Le soleil éclairait la pièce d’une manière douce et réconfortante. La fin d’après midi, bientôt la fin des cours… Et Charles était là, assis dans son fauteuil, devant cette grande fenêtre qu’on aurait pu qualifier de baie vitrée. Il n’avait eu qu’un cours à donner ce matin, une journée relativement calme. Néanmoins, aujourd’hui, quelque chose avait légèrement secoué son esprit qui était en général en paix. Il avait cherché de vieilles notes, qu’il avait pris il y a dix ans de cela maintenant, cherchant à approfondir un sujet d’étude qu’il avait sous la main en ce moment. Cette époque était tellement différente de celle-ci. Il avait été officiellement nommé professeur, il vivait avec sa sœur adoptive Raven, alors que tout allait commencer réellement à cette époque, avec la rencontre d’Erik Lehnsherr. Dès qu’il passait devant un échiquier d’ailleurs, ses pensées s’évadaient jusqu’à son frère d’arme, ou son frère tout court. Que faisait-il, que manigançait-il même ? Allait-il un jour avouer que la guerre ne changerait rien et ne causerait que des morts plus inutiles les unes que les autres ? Un jour, allait-il reprendre raison, pour abandonner cette folie meurtrière ? Charles lui offrirait une place avec sincérité et joie au sain de l’établissement si un jour, Erik revenait vers lui en admettant ses torts. Malgré leur amitié brisée par deux avis divergeant, il lui offrirait toujours une chance, car il n’aurait jamais de cesse de penser qu’au fond de cet homme brisé et blessé, une part de bien se cachait. Erik n’était pas foncièrement méchant, il était aveuglé par ses objectifs et sa souffrance. Charles en était conscient, mais au final, que pouvait-il faire de plus ? Il avait été franc et direct avec lui, à lui donc de comprendre les paroles du Professeur. Il lui avait récité la phrase qu’il aurait dû garder toujours en tête… Tout comme lorsqu’il tua Shaw. Mais en conséquence de la douleur d’Erik, rien n’aurait pu changer les événements. Peut-être y avait-il une raison à tout ça, peut-être qu’ainsi, un avenir meilleur allait bientôt voir le jour ?

Les yeux bleus du trentenaire regardait à travers cette grande vitre, comme cherchant quelque chose. Et alors que son esprit s’envolait vers ses lointains souvenirs, il clos ses paupières tout en lâchant un doux soupire qu’on aurait pu qualifier de nerveux. Il aurait tellement, au combien, voulu que tout ne se passe pas comme ça… Que son fidèle ami reste à ses cotés. Si seulement l’entourage comprenait la façon de penser de Charles. Son esprit idéaliste et confiant ne pouvait s’empêcher de croire des choses qui au final n’arriveraient peut-être jamais. La paix, l’intégration des mutants parmi les êtres normaux… Après tout, l’être humain était craintif. Jamais il ne laisserait une race supérieure à la leur venir comme si de rien était se planter en leur sein. Non, ils chercheraient un moyen, à tout pris, d’éradiquer la menace… Mais pourquoi voir le mal partout ? Pourquoi ? Après, Charles voyait peut-être trop le bien en chacun de nous et en tout… Il ne pouvait s’empêcher de rêver de ce jour où les mutants seraient acceptés, totalement. De ce jour où la paix régnera sur terre, et ce, sans jamais connaitre de nouveaux jours sombres. Après tout, ce n’était pas pour rien qu’il avait créé cette team de « justiciers ». Mais malheureusement, au lieu de voir les jours s’éclaircir, ils s’assombrissaient de jours en jours. La guerre était imminente, et la « paix » aussi.

Ses yeux qui s'étaient rouverts plus tôt se focalisèrent finalement sur la chose qu’il avait cherché de ses prunelles azures. Une éclaircie. Car malgré l’orage imminent, il ne pouvait s’empêcher d’essayer de trouver cette embellie salvatrice. Il y avait un espoir. Il y en avait toujours.

Si seulement Erik le voyait. Ce rayon de soleil, cet infime espoir brillant quelque part ailleurs. Charles aurait tellement voulu partager cela avec lui. Qu’il le voit, de ses propres yeux tout comme lui-même le faisait actuellement. Il aurait voulu chasser les nuages qui brouillaient la vue de son vieil ami. Mais il y avait bien des choses qu’il souhaitait mais qui n’allait jamais arriver au final… Trop d’émotions des deux cotés pour pouvoir être objectif, et calme face à la situation. C’était d’ailleurs le cas présent de Charles, qui, levant doucement sa main, se massa doucement les tempes. Ces paroles qu’il avait dit autrefois à Erik, il se les répétait sans cesse, lui. Était-ce aussi le cas pour Magneto —comme les élèves avaient baptisé le manipulateur de métal— ? Son esprit arrivait-il à se remémorer ce moment ? Ces cinq mots. Tous aussi importants les uns que les autres une fois assemblées ensembles.

Il laissa doucement sa main retomber contre l’accoudoir de son fauteuil. Rouvrant ses paupières, ses yeux brillants se fixèrent droit devant lui, ses lèvres s’entre-ouvrant avec hésitation, avant de réciter dans un murmure inaudible et prononcé avec une tonalité presque personnelle, comme s’il voulait les réciter non seulement pour lui mais quelqu’un d’autre ailleurs, bien plus loin...