- Joyeux Anniversaire Aaliyah !

Chaque année, j'ai le droit au même cérémonial affligeant et obligatoire : réunion de famille pour célébrer un printemps de plus. Depuis mes 3 ans c'est comme ça. Pas moyen d'y couper. J'ai beau leur répéter mille fois que je ne supporte pas ces moments d'humiliation, mes parents se donne un mal fou pour me torturer à leur guise. Disons qu'ils avaient largement les moyens de faire des réceptions alors un simple dîner familial, n'en parlons pas. Moi, je devais être leur vilain petit canard parce que l'éducation qu'on essayait de me donner ne me convenait pas du tout. Grâce au ciel, j'avais des amies normales dont les familles étaient on ne peut plus basiques et sans superficialités.

Il fallait absolument que je conserve un sang-froid des plus solides car les heures à venir s'avéraient pénibles. Je pesais mes mots. La sonnette qui annonçait les hostilités me fit l'impression d'une menace de mort. Ma mère me tapota gentiment l'épaule en me répétant que ce serait absolument divin et que ce serait, au final, un excellent souvenir à conter à mes amies. Je n'eu pas le courage de lui dire que nous ne vivions pas dans le même monde. Elle aurait été vexée tandis qu'actuellement, elle avait surtout l'air d'une enfant qui découvre qui se cache derrière la porte d'entrée et "Oh, Sylvia, Louis ! Comme je suis contente de vous voir". Je m'approchais, histoire de rester polie et dire bonjour à mes invités, qui en fait, n'étaient pas les miens. Mon oncle et ma tante était un couple assez étrange : ni l'un, ni l'autre ne semblait s'aimer et je me demandais encore aujourd'hui comment ils faisaient pour vivre ensemble et quel en était l'intérêt. Sylvia s'élança vers moi pour me serrer dans ses bras en écrasant mon pauvre corps maigre et sans défense. Non pas qu'elle me fasse mal mais le simple fait de la toucher me donnait des frissons d'horreur. En plus, elle empestait la menthe poivrée. Louis me salua simplement et se dirigea vers le salon. Sylvia avait décidé de me coller et me répétait sans cesse que j'avais changé, que j'étais une vraie fleur maintenant, ou presque...

-Tu es si belle, c'est tellement dommage que tes cheveux aient cette affreuse couleur...
- Ah ah ! Merci tantine.

Toujours des paroles gentilles à vous offrir, ma tante était d'une délicatesse à toute épreuve. Néanmoins, c'était sans doute eux que je préférais parmi les prochains invités qui ne tardèrent pas. Un autre oncle, célibataire et on comprend pourquoi quand on voit toute l'estime qu'il porte aux femmes. C'est le frère de mon père et disons qu'il vient surtout pour boire. Il avait emmené son fils, qui avait plus un rôle de chaperon qu'autre chose. Lui, il s'appelait Rusty. Un prénom pareil, c'est sans doute que vos parents ne vous aime pas mais passons ! Il avait à peu près mon âge et sa préoccupation principale consistait à séduire toutes les femmes existant sur Terre. Même sa propre cousine. Cela me donnait une bonne raison de ne pas vouloir le voir. Même ma longue robe, cachant mes jambes et mes bras couleur pêche ne parvenait pas à l'en dissuader. Enfin, derniers arrivés, les seuls grands-parents qu'il me restait. Deux vieux ronchons qui ne cessent de clabauder haut et fort. Le seuil de la maison à peine franchi, j'entendis ma grand-mère se plaindre que cela leur faisait beaucoup de chemin pour si peu. Moi en l’occurrence. Je fis mine de sourire en prétextant que j'étais contente qu'il ai fait tout ce "voyage" rien que pour me voir mais le coeur n'y était pas.

- Te fatigues pas, c'est pour ta mère qu'on fait ça.
-Je suppose que la meilleure réponse est merci !


Bref, tout un après-midi gâché à devoir sourire devant tout le monde. Des risettes pour ceux qui vous disent qu'ils seraient temps de prendre un peu plus soin de soi, d'autres pour ceux qui insiste pour savoir quand je ramènerais un  homme à mes côtés, d'autres pour ceux qui répète que le gâteau n'était pas à leurs goûts et qu'on ne pensent pas à eux et enfin, des sourires dissuasif à ceux qui croient que la proximité familiale autorise les gestes incessants à mon égard. C'est avec un extrême soulagement que je leur dis au revoir et avec un grand désespoir que je découvre que je n'ai même pas de quoi me consoler avec les cadeaux. Une broche en toc, une bouteille de vin peu approprié à mon âge puisque j'ai 16 ans et pour finir, du savon.