"JE voudrais que tu sois celui à reprendre la tête du poste de police Gabe."
"Tu dois bien être le seul dans ce cas Kelvin. Mais j’apprécie. Tiens-moi au courant quand les gros bonnets auront pris une décision…"

Car ils le savaient tous les deux : le transfert de Gabriel Raith des services administratifs au retour sur le terrain n’allait pas se faire facilement. Il était considéré comme un presque paria de par son parcours seul et alors quand il a divorcé et a donc été forcé de quitter le terrain pur pendant un temps…Ca ne s’est pas spécialement arrangé. On le met pas à l’écart non plus ; on lui fait confiance et on suit ses directives si besoin il y a, cependant on sent toujours cette espèce de pression quand il est là. Non pas par peur ou quoi que ce soit mais il possède cette stature et cet air stricte et sérieux qui lui colle à la peau. Beaucoup pensent avoir à faire à un homme bien trop sérieux, suivant les directives à la lettre…Un vrai petit chien.

Ha ! Les imbéciles. Avant de devenir le nouveau chef de la police, avant de se retrouver derrière un bureau à faire des horaires fixes chaque jour, bien avant tout cela, il était un agent fantôme. Faisant partie de la police, son identité était gardée secrète de la plupart des autres agents, excepté des hautes sphères. Pourquoi ? Cela était simple, il était l’agent d’infiltration par excellence. Grâce à son excellente mémoire, pas besoin de photographies et donc beaucoup moins de risques de se faire découvrir. Son nom de code était Judas. Ironique n’est-ce pas ? Mais le fait de le garder dans le secret était une idée pour garantir sa sécurité ainsi que celle de sa femme et, aussi, de s’assurer un maximum la réussite de l’opération. Ce fait lui attira cependant jalousie et une certaine méfiance de la part de ses collègues quand il a rejoint les rangs de la section administrative de la police.

Comment cela est-il arrivé par ailleurs ? Il a fait ce que beaucoup d’hommes ont fait avant lui. Il a trompé sa femme. En soi, quel rapport avec ses missions d’infiltration ? Aucun, hormis le fait que le mal-être qui avait lieu dans son couple avait tendance à le perturber plus qu’il ne voulait bien l’admettre. Gabriel avait toujours réussi à faire la part des choses entre sa vie personnelle et sa vie professionnelle, mais cette fois ça le touchait de beaucoup trop près pour y arriver. Il a fait foirer l’opération qu’il menait à ce moment-là. Le cartel s’est dispersé et a déserté la ville. Pour un temps. Il était certain dans l’esprit de ses supérieurs que les criminels qu’ils avaient voulu faire tomber allaient revenir et c’était sa faute s’ils n’avaient pas pu les arrêter à temps. Pendant un temps il a songé à démissionner. Son mariage s’était transformé en divorce suite à cette histoire d’adultère (Gabe avait d’ailleurs donné raison à sa femme, s’il y a bien une chose qu’il n’est pas c’est un couard) et son job ne pouvait, dans son esprit, que faire de même. Pourtant Kelvin, son ancien instructeur à son entrée dans la police après sa licence de droit, a cru en lui. Il lui a permis de rester dans la police tout en évitant le terrain pendant un temps. Au final, il y ait resté cinq ans. Cinq ans à porter plus de costumes qu’autre chose et à les utiliser comme des armures. Chaque couche de vêtement était une couche de plus pour se protéger. Cinq ans à faire majoritairement de la paperasse…Tout en apprenant les engrenages et les rouages que tous pensaient si bien huilé de la police de New-York.

Kelvin prend sa retraite, il est temps pour lui de partir et profiter de sa petite famille, comme il le mérite depuis quelques années déjà, et c’est à lui, Gabriel Dante Raith, qu’a été confiée la tâche de poursuivre son œuvre dans la maintenue de l’ordre dans la grosse pomme. Il est arrivé il y a une semaine de cela et il en est encore au stade de se faire connaitre de ses agents et se faire jauger. Il encaisse tout, parce que c’est normal. Personne ne peut savoir qui il était avant d’entrer dans les bureaux, tout a été classé secret et lui avait une façade d’agent de police basique très simple et lisse. Alors il reste fidèle à lui-même, un homme droit et sûr de lui, la face publique de la police de New-York avec un humour parfois pince-sans-rire qui peut en crisper plus d’un mais qui, sous cette couche de professionnalisme presque absurde, cache un homme qui fera tout pour couvrir ses hommes tout en n’hésitant pas une seule seconde à s’arranger avec les règlements et à se salir les mains le cas échéant…Il y a plus à voir qu’il ne le laisse paraître au premiers abords…