La musique, comme une poésie fabuleuse qu'elle ne goutait pas entièrement, qu'elle se contentait de savourer en silence, pour elle-même, attentive aux doigts glissants sur les cordes de nylon des artistes malheureux de la rue. Ils étaient des fantômes, d'une vie trop amochée, qu'ils essayaient de faire oublier, en partageant un talent qu'elle n'avait pas, en la faisant, parfois, rêver doucement sur un banc de parc à regarder les pigeons obèses s'empiffrer des frites des gamins. Elle aimait à se perdre dans les songes de la mélodie qu'elle ne comprenait pas mais qui éveillait parfois en elle quelques souvenirs vagues, flous, dont elle ne percevait pas le sens, dont elle n'en comprenait que trop peu la signification, comme une personnalité qu'elle aurait déjà été, avant, qui tentait tant bien que mal de refaire surface dans sa vie. Comme si elle s'était oubliée, elle-même, et qu'elle cherchait à renouer avec un passé qui ne lui appartenait pas entièrement. Et peut-être était-ce mieux ainsi: ne pas connaitre les horreurs, c'était aussi une possibilité. Elle avait choisit de vivre dans l'ignorance, parce que trop y penser la rendait nostalgique, sans qu'elle ne sache jamais vraiment pourquoi. Peut-être était-ce simplement parce qu'elle ne pouvait pas raconter des histoires cocasses, ou qu'elle n'avait aucun souvenir agréables ni même désagréables à ressasser. Et au fond, c'était tant mieux. Elle ne pouvait pas avoir de peine pour quelque chose qui n'avait peut-être jamais existé. Ne valait-il mieux ne pas songer à ce qui avait pu être et se concentrer davantage sur ce qui pouvait être? C'était, du moins, sa façon de vivre au quotidien. Ses tentatives, quoi qu'il en soit, de bien faire ainsi.

La musique, donc, comme un doux réconfort qu'elle ne comprenait certes pas tous les jours, mais qui parvenait à lui faire parfois décrocher un sourire naïf. Elle comprenait les mots qui l'accompagnait et semblait davantage attirée par la musique du monde plutôt que par le genre purement américain. La variation, penchant doucement vers le celtique rassurant que vers le rock pimpant. Bien qu'elle appréciait la violence musicale à faire cracher les notes des emplis comme une nuée bourdonnante qui la harcelait. Mais elle n'avait, au départ, jamais eu l'intention d'arrêter ses pas devant la boutique de ce sombre quartier, un peu glaude, dans lequel, pourtant, elle se sentait un peu plus à l'aise, un peu plus chez elle qu'à travers la pathétique bourgeoisie de la vie que menait ses proches, ou ceux qu'elle croyait être ses proches. Une vie dont ses pas ne faisaient que lentement l'éloigner. Le quartier n'était pourtant pas ce qu'il y avait des plus attirant. Mais elle nota le visage d'un enfant curieux aux pommettes hautes qui dévisagea longuement ses boucles rouge sous l'éclat d'un rayon timide. Elle lui avait décroché un sourire retenu, mais il avait fuit son regard. Son teinte basané et ses petits mollets lui en disait long sur ses intérêts. Ses chaussures aux semelles usées lui révélait un qu'il les partageait peut-être avec son jeune frère qu'elle apercevait un peu en retrait. Mais sa petite chemise bleu poudre d'une propreté exemplaire démontrait qu'il n'était pas plus mal qu'un autre, ou qu'on voulait simplement faire bonne impression sur les nouveaux voisins installés. Leurs boites trainaient encore sur le bord de la rue, dans lesquelles des vieux matous jouaient les amourettes un peu bruyamment, sans se préoccuper d'un regard extérieur.

Une porte s'était ouverte. Distraite, elle n'avait pas prêtée attention et avait percuté, de dos, le type qui sortait de la boutique. Elle bredouilla quelques excuses rapidement avant de se glisser à travers le seuil, alors qu'on lui maintenait gentiment la porte ouverte. Un regard circulaire rapide, elle avait davantage opté pour poser son regard curieuse sur les vinyles qui s'étalaient indéfiniment sous son regard un peu perplexe: elle ne connaissait rien en tout ça, mais ça l'avait toujours particulièrement intriguée.

Maladresse de sa part, elle osa tendre une main vers un vinyle en particulier et, Chaos étant ce qu'il était, une rangée complète roula hors de contrôle comme si une force sortie d'on ne savait où faisait pression sur la gravité soudainement affolée, comme elle-même, qui se précipita pour ramasser en catastrophe l'incident, en espérant sincèrement que celui qu'elle entendait jouer depuis une minute n'avait absolument rien remarqué. Une fois tout ramasser, du moins, si elle s'apprêta à partir sans plus de cérémonie, elle eut l'impression que son Karma mettait tout en œuvre pour faire en sorte qu'on se rende compte de sa présence... elle s'était reculée directement dans un empli, contre lequel elle avait buté pour inévitablement entrainer quelques instruments dans sa chute pathétique. Après ça, si on ne la remarquait pas, il fallait être complètement sourd.

Il m’est toujours impossible de décrire parfaitement ce que je ressens. Je suis complètement envahie par une force que je ne peux contrôler. Je ne suis pas tout à fait moi-même dans ces moments. J’incarne des sons, des notes qui produisent une chanson. Les paroles me viennent dans une pulsion, provoquée sur l’instant. Différents états d’âme peuvent former une multitude de pièces. De grands artistes l’ont fait bien avant moi avec tant de sincérité et de vigueur. Cependant, en raison de leur talent, ces derniers sont devenus oppressés par la popularité et le besoin de plaire. Ils doivent créer un produit qui correspond à des critères précis. Des critères qui ne sont pas nécessairement ceux qui les animent. Ils doivent créer ce sentiment afin de construire ce produit. Ce sentiment n’est pas sincère… Il n’est pas vrai. Comment chercher la magie de la musique par un mensonge ? C’est ce qui m’effraie quand je me demande si je veux percer dans la musique. J’ai peur. J’ai peur d’être obligé de simuler des états d’âme pour écrire. Ce n’est pas ce que je fais et je ne veux pas le faire. Ce n’est pas moi. Ce n’est pas ce que je dégage. Je crois être une personne vraie à travers mes chansons. Je me sens habité par la musique. Ma guitare et moi : c’est une personne. C’est spontané comme une émotion. Une réplique, un paysage, une odeur peuvent changer l’état d’esprit d’une personne. Bien des choses m’ont fait réagir et je les écris sur papier. C’est un besoin, une nécessité. Sinon, je suis pris avec ce grognement qui reste coincé à l’intérieur de moi. Je crois que c’est ce qui distingue les artistes de bien des gens. On parvient à exprimer nos sentiments par notre art. Nous arrivons à digérer tout ce qui nous dérange en laissant exprimer notre corps, notre tête. Et ce doit être comme cela pour tout le monde.La musique me permet d’être une personne reposée et calme. Je peux paraître renfermé dans mon monde. Oui, je ne parle pas beaucoup. Je préfère observer. Observer les gens et leur façon d’être. C’est très intéressant de comprendre les gens qui nous entourent. Ma musique n’est pas appréciée de tous et cela me va ainsi. Je suis une personne étrange, seul avec une guitare. J’assume ce que je suis. N’essayez pas de me changer. Il faudrait un miracle.

On était jeudi. Je venais de voir Frank passer au travers de la boutique. Je le croisais du regard le saluant de la tête. Tous les jeudis, ce grand gaillard venait chercher les nouveautés pour son bar. Il me donnait toujours le montant exact. Il le déposait lui-même dans ma jarre à musique et partait avec ces vinyles.

En effet, j'avais une jarre à musique. J'encourageais mes clients à déposer quelques sous dans ma jarre afin de m'aider à soutenir ma communauté. En effet, après un certain montant, je l'échangeais avec l'achat d'un instrument que j'offrais à l'un des jeune de ma communauté. Ces jeunes adorent la musique. Je les vois danser et jouer avec des objets pour créer des sons. Il fallait donc que je fasse quelque chose. Je ne voulais qu'ils connaissent la joie de jouer, d'incarner des sons, d'exprimer ces émotions. Surtout cela qui comptait. Ils doivent extérioriser ce qu'ils ressentent et éviter de rester avec eux-même...S'il y a personne, au moins, ils ont un instrument pour les aider à passer au travers...

Souvent, je remercie ma guitare, ma boutique d'être encore auprès de moi. De ne pas me retrouver seul, mais si je le suis, en vérité, quelques soirs. Il y a plusieurs âmes qui se cachent derrière ce bois, cette ivoire ou métal...Ils attendent juste qu'on les touche...

Alors, je voulais que des gens apprennent à les connaître, à les aimer. Je jouais souvent pendant l'ouverture de ma boutique. Les curieux s'approchent...surtout les enfants se demandant comment je faisais...Tout comment de là.

Je me laissais emporté voyant Frank quitté la boutique. Je continuais de jouer entendant la porte s'ouvrir de nouveau...Un homme sortait..., mais quelqu'un d'autre entrait

Un pas différent, un pas féminin...Une nouvelle cliente. Cela me faisait légèrement sourire. Elle venait découvrir, savoir ce que j'offrais...Ce que la musique l'inspirait...

Je terminais ma chanson...je jouais les dernières notes, sachant que des petits gamins se trouvaient près de moi, émerveillé par le son étrange de ma guitare. Son aspect aussi en questionna plusieurs. Je la couvrais d'un papier brun afin de rendre le son encore plus étanche, plus lourd...Le résultat était magique...

Un bruit...un bruit répétitif et saccadé vint me troubler m'obligeant de faire une finale abrupte...Je m'inquiétais me demandant si un client osait faire le fou et tenter de me voler ou tout saccager.

Je demandais aux deux petits de rester à leur place...Alors que je leur adressais la parole, ce fut le carambolage...J'entendis des sons courts, aigu, ondulé...Rien qui ne m'aidait à rester calme...Tout ce raffut m'irritait les oreilles...Je ne pouvais pas voir de ma position la source du problème, mais je n'allais pas rester là et attendre.

On était en train de foutre le bordel à ma boutique...et j'avais du mal à me contenir. J'en grognais presque.Je me leva de ma place longeant rapidement le mur me menant à la salle principale...

" Pour l'amour de Dieu, qu'est-ce qui..."

Je n'ai pas fini ma phrase...Je vais de comprendre. De tout comprendre...
La réponse se trouvait devant moi,à l'extrémité de la pièce, assise dans le gros caisson de ma batterie en vente...
Je me demandais bien comment a-t-elle pu atterrir là alors que je faisais tout pour ne pas laisser traîner quoi que ce soit dans ma boutique...

J'ai même regarder les alentour afin de voir si quelque chose avait provoquer cette chute.

Je n'ai pas perdu trop de temps m'attardant d'avantage à ma cliente coincée dans ce caisson.

De loin, quelque chose vint me frapper au visage. Des blessures...sur ses jambes ainsi que sur ces bras...Je pouvais les voir d'ici. Ce ne sont pas seulement des blessures de cette chute, mais autre chose...

" Seigneur, désolé, mademoiselle....Laissez-moi vous aidez, mademoiselle..."

J'accourais à sa rescousses m'agenouillant à sa rencontre.

" Vous êtes blessé ?..." dis-je en me concentrant sur les bleus dont j'avais remarqué.

Je ne la touchais pas, pour le moment, mais je décelais des marques qui ne me faisait pas plaisir, surtout sur une demoiselle...

Une demoiselle dont je n'avais pas encore vu le visage. Sa chevelure rougeâtre la couvrait jusqu'au épaule. Sa robe était fort coquette et délicate. De la soie,sans doute...

Outre les bleus, sa peau semblait très blanche, presque neige, tout comme la mienne. Cependant, je pouvais déceler d'ici qu'elle semblait être plus soyeuse...

" Ne bougez pas, mademoiselle. Si c'est sérieux, je vais appelez une ambulance..."

Un éclat de voix un peu inquiet, un peu agacé, ennuyé par le vacarme qu'elle avait provoqué. Elle aurait pour tout au monde préféré éviter d'attirer l'attention de cette façon. Son dos s'était appuyé douloureusement contre un morceau de métal alors que ses hanches étaient coincées. Elle avait l'air maline, maintenant, tiens. Et la position lui semblait particulièrement désagréable. Si elle chercha à se libérer de sa fâcheuse position, elle ne parvint réellement qu'à faire un plus grand spectacle cacophonique qui acheva d'attirer l'attention. Un nouveau mouvement pour se tirer de son mauvais pas, elle sentie néanmoins quelque chose de froid s'appuyer discrètement contre sa fesse et s'enfoncer dans sa chair à chaque maigre tentative pour se relever de sa maladresse. Un nouveau mouvement suffit pour déchirer un peu la robe légère de coton qui lui arrivait au genou. Elle grommela pour elle-même en pestant que c'était une de ses préférées. Puis, surprise, une tête noire se glissa dans son champ de vision alors qu'elle tentait d'éviter de l'observer, trop embêtée par sa situation: ce n'était vraiment pas sa chance, et pas plus celle de l'homme que de l'avoir à trainer dans ses pattes de ses façon. Jodi n'était qu'un porte malheur partout où elle glisser les pieds, elle en avait conscience, mais essayait malgré tout d'en faire abstraction le temps de regarder quelques instruments silencieux, par exemple, qui l'intriguait sans doute davantage qu'un instrument occupé à partager sa mélodie. Leur silence, c'était aussi leur histoire. C'était l'histoire discrète des secrets qu'ils réservaient aux regards attentifs.

Elle l'avait sentie s'approcher rapidement, alors qu'elle tirer une fois de plus pour se sortir de l'embarras. Elle ne décela d'ailleurs pas davantage d'énervement chez lui, comme s'il l'avait déjà toute pardonné de ses bêtises ou de sa maladresse légendaire, même si tout à fait hors de son contrôle. Elle aurait pu juré que son karma se moquait ouvertement de ses prouesses sociales ratées. Elle l'avait observé pendant une seconde, lui et ses traits inquiets qui lui fit décrocher un doux sourire. Ce n'était pas plus mal que de tomber sur quelqu'un comme ça que sur autrui qui se serait probablement énervé de l'avoir surprise à démolir sa boutique par accident.

«Je n'ai rien, je suis juste... arrgh... coincée! » Elle fit, sur ce, une nouvelle tentative qui la mena au ridicule en sentant le tissus céder un peu plus, tout subtilement ou pas, contre le morceau sur lequel en fait elle s'appuyait. «Je vais bien, je vous jure! Je suis tellement désolée pour tout ça ... C'est juste que... tirez-moi, je ne peux pas sortir toute seule... Enfin... Vous permettez? »

Nouveau sourire. Elle se sentait momentanément dépendant de cette personne qui daignait bien se préoccuper de sa situation un peu maladroite. Mais il exagérait sans doute: elle n'était que tomber dans un casson de batterie, après tout. Jamais elle n'aurait pensé qu'il s'inquiétait pour bien plus que cela. Sinon quoi elle aurait probablement pris la peine de le rassurer. Elle avait tendu une main vers, puisqu'il semblait trop hésitant à le faire vers elle, et avait agrippé son bras d'une poigne ferme mais douce l'invitant à juste ne pas la laisser planté assise dans un caisson comme une imbécile.

Les enfants étaient trop curieux pour rester à l'écart.Avec tout ce tintamarre, personne ne peut être indifférent. Les seules fois que j'ai entendu une intensité pareille, c'était Hanson qui avait osé s'accrocher contre le kiosque pour aller chercher une guitare trop haute. Sa connerie m'avait coûté un violon et deux clarinettes. Je lui avait pourtant dit que les meubles ne sont pas suffisamment solide pour résister à son poids.

Oui, j'ai été honnête: Hanson est un gros gaillard et agir en singe dans ma boutique peut lui coûter cher.Je tenais aussi à sa sécurité. C'était quand même le neveu de Willy.

Donc, j'avais une échelle à notre disposition. C'est plus long, certes, mais franchement plus sécuritaire. Malheureusement, j'ai, à quelques reprises, surpris ce con à s'agripper un peu partout.

J'étais donc en colère. Je le voyais déjà au sol se demandant ce qui s'était passé. Qu'il y était pour rien voulant simplement aider une cliente. Paraître innocent alors qu'il est l'idiot de première. Heureusement, j'ai un profond respect pour Willy afin de garder mon calme.

Les enfants étaient derrière moi ne bougeant pas, regardant devant le tas de débris dans la pièce d'instrument...

Un silhouette dans une caisse, complètement écrasé dans l'instrument. Les longues jambes qui en sortaient étaient trop fine pour que ce soit Hanson.

C'était une demoiselle...

Une demoiselle dans un triste état. J'ignorais comment elle a fait son compte pour se retrouver dans une telle posture.

Je n'avais pas pris de temps pour accourir à son aide.J'ignorais encore à qui j'avais à faire, ne voyant pas son visage. Une jeune femme délicate de toute évidence. À en juger par la finesse de les bras et ses jambes. Je m'étais agenouillé pour me retrouver à la même hauteur de la jeune femme.

C'était plus fort que moi, j'hésitais. Je ne savais pas quoi faire . Si je pouvais la toucher pour la sortir de là ou attendre d'avoir son approbation pour lui prendre les mains. J'entendais les enfants rires un peu.La situation, sans doute. La posture de la demoiselle ou moi qui a de la difficulté à toucher une femme.

Bref,je n'appréciais pas. Je les fusillais du regard avant de les voir partir à la course vers l'extérieur.

J'étais surpris de voir un petit sourire au travers des mèches rouges. Elle ne paraissait pas blesser, mais je n'arrivais pas à le croire avec tous ces marques que je percevais. C'était inquiétant. Peut-être voulait-elle paraître forte, mais je refusais de croire qu'elle était en parfaite forme.

Je n'ai rien, je suis juste... arrgh... coincée!

Une déchirure...

Sa robe...Elle se déchirait au fur et à mesure qu'elle se débattait dans la caisse.C'était instinctif, mon regard s'est transporté vers le bruit . La déchirure avait monté largement sur sa cuisse continuant de monter...

La timidité me prit, sur le coup...Je regardais rarement les clientes de cette façon et je me suis surpris à le faire. À regarder la blancheur de cette jambe qui se dévoilait de plus en plus...

Je me suis détourné la tête me trouvant voyeur, tout d'un coup. C'est fou, vous allez dire. Ce n'est qu'une jambe de femme, mais pour moi...c'était un manque de respect de ma part. Je n'étais plus concentré obligeant à demoiselle de s'agripper à lui:

Je vais bien, je vous jure! Je suis tellement désolée pour tout ça ... C'est juste que... tirez-moi, je ne peux pas sortir toute seule... Enfin... Vous permettez?

Et je vis son visage. En se relevant, le mouvement avait dégagé ses cheveux...

Je ne pouvais pas le cacher, elle était très jolie. Trop jolie pour mes petits yeux ébahis. Je voyais rarement des femmes aussi près et j'avais la chance d'en contempler une magnifique.

Ce sont ses yeux qui me renversa en premier. Elle me fixait perçant ma carapace de personne froide et insensible. Et son sourire chaleureux venait de faire fondre la dureté de mes traits. C'était contagieux provoquant sur mes lèvres un petite redressement. Un sourire timide comme seul je pouvais faire.

Cela prit un temps avant que je reprenne le contrôle de moi-même. Mes lèvres légèrement relâchés, une mouche aurait pu y entré.

Je regardais sa main se serré sur mon bras. Elle touchait ma chemise noire, mais je pouvais sentir sa chaleur, sa douceur, même son odeur. Un parfum sucré qui se frottait contre mes narines. Fort agréable me faisant oublier, durant un moment, la posture désagréable où elle se trouvait...

Je repris mes sens en la voyant essayer de se redresser. Elle voulait quitter cette caisse. Aussitôt, je lui pris l'autre main et je lui souriais. Elle avait de la difficulté à bouger. Elle était sans doute blesser. Je ne peux pas croire le contraire.

Alors, j'ai osé.Je me suis redressé aussi en prenant sa main sur mon épaule...

Euhh...Je.... Laissez-moi vous aider...Je ne veux pas vous voir retomber...dis-je en la regardant timidement.

Elle m'intimidait, c'est évident. J'avais du mal à rester droit et professionnel..., mais je ne voulais pas la laisser tomber.

Non, ne bougez pas...Je vais vous sortir de là...

Je ne sais pas comment j'ai fais, mais j'ai été capable de me pencher vers elle sans hésité. J'ai invité la demoiselle à déposer sa main autour de mon cou alors que je faufilais mon bras sous ses genoux et l'autre autour de sa taille.

J'ai compté jusqu'à trois avant de me redresser.

Elle était sortie de la caisse.

En un instant, je l'avais dans mes bras. Il ne fallait pas que je songe que j'avais ce visage si près de moi...L'odeur de son parfum décuplait autour de moi et la chaleur de mon corps augmentait.

Pour la première fois, je tenais une demoiselle dans mes bras...sans la connaître.

Je vais vous déposez sur le divan juste là...dis-je afin d'occuper le silence.

Je comptais presque mes pas fixant ce divan qui semblait si loin...

Elle avait jeté un rapidement coup d'œil à la tête des gamins, plus loin, et avait émit un mince sourire un peu embêté. Ce n'était pas qu'elle ne les aimait pas, bien au contraire. Plutôt qu'elle était un brin mal à l'aise en leur présence, de peur, peut-être, qu'il ne leur arrive une maladresse à cause d'elle: parce que tout était toujours à cause d'elle lorsque la rousse était dans les parages. C'était inévitable. Catastrophe survenait toujours, un peu hors de son contrôle. Et même, elle ne s'en rendait pas toujours compte, parfait ayant lieu dans son dos, carrément. C'était comme si tout se déglinguait en sa présence. Comme si la logique perdait la place qui lui revenait. Comme si l'ordre et le bon sens se volatilisait dans un souffle inopportun. Et elle? Elle n'était que spectatrice impuissante devant le chaos qui naissait d'elle, comme un cauchemar qui lui pourrissait la vie, parfois, à petit feu. Et quelque part, ça la dérangeait. Ça la dérangeait d'être ainsi, de ne pas pouvoir mettre un pied quelque part sans que se ne soit un drame inévitable. Elle détestait sa situation, bien plus qu'elle ne le laissait paraitre derrière son doux sourire qu'elle lui accordait maintenant, maladroite, les fesses coincées dans un stupide instrument de musique qu'elle regrettait déjà avoir rencontré.

Elle avait sentit son hésitation, face à elle, comme une incertitude discrète, trop discrète, pour qu'elle ne capte qu'elle en était la cause principale. Sans doute aurait-elle agit un peu différemment, si elle l'avait compris ainsi. Elle le prenait plutôt pour un timide en général, quelque chose dans sa nature, à lui, qui ne l'était pas dans la sienne. Elle opina, déposa sa paume contre sa nuque, suivant son mouvement sans opposer de résistance lorsqu'il se leva, la faisant quitter le sol par la même occasion. Fini. Pas plus difficile. Enfin, elle, elle en avait eu du mal à tenter de sortir de là. Et pourtant, à lui, ça lui avait semblé d'une simplicité effarante. Elle n'avait rien dit. Elle s'était contenté de l'observer de sa position, avec sans doute un drôle de petit air curieux sur ses traits, un peu plus fort qu'elle, alors qu'elle optait pour doucement se laisser déposer sur le canapé, comme s'il s'agissait de la chose la plus naturelle du monde, ne prenant la peine de regarder le tissu déchiré qu'à ce moment, une fois libérée, et d'un soupire en constatant les dégâts en se disant que c'était dommage, vraiment dommage, qu'elle aimait bien ce morceau là, mais que sa malédiction détruisait généralement tout ce à quoi elle semblait s'attacher, de façon inévitable.

Puis de se relever finalement d'un mouvement fluide, elle se hissa une seconde sur la pointe des pieds pour constater toute l'ampleur des dégâts qu'elle venait de causer. Décidément, ce n'était pas sa chance. Un nouveau regard plus mal à l'aise vers lui, sans trop savoir comment s'y prendre exactement.

«Je suis terriblement désolée. Je vais remplacer les pertes et réparer les pots cassés... Je ne peux pas dans l'immédiat, mais dès que j'aurai les moyens? Si ça vous conviens? Je ne peux pas vraiment faire mieux. »

Sans doute aurait-elle voulu faire mieux, ou plus, mais se connaissant, c'était peine perdue: au pis elle empirerait simplement la situation. Mieux valait pour tout le monde d'éviter de l'avoir davantage dans le décors.

Spoiler:

Une odeur fruitée lui tournait autour.C'était délicieux et fort agréable. Que dire de la douceur de sa chevelure qui se balançait tout près de mon épaule.Cela me chatouillait presque gardant ce sourire idiot sur mon visage. Sa peau était tout aussi lisse touchant la blancheur de ses jambes au travers de ma paume. Je me concentrais afin de ne pas regarder son visage, elle, qui était si près du mien. L'envie était intense, mais je devais me comporter convenablement...Loin de moi l'idée d'agir comme ces gars au Lycée qui suivaient leur instinct primate.

Cette image était très belle. Je prenais une jeune demoiselle telle une princesse.

Oui,tout était trop beau pour être vrai. Je ne faisais que la transporter en sécurité. Je la soulevais pour la sortir de sa triste posture. Je cherchais toujours comment elle s'était retrouvé dans ce caisson. Personne ne l'avait accroché avec une telle intensité.Elle était pourtant seule dans la boutique. Rien ne l'aurait pu la pousser.

Après quelques pas, je la déposais enfin sur le divan.Je la voyais regarder sa robe. Je n'ai pas pu empêcher mon regarder d'éviter cette cuisse à découvert. Sa robe était fichue, c'était officielle. Je ne suis pas couturier, mais je ne croirais pas que cela se répare...

D'ailleurs, je me demandais même si j'allais être capable de réparer ma batterie...

Je me détournais un peu pour voir de loin comment se trouvait-elle...

«Je suis terriblement désolée. Je vais remplacer les pertes et réparer les pots cassés... Je ne peux pas dans l'immédiat, mais dès que j'aurai les moyens? Si ça vous conviens? Je ne peux pas vraiment faire mieux. »

Elle se trouvait debout devant moi, sur ses pieds.Elle était fort nerveuse et instable. J'étais sous le choc de la voir ainsi et déjà à lui parler de remboursement alors qu'elle venait à peine de s'être remis de sa chute.

" Chuuuuuttt ! On se calme, Mademoiselle. Assoyez-vous..." dis-je tout bas

Je voulais qu'elle arrête de paniquer. Qu'elle soit inquiète. Pour le moment, autre chose urgeait. Je voulais qu'elle reste assis.

Je m'agenouillais devant elle afin d'être au même niveau, afin de lui parler...

" Calmez-vous. Ce n'est pas cela ma priorité...Pour l'instant, je suis plutôt inquiet de votre état de santé...Vous avez beaucoup ecchymoses aux jambes et aux bras...Il serait peut-être mieux que vous restiez assis le temps que j'appelle une ambulance..."

Deux d'entre-elles étaient peut-être dû à cette chute dans le caisson, mais les autres, ils n'étaient pas récentes..., mais trop nombreux pour que je passe à côté. Je regardais ses jambes sans les toucher et j'avais déjà un scénario peu réjouissantes sur la cause de ces blessures...

Je voulais déjà régler des comptes...

" Vous avez rencontrez d'autres caissons récemment ?" dis-je à la blague, mais la question signifiait aussi autres choses pour moi....