“Calm your mind”

C'est toujours la première chose qui me vient à l'esprit, quand quelque chose ne va pas. Quand quelque chose cloche, ne tourne pas rond. Quand je sens que je suis sur le point de faire quelque chose que je pourrais regretter. Je ne crains pourtant que peu de choses. Certainement pas la mort. Certainement pas la solitude non plus. Encore moins la perte d'un proche, puisque je n'en ai plus aucun depuis maintenant de longues années, et que j'ai ruiné la vie de la dernière personne que j'aurais pu considérer comme un frère. Pour autant je ne me considère pas comme quelqu'un de misérable. Combien serait-il pathétique de m’apitoyer sur mon sort qui, s'il n'a jamais été des plus enviables, fut toujours bien meilleur que celui de tous ces déportés qui n'ont eu d'autre alternative que le trépas ? J'ai été brisé, manipulé, torturé, conditionné à penser que je n'étais pas un homme bien, mais je respire encore. Je suis vivant. Et pour cela, jamais je ne m'abaisserais aux lamentations, à me laisser écraser par le poids de ma peine. Ni aujourd'hui, ni demain, ni encore le jour d'après.

Il s'en est passé, des jours, depuis que j'ai réalisé que la colère n'était pas la seule chose qui pouvait me diriger, et la vengeance me motiver. C'est aujourd'hui un dessein bien plus grand qui me conduit ici, debout, le dos bien droit, l'allure altière, le menton fier et le regard sûr. Face à tous ces mutants, ces êtres perdus et décidés à prendre leur destin en main, à la recherche d'un maître... Un leader qui les mènera à l'aboutissement leur aspiration la plus naturelle et la plus profonde : appartenir à quelque chose. C'est ce qui les a menés à moi, ce besoin primaire. Faire partie d'un ensemble, former un tout. D'abord, la Confrérie. Ensuite, le monde. Ou plutôt, ce sera le monde qui leur appartiendra. Qui les acceptera. Car nous sommes l’Évolution, et ils n'auront d'autre choix que de vivre avec leur temps. C'est serein que j'aborde chaque nouvelle journée depuis ce constat. De jour en jour, mes rangs grossissent, et mon idéal se rapproche. Car plus le temps passe, plus mes convictions sont renforcées. Chaque tentative de la part du gouvernement de gérer le "problème" mutant est une preuve supplémentaire qu'il n'y aura pas d'acceptation pure et simple, pas plus que de reconnaissance de notre statut. C'est à peine déjà s'ils nous tolèrent, et ils cherchent à nous contenir. Fort est à parier que s'ils le pouvaient, ils nous enfermeraient tous. Nous ne sommes pas les bienvenus, c'est un fait.

Je fais craquer mon cou, expire un soupir. Lentement, j'ai calmé mon esprit. Remis mes pensées en ordre. Refoulé mes observations les plus sombres. La tempérance. C'est sûrement la meilleure chose que j'ai pris de mon vieil ami Charles. Je croise mes mains devant moi et effleure le haut de mes pouces de mes lèvres closes, paupières dans le même état. Je tâche de raisonner sans me laisser emporter par mes élans d'impatience. Réfléchir avant d'agir. Un précepte que parfois, il m'arrive d'oublier. Mais je refuse de déraper, de nouveau. J'ai besoin d'un plan. Infaillible, si possible. Et qui saura marquer le coup. Inaugurer une ère nouvelle, et ouvrir la voie pour que les mutants du monde entier sachent enfin tous qu'il existe autre chose que la crainte, et que plus aucun d'entre eux ne doit se cacher. Que ce n'est pas à eux de se plier aux règles, mais que ce sont les règles qui doivent changer. A l'image de Raven, ils sont tous parfaits. Sans crier gare, mes phalanges se sont serrées. J'entrouvre les yeux, juste assez pour apercevoir la lampe sur mon bureau qui s'est cabossée. D'une main impérieuse que je passe au dessus, je lui rends sa forme initiale avant de me reculer pour me lever de mon bureau. D'un claquement de doigt purement théâtral, j'éteins la lumière en sortant. Je suis prêt. Le moment est venu.

Alors qu'il s'approche de la rampe autour du balcon sur-élevé qui surplombe la plus grande salle de son repère, dans laquelle sont rassemblés tous ses fidèles, et qu'il pose ses deux mains à plat sur le bois, Erik se surprend à ressentir une vague de nostalgie aussi soudaine qu'inattendue. Qu'il était loin le temps où lui et son ami Charles Xavier recrutaient les mutants main dans la main, avec un but commun... De frères d'armes ils étaient passés à opposants, et autant s'il avait eu un coeur cela le lui aurait fendu, autant c'était toujours sa volonté de fer - c'était le cas de le dire - qui l'avait toujours dominé malgré tout... Et ce n'était pas prêt de changer. Son idéal passait avant tout. Même la vie de celui qui avait sauvé la sienne, et quand bien même il se souvenait encore avec précision comment sa détermination avait manqué de vaciller, sur cette plage cubaine... Une erreur qu'il n'était pas prêt de reproduire, pour la simple et bonne raison qu'il ne s'attacherait plus à personne.

Un sourire fin et glacial dévoile légèrement la pointe de ses canines alors qu'un rictus épouse ses lèvres, dont il se mord l'intérieur. Ils en ont traversé, des obstacles et des épreuves, mais aujourd'hui, son organisation est plus forte que jamais. Plus soudée encore qu'auparavant. Il ne tient qu'à lui de leur donner la petite étincelle qui leur manque encore... Et qui viendra mettre le feu aux poudres afin de relancer la machine, et de les préparer au combat. Il les jauge un court instant alors que son regard clair comme de l'eau de roche glisse sur les visages qui l'observent avec avidité, dans un silence de mort qu'il n'a même pas eu besoin de demander. Tous le respectent. Tous seraient même prêts à donner leur vie pour lui, une loyauté qu'Erik ne se prive pas d'utiliser au besoin. Cependant, il n'en abuse pas. Toute vie mutante est précieuse, et peut faire la différence. Il hoche la tête pour lui-même, satisfait. Enfin, il prend la parole d'un ton fluide, comme s'il avait préparé ce qu'il allait dire alors que ce n'est nullement le cas. Il parle avec son âme, sans une once d'hésitation dans la voix :

▬ Nous sommes ici rassemblés ce soir car, vous le savez tous, vous n'êtes pas seuls... Vous n'êtes plus seuls. Regardez autour de vous. Ces gens sont votre nouvelle famille. Plus que vos nouveaux camarades, ils sont vos frères ou vos soeurs. Et tous ensemble, nous bâtirons une nouvelle ère. Car nous sommes légions. Même si vous aurez parfois des doutes, même si nous sommes les seuls à qui nous pouvons nous fier, ceux de la Confrérie, et non à tous ceux de notre espèce, rappelez vous que nous, mutants, poursuivons tous le même objectif, simplement pas de la même manière. Nous voulons tous notre indépendance, et être reconnus enfin à notre juste valeur. Pas comme des monstres, pas comme des nuisibles... Seulement comme la nouvelle espèce que nous sommes, une espèce en évolution : une espèce supérieure, et qui représente l'avenir de l'humanité. Ce n'est pas de notre faute s'ils ont voulu faire de nous une menace, ce sont eux qui ont lancé les hostilités. Nous ne faisons que nous défendre et ils peuvent nous craindre, car à présent, ils nous ont donné une motivation : nous protéger, et nous lutterons jusqu'au bout pour la cause que nous défendons. Une cause juste, comme celles de ces hommes avant nous, ces mêmes hommes qui nous attaquent, qui ont pourtant signé une Constitution pour être libres, unis entre eux, et pour affirmer leur indépendance. Comme nous, ils aspiraient à terme à un nouvel ordre mondial, et ils ont réussi. Nous aussi, nous aurons notre victoire. Nous aurons nos droits, et la place qui nous revient. Car nous sommes des milliers, peut être même des millions. Ne perdez jamais de vue notre mission : sauver notre peuple, et reprendre le contrôle de nos vies qui nous est dû. A n'importe quel prix.

Erik reprend son souffle, tranquillement. Sans se presser, il prend de longues respirations, alors qu'il peut sentir leur tension : ils sont tous dans l'expectative. Dans l'attente de ses derniers mots. Du "concret". Mais chaque chose en son temps... Et c'est comme si, soudain, il s'était suspendu. Il laisse un court blanc puis, après avoir passé une main dans ses cheveux, se décide à conclure, d'une voix vibrante de sincérité :

▬ C'est ici, et maintenant, que commence votre nouvelle vie.

Lorsqu'il cesse de s'exprimer, le silence est toujours complet. Il lève ses paumes vers le plafond alors qu'il se recule légèrement pour imprimer la marque fugace d'une légère révérence, signant la fin de son discours. Alors, les clameurs montent dans la salle. Un léger rire s'échappe des lèvres du leader de la Confrérie. Jamais il ne s'est senti aussi confiant en l'avenir. Jamais il n'a été aussi certain de faire le bon choix.

Le(s) pouvoir(s) en détail(s) : Son pouvoir n'est pas, comme on pourrait le croire, relié primairement au métal. Il s'agit du contrôle des champs magnétiques. Vous voyez le principe d'un aimant ? C'est à peu de chose près ce qui se passe entre Erik et tout objet métallique quand il utilise son pouvoir. Il émet le champ magnétique qui attire cette matière. Il peut d'ailleurs en émettre de très puissants, pouvant soulever des objets de très grande taille et arrêter des objets en mouvements, même à très grande vitesse. Il a encore parfois quelques pertes de contrôle relativement liées à ses émotions mais globalement, il maîtrise ses pouvoirs à leur maximum. Il parvient aussi à léviter, même si c'est ce qui lui demande le plus de concentration.
Caractéristiques de mutants : A part le casque très moche qu'il porte pour que l'on ne puisse pas accéder à son esprit, son appartenance aux mutants n'est pas visible à l'oeil nu.
Trois principales qualités : Entier, lucide, fier.
Trois principaux défauts : Imprudent, froid, belliqueux.
Signe(s) physique(s) particulier(s) : Sur son avant bras est tatoué son immatriculation, datant du camp de concentration en Pologne où il a été détenu. Ses cheveux tirent vers le roux.
Autres signes particuliers : Erik est allergique à la connerie humaine et aux hommes qui suivent les ordres aveuglément. Le paradoxe est que si vous êtes sous les siens, vous avez plutôt intérêt à les suivre si vous ne voulez pas bouffer du métal. A part ça, il mène un style de vie plutôt sobre. Il a de l'argent mais n'en fait pas outrageusement étalage. Plutôt avare en ce qui concerne les sentiments, il s'implique rarement dans quelque relation que ce soit, amicale ou passionnelle. Mais pour sa cause, il donnerait sa vie.
Rêve(s) le(s) plus fou(s) : Asseoir la domination des mutants sur le monde car sinon, ils ne cesseront jamais d'être persécutés, puisqu'ils seront toujours vus comme une menace. Que Charles réalise que la seule issue possible est de se battre, et qu'il se rallie à son camp.
Désir(s) d'avenir : Gagner la Guerre contre les Humains, si possible en évitant le plus de dommages collatéraux possibles, et avec le soutien de son premier, et seul, ami, bien qu'il sache que cela relève purement du "rêve irréalisable" puisqu'il n'y a plus de retour en arrière possible, et que Charles a fait son choix... Choix qui lui a coûté ses jambes.