On pourrait penser que les gens discrets n'attirent pas les problèmes. Mais c'est une erreur de jugement. Les timides, les solitaires, sont les cibles idéales des emmerdeurs. Elliot était une cible idéale, apparemment. À cause de sa mutation, le jeune homme évitait de se mêler aux autres. Il ne refusait jamais de se faire des amis mais n'en cherchait pas forcément non plus. Et puis... il était timide. Réservé. Peu sûr de lui. Elliot attirait forcément les nerveux et autres spécimens du genre qui se faisaient un plaisir à malmener les plus faibles. Si seulement ces abrutis savaient à qui ils avaient affaire. Mais le mutant ne pouvait pas se défendre. Il ne pouvait même pas risquer de se laisser blesser sous peine de se changer en créature non-identifiable. Et lorsque Elliot était sous cette forme, autant ne pas se trouver dans les parages, car il était capable de tuer.

Voilà à quoi en était réduit le jeune homme. Se planquer, comme un lâche, dans les toilettes des garçons, en attendant patiemment l'arrivée d'une amie à lui. Oui, parce que sans l'aide précieuse de Barbara Richards, Elliot serait condamné à devoir étudier chez lui, enfermé dans son appartement. Et il ne voulait plus de cette vie. De son plus jeune âge à son adolescence, il avait dû rester cloitré entre quatre murs pour éviter le pire. Maintenant qu'il était adulte et qu'il n'était plus susceptible de tomber toutes les deux secondes, Elliot en profitait. Mais il se serait bien passé des crétins qui tapaient des pieds contre la porte pour le forcer à sortir.

L'un des deux abrutis cessa son activité infantile pour s'adresser à quelqu'un. Une femme. Elliot leva la tête et lança un regard vers la porte, comme s'il pouvait voir au travers. En réalité, il espérait entendre la voix de son amie, qui ne mit pas longtemps à réagir face à celui qui l'avait appelé "Chérie". Et d'après les drôles de couinements que l'on pouvait entendre, Elliot devina facilement ce qu'il s'était passé. Barbara était bel et bien là et avait réussi à faire déguerpir les deux tortionnaires.

Rapidement, Elliot tourna le verrou et poussa la porte, pour se libérer de sa cachette. Il n'eut même pas le temps de voir la silhouette de son amie que celle-ci le prenait dans ses bras pour lui offrir un câlin rassurant qui dura plusieurs minutes. Tout était terminé. Il n'y avait plus de crétins lourdingues prêts à tout casser. Plus de colère à maîtriser. Elliot pouvait enfin respirer et reprendre le cours de sa vie presque normale. Barbara relâcha son étreinte en lui demandant s'il allait bien et en lui proposant un chocolat chaud, marshmallow inclus. Comment refuser une telle offre ? Elliot eut un fin sourire. Il était à la fois heureux et triste. Heureux parce qu'il se sentait enfin en sécurité. Triste parce qu'il savait que ce ne serait pas la dernière fois qu'on le malmènerait sans raison. « Ça va mieux. Heureusement que tu étais là. J'ai bien cru que les nerfs allaient lâcher. » Oui parce que Elliot pouvait craquer, comme tout le monde. Ce n'était pas parce qu'il était gentil et sensible qu'il ne pouvait pas se mettre en colère.

« J'espère que je ne t'ai pas dérangé. J'ai appelé sans réfléchir. Je ne voyais pas d'autres solutions. J'étais paniqué et je ne voulais pas essayer de m'enfuir. Ils auraient forcément cogné et on sait tous les deux ce qu'il serait arrivé dans ce cas-là.» Elliot s'inquiétait toujours trop. Il était désolé de devoir embêter ses amis et se sentait trop dépendant à cause de sa mutation. Il aurait aimé pouvoir se défendre mais en était incapable. Une blessure, une trop grosse contrariété et c'était terminé pour le gentil petit Elliot.

Même si Barbara lui avait demandé de l'appeler en cas de problème, Elliot se sentait gêné. Le jeune homme avait cette impression constante de déranger les autres car il faisait preuve d'un gros manque de confiance en lui. Il ne savait pas ce que les gens pouvaient penser et craignait parfois de mettre les pieds dans le plat, d'être trop présent ou trop ennuyeux. Son attitude pouvait agacer, mais ses véritables amis savaient le rassurer, comme Barbara venait de le faire. Si elle ne lui aurait pas rappelé qu'il pouvait lui demander de venir à n'importe quel moment, Elliot serait sûrement encore en train de se torturer l'esprit.

En sentant Barbara entourer ses épaules avec son bras, Elliot se laissa faire. Il avait presque l'air d'une peluche vivante, que l'on pouvait manipuler n'importe comment sans qu'il ne bronche. Lui-même ne pouvait pas toucher les gens, ce qui pouvait paraître bizarre puisqu'il ne réagissait pas lorsque quelqu'un lui donnait une accolade par exemple. Il était comme une grande asperge incapable de quoi que ce soit. Et parfois, être autant restreint dans sa vie quotidienne pouvait peser. Elliot faisait partie de ceux qui n'avaient pas la chance de posséder une mutation que d'autres lui envieraient. Le seul avantage, c'est qu'il avait la capacité de gagner la confiance de certains animaux sans gros efforts.

En arrivant dans le café, Elliot réajusta ses lunettes et lança un bref regard aux quelques clients installées, devant lesquels il passa pour suivre son amie qui avait choisi une table. Barbara connaissait cet endroit et ses employés. Elle pouvait donc facilement demander un supplément de marshmallow, ce qui donna le sourire à l'étudiant. Puisqu'il était gourmand, Elliot se voyait déjà noyer les friandises dans sa tasse de chocolat chaud avant de pouvoir les déguster. Mais pour l'heure, il devait répondre à la question de Barbara qui demandait de ses nouvelles. Le dos bien droit, les mains jointes entre ses genoux, Elliot se mit à fixer la carte des menus face à lui. « Rien de bien nouveau. Je suis toujours les mêmes cours, je vis toujours dans le même petit appartement. » En réalité, il y avait bien quelque chose de différent. Elliot s'était vu offrir un emploi, et pas n'importe lequel : une place dans un cirque. Oui mais voilà, ce cirque était différent. Il ne devait en parler à personne. Cependant, il voulait faire une toute petite exception pour Barbara. Il avait confiance en elle et était certain qu'elle n'irait pas hurler l'information sur tous les toits. Alors, il approcha un peu plus et murmura quelques paroles. « En fait, je vais bientôt travailler dans un cirque. Le fantastic Circus. Tu connais ? » Bon, pour l'instant, rien de spectaculaire. Ce cirque était connu puisqu'il attiré des clients. Mais si Barbara venait à se montrer curieuse, Elliot n'hésiterait pas à répondre à ses questions.

La vie d'Elliot n'était pas vraiment très intéressante. Il ne se passait rien d'extraordinaire et le jeune homme répétait souvent les mêmes étapes, jour après jour. Si cette vie lui convenait ? Pour l'instant, oui. Il n'avait pas à s'en plaindre. Il s'était même habitué à son train-train quotidien. Mais peut-être avait-il besoin de changer un peu la donne, de temps en temps. Même s'il sortait parfois avec le peu d'amis qu'il avait, ce n'était pas suffisant. Elliot était bien trop réservé, trop casanier. Il devait réussir à dépasser ses craintes et à contrôler sa mutation, pour ne plus se sentir exclu de la société. Mais qui pourrait lui apprendre à gérer la créature qui sommeillait en lui ? Personne. Il n'avait pas entendu parler de l'école des mutants et ne connaissait même pas la confrérie - qui l'aurait sûrement poussé à devenir exclusivement une créature et non à aborder son apparence humaine, mais passons.

Le fantastic circus était sûrement l'occasion pour Elliot de changer son quotidien. Avec une telle opportunité, le jeune garçon pouvait s'ouvrir aux autres et se donner en spectacle face à un large public. Mais pour le moment, il ne savait rien au sujet de cet endroit ni des membres qui occupaient le grand chapiteau. Il n'avait rencontré que le chef, Alan, et son assistante. Alors, puisque Barbara lui demandait des nouvelles sur sa vie, Elliot lui délivra cette information. Il allait travailler dans un cirque. Et face à cette annonce, la jeune femme attrapa les mains de son ami qui se sentit vraiment très mal à l'aise face à ce contact soudain. Elle ne devait pas le toucher. Sait-on jamais. Aussi, Elliot retira rapidement ses mains en essayant de ne pas paraître trop brusque et en faisant comprendre à Barbara qu'il avait agi ainsi pour sa sécurité par un simple regard. Maintenant, il devait répondre à la nouvelle question de son amie et la rassurer sur la politique du cirque. « Non, non, ils ne m'exploitent pas, ne t'en fais pas pour ça. »

Par précaution, Elliot remit ses mains entre ses genoux et ne s'en libèrerai que d'une uniquement pour boire son chocolat chaud. « Pour l'instant je ne travaille pas encore là-bas, mais apparemment, ils m'offrent la possibilité d'être le dompteur de fauves. Pour démarrer. Après, je ne sais pas si j'aurai d'autres animaux, mais ce serait vraiment bien. » Là, Elliot recommença à chuchoter. « Mais, ils savent que je suis différent. Enfin, ils savent que je suis capable de communiquer avec les animaux. Le reste, j'en ai pas parlé. » Oui mais ce qu'il ignorait, c'est que certains d'entre eux savaient de quoi il était réellement capable. « Et toi alors, rien de nouveau ? »

Elliot s'était vraiment senti mal à l'aise de retirer ses mains alors que Barbara cherchait simplement à lui faire part de son enthousiasme. Mais ces rejets d'affections n'étaient pas désirés. Elliot n'était pas sauvage à ce point, même s'il paraissait réservé et timide. Le pire dans cette histoire, c'est que sa mutation ne se déclenchait pas en permanence. Parfois, elle lui laissait du répit et sa peau était à température tout à fait normal. Mais le jeune homme craignait tellement de blesser son entourage qu'il se punissait sans raison. Il n'avait pas assez confiance en lui et en ses capacités pour se permettre plus de libertés. C'était impensable et il préférait se priver plutôt que d'en subir les conséquences. Tant pis s'il avait l'air encore plus louche qu'il ne l'était.

Une fois le petit incident dépassé et une fois qu'il avait entièrement répondu aux interrogations de Barbara, Elliot lui retourna une question, curieux de connaître les dernières nouvelles dans la vie de son amie. Et puisqu'il était quelqu'un de très à l'écoute, le jeune homme but tranquillement le reste de son chocolat chaud en écoutant Barbara qui parlait de sa mutation et de chiens. Elliot imaginait bien sa pauvre amie sous sa forme de chaton, en haut d'un arbre, terrorisée par une horde de toutous. Il comprenait donc son rejet de compassion pour ces animaux, même si lui les aimait bien - du moment où ils ne faisaient aucun mal à Barbara.

Le sujet changea totalement lorsque la jeune femme fit référence à l'oncle de sa colocataire. Mais avant qu'il ne puisse en savoir davantage sur cet homme qu'elle avait trouvé sympathique, Barbara changea à nouveau de sujet après avoir pris un temps de réflexion. Les deux jeunes gens n'avaient donc rien de très intéressant à raconter et restaient assis derrière leurs tasses à siroter tranquillement des boissons chaudes. Elliot en profita pour imaginer une situation totalement différente. Une sortie dans un autre lieu pour s'amuser et se décoincer un peu - même s'il n'avait pas le sentiment d'être coincé mais plutôt trop timide pour oser faire quoi que ce soit de son propre chef ou de façon imprévues.

« On devrait peut-être faire quelque chose de totalement différent, pour une fois. » Elliot se surprenait lui-même à proposer de changer la donne. Mais il était jeune et pouvait tenter de bousculer son train-train quotidien, juste une fois, du moment qu'il ne touchait personne ou qu'il ne finissait pas contrarié. « Et si tu veux, ce qui n'a aucun rapport mais puisque tu en as parlé... je peux t'aider à trouver un travail. »

Pour ce qui était de changer les habitudes et bousculer un peu le train-train quotidien, Barbara semblait plus que ravie. Ses yeux semblaient même briller. On aurait pu la comparer à un de ces personnages de dessins animés qui voit enfin son rêve se réaliser. De toute façon, Elliot en avait un peu marre de ne pas avancer. Il n'allait pas non plus sauter les deux pieds joint dans le vide mais était prêt à tâter le terrain, histoire de voir vers quoi il allait. Peut-être qu'il verrait sa vie changer, radicalement. Peut-être pas. Tout étant qu'il était prêt à se lancer dans l'aventure. Avec Barbara. Sans elle, pas sûr qu'il soit réellement prêt à quoi que ce soit. Sa mère étant à l’hôpital, Elliot n'avait plus de repère, plus de guides pour l'accompagner dans ses démarches. C'était peut-être absurde, pour un grand garçon comme lui, mais l'extérieur effrayait Elliot. Seul, il n'était pas sûr de pouvoir s'en sortir. Pourtant, il fallait bien qu'un jour ou l'autre, il prenne ses responsabilités. À moins que ce soit le manque extrême de confiance en lui qui le fasse douter à ce point. Un handicap, en somme. Et il fallait y mettre un terme.

Puis, écoutant un peu les paroles de Barbara, Elliot eut une idée. Il lui avait un peu coupé la parole, mais il avait tellement envie de l'aider qu'il n'y prêta guère attention. Son amie avait besoin d'un travail et il était prêt à changer les rôles, à être là pour elle. Comme quoi, quand il pouvait, le jeune homme savait se montrer responsable. En revanche, il n'avait pas de travail à luii proposer. Barbara avait enchaîné deux questions puis plusieurs mots avant de laisser Elliot s'exprimer. Il eut un petit rire et secoua la tête, désolé de ne pas avoir un emploi sûr dont lui parler. « En fait, je ne sais pas, justement. Mais je peux chercher avec toi. Par exemple, l'école où je suis recherche beaucoup d’employés. Service en bibliothèque, dans la cafétéria... et peut-être même pour d'autres postes. Par contre, je te déconseille de postuler pour être agent de ménage, c'est vraiment... tu vois ? Surtout dans les vestiaires.» Cette simple idée fit frémir Elliot qui souleva ses épaules en grimaçant. « Tu fais tellement de choses pour moi, sincèrement... et je ne sais jamais comment te rendre la pareille alors, si je peux faire quoi que ce soit, j'en serais vraiment très heureux. Sincèrement. »

Elliot imaginait bien la petite tête rousse dans son lycée, en train de remettre les chahuteurs à leur place - de façon tout à fait professionnelle, bien évidemment. Il se doutait bien que Barbara ne feraient pas rencontrer toutes les surfaces de murs à ceux qui le méritaient, même si elle s'en sortait bien de cette manière - contrairement à Elliot qui ne pouvait se battre, sous peine de devenir vraiment très agressif. Bref, Barbara continuait de répondre en donnant son avis sur les vestiaires des garçons, ce qui eut don de faire rire Elliot. Oui, les vestiaires étaient souvent - trop souvent - dans un sale état et mieux valait-il que Barbara se contente de penser que seuls les caleçons et les chaussettes étaient un soucis dans ce type d'endroit. « En tout cas, si tu deviens surveillante, je suis sûr que le lycée sera bien plus calme qu'en temps normal. » Non pas que Barbara soit une wonder woman capable d'arrêter les guerres dans le monde - ou plutôt dans le lycée pour ce cas-là - mais il était certain qu'elle serait bien plus sérieuse que les surveillants actuels, qui se contentaient de faire amis-amis avec les bagarreurs de l'établissement.

Durant quelques instants de calme, Elliot continua de boire quelques gorgées de son chocolat chaud et lança des regards aux personnes présentent dans le café. Il voyait des gens de son âge entre eux, entre amis, s'amuser et rire, profiter de la vie. Qu'est-ce qu'il avait envie d'être aussi sociable. Tout semblait facile pour ces personnes, alors que pour lui, parler à une personne semblait bien trop difficile. Heureusement, il avait Babs et c'était le plus important. Il n'avait pas besoin d'un cercle d'ami étendu pour se sentir bien. Mais là où Elliot voulait en venir, c'est qu'il avait besoin de s'amuser, lui aussi. Il avait donc émis cette hypothèse de vouloir bousculer le cours des événements et Barbara était totalement pour cette idée.

La rousse reprit bien rapidement la parole, sortant Elliot de ses songes. S'il voulait lui faire plaisir ? Tout dépendait de ce qu'elle allait lui demander. Le jeune garçon hocha donc la tête et remonta ses lunettes qui semblaient glisser sur l'arrête de son nez, très attentif. Barbara continua sur sa lancée, lui demandant de terminer son chocolat chaud pour partir ensuite en balade. Eh bien, oui, Elliot pouvait faire ça ! Un sourire s'afficha sur son visage, jusqu'à ce qu'il entende la fin. Sans danger ? Où allait-elle l'emmener au juste ? Curieux, le jeune homme attendit la suite, qui tomba rapidement. Ils allaient aller à Philadelphie. Soudainement aventureux, Elliot posa sa tasse vide et reprit son sourire pour répondre à son amie. « Non, jamais... mais je te suis ! J'ai besoin de changer d'air. »

Philadelphie. Elliot se répétait la destination en tête et se demandait pourquoi Barbara avait choisi cette ville. Qui avait-il à Philadelphie ? Le jeune homme n'était pas assez renseigné pour répondre lui-même à sa question. Peut-être que son amie connaissait bien cet endroit. Peut-être y avait-elle même vécu. Elle avait dit avoir des amis là-bas, alors, qui sait ? Dans tous les cas, Elliot était sûr de se changer les idées. Il en avait besoin et faisait confiance à Barbara qui devait certainement savoir ce qu'elle faisait, même si l'idée avait été lancée sur un coup de tête. Ah ça, Elliot ne savait pas le faire. Il ne lui arrivait jamais de décider de changer son quotidien pour faire quelque chose de totalement différent de ce qu'il avait l'habitude. Elliot ne connaissait pas la spontanéité et n'était pas du genre à vivre au jour le jour. Il pensait et repensait à ses actes avant de les accomplir. Bref, autant dire que cette sortie allait le lancer dans une toute nouvelle expérience qu'il n'aurait jamais cru pouvoir réaliser avant, bien qu'il avait toujours aimé l'idée de voyager.

Confortablement installé dans le véhicule, Elliot laissait ses yeux rivés sur le paysage tout en écoutant le poste radio-cassettes que Barbara avait mis en marche. Du Glenn Miller, bien évidemment. Le jeune homme connaissait bien son amie et appréciait ses goûts en matière de musiques. Alors, un sourire se dessina sur le coin de ses lèvres. Elliot commençait à ressentir les effets de la liberté, de l'aventure. Et même s'il en mourrait d'envie, il ne suivit pas Barbara lorsqu'elle se mit à chantonner l'air de la musique. Trop timide. Il se contentait donc de l'écouter parler lorsqu'elle lui montrait des bâtiments devant lesquels ils passaient, essayant d'imaginer ce que pouvait être un voyage de longue distance à bord d'une voiture. Le rêve ! Elliot aurait aimé pouvoir prendre une voiture et partir sans se retourner, vers des routes qu'il n'avait encore jamais emprunté pour découvrir les quelques petites merveilles que le monde possédait.

Après quelques minutes à observer le paysage autour de lui, Elliot tourna son visage vers Barbara qui avait repris la parole. Mais cette fois, elle ne parla pas des alentours et l'informa sur son intention de vouloir lui poser une question qui devait être dans sa tête depuis un moment. « Je t'écoute. » Intrigué, Elliot attendit la suite. Et quelle suite ! La question eut le don de faire rougir le jeune homme qui braqua son regard sur la route face à eux. Coté rencontres ? Comme si Elliot en avait le temps. Ou la possibilité. Le garçon eut donc un mouvement de tête plutôt exagéré, secouant celle-ci de droite à gauche comme un enfant qui refusait de manger sa soupe. « Non, non. Je... Je n'ai pas de... il n'y a rien de ce coté là en fait. Je sais, c'est pathétique mais, je ne peux pas. Tu le sais. » La mutation. Et oui, elle était bien là et l'empêchait d'avoir une vie à peu près normale, alors que d'autres pouvaient soulever des véhicules ou faire cracher des flammes de leurs mains, lui possédait un double effrayant et avait la capacité de brûler tout ce qui était à portée de main. Charmant, non ? « Et toi ? Tu parlais de quelqu'un lorsque nous étions au café. Qui est-ce ? »