Mes lourdes paupières s'ouvrent doucement et j'observe alors la cheminée face à moi. Mes yeux bleus brillent quand mes pupilles aperçoivent les flammes qui dansaient devant moi. Une nuit longue et affreusement calme s'offre doucement à-moi, comme tous les soirs. Mes doigts fins et froids tapotent lentement l'accoudoir de mon fauteuil et mes lippes se frictionnent doucement entrent-elles, et je ferme les yeux, cherchant à prendre contact avec lui, même si je savais pertinemment que ça serait impossible. Ne le trouvant pas, je soupire doucement, avant de faire rouler les deux roues qui sont désormais, mes jambes. J'arpente le couloir principal, j'observe les portes, me dirigeant directement vers ma chambre. Mes yeux froids ne quittent désormais plus la porte, que je pousse doucement avec ma main droite, pénétrant dans la pièce. Je ne dormirais pas, ce soir. Comme hier et comme demain. Je suis anxieux. Les choses vont mal, terriblement mal. Depuis janvier, la CIA persécute plus rapidement les mutants. Pourquoi ? Car ce Viktor Schmittlein organise des attentats, à mon avis ils proviennent de lui, qui font mauvaises impressions sur nous, les mutants. Cet homme ne m'aide pas dans ma tâche à ma plus grande désolation. Étrangement, j'ai l'impression d'être vraiment le seul à voir les choses de cet oeil-là, d'être le seul à voir les mutants comme des êtres humains normaux. À croire que le monde est aussi buté que moi pour défendre une idéologie. Je sais que les choses ne sont pas excellentes dehors, ô grand dieu je sais. Mais je ne peux intervenir maintenant, les choses changeront, mais avec le temps. Pendant des millions d'années, nous n'étions que des molécules logiquement, inutiles. Peut-être qu'ils comprendront, que les mutants sont comme ces molécules et qu'un jour, ils seront indispensables sur la Terre. Nous sommes tous égaux, les mutants ne doivent pas être traités de la sorte, c'est inadmissible. Vous n'êtes pas un mutant maintenant ? Vos descendances pourront l'être, la mutation, c'est une évolution. Et une évolution touche toujours, toutes les traces de vie. Mes yeux bleus et froids se posent alors sur la vite, face à moi et je ne bouge plus. Mes mains désormais glacées, elles manquent de mouvement ne bougent pas, elles aussi. Seul mon buste se gonfle doucement d'air,et dégonfle, il n'est plus que le seul mouvement de cette pièce, puis, mes paupières bougent enfin. Je cligne une seule et unique fois des yeux, baissant mon regard vers le sol et je plonge dans mes pensées les plus profondes, les plus vastes, les plus froides. Un vent chaud, le bruit des vagues sur le sable, les mains de ma soeur sur mes joues, mon visage, mes cheveux. Je tremblais doucement, ma respiration était saccadée. Une balle, je venais d'avoir cette balle dans mon dos, entre mes reins. J'avais mal, horriblement mal. Et je comprends alors qu'Erik est là, dans mon dos et qu'il me tient le crane, en m'observant. Il lève la main sur Moira, il l'égorge presque. Et là, je comprend que dans le fond, il tient peut-être à moi. Mes yeux bougent doucement, je m'échappe de mes vieux démons et je lève mes yeux sur la lune, qui me regarde, là-haut.

« Erik, si tu tiens –même faiblement– à moi, arrête. Arrête-toi, nous pouvons vaincre cette guerre avec des mots, et pas des actes et des gestes. Nous pouvons être pacifiques, nous pouvons gagner, ensembles. Peut-être es-tu simplement aussi buté que moi sur ton idée, mais elle n’est pas bonne, Erik, elle n’est pas bonne. Ce n’est pas cette voie-là, mais une autre que nous devons prendre, toi et moi, et nos alliés, nos amis, avec le Hommes. Tu as déjà ma sœur, Erik, n’essaye pas d’avoir le monde, arrête… » Pensais-je, te cherchant encore et toujours. Certes, je ne peux pas voir l’intégralité du monde sans être au Cerebro, mais je voulais tellement, au plus profond de mes tripes, que tu comprennes. Voyant bien que mes recherches n’auront pas de fin digne, j’arrête, je romps ce lien que je cherche encore depuis plusieurs mois, années, je ne sais même plus. Mes sourcils se froncent alors doucement quand j’entends des pas, dans le couloir. J’humecte mes lèvres rapidement avec ma langue, avant de partir en direction de celui-ci. Quand j’ouvre la porte, un sourire immense, arrive sur mon visage. Un sourire incroyablement faux, mais je suis un incroyable bon acteur, sur ce point, enfin je l’espère. En face de moi, une petite. Intérieurement, mon cœur se serre avec haine et rage. Des enfants comme elle, ne devrait pas vivre dans un monde haineux comme celui-ci. Non, des enfants comme elle devrait vivre dans un monde où la paix règne en maîtresse absolue. Elle devrait vivre heureuse, cette petite. Je plisse doucement les yeux, et j’incline la tête.

- Ça ne va pas ? Lui dis-je incroyablement doucement. La petite, entrouvre la bouche, et alors que je m’apprête à recevoir une réponse, elle fond en larme face à moi. Ma main s’avance alors vers elle, et je passe celle-ci sur sa taille pour la faire venir à moi. Une fois qu’elle fut assez proche, je pose ma main sur son épaule, relevant son visage avec mon index. Je la regarde dans les yeux, et j’efface ses larmes horribles sur son petit visage. Elle commence à bredouiller une réponse entre ses lippes, et une image arrive dans mon esprit. Raven. Mes lippes se serrent alors entre-elles, et je prends la tête de la petite pour la mettre sur mon épaule, caressant doucement son bras, signe qu’elle n’aura pas de danger ici. J’avais cette impression plus qu’excellente d’avoir ma sœur contre moi, ma Raven, j’entends alors les couinements de la petite, qui m’indiquent qu’elle est beaucoup plus calme, à ma plus grande des joies. Je me détache d’elle, mon sourire est de retour sur mon visage.

- Dis-moi, que ce passe-t-il… ? Mes sourcils se froncent automatiquement, et mon cœur explose dans ma poitrine. Sa réponse, elle me fait horriblement mal et peur. Je la force à prendre place sous mon lit, et je lui ordonne de ne pas bouger d’un pouce. Mes yeux désormais luisant de peur, bougent dans toute la pièce, et je ferme alors rapidement les yeux, j’essaye d’en savoir plus, car les paroles de l’enfant étaient simples. Nous étions attaqués, directement.

" Des personnes en noires sont entrées dans ma chambre, elles ont pris (le nom d’une mutante)… Et moi, je me suis fondu dans la couleur de ma couette, pour pas qu’ils ne m’attrapent… "