AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  



 
-28%
Le deal à ne pas rater :
Précommande : Smartphone Google Pixel 8a 5G Double Sim 128Go ...
389 € 539 €
Voir le deal

Partagez | 
 

 « The things we lost in the fire »

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage

Invité
Anonymous

Invité




« The things we lost in the fire » Vide
MessageSujet: « The things we lost in the fire »   « The things we lost in the fire » Icon_minitimeMar 24 Juin - 18:25


« The things we lost in the fire »
Dwayne E. Walker & Joyce M. Mayers


« La majorité de la doctrine s'accorde à dire que c'est Grotius le premier à avoir parler de droit international. On parlait à l'époque de droit des gens. »
Le stylo glissait sur la feuille, la remplissant alors d'encre noire. Il remuait dans une danse légère sur le papier, inscrivant de façon définitive des paroles éphémères qui s'évaporaient dans l'atmosphère à mesure qu'elles étaient prononcées. Seuls ces mots couchés sur le papier — & reprenant quasiment mot pour mot ces paroles — constituaient la preuve de leur existence.
L'amphithéâtre était rempli de moitié. Les étudiants étaient tous silencieux, plongés sur dans leurs feuilles à prendre des notes. Le professeur, quant à lui, faisait son exposé comme s'il était seul avec lui même. Il était passionné par ce qu'il racontait. Ses pas le menaient à travers l'amphithéâtre pendant qu'il parlait, montant & descendant les escaliers encadrant les rangs. Joyce était là, son stylo continuant sa course sur le papier. Le droit international avait toujours été l'une de ses matières favorites. Ces relations entre Etats avaient quelque chose de fascinant pour elle, tant les enjeux étaient fort. L'actualité ne pouvait d'ailleurs pas la contredire ; en effet, les relations difficiles avec la Russie en était bel & bien la preuve. La guerre du Viêt Nam était d'ailleurs une des conséquences des ces tensions.
« Bien, nous avons fini pour aujourd'hui. A la semaine prochaine. »
A peine avait-il fini de leur laisser congé qu'un brouhaha prit possession de la grande salle. Tous ramassaient leurs affaires, se levaient, quittaient les rangs en parlant ou riant. Joyce n'échappait pas à la règle. Elle rassembla son bloc note, son stylo & sa bouteille d'eau rapidement, afin de les engouffrer dans son sac en cuir. Elle semblait pressée.
« Joyce, on va boire un café avec Suzanne, Karl & Jess', partante ?
Les prunelles de la jeune femme se posèrent sur Matthew.
Désolée Matt'... Je dois aller bosser.
Tu bosses trop. Tu nous accompagnes ? C'est sur ton chemin.
Oui, bien sûr ! »

La petite bande d'étudiants quittaient donc la New York University of Law pour se laisser à la grandeur de la ville & de ses innombrables rues. Le café vers lequel il se dirigeait étaient proche de la station de métro que Joyce devait emprunter pour rejoindre son lieu de travail. Ils longèrent donc le Washington Square Park en parlant de tout & de rien. Le sujet le plus abordé était bien entendu celui des devoirs à rendre pour les différents cours qu'ils suivaient. Les étudiants arrivèrent au café & Joyce en profita pour prendre un mocha à emporter. Elle salua ses amis qui s'étaient installés en terrasse & se dirigea vers la bouche de métro, se laissant avaler par la terre. Une fois assise dans la rame de métro, elle attrapa un livre en français & s'y plongea, buvant régulièrement quelques gorgées de sa boisson. Le trajet n'était pas extrêmement long ; une quinzaine de minutes. Elle devait rejoindre le musée d'art moderne. La bibliothèque où elle travaillait depuis près de cinq années se trouvait tout près de là. La jeune mutant descendit donc à sa station & retrouva rapidement la lumière du soleil. Les températures étaient agréables, presque chaude pour un début de printemps. Les rues étaient remplies, comme toujours. Les gens allaient en tous sens, la plupart était même pressé. Les gens étaient toujours pressés dans cette ville. Le monde allait bien trop vite.
Joyce atteignit son lieu de travail en à peine quelques minutes. Elle s'engouffra dans la bibliothèque. Celle-ci étaient assez spacieuse mais n'avait rien à voir avec la grandeur des bibliothèques universitaires. Elle étaient plus chaleureuse, plus confinée. Elle se situait dans un immeuble ancien & l'intérieur suivait cette ligne. Les étagères étaient en bois sombres & massif, avec quelques courbes sculptées sur les rebords. Les livres qui étaient dans ces dernières étaient — eux aussi — assez âgés pour la grande majorité. Mais bien sûr, Sam, le propriétaire veillait à s'actualiser, notamment concernant les divers manuels choyés par les étudiants de toutes filières ou par certains professionnels. C'était surtout la partie roman & littérature qui était composée de vieux livres. Sam les affectionnait particulièrement.
« Bonjour », murmura-t-elle à l'attention des quelques personnes qui consultaient multiples ouvrages sur la grande table qui se trouvait au centre de l'établissement.
Joyce se dirigea vers le poste d'accueil qui se trouvait près de l'entrée & y déposa ses affaires. Elle regarda les différents papiers qui se trouvait sur leur bureau. Des factures, des formulaires d'abonnements, des bons de commandes & les registres. Elle les feuilleta rapidement pour se tenir au courant des dernières nouvelles.
« Salut Joyce ! T'es en avance, dis moi !
Bonjour !
On a reçu la nouvelle commande, elle est dans la réserve. Je suis dessus depuis ce matin, y a du boulot pour réaménager les étagères. J'ai pensé à toi d'ailleurs, y a des manuels de droit !
Ah, super ! J'imagine que je dois m'occuper de ranger tous les bouquins qui ont été rapporté & consulté ?
Oui, y en a pas mal.
Pas de soucis, je m'en charge. »

Joyce commença donc sa besogne du jour sans grand entrain. Les journées étaient longues & éreintantes en ce moment. La jeune mutante était assez préoccupée. Sa condition, la révélation de leur existence au monde entier, ses études. Tout lui écrasait les épaules, en plus de la solitude qui la tenaillait de plus en plus. Viktor était le seul à qui elle aurait pu parler, mais il n'était pas là. & après les événements au centre commercial, elle savait qu'elle ne le verrait pas avant un moment. Les choses devenaient presque trop lourdes à porter. Joyce déambulait à travers les différents couloirs étroits de la bibliothèque, rangeant tel & tel ouvrage à sa place. Ses pensées vagabondaient, elles aussi. L'après-midi se passa assez rapidement. Les heures filèrent les unes après les autres. Joyce avait pas mal de travail, ce qui l'arrangeait. Cela lui permettait de se concentrer sur autre chose que ses pensées angoissantes. Plusieurs personnes étaient venues lui demander conseil pour diverses lectures. Elle était même tombée sur un grand passionnée de littérature française avec qui elle avait presque discuté pendant une heure entière. Elle avait donné un coup de main à Sam pour ranger la nouvelle commande & s'occupait des différents livres abandonnés sur les tables de consultations. Elle avait notés les différents emprunts survenus dans l'après-midi. La bibliothèque lui semblait de plus en plus fréquentée, ce qui lui donna le sourire. C'était une bonne chose pour Sam.
La jeune femme était désormais au fond de la bibliothèque, dans les couloirs où elle se sentait le mieux ; la littérature française. Elle était en train de ranger des oeuvres de Victor Hugo & d'Emile Zola quand elle entendit la voix de Sam.
« Joyce. Y a quelqu'un qui te demande. Il est à l'accueil.
J'arrive.
Sam s'avança vers elle avec un air sérieux. La jeune femme lui adressa un regard incrédule.
Qu'est-ce qu'il y a ?
Ce type m'inspire pas confiance. Il a l'air étrange, pas net. Tu le connais ? »
La jeune femme fronça les sourcils, ne comprenant pas vraiment le comportement de son supérieur. Elle n'attendait personne. La peur lui bouffa l'estomac d'un coup. Se pouvait-il que quelqu'un ait découvert son secret & qu'on vienne la chercher pour l'enfermer ? Elle s'avança vers le couloir qui donnait vu sur l'accueil. Un homme se tenait debout & attendait patiemment, le regard perdu dans les différentes étagères qui se déployaient sous ses yeux. L'homme avait adopté la mode rock'n'roll. Il portait une veste en cuir, avec les cheveux assez long. Un flic ne se balade pas dans cette tenue, quand même. Cette pensée la rassura quelque peu & elle comprit pourquoi Sam semblait si inquiet. Il n'avait pas du tout ce genre vestimentaire. Sam était plus classique & avait un aspect professoral. Ce type était son opposé.
& puis, leur regard se croisèrent quand il se tourna vers elle.
Le coeur de Joyce rata un battement & s'enraya l'espace d'un instant.
Le livre qu'elle tenait en main — Les Misérables — tomba par terre dans un bruit sourd. Joyce était sous le choc, n'en revenait pas.
Elle sentait le regard inquiet de son patron sur elle, mais n'y prêta aucune attention. Ses prunelles ne pouvaient se détourner de la personne qui se trouvait à quelques mètres d'elle & qui la regardait sans ciller. Elle avait l'impression de s'être prise une claque en plein visage, l'impression d'avoir couru un sprint & d'être complètement haletante, elle avait l'impression de voir un fantôme surgir de son passé. Un passé difficile. Toutes les images de cette période se mélangeait. Les coups, le sang, les cris de douleur & ceux de terreur. La pierre. La police & les pleurs. Elle revoyait cette cour, ce juge & ce jury. Elle se revoyait assise sur l'estrade, jurant de dire la vérité. & ce regard.
Elle revoyait ce regard qui se déployait à nouveau sous ses yeux.
« Joyce ? Joyce, qui est ce type ?
Dwayne. Dwayne Walker. »

Joyce était chamboulée. Elle s'était attendu à tout sauf à l'apparition de cette personne. Elle l'avait reconnu immédiatement, malgré les années qui s'étaient écoulée depuis leur dernière rencontre. Jamais elle n'aurait pu oublier un tel visage. Elle ramassa l'ouvrage de Victor Hugo & s'avança vers Dwayne, le coeur battant.
Maintes questions assaillirent son cerveau.
Lui en voulait-il pour son témoignage ?
Elle finit par arriver à sa hauteur, Sam sur ses talons. Pour ne pas paraitre trop envahissant, il se mit derrière le poste d'accueil & les fixa sans discrétion.
« Je pensais pas te revoir un jour... »
Revenir en haut Aller en bas

Invité
Anonymous

Invité




« The things we lost in the fire » Vide
MessageSujet: Re: « The things we lost in the fire »   « The things we lost in the fire » Icon_minitimeMar 24 Juin - 23:39


« The things we lost in the fire » Img-thing? « The things we lost in the fire » Thumb
Manhattan - PV Joyce M. Mayers
Top 100 hits 1973 - #99 :
The Twelfth of Never, Donny Osmond


Willy…

Le meilleur ami de mon père. Il a eu le courage de prendre soin de moi alors que je plongeais littéralement dans le gouffre. Je n’avais plus rien pour m’accrocher. Presque plus rien. J’avais toujours les arts. La littérature et la musique. La première fois que j’ai revu cet homme, il était accompagné de la guitare de mon père. Je l’ai tout de suite pris dans mes bras, sachant que j'étais avec quelqu'un de bien. Mon père lui a confié les clés de sa boutique lui demandant de garder la mémoire de ma mère et d'assurer ma sécurité. Je retrouvais les miens, mon quartier et mon église.
Une vie des plus rêvées, mais j'ai eu un gros coup dans la poitrine en débarquant de la voiture... Il y avait tous ces gens pour m'accueillir, mais mon regard se concentrait sur la porte de la boutique. Les images détaillées me revenaient à la surface. Ce bleu au ventre, je l’avais toujours le frottant par le stress de ces mauvais souvenirs. Le visage de ma mère étendue sur le sol.

« Dwayne, ne vois pas cette demeure comme un cauchemar, mais comme un endroit où tu pourras retrouver la paix. Ta mère est toujours en toi et ici... Et tu sais, la charpente de l'église s'est beaucoup ennuyée de toi, mon garçon... »

Le Curé Carson m'a donné la force de passer au travers cette peur et j'ai pu me ressourcer et entré, à nouveau dans cette boutique. Il avait raison. Je sentais un bien fou. La présence de ma mère était ici...


« Je la salue, tous les jours, tu sais...? Elle me manque aussi, Dwayne, comme ton père. » me chuchotait Willy en me serrant dans ses bras.



Un tuteur musicien, une boutique de musique, des guitares à en plus finir et des instruments que je découvrais au fil des jours. Cet homme avait la richesse et la patience de me les faire connaître. J’étais entêté à les maîtriser augmentant mes capacités musicales. J’étais émerveillé et lui fasciné par ma rapidité d’apprentissage. Je n’étais pas ce qu’on pouvait appeler un génie, mais j’ai pris le temps de saisir tous les points forts et faibles de chacun des instruments que je maîtrise. Un respect devait se faire avec eux afin qu’ils puissent nous laisser jouer les morceaux les plus doux aux plus dures. J’avais la confiance de Willy qui me montrait, peu à peu, les rudiments de la réparation d’instrument. J’en connaissais déjà avec mon père, mais ces enseignements étaient plus frais dans ma mémoire.

Je n’ai pas oublié mon père. Non, au contraire. Il hantait mes tourments. Je lui écrivais souvent des lettres pour le rassurer. Je m’amusais même à lui envoyer des compositions afin qu’il imagine la sonorité de chacun d’eux. Je savais qu’il était fier de moi. Je le sentais dans ses réponses et cessait de me parler de maman. Malheureusement, c’était difficile pour moi de le sentir aussi loin de moi, alors que j’avais tellement besoin de lui.

Willy était un homme formidable. J'avais une place dans sa famille. Il n'avait pas d'enfant et ma présence le rendait bien heureux me confiant différentes tâches dans la maison. Par contre, la plupart du temps, j'aidais le Curé Carson avec l'église. Elle avait pris de l'âge et je n'avais pas de difficulté à monter dans les corniches pour faire quelques réparations.

Carson : « Dwayne, j'aimerais te parler de quelque chose. »

Dwayne : « Qu'est-ce qu'il y a, mon père ? »

Carson : » Je ne voulais pas t'en parler tout de suite à ton retour, mais il ne faut pas passer cela sous silence... »

Dwayne : » De quoi vous parlez ? »

Carson : » De ta colère, mon fils. Il ne faut pas vivre avec ce mal en nous. Cela ne créer que des maux qui te fait du mal encore aujourd'hui. Willy me dit que tu te renfermes et... »

Dwayne : » Non, je ne veux pas parler de cela... »

Je ne voulais pas en parlez, car moi-même je n’aimais pas ce que je voyais. J'avais toujours cette image dans ma tête. Cette balle écrasée qui est tombée de ma chemise, enfant. Mes mains dures qui avaient écrabouillé la table au centre d’accueil et…le fait d’avoir tué quelqu’un. Cela me faisait peur... Je me concentrais donc à mes diverses tâches passant de l'église à la boutique j’ai eu le plaisir de revoir des clients et reprendre des petits concerts au bar, en soirée. Je reprenais une vie normale, mais je ne pouvais pas arrêter de penser à tout ce qui plane au-dessus de ma tête. Je n'étais plus le même :

« Mon père... Pourquoi même des hommes de Dieu peuvent agir avec autant de haine envers nous ? Vous savez ce dont quoi je parle... Tous ces gens de mon espèce qui sont traqués, juste parce qu'ils ont une différence. Ce sont des chrétiens qui osent agir de la sorte. Pourquoi ? Je ne saisis pas, mon père ! Dieu ne dit pas que nous sommes tous nés égaux...?Alors, pourquoi agir contre ces principes en son honneur ? Je ne comprends pas ce désir de détruire tout ce qu'on ne peut pas expliquer, ce qui est différent des autres. Je n'ai pas envie de vivre dans la peur... Je me demande même si je ne devrais pas combattre au côté du mal pour me faire respecter, si personne ne me respecte. »

« Et tu engendras le mal, mon fils ? Le mal contre le mal, finira toujours par le mal. La paix, le respect ne se sont jamais conquis par la peur. Le respect est dans la confiance, l'amour, l'entraide entre nos pairs. Je pleure d'avoir vu mes frères agir de la sorte contre ces mutants, Dwayne, crois-moi. J'ai tenté de les raisonner... Je sens que tu ne te considères plus comme un humain, mais n'agis comme eux pour te faire respecter. Reste toi-même. Tu as toujours ta place dans mon cœur et celui de Dieu... Essaie de faire la paix avec toi-même pour commencer… »

La paix avec moi-même…Comment faire la paix avec moi-même alors que j’ignore par où commencer…?

Je refusais de m’écrouler,par contre. Je ne voulais pas me morfondre alors que j’ai pu m’en sortir, contrairement à certains de mes confrères qui sont toujours en prison. J’aurais pu facilement y rester. Je croyais y rester puisque j’avais tout contre moi…

En fait, pas tout…

***

« Tu es sûr de ce que tu fais, Dwayne ? »

Willy me regardait avec un grand étonnement derrière le comptoir. Il avait du mal à mettre les vinyles de la cliente dans le sac tellement je l’avais secoué par mes intentions. J’aurais peut-être dû garder cela pour moi sachant comment il réagirait. Il ne veut que me protéger, je le sais, mais je dois y faire face un jour. Cela fait plusieurs mois que je me cache et j’en avais assez…
Me cacher ne m’aidera à rien…Au contraire, cela ne fait que tourner et retourner dans ma tête…

« Tu ne vas quand même pas y aller comme cela… ? 

Je le regardais alors que je m’apprêtais à franchir la porte de la boutique. Il avait toujours cette façon de me questionner. De me laisser dans le silence afin de me faire réfléchir. Son côté philosophe ou psychologue, bref, c’est ce que je n’aimais pas chez lui.

Qu’avais-je donc ? Je regardais ma tenue alors que je l’entendais s’approcher de moi. Je pouvais facilement le reconnaître avec sa canne. Il avait un rythme particulier qui me permettait de le distinguer des autres. C’était donc facilement pour moi de cacher mes clopes ou ma bouteille de fort lorsqu’il franchissait la porte de l’atelier.

«  Tu devrais garder la tige de cette fleur dans une lingette d’eau sinon elle va faner avant que tu lui donnes… »

***

J’avais un bon chemin à faire avant de me rendre à cette bibliothèque…Ce n’était pas dans le même quartier, non. Une distance nous sépare. Une distance sociale.

Pas du tout le même style, le même monde. À peine le pied sur un de ces trottoirs propres, on dirait que je franchissais une bulle qui me rendait encore plus tendu et inconfortable. Cette atmosphère, la qualité des bâtiments, la tenue des hommes d’affaires… des gens qui ont réussi…

Je ne me sentais pas le bienvenue. Tout pour me donner le goût de rebrousser le chemin. Ma main pressait ce pendentif à mon cou sentant une panique monter en moi. Le pendentif de Sainte-Cécile : la patronne des musiciens : le collier de ma mère. Je ne peux pas m’empêcher de la toucher lorsque je me sens mal. Je lui demande constamment de m’aider, de ne pas flancher. C’est fou, ridicule pour certains, mais je parlais à ma mère au travers de cet objet. Je voulais qu’elle soit fière de moi, qu’elle voie celui que je suis devenue, malgré les embûches. J’avais tellement travaillé fort pour ne pas rester dans le gouffre de la délinquance. Je voulais devenir quelqu'un, changer le destin que plusieurs me donnaient.

Je voulais le faire, je devais le faire, même si je sentais ces regards se détourner à mon passage. Je détonnais des autres, c’est évident. Je me retrouvais dans une salle donc la plupart de ces gens avaient des diplômes ou étaient sur le point de les obtenir. Sinon, sans doute des riches de la haute qui espéraient bien paraître ayant un livre de Boris Vian entre les mains. C’était d’un ridicule…

Ils n'apprécient pas la richesse des mots, la qualité des histoires, les prouesses dont ces maîtres de la littérature ont fait afin de rendre notre culture si belle. Je suis bien content que ma mère à eu l'audace de me présenter ces légendes littéraires très jeune afin que je puisse avoir suffisamment le temps d'en lire le plus possible. Non, on ne peut pas deviner cette passion que j'ai au premier regard, comme tout le reste, d'ailleurs...

Lentement, je passais au travers de la rangé principale prenant le temps et le plaisir de regarder les noms d'auteurs qui paraissaient sous mes yeux.Mes doigts glissaient le long des reliures. Je m'arrêtais même devant ce nom qui a tant caressé ma jeunesse...

Andersen...

Pourquoi venait-il me chambouler, celui-là...? Au moment où je devais être fort et robuste, ce simple nom venait de me ramener loin derrière...

Maman : « Encore Le Vilain Petit Canard, mon chéri. Je te l'ai lu, hier… »



Wilhem: « Maman, tu ne dois pas t’en faire pour moi, tu sais ? Papa m’a dit que j’allais devenir un musicien, comme lui. Et Monsieur le Curé m'a dit que Dieu m'a donné ce don de la musique...»



Maman: « Mon chéri. Tu dois savoir que la vie d’adulte n’est pas si facile que cela. Dieu nous donne beaucoup d'obstacle dans la vie. Tu vas devoir te battre pour tes rêves, pour tes valeurs. Si Papa est devenu musicien, c’est qu’il a du travailler fort. Il a cru en lui. Alors, tu dois faire la même chose, mon bébé. Tu ne dois pas laisser les autres te nuire. Tu dois croire en toi et ignorer ce que les autres diront comme le petit canard. Tu comprends ? Bądź ostrożny!»



Heureusement, le bruit des talons immenses d'une dame venait me sortir de mes pensées...Je ne désirais pas aller plus loin. On dirait que je faisais exprès de retarder le but de ma visite dans cette bibliothèque.

Peur ? Oui...

Je ne savais aucunement ce qui allait se passer. J'ignorais si elle allait me reconnaître, même elle avait envie de me voir. Après tout, tout ceci a été très dure, si difficile à supporter : pourquoi voudrait-elle le revivre en me rencontrant ?

Pourtant, je tenais à lui partager ma reconnaissance pour ce qu'elle avait fait. Ce qu'elle a du traverser. Mademoiselle Mayers a été une des seules a se trouver de mon côté de la salle de jury. Alors que je croyais me retrouver en prison pour toujours, son témoignage a réduit ma peine...

Allait-elle me reconnaître ? La dernière fois que j'ai croisé son regard, j'avais le teint blême, les cheveux en bataille, et les yeux rougis par les pleurs et la peur. J'ai changé, mais voudrait-elle le croire...

Déjà de voir le commis à l'entrer reculer d'un pas en me voyant me donnait de faux espoir.Son allure coincé et hautain me donnait l'impression que j'étais dans un restaurant chic et qu'on me jugeait ayant à peine franchit la porte. C'était insultant.

Heureusement pour moi, cela me donnait encore plus de cran pour l'affronter du regard.

" Je voudrais parler à Mademoiselle Mayers, s'il-vous-plaît. On m'a dit qu'elle travaille ici ?"

Je le regardais dans les yeux, sans broncher, m'accotant contre le comptoir. S'il fallait être un peu dure pour se faire respecter,ici, j'allais le faire...

Je ne lâchais pas prise jusqu'à ce qu'il disparut dans les étagères...

J'entendais ses pas rapides, sa respiration, son coeur qui semblait presser, presque apeurée. Je n'aimais pas cela. Je n'aimais pas ce que j'entendais , ce que je ressentais...Je semais le doute, la crainte, la peur...

J'étais déçu, déçu de moi. Je ne comprenais pas cette manie que j'ai de me présenter comme une menace, un obstacle...

Quand je m'étais retourner pour replonger dans les livres près de moi, je croisais les regards des autres...

Ils me jugeaient, sans aucune hésitation...Voilà pourquoi je n'aimais pas sortir de chez moi, sortir du Bronx..Cette façon de regarder les autres de haut, sans avoir tenter de lui parler...

C'était trop...Au fond de moi, je savais que je n'aurais pas dû venir ici...

Je me retournais ne voulant plus les voir...J'étais sur le point de partir....

Et je la regardait...

Un bruit lourd...Un livre venait de tomber au sol...

Le rythme d'un coeur qui bat à la chamade...

Je ne bougeais plus...

C'était elle...Ce ne pouvait qu'être elle...

Je reconnaissais aussitôt son visage lorsqu'elle s'avançait vers moi. Celle de cette petite demoiselle courageuse qui a bravé les jugements des autres pour me permettre d'être devant elle, libre. Maintenant, je me retrouvais devant une femme

J'essayais de sourire, même si j'attendais le coeur de cette demoiselle qui battait trop vite pour être à l'aise...

Elle avait peur, c'était évident...Cela ne changera pas...

Je baissais la tête. La timidité me prenait de partout en la voyant s'approcher de moi. J'entendais les pas de l'homme qui l'accompagnait comme un petit chien de poche. Ce même homme qui doutait de ma gentillesse lors de mon arrivé.

Je pensais pas te revoir un jour...

Elle ne pensait pas me revoir...Alors, elle ne voulait pas me revoir...

Je regardais l'homme en premier. Il se méfiait de moi, hésitant à nous laisser seul.Un véritable chaperon refusant un seul contact de ma part envers la demoiselle...

J'étais surveillé...et cela me rendait légèrement tendu, comme si mon temps était compté.

J'étais venue pourquoi, déjà ? Je ne savais plus. Je ne savais pas pourquoi j'étais ici, maintenant. Je voulais tellement fuir...Ne plus a revoir ces visages qui me fixent...Est-ce que c'est parce qu'on me reconnaissait ou simplement parce que mon allure détonnait de la masse ?

Ma bouche était sec, tout d'un coup...Je cherchais mes mots.Aussitôt, mes mains se cachaient dans mes poches de mon jean:

"...Je...je ne voulais pas vous dérangez trop longtemps, mademoiselle Mayers...Je tenais juste à...En fait..."

Je devais sans doute agir dans le désordre, mais j'arrivais pas à le faire de manière convenable...

Non, les doux yeux de Joyce sur moi, son magnifique sourire, sa douceur, tout cela était couvert par son coeur qui m'indiquait facilement le stress que je lui procurait...

J'entrais ma main sous mon manteau de cuir et aussitôt, j'en sortais, maladroitement trois 45 tours et une petite rose rouge...

Je regardais le ringard à son comptoir. S'il croyait que je sortais une arme, il venait de se gourer.

La fleur dansait alors que je tenais la tige dans ma paume moite. Je lui tendais, timidement:

" C'est...c'est simplement que je veux...enfin, je tenais à vous remerciez de ce que vous avez fait pour moi...Votre..votre audace a permis d'alléger ma sentence...Sans...sans vous, je serais en prison pour la fin de mes jours..."

Aussitôt dit, je lui tendis les vinyles...

" J'ai...j'ai su que vous aimez les Beatles...Ce sont des vinyles de collection..."
Revenir en haut Aller en bas

Invité
Anonymous

Invité




« The things we lost in the fire » Vide
MessageSujet: Re: « The things we lost in the fire »   « The things we lost in the fire » Icon_minitimeMer 25 Juin - 2:03


« The things we lost in the fire »
Dwayne E. Walker & Joyce M. Mayers

Cette sensation.
Cette sensation qui se glisse dans votre myocarde sans crier gare. Elle qui l'enveloppe & l'emprisonne. Ce moment. Ce moment où le passé reprend ses droits. Il revient à la charge alors que vous vous pensiez en sécurité, loin de lui. Mais le revoilà. Il vous pourchasse, vous attrape & vous encercle. Vous ne pouvez plus fuir. Vous ne pouvez plus regarder vers le futur tant votre regard est porté sur lui. Sur le passé.
Votre passé.
Joyce était bousculée, chamboulée, chancelante, submergée. Son passé refaisait surface, la frappant de plein fouet, sans lui laisser une seconde de répit. Elle sentait son poids sur ses épaules. Elle était coupée de la réalité. Elle ne voyait plus que certaines scènes de son passé. Cela faisait cinq ans, désormais. Cinq années s'étaient déroulées.
& pourtant, elle n'avait pas oublié un seul détail. Pas un seul.
La jeune mutante observait Dwayne, incrédule. Son estomac se serrait avec force, lui coupant presque le souffle. Elle ne savait pas où se mettre ni ce qu'elle pouvait faire. La surprise était si forte qu'elle n'avait pratiquement pas la force de parler. & peine avait-elle fermé la bouche qu'elle regrettait. C'est donc avec une telle réplique que tu accueilles ce garçon. Ce garçon devenu un homme. N'as-tu pas honte ? Ne pouvais-tu pas être plus avenante avec lui ?
Si, tu pouvais.
Tu pouvais.
Joyce sentit les remords lui grignoter le coeur. Dwayne n'avait quasiment pas changé. Ses traits avaient pris en maturité, cependant. & il devait avoir gagné quelques centimètres. Sa peau était toujours aussi pâle & son expression dégageait toujours cette tristesse déclenchée par la solitude, & son lourd passé.
« Je... Je ne voulais pas vous déranger trop longtemps mademoiselle Mayers... Je tenais juste à... En fait... »
Entendre sa voix fit chuter son coeur. Elle sentait la tristesse envahir son être avec douceur. Une douceur amère. Il semblait désemparé, perdu, mal à l'aise. Terriblement mal à l'aise. Tout comme elle. Joyce mourrait d'envie de le rassurer, crevait d'envie de s'excuser pour tout. Elle se sentait si impliquée. Presque coupable. Cette histoire lui avait toujours laissée de l'amertume dans son coeur. Elle avait l'impression de ne pas avoir assez fait pour lui.
Sam — son patron — regardait la scène avec grand intérêt sans pour autant comprendre à quoi ce cirque rimait. Il jetait des regards inquisiteurs en direction de sa collègue, dans le but d'obtenir des réponses. Ou au moins un regard. Il s'était désormais assis sur la chaise du bureau de l'accueil, & faisait une pile de livre pour faire croire qu'il travaillait. Mais la curiosité était trop grande. & personne n'était dupe. Joyce — sans même lui accorder un seul regard — savait ce que Sam faisait. Il épiait. Il voulait savoir. Le bibliothécaire devait sans doute imaginer que ce type débrayé était un admirateur de Joyce ou quelque chose dans ce goût là. La jeune femme avait ses prunelles plongées dans celle de Dwayne.
L'émotion était palpable.
Seuls les deux protagonistes en connaissaient la teneur, même s'ils ne se comprenaient pas. Ils faisaient erreur l'un sur l'autre. Joyce était persuadée que Dwayne lui en voulait pour son témoignage lors de ce tragique procès. Dwayne — quant à lui — devait croire qu'il n'était pas le bienvenu, que Joyce ne voulait pas le revoir car il lui rappelait un moment de sa vie délicat.
Un quiproquo, en somme.

Il plongea sa main sous sa veste en cuir & Sam se redressa sur sa chaise, aux aguets. Joyce n'avait jamais vu son supérieur autant sur le qui-vive & si protecteur à son égard. Il lâcha un soupir de soulagement lorsqu'il vit ce que le jeune homme sortait de sa veste. Le coeur de Joyce — quant à lui — loupa un battement. Ses yeux s'écarquillèrent de stupeur face à ce que lui tendait Dwayne.
« C'est... C'est simplement que je veux...
Joyce leva les yeux vers son visage & lui adressa un regard triste.
Je tenais à vous remercier pour ce que vous avez fait pour moi... Votre... Votre audace a permis d'alléger ma sentence. Sans... Sans vous, je serais encore en prison pour la fin de mes jours. »
La jeune femme le regarda un moment, restant silencieuse. Sam, de son côté, semblait inquiet. Le terme « prison » l'avait interpellé & inquiété. Joyce ne lui avait jamais parlé de cette histoire, de près ou de loin. Elle n'avait jamais mentionné cette affaire. Jamais évoqué de prison. Il se demandait alors quelles avaient pu être ses fréquentations.
« J'ai... J'ai su que vous aimiez les Beatles. Ce sont des vinyles de collection.
Non, je ne peux pas accepter. C'est trop...
Joyce n'en revenait pas. Incrédule, elle posa le livre de Victor Hugo sur le bureau. Dwayne insista pour qu'elle les prenne. C'est avec un sourire gêné qu'elle prit les vinyles avec délicatesse, comme s'il s'agissait du plus beau trésor que la terre puisse offrir. Dwayne avait vu juste. Elle adorait les Beatles. Elle se demanda comment il avait pu savoir cet élément de sa vie, avant de regarder les vinyles de plus près. Let it be, Help ! & Please, please me. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Un de ces sourires sincères & reconnaissants. Elle n'avait pas ces éditions qui étaient toutes anglaises & non américaines. Ses doigts caressèrent doucement les pétales de la fleur qu'il lui avait offerte. Ce petit morceau de nature, de beauté & de vie éphémère.
« Merci... Tu n'aurais pas dû.
Sam les regardait sans chercher à être discret. L'incompréhension lui collait à la peau & la curiosité le démangeait. Seule la politesse le retenait d'intervenir, sentant bien que la situation était délicate pour les deux jeunes personnes qui se trouvaient devant lui. Joyce jeta un coup d'oeil à sa montre. Par chance, il était 18h27. Elle finissait à 18h30.
Sam, ma journée se termine. Je peux y aller ?
Euh.
Sam regarda sa montre & grimaça. En effet, il était l'heure pour Joyce de quitter la bibliothèque.
Oui, tu peux y aller. »
Joyce lui adressa un sourire & se dirigea derrière le bureau pour y attraper son sac en cuir. Elle glissa les vinyles à l'intérieur avec une attention particulière, veillant à ne pas les abîmer. Elle déposa ensuite la anse sur son épaule, & adressa un regard à Dwayne.
« Viens, je t'offre un café ! »
Joyce ouvrit la porte de la bibliothèque & invita Dwayne à sortir. Alors qu'elle s'apprêtait à quitter l'établissement, Sam l'interpella.
« Joyce. Je sais que ce ne sont pas mes affaires, mais appelle-moi quand tu es rentré chez toi. Je veux être sûr que tout va bien.
En effet, Sam, ce ne sont pas tes affaires », rétorqua-t-elle, les nerfs à vif, avant de fermer la porte derrière elle.

Le soleil enveloppait ce monde avec douceur, sa chaleur caressant l'épiderme de ceux qui s'exposait à ses rayons. Il faiblissait, cependant. Sa teinte prenait des aspects orangers, désormais, annonçant sa disparition future au profit des éclats froids & pâles de la lune. Les rues de Manhattan étaient remplies. Les gens sortaient de leur travail ou allaient en terrasse pour le dîner ou l'apéro. La vie était mouvementée, dans ce quartier. Joyce posa son regard sur Dwayne qui semblait mal à l'aise. Cette foule devait être difficile à supporter pour quelqu'un qui avait été isolé de la société pendant cinq longues années.
Le coeur de la jeune mutante se serra à cette pensée.
Les deux protagonistes marchèrent dans la rue à pas tranquille & en silence, chacun étant gêné par la situation. Joyce ne savait pas où commencer. Elle avait bien des choses à lui dire, des questions à lui poser mais dès qu'elle s'apprêtait à ouvrir la bouche, elle se retenait, trouvant que ses paroles pouvaient être mal interprétée ou pire encore, le blesser. Elle voulait le ménager, éviter les références à son douloureux passé. & puis, elle s'en voulait.
Elle s'en voulait de ne pas avoir fait plus pour lui.
Elle s'en voulait de ne jamais avoir fait un pas vers lui lorsqu'ils étaient au lycée. Pourtant, elle n'avait jamais eu peur de lui, ne l'avait jamais jugé. Non, la seule chose que lui avait inspiré Dwayne était une forte compassion. Elle avait de l'empathie. Sa tristesse l'avait toujours irradiée. En posant son regard sur lui, elle ressentait cette tristesse sans limite. Peut-être était-ce pour cela qu'elle n'avait jamais été vers lui. Parce que sa tristesse était trop grande & qu'elle ne se sentait pas capable de la porter avec lui. Joyce se sentait égoïste.
Egoïste.
« Comment as-tu su pour les Beatles ? »
Oh, ta gueule, Joyce. C'est tout ce que tu as trouvé pour rompre le silence ? C'est tout ce que tu trouves à dire à cet homme ? Ils arrivèrent près du café. Joyce & Dwayne entrèrent afin de commander. Elle insista pour régler la totalité de la note & ils sortirent. Il semblait plus prudent de ne pas rester à une table. Les gens pouvaient alors écouter la conversation. Joyce voulait que Dwayne soit le plus à l'aise possible. Ils décidèrent donc de discuter en marchant dans la rue. Leur conversation ne serait alors pas écoutée. Elle serait couverte par le brouhaha de la rue ou seulement des bribes de paroles pourraient être intercepté par les passants. Joyce & lui s'arrêtèrent à un passage piéton, tandis que les voitures passaient à vive allure.
« Dwayne.
Elle avait le ton grave & la voix triste.
Je suis désolée. J'ai merdé. Sur toute la ligne. J'aurais dû te rendre visite ou même t'écrire. Je n'ai pas d'excuse. Mais... Tu vois.
Elle avait la gorge sèche. Le coeur serré. L'estomac retourné.
Quand j'ai témoigné. Quand j'ai croisé ton regard. J'étais persuadée que tu m'en voulais pour ce que je disais à la cour. Je n'ai pas écrit, je ne suis pas allée te voir parce que j'avais honte & que je craignais que tu m'en veuilles. Je me suis dit que si j'osais t'écrire pour prendre de tes nouvelles, tu prendrais cela pour une provocation... »
Le feu passa au vert pour les piétons. Joyce inspira profondément suite à cette confidence & elle commença à traverser la rue, sans adresser un regard à Dwayne, tant la honte & la culpabilité lui rongeait le coeur.
Revenir en haut Aller en bas

Invité
Anonymous

Invité




« The things we lost in the fire » Vide
MessageSujet: Re: « The things we lost in the fire »   « The things we lost in the fire » Icon_minitimeMer 25 Juin - 9:26


5 ans…

J’ai passé 5 ans enfermé. Je n'ai pas eu une convocation comme qu'on peut voir dans les films ou à la télé. Je me retrouvais seul dans un bureau.Ils connaissaient tout à mon sujet , dans les moindres détails me donnant la chair de poule. Je n'aimais pas leur attitude comme si j'étais un morceau de viande. Ils me scrutaient de la tête au pied me lançant des questions en ravale. Je n'aimais pas cela. Pas cela du tout.

" Walker, nous ne pouvons pas vous laisser partir sans risque. Vous disposez d'une mutation sévère quoi pourrait entraîner des conséquences graves à notre société. De plus, je remarque que votre comportement violent est récurrent et de plus en plus dévastateur. Avec cette mutation, qui s'est ce qui pourrait ce passer ensuite...Nous allons vous gardez 5 ans afin de remédier à la situation."

Ils ont considéré mon acte de violence comme étant grave suite à ma transformation subite. Si j'arrivais à un tel comportement, le ravage sur des êtres humains pourraient être terrible. Avec mes antécédents, les nombreux sauts d'humeur de ma part, ils ont exigé de m'embarquer dans un processus sur le contrôle d'agressivité. 5 ans a passé des tests, a être observé, psychanalysé sur mes emportements et trouver le moyen de diminuer cette tension qui m'anime. Bien sûr, étant le nouveau, on m'a insulté, frappé et maltraité par mes confrères bizarroïdes et même certains gardiens voulant me ramener à l'ordre. 5 ans à me poser cette question : Pourquoi j'avais ce truc en moi ?

Je recevais des visites de Willy et du curé Carson, qui continuait de croire en moi, malgré tout. J’ai pu avoir des livres, ma guitare et une planche à dessin. J’ai continué d’écrire des chansons. Plus sur l’amour…Non. C’est trop pénible. C’est trop lourd et néfaste pour un homme, même un être étrange comme moi.

Encore une sale réputation: j'étais un Walker. J'avais su qu'il y avait des individus du clan de blanc qui ont tué ma mère dans une des sections de la prison, avec les normaux.Je les observais, les regardant attentivement comme un photographe. Je voulais savoir qui en était le chef, celui qui a décidé de foutre le bordel dans ma famille. Je sais que le Curé Carson serait mécontent de mon attitude, mais je n'étais pas prêt à pardonner. Heureusement, j’avais le respect de certains compatriotes de cellules de notre section. D'autres comme moi qui ont eu des événements étranges. On nous appelle des mutants...Je trouvais cela insensé, mais en réfléchissant et en comprenant mon comportement, des gens m'ont fait remarqué ce qui se passait chez moi. Je savais que je n'étais pas le seul, mais j'étais surpris d'en entendre autant sur le sujet.

" Non seulement, tu n'es plus considéré comme une personne normal ici, mais aussi partout, Dwayne. Les gens, les humains nous dévisage, nous repousse et certains nous bannisse ne sachant aucunement qui nous sommes vraiment. Quelques uns tentent de leur faire comprendre, mais d'autres, espèrent faire justice et se faire respecter."

Gary, un des mutant emprisonné avec qui je discutais longuement sur le sujet.
Il sortait bientôt de prison, mais ces craintes sont aussi terribles que les miennes. Sa couleur et sa mutation : comment peut-il pouvoir vivre en société ?

" Quelques fois, je me dis que les gens ne sont pas tous aussi cons. Nous avons la force, les capacités de faire des choses que les hommes n'y arrivent pas. Alors pourquoi ne pas faire s'en servir pour leur bien ? Tu dois comprendre cela, toi qui est proche de Dieu. Donne sans compter...Mais, en entendant les gardiens qui nous racontent les nouvelles dehors, sur les humains qui manifestent pour nous isolés, ces gars qui nous chassent, je me dis que les hommes, les blancs n'ont pas changé. Ils sont et seront toujours en train de détruire tout ce qui ne répond pas à leur condition, leur croyance, leur habitude de vie. On a reculé au temps de l'esclavage des noirs. On va nous emprisonner et faire de nous des esclaves de guerre ou nous éliminer un par un, je te le dis, moi !!!"

Gary avait le don de me faire réfléchir. En vérité, je ne savais pas où me positionner selon les deux clans qui se créait à notre sujet. Je m'étais dis que mon don me permettrait de protéger ma communauté, les gens que j'apprécie. J'avais la possibilité de m'interposer entre ceux qui osent attaquer, voler, blesser les plus faible. Le curé Carson n'avait pas cessé de me dire que Dieu m'avait donné ce don dans le but d'en faire quelque chose de bien. J'acquiesçais pour lui faire plaisir, mais il se peut que ce soit le cas. Que ma mère y serait pour quelque chose...Avec tout ces occasions, je ne peux pas m'empêcher de voir d'autres possibilités plus sombre comme venger ma mère et maudirent tous ces hommes blancs qui ont ce plaisir d'écraser les autres pour aucune raison outre que la couleur, la religion ou le statut social. Cette haine qu'ils ont entre-eux me dégoûtent et il serait peut-être temps qu'ils se rendent compte qu'ils ne sont plus les plus puissants sur cette terre. Oui, j'en suis un, un mutant.

Je suis capable de me transformer pierre. En une bête de pierre.Une gargouille. Ma force augmente est ma dextérité est incroyable. Durant toute mon enfance, mon adolescence, je ressentais des choses bizarres en moi et je venais de tout comprendre durant mon séjour en prison. Et j'ai pu le développer, le contrôler. Je ne suis pas encore habile, mais j'arrive à le déclenché et redevenir moi-même. J'étais très fier de moi à mes débuts, mais j'étais encore d'un débutant parmi tout ceux avec qui je côtoyais en prison...et je l'ai su à de nombreuses reprises, à mes dépends. C'est dans ces années que j'ai appris à me battre...Frapper avant de te faire frapper...ainsi me faire respecter...

Le respect...je l'avais plus en prison qu'en liberté...

***

J'avais du mal à demander un renseignement dans une bibliothèque. Je ne demandais pas la Lune, simplement convoquer quelqu'un afin de la rencontrer. Pourquoi faut-il que cela prenne une éternité avant d'obtenir un résultat ? À cause de mon allure ? De mon visage ?

On n’a pas toute cette chance de vivre dans l’abondance et la richesse. La composition du monde faire en sorte qu’il y aura toujours une hiérarchie montée par le pouvoir de l’argent. Le plus riche en haut, le plus pauvre en bas ; ainsi va la vie humaine. Pourtant, malgré tout ce qui m’est arrivé, je ne changerais pas ma vie pour rien au monde. Je ne l’ai pas eu facile, mais je suis fier de ce que je suis devenu. Peu importe les ragots, les insultes, les menaces à mon égard, je ne changerais rien. Non, je désire montrer à ces gens que leurs moqueries ne m’ont point atteint. Je continue de vivre dans cet enfer qu’ils ont créé autour de moi. Ils ne se lassent pas. Moi non plus. Je ne flancherais pas. Pas question de me laisser abattre. Cette haine finira par les tuer. Moi, je serais encore en vie.

Je tenais tête à ce visage d'autorité que semblait présenter se simple petit commis. Croyait-il que j'allais m'en prendre à Mademoiselle Mayers ?

Non, au contraire, je me suis déplacé du Bronx pour la remercier. Pour reconnaître le courage qu'elle a eu de se prononcer face à mes accusations. Peu de gens, en fait, aucune personne du bal n'a parlé en bien de moi durant le procès. Il n'y a eu qu'elle et je ne la connaissais même pas...

Pourquoi avait-elle agit de la sorte sachant bien qu'elle aura le regard des autres braqués sur elle ? Que sa réputation serait peut -être souiller pour toujours ?

C'était beaucoup...Beaucoup pour une jeune femme sortante du Lycée...À cet âge, le moindre ragot peut se retourner contre nous. Ça, je le savais trop bien...

Les ragots, je les attendais déjà autour de moi dans cette bibliothèque...On se demandait ce que je faisais ici, moi qui ne semblait aucunement être du même rang, de la même classe sociale...Je ne représentais rien de bon à leur yeux...

Mais quand j'ai vu ceux de Mademoiselle Mayers sur moi, je me sentais encore plus tourmenté...

Je n'étais pas une présence positive...Non, je lui ramenais de mauvais souvenir...Je le sentais...Je l'entendais...

Je me trouvais encore plus mal qu'à mon entré dans Manhattan...Moi qui voulais bien faire, je venais, sans doute, lui gâcher sa journée, sa semaine...qui sait.

Je ne représentais pas une bonne énergie...Alors, je voulais faire vite et éviter les silences désagréables.

Lui donner mes cadeaux de reconnaissance et partir. C'était devenu mon nouveau plan. Pas question de rester un moment de plus. J'en avais déjà assez fait comme cela...

Non, je ne peux pas accepter. C'est trop...

Pourquoi serait-ce trop ? Je la regardais, fort déçu...Ce n'est que des vinyles. Elle, elle m'a donné ma liberté. Alors, il n'y avait pas de quoi à en être gêné. C'était plutôt moi qui devrait se cacher n'ayant rien de mieux à lui offrir...

" S'il-vous-plaît, mademoiselle, prenez-les...Ce n'est rien à comparer à ce que vous avez fait pour me tirer de ce trou a rat...Alors, je vous en conjure, vous méritez amplement ces vinyles..."

Je savais qu'elle allait les aimer...Après tout, c'était les Beatles. Je les avais commander, il y a longtemps voulant ceux-ci en particulier.Ils étaient rares et difficile à ramener aux États-Unis, ce qui leur donnait une grande valeur.

Je les tendis a nouveau la forçant presque à les prendre...Quand je la vis les saisir, j'en étais soulagé. Je ne voulais pas repartir avec la laissant qu'avec un mauvais souvenir...Au moins, elle pourra se consoler avec ces 45 tours...

D'ailleurs, je la vis sourire en les contemplant. Elle les appréciaient. Elle savait ce que cela représentait...qu'ils avaient une grande valeur et qu'elle le méritait...

"Merci... Tu n'aurais pas dû."

Alors que je la voyais captivé par les covers des vinyles, je reculais tranquillement voulant, ainsi, partir en douce... J'avais déjà ternis l'ambiance de cette salle, secoué Mademoiselle Mayers, il était hors de question que je reste un moment de plus...

Sam, ma journée se termine. Je peux y aller ?

Elle avait fini sa journée ? Elle allait quitté en même temps que moi. Je ne voulais pas. Enfin, je croyais pouvoir partir en douce sans déranger quoi que ce soit. Non, je suis arrivé au mauvais moment...

Oui, tu peux y aller.

J'étais coincé. Totalement coincé dans cette situation. Je ne voyais pas la suite des choses de cette façon. Aucunement...

Je me retournais fixant son patron alors qu'il me regardait tout autant, mais d'une façon fort déplaisante...

Sans doute qu'il me voyait comme une personne de mauvaise influence qui allait ravager l'innocence de la douce Joyce M. Mayers...C'est à se demander si cet homme en pinçait pour elle. Pour une fois qu'on me considérait comme une menace...J'en prenais presque plaisir pendant qu'elle était partie chercher ses effets personnels.

J'aurais pu partir à ce moment là. Ce moment précis, ainsi éviter une conversation qui allait nous replonger 5 ans en arrière...

Je jouais les dures devant son patron ne cessant pas de le fixer. Cela a pu prendre que quelques secondes, mais cela m'a paru des heures, me demandant sans cesse quand j'allais prendre mes jambes à mon cou.

Je ne l'avais pas fait me retrouvant, de nouveau, devant la demoiselle, toujours dans un état malaisé...

« Viens, je t'offre un café ! »

Un café ? Décidément, cela allait trop loin...Je devais juste lui porter mes présents, lui dire merci et partir. Voilà, c'est tout...

Non, non, non...ce n'était pas ce que je voulais...

" Un café ? Non, ce n'est pas..."

Joyce. Je sais que ce ne sont pas mes affaires, mais appelle-moi quand tu es rentré chez toi. Je veux être sûr que tout va bien.

Ça, c'était la meilleur ! La meilleur...Je n'ai pas pu m'empêcher de me retourner complètement ébahie par une telle remarque.Insultant,impoli et provocateur...

Je grognais...véritablement. Ma gorge vibrait provoquant ainsi des vibrations autour de moi tel un chien protégeant son territoire...Il ne l'entendait pas, mais j'étais encore plus tendu et colérique à son égard...

Heureusement que mademoiselle Mayers s'en était mêlé m'amenant hors de la bibliothèque...

Tout cela n'aidait pas mon problème. Je me retrouvais coincé me balandant dans les rues de Manhattan avec une demoiselle dont je n'avais jamais parlé...

J'avais chaud. Le soleil ne m'aidait aucunement me frappant constamment le visage comme s'il désirait me brûler. J'avais du mal avec lui. Je n'ai jamais pu rester longtemps sous cette boule jaunâtre qui me perçait la peau. Habituellement, j'arrivais à le contourner selon le temps de la journée. Heureusement pour moi, la soirée s'annonçait tranquillement m'évitant ainsi d'être désagréable face à la température.

Mais je ne pouvais pas m'empêcher de grimacer face à l'allure richissime de cette ville. Pourquoi autant de détails inutile sur une façade, des boutiques de n'importe quoi et des parcs trop vert pour y marcher...Aucunement personne semblait l'apprécier de toute façon. Ils marchent tous d'un pas décider se rendant nulle part, mais le plus vite possible. Sinon, on les entend parler de sujets superficielles tout en consultant leur agenda ne prenant aucunement le temps de se parler en face. Ce qui m'énervait le plus: il n'y avait aucune mélodie...Aucun son harmonieux. Que des klaxons, des crissements de pneusou des rires grotesques à gorges déployés...

Ils connaissent pas le dialogue, ni la bonne séance. Je devais moi-même contourner certaines personnes qui refusait de céder le passage...En aucun cas , je sentais le respect. Au contraire, c'était pire...Le manteau de cuir m'associait au pire des ringards. Il fallait que je me fraye un chemin. Je ressemblais à un indigène qu'on aurait sortir de son chez-soi. Je regardais tout et je le dénigrais...

« Comment as-tu su pour les Beatles ? »

Elle venait de me parler...Il a fallu plusieurs minutes de silence, de marche pour qu'elle m'adresse la parole....

Et cette question...Pourquoi me la posait-elle ? Que me posait-elle au travers de cette question ? Ne pourrait-elle pas simplement apprécier ce que je lui ai donner...?


Je la me retournais en la regardant, étonné...J'essayais de sourire, mais en vain. Le stress m'habitait trop. Les mains dans les poches de mon manteau depuis le début de notre marche, la tête basse...

"Je...je me suis simplement rappeler d'un...d'un oral que nous avions fait dans un de nos cours...Vous l'aviez fait sur les Beatles...J'ai..enfin...j'ai tout suite su que vous les aimiez puisque c'était très bien documenté comme exposé..."

Et je ne rajoutais rien de plus...parce que cela n'en valait pas la peine.J'ai détesté ce cours et les exposés. Toujours ces regards et cette manie de me ridiculiser sans que l'enseignant le remarquait...

L'odeur du café me ramenait à Manhattan...Si je pouvais dire une chose de bien sur cette ville, c'était le café. Étant un grand adepte, j'appréciais chaque aspect de ce liquide brunâtre qui me réveille le matin. Il me tenait surtout réveiller, le soir, alors que je désirais terminer une composition.

Ici, il semblait encore plus prononcé et riche selon mon odorat. De meilleure qualité, sans doute...Ce devait être le cas, car je me suis presque étouffé en entendant les prix...Le prix devait être sans doute aussi élevé pour payer les affreuses moquettes et tableaux qui ornait cette petite salle...Pourquoi autant de fioritures pour un simple resto-café ? Du gaspillage...

Je le prenais noir, rien pour le diluer...J'appréciais chaque gorgée qui me calmait. C'était comme une source sur pour moi. La moindre tension, je me faisais un café afin de diluer la colère en moi...

Je me préoccupais plus du monde autour de moi dans le café. Cette première gorgée faisait de moi un être plus calme et doux...Pourtant, lorsque je sortie ma monnaie, je venais de comprend que Mademoiselle Mayers l'avait fait avant moi ayant mis ma commande sur la même facture. Je me sentais mal. Ce sont les hommes qui invitent et payent...C'était la première fois qu'une demoiselle déboursait pour moi et je détestais cela...comme si je n'avais pas les moyens de me payer un simple café..

Je sortais même en premier de ce café voulant m'allumer une clope,une fois à l'extérieur.

" Je suis capable de payer, Mademoiselle..." dis-je de manière sec en laissant la fumée jaillir entre mes lèvres..." Je ne suis pas riche, mais j'aurais eu la décence de vous l'offrir..."

Je pris une autre bouffée avec une gorgée de café...Les deux combinés ensemble allait faire redescendre ma tension...Non, je ne voyais pas la bonne intention de sa part...Je ne voyais que l'insulte que j'ai subis...

Le soulagement était de mise la voyant reprendre la marche sur le trottoir. Devoir m'asseoir parmi cette masse en veston cravate m'aurait troublé d'avantage. La proximité des tables, les curieux qui ne cessent de jeter un coup d'oeil, j'aurais quitté la table le temps de le dire...

Je marchais à ses côtés espérant toujours qu'elle me dise un "au revoir" ou une phrase m'invitant à quitter les lieux. Je laissais pendre ma cigarette sur le coin de mes lèvres gardant ma tête baissée. J'admirais la séparation des tuiles de trottoirs qui étaient tellement parfait et propre...Loin de ce qu'on retrouve dans le Bronx...

Mais tout ceci se résumait en quoi...Pourquoi me gardait-elle près d'elle ? Ce silence qui planait entre nous allait me rendre malade.

À l'intersection, je me suis permis de détourner le regard me demandant où cette demoiselle allait me conduire. Je pensais à mon retour où je vais devoir faire le chemin inverse...

Elle, non plus, ne semblait pas apprécié le parcours. Sa lèvre inférieur tremblaient et je remarquais le doute, la crainte dans ces yeux...Pourquoi insistait-elle a me garder alors qu'elle était habité par la peur...?

Je me mis aussitôt à regarder autour de moi afin de me retrouver et ainsi, continuer la marche seul. Oui, je voulais fuir...

Dwayne

Elle venait de m'appeler....Mes yeux la scrutaient avant que mon corps au complet se détournait vers elle...Maintenant, j'allais savoir ce qui se passe...ce qu'elle attendait de moi.

Je suis désolée. J'ai merdé. Sur toute la ligne. J'aurais dû te rendre visite ou même t'écrire. Je n'ai pas d'excuse. Mais... Tu vois.

Quoi ? Qu'est-ce qu'elle venait...? Mon Dieu ? Pourquoi me disait-elle cela ? C'est à n'y rien comprendre...

Je fronçais les sourcils ralentissant mes mouvements. Mon café descendait lentement quittant mes lèvres...

La voir dans cette état me plaisait pas...Elle était en train de se culpabiliser pour moi ?

Quand j'ai témoigné. Quand j'ai croisé ton regard. J'étais persuadée que tu m'en voulais pour ce que je disais à la cour. Je n'ai pas écrit, je ne suis pas allée te voir parce que j'avais honte & que je craignais que tu m'en veuilles. Je me suis dit que si j'osais t'écrire pour prendre de tes nouvelles, tu prendrais cela pour une provocation...

Le feu tournait au vert...et elle décollait aussitôt...

Moi, je ne bougeais pas la laissant prendre les devant...Je ne comprenais pas pourquoi elle s'en voulait autant...Pourquoi elle se reprochait d'avoir témoigné...? Au contraire, pourtant...

Je ne peux pas oublier cette journée qui a complètement changé ma vie...Le procès qui m'accusait de meurtre....et qui allait me conduire en prison....Oui, je me souvenais de son regard....de la tristesse de ces yeux en me voyant attaché comme un chien...vêtu d'un ensemble orangé...Nous nous étions regardé, ne serait-ce que quelques secondes, mais j'ai sentie chez elle de la tristesse et de la pitié...

Et je ne souhaitais pas qu'elle garde cette idée de moi...

" Mademoiselle...!" dis-je en m'avançant aussitôt pour traverser...

Un cri aigu dans mes oreilles...

Celle d'un klaxon qui m'obligea de reprendre ma position ma place sur le trottoir. Cette voiture venait de passer tellement rapidement, sans ce préoccuper de rien...Ce que les gens ici peuvent être méprisant....

J'ai dû attendre le passage de deux voitures avant de la rattraper....Aussitôt, je me plaçais devant elle, café à la main et clope entre les doigts...

"...Attendez un instant...Pourquoi...pourquoi je vous en voudrait...? Je viens à peine de vous remerciez pour votre témoignage...Votre intervention me permet d'être devant vous, aujourd'hui, libre...J'aurais pu rester dans cette cage toute ma vie, mais vous en avez permis de faire voir une autre version au juge..."

Mes yeux cherchaient les siens...Je ne voulais pas qu'elle aille ce sentiment désagréable en elle, surtout à cause de moi. C'était insensé...

" Mademoiselle, je vous ne connaissais pas avant de vous voir à la barre...J'ai été fort surpris de savoir que quelqu'un, au bal, allait témoigné en ma faveur...après tout ce qui s'est passé, ce qu'on disait de moi...Je n'étais aucunement celui qu'on appréciait au Lycée... Alors, je n'attendais rien de personne..."

Je devais reprendre mon souffle et mon calme. Le Lycée me hantait encore. Je me penchais un peu vers l'avant pour m'adresser à mademoiselle Mayers de plus près.:

" En aucun cas, j'aurais aimé vous voir en visite.Ce n'est pas un endroit sain, ni chaleureux pour vous, pour personne.Quelques proches sont venu, mais j'avais du mal à les accueillir....J'étais dejà mal en point lors de ma condamnation, ça été pire une fois à l'intérieur...C'était déjà extraordinaire ce que vous avez faites pour moi, alors je ne demandais pas tant...Alors, je vous en prie, ne vous culpabilisez pas pour cela...."

Je me redressais doucement murmurant calmement :

" Et retirez aussi cette pitié que vous avez envers moi...Je n'en ai pas besoin..."

Revenir en haut Aller en bas

Invité
Anonymous

Invité




« The things we lost in the fire » Vide
MessageSujet: Re: « The things we lost in the fire »   « The things we lost in the fire » Icon_minitimeJeu 26 Juin - 18:01


« The things we lost in the fire »
Dwayne E. Walker & Joyce M. Mayers

L'atmosphère était lourde & tendue.
L'endroit glacial malgré le nombre de personnes présentes. Les bancs étaient pour la plupart occupés par des new yorkais ayant eu vent de l'affaire ou par des personnes proches. Le silence était religieux. Mais pesant. On étouffait. Les gens retenaient leur souffle pendant le déroulement de la scène. De cette tragique scène. Les murs étaient blancs & plusieurs formes y étaient sculptées, leur donnant un aspect d'antiquité, vieux mais noble. Les formes étaient rigoureuses, épurées. La salle était assez vaste & sous haut plafond, lui aussi marqué par le passage d'artistes.
« La défense appelle le témoin Joyce Meryl Mayers à la barre. »
L'interpelée leva les yeux & croisa le regard de l'avocat, qui la conviait à venir d'un geste de la main. Son coeur se serrait affreusement. A tel point qu'elle manquait d'air. Elle inspira profondément alors qu'elle se levait. Cet instant fut l'un des plus long moment de sa vie. Elle semblait suspendue dans le temps alors qu'elle faisait un pas après l'autre, en direction de l'estrade sur laquelle était installé le juge. Le regard de la jeune femme se posa sur les jurés. Ils étaient tous les uns à côté des autres, l'air grave. Certains semblaient prendre leur rôle à coeur, tandis que d'autres semblaient s'ennuyer ferme. Elle déglutit, la gorge compressée.
Elle monta les quelques marches la menant à la place réservée aux témoins lors des différentes affaires. Elle avait la salle à ses pieds. L'assemblée s'étendait devant ses yeux bleus. Elle les voyait, tout ces gens. Certains visages lui étaient familiers d'autres ne l'étaient absolument pas. La justice étant rendu au nom du peuple américain, les audiences sont publiques. Tout le monde pouvait donc venir assister à un procès, ce qui semblait tout à fait normal. Mais étrangement, la jeune femme trouva cela malsain. Sans doute parce qu'elle était concernée par cette affaire. Elle voyait en ces spectateurs des voyeurs perfides.
Les faits divers étaient une sorte de fantasme pour beaucoup de monde, même s'ils ne voulaient pas se l'avouer. Ils voulaient savoir les détails sordides & les circonstances. Joyce toisa cette assemblée avec une pointe de mépris. Elle se sentait comme un lion au beau milieu d'une foire.
Elle était leur divertissement.
« Mademoiselle, déclinez votre identité, s'il vous plait.
Joyce Meryl Mayers. Je suis née le 11 juin 1949 à Paris, en France.
Levez la main droite & répétez le serment.
La jeune femme s'exécuta.
Je jure de parler sans haine & sans crainte, de dire toute la vérité, rien que la vérité »
L'avocat lui adressa un regard encourageant. Il tenait particulièrement à son témoignage. C'était le coeur de sa défense. Joyce, quant à elle posa ses prunelles sur le garçon qui se trouvait devant elle, à quelques mètres, dans une tenue d'une orange criard. Ce visage pâle, ces traits habités par une tristesse folle. Il avait le regard éteint, les mains menottées. La fatigue devait l'écraser. La détention aussi. & puis, les souvenirs.
Surtout les souvenirs.
Il devait revivre la scène dès que ses pensées prenaient quelques libertés, dès que son esprit n'était pas occupé. & en détention provisoire, il avait beaucoup de temps pour y penser. Beaucoup trop.
L'avocat à la défense se dirigea vers elle & l'interpella.
« Mademoiselle Mayers, connaissez-vous Dwayne Evans Walker, ici présent, accusé du meurtre de Kyle McAdams ?
Oui.
Dans quelles circonstances ?
J'étais dans le même lycée que lui. Nous avons eu certains cours en commun.
Le connaissiez-vous bien ?
Non, on ne s'est jamais vraiment parlé. Peut-être une ou deux fois.
Vous avez assisté à la scène tragique, le mardi 14 juin 1968 ?
... Oui. »

***

La vie new yorkaise était un tumulte. Une sorte de bruit incessant, une espèce de bazar organisé. La foule allait de ci, de là. Chaque être avait son objectif en tête. Rentrer à la maison, faire quelques courses, rejoindre son rencard, aller chercher les enfants chez les grands parents. Il y avait ceux qui finissaient leur journée, ceux qui la commençaient. Il y avait de tout. New York était la diversité. Riches & moins riches cohabitaient ensemble dans ces longues avenues, se croisaient sans pour autant se voir. Manhattan regroupait toute la partie aisée de New York. Cela se ressentait dans les rues. Mais pourtant, malgré cela, Joyce trouvait que le lieu était chaleureux pour celui qui arrive à se l'approprier. New York était un lieu à dompter. Une ville sauvage dans laquelle il était facile de se noyer.
Joyce avait toujours aimé cette ville, même si Paris lui manquait. Elle aimait cette sensation d'espace & d'anonymat. Elle pouvait être qui elle voulait, elle pouvait dissimuler ce qu'elle souhaitait mettre sous silence. Elle n'était personne, elle était tout le monde. Elle pouvait se laisser transporter par l'aura de cette ville, marcher pendant des heures. Elle aimait particulièrement s'asseoir dans l'herbe d'un parc pour y dévorer différents ouvrages.
Elle traversait l'avenue, la gorge nouée. Elle avait tout balancé. Tout ce que son coeur avait gardé en lui pendant toutes ces années. Elle avait crié sa culpabilité, plaidé coupable. Face à cet homme, son orgueil était mis en sourdine. Il n'osait pas apparaitre. Elle se sentait tellement penaude, tellement honteuse. Elle avait osé lui dire tout cela, aussi franchement qu'elle le pouvait. Joyce semblait fuir, aussi. Elle s'était engagée sur le passage piéton sans même attendre Dwayne. Il ne devait pas voir son visage dévasté par le remord. Elle ne voulait pas croiser son regard. Car, Dwayne avait l'air agacé en plus d'être mal à l'aise. Un instant, l'idée qu'il était venu la remercier par obligation lui traversa l'esprit. Il n'avait peut-être pas du tout envie de le faire. Il n'avait sans doute pas envie de la voir, cette fille qui lui rappelait son passé si douloureux.
« Mademoiselle !
Elle n'eut pas le temps de se retourner qu'un crissement aiguë résonna dans la rue. Le klaxon avait été enclenché par un conducteur peu tolérant. Joyce vit la voiture filer à toute allure, & Dwayne, qui remontait sur le trottoir. Elle le regarda un moment, sans trop savoir quoi faire, quoi penser. Il semblait vouloir traverser pour la rejoindre. Une voiture passa, puis une autre. Enfin, le passage semblait hors de danger & il s'élança, comme une dizaine de personnes désireuses de rejoindre le trottoir opposé.
Attendez un instant. Pourquoi ? Pourquoi je vous en voudrais ? Je viens à peine de vous remercier pour votre témoignage. Votre intervention me permet d'être devant vous aujourd'hui. Libre... J'aurais pu rester dans cette cage toute ma vie, mais vous en avez permis de faire voir une autre version au juge.
Joyce se sentit chancelante. Elle essaya tant bien que mal de soutenir ce regard. Elle se sentait conne. Il la remerciait pour quelque chose qui lui semblait tellement naturel. Après tout, elle n'avait que raconter la stricte vérité. Sans fioritures. Sans détours.
Mademoiselle, je ne vous connaissais pas avant de vous voir à la barre... J'ai été fort surpris de savoir que quelqu'un, au bal, allait témoigner en ma faveur. Après tout ce qu'il s'est passé, ce qu'on disait de moi... Je n'étais aucunement celui qu'on appréciait au lycée. Je n'attendais rien de personne. »

La tristesse dégoulinait de toute part. Ils étaient tous deux dans sa bulle, coupé du monde. La vie ne cessait de s'exprimer autour d'eux avec énergie. Les éclats de voix qui résonnaient. Ce soleil. Mais eux, ils étaient coincés dans le passé. Ils avaient beau cherché la porte de sortie, ils se retrouvaient toujours face à un verrous. Joyce sentait sa tristesse l'envelopper toute entière. L'empathie la gagnait plus que la pitié. Elle ne pouvait pas prétendre comprendre ce qu'il ressentait, mais elle se faisait une idée. Elle ne prétendait pas avoir connu pareille tristesse, mais elle connaissait sa solitude. Joyce n'avait jamais traversé de tels obstacles dans sa vie. Elle était issue d'une famille relativement aisée, avait ses parents en bonne santé & encore mariés, avait un grand frère avec qui elle était proche. Au lycée, elle ne s'était jamais retrouvé physiquement seule. Elle n'avait jamais eu beaucoup d'amis car elle repoussait souvent les autres. Mais il y avait toujours une personne qui avait réussi à briser la glace. Non, pour Joyce, la période la plus difficile était durant son premier cycle du secondaire, lorsqu'elle avait entre 12 & 15 ans. Son don était apparu à ce moment, & elle faisait peur aux autres. Les enfants ne s'étaient jamais senti à l'aise avec elle. Les parents de la jeune mutante avait même du la changer d'établissement. Les débuts du lycée furent difficile mais elle s'adaptait mieux, contrôlant son pouvoir avec plus d'aisance.
Les gens sont tout simplement stupides. Ce que j'ai fait, ça allait de soit, c'était normal. C'était mon devoir en tant que témoin. C'est tout. Tu n'as même pas besoin de me remercier pour ça. J'ai uniquement dit la vérité. »
Elle n'avait jamais compris les personnes qui avaient refusé de témoigner. Bien sûr, il y avait peu de témoins. Ils se comptaient sur le doigt de la main mais la majorité avait préféré se muer dans le silence ou alors certains enfonçaient le cas de Dwayne, ne se privant pas pour mentir. Joyce, elle, voulait remplir son devoir. Dire la vérité. Ses principes lui commandaient de le faire.
Il avait le souffle court. Vu de l'extérieur, la situation devait sembler bien cocasse. Les passants les regardaient souvent d'un air intrigué, d'autres avec un soupçon d'irritation car ils gênaient la fluidité de la circulation piétonne. Mais ils s'en fichaient, tellement pris par la conversation. Ils étaient dans un autre monde, un autre temps.
En aucun cas j'aurais aimé vous voir en visite. Ce n'est pas un endroit sain ni chaleureux pour vous. Pour personne. Quelques proches sont venus mais j'avait du mal à les accueillir. J'étais déjà mal en point lors de ma condamnation, c'a été pire une fois à l'intérieur...
Il s'était approché d'elle & la regardait d'un air grave. Joyce plongea dans ces yeux sombres à la profondeur infinie. Ce regard torturé & gêné. Joyce écoutait son récit sans en perdre une miette. Combien de fois se l'était-elle imaginé dans sa cellule, ces cinq dernières années ? Elle ne comptait plus. Le monde carcéral était un univers à part. Un enfer. Joyce le savait. Elle avait toujours été attachée à la protection des droits de l'Homme & s'était plus ou moins spécialisée dans cette branche du droit. Elle avait d'ailleurs été bénévole dans une association veillant à la protection de ces droits fondamentaux. & les prisonniers étaient souvent victimes d'abus. Ils étaient les rejetés de la société, ceux dont on se préoccupait guère. & il avait ce combat pour l'abolition de la peine de mort aussi. Bref, Joyce s'était déjà penché sur le cas des conditions de vie en prison. & elles étaient déplorables.
C'est déjà extraordinaire ce que vous avez fait pour moi, alors je ne demandais pas tant. Alors, je vous en prie, ne vous culpabilisez par pour cela.
Joyce lui adressa un mince sourire. Un de ces sourire triste & pleins de remords. Elle était quelque peu soulagée mais la culpabilité ne partait pas. Elle ne pouvait pas s'enfuir aussi rapidement. Car, au fond, Joyce aurait dû lui envoyer une lettre. Au moins cela.
Juste cela.

Il s'éloigna un peu de son visage.
& retirez aussi cette pitié que vous avez envers moi... Je n'en ai pas besoin.
Ah, Dwayne, souffla-t-elle. Il n'y a là aucune pitié, uniquement mon soutien. Je te comprends sur quelques points. Plus que tu ne pourrais le croire.
Il semblait méfiant, comme s'il voulait l'éloigner d'elle. Comme s'il était un danger & qu'il ne voulait pas se lier d'amitié avec qui que ce soit. Il semblait vouloir rejeter toutes les pas que les gens faisaient en sa direction.
— J'ai une faveur de la plus haute importance à te demander, si tu me permets.
Elle lui jeta un coup d'oeil & fit mine de prendre un air sérieux avant de sourire avec sincérité.
Arrête de me vouvoyer. J'ai l'impression d'avoir quarante ans !
Elle voulait détendre l'atmosphère, essayer de le mettre à l'aise même si la tâche ne semblait pas aisée. Sans savoir pourquoi, Joyce ne pouvait se résoudre à le laisser filer & qu'ils se disent adieu à jamais. Elle se sentait lié à lui, voulait l'aider. Elle voulait le sortir de sa solitude. & puis, il était mutant, tout comme elle. Il allait pouvoir lui aussi, la sortir de sa solitude. Elle porta le gobelet de café à ses lèvres & en prit une gorgée.
Je peux ?
Sa main s'approcha de celle de Dwayne & ses doigts glissèrent sur la cigarette qu'il tenait. Cette approche physique était là pour briser la glace. Elle faisait un pas vers lui pour lui montrer qu'elle n'avait pas peur de lui, qu'elle n'avait pas l'intention de le juger. Surpris sans doute, il la laissa prendre la cigarette. Elle posa ses lèvres sur celle-ci & en aspira une bouffée. Joyce ne fumait que rarement. Le plus souvent, c'était pendant les périodes d'examens. Elle fumait pour évacuer le stress. & en cet instant, le stress était à son comble. Elle lui retendit la clope avec un sourire. Les deux protagonistes continuèrent leur route.
Je ne les avais pas, tu sais, ces vinyles. Dès que je les ai vu, j'ai compris d'où ils venaient. Le Royaume-Uni. Rien que ça. Tu as dû te prendre la tête pour les trouver & les faire venir jusqu'ici. Merci infiniment. Dès que je rentre chez moi, je mettrais Across the Universe... Cette chanson est tellement sublime. »
Elle lui adressa un sourire. Ils marchaient ensemble dans ces rues trop grandes pour eux. Dans ce monde trop vaste & hostile pour leurs vies. Ils étaient livrés à eux même & portaient un lourd fardeau. Joyce jeta un coup d'oeil furtif en la direction de son camarade de marche, hésitante. Dwayne était un mutant, cela ne faisait aucun doute. Elle s'en rappelait comme si c'était hier, avec de précis détails. Elle avait vu sa transformation, cette pierre qui lui dévorait le corps. Ce détail avait été étouffé durant son procès. Les autorités ne voulaient pas affoler les foules. Les journaux n'en avaient pas parlé. Les témoins avait été contraint au silence. Cette partie de l'affaire avait été mise de côté avec une forte volonté de l'oublier. Joyce pensa aux nombreux tests qu'ils avaient du lui faire, tous ces traitements qui avaient dû rendre sa détention encore plus pénible.
La jeune femme s'arrêta au beau milieu d'un trottoir. Dwayne l'imita sans bien comprendre son geste, sembla-t-il. Elle leva les yeux vers lui. Un regard profond, traversé par un torrent d'émotions. Elle hésita. Mais elle devait en parler. Elle devait savoir. Elle voulait lui dire.
« Tu avais quel âge quand ta mutation s'est déclenchée ?
Ca devait avoir l'effet d'une bombe qu'on lâchait sans prévenir. Une bombe qui explose & qui détruit tout sur son passage dans un fracas indescriptible. A en voir son visage, Joyce l'avait étonné. Sans doute effrayé. Il allait sans doute vouloir fuir. Avant qu'il ne puisse partir, la jeune femme fit un pas vers lui.
Je suis comme toi. »
Pas besoin d'en dire plus pour qu'il comprenne. Elle plongea ses prunelles bleues dans les siennes, le coeur tambourinant contre sa poitrine avec vigueur. Elle faisait un pas vers lui en lui avouant sa condition. Elle lui montrait qu'elle n'avait pas peur, qu'ils étaient égaux.
Egaux.
Revenir en haut Aller en bas

Invité
Anonymous

Invité




« The things we lost in the fire » Vide
MessageSujet: Re: « The things we lost in the fire »   « The things we lost in the fire » Icon_minitimeLun 30 Juin - 19:55


Je les entendais. Pas la peine de lever la tête, je les attendais...

Le bruit de mes menottes qui cliquetaient par mes mains tremblantes. Mon inconfort dans cet accoutrement orangé. La sueur qui me perlait le front et le long de mon visage collant la plupart des mèches rebelles sur mon visage. Il faisait très chaud, mais toute cette chaleur provenait de mon propre corps. Un corps crispé par la crainte et la honte.

Honte d'avoir entraîné Willy et les membres de ma communauté dans ce trou à rat. Je ne voulais pas les voir. Willy était là, je le savais. J'avais entendu sa canne, sa démarche, mais celle-ci était inhabituelle. Probablement qu'il était aussi nerveux que moi, aussi inquiet. Moi qui ne cherchais jamais l'attention, j'avais toutes les sales langues, les pires commères et ces visages dont je me serais passé.

J'allais devoir passer au travers d'eux attacher comme un chien, escorté par deux hommes en habit bleu, juste pour me rappeler ce que j'étais devenu: Le Clébard du Lycée est véritablement devenue un criminel.

J'avais tué un jeune homme...ne voulant faire que le bien : libérer une jeune femme des mains d'un homme violent. Une jeune femme que je croyais être aimée, mais qui me regardait comme la pire des malédictions...

C'est elle dont mes yeux se sont posés en premier quand on m'avait assis après ma parade de l'humiliation....

Déjà que je me sentais vulnérable, revoir tous ces gens qui m'ont ravagé mon existence entre les murs du Lycée, ils continuaient de le faire maintenant, au tribunal.

Elle était là, en biais, serrant le manteau de Kyle, en larmes...

Je savais, maintenant, qu'elle ne m'avait jamais vraiment aimé...Qu'elle m'avait utilisée...probablement pour rendre ce connard jaloux...J'étais si stupide de croire que j'étais apprécié de quelqu'un dans ce Lycée merdique...

Mes oreilles étaient mitraillées des mots puérils en mon égard...J'aurais voulu m'arracher les oreilles pour ne plus rien entendre. Me briser le crâne pour ne plus avoir cette douleur qui me cillait de l'intérieur.

Je ne me préoccupais plus de rien...Le regard vide, épuisé de ce combat intérieur que je menais depuis mon arrestation. Savoir comme cela s'est pu arriver. Je savais qu'il y avait quelque chose au fond de moi. Quelque chose dont je n'avais pas le contrôleur. Pourquoi est-il survenu ce soir-là ? J'essayais de revoir tout...Depuis mon enfance: cette balle écrasée contre mon torse, la table que j'avais fracassée...

* Mon Dieu, qu'avez-vous fait de moi ? Pourquoi m'avez-vous transformé en monstre? *

" Nous déclarons, Dwayne Evans Walker, coupable de meurtre...."

Le cri de Willy au travers de la salle. Sa tentative de me prendre dans ses bras. Ne sentir que sa main noire s'agripper sur mon épaule orangée. Les policiers le repoussant avec violence malgré son vieil âge...

Voir mes proches se faire engloutir par les méchancetés de la masse, alors que j'essayais de rester encore quelques instants pour les voir, une dernière fois avant cinq années d'emprisonnement...

Je n'ai pu voir que cette demoiselle seule croisant mon regard apeuré. Elle a essayé, pourtant. Je l'ai sentie...Sentit son respect, sa volonté de m'épargner toute cette horreur. Je l'ai entendu dire ce que je n'osais pas croire : la vérité. Ma tentative de repousser Kyle voulant frapper une deuxième fois. Le coup violent sur mon visage...Ses insultes à mon égard. Traiter ma mère de putain...Rien que la vérité...

Malgré la force des hommes de loi, j'essayais de lui présenter ma gratitude avec un léger sourire forcé avant de me faire complètement pousser hors du tribunal...

Ce n'était que 5 ans..., mais ce fut les pires années que j'ai subis.

***

Nous étions immobiles, au beau milieu de la rue. Nous étions un calvaire pour ces gens dont chaque minute compte, dont le temps, c'est de l'argent. De l'argent qu'ils dépensent en luxe et futilités. Je ne m'en préoccupais pas. Je ne faisais que me concentrer sur Mademoiselle Mayers, dont son état m'inquiétait au plus haut point. Un état dont j'étais le principale coupable.

Je n'aimais pas la tristesse sur son visage. Pourquoi portait-elle un tel fardeau ? Ce que je déplorais c'est qu'elle devait le porter depuis trop longtemps. Jamais je n’aurais cru qu'elle se sentait aussi atteinte, aussi impliquée. Je pensais qu'elle aurait continuer sa vie comme si de rien n'était faisant de moi qu'un simple obstacle, un mauvais moment à passer. Qu'elle m'aurait tout simplement oubliée, comme font les journalistes lorsqu'il y a plus rien à dire...

Je ne pensais qu'à lui dire merci et partir aussi rapidement que mon arrivé. N'avoir été qu'une bride dans sa journée probablement remplie. Non, j'étais encore là devant elle lui demandant de m'épargner dans cette crainte inutile me concernant. J'avais survécu à ces années d'emprisonnement faisant de moi un être fort et confiant. Je tente de ne pas regarder en arrière et fixer devant moi. Même si les regards sont mesquins envers moi, je continue...comme mon père n'a cessé de me dire...

Je ne voulais pas qu'elle me prenne comme une victime, mais comme un survivant...et qu'elle retourne à ses activités.

Ah, Dwayne. Il n'y a là aucune pitié, uniquement mon soutien. Je te comprends sur quelques points. Plus que tu ne pourrais le croire.

Me comprendre...J'arrive à peine à me comprendre moi-même...Me poser mille et une question sans connaître les réponses...

Me comprendre...Comprendre le monstre qui se trouve à l'intérieur de moi. Qui se manifeste à toutes mes montées de colère, sans que je le demande. Faire de moi un être craintif et reculer du monde extérieur. Avoir un passé collé à la peau ayant de la difficulté à faire un pas, sans entendre ces mots grotesques me gratter l'oreille. J'apprécie sa gentillesse, mais je doutais fort qu'elle me comprenne...

Je ne faisais que hocher ma tête fumant ma cigarette éloignant la fumée par un long souffle.

Elle me retenait encore me demandant quelque chose. Si je pouvais exécuter sa demande rapidement et partir, j'en serais fort heureuse...Je me sentais de plus en plus malaise sous le soleil chaud de la grande ville.

Je me penchais presque lui montrant toute mon attention, malgré ma grandeur...

Arrête de me vouvoyer. J'ai l'impression d'avoir quarante ans !

Son sourire a été presque contagieux. Mes lèvres se sont légèrement fendues comprenant ce qu'elle voulait dire.

" Désolé...Je...je vouvoie qu'importe l'âge à des gens dont je fais la connaissance. Question de respect et de bienséance...Chose donc entend peu parler aujourd'hui..."

Je disais cela avec une certaine amertume, baissant la tête. Ma mère m'avait toujours dit me montrer respectueux envers les anciens et les inconnues. Qu'un jour cette politesse pourrait m'être rendu. Que Dieu remarque ce genre d'attention...J'attends toujours.

J'avais senti une odeur parfumée devenir de plus en plus prononcée s'approcher. Le battement d'un coeur plus excessif. En me relevant la tête, je la voyais si près de moi que j'ai fait un pas en arrière. Que voulait-elle ? Pourquoi se rapprochait-elle de moi ainsi ?

Elle insistait ce rapprochement en frôlant ma main pour prendre ma cigarette. J'ai perçu sa chaleur, la douceur que cette peau pouvait être avec l'odeur qu'elle dégageait, mais je ne voulais pas m'y attarder.

Je retirais ma main aussitôt que le voyais ses doigts saisir ma cigarette. Je la rentrais aussitôt dans ma poche ne sachant pas quoi en faire...

Ces lèvres pressaient ma clope d'une telle lenteur que je vis l'empreinte de son léger rouge à lèvres s'étamper sur le filtre. J'avais à peine partagé mon goûter avec un camarade de classe dans le besoin, étant plus jeune...Alors, c'était presque nouveau pour moi. Je la regardais avec étonnement...

Elle était prête à souiller ces lèvres ? Qu'est-ce qu'elle cherchait au juste ?

Je repris délicatement ma clope toujours au travers un regard d'incompréhension prenant soin de ne pas la toucher. C'était plus fort que moi. J'ai encore cette crainte de tacher, ternir, salir...ne pas sentir l'approbation.

Je la laissais débuter la marche fumant à mon tour ma clope sous le stress du moment. J'étais soudainement saisie par le goût étrange qu'elle avait. Je venais de déposer mes lèvres au même endroit qu'elle. J'étais presque honteux, n'ayant pas fait exprès.

Un goût fruité et riche...La timidité me prit d'un coup ayant, au fond, apprécié ce petit moment pécheresse de ma part. C'était idiot, je le savais. Je me trouvais ridicule. Ce n'était que quelques secondes, m'obligeant quand même rattraper Mademoiselle Mayers de quelques pas.

Je ne les avais pas, tu sais, ces vinyles. Dès que je les ai vus, j'ai compris d'où ils venaient. Le Royaume-Uni. Rien que ça. Tu as dû te prendre la tête pour les trouver & les faire venir jusqu'ici. Merci infiniment. Dès que je rentre chez moi, je mettrais Across the Universe... Cette chanson est tellement sublime.

" John a écrit ces paroles suite à une dispute avec sa femme...Il l'a écrite en une soirée...J'adore sa plume. Réfléchie et à plusieurs niveaux de compréhension. Il faut s'attarder aux paroles. Elle dégage plus que ce qu'on peut croire...On sous-estime les pensées d'un artiste, mais ils ont une pensée extérieure sur le monde...Je..."

Et voilà...Je divaguais avec ce sourire idiot. Je venais de faire de moi un véritable cabochon avec mes grandes paroles. Quand on parle de musique, j'avais tendance à déblatérer mes connaissances comme si je devais les extirper, les partager avec quelqu'un...

" Désolé...Oui, cette chanson est magnifique..." continuant de presser sur ma clope.

Quand nous nous sommes arrêtés, je croyais que nos chemins allaient se séparer. Je la voyais chercher ses mots. Elle voulait terminer cet entretien. Je la dérangeais.

Je préparais mes mots pour la remercier une dernière fois. Je prenais même le temps de la regarder, ne serait-ce qu'un peu, avant de me dire que je ne la verrais, sans doute plus.

Tu avais quel âge quand ta mutation s'est déclenchée ?

Mon visage s'écrasait tout d'un coup. J'avais même fait un petit sourire de politesse, mais il venait de disparaître...

Que venait-elle de dire, à l'instant...?

Mon estomac se noua sans attendre. Une bouffée de chaleur m'envahit...Je la regardais pris par un sentiment de peur.

" Qu'est-ce que ..." dis-je en reculant.

Oui, j'étais prêt à le faire. M'enfuir. Tout allait si bien et voilà qu'elle me poignarde avec cette question. J'étais presque insulté, voire en colère. Je venais juste pour la remercier, pas pour me faire questionner. Aussitôt, je me construis un scénario...

"....Tu es une journaliste, c'est cela ?" continuant de reculer en balançant mon mégot par terre, le visage crispé par la déception.

À chaque fois qu'on essayait d'être gentil avec moi, c'était pour me fouiller, m'examiner ou me poser des questions stupides...

Elle s'avançait vers moi. J'étais sur le point de courir...

Je suis comme toi.

Le souffle coupé, les lèvres entreouvertes. Le silence...J'avais presque les pieds en position de course. Mes souliers noirs tendus.

" Comme moi..."

Je la regardais. Ce foutait-elle de moi, encore ? Je n’aimais pas cette sensation au fond de moi. Je revivais mon passé en quelques secondes...Ma mère, le centre d'accueil, le Lycée...Tout me frappait au visage...

" Comme moi..." répétais-je, à nouveau.

Je la laissais s'approcher. Je la regardais avec sérieux, mais beaucoup de compassion. Je sais ce qu'elle voulait dire, voulait faire. Me sortir de ma torpeur, m'aider à retrouver la quiétude, apprécier le monde qui m'entoure, de ne pas me cacher...Je sais que je ne suis pas le seule à avoir cette chose en moi, mais de là à dire qu'elle est comme moi...

Je lui disais dans un murmure:

"....Tu n'es pas une criminelle...Pas un monstre...Tu peux te lever le matin et préparer ta journée de bonne humeur. Les gens t'apprécient par ta beauté et ton charme se retournant, sans doute, avec un immense sourire quand tu passes. Tu vas chercher ton café dans Manhattan sans craindre qu'on te pointe du doigt...Tes amies t'appellent sûrement les week-ends pour aller danser et faire la fête dans un bar...Non, tu n'es pas comme moi...Et tu ne veux pas être comme moi..."

Sans attendre, je faisais le chemin inverse, cisailler par la force de mes propos. Elle m'avait ramenée en arrière et dire que je suis comme elle, m'a carrément sortie de mes gonds. Elle ne me connaît pas...Pas du tout. Elle n'a vu que la pointe de l'iceberg. Alors, oser prétendre d'être comme moi...

J'ai été dure, peut-être, mais si cela l'avait éloigné de moi, j'en étais fort heureux. On ne peut pas changer ma condition de vie. C'était trop tard. J'avais un numéro collé sur le front. Mieux vaut le cacher que de le dévoiler...
Revenir en haut Aller en bas

Invité
Anonymous

Invité




« The things we lost in the fire » Vide
MessageSujet: Re: « The things we lost in the fire »   « The things we lost in the fire » Icon_minitimeMer 2 Juil - 2:45


« The things we lost in the fire »
Dwayne E. Walker & Joyce M. Mayers

« Mademoiselle Mayers, pouvez-vous nous raconter la scène à laquelle vous avez assisté ce jour là ? »
Le regard de l'interrogée se posa sur l'avocat de la défense. Elle reste silencieuse quelques secondes, assise dans ce fauteuil, face à toute ces spectateurs. L'avocat était sans doute un commis d'office mais il semblait prendre cette affaire à coeur. Il semblait vouloir défendre son client autant qu'il le pouvait. & la chose n'était pas aisée. Dwayne était pour bon nombre des gens présents dans cette salle immense un parfait coupable. & le plus délicat était de convaincre ces jurés qui se trouvait à la gauche de la jeune mutante. Cette dernière croisa le regard de l'avocat avec qui elle avait eu un entretien la veille, pour revoir les diverses questions. Pour se préparer. Il lui adressa un signe de tête pour l'encourager. Elle devait se jeter à l'eau & répondre de la façon la plus intelligible possible. Joyce inspira longuement & leva les yeux en direction du public.
« Comme vous le savez certainement, ce soir là, le bal de promo avait lieu. Je suis arrivée en retard, la soirée avait déjà commencé. La majorité des étudiants était donc déjà dans le gymnase. On était que très peu de retardataires. Vous savez comment c'est, ces événements.
Un sourire sans joie se forma sur son visage. Joyce prenait son temps, parlait posément. Elle n'était pas stressée par le fait de témoigner. Elle prenait cependant la chose très au sérieux. Joyce était quelqu'un d'entier qui veut toujours aller au bout des choses sans connaitre un soupçon d'échec. Mais il fallait avouer que cette atmosphère avait quelque chose d'impressionnant & d'étouffant. La tension était palpable.
Omniprésente.
J'étais devant le portail en train de fumer une cigarette. J'étais seule en train d'attendre celui qui m'accompagnait. Dwayne Walker était là, avec Daniela Morty.
Instinctivement ses yeux se posèrent sur cette dernière. Elle était dans une lutte infernale contre ses sanglots, en serrant un souvenir du défunt Kyle entre ses doigts.
Vous connaissez Daniela Morty ?
Oui.
Le regard des deux jeunes femmes s'était croisé. Joyce le soutint sans ciller alors que Daniela baissa la tête pour observer ses mains qui s'entremêlaient dans un mouvement de stress. Elle était dévastée, Joyce le savait & pouvait le comprendre. Mais elle avait menti lors de son audition & cela, Joyce ne le pardonnait pas. & dieu sait à quel point la jeune mutante est un concentré de rancune.
Continuez, je vous prie.
Joyce hocha la tête, quittant Daniela des yeux. Elle se tourna un instant vers le jury qui était concentré. Tous buvaient ses paroles, prenaient des notes ou la regardaient intensément. Ils cherchaient à mesurer sa crédibilité. Tous ses gestes étaient épiés. La manière dont elle se tenait, la façon dont elle s'exprimait, si ses mains révélaient des signes de panique ou de stress. Mais Joyce était imperturbable car elle disait la vérité. Une vérité dont elle n'avait pas honte. Une vérité qu'elle ne souhaitait pas cacher.
Kyle McAdams a débarqué à ce moment là. Il était énervé, agressif. Kyle & Daniela ont toujours eu une relation complexe & houleuse. Il n'a pas supporté qu'elle soit accompagnée de Dwayne. Il a commencé à être agressif avec Daniela. Il l'a attrapé par le bras avec force. Il l'a giflée. J'ai voulu intervenir mais Dwayne a réagit en demandant à Kyle de partir. Mais il n'a pas apprécié & il s'est jeté sur Dwayne pour le frapper. Ils se sont mutuellement frappés avec violence. Personne n'a bougé.
& vous ?
J'ai essayé en leur hurlant dessus mais ça n'a servi à rien. Ils étaient tous les deux dans une fureur noire. La seule chose que j'ai trouvé à faire c'est de courir vers la cabine téléphonique qui était juste à côté pour appeler la police.
& ensuite ?
Ils sont arrivés avec une ambulance pour les emmener aux urgences.
Je n'ai plus de questions.

***

La musique a beaucoup de vertu. La plus conséquente, sans doute, était cette faculté qu'elle avait de détendre quiconque. Tout le monde appréciait la musique, quelque soit son genre, son univers & son message. Les diverses mélodies que le monde entendait étaient une pure merveille. Elles s'immisçaient dans les coeurs avec volupté & douceur. Les sonorités caressaient l'ouïe & prenaient possession de nos corps. Oui, définitivement, la musique était un don du ciel. Un élément indispensable.
Essentiel.
Elle avait le pouvoir de réunir les gens, de les relier entre eux. Elle avait le don d'apaiser les tensions. Elle offrait d'immenses possibilités.
« John a écrit ces paroles suite à une dispute avec sa femme. Il l'a écrite en une soirée... J'adore sa plume. Réfléchie & à plusieurs niveaux de compréhension. Il faut s'attarder aux paroles. Elles dégagent plus que ce qu'on peut croire. On sous-estime les pensées d'un artiste, mais ils ont une pensée extérieure sur le monde. Je... »
Dwayne était un passionné de musique. Il l'avait toujours été. Joyce lui avait adressé un sourire, contaminé par cette passion débordante. Il semblait heureux lorsqu'il parlait de musique. C'était la première fois qu'elle le sentait envahit par un sentiment de légèreté. Elle nota dans un coin de sa tête cette constatation. Elle pourrait le lancer sur ce sujet pour le détendre, pour le mettre à l'aise. Car c'est tout ce qu'elle voulait ; le mettre à l'aise.
Joyce ne comprenait pas vraiment pourquoi elle se sentait aussi lié à ce type. Pourquoi elle se sentait aussi investie & impliquée. Elle n'avait pas pitié de lui, non. Elle voulait uniquement le soutenir, l'aider à se réinsérer dans cette société sauvage & implacable. Il était mutant, tout comme elle. Il fallait qu'ils se serrent les coudes. Tout du moins, c'est comme cela que Joyce ressentait la chose.

Le temps s'était arrêté, tout comme le myocarde de la jeune femme.
Le temps s'était suspendu dans les airs, alors que tout semblait encore vivre autour d'elle. Elle sentait les mouvements des passants, entendaient le brouhaha qui lui semblait cependant lointain. Joyce était déconnectée du monde réel. Depuis plusieurs années maintenant, mais aujourd'hui plus qu'à n'importe quel autre moment de sa vie.
Elle était dans une attente qui semblait interminable alors qu'elle n'avait duré que quelques secondes. C'était insoutenable. Une boule s'était formée dans son estomac & elle se demanda un instant si elle n'avait pas été trop vite. Depuis qu'il avait passé le pas de la porte de la bibliothèque, Joyce avait senti que tout ne tenait qu'à un fil qui pouvait céder à chaque instant. Dwayne n'était pas venu la voir pour faire la conversation. Il ne voulait pas se lier à elle, ça, Joyce l'avait compris. Elle ignorait ses raisons, cependant. Par honte, par peur, par méfiance ? Les trois à la fois, peut-être. Dwayne semblait manquer de confiance en lui avant de manquer de confiance en les autres. Il semblait se bloquer lui même. Comme s'il refusait de vivre une vie normale. Comme s'il voulait se priver. Se punir. Joyce voulait uniquement le libérer, lui donner une épaule sur laquelle s'appuyer. Car Joyce savait ce que faisait la solitude. Elle en connaissait les travers & les douleurs.
Les prunelles sombres de Dwayne furent traversées par une lueur d'incompréhension & de panique. Son sourire s'était éteint & Joyce sentit son coeur se serrer avec vigueur. Elle comprit instinctivement qu'il s'agissait des quelques secondes de calme avant la tempête. Joyce était une éternelle impatiente qui voulait toujours trop bien faire. Or, le plus souvent, cela la menait droit dans un mur. & le choc & la chute s'annonçaient violents.
« Qu'est-ce que... ?
Il avait reculé. Joyce le voyait déjà s'éloigner de lui. Le fossé qu'elle avait tenté de réduire s'agrandissait de secondes en secondes. Elle le sentait partir pour ne plus jamais l'approcher. Elle avait brisé le peu de confiance qui était en train de s'installer entre eux. Le regard de Dwayne se fit extrêmement sévère, ce qui eut l'effet d'une gifle. Elle y discerna un mélange de sentiments extrêmement négatifs. De la déception, de la méfiance, de la colère.
Tu es journaliste, c'est cela ? »
Joyce était désarçonnée par autant de méfiance, même si elle pouvait le comprendre. Sans qu'elle ne puisse savoir pourquoi, cette méfiance lui fit un pincement au coeur. Comment pouvait-il croire qu'elle avait de mauvaises intentions envers lui alors qu'elle était la seule a avoir dit la vérité ? Elle était la seule a avoir osé s'opposer aux autres. Elle ne l'avait peut-être pas soutenu autant qu'elle aurait pu, mais elle n'avait jamais montré un signe de haine à son égard. Alors pourquoi la rejetait-il ainsi ?
La jeune femme s'était mis dans une position de faiblesse, ce qu'elle ne supportait pas. Elle n'aimait pas révéler ce qu'elle était car elle donnait une arme à son interlocuteur. & une arme massive. Une arme qui pouvait lui détruire sa vie. Une arme qui pouvait la mener directement dans un laboratoire pour des expériences.
Une arme.
Elle venait de révéler ce qu'elle était en plein milieu de la rue à un homme qu'elle ne connaissait quasiment pas malgré le lien qui les unissait.
« Comme moi...
Il la regardait avec un visage dur, comme s'il ne voulait pas la croire, comme si elle venait de l'insulter. Joyce fit un pas vers lui. Encore un pas. Se rendait-il compte de ce que cela représentait ? La jeune mutante avait un égo surdimensionné & ne supportait pas se mettre en position de faiblesse. Elle ne supportait pas courir après les autres, se plier en quatre pour quelqu'un. Elle n'arrivait pas à aller vers les autres. S'attacher, très peu pour elle. & pourtant. Pourtant elle ne cessait de lui tendre la main & il venait de la refuser, d'un revers. Avec un simple regard.
Un regard glacial & glaçant.
Joyce avait l'impression de tomber du sixième étage.
Elle se sentait conne d'avoir donné sa confiance aussi rapidement.
Comme moi.
Elle s'attendait à ce qu'il lui rit au nez. Mais il n'en fit rien. Il ne bougeait plus, désormais. Le coeur de la jeune mutante tambourinait contre sa poitrine. Le temps était si long. Elle attendait de terminer sa chute.
Tu n'es pas une criminelle. Pas un monstre. Tu peux te lever le matin et préparer ta journée de bonne humeur. Les gens t'apprécient par ta beauté et ton charme se retournant, sans doute, avec un immense sourire quand tu passes. Tu vas chercher ton café dans Manhattan sans craindre qu'on te pointe du doigt. Tes amies t'appellent sûrement les week-ends pour aller danser et faire la fête dans un bar. Non, tu n'es pas comme moi... Et tu ne veux pas être comme moi... »
La chute fut bien plus violente que ce qu'elle n'avait prédit. Elle avait l'impression de s'être écrasée avec une violence inouïe. Dwayne — ce type qu'elle ne connaissait presque pas — venait de lui crever le coeur. Il venait de repousser toutes les mains qu'elle lui avait tendu. Ses paroles étaient dures même si le ton adopté était doux.
Le coeur au bord des lèvres. Les larmes au bord des yeux.
Elle venait de se prendre une gifle. Elle venait de tomber de haut. Joyce était incapable de quoique ce soit tant la déception gagnait son coeur, tant la tristesse nageait dans ses veines. Il venait de détourner les talons, la laissant là, seule dans cette rue sauvage & trop vaste pour la petite personne qu'elle était. Elle se sentait coupée dans son élan. Bien sûr, Dwayne ne pouvait pas comprendre. Il ne pouvait pas savoir que Joyce avait fait preuve d'effort surhumain pour lui avouer sa condition, pour se confier autant. Il n'avait pas compris.
Car, à aucun moment Joyce n'avait prétendu avoir vécu plus de souffrances que lui. Elle se savait chanceuse. Elle n'avait pas perdu ses parents, n'avait pas connu la vie dans les foyers & n'avait surtout jamais du aller en prison. Mais la solitude, elle connaissait. Bien plus qu'il ne semblait le croire. Les paroles de Dwayne se répétaient dans son cerveau. Elle ressentait encore la froideur de ses mots, la dureté de son expression.
Joyce le regardait partir. La colère prenait le pas sur la tristesse. Il avait osé lui déblatérer son rejet en pleine face sans en assumer les conséquences. Il avait fuit pour ne pas voir son visage se décomposer. La jeune femme fulminait.
Si tu crois t'en sortir comme ça.
La jeune mutante s'élança, emportée par sa colère. Joyce avait un caractère entaché par de multiples défauts ; l'impatience, la rancune & l'impulsivité. Les larmes de colère se mêlèrent à celles de tristesse. Elle était fatiguée. Fatiguée de faire tant d'effort pour se retrouver encore une fois seule sur un bout de trottoir. Personne n'a dit que c'était facile. Mais personne n'a jamais dit que c'était si difficile. Joyce sentit ses épaules heurter certains passants alors qu'elle tentait de rattraper Dwayne. Pourquoi était-il venu ?

Le cercle vicieux était enclenché. Joyce était une boule de nerf impulsive incapable de se mesurer, de se contrôler. Elle n'avait jamais su prendre du recul. Jamais.
Après quelques secondes, elle le rattrapa enfin. Joyce attrapa la main de Dwayne avec vigueur & lui tira sur le bras pour qu'il se retourne, pour qu'il fasse face. Elle lui en voulait pour ses paroles & sa fuite. Elle s'en voulait pour sa réaction aussi ridicule. Joyce était trop sensible. Bien plus qu'elle ne le laissait paraître. Elle portait un fardeau trop lourd sur les épaules.
Non, personne n'a dit que c'était facile. Mais personne n'a dit que c'était si difficile.
Elle plongea son regard embué de larmes dans le sien. Par chance, aucune d'elle n'était en train de voyager sur ses joues. Elles restaient toutes dans ses prunelles quitte à lui brouiller la vue. Le but était donc de les garder là. Elle ne voulait pas pleurer. C'était pour les faibles. Dwayne était face à elle désormais & elle maintenait sa prise. Ses doits étaient désormais autour du poignet de ce dernier.
« Comment tu peux me dire ça ? Comment tu peux prétendre connaître ma vie ? Je n'ai jamais prétendu comprendre ta souffrance car je sais qu'elle est infinie. Je n'ai jamais prétendu comprendre ce que tu as vécu, parce que tu as vécu le pire mais je peux prétendre savoir ce que tu as vécu parce que je sais où tu étais ces cinq dernières années & qu'à partir de là, je peux me faire une idée.
Joyce était haletante, chancelante & tremblait à cause du tumulte qui grondait en elle. Des tas de sentiments & sensations s'entrechoquèrent dans son myocarde & dans ses veines. Son cerveau était submergé par ces vagues.
Tu ne sais absolument rien de ma vie. Tu crois la connaître mais c'est faux.
Elle le regardait sans ciller.
Tu n'as pas le monopole de la solitude, Dwayne.
Joyce savait que ces paroles pouvaient être blessantes. Mais elle n'était pas en mesure de se contrôler.
Tu dis que je ne suis pas un monstre, mais qu'est-ce que tu en sais, hein ? Rien du tout, Dwayne. Tu n'en sais rien. Moi j'ai vu ce que tu peux faire, mais toi, tu n'en as pas la moindre idée. Tu veux que je te dise ?! Tu veux savoir ?!
Elle serra sa prise entre ses doigts avec désespoir. Elle était en colère, elle était dévastée. Pourquoi la mettait-il sur un piédestal ? Elle ne valait pas plus que quelqu'un d'autre. Elle n'était pas aussi parfaite qu'il le pensait. Elle n'avait pas la vie aussi rêvée qu'il l'imaginait. Joyce sentit les regards de passants sur elle. Ces derniers regardaient les deux mutants avec un air intrigué voire réprobateur. Les new yorkais avaient l'habitude de voir des disputes dans les rues ainsi, pour la plupart, ils passaient outre, continuant leur chemin. Joyce attrapa un bout de la veste en cuir de Dwayne avec sa main libre & s'approcha de son visage. Elle luttait contre sa colère, contre sa déception, contre sa tristesse & ses yeux embués. Elle devait avoir l'air si ridicule & si faible. Elle était à vomir. Elle avait honte.
« Je peux entrer dans le cerveau de quiconque. Je peux m'immiscer dans le cerveau de ce type ou bien dans le tien, Dwayne. Je peux le noyer dans la confusion la plus totale, et faire perdre toute notion à quiconque. Je peux semer une migraine insupportable dans chaque cervelle. Je peux la détraquer, la retourner, la secouer. Je peux mettre quelqu'un dans le coma rien qu'en y pensant, Dwayne. & qui sait ? Je peux sans doute laisser des séquelles ou même tuer. Je peux foutre le bordel dans chacune des têtes que je croise.
Joyce regarda Dwayne un instant, pour lui laisser le temps d'assimiler ses murmures.
Tu vois Dwayne. Moi aussi, je suis un monstre.
Elle lâcha le bout de veste en cuir & le poignet du mutant avant de passer ses mains sur son visage coloré par la colère & les larmes qui noyaient ses yeux. Elle recula alors, prête cette fois à le laisser partir.
Revenir en haut Aller en bas

Invité
Anonymous

Invité




« The things we lost in the fire » Vide
MessageSujet: Re: « The things we lost in the fire »   « The things we lost in the fire » Icon_minitimeDim 13 Juil - 22:56


Le petit Andersen était collé contre mon jeune torse. Son bec en peluche vers le haut comme s’il me regardait, voulant me soutenir, m’encourager à avancer dans l’herbe fraîche. Le vent matinal caressait mes cheveux ébène. Des mèches me chatouillaient mon front blanc. D’un geste sec de la tête, je les faisais balancé vers la gauche ne pouvant point utiliser mes petites mains. Outre Andersen, je tenais ma guitare rouge, que mon père m’avait donné.Je la trainais partout par intérêt , mais aussi par manque de confiance. C’est tout ce qu’il me restait de lui, ici. Tous le restent de mes choses étaient sous la possession des policiers. L’enquête était toujours en vigueur.

Je n’aimais pas ces murs ternes comme si je me retrouvais dans un hôpital.Comment je pouvais garder le morale alors que tout semblait mort de mes yeux ?

Pourtant, on essayait de me faire sortir de la noirceur.

« Allez Dwayne, va jouer avec les autres. Tu ne dois pas avoir peur...»

Je levais la tête vers Katryn, derrière moi. Cette psychologue ne cessait de me suivre, de me regarder, comme un animal de recherche. Je n’aimais pas la façon dont je percevais ses yeux envers moi. Je sais que je ne semble pas normale, mais pourquoi fallait-elle qu’elle me colle de cette façon essayant toujours de me faire interagir avec les autres ? 

Je n’avais pas envie de parler à qui que ce soit, car je sentais de loin la mauvaise énergie que je percevais des autres. J’avais déjà repéré les leaders des groupes d’enfants du centre d’accueil. Oui, déjà à cet âge, on pouvait distinguer ceux qui décidaient pour les autres. Ceux-ci ne me voyaient pas, je l’aurais souhaité. Les rumeurs courraient à mon sujet.

Pourtant, j’espérais toujours que quelqu’un viendrait me voir, pour me parler ou pour jouer avec moi, car je n’avais aucune habilité pour le faire moi-même... J’avais la timidité imprégné sur le corps gardant toujours Andersen collé contre moi.

« Vas-y, Dwayne. Tu peux aller les voir.»

Un petit cercle d’enfant se trouvait au beau milieu de la cour arrière. Ils étaient assis par terre se lançant la balle dans le gazon. Ils avaient créé un jeu qui semblait fort amusant. Mes petites dents se frayaient un chemin entre mes lèvres créant ainsi un petit sourire sur mon visage. 

Je me balançais de l’avant vers l’arrière ne sachant pas si je pouvais me permettre d’avancer vers eux. J’avais peur... Peur de créer un malaise, me faire repousser.

J’ai vu un sourire. Une petite fille qui était face à moi. Elle était dans le cercle ayant la balle dans ses mains. Sa robe bleue virevoltait par la force du vent et que dire de sa chevelure blonde qui lui couvrait la moitié du visage. Je regardais, de nouveau, Katryn derrière moi, comme si je lui demandais la permission de les rejoindre.

Cette jeune fille m’avait donné du courage. Ce simple sourire m’avait ce qui me manquait pour affronter ma peur. 

Et c’était parti ! Mes petites jambes parcouraient la verdure. Je m’approchais de plus en plus d’eux faisant danser les pattes de canard de Andersen au rythme de mes pas. Je ne quittais pas mon objectif me concentrant sur cette demoiselle qui venait de lancer la balle à une autre fillette. 

La balle roulait rapidement vers l'extérieur du cercle atteignant mes petites pattes. La balle était juste là, devant moi. Je me suis donc, penché laissant ma guitare se coucher dans la verdure afin de prendre la balle adéquatement. Anderson se collant sous mon bras regardant la belle balle rouge entre mes mains blanches.


" Je...je peux jouer avec vous ?"
dis-je en m'approchant d'eux.

J'avais tout un sourire ne voyant aucune réaction négative. Je m'incrustais dans le cercle entre deux jeunes filles. J'étais enjoué de pouvoir me présenter à eux.
Je regardais la balle un léger moment. Je ne devais pas manquer mon coup.Vraiment. S'il fallait que je fasse une gaffe, c'était terminé. Jamais ils ne voudront de moi. Je redressai mon regard vers le garçon devant moi. C'était le plus vieux. C'était à lui que je devais le lancer. Lui prouver que je méritais ma place dans ce groupe. Je ne me suis jamais autant concentrer sur un objectif. Tant vouloir que tout fonctionne.

Un silence et je lançais. Tout était parfait. Elle se dirigeait exactement au bon endroit. Il avait juste à tendre les mains....

Il ne l'avait pas fait... Il s'était tassé laissant la balle poursuivre son chemin...
" On va à la balançoire !" disait-il à voix autres regardant les autres.

Tous se sont levés sans rouspéter. Je les regardais un moment partir avant de baisser ma tête pour regarder M.Anderson. Ses yeux en formes de billes ne parvenaient pas à me consoler de ma déception. Je me retrouvais dans cette verdure longue me détournant vers Katryn qui n'avait, non plus, une explication à me donner...

****

L'entendre parler comme si elle me comprenait ma complètement déstabilisé, presque insulté. Une personne qui se considère comme moi, mais qui ne connaît que la pointe de l'iceberg de tourment que j'ai subi.

J'en grognais marchant d'un pas accélérer au travers de ces gens beaucoup trop occupé par leur propre existence.

Oui, je fuyais. J'allais à contresens. Je m'opposais à cette possibilité. Possibilité de partager, de converser, de me libérer de ce que je supporte avec quelqu'un d'autre.Je sais que nous sommes nombreux à avoir ce gène étrange en nous, mais d'en discuter avec une personne aussi ouvertement, spontanément : j'en étais incapable.

Je me suis sentie pris au piège, comme en prison. Je revoyais ces moments où les questions allaient et venaient me faisant analyser comme si j'étais une bestiole venue d'un autre monde. Toute ma jeune vie, on m'a perçu comme un être anormal. Je commençais à peine à m'en sortir. Alors, cette question de la part de Mademoiselle Mayers a été un retour en arrière que je ne voulais pas revivre...

Ma main tremblante, je fouillais dans ma poche pour reprendre une cigarette. Je devais me calmer et vite... Un mal de tête me perçait le crâne et j'avais peur de la suite des choses...

La flamme brûlait ma clope. Un léger effet de soulagement...avant d'entendre un pas plus rapide que les autres. Elle approchait de moi d'une telle vitesse. Et cette odeur...

J'allais reprendre de la vitesse quand je sentis le contact. Sa main dans la mienne. Je voulais qu'elle me lâche, mais ce fut mon épaule qui a été empoignée me faisant tourner vers l'arrière. Ma clope quittait mes lèvres et tombait au sol.

Elle insistait !? Je regardais sa main sur mon poignet. Elle me touchait.Pourquoi ne voulait-elle pas me laisser partir ? Après toutes ces années, je suis venue lui dire merci pour repartir et laisser sa vie reprendre son cours. C'est tout. Ne pas me faire questionner, ni pour partager ma mésaventure de mutant...

Le visage crispé voyant son emprise sur moi. J'étais prêt à répliquer: lui faire comprendre ma mutation n'est pas un sujet de conversation, ni un plaisir à partager. La paix : simplement être tranquille...

Mais rien ne sortait de ma bouche... J'étais complètement sous le choc.
Jamais je ne souhaitais voir cela sur son visage. Je ne souhaitais jamais faire autant de mal à une jeune femme. Jamais...

Mon visage se détendait passant de la peine à la honte. Je me rendais compte que mon impulsivité avait entraîné de graves conséquences sur la conscience de cette demoiselle... Moi qui jurais de ne jamais faire du mal à une femme, je venais d'échouer...

« Comment tu peux me dire ça ? Comment tu peux prétendre connaître ma vie ? Je n'ai jamais prétendu comprendre ta souffrance, car je sais qu'elle est infinie. Je n'ai jamais prétendu comprendre ce que tu as vécu, parce que tu as vécu le pire, mais je peux prétendre savoir ce que tu as vécu parce que je sais où tu étais ces cinq dernières années & qu'à partir de là, je peux me faire une idée."

Mademoiselle Mayers a été le dernier regard que j'ai posé sur une personne avant de sortir du tribunal. Le dernier regard compatissant que j'ai reçu avant de connaître cinq années de calvaire.

C'était comme recevoir un coup en plein ventre. Ma poitrine se recroquevillait entrant ma tête entre mes épaules. Non, seulement je revivais en boucle mes années d'incarcération, mais j'avais du mal à regarder cette jeune femme en face de moi.De la voir aussi dévastée de par ma faute.

— Tu ne sais absolument rien de ma vie. Tu crois la connaître, mais c'est faux.

C'était vrai. Je ne la connais à peine.Je ne la connais pas du tout, en faite. J'avais simplement fait une petite recherche afin de la retrouver pour la remercier. On m'a dit qu'elle travaillait dans cette bibliothèque... C'était tout...

Tu n'as pas le monopole de la solitude, Dwayne.

Ma tête se retournait immédiatement d'elle en entendant ces mots. La solitude... Je la connais depuis des lustres. Elle ne m'a pas lâché depuis mon enfance. Je ne suis pas le seul, j'en suis conscient, mais je ne pouvais pas croire qu'elle a été aussi dévastée par ce ressentiment.

La mutation la probablement fait sentir différentes des autres ne pouvant pas le communiquer ouvertement à ce sujet, mais pour le reste...

Elle a connu les joies de l'amitié avec Daniela. Je l'ai vu souvent avec elle et d'autres personnes. Je l'ai vu sourire avec des camarades de classe. Elle semblait même à l'aise. Faisait-elle semblant ? Je ne percevais pas cela. Au contraire, je sentais des bonnes ondes. Alors, malgré sa tristesse sur son visage, je ne pouvais pas compatir avec elle, à ce sujet...

Tu dis que je ne suis pas un monstre, mais qu'est-ce que tu en sais, hein ? Rien du tout, Dwayne. Tu n'en sais rien. Moi j'ai vu ce que tu peux faire, mais toi, tu n'en as pas la moindre idée. Tu veux que je te dise ?! Tu veux savoir ?!

Son odeur s'est décuplée dans mes narines. Elle s'est reprochée trop près de moi. Elle m'a obligé à me pencher et de la regarder en me serrant le collet. Je n'ai jamais été aussi près d'une demoiselle. J'étais déstabilisé, totalement.Je ne savais pas quoi faire. Je ne pouvais pas quitter son regard. Ces yeux perçaient les miens. Malgré la situation, je les trouvais magnifiques.Ils me parlaient sans qu'elle me dise quoi que ce soit. Je comprenais...trop tard, probablement...

Déjà que la honte me prit allait-elle peser encore plus profondément dans le peu de confiance que j'avais de moi-même ? User de sa mutation pour me faire payer de mon audace ?

J'avais aussi mal de la voir dans cet état. Elle était parsemée par la souffrance.Sentir sa tristesse au travers de ses tremblements. Ses doigts bouillants de colère me toucher la blancheur de mon cou. La chaleur de son haleine qui me caressait le visage. C'était difficile à supporter...

Mon comportement l'a amené jusque-là. Jusqu'à la percuter de plein fouet. Alors, je le méritais. Si elle voulait me corriger, j'allais encaisser...

Je peux entrer dans le cerveau de quiconque. Je peux m'immiscer dans le cerveau de ce type ou bien dans le tien, Dwayne. Je peux le noyer dans la confusion la plus totale, et faire perdre toute notion à quiconque. Je peux semer une migraine insupportable dans chaque cervelle. Je peux la détraquer, la retourner, la secouer. Je peux mettre quelqu'un dans le coma rien qu'en y pensant, Dwayne. & qui sait ? Je peux sans doute laisser des séquelles ou même tuer. Je peux foutre le bordel dans chacune des têtes que je croise.

Foudroyé... Je ne savais aucunement que dire ou faire. Oui, j'étais sous le choc de la grandeur de son don. Des multiples possibilités que sa force pouvant entraîner, mais surtout, je pouvais deviner de l'immense pression qu'elle avait sur les épaules à contrôler cette puissance qui pourrait être imprévisible...

Tu vois Dwayne. Moi aussi, je suis un monstre.

Je l'ai jugé trop vite, j'en avais honte, mais j'avais un tempérament tellement hostile qui m'empêchait d'agir convenablement envers une personne. Une personne qui semble vouloir mon bien...

Non...dis-je gardant la tête baissée.

Je replaçais doucement mon collet et je frottais mes doigts sur mon poignet légèrement endolori.

J'essayais de me concentrer. Mon mal de crâne empirait, mais je tenter de garder le capte. Je ne bougeais plus par la suite.J'entendais sa respiration s'accélérer afin d'éviter de pleurer devant moi. Je suis resté ainsi quelques secondes qui auraient pu paraître une éternité....

" Non, tu ne l'as pas fait, toi... Tu en serais capable, mais tu ne l'as pas fait... Tu dis que tu pourrais laisser des séquelles ou même tuer quelqu'un. Alors, c'est que tu ne l'as pas fait... Tu...tu es capable de te contrôler, de juger, d'agir intelligemment, ne pas agir violemment sous l'effet de la colère...voyant les conséquences..."

J'ai osé. Je me surprenais moi-même d'avancer vers elle, me mordant les lèvres. Contrairement à Mademoiselle Mayers, j'avais la capacité d'avaler cette boule qui me ravageait la gorge. Je pouvais paraître froid, mais à l'intérieur, c'était la tempête.

" Un monstre n'aurait pas passé au travers des regards pour sauver un jeune homme d'une sentence à vie pour meurtre... Un monstre ne serait pas en avant d'un monstre lui accordant une seconde chance... Un monstre serait plutôt du genre à fuir une main qui lui est tendue ne voyant pas tout l'effort que cela comporte...."

Un silence... Un petit sourire forcé de ma part me voyant aussi dévasté et inconfortable devant cette demoiselle... Je ne savais pas si je devais déposer mes mains sur mes hanches ou dans les poches de mon pantalon...

" Je suis désolé...je suis désolé... J'ai...j'ai terriblement honte... Loin de moi de vouloir te faire du mal... Je ne veux pas te faire du mal...."

Mes yeux devenaient jaunâtres et étincelants. Je n'avais plus de pupille.

Je me crispais d'un coup me fermant les yeux. Je me touchais aussitôt le front.Je serrais des dents. Toute cette panique et mon mal de tête qui continuait de me ravager... Il fallait que je me calme...
Revenir en haut Aller en bas

Invité
Anonymous

Invité




« The things we lost in the fire » Vide
MessageSujet: Re: « The things we lost in the fire »   « The things we lost in the fire » Icon_minitimeDim 3 Aoû - 19:26


« The things we lost in the fire »
Dwayne E. Walker & Joyce M. Mayers

« La parole est à l'accusation. »
Le juge leva les yeux vers l'avocat représentant les parents de Kyle McAdams, furtivement. Ce dernier se leva tout en remettant la veste de son costume correctement, comme pour se donner de la prestance. Il arborait un air supérieur & confiant, ce qui eut le don d'énerver la témoin. Il bomba le torse pour impressionner l'assemblée alors que ses pas le menèrent devant Joyce Mayers, témoin à la barre. Cette dernière savait à quoi s'attendre, elle s'y était préparée avec l'avocat de Dwayne. Celui-ci l'avait prévenu ; l'avocat des McAdams était un requin dans le milieu, agressif & vicieux. Il était là pour démonter son témoignage, pour en chercher la faille et l'agrandir. Il était payé cher pour cela. Pour détruire des vies.
« Mademoiselle Mayers, vous avez dit plus tôt ne pas vraiment connaître l'accusé, vous confirmez ?
Oui. Je lui ai rarement parlé.
Bien. D'après votre témoignage, vous estimez que l'accusé a agi uniquement pour défendre mademoiselle Morty, c'est bien cela ?
Oui. Dwayne Walker a tenté de s'interposer pour défendre Daniela. Kyle a ouvert les hostilités.
Il y a deux choses qui me laissent perplexe. & je crois qu'il en est de même pour le jury.
Il avait posé son regard sur le jury, avec un sourire léger. Son corps avait bougé de façon nonchalante. Il voulait se faire provocateur, Joyce l'avait bien compris. Il voulait la décrédibiliser par étape, pour la désarçonner & lui faire perdre ses moyens. La jeune femme restait cependant impassible tandis que l'avocat de Dwayne se levait de sa chaise dans un mouvement rapide & agacé.
Objection votre honneur ! Il tente d'influencer le jury !
Rejeté. Maître, continuez.
Pourquoi votre version diffère-t-elle de celle de mademoiselle Morty, alors qu'elle était au centre de l'altercation tandis que vous étiez plus loin de la scène ?
Parce que j'ai prêté serment de dire la vérité, & que je respecte celui-ci. & parce que je n'étais pas aussi loin que vous l'insinuez. J'étais assez proche pour entendre les insultes & les menaces de Kyle. Assez proche pour voir son poing dans le visage de Dwayne Walker.
Joyce ne quitta pas l'avocat des yeux, alors que le visage de celui-ci sembla se durcir après avoir été traversé par une pointe d'étonnement. Le témoin qu'il avait face à lui se montrait plus tenace qu'il ne l'aurait cru. Pour autant, il n'avait pas l'intention de se débiner.
Vous sous-entendez que mademoiselle Daniela Morty a menti à la cour ?
Objection votre honneur ! Cette question est hors propos !
Accordé. Maître, restez concentré sur le contenu du témoignage, s'il vous plait.
Bien. La deuxième chose sur laquelle je m'interroge est la suivante. Il a été constaté que l'accusé n'a reçu que très peu de coups, tandis que Kyle McAdams semble avoir été battu à mort avec – je cite le rapport d'autopsie – “cruauté”. Vous qui étiez sur les lieux, qu'avez vous à dire ?
Le regard de la jeune femme se posa sur Dwayne. Son coeur se serra dans sa poitrine. L'avocat de l'accusation prenait soin de le détruire devant le jury pour que celui-ci le déclare coupable de meurtre. D'un meurtre de sang froid. Un meurtre désiré & prémédité. Or, Joyce savait que c'était un homicide involontaire. Qu'il s'agissait de coups porté sans intention de donner la mort. Il n'avait pas pu se contrôler. Notamment à cause de sa mutation.
Dwayne Walker voulait aider Daniela. Elle a été frappé par Kyle. Il voulait simplement l'aider. Les choses ont clairement dégénéré, je ne dis pas le contraire. Cependant, Dwayne ne voulait pas la mort de Kyle.
Qu'est ce qui vous rend si sûre de vous ?
Il avait le regard de quelqu'un qui veut défendre une personne qu'il aime. Pas le regard d'un assassin, non. Les yeux de quelqu'un qui veut protéger ce qui lui est cher. »

***

Respiration haletante. Myocarde tambourinant. Sang bouillonnant.
Les sentiments & émotions s'entremêlaient dans ce corps frêle, dans les organes de ce dernier. Colère & tristesse s'entrechoquaient dans ses veines. Joyce était tiraillée. Elle voulait partir d'ici, lui tourner le dos & ne plus jamais le revoir. Elle voulait rester là, lui faire face & l'aider. Tant de contradictions. Elle était un paradoxe. La rancune rodait tout comme l'envie de le comprendre. Pourquoi ? Pourquoi se sentait-elle autant concernée par le sort de cet homme aux cheveux noir de jais ? Elle ne le connaissait pas, il ne la connaissait pas non plus. Ils étaient comme des étrangers qui s'étaient croisés à plusieurs reprises sur les routes, sans pour autant se parler. Elle avait longtemps ignoré le son de sa voix, il ne devait pas savoir la couleur de ses yeux avant ce jour. & pourtant.
Malgré cette ignorance commune dans laquelle ils étaient profondément enveloppés, un lien fort s'était tissé entre eux. Tout du moins, c'est ce que Joyce estimait. Après tout, on ne témoigne pas tous les jours à un procès relatif à une accusation de meurtre. Elle l'avait défendu envers & contre tous. Elle savait depuis ce jour lugubre qu'il était un mutant. Elle aurait dû lui dire. Elle aurait dû lui avouer sa condition plus tôt. La culpabilité grignotait son coeur avec délectation tandis que la rancune se glissait encore dans ses veines avec aigreur. Elle avait soutenu son regard, & avait vu la multitude d'émotion qui avait traversé ses prunelles sombres. Il était comme elle, à un certain point. Lui aussi semblait d'une sensibilité sans limite. Lui aussi s'était forgé une carapace pour mieux encaisser les coups. Les paroles de la jeune femme l'avait sans doute heurté au plus profond de lui même, car plus elle crachait sa colère au visage du mutant, plus ses traits se décomposaient. Plus de trace d'étonnement ou de colère. Il semblait souffrir. Souffrir autant qu'elle. Il était secoué par ce qu'elle venait de lui avouer, comprenant sans doute l'ampleur de sa mutation, comprenant peut-être qu'elle n'était pas si différente de lui, au fond.
Joyce n'arrivait pas à reprendre son calme. Son coeur tambourinait contre sa poitrine avec violence, lui donnait presque la sensation qu'elle allait s'effondrer au beau milieu de ce trottoir. L'atmosphère était étouffante, la tension palpable. Il n'y avait aucune trace de haine entre les deux mutants, mais un mur entre eux. Joyce voulait tout faire pour le détruire alors que Dwayne semblait vouloir le préserver. Elle hurlait intérieurement. Il criait silencieusement, lui aussi. Malgré ce mur entre eux, Joyce pouvait entendre ce qu'il tentait d'enterrer dans le fond de son coeur. Demande mon aide. Aide moi aussi.
Le feu aux joues. Les larmes aux yeux. La respiration saccadée. Joyce n'arrivait pas à s'en remettre, alors que ses prunelles observaient la tête baissée du brun. Elle était dans l'attente perpétuelle, avec lui. Elle ne savait pas sur quel pied danser, ni à quoi s'attendre. Ils donnaient l'impression de tester leur limite mutuellement. De se tester, de s'apprivoiser. Ils apprenaient à se connaître par le biais de paroles violentes, de bousculades verbales & de secousses. Ils avaient créé une bulle en plein milieu de cette rue. Ils étaient seuls au monde. Plus rien ne comptait. Joyce ne voyait même plus la vague humaine autour d'elle. Elle n'entendait plus le brouhaha perpétuel & le bruit de la circulation. Elle ne voyait que Dwayne & ses cheveux ébouriffés. Elle n'entendait plus que les battements de son propre coeur & les sursauts de sa respiration.
« Non...
Il avait n'avait pas quitté ses chaussures des yeux. Sa voix était moins ferme qu'auparavant. Il retrouvait sa douceur. Joyce comprit qu'elle avait sans doute été trop loin, tant par sa joute verbale que sa gestuelle. Ses yeux bleus se posèrent sur le poignet du jeune homme qu'il était en train de masser. C'était le poignet qu'elle avait enfermé avec ses doigts, quelques secondes plus tôt. Le rythme cardiaque de la demoiselle s'accélérait encore, si cela était possible. Sa respiration était toujours aussi haletante tandis qu'elle se concentrait pour retenir ses larmes & sa colère. Non ? Quoi, non ? Elle serra les poings & sentit ses ongles s'enfoncer dans ses paumes. Quitte à avoir mal, autant ressentir une douleur physique afin d'oublier celle qui dégustait son myocarde.
Non, tu ne l'as pas fait, toi... Tu en serais capable, mais tu ne l'as pas fait... Tu dis que tu pourrais laisser des séquelles ou même tuer quelqu'un. Alors c'est que tu ne l'as pas fait. Tu... Tu es capable de te contrôler, de juger, d'agir intelligemment, ne pas agir violemment sous l'effet de la colère... voyant les conséquences »
Il avait adopté ce ton froid & distant, une fois de plus alors qu'elle avait encore fait un pas vers lui. Certes, elle s'était montrée agressive, impulsive & désinvolte mais, elle lui avait tendu la main, une fois encore. Joyce avait sans doute un problème comportemental vis à vis des autres. Elle ne connaissait pas l'art & la manière de dire les choses lorsqu'elle était dans cet état. Elle savait se montrer d'un calme impressionnant dans maintes situations. Mais lorsque ses émotions personnelles étaient en jeu, elle perdait totalement ses moyens. Il avait fait un pas vers elle, alors qu'elle le sentait s'éloigner d'elle. Joyce le voyait de près, une fois de plus, tandis qu'il se mordait la lèvre, signe inconscient de son malaise. Il avait beau être glacial, il n'en demeurait pas moins chamboulé & atteint par la situation. Il rajoutait seulement plus de pierre au mur qui se dressait entre eux afin de le consolider. Joyce, elle, était sur le point de défaillir. Elle avait beau se prétendre forte, elle n'en était pas moins d'une fragilité déconcertante. Il ne savait pas ce qu'elle avait fait. Il ne connaissait pas les raisons qui avait poussé sa famille à venir vivre aux Etats-Unis alors qu'elle était à Paris. Il ignorait l'état mental de cette fille qui fut sa plus proche amie pendant le début de son adolescence.
« Un monstre n'aurait pas passé au travers des regards pour sauver un jeune homme d'une sentence à vie pour meurtre. Un monstre ne serait en avant d'un monstre, lui accordant une seconde chance. Un monstre serait plutôt du genre à fuir une main qui lui est tendue, ne voyant pas tout l'effort que celui comporte...
Joyce garda le silence, qui se prolongea dans l'air & dans leur bulle. Elle était tiraillée entre l'envie de lui prendre la main & celle de le secouer violemment. Il se mettait tellement de barrières. Il se dénigrait tellement. Il se punissait depuis si longtemps.
Je suis désolé. Je suis désolé. J'ai... j'ai terriblement honte. Loin de moi de vouloir te faire du mal. Je ne veux pas te faire du mal...
Arrête.
Joyce ne voulait pas de ses excuses. Il l'avait repoussé à chacune de ses tentatives. Les excuses n'était que du vent pour se donner bonne conscience, tout du moins c'est ce qu'elle pensait. Joyce n'aimait pas les excuses, quelle qu'elles soient. Sincères ou non, de sa part ou de la part de quelqu'un d'autre. Elle n'était pas adepte du pardon parce qu'elle le trouvait rarement utile. Ce n'était que des mots mettant en valeur un regret. Joyce ne voulait pas de regrets. Elle savait au fond d'elle que Dwayne était sincère & que toute cette situation le dépassait affreusement. Il ne pouvait rien contrôler parce que sa vie avait été une tempête. On ne lui avait pas laissé la chance de pouvoir faire confiance à quelqu'un. Même Daniela Morty s'était jouée de lui. & cela avait dû le détruire. Il devait certainement penser que Joyce était aussi une bombe à retardement. Finalement, ils étaient semblables sur plus de points qu'il ne semblait vouloir le croire. Mais Joyce avait compris. Elle avait fait un mouvement de recul & était prête à laisser le mur qui se dressait entre eux. Ce mur que Dwayne considérait tant. Elle pouvait se résigner. Il ne voulait pas de sa main aujourd'hui, mais il pouvait toujours lui demander son aide plus tard. Alors que Joyce s'apprêtait à partir, à tourner les talons, elle remarqua les crispations du corps du mutant, sa mâchoire serrée & surtout, ses yeux étincelants tournant vers le jaune. Elle comprit automatiquement la gravité de la situation.
Dwayne. »

Elle avait dit son nom avec fermeté, instinctivement comme pour le rappeler à l'ordre. Ses yeux balayèrent la rue. Elle était bondée, bien évidement. Joyce reprenait conscience de son entourage. La rue, les individus, le bruit, la circulation. Elle avait l'impression d'atterrir, de se réveiller. La colère s'éclipsa de son être tandis que la panique commençait à envelopper ses membres. Non. Pas là. Pas maintenant.
Joyce avait vu la transformation de Dwayne une seule fois. Elle savait que sa mutation était visible & impressionnante. Mais elle savait qu'une fois lancée, il était difficile de la réprimer. Elle ignorait s'il avait progressé en matière de contrôle. Il tentait visiblement de se calmer. Il semblait adopter une respiration plus douce & détendue mais intérieurement, il devait certainement être traversé par une multitude de secousse. Joyce, quant à elle, ne savait pas quoi faire. Elle ne savait pas ce qui pouvait le calmer ; une parole, un contact physique, ne rien faire ? Tout se bousculait dans sa tête. Joyce tentait de dissimuler sa panique, mais elle avait du mal. Non pas que Dwayne lui faisait peur, non. C'était tout ces gens autour d'elle qui la terrorisaient. Si jamais ils prenaient conscience de la condition du mutant, si jamais il se transformait, il allait être dénoncé. Il allait être de nouveau enfermé. Non. Il avait déjà payé pour ses crimes. Le fait d'être porteur du génome X n'en était pas un.
« Dwayne. Garde ton visage baissé. Les gens ne doivent pas voir tes yeux.
Elle avait tout fait pour adopter un ton posé mais sa voix était tremblante & Dwayne allait sans doute s'en apercevoir. Elle était hésitante, ne sachant pas si ses gestes & ses paroles allaient aider à réprimer la transformation ou s'ils allaient avoir l'effet inverse. Mais pourtant, il fallait agir. Ils ne pouvaient pas rester ici. La jeune femme inspira profondément pour remettre ses idées au clair. Elle analysa l'environnement afin de trouver une solution. Elle connaissait ce quartier par coeur, & savait qu'il y avait quelques impasses désertées à quelques pas d'ici. Joyce s'approcha de Dwayne qui était encore crispé, tentant de faire son maximum pour contenir sa transformation & ses émotions. Elle hésita un instant avant de glisser sa main dans la paume du jeune homme & de la serrer doucement avec ses doigts.
Fais moi confiance.
C'était trop demandé, elle le savait. Mais elle n'avait rien trouvé de mieux à dire. Elle tourna les talons, conservant la main du mutant dans la sienne, & le tirant ainsi quelque peu, pour qu'il suive le mouvement. Elle se faufila entre les passants, prenant garde à ne pas lâcher la main de Dwayne. Souvent, elle lui jeta des coups d'oeil, pour vérifier son état. Elle prenait garde à son entourage, aussi, veillant à ce que personne ne remarque la couleur des yeux du mutant. Les new yorkais étaient souvent inattentif, surtout à Manhattan, ce qui constituait une chance certaine. Au bout de longues secondes, Joyce tourna rapidement sur sa gauche. Elle s'enfonça dans l'impasse étroite & relativement sombre pour que Dwayne soit à l'abris du danger. L'endroit n'était pas le plus agréable. L'impasse était sale & servait pour entreposer les poubelles de l'immeuble. L'odeur était donc assez prenante, mais ils n'avaient pas vraiment le choix. Joyce lâcha alors la main du mutant avant d'observer l'embouchure de l'impasse, qui donnait sur la rue vivante pleine de luminosité. Les passants ne regardaient pas cet endroit. Elle se tourna alors vers Dwayne qui ne semblait pas vraiment calmé. Joyce s'inquiéta alors, ne sachant pas vraiment où en était sa transformation.
Dwayne ?
Pas de réponse. Il avait l'air d'être tellement loin. Il se battait contre lui même. Joyce resta quelques secondes immobiles, à le regarder, ne sachant que faire pour lui venir en aide. Elle hésitait, avait envie d'intervenir. Nonobstant, la probabilité d'aggraver la situation ne quittait pas ses pensées, freinant ainsi toutes ses tentatives. Un dernier coup d'oeil à la rue. Encore ses prunelles sur le corps crispé du jeune Walker. Elle serra les poings, & se lança. La jeune femme s'approcha du brun pour l'enlacer. Elle le serra contre elle comme pour lui faire comprendre qu'il n'avait rien à craindre, qu'il pouvait se détendre, lui faire confiance, que tout allait bien. Elle ignorait si ce geste était une bonne chose, s'il n'allait pas plutôt accélérer le processus de transformation, mais son instinct lui avait ordonné d'agir ainsi.
Je n'arrive pas à me décider entre Hey Jude ! & Yesterday. Je crois finalement que ces deux là sont sur un pied d'égalité & que ce sont définitivement mes favorites.
Elle n'avait pas trouvé autre chose à dire. Autre chose à faire. Elle continuait de l'emprisonner avec ses bras, avec toute la douceur dont elle était capable pour tenter de l'apaiser. Elle ne savait définitivement pas pourquoi elle se sentait aussi responsable de lui. Il avait tellement enduré pendant sa vie.
Tu connais Yesterday, n'est ce pas ? Sublime.
Un sourire se dessina sur ses lèvres alors qu'elle avait la tête contre le torse du jeune homme bien plus grand qu'elle.
Yesterday, all my troubles seemed so far away. Now, it looks as though they're here to stay. Oh, I believe in yesterday » fredonna-t-elle faiblement.
Joyce savait que la musique était tout pour Dwayne, & c'était la seule chose qu'elle avait trouvé pour essayer de le calmer, quitte à chanter dans un murmure pour détendre l'atmosphère. Ne pas avoir peur du ridicule. Ce n'était pas le moment.
Revenir en haut Aller en bas

Invité
Anonymous

Invité




« The things we lost in the fire » Vide
MessageSujet: Re: « The things we lost in the fire »   « The things we lost in the fire » Icon_minitimeDim 14 Sep - 6:30


L’école….Un calvaire.

Mon père désirait que j’aille à cet institut afin d’apprendre à me maîtriser et me défendre par l’intelligence. Je comprenais son désir, mais j’avais du mal avec les répercussions que cela me donnait. Non, je n’avais pas de difficulté à être calme et attentif aux cours. C’était en sortant des classes que cela devenait plus difficile. Les regards, les murmures, les gens qui me pointaient lorsque je leur faisais dos. Je savais fort bien ce qui se passait. Je n’avais même pas fait un pas dans cette école et déjà j’avais une réputation. Une mauvaise réputation :

« C’est Dwayne Walker. Il paraît qu’il aurait tué sa mère en la frappant avec sa guitare » - un étudiant de sa classe-

« J’ai entendu dire que son père était en prison. Il aurait incendié une maison tuant une famille au complet. » - Professeur de Math -

« Il paraît qu’un gars de sa classe lui a adressé la parole. Il a passé 2 jours à l’infirmerie. » - un étudiant -

« Je le trouve hideux, le clébard. Toutes les filles le trouvent laid, d’ailleurs. Il a l'air d'un des personnages de la famille Addams.» - Une demoiselle dans la cour d'école

Le Clébard. C'était comme cela qu'on m'appelais. Un enfant sans parents, sans amis et effrayant. Comment un gamin pouvait se sentir ? J’étais mort d’avance, dans ces murs. J’avais le rôle du ténébreux, du bizarroïde ou du tueur en série. De toute façon, je n’avais pas cette envie de connaître qui que ce soit. C’était peut-être un peu prétentieux, mais j’avais une longueur d’avance sur eux en maturité. Je m’empressais de terminer les cours vers la boutique. Je sortais rarement de là. Je ne voulais pas participer à aucune activité. Aucun jeu. J’étais toujours l’intrus au fond de la classe ou l’idiot au bout de la table. Si cela m’était impossible d’avoir la paix, je me créais une bulle en jouant une composition ou je passais mon temps à la bibliothèque à la découverte de nouveaux auteurs.

Comment les gens peuvent ignorer tous ces êtres qui ont écrit sur le monde ? Des histoires magnifiques ce cachent derrières ces couvertures et qui n’attendent qu’être lu. La bibliothécaire me reconnaissait et était toujours étonné de me voir sortir des œuvres littéraires. Jamais de bandes dessinés. Mes notes s’en ressentaient, mais ce n’était pas ma priorité. Je voulais comprendre le monde. Connaître les différentes pensées des écrivains d’ici, d’ailleurs au travers des époques. Des inspirations pour mes futures compositions…

« Excuses-moi, tu pourrais m’aider ? »

Je ne bougeais plus. On m’avait parlé, après 3 ans de silence ? Était-ce vraiment le cas ? Je ne pouvais pas croire qu’une personne assez folle m’adressait la parole. Je gardais mon regard sur mon livre de Shakespeare et je tournais la page.

« Youhouuu ! C’est à toi que je parle. Tu pourrais me donner le livre en haut ? Tu es assez grand pour me le donner. »

Je baissais les yeux, aussitôt. C’était une fille. Une fille qui me regardait dans les yeux et qui me souriait. Elle devait être sans doute nouvelle. Elle ne connaissait pas les ragots sur moi.

« Alors, tu me le donnes, s’il-te-plaît ? »

J’avais la gorge tellement sèche. Je n’avais pas parlé depuis 3 ans et elle me prenait par surprise. Je ne savais pas quoi faire. J’étais complètement déstabilisé par son audace, sa gentillesse et…sa beauté.

Oui, c’était une belle fille. Une belle femme. J’en avais croisé plusieurs, mais aucune qui a eu le cran de venir à ma rencontre.

Je pris le livre et je lui tendais faisant attention de ne pas la toucher. Elle était surprise de mon attitude distant. Dès qu’elle le prit, je m’effaçais en prenant le chemin inverse.

« Hey ! Attend ! Pourquoi tu cours comme cela ? Je te fais peur ? »

J’étais piégé. Elle était devant moi. Elle me bloquait comme un mur. J’essayais de la contourner. Elle me bloquait de nouveau.

« Tu ne veux pas me connaître. »

« Pourquoi ? »

« Parce que…c’est une erreur de m’adresser la parole. »

« Tu te fous de moi ? »

« NON ! JE SUIS SÉRIEUX ! »

Je l’avais effrayée. J’étais devenu colérique d’un coup. Je n’avais pas le don de la discussion. Je n’avais pas de don pour une relation, tout simplement.

« Tu comprends, maintenant. Laisses-moi… »

****

Encore une fois...

Je n'y arrivais tout simplement pas. Tout était toujours plus fort, plus difficile. Il prenait le dessus sur moi, malgré mon désir de le cacher, de le faire disparaître. Il me frappait à la poitrine me poignardant le peu d'âme qu'il me reste. Je perdais tout le contrôle de moi, ne sachant plus où regarder, quoi faire.

Il vient me chercher...Ce diable me prend pour faire de moi ce monstre que je redoute.

J'étais cloué sur place. Je ne bougeais plus me prenant la tête à deux mains. Les tambourinements étaient de plus en plus forte dans mon crâne. C'était sa façon de se manifester. Toujours en me pulvérisant mes pensées, ma conscience, ma motricité...

Non, seulement je pouvais tout entendre dans les moindres détails, mais de simples petits claquements de talons tout près pouvaient me faire hurler de douleur dans ces conditions. Les sons s'intensifiaient tout comme la lourdeur de mon corps.

Je n'y arrivais pas..., mais j'essayais, pourtant. Mes yeux fermés, ma respiration contrôlée, je refusais de céder à son désir de me transformer. Je ne voulais pas....Pas ici...Pas devant elle.

Elle avait tant fait pour moi. Je ne voulais pas qu'elle subisse cela, encore.

La honte me couvrait de partout.

Une âme charitable, une âme généreuse tente de m'aider à sortir du noir et j'ai le culot de la repousser, de l'insulter.

Du plus profond de moi, j'ai le souhait de retrouver une accalmie, de refaire surface et obtenir le respect. D'espérer d'être reconnu pour mes talents et non mon passé.

Pourtant, malgré tout, je vois cette lumière au seuil de ma porte et la frayeur m'envahit. Je recule ne considérant que cette chaleur ne m'est pas offert véritablement. Qu'une masse arrivera par surprise pour m'écraser au sol.

Alors, je préfère rester dans le noir et ne déranger personne.Pour faire du mal ni à personne, ni à moi-même...

Alors que je tente de sortir pour exprimer ma gratitude, j'ai le don de brimer le coeur de cette pauvre demoiselle...Cette même demoiselle qui m'a sauvée de la peine maximale. J'avais encore tout gâché...et cette âme noire vient me corriger...

Il fallait que je quitte ces lieux, mais une pression insoutenable pesait ma tête me rendant immobile...Je ne pouvais que baisser la tête pour cacher le changement de la couleur de mes yeux. Ils étaient presque lumineux m'obligeant à être aveugle pour le moment...

Dwayne.

J'étais surpris d'entendre encore sa voix...Oui, j'avais sentie sa présence, mais je pensais que son odeur stagnais autour de moi pendant un moment, avant de disparaître. Oui, je croyais qu'elle avait fuit. Qu'elle m'aurait laissé ainsi, me retrouvant seul dans mon état.

J'aurais compris pourquoi elle l'aurait fait et je lui aurais pas voulu. Au contraire, je l'aurais amplement mérité. Moi qui était en train de crouler sous les excuses avant que mon être soit prit par des frissons.

Dwayne. Garde ton visage baissé. Les gens ne doivent pas voir tes yeux.

" Tu....tu dois partir...avant qu'il..."

Je ne voulais pas qu'elle me voit en monstre...pas encore. Elle en avait assez fait, assez endurer. Je lui avais déjà ternie une partie de son adolescence...je ne voulais pas que cela continue.

Mais elle était encore là...Elle était près de moi. Je hochais de la tête.

Je ne voulais pas qu'elle reste. Dieu sait ce qu'il peut se passer. L'idée de faire d'elle une complice de ma situation ou pire ; m'attaquer à elle, je ne me le pardonnerais jamais...

Sa peur...Je sentais sa peur...Elle avait peur de moi...Peur de mes capacités. Elle sait ce qui va m'arriver. Ma taille de ma transformation : la pierre, les griffes, la laideur...la bête.

Ça me torturait de sentir ce tremblement dans sa voix. Dieu sait que je ne lui veux aucun mal, mais je sentais ce doute chez elle...Pourquoi faisait-elle cela, alors ? Elle se montrait forte, mais elle avait autant sinon plus peur que moi.Je ne comprenais pas sa ténacité de m'aider après tout ce que je lui ai fais.

Je frissonnais au départ, mais cela devenait des convulsions. Des tremblements comme si mon corps allait entrer en irruption.Une bouffée de chaleur me brûlait la peau. Mon visage perlait de sueur. Les cheveux dans ma nuque commençait déjà à coller mon cou. Je cédais pas, par contre. Je m'opposais à cette transformation, crispant mon visage tentant toujours de contrôler ma respiration...

Il fallait qu'elle parte...Si j'arrivais à reculer un peu, je pourrais tâtonner un mur me rendant dans une ruelle pour me cacher le temps de me calmer...

Je levais la main devant moi la cherchant un peu durant quelques secondes...

" Pars...je ne pourrais pas tenir encore...bien.."

C'était froid et doux en même temps...Ce contact me fit presque sursauter coupant ma voix, ouvrant mes yeux jaunis. Tant par la frayeur du moment, mais la signification qu'elle avait...

" Non..."

Fais moi confiance.

Elle ne devait pas faire cela...Elle ne devait pas prendre cette responsabilité...Le fait de l'entraîner dans mes problèmes allaient la mettre en danger.Qui sait ce qui peut se passer...Je refusais de la laisser faire.

Toutefois, rester ici et ne point bouger allaient nous faire crouler tout autant et même pire. Me transformer dans un lieu public allait me ramener en prison. La police hésiterait pas à questionner Mademoiselle Mayers, la torturer même et l'emprisonner s'il arrive a découvrir sa mutation...et tout cela par ma faute...

Je devais réfléchir et vite. Quelques secondes suffirent... avant de faire le premier pas pour me laisser guider par ma bonne étoile.

Je refermais les yeux aussitôt lorsque je percevais les regards en notre direction. De l'extérieur, nous semblions être un duo de retardataire ou simplement inondé de joie entraînant l'autre dans une course de folie. Rien ne pouvait croire à une fuite du genre humain. Une tentative d'atténuer la colère d'un monstre endormie...

Je ne connaissais pas la ville, alors j'ignorais où elle m'amenait. Tout ce que je pouvais percevoir, c'est que nous nous éloignons de la foule et des klaxons. L'odeur des tuyaux d'échappements ne m'irritaient plus. C'était, plutôt, des odeurs de déchets et de cadavre de rongeurs qui me frappaient au nez...

C'était si fort que je ne remarquais pas que j'avais perdu contact avec Mademoiselle Mayers...J'avais des maux de coeur, reculant sans compter.

Mon dos frappait le mur ouvrant mes yeux sous le choc. Un compacteur de déchet tout près ne rendait pas ma tâche plus facile...Je percevais à mes pieds des sac ouverts attaqués par des vermines et autres espèces écoeurantes.

Je me battais toujours pompant sans cesse ma poitrine pour résister à cette force en moi. Je gémissais soudainement sentant mon corps se briser. J'étais plus lourd....plus dure.Mes tremblements plus saccadés comme des spasmes. Mes bras se crispaient d'un coup le long de mon corps. Mes mains formaient des poings. Mon teint blanc oscillait avec le gris terne de la pierre...

J'avais peur...Je le sentais venir...

Je me suis rarement transformé. C'était surtout dû à mes colères accrues qu'il se manifeste. Jamais par la volonté. Voilà pourquoi il m'entraîne avec lui dans la douleur. Mon corps n'est pas habitué à ce changement radical. Jamais encore il est apparue ainsi...de part ma honte et ma tristesse. Je ne comprenais pas pourquoi il est apparue...alors que j'agissais avec sincérité.

Je n'arriverais jamais à le saisir...

Le parfum qu'avait Mademoiselle Meyers. Non, je ne la sentais plus...Il y avait que mon odeur terrifié mêlée avec les ordures. J'étais soulagé. Elle avait pu fuir les lieux sans entraîner les soupçons de qui que ce soit...

Je souriais l'espace d'un moment avant qu'un spasme me ramenait à la torture.

Mes yeux se fermaient...

J'arquais contre le mur poussant un rugissement...Un grognement profond, comme si un lion s'était échappé du Zoo. Mes petites dents se multipliaient devenant pointues.La bête s'annonçait...et me brûlait de l'intérieur.

Cette fraîcheur soudaine...Elle venait d'atténuer la chaleur de mon corps comme un drap humide. Elle m'enveloppait doucement me couvrant la poitrine...

Cette odeur parfumée qui revenait me flatter les narines.

Cette odeur...Elle...Non...

Elle n'était pas partie...Elle était encore là. Toujours là...contre moi.

J'ouvrais aussitôt mes yeux sans iris.

Contre moi...Elle était contre moi et m'enlaçait...m'enlaçait.

Je ne pouvais pas parler...Je ne pouvais pas la repousser...Je ne me contrôlais plus...N'étant plus maître de moi-même. Je ne faisais que trembler et gémir...

Qu'est-ce qu'elle faisait là ? Pourquoi elle était collé contre moi ? Elle avait peur de moi sur le trottoir, il y a quelques minutes et maintenant elle m'entourait de ses bras. Personne n'a osé le faire, pourquoi ?

Je n'aimais pas cela...soudainement. Mon battement de coeur était beaucoup plus prononcé. Le sien était tout aussi nerveux que le mien. Notre respiration aussi...Ce n'était pas normale...Elle trafiquait quelque chose, c'est sur ! Jamais une fille m'a touché de cette façon, sauf une et je l'ai payé cher. Qu'allait-elle me faire ? On ne peut pas s'approcher de moi de cette façon et aussi vite. Impossible...

Les spasmes revenaient d'un coup et plus fort. C'était de ma faute...Mes émotions prenaient le dessus...

C'était sa chevelure qui j'ai observé en premier. Je ne pouvais que voir que le dessus de sa tête. Elle était d'un brun clair. La couleur devenait plus foncé alors qu'elle arrivait à ses épaules fines. Je n'arrivais pas à en voir d'avantage. J'étais crispé comme une planche. Pourtant, cette bonne odeur était amplifier. Elle endormait mes maux de coeur et me me...me...soulageait ...

J'étais fasciné et terrifié en même temps. C'était la première fois que je voyais une demoiselle de si près...Une demoiselle contre moi..., mais je ne pouvais rien faire...

Par contre, au fond de moi, je souhaitais tellement lui dire de laisser tomber. De ne pas m'approcher, de me toucher...J'étais une bombe à retardement et pas question d'en faire une victime.

J'en avais marre de tout cela...Toujours se battre et contre moi-même. C'était si rude que j'aurais souhaiter en finir à ce moment précis...

Je n'arrive pas à me décider entre Hey Jude ! & Yesterday. Je crois finalement que ces deux là sont sur un pied d'égalité & que ce sont définitivement mes favorites.

J'étais sidéré...Sa manière de me parler, son calme et le sujet. Elle combattait avec moi. Elle restait là, pour que je retrouve mon calme et mon être, mais de la voir comme cela ne m'aidait pas...C'était plus fort que moi. Je n'arrivais pas à concevoir qu'une jolie jeune femme enlaçait un clébard comme moi...

Tu connais Yesterday, n'est ce pas ? Sublime.

Je fermais les yeux...

Yesterday
All my troubles seemed so far away
Now it looks as though they're here to stay
Oh I believe in yesterday


Sa voix était si douce...et apaisée.Elle me fit sortir de ma torpeur...

Oui, Yesterday était une chanson fascinante...Mon père la jouait avec ma mère. Ils formaient un duo d'enfer. Ils auraient sans doute remplacer John et Yoko. Cela aurait pu garder le groupe unis encore quelques années de plus.

* Yesterday
All my troubles seemed so far away
Now it looks as though they're here to stay
Oh I believe in yesterday *


Autour d'un feu avec des amis dans la cour commune tout près de la boutique.On faisait souvent ce genre de soirée avec la communauté. Ma mère insistait pour que tout le monde vienne. Will était là aussi avec petit Hanson. On mangeait réunissant les meilleures plats du monde.Aucune discrimination. Je goûtais à tout. Je découvrais tellement de chose. Les plus jeunes jouaient à des jeux comme la cachette ou aux cowboys.Je f jouais un peu avec les autres, mais je préférais écouter mes parents et les autres musiciens jouer. Je m'endormais avec le bruit du feu et de la guitare...

Ils étaient tellement bon...Inspirant...

".....Su...suddenly
I'm.... not....I'm not half the man....i used to be
There's a...shaddow hanging over me"


J'avais repris le contrôle chantant tout bas...fixant un point devant moi.

Durant tout ce temps, mes spasmes diminuaient peu à peu...Ma respiration devenait lente. Mon coeur reprenait son rythme normal. Je ne le sentais plus...Il n'était plus là...Il s'était rendormie.

Cependant, ma voix était enrouée...Irrité par l'épuisement mais aussi des sentiments que me procurent cette chanson...

Petit, je ne la comprenais pas comme aujourd'hui.Tout me frappait en plein visage.

C'était cela...Tout à fait cela...Elle résumait bien ce que j'étais...Ce que je suis devenue...

"Oh yesterday......yesterday came suddenly" chantais-je difficilement...

Je pouvais m'écrouler à tout instant entraînant Mademoiselle Meyers avec moi. Mes mains avaient quittés le long de mon corps. Dans ma bulle, j'ignorais où elles se trouvaient. L'une entourait la taille de Mademoiselle Mayers et l'autre...L'autre se retrouvait encrée dans sa chevelure douce et soyeuse. Mes doigts la caressait délicatement au rythme de ma voix...
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé






« The things we lost in the fire » Vide
MessageSujet: Re: « The things we lost in the fire »   « The things we lost in the fire » Icon_minitime


Revenir en haut Aller en bas
 

« The things we lost in the fire »

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
• RAGE AND SERENITY™ • :: SALLE D'ARCHIVES :: ARCHIVES : ANCIENNES VERSIONS :: ANCIENS SUJETS RP-