Un traumatisme crânien. Voilà avec quoi Ryann était ressorti de l’hôpital. Ça et l'impossibilité de marcher pendant quelques semaines, plus une amnésie post-traumatique plutôt lourde. Plus de souvenirs de son enfance, ou très peu. Plus de souvenir de sa personne, de son frère, cet inconnu chez qui il vivait pourtant et qu'il ré-apprenait à connaître en posant des questions ou en observant des photographies. Les clichés ne pouvaient pas mentir. Il était bel et bien le frère de cet homme. Luke. D'après les médecins, sa mémoire reviendrait à force de la stimuler. Il fallait un déclic, un nouveau choc pour raviver sa mémoire. Du coup, plus de théâtre. Plus de travail. Plus d'activités qu'il aimait tant, et plus d'habitudes auxquels il s'adonnait souvent. Ryann devait être patient, sa famille avec.

Un mois et trois jours s'étaient écoulés depuis l'accident et la matinée s'annonçait comme une autre. Mais ce ne fut pas le cas. Après avoir posé les pieds par terre, Ryann observa sa chambre et fronça les sourcils. Il se souvenait. Il se souvenait de tout ! Même de l'accident ! Il avait d'ailleurs eu des rêves très étranges à ce propos et avait revu de nombreuses étapes de sa vie, dont celles qu'il avait vécu quelques heures après que son véhicule ne percute... il ne savait plus trop quoi. Mais l'important était qu'il se souvenait exactement de qui il était et... et... était-il toujours dingue ? Aurait-il encore ses drôles de déplacements, ses pertes de mémoires minutes qui le conduiraient à des endroits loufoques ? Ryann avait toujours eu des soucis avec sa matière grise et les séquelles de l'accident n'étaient vraiment pas très surprenantes. Perdre la mémoire avec son problème fréquent, quelle surprise ! Ryann restait donc assis sur son lit, un long moment, avant de se lever et de rejoindre la pièce où se trouvait son frère. « Je me souviens. Elle est revenue. Ma mémoire.» Pas très enjoué par cette nouvelle, Ryann décrocha un fin sourire et prit place quelque part. « Tu es revenu à cause de mon accident j'imagine ?» La mémoire était revenue comme une fleur, mais Ryann ne serait pas capable de reprendre le théâtre trop vite. Sa mémoire allait encore lui jouer des tours avec de petits détails pendant quelques semaines... ce qui allait littéralement le rendre dingue ! Puis, il devait certainement voir des médecins pour confirmer la réapparition de mémoire soudaine. Petit indice : la mutation aidait un peu au processus.

Un mois... Un mois que j'avais tout quitté pour m'occuper de Ryann, mon frère. Et si je me souvenais parfaitement qui il était lui ce n'était pas vraiment le cas. Un traumatisme crânien et mon propre sang ne me reconnaissait plus. Alors j'avais pris sur moi, et comme quand on était gamin j'avais pris soin de lui, je m'en voulais de ne pas avoir été là plus tôt, de ne pas avoir su le protéger...

J'avais tenté de lui parler de notre enfance, de lui montrer des photos de famille espérant qu'un déclic surviendrait, il y avait des jours où j'étais extrêmement patient et d'autres ou la moindre once d'espoir m'échapper et j'avais envie de lui hurler dessus que ce n'était pas possible de tout perdre comme cela, j'avais envie d'exploser et d'hurler au monde entier que s'en prendre à mon frère c'était vraiment quelque chose d'injuste. Alors quand je sentais que c'était un jour comme ça je m'isolais et je tentais de le croiser le moins possible et je m'en voulais parce que c'était mon frère et que mon comportement était stupide mais je n'y pouvais rien... Vraiment rien.

N'ayant pas vraiment pu dormir je m'étais installer au salon, assis contre la fenêtre, la pluie tombant sur les vitres je les regardais glisser, serrant mes genoux contre mon torse. Ne sachant pas encore si c'était un jour avec où un jour sans... Ce sont les plaintes de Flick qui me firent tourner la tête. Visiblement il voulait m'annoncer que Ryann était là.

- Je me souviens. Elle est revenue. Ma mémoire.

J'inclinais la tête rivant mon regard sur le jeune homme, j'avais déjà vécu cette scène en rêve, je me posais d'ailleurs encore la question. Je le vis me sourire légèrement et je commençais à me redresser.

- Tu es revenu à cause de mon accident j'imagine ?

Je m'approchais du jeune homme et le serrer dans mes bras. Ce n'était plus un étranger mais bel et bien mon frère de retour. Je perdais rapidement patience et espoir pour tout et n'importe quoi, alors là je sentais un poids se lever de ma poitrine.

- Tu t'attendais quand même pas à ce que je laisse mon petit frère en plan ?

Je desserrais rapidement ma prise avant de poser une main sur son épaule, j'étais quand même curieux de savoir ce qui c'était passé, on attendait depuis des mois rien qu'un seul souvenir et là c'était toute sa mémoire qui du jour au lendemain décider de faire son retour.

- Comment ça se fait que tu te souviens de tout maintenant ? C'est les photos ?

Et visiblement je n'étais pas le seul à être content puisque même la carafe d'eau laissa échapper une bulle, avant qu'elle ne se mette à chanter... Ce genre de chose avait commencé très jeune et alors pour ne pas que Ryann attrape cette maladie j'avais été envoyé loin très loin de la maison...

Tout était tellement bizarre. Ryann avait l'impression d'être dans un drôle de rêve, ou plutôt d'en être sorti et de pouvoir continuer sa vie comme autrefois, sauf que quelques jours étaient passés depuis son accident. Il se souvenait de tout l'épisode où il avait perdu la mémoire et n'était franchement pas déçu de l'avoir retrouvé, même si ses malheurs allaient revenir au galop. Après tout, il était un mutant, sans le savoir, alors... Il devrait faire avec. À moins que tout ait disparu avec l'accident. Ce serait une bonne chose, non ? Ryann était un peu trop optimiste. Ou plutôt naïf.

Devant son frère, le jeune homme affichait un sourire, mais en réalité, il était inquiet. Il avait peur d'être encore sujet à ses drôles de crises et ne voulait pas que son frère s'en inquiète. Mais il vivait ici, avec lui, et n'avait même plus la possibilité de retrouver son vieil appartement qui était loué à l'heure actuelle. « Tu t'attendais quand même pas à ce que je laisse mon petit frère en plan ? » Un petit rire, tout en serrant son frère qui l'avait pris dans ses bras. C'était bon de le retrouver. « Eh bien, quand je n'avais plus aucun souvenir de qui tu étais... j'aurais pu le penser.» Ryann taquinait juste son frère, puis repris son sérieux. « C'est bon de te revoir. Vraiment, merci... de ne pas m'avoir laissé... en plan.» Ryann ne pensait pas son frère capable d'une telle chose mais le remerciait quand même. Il avait de la chance d'avoir un grand frère protecteur.

« Comment ça se fait que tu te souviens de tout maintenant ? C'est les photos ? » Ryann hocha la tête en prenant place sur le canapé. « Oui, je pense. Ça et les habitudes que je répétais. À force, ça a dû déclencher ma mémoire. Mais, c'est un rêve qui m'a... sorti de ce cauchemar. J'ai revu des flash de ma vie, des brides de souvenirs et de l'accident puis... me voilà. Mais, je sens quand même que quelque chose ne va pas. Les médecins ont parlé de pertes de mémoires par épisodes... ça file un peu les jetons.» Par exemple, Ryann ne se souvenait même plus le nom du grand bloc rectangulaire qui se trouvait dans la cuisine. Le réfrigérateur. Vivement que toute cette histoire soit derrière lui. « Tu vas rester ici du coup ? On devient... colocataires ?»

Alors c'était revenu, tout lui était revenu comme ça ? C'était étrange, non pas que j'allais m'en plaindre bien au contraire, mais je trouvais ça bizarre qu’après quelques mois tout revienne d'un seul coup. Mais j'étais heureux, trop content de retrouver mon frère. Il s'étonna que je sois revenu à cause de son accident.
Plus jeune on nous avait éloignés, de peur que je "contamine" mon frère. Alors on m'avait envoyé le plus loin possible et le contact avait été plus que restreint pour ne pas dire presque inexistant.

- Eh bien, quand je n'avais plus aucun souvenir de qui tu étais... j'aurais pu le penser.

J'arquais un sourcil véritablement intrigué, jamais je ne l'aurais laissé. On avait changé, on était plus deux adolescents, on faisait nos propres choix et personne ne pouvaient venir les contester.

- C'est bon de te revoir. Vraiment, merci... de ne pas m'avoir laissé... en plan.

- C'est bon de te revoir aussi et jamais j'aurais fait ça.

J'émis un sourire, serrant Ryann contre moi, j'avais tout laissé tomber pour lui et si c'était à refaire je ne changerais absolument rien, je laisserais tout tomber et partirais comme je l'avais fait. Ce n'était pas ça que je regrettais, ce que je regrettais réellement c'était de ne pas l'avoir fait des années plus tôt...

Je décidais quand même de comprendre ce qui avait pu se passer, comment tout avait pu revenir, si c'était les photos ou autres, seulement ce n'était pas sa voix que j'entendis en premier mais plutôt celle de tous les objets ou appareils présents dans la pièce donnant chacun une réponse différente, mais je ne voulais entendre que celle du jeune homme face à moi, chose qu'il ne tarda pas à faire, et je me concentrais sur ce dernier afin de ne plus entendre les autres voix.

- Oui, je pense. Ça et les habitudes que je répétais. À force, ça a dû déclencher ma mémoire. Mais, c'est un rêve qui m'a... sorti de ce cauchemar. J'ai revu des flash de ma vie, des brides de souvenirs et de l'accident puis... me voilà. Mais, je sens quand même que quelque chose ne va pas. Les médecins ont parlé de pertes de mémoires par épisodes... ça file un peu les jetons.

- On devrait quand même passer à l'hôpital s'assurer que tout se passe bien.

Je gardais un léger sourire, je ne voulais pas l'inquiéter, après tout ce qu'il avait vécu ces derniers temps il méritait d'être épargné un maximum, du moins c'était mon avis, un avis de grand frère, bien trop protecteur d’après une infirmière que j'avais trouvée trop lente lors d'une de nos visites à l'hôpital. Il fallait dire qu'elle marchait à deux à l'heure et que j'ai tendance à partir au quart de tour, surtout s'il s'agit de Ryann.

- Tu vas rester ici du coup ? On devient... colocataires ?

- A moins que tu ne veuilles pas de moi ici, sinon j'ai bien l'intention de rester.

Je le taquinais à mon tour enfin ça c'est ce que je me disais, je m'étais imposé dans la vie du jeune homme dernièrement, mais je n'allais pas le laisser seul pas après un coup pareil.

« C'est bon de te revoir aussi et jamais j'aurais fait ça. » Comme si Ryann pouvait en douter. Il afficha un large sourire, reconnaissant envers son frère, et resté contre lui, comme si la proximité le rassuré. Autrefois, alors qu'il n'était qu'un enfant, Ryann se rendait toujours dans la chambre de son aîné lorsqu'il faisait des cauchemars, juste pour être rassuré, pour savoir qu'il ne se passerait rien tant qu'il était là. C'était aussi la même chose lorsque Ryann était malmené par des camarades de classe, ou par la vie. Luke avait toujours été là pour lui. N'importe quand, même aujourd'hui, alors qu'il avait d'autres préoccupations professionnelles importantes.

Comment parler du fait qu'il se souvenait de tout comme si un agicien avait claqué des doigts après avoir fait un tour d'hypnose ? La science, le corps humain, était confus. Ryann ne parvenait pas à expliquer son retour à la normale mais était rassuré de se retrouver tel qu'il était réellement, ou presque. Il émis donc quelques hypothèses sur le retour de sa mémoire, mais Luke avait une bien meilleure idée. Se rendre à l’hôpital. Ryann avait tout de même un peu peur. Il n'avait pas énormément confiance aux médecins et avait toujours peur qu'on lui décèle une maladie grave, surtout avec les drôles de symptômes qu'il avait depuis le début de son adolescence. Agressivité, déplacement nocturne, perte de mémoire partielle. Comme quoi, son esprit n'était pas toujours là, avec ou sans accident de la route. « À condition que tu restes avec moi, je déteste vraiment les hôpitaux, et je ne veux pas passer la soirée là-bas, ni plusieurs jours. Je veux juste y aller pour m'assurer que tout va bien...» Dormir dans la même pièce qu'un inconnu, pas franchement dans ses habitudes. Ryann était inquiet, mais devait faire ce qu'il fallait.

Curieux, Ryann demanda à son frère s'il comptait rester avec lui, devenir comme une sorte de colocataire, ce à quoi Luke ne tarda pas à donner réponse. « A moins que tu ne veuilles pas de moi ici, sinon j'ai bien l'intention de rester. » Qu'il ne veuille pas de lui ? Ryann secoua la tête de droite à gauche. « Qu'est-ce que je ferais sans toi ? Surtout que je ne suis pas sûr d'avoir toute ma tête depuis l'accident. Tu peux rester. Et on peut aller à l’hôpital. Plus vite ce sera réglé, plus vite on retournera à la maison non ?» Ryann mit rapidement une veste chaude par dessus ses vêtements, ou plutôt son pyjama qui ressemblait assez à une tenue de sport, puis observa son frère, curieux. « J'ai manqué quoi durant tout ce temps où on ne s'est pas vus ?»

Ryann était redevenu lui-même, avoir mon frère de retour était une excellente chose, mais tant que je n'étais pas sûr qu'il aille bien je n'allais pas le quitter, ni même après, on n'avait déjà été séparé plus jeune parce qu'on me pensait malade. Mais maintenant c'était différent je n'allais plus le quitter, vu comment ça c'était terminer pour lui la dernière fois c'était hors de question.
Ma première pensée fût de le conduire à l'hôpital et s'assurer que sa mémoire était bel et bien de retour et que ce n'était pas un autre contre-coup ou je ne sais quoi et que ça n'allait pas durer... Je proposais donc à Ryann de se rendre à l'hôpital autant pour se rassurer que pour me rassurer. Mais ça Ryann n'avait pas à le savoir, que j'étais mort de trouille à l'idée que quelque chose lui arrive.

- À condition que tu restes avec moi, je déteste vraiment les hôpitaux, et je ne veux pas passer la soirée là-bas, ni plusieurs jours. Je veux juste y aller pour m'assurer que tout va bien...

- Quoi qu'ils disent je te ramène à la maison dès qu'on à les résultats, je te laisse pas là-bas.

J'émis un sourire en coin repensant à toutes les fois où j'avais joué mon rôle de grand frère, rassurant et protégeant Ryann, je n'avais toujours eu que lui et je l'avais toujours protégé ne voulant que rien de mal et de grave ne lui arrive. C'était stupide, la vie n'épargner personne mais j'avais tout fait pour l'éloigner de lui peines, peurs et douleurs du moins le temps qu'on avait passé ensemble.
Puis Ryann ne tarda pas à me demander si je comptais rester avec lui, je ne m'étais même pas posé la question pour moi c'était la bonne chose à faire que d'habiter avec lui. C'était plus simple surtout pour sa convalescence. Je pouvais garder un oeil sur lui de nuit comme de jour.

- Qu'est-ce que je ferais sans toi ? Surtout que je ne suis pas sûr d'avoir toute ma tête depuis l'accident. Tu peux rester. Et on peut aller à l’hôpital. Plus vite ce sera réglé, plus vite on retournera à la maison non ?

- Tu avais l'air de bien t'en sortir sans moi... Jusque-là...

Ce n'était pas un reproche, ou alors c'était contre moi, à rien que l'idée de savoir tout ce que j'avais manqué de sa vie me mettait hors de moi. Puis j'opinais, avant d'attraper ma veste, je me dirigeais rapidement vers ma chambre pour récupérer les clés de ma voiture posées sur ma table de nuit, Flick couché au pied du lit passa ses pattes avant devant ses yeux quand j'allumais la lumière, je me dépêchais d'attraper mes clés et d'éteindre la lumière, je fus remercié par un soupir et je sortis de ma chambre pour rejoindre mon frère dans l'entrée.

- J'ai manqué quoi durant tout ce temps où on ne s'est pas vus ?

- Je suis entré dans l'armée, j'ai trouvé Flick lors d'une mission mais tu as déjà fais sa connaissance et c'est à peu près tout.

Je venais d'ouvrir la porte d'entrée et je m'étais appuyé contre cette dernière, qu'est-ce que je pouvais bien lui dire ? Que je ne savais toujours pas si j'étais fou, je prenais des contrats en tant que sniper, je pouvais produire de drôle de chose si je claquais mes mains l'une dans l'autre ou contre quelque chose, mais je me voyais mal lui raconter tout ça, il avait déjà assez à gérer sans que j'en rajoute une couche.

- Et pour toi ? Qu'est que j'ai manqué ?

« Quoi qu'ils disent je te ramène à la maison dès qu'on à les résultats, je te laisse pas là-bas. » Rassuré, Ryann put se permettre de sourire, un bref instant. Puis, il fut submergé d'une peur, celle de reperdre totalement la mémoire. Celle de ne plus se souvenir de qui il était réellement, de sombrer à nouveau dans ces stupides exercices dont il se souvenait à peine, comme s'il avait fait un horrible cauchemar et que son esprit effaçait le peu qu'il avait pu voir dans ses songes. Pour chasser cette peur, Ryann devait parler d'autre chose, plaisanter. Il répondit donc à son frère, en essayant de garder son sourire et de ne pas flancher vers la psychose. « Tu avais l'air de bien t'en sortir sans moi... Jusque-là... » C'était ce qu'il croyait. Ryann n'avait jamais été clairement bien. Il haussa alors les épaules, comme pour faire comprendre à son aîné que ce n'était pas vraiment le cas. « Pas tant que ça. Non pas que je veuille te retenir de vivre ta vie un jour, si tu le dois. Mais crois-moi, je suis vraiment content que tu sois là. J'en ai besoin.»

Assez parlé de lui, même si le sujet allait revenir comme un boomerang. Ryann posa une question à son frère, histoire de se tenir informé de ce qu'il avait fait durant son absence. En espérant que toutes ces paroles ne seraient pas effacées par ses neurones dans quelques heures ou pire, quelques minutes. Un nouveau frisson d'effroi parcourut la peau de Ryann qui glissa ses bras nues dans une veste, pour éviter de montrer à son frère qu'il avait la chair de poule, même s'il pouvait faire passer cet état pour une simple crainte de basse température. « Je suis entré dans l'armée, j'ai trouvé Flick lors d'une mission mais tu as déjà fais sa connaissance et c'est à peu près tout. » Déjà fait sa connaissance ? Ryann ne s'en souvenait déjà plus. Il déglutit alors, sentant le malaise reprendre en puissance au fond de ses entrailles. « Je... quand est-ce que je l'ai rencontré au juste ?» Il y a quelques heures, minutes, jours ? Ryann craignait le pire dans la réponse de son frère. Pourvu qu'il ne rende pas son repas à force de cogiter sur son état.

« Et pour toi ? Qu'est que j'ai manqué ? » Voilà, la conversation revenait sur lui. Toujours mal à l'aise, Ryann secoua la tête. Il avait manqué des tas de choses et très peu à la fois. « Je n'ai toujours personne dans ma vie, pas de chien, pas d'animaux domestique... je crois. » Ryann réfléchit un moment avant de reprendre, persuadé que ces paroles étaient vraies. « J'ai une question Luke. Ou peut-être plusieurs. Quand nous étions jeunes, est-ce que j'étais sujet au somnambulisme ? Est-ce qu'on a détecté chez moi des soucis psychologiques ? Ou... est-ce que des membres de notre famille en a ? »

Je n'avais aucune intention de laisser mon frère à l'hôpital. je ne tardais pas à lui que ça n'arriverait pas, qu'il rentrerait dès qu'on aurait les résultats, chose qui arracha un sourire au jeune homme face à moi. Je pensais que Ryann s'en sortait très bien sans moi, et d’après ce dernier il semblait que j'avais tort.

- Pas tant que ça. Non pas que je veuille te retenir de vivre ta vie un jour, si tu le dois. Mais crois-moi, je suis vraiment content que tu sois là. J'en ai besoin.

- Alors je ne bouge pas.

J'avais assez raté de chose dans la vie de Ryann pour repartir. Puis le jeune homme me questionna sur ma vie je n'avais pas grand chose de passionnant à lui raconter, puisqu'il ne s'était pas passé grand chose dans ma vie, j'avais omis de lui dire que je me pensais fou ou atteint de je ne sais quoi. Un type normal ne peut pas plier à sa volonté, ni entendre des objets. Et s'il claque des doigts rien ne se passe, personnellement c'était un peu plus différent...

- Je... quand est-ce que je l'ai rencontré au juste ?

- Quand je suis rentré... Enfin je crois il c'est passé tellement de choses quand j'ai fais mon retour... Tu sais le chien-loup noir qui me suit partout. Ce n'est pas grave je te le présenterais quand on rentrera alors.

J'émis un léger sourire ne voulant pas inquiéter Ryann qui semblait être assez préoccupé comme ça. Et honnêtement je ne savais plus si je lui avais présenté Flick. Je posais une main dans son dos en signe de réconfort, à ce rythme-là il allait me faire une crise de panique avant qu'on est le temps d'atteindre ma voiture. Alors je tentais une diversion en lui demandant à mon tour ce que j'avais manqué. De cette façon le jeune homme se concentrait sur la réponse et ne céder donc pas à la panique.

- Je n'ai toujours personne dans ma vie, pas de chien, pas d'animaux domestique... je crois.

J'opinais avant de me rapprocher de la porte d'entrée, faisant tourner entre mes doigts les clés de ma voiture. J'espérais que ces examens n'allaient pas trop le fatiguer. Je m’immobilisais en entendant le jeune reprendre la parole.

- J'ai une question Luke. Ou peut-être plusieurs. Quand nous étions jeunes, est-ce que j'étais sujet au somnambulisme ? Est-ce qu'on a détecté chez moi des soucis psychologiques ? Ou... est-ce que des membres de notre famille en a ?

Je fermais la porte d'entrée en entendant sa question, légitime dans son état, mais il y avait quelques problèmes, j'ignorais si nos parents adoptifs avaient avoué la vérité à Ryann, sur le fait qu'on avait justement été adoptés mais aussi la vérité sur mon départ, c'était parce que j'avais découvert ça et parce qu'il me pensait être un danger pour Ryann qu'ils m'avaient envoyé le plus loin possible de la maison.

- On devrait peut-être s'asseoir ?

Ou tout du moins Ryann, il était déjà tellement inquiet mais je le connaissais si je ne répondais pas à sa question ça allait le travailler et je ne voulais pas ça.

- Tu sais pourquoi je suis parti ? Les Jones t'ont-ils dit la vérité au moins une seule fois dans leurs vies ?

Jamais je n'aurais cru avoir à faire ça, annoncer les nouvelles c'était loin d'être mon truc. Je en savais pas comment m'y prendre, je ne savais pas si je devais lui proposer juste de s'asseoir ou alors de boire quelque chose ?

- Je ne suis pas parti de mon plein gré, j'ai découvert qu'ils nous avaient adoptés, et parce qu'ils pensaient que j'étais un danger pour toi. Du somnambulisme ? A part les nuits d'orage ou quand tu faisais des cauchemars il t'arrivait de changer de lit pendant la nuit sinon non.

Peut-être que si je n'avais pas été si curieux ce soir-là, en leur demandant des comptes quant aux papiers que j'avais trouvés, je ne me serais pas mis en colère, je n'aurais pas provoqué cette espèce d'onde de choc, et je ne me serais jamais éloigné de Ryann.

- Pour le reste de notre famille sachant qu'on a étaient adoptés je vais avoir du mal à te donner une réponse. Mais je ne pense pas être normal alors...

Ryann aurait été capable d'oublier ce qu'il portait sur lui en un claquement de doigts. Même si une grande partie de sa mémoire était revenu en un déclic, il restait quelques inconvénients, comme le fait d'oublier la présence du chien de son grand frère. Inquiet, Ryann observait la pièce dans laquelle il se trouvait, à la recherche de l'animal. S'il le croisait, alors, peut-être qu'il se souviendrait. Il l'avait déjà rencontré. Il avait même dormi dans sa chambre. Ne souhaitant pas angoisser son frère davantage, Luke avait donné une réponse plutôt confuse et proposa à son frère de rencontrer le chien plus tard. Ensuite, Ryann reçut un tout petit interrogatoire, afin d'occuper son esprit et d'éloigner les angoisses. Pourtant, le jeune homme demeurait inquiet malgré les bonnes intentions de son aîné.

Les dernières questions de Ryann auraient dû être posées il y a bien longtemps. Depuis de nombreuses années, le jeune homme se sentait à part, différent. Malade, mentalement. Il n'avait jamais osé inquiéter son frère, mais aujourd'hui, suite à l'accident et à ce qu'il se souvenait de ses étranges agissements, Ryann ne pouvait plus garder son secret. Il voulait obtenir une réponse, même si celle-ci risquait de lui donner un coup de stress supplémentaire. « On devrait peut-être s'asseoir ? » Cette phrase n'inaugurait rien de bon. Ryann hocha cependant la tête, prêt à entendre la réponse de son aîné. « Tu sais pourquoi je suis parti ? Les Jones t'ont-ils dit la vérité au moins une seule fois dans leurs vies ? » Toujours confus, à cause de sa partielle amnésie ou parce qu'il n'avait réellement jamais eu d'informations à ce sujet, Ryann secoua la tête. Il ignorait tout du départ de son frère quelques années auparavant. Un départ qui l'avait fait souffrir. « Je ne suis pas parti de mon plein gré, j'ai découvert qu'ils nous avaient adoptés, et parce qu'ils pensaient que j'étais un danger pour toi. » Une horrible sensation de brûlure s'empara de la gorge de Ryann qui sentait des larmes monter à ses yeux. Un danger pour lui ? En quoi Luke était-il un danger ?

« Du somnambulisme ? A part les nuits d'orage ou quand tu faisais des cauchemars il t'arrivait de changer de lit pendant la nuit sinon non. » Ryann ignorait s'il devait continuer sur cette lancée. Il ne voulait vraiment pas inquiéter son frère plus qu'il ne l'était sûrement déjà et poussa un profond soupir. Ce qu'avait dit Luke quelques secondes plus tôt le faisait réfléchir plus que sur son propre état. Un danger. Des parents adoptifs. Ryann n'était donc pas un véritable Jones ? « Pour le reste de notre famille sachant qu'on a étaient adoptés je vais avoir du mal à te donner une réponse. Mais je ne pense pas être normal alors... » Pas normal ? Tout était si étrange... Ryann leva les yeux vers son grand frère, désireux d'en savoir plus sur cette histoire. Même s'il devait oublier la conversation dans les secondes, voire minutes à venir, il voulait au moins entendre la suite. « Tu disais qu'ils te considéraient comme dangereux par rapport à moi, maintenant tu dis ne pas être normal. Qu'est-ce qu'il se passe, au juste ? Qu'est-ce qui fait de toi une personne dangereuse pour moi ? Est-ce que ça a un rapport avec nos parents biologiques, nos origines ? Ou juste à cause de ton parcours dans la vie ? Je veux savoir...»

Je ne savais pas exactement ce que savait Ryann sur mon départ, mais je ne l'aurais jamais laissé derrière moi, jamais... On ne m'avait pas laissé le choix, et alors que je pensais devenir dangereux nos parents adoptifs ont fini par me convaincre que j'étais un danger pour lui. Et qu'il était donc préférable que je parte...
Quand je proposais à Ryann de s'asseoir, il hocha la tête et s'assit, je ne voulais pas lui rajouter du stress, j'aurais aimé attendre de le savoir pleinement guéri pour lui annoncer ce genre de chose, car s'il avait appris un jour qu'on avait été adoptés, peut-être l'avait-il oublié à cause de l'accident ?

Ryann secoua la tête quand je lui demander s'il savait pourquoi j'étais parti, je lui racontais donc la vérité, l'adoption, mon départ précipité parce que j'étais d'après eux "anormal" et un danger pour les gens proche de moi. Mais le pire dans toute cette histoire, c'était que je le pensais aussi.

Quand Ryann me posa des questions afin de savoir s'il avait été somnambule, je répondis que non, du moins de ce que j'avais pu en voir, il n'avait jamais fait ça. Il poussa un long soupir et j'aurais aimé pouvoir trouver les mots qui le réconforteraient et ne le feraient plus s'inquiéter, seulement, j'avais des années de retard pour ça...

- Tu disais qu'ils te considéraient comme dangereux par rapport à moi, maintenant, tu dis ne pas être normal.

- Parce que je ne le suis pas Ryann. J'ai passé tous les tests possibles et inimaginables, personne n'a rien trouver.

Quand j'étais calme tous les objets autour de moi semblaient l'être, mais quand je commençais à être inquiet ou à ressentir une quelconque émotion les objets ne restait pas calme bien longtemps. La théière posée sur la table laissa échapper un horrible sifflement.

- Qu'est-ce qu'il se passe, au juste ? Qu'est-ce qui fait de toi une personne dangereuse pour moi ? Est-ce que ça a un rapport avec nos parents biologiques, nos origines ? Ou juste à cause de ton parcours dans la vie ? Je veux savoir...

- J'en sais rien, je sais juste que je suis différent, et que si je perds le contrôle, je deviens dangereux. Ca n'a rien à voir avec ce que je fais pour gagner ma vie, si je savais d'où ça vient, je t'en aurais parlé bien avant. Je sais juste que si tu voyais ce que je peux faire, tu me prendrais pour un dingue et je ne suis pas sûr que tu aurais tort.

Je voulais aussi des réponses, savoir ce qui clochait chez moi, si c'était héréditaire ? Si j'étais le seul dans ce cas-là, entre les objets qui prenait vie dès que mes émotions entraient en jeu et les ondes de choc que je pouvais provoquer, bon, j'avais la chance de maîtriser ce dernier, c'était déjà ça...

- Je peux animer les objets autour de moi et créer des ondes de choc.

Je devais bien avouer que mes mutations m'avaient aidé lors de combat au corps-à-corps, ou lors des combats en cage que j'avais fait par le passé pour gagner un peu d'argent.

« Parce que je ne le suis pas Ryann. J'ai passé tous les tests possibles et inimaginables, personne n'a rien trouver. » Le garçon fut soulagé. Son frère n'avait rien de dangereux et c'était scientifiquement prouvé. Même si Ryann n'en doutait pas une seule seconde, leur enfance avait été bouleversée par ce "problème" qui avait engendré une séparation des deux frères. Cependant, si Luke n'avait aucun soucis dangereux, Ryann n'était pas sûr de pouvoir prétendre, lui aussi, n'avoir rien qui cloche chez lui. Là, une nouvelle vague d'angoisse le submergea, mais il tenta de la laisser passer et de penser à autre chose.

Ryann fut quand même forcé de poser des questions, pour essayer de comprendre en quoi Luke avait-il pu être considéré comme dangereux si personne n'avait rien trouvé d'étrange durant les tests qu'il avait passé. Et puis, selon ses réponses, peut-être Ryann pourrait-il enfin comprendre ce qui n'allait pas avec lui. Peut-être avait-on confondu les deux garçons. Peut-être aurait-on dû faire des tests sur Ryann et non pas sur son aîné. « J'en sais rien, je sais juste que je suis différent, et que si je perds le contrôle, je deviens dangereux. Ca n'a rien à voir avec ce que je fais pour gagner ma vie, si je savais d'où ça vient, je t'en aurais parlé bien avant. Je sais juste que si tu voyais ce que je peux faire, tu me prendrais pour un dingue et je ne suis pas sûr que tu aurais tort. » Donc, il avait fait des tests mais avait quand même quelque chose de dangereux en lui ? Ryann ne savait plus quoi penser et se força à déglutir, inquiet.

« Luke. J'ai besoin de savoir. C'est important... Je me pose des questions et ça ne va pas arrêter tant que tu ne me diras pas tout ce que tu caches. Et je suis ton frère. Je ne vais pas... te prendre pour un dingue. S'il y a un dingue ici pour l'instant, c'est moi. Alors... dis-moi.» Ryann se planta devant lui, les bras croisés, déterminé à avoir ce qu'il voulait. Si Luke ne parlait pas, il n'irait pas à l’hôpital. C'était peut-être bête comme résolution, mais Ryann s'en fichait. « Je peux animer les objets autour de moi et créer des ondes de choc. » Après cette révélation, le jeune homme manqua de perdre l'équilibre. Animer des objets ? Créer des ondes de choc ? « Tu veux dire quoi par là ? Tu es... comme... un sorcier ?» Ryann était très limité, et pour cause, il n'avait encore jamais été confronté à une telle réponse.

Ryann voulait connaître les véritables raisons de mon départ, il allait les avoirs, j'ignorais ce que nos parents adoptifs avaient bien pu lui raconter et je m'en moquais à vrai dire, ce qui m'inquiétait, c'était comment mon frère me verrait après lui avoir annoncé la vérité. Qu'est-ce qu'il allait à faire quand il découvrirait ce dont je suis capable, les champs de forces, les objets s'animant, j'avais fait très attention quand Ryann était dans les parages à me contrôler complètement, j'ignorais s'il avait vu des trucs étranges, songeant que c'était une hallucination.

- Luke. J'ai besoin de savoir. C'est important... Je me pose des questions et ça ne va pas arrêter tant que tu ne me diras pas tout ce que tu caches. Et je suis ton frère. Je ne vais pas... te prendre pour un dingue. S'il y a un dingue ici pour l'instant, c'est moi. Alors... dis-moi.

Il était là devant moi, les bras croisés et je savais comment il pouvait être borné parfois, je l'étais tout autant, mais on devait se rendre à l'hôpital et quelque chose me disait que tant que je ne lui aurais pas donné de réponse, il ne bougerait pas et le connaissant Ryann pourrait rester planter là pendant des heures et des heures juste pour prouver ses dires. Alors je ne tardais pas à lui avouer ce dont j'étais capable.

- Tu veux dire quoi par là ? Tu es... comme... un sorcier ?

- Je ne suis pas magicien, ni celui d'Oz ou d'un autre roman. Je...

Une idée me traversa l'esprit, celui de lui montrer, certaines fois une action vaut bien plus que les mots. J'indiquais la cafetière à Ryann avant de me concentrais sur cette dernière qui s'inclina légèrement pour servir du café dans une petite tasse juste à côté, et qui s'arrêta seulement quand je lâchais un "stop".

Puis je m'approchais de la table en bois de la cuisine, une table que je n'avais jamais vraiment apprécié et Ryann n'avait pas l'air de l'aimer non plus. Alors je m'approchais de cette dernière bien décidé à montrer à Ryann ce dont j'étais capable.

- C'est bien cette table que t'as jamais pu voir en peinture ?

Une légère tape sur la table et elle sembla tremble avant que les pieds de cette dernière ne la lâchent subitement. Ce n'était pas juste pour Ryann d'ignorer tout ça sur moi, c'était mon frère si lui ne comprenait pas qui j'étais et ce que j'étais qui le ferait ?

- Un claquement de doigt, un coup-de-poing ou autre et ça se déclenche si je ne fais pas attention... Tu me crois maintenant quand je te dis être dangereux ?

« Je ne suis pas magicien, ni celui d'Oz ou d'un autre roman. Je... » Ryann arqua les sourcils, attendant que son frère continue la phrase qu'il avait entamé. S'il n'était pas magicien, comment expliquer sa drôle de capacité ? Ce n'était pas tous les jours que l'on entendait parler d'homme capable d'animer des objets ou de créer des ondes de choc. Le pire dans toute cette histoire, c'est que Ryann était effrayé. Pas à cause de son frère, mais à cause de son accident et de son état général. Et s'il était en train de rêver ou d'imaginer cette discussion ? Peut-être était-il perturbé au point de déformer la vérité. Peut-être que son frère n'avait jamais abordé un tel sujet. Lentement, le jeune homme passa alors une main sur son visage, totalement déphasé.

Après quelques secondes, Luke désigna la cafetière à son jeune frère qui s'empressa de regarder l'objet, sans se douter de ce qui l'attendait. Là, l'objet s'était incliné, comme si une personne invisible l'avait pris en main pour se servir une tasse de café. Ryann eut une drôle d'impression et dut s'appuyer contre un mur pour ne pas perdre l'équilibre à cause du choc. Puis, après avoir ordonné à la cafetière de cesser son mouvement, Luke s'approcha d'une table que Ryann n'avait jamais apprécié - à force de s'y cogner dessus. « C'est bien cette table que t'as jamais pu voir en peinture ? » Ryann hocha à peine la tête, encore un peu tétanisé à l'intérieur. Et il avait de quoi. La table se mit à trembler avant de céder, comme si ses pieds ne tenaient plus. Encore une fois, Ryann sembla défaillir et s'appuya de toutes ses forces contre le mur pour ne pas tomber lamentablement contre le sol. C'est qu'il était fragile le petit.

« Un claquement de doigt, un coup-de-poing ou autre et ça se déclenche si je ne fais pas attention... Tu me crois maintenant quand je te dis être dangereux ? » Le jeune homme secoua la tête de haut en bas. « Dangereux. Mais pas pour moi. Non ?» Est-ce que toute cette scène était réelle ? Ryann n'osait pas encore parlé de ses doutes à son frère, mais plus il attendait et plus ses peurs l'envahissaient. Alors, il se força à regarder son aîné droit dans les yeux et poussa un profond soupir. « J'ai peur que tout ceci ne soit pas réel. J'ai peur que soudain, tu me regardes avec des yeux inquiets, que la table soit encore en état, que la tasse soit vide... j'ai peur d'être fou, en réalité.» Certains auraient pu avoir peur d'un homme capable d'animer les objets, pas Ryann. Lui s'inquiétait de ce qu'il subissait. « Je t'ai déjà dit que je me retrouvais parfois en pleine forêt, devant des cadavres, après avoir rêvé de leurs morts ? » Ryann tremblait de peur et se laissa glisser contre le mur, jusqu'au sol, et se permit de laisser couler quelques larmes. « Dis-moi que tout ceci est bien réel, que je ne suis pas fou...»

Je n'avais eu d'autre choix que de lui montrer ce dont j'étais capable, je ne voyais pas d'autre moyen pour lui prouver ce que j'étais. Ce n'était peut-être pas la solution en connaissant l'état de Ryann, mais je savais pertinemment qu'il n'abandonnerait pas, et il avait le droit de savoir pourquoi j'étais considéré comme un danger.
Alors je commençais doucement en lui montrant l'animisme puis en pulvérisant une table qu'il n'avait jamais appréciée. Du coin de l'œil, je pus voir le jeune homme prendre appui sur le mur derrière lui.

Je terminais de lui expliquer ce que je pouvais faire, les conséquences si je perdais le contrôle, ce contrôle que j'avais mis un moment avant de pouvoir le posséder, toujours faire attention ne jamais se laisser aller de peur de faire du mal à quelqu'un. Ils avaient raison, j'étais dangereux.

- Dangereux. Mais pas pour moi. Non ?

Je secouais la tête, refusant même de penser à cette option, ce n'était même pas envisageable, jamais je ne pourrais faire le moindre mal à Ryann. Si j'avais tant tenu à apprendre le contrôle, c'était pour ne blesser personne, mais surtout pas lui.

- J'ai peur que tout ceci ne soit pas réel. J'ai peur que soudain, tu me regardes avec des yeux inquiets, que la table soit encore en état, que la tasse soit vide... j'ai peur d'être fou, en réalité.

Il n'avait pas changé, ni son regard, ni son attitude envers moi, il me voyait toujours comme son frère et non une abomination. J'avais pris un risque en lui avouant ce que j'étais réellement et ça n'avait strictement rien changé. Je pouvais animer les objets et c'était lui qui se penser fou... Je posais ma main gauche sur son épaule comme pour le réconforter.

- Tu n'es pas fou Ryann, c'est bien réel.

Je n'eu pas le temps d'ajouter grand chose de plus pour le réconforter qu'il enchaîner déjà sur ce que le jeune homme vivait.

- Je t'ai déjà dit que je me retrouvais parfois en pleine forêt, devant des cadavres, après avoir rêvé de leurs morts ?

Je fronçais les sourcils avant que le jeune homme ne se laisse glisser contre le mur sans que je puisse faire la moindre chose pour le retenir. Je m'assis donc à ses côtés, j'aurais aimé avoir les mots, trouver quoi lui dire pour lui redonner le sourire, mais je n'avais jamais vraiment était doué pour ça...

- Dis-moi que tout ceci est bien réel, que je ne suis pas fou...

- Tu n'es pas fou Ryann, c'est bien réel.

J'avais répété cette phrase comme un mantra espérant que si Ryann l'entendait plusieurs fois, il finirait par le croire. Je posais une main sur sa tête pour la secouer légèrement, et je lâchais quelques mots, ne sachant pas vraiment à qui de nous deux, ils étaient le plus destiné.

- Tout va bien se passer. Tu n'es plus seul.