'instant, tout ce qu'il voyait, c'était le noir. Pour l'instant, tout ce qu'il ressentait, c'était... il n'en savait trop rien, mais ce qui était vraiment certain, c'est qu'il avait mal. Et la voix qu'il entendait, ce n'était pas un ange du paradis, c'était le sien, c'était sa meilleure amie. Ouvrant tranquillement les yeux, il regarda devant lui et put voir le visage de Joshua. Elle lui souriait. Et il remarqua qu'elle avait versée quelques larmes et même peut-être pleurée, mais peut-être était-ce plutôt la pluie qui ruisselait sur elle qui lui donnait cette impression... et puis, c'était plus intéressant de la savoir avoir pleurée pour lui que de savoir que ce soit la pluie qui la rendait ainsi toute mignonne. Il ne l'avait pas remarqué encore, mais cela ne prit pas top de temps pour qu'il se rende compte qu'ils étaient dans un champ de maïs... et dans une marre de boue. Il voulu se relever, mais Joshua le retint.
-Non, ne bouge pas. Tu es blessé et ton père arrive.''D'a... d'accord.'', dit-il avec un peu de mal
Apparemment, le choc qu'il avait vécu l'avait plus atteint qu'il ne le croyait. Et puis, que faisaient-ils tous les deux dans ce champ de fermier. Aux dernières nouvelles, il était encore devant chez lui. Comment avait-il réussi à se retrouver là où il était? Comment se faisait-il qu'il avait du mal à s'en souvenir? C'était vraiment bizarre. La foudre... oui, la foudre et le visage de la demoiselle à ses côtés. C'était les derniers souvenirs qu'il possédait. La foudre? Cela lui disait vaguement quelque chose. Il se rappela avoir eu l'impression d'y avoir eu déjà affaire. En quels moments? En quelles circonstances? Il ne savait pas, il ne savait plus. Sa tête lui jouait-elle des tours? Peut-être, peut-être pas. Au moins, elle était là à ses côtés. Du plus loin qu'ils se connaissaient tous les deux, elle avait toujours été là pour lui. Elle avait toujours voulu le meilleur pour lui, elle avait toujours voulu qu'il soit heureux...
''Lene...'', commença-t-il par dire
Environ six ans plus tôt...Son sac à dos à la main, Robert regardait les autres enfants courir comme des fous vers la sortie. Normalement, lui aussi aurait été de même, désirant plus que tout rentrer chez lui, mais aujourd'hui il avait vécu tout un choc. Il avait du mal à assimiler tout ce qui venait avec, mais il avait sentit quelque chose de fort en lui, quelque chose qu'il n'avait jamais ressentit auparavant, mais il se doutait un peu de ce que c'était et si c'était vraiment ça, les autres garçons se moqueraient vraiment de lui. Pourquoi cela lui arrivait-il à lui? Ça n'aurait pas pu être quelqu'un d'autre comme par exemple Devon Lancaster, le chouchou de service de la prof. Si ça avait été lui, tout le monde aurait trouvé ça normal, tous les autres seraient passés à autre chose ou auraient trouvés que c'était une autre raison pour se moquer de ce dernier, mais lui, il n'avait absolument pas besoin de ça. Traînant les pieds comme jamais, il sortit de l'école et constata que Joshua l'avait attendu. Normalement, il aurait été content qu'elle l'ait attendu, mais là, maintenant, absolument pas.
-Salut., lui dit-elle
''Salut.'', répondit-il
-Ça va?''Oui, oui.''
Les deux amis prirent la route de leur maison qui était tout proche. Habituellement, Noah le frère de Joshua les attendait toujours, mais aujourd'hui ce devait être l'exception car il ne le voyait nulle part et cela lui fit plaisir. Ce n'était pas qu'il détestait celui-ci, mais il l'intimidait comme c'était le cas avec son cousin qu'il considérait comme un grand-frère. Mais son plaisir soudain fut de très courte durée puisqu'apparu dans leurs dos le jeune homme. Il était apparu de nulle part, comme par magie. Et, presque à chaque fois, il en profitait toujours pour les faire sursauter. Robert sursauta comme pas un et il savait qu'à ses yeux à lui le grand, il devait paraître faible et trouillard... à moins qu'il s'imaginait un peu trop n'importe quoi.
Le lendemain, en classe. Dans le fond de la classe, Bobby comme l'appelait ses amis, ne pouvait détacher son regard de la fenêtre ou plutôt cela n'était qu'en apparence. Aussi prudent que si sa vie était menacé, il faisait bien attention à ce que personne n'apprenne son petit secret soit celui qui regardait plutôt furtivement autre chose; une certaine demoiselle du nom d'Alisson Partridge. À la base, il avait juste commencé à la taquiner comme il croyait que n'importe quel garçon qui se respecte ferait si une fille est assisse juste devant lui. Il croyait que miss. Chapman ne le remarquerait pas, mais comme le dit l'expression que les professeurs ont toujours des yeux derrière la tête, il s'était fait prendre et elle l'avait changé pour complètement le fond de la classe. Au moins, son petit manège avait duré quelques jours et ce juste assez pour qu'il s'ennuie de la demoiselle en face de lui et des tours qu'il lui jouait. Poussant un soupir, il ne put s'empêcher de s'imaginer en train de l'embrasser. L'embrasser?
*Ouache, c'est dégueulasse. Embrasser une fille c'est pire que de manger des vers de terre.*, pensa-t-il en essayant de se convaincre
Mais rien n'y fit. Il avait le goût de lui prendre la main, de se promener avec, de lui dire de petites choses... bref, de l'avoir comme copine. Il pouvait continuer de rêvasser sur cela ou bien il pouvait agir afin de rendre le tout possible et réel, mais il avait un gros problème gros comme la Terre entière; il n'avait jamais embrassé aucune fille et il n'avait surtout pas envie d'avoir l'air d'un nul. Oh que non, s'il devait se lancer, que cela se fasse avec classe et beauté comme il l'avait vu dans certains films. Mais comment réussir un tel coup quand on ne sait rien à part ce qu'il connaissait grâce aux films et à ce que Noah lui avait déjà raconté pour lui faire peur. Il ne pouvait quand même pas en parler avec ses parents, jamais, ni avec aucun des autres gars qui le niaiserait jusqu'à en perdre leur salive. Que lui restait-il comme solution? Il lui restait Derek, son super cousin, mais il était en vacances avec son oncle et sa tante.
*Et si j'en parle à Lene, peut-être qu'elle pourra me dire où me renseigner, elle connaît un tas de choses. Ce n'est pas pour rien qu'elle est si intelligente et qu'elle veut devenir comptable.*, se dit-il avec amusement à propos de la fin de sa pensée
Oui, c'était sa dernière option, son aide de toutes les situations. Comment avait-il fait pour ne pas penser à elle avant? Il fallait dire qu'il savait qu'il serait gêné de lui demander. Les heures passèrent pour enfin que le soir soit haut dans le ciel. Ce soir-là, comme on était vendredi, leurs parents à tout les deux avaient acceptés que Josua reste dormir chez lui et comme cela arrivait souvent, elle avait eu le droit d'avoir sa propre chambre à elle... ou plutôt une des chambres d'amis ou d'invités était devenue la sienne. Les deux comparses se trouvaient dans la cabane dans l'arbre de Robert.
-T'es trop bizarre.''De quoi tu parles?'', demanda-t-il
-Ça fait quelques jours que t'es comme ça. On dirait que tu viens d'apprendre que t'es Peter Pan, mais que t'arrives pas à voler pour rejoindre le Pays Imaginer.''Tu veux savoir?''
-Oui.''T'a mis en plein dans le mille, sauf que c'est pas ça, c'est dans le genre, mais différent.''
-Dis-moi?, demanda-t-elle
''J'ai un problème de... de... un problème de... argh...''
-Ce serait pas à cause de quelqu'un?Était-elle déjà au courant? Pourtant, il avait fait bien attention pour que personne dans le classe ne remarque quoi que ce soit. Avait-il commis une seul imprudence? Si elle le savait, est-ce que ça voulait dire que les autres aussi le savaient déjà? Hmmm... non, si ça avait été le cas, on le lui aurait fait déjà savoir. Il s'était dit qu'il lui dirait, qu'elle pouvait sûrement l'aider et c'était le bon moment pour tout lui dire. Les échappatoires, les excuses, c'était pour un autre jour. Comme pour se donner du courage, et surtout pour ne pas voir sa meilleure amie, il ferma les yeux.
''Euh... oui... c'est à cause de quelqu'un. C'est à cause d'Allison.'', dit-il le tout suivit d'un soupir de soulagement, mais toujours les yeux fermées
-Dis-moi pas que t'es amoureux d'elle, que t'as envie de l'embrasser, que tu sais pas comment faire et que tu me demandes mon aide?''Oui, c'est ça... Ehhh... c'est pas juste, c'est moi qui devait dire tout ça.''
Il n'était pas content, elle venait de lui gâcher la surprise. Rouvrant les yeux, il détourna sa tête d'elle et fixa l'extérieur là où le ciel était sans lune. Il ne voulait plus lui parler, il avait envie de la bouder. C'était déjà difficile de dire ce genre de choses, si en plus on les dit à votre place... Et puis, finalement, il décida de la laisser toute seule et de s'en aller, elle retrouverait bien son chemin toute seule jusqu'à sa chambre. Il se leva et se prépara à s'en aller.
-Attends, laisse-moi t'aider.Venait-elle vraiment de dire qu'elle pouvait l'aider ou était-ce une stratégie pour qu'il reste? Hmmm... il ne pouvait dire, mais il pouvait affirmer haut et fort qu'il lui faisait confiance à plus de cent pour cent. Se résignant à laisser tomber son caprice d'ego, il se rassit à ses côtés. Comment pourrait-elle l'aider? Ils se disaient tout ou presque tout. Si elle avait dit ça, c'était sûrement parce qu'elle avait vécu des expériences qu'il n'avait pas vécu. Et si c'était le cas, il était clair qu'elle pourrait le dire. Un jour, il avait entendu quelqu'un dire que les filles étaient plus précoces que les garçons. Quand il avait demandé à sa mère ce que cela voulait dire, elle lui avait répondu gênée que cela voulait dire que les filles étaient plus prêtes à fonder une famille que les garçons. Étrangement, il trouva cela drôle dans le contexte actuel. Est-ce que dernièrement Joshua avait reçu un bébé de la part d'une cigogne?
''Comment tu vas m'aider?'', questionna-t-il
-Je vais te montrer., répondit-elle après quelques secondes de silence
''Me montrer quoi?''
-Comment embrasser.''Avec une de tes poupées? Parce que là, tes poupées sont dans ta chambre.''
-Idiot., dit-elle en disant le mot sur un ton qui se voulait gentil, mais qui démontrait qu'elle trouvait qu'il était quand même un peu idiot
Robert aurait pu dire quelque chose du genre ''Euh... ok'' et poser d'autres question qui prouvait qu'il était curieux tout en étant nerveux pour il ne savait quelle raison et, surtout, qu'il était innocent et bien naïf sur ce domaine de coeur. Joshua approcha un peu plus de lui. Qu'allait-elle faire? N'avait-elle pas besoin de ses poupées? Mais pourquoi avait-il pensées à ses poupées? Ça lui faisait penser à un souvenir où il avait vu deux poupées s'embrasser. Mais était-ce bien ce souvenir-là ou bien s'il mélangeait deux souvenirs? Le visage de la demoiselle s'approchait tranquillement du sien. Voulait-elle lui chuchoter quelque chose à l'oreille comme pour que ce ne soit vraiment qu'eux deux qui soient au courant? Allait-elle lui faire part d'un grand secret? Il ouvrit la bouche pour la questionner.
-Non, ne poses pas de question. Laisses-toi faire et ferme les yeux.Qu'attendait-elle de lui bon sang? Elle ne lui disait rien en le laissant dans l'attente. En plus, elle lui avait demandé de se taire, de se laisser faire et de fermer les yeux. Et s'il ne voulait pas lui, hein? Le lui avait-elle demandé ça? L'avait-elle devinée seulement qu'il voulait savoir? Mais bon, il lui faisait confiance, il ferait comme elle le lui demandait. Il referma la bouche et ferma ses yeux en attendant. Des secondes passèrent tandis que rien ne se passait. Le silence qui régnait dans l'endroit devenait plus que pesant. Que préparait-elle donc? Tant de questions et aucune réponse. Hmmm... lui avait-elle demandé de fermer les yeux pour lui faire une surprise? Si c'était le cas, alors pourquoi il n'entendait aucun bruit. Il trouvait cela frustrant, mais il lui faisait plus que confiance. Soudain, il sentit sur ses lèvres quelque chose qui ressemblait aussi à des lèvres. Rouvrant rapidement les yeux, il put constater que Joshua était en train de l'embrasser... les yeux fermés. Il aurait pu se lever, prendre ses jambes à son cou et s'enfuir à toutes jambes, mais elle lui avait demandé de se laisser faire et de fermer les yeux. Mais il fallait avouer que c'était vraiment surprenant ce qu'il vivait là et il n'aurait jamais cru que ce soit sa meilleure amie qui lui donnerait son premier baiser. Et puis, si elle l'embrassait, c'était surtout pour l'aider dans sa quête amoureuse. Il le savait plus que pertinemment. Il se devait d'en apprendre le plus posible pour faire honneur à Allison, mais surtout à elle qui était en train de se donner ainsi à lui. Il ne devait pas reculer. Il ne devait pas céder à la panique qui l'habitait. Il se devait d'être fort, d'être un homme, un vrai. Il referma les yeux en moins de temps qu'il le faut pour dire eurêka.
*...*, aucune pensée, il ne pensait plus
Commençant à apprécier peu à peu l'expérience présente, s'abandonnant comme jamais il ne s'était abandonné à qui ou quoi que ce soit, Robert, sentait monter en lui des émotions amplifiées par l'acte du moment. Si au début, il avait été nerveux et craintif, il était à présent réceptif et enflammé. Tout en même temps que le baiser continuait, il passa instinctivement ses bras autour de la taille de la demoiselle et celle-ci fit de même, mais autour de son cou. Ils étaient là tous les deux plus proches que jamais et si bien. Si bien que rien n'aurait eu l'air de les déranger. Robert se sentait complètement enivré par la fougue de Joshua et s'abandonnait à l'odeur sucré de sa peau et au goût fruité de ses lèvres. Il aurait voulu que ce moment ne termine jamais. Soudain, il ne sentit plus que le vide sur sa bouche et l'odeur du bois de la cabane. Il rouvrit les yeux et put constater que le visage de Joshua lui faisait toujours face, mais que leurs lèvres étaient éloignées de plusieurs centimètres. Malgré tout, ils restaient toujours enlacés l'un à l'autre. Combien de temps avait duré ce moment de rêve, combien de temps s'était écoulé? Qunze, vingt, trente minutes? Non, tout juste huit pauvre minutes. Le silence était encore plus pesant qu'avant qu'ils s'embrassent et il sentait le besoin urgent de dire quelque chose, n'importe quoi tant qu'il disait quelque chose... mais il ne put rien dire. C'était comme si son cerveau et sa bouche étaient pétrifiés. Joshua était-elle une méduse, mais que ce n'était pas son regard mais plutôt un baiser d'elle qui pétrifiait ses cibles? Non, c'était impossible, il savait qu'il avait encore l'usage de la parole et de son corps. Pourtant...
-Tu vois, c'est comme ça qu'on fait. On se voit demain., dit-elle
Et voilà, elle avait encore prit l'avance, le dessus sur lui. Il aurait pu lui en vouloir, mais elle était trop géniale pour qu'on lui en veille. Et puis, elle aidait tant qu'elle pouvait bien avoir le droit d'être meilleur que lui. Ne réussissant qu'à lui sourire, il la regarda s'en aller et le laisser seul. Il aurait dû faire de même et s'en retourner dans la maison, mais il ne pouvait pas bouger. Le temps passant, il s'endormit avec comme seule pensée un remerciement sincère envers sa meilleure amie. Le lendemain matin, il se réveilla dans son lit. Il souria sachant comment il s'était retrouvé là; ce ne pouvait être que son père. Sortant de sa chambre, il descendit l'escalier pour se retrouver au rez-de-chaussée puis dans la cuisine où il retrouva ses parents... et Joshua.
''Bonjour tout le monde.'', dit-il
Tous les présents dans la pièce lui répondirent et il eut du mal à rendre son regard à la demoiselle Smiths ce que ses parents remarquèrent, mais ne dire aucun mot. Ils ne savaient pas ce qui s'était passé la veille, mais ils savaient que quelque chose devait s'être passé. Le reste de la fin de semaine se passa très bien et sans encombre et comme si de rien n'était, comme si le baiser n'avait jamais eu lieu, Joshua et Robert agissaient comme normalement. Lundi après-midi, l'avant-dernier cours était terminé et c'était à présent la pause. Toute la journée, il avait eu du mal à se décider, mais c'était sa dernière chance pour aujourd'hui. C'était le moment fatidique, le moment tant attendu et il ne devait plus reculer. Il se trouvait à l'autre bout du couloir et elle se trouvait en train de boir à un abreuvoir. Avançant lentement d'une allure confiante, autant qu'il le pouvait, il sentait son coeur battre la folie de la chamade amoureuse. C'était fou l'effet qu'il ressentait, il avait mal tout en ayant chaud, c'était assez spécial. Et puis, soudain, l'horreur, le drame; la jolie Allison s'était redresée et était en train d'embrasser... Josh Brown, son autre meilleur ami. C'était tout un coup de couteau dans le coeur qu'il venait de recevoir. Il avait tellement envie de le haïr, de lui balancer son poing à la figure... mais non, c'était quand même un bon gars avec qui il s'entendait vraiment trop bien. Et puis, ça n'allait pas être une fille qui allait détruire tout ce qu'ils avaient érigés ensemble, eux les fils de Krypton sauveur de leur cour de récré contre les brutes ombres du corps professoral.
''Tant pis... sniff, sniff...'', dit-il à très voix basse accompagné d'un reniflement de tristesse
Faisant demi-tour, il s'en alla à son autre cours. Il croyait qu'il aurait été tout seul, mais Joshua se trouvait déjà là, assisse par terre. Il aurait voulu lui cacher son coeur brisé, mais comme toujours, elle découvrit son mal. Et puis, cela paraissait trop sur son visage qu'il avait raté sa chance. Il s'affaissa à ses côtés et laissa tomber mollement sa tête contre le mur tout en fermant les yeux.
''Ça a foiré, Josh a été plus rapide que moi. C'est lui le vrai Superman.'', dit-il
Il soupira d'un soupir qui faisait si pitié. Le premier amour, ça fait toujours mal et il s'en rendait compte à l'instant. Si avant, il était un garçon, aujourd'hui il se sentait un peu plus vieux, mais il savait qu'il était encore un enfant; il aimait bien dire qu'il avait sept et trois quarts.
-Robert.''Quoi?'', demanda-t-il
Que lui voulait-elle? Il avait mal à son petit coeur. Il le savait, il n'aimerait plus jamais de sa vie, ça faisait bien trop mal pour que l'on veille à nouveau aimer. Ses parents, ils avaient dû s'aimer dès le départ. Eux, ils avaient sûrement été le premier amour l'un de l'autre. Sinon, comment avaient-ils fait pour supporter ce qu'il ressentait là maintenant? Redressant la tête, il se demanda ce que Joshua lui voulait. Allait-elle se moquer de lui? Hmmm... non, ce n'était pas du tout son genre. Elle, il en était sûr, essaierait de le consoler à coup sûr.
-Non, ne poses pas de question. Laisses-toi faire et ferme les yeux., lui dit-elle
Il ne put s'empêcher de sourire et de rire face à ce qu'elle venait de lui dire. Il devait bien le reconnaître, elle l'avait aidé comme elle l'avait pu et pour cela il lui en serait énormément reconnaissant... pour lui avoir plus ou moins apprit à embrasser et pour tout ce qu'elle avait fait aussi pour lui. Faisant comme elle le voulait, il ferma les yeux et se laissa faire. Pour une nouvelle fois, elle l'embrassa. Ce fut comme un petit baume, une petite compresse sur son coeur blessé. Par contre, cette fois-ci, ce fut lui qui se retira le premier et ce seulement après quelques secondes. Il aimait beaucoup, c'était sa meilleure amie. Robert prit son sac, fouilla dedans et en sortir un objet; son jouet préféré.
''Tiens, c'est à toi maintenant.'', lui dit-il tout en lui tendant le jouet
Été 1941...Toujours au milieu de ce champ de maïs où il venait de vivre un accident des plus bizarres, Robert se demandait encore comment il avait fait pour parcourir une telle distance. De là où il était, il ne voyait pas du tout la maison. Peut-être que debout se serait tout autre, mais à en croire la longueur des plants qui vivaient autour de lui, il en doutait fort. Donc, s'il ne pouvait pas voir la maison, cela voulait-il qu'il était bien plus loin qu'il ne pouvais se l'imaginer? Et si on allait selon cette logique-là, cela voulait dire que Joshua avait dû courir vers lui. Oui, courir, mais pendant combien de temps? Des minutes, des minutes et une heure ou bien plus? Pour l'instant, c'était bien trop pour lui, il avait tout le corps qui lui faisait mal, comme si un tracteur lui était passé par-dessus comme on disait dans le coin pour certaines situations et celle qui vivait était parfaite pour ce genre de phrase.
-Robert, ne parle pas, garde tes forces. Reste réveillé, ton père arrive., disait sa meilleure amie
''Le... Lene, je suis vraiment chan... chanceux de t'a... t'a... t'avoir comme meilleure amie.''
Sur ses derniers mots, il ferma les yeux. Malgré qu'il pleuvait, qu'il avait mal et qu'il se trouvait dans un marre de boue, il se sentait quand même bien dans les bras de la demoiselle. Il n'aurait pas pu rêver mieux à ses côtés en ce moment qu'il venait de vivre...