L’odeur de chaire carbonisée lui brûlait les narines. Les explosions fusaient autour de lui et pourtant, il semblait comme immunisé à tout ça. Il contemplait la déchéance humaine, ces personnes se détruire tour à tour de coups de fusils ou écrasés sous ces obus. Le sang giclait comme si aucun traité de paix n’allait un jour venir au monde. Les hurlements lu déchirait les tympans, mais malgré tout, il restait là, fixe, supportant stoïquement ce spectacle horrible avant de clore ses yeux, bouche-bée. Il voulait couper tout ça à court. Disparaître d’ici, de la surface de la terre et de cette bataille sanglante. Ses membres tremblaient de plus en plus et c’est alors qu’il se sentit aspiré, comme s’il avait les pieds qui se décollaient du sol. Son nom hurlé d’une voix qu’il connaissait si bien, suppliant de l’aide, il rouvrit ses paupières d’un coup, mais semblait ne plus être dans le même endroit.

Ce fut lui qui poussa un cri de détresse, se redressant subitement de son lit tout en haletant comme s’il avait été en apnée durant une bonne dizaine de minute. La sueur au front, il regarda tout autour de lui, avant de se rendre compte que tout cela n’était qu’un cauchemar ; un cauchemar toutefois bien trop vrai, car il l’avait déjà vécut : sans pouvoir néanmoins avoir le loisir de s’arrêter en plein champs de bataille comme si de rien était. Ses membres tremblaient toujours, et il se passa une main hésitante sur le visage dans un soupir de stresse. Il n’avait qu’un seul remède contre tout ça, et il se trouvait dans la cuisine. Aussi, les yeux humides et les gestes difficilement calculés tellement il avait la tremblote, il se levait et se dirigeait vers la pièce citée plus tôt afin d’ensuite ouvrir son frigo, saisissant une bouteille d’alcool fort pour s’en servir finalement un verre, le regard vide. Lorsqu’il avala le liquide au gout acre, ses yeux papillonnèrent et il se sentit mieux. Il était tellement facile de tomber indépendant d’une chose, lorsque l’on avait des blessures psychologiques. On comblait le vide, comme on pouvait peindre un mur pour en cacher les couches moches et moisies. Il croyait qu’en buvant, tout s’arrangeait. Il avait tort. Mais voilà des mois qu’il avait commencé cette erreur et qu’il ne se sentait pas encore capable d’arrêter étant donné que cela lui apportait une béquille, un soutien dans ce monde vache et cruel.

Il savait que s’il n’allait pas se coucher bientôt, il s’endormirait le lendemain sur son bureau. Déjà que son boulot n’était pas bien passionnant… heureusement que le café de la machine à café de la société le faisait tenir, car sinon, il piquerait des siestes toutes les cinq minutes. Remarque, il arrivait à tenir la journée sachant qu’il savait à l’avance qu’il allait passer une agréable soirée dans les bras de quelqu’un qu’il ne connaissait pas, histoire de masquer la surface, à nouveau, mais surtout de respirer un air nouveau. C’était ça ou rester enfermé dans son appart, entre quatre murs tel un lion en cage. Hors de question.

Il reposa son verre avant de laisser son regard se poser sur ses mains qui étaient sagement là, sur le bois de la table. Dire que par le biais de ces dernières, il arrivait à voir ces choses étranges, ces souvenirs dont il ne voulait rien savoir et encore moins ressentir… Était-il maudit ? Il ne savait pas ce qu’il était et ne voulait pas le savoir d’ailleurs. Il fuyait ce don lugubre, ne se sentant qu’anormal lorsqu’il y pensait, lorsqu’il se disait qu’il arrivait à faire quelque chose que surement personne d’autre ne pouvait faire. Ces mains qui aussi, sans aucun rapport avec ce mystérieux pouvoir, avait arraché des vies.

Il ne voulait plus penser à tout ça et malgré tout, son esprit se repassait en boucle ces éléments comme pour s’auto-torturer. Finissant d’emblée son verre, il secoua la tête et rangea par la suite la bouteille avant de traîner les pieds vers son canapé, où il s’affala avant de saisir le journal de la veille qu’il n’avait pas lu, ayant pris soin d’allumer par ailleurs la lumière du salon. Bientôt ses paupières devinrent lourdes, et son esprit confus se laissa aller de nouveau au sommeil, qui cette fois ci fut calme et apaisé comme si la boisson alcoolisé avait servit d’antidépresseur.