a réflexion. Elle était là depuis de longues minutes à songer avec soin, ses sourcils s'étaient d'ailleurs légèrement froncés tandis qu'elle essayait d'imaginer comment ce projet pouvait se réaliser. Cela faisait déjà un petit moment que son crayon avait arrêté de parcourir la feuille blanche de son carnet de dessin, stoppé dans sa création par une idée.

près tout elle pouvait à présent faire léviter à peu près tout et n'importe quoi ... Et elle ne devait pas être plus lourde que cette statue qu'elle avait soigneusement déplacer la dernière fois ... Comme à son habitude, Jean songeait donc au pour et au contre de cette idée qui était des plus tentante. Il était hors de question qu'elle tente l'expérience avec quelqu'un d'autre alors elle allait devoir se décider. De plus le lieu n'était pas si mal trouvé, les alentours n'étaient pas très fréquenté et elle n'aurait pas véritablement de problème de plafond.

ans une inspiration l'adolescente laissa carnet et crayon au sol et se remit debout. Planté là avec cette idée en tête, elle réfléchit encore quelques instants à la manière de procédé, habituellement elle observait sa cible, s'aidant même un peu de sa main comme pour indiquer la direction, mais là cela n'était guère possible ... Jean opta donc pour une solution originale et ferma les yeux, étant donné qu'elle ne pouvait pas voir sa cible, autant que sa vision ne vienne pas la déconcentrer.

a demoiselle resta donc immobile et décida d'user de son esprit, s'imaginant s’élever doucement au-dessus du sol et se concentra sur cette idée précise qui lui était venue. Les secondes s'écoulèrent ainsi, tandis qu'elle se focalisait sur cette image. Jean n'avait pas la moindre idée du temps écoulé lorsqu'elle se décida à rouvrit ses paupières. C'est en faisant cela qu'elle pu constater que le réel avait légèrement dépassé l'imaginaire car les quelques centimètres qu'elle projetait se révélait être plutôt des mètres. Elle n'avait rien sentit mais pourtant avait largement dépassé son objectif et flottait dans l'air sans le moindre artifice physique.

a surprise de cette découverte lui fit perdre brièvement ses moyens, la faisant légèrement chuté avant que l'adrénaline ne l'aide à reprendre le contrôle. L'idée était de ne pas céder à la panique, après tout il n'y avait rien de dangereux à flotter plusieurs mètres au-dessus du sol par la seule force de son esprit ... En pleine séance d'auto-persuasion, Jean n'obtint pas vraiment le résultat escompté car une nouvelle perturbation arriva: quelqu'un approchait, il était même d'ailleurs assez proche, il était assez étonnant qu'elle ne l'ait pas sentit venir. Même si elle savait ne rien craindre d'un quelconque visiteur cette sensation fissura sa concentration et c'est en désespoir de cause que Jean se lança vers une branche de l'arbre voisin, quitte à être en hauteur, elle préférer s'assurer de ne pas chuter brutalement tout de suite.

éanmoins, se percher sur cette branche ne fut pas totalement une mince affaire car des lors que ses mains se posèrent sur la surface de l'arbre elle sentit la force qui la tenait dans les airs s’amenuiser. Elle dû donc user d'un peu d'acrobatie musculaire pour finir à califourchon sur cette fameuse branche salvatrice. Le cœur battant mais soulagée Jean essaya de reprendre ses esprits tout en observant le sol sous ses pieds pour voir qui avait décidé de faire un détour par ici. La silhouette qu'elle vit alors apparaître fit dessiner un léger sourire sur ses lèvres.

▬ " Bonjour professeur. "

élange de réussite et de petites déconvenues, Jean pouvait raisonnablement estimer cette expérience comme positive même si elle la condamnait présentement à demeurer sur une branche à une hauteur qui pouvait encore être estimé peu raisonnable. Elle n'était pas certaine du moyen à employer pour descendre de son perchoir mais dans l'immédiat son intérêt était plutôt tiré vers son visiteur, ne s'inquiétant guère de la position dans laquelle elle s'était mise. Après tout il était plus difficile de s'élever physiquement que de redescendre.

t puis pour une fois Jean semblait saisir un certain humour dans cette situation, elle qui n'avait jamais voulu suivre Hope dans ses escalades se retrouvait perché devant les yeux du professeur qui d'ailleurs avait dû saisir son petit manège bien avant qu'elle ne sente sa présence. C'était bien le seul qui arrivait à la surprendre ainsi alors le fait qu'il soit là depuis un petit moment ne l'étonnerait guère. Dans tous les cas la demoiselle affichait un visage légèrement amusé lorsqu'elle salua son visiteur.

▬ " Bonjour Jean, tu apprends de nouvelles choses, c’est formidable. Mais… Ce n’est pas prudent, tu sais ça ? " Ayant longuement pesé le pour et le contre devant cette expérience et n'ayant guère l'habitude de prendre de véritable risque, l'adolescente fut un peu embêté d'être mise devant un fait auquel elle avait bien songé mais que pour une fois elle avait choisi d'ignorer. Son air se fit un peu gêné mais elle préserva un fin sourire, balançant légèrement ses jambes dans le vide.
▬ " Pour tout dire je ne pensais pas avoir autant de succès des la première fois ... "

e regard de la demoiselle se posa sur le sol sous ses pieds alors qu'elle commençait tout de même à songer de manière sérieuse à la manière de descendre. Ses yeux se posèrent ensuite derrière elle pour constater que même si elle avait suivit les "cours" d'escalade de Hope elle n'aurait pas véritablement pu envisager de descendre de cette manière, le tronc était presque lisse jusqu'en bas. La demoiselle devait donc se rendre à l'évidence, elle allait devoir descendre de la même manière qu'elle était montée ou au moins ralentir sa chute. Cette perspective ne l'emballait pas vraiment mais elle s'était mise dans cette situation toute seule alors elle allait s'en sortir de la même manière. Et puis si l'opération ne devait pas être couronné de succès elle ne serait pas seule au moins ...

orte de cette décision, Jean commença par passer ses deux jambes d'un même côté de son perchoir. Concentrée, elle oublia brièvement qu'elle avait un spectateur et essaya de ré-exploiter cette technique qui avait un peu trop bien fonctionné précédemment. Après quelques instants elle se força à glisser le long de cette branche et ferma les yeux dans un élan de crainte. Si elle se sentit tomber brièvement, elle se sentit aussi stoppé net dans sa chute bien trop tôt pour que cela soit sa rencontre avec le sol. Jean osa alors ouvrir les yeux et constata avec satisfaction qu'elle avait réussi à retrouver cette lévitation assez rapidement.

ependant elle ne prit pas vraiment le temps d'analyser cette situation et continua de descendre vers le sol qu'elle atteignit sans encombre. Mais lorsqu'elle fut enfin arrivée elle constata bien rapidement que ses jambes n'étaient plus vraiment vaillante après ces émotions et l'adolescente se laissa tomber les fesses par terre, sans grande délicatesse mais elle n'aurait pas pu faire véritablement autrement. Revenue sur le plancher des vaches, Jean laissa tout de même une légère grimace passer sur son visage pour exprimer le fait que cet atterrissage n'avait pas été totalement agréable avant de retrouver un fin sourire qu'elle adressa à Charles.

▬ " Je ne suis pas sûr que cette expérience doit être retentée finalement. "

h elle ne disait pas cela pour son petit souci de jambes défaillantes mais plutôt pour les risques qu'un tel vol entraînaient. S'il lui suffisait d'un défaut de concentration pour chuter elle n'avait pas véritablement envie de jouer à ce jeu. C'était la conclusion qu'elle tirait alors qu'elle ramenait ses jambes pour les croiser en tailleur le temps de se remettre de ses petites angoisses.

'atterrissage fut plus délicat qu'elle n'aurait pu l'espérer. C'était en soi satisfaisant mais son cœur battant et ses jambes flageolantes étaient bien le signe que ses émotions avaient été un peu agitées par toute cette expérimentation. Ce résultat ne l'encourageait pas vraiment à ré-itérer cette petite activité alors qu'elle avait pu pleinement réaliser que seul défaut de concentration de sa part pouvait entraîner des conséquences quelques peu douloureuses. De nouveau assise par terre, Jean exprima donc cette conclusion toute personnelle avec un léger sourire en direction de son interlocuteur qui avait observé cela en silence.

▬ " Oh si Jean. Tu recommenceras, j’en suis certain. Simplement, essaye de faire ça avec un professeur, qui pourrait directement te rattraper, pas comme moi vois-tu. Maintenant, lève-toi, nous devons parler. "

ean n'était pas totalement convaincu par cette prédiction même si l'idée en soi était relativement sécurisante. Mais cette perspective de s'élever dans les airs ne l'attirait plus vraiment, cependant cela aurait tout le temps d'évoluer alors peut-être qu'elle changerait d'avis à nouveau. En préservant son fin sourire, l'adolescente se remit prudemment sur ses pieds, vérifiant brièvement que ses jambes s'étaient remises de leurs émotions. Elle alla ensuite récupère son carnet à dessins et son crayon avant de rattraper le professeur qui avait donc formulé cette requête. La demoiselle se demanda brièvement qu'elle pouvait être le sujet qui les attirait au Manoir mais oublia rapidement ce sujet de réflexion car elle n'allait pas tarder à le savoir.

ans un réflexe Jean vint se placer derrière le fauteuil du professeur, l'aidant à progresser sur ce terrain qui n'était pas forcément des plus aisé. Et lorsqu'ils atteignirent les prémices d'une surface plus lisse la demoiselle vint naturellement se placer aux côtés de son interlocuteur silencieux. Jean glissa quelques sourires vers les visages connus qu'ils croisèrent avant d'arriver à ce qui semblait être l'objectif de cette marche: le bureau de Charles. La demoiselle s'installa silencieusement sur le fauteuil où elle fut invitée à s'asseoir, elle posa son carnet sur ses genoux et observa le professeur qui semblait se préparer à parler.

▬ " Je vais aller dans le vif du sujet, Jean. Tu n’as pas que ce pouvoir, tu n’es pas qu’une simple mutante, tu as deux mutations très impressionnantes, et puissantes à la fois. " C'était donc de cela dont il était question. En soi ce n'était pas une découverte pour la demoiselle qui avait en effet cette sensation ou du moins des bribes de souvenirs qui lui laissaient penser qu'elle n'explorait qu'une partie de ses possibilités.
▬ " Oui, je crois que je le sais. " Jean baissa son regard vers ses mains qui tenaient son carnet, songeant aux quelques expériences qui lui avaient donné cette impression. Elle n'en avait jamais parlé car cela n'était guère préoccupant et que tout finissait par venir en temps et en heure mais elle estima qu'elle pouvait clarifier ses premiers mots et releva son regard vers le professeur. " Je sais presque toujours quand quelqu'un approche, je sais même souvent de qui il s'agit. Ou parfois je devine ce que quelqu'un cherche avant qu'il ne le demande ..." Ces intuitions n'étaient pas dérangeantes, elles étaient même de temps à autre utiles et n'avaient donc jamais inquiétés Jean. " Ce n'est pas vraiment quelque chose d'habituel, je crois. "

n fin sourire vint ponctuer la fin de ses mots. Peut-être qu'elle faisait fausse route mais elle avait bien du mal à envisager qu'une intuition aussi infaillible pouvait découler d'autre chose. D'autant plus qu'elle avait la sensation de trouver un écho de ce genre de chose dans ses souvenirs.

omme elle s'y attendait Jean n'avait pas eu à attendre très longtemps pour savoir de quoi voulait parler son spectateur surprise. Il ne lui avait fallut qu'une petite marche à travers le parc et le manoir avant de savoir de quoi il en retournait. Cette autre capacité, cette intuition qui la suivait depuis longtemps déjà mais dont elle n'avait pas prise conscience tout de suite. Cela n'était apparemment pas le fruit de son imagination et découlait bien de ce qu'elle présentait. Mais elle n'était pas certaine de savoir comment accueillir cette confirmation qui semblait vouloir venir.

▬ " Jean, tu es une fille spéciale. Je vais m’expliquer un peu. Tu contrôles deux pouvoirs incroyablement puissants. La télépathie, et la télékinésie. Quand tu es arrivée ici, à l’Institut, j’ai décidé moi-même que nous allions en quelque sorte, mettre en suspend ton second gène mutant. "

ela aussi elle avait bien cru le deviner, tirant cette supposition de ces bribes de mémoire qu'elle craignait mais aussi de la réaction d'Erik lors de leur "première" rencontre qui l'avait effrayé à l'époque mais qui quelques années plus tard avait prit un sens dans l'esprit analytique de la demoiselle. Attentive, Jean ne répondit rien à cela, elle n'avait aucune animosité face à cette initiative qu'elle estimait des plus raisonnable mais aussi des plus rassurante car si elle aimait user de ces étranges dons il lui arrivait aussi bien souvent de retomber dans la crainte. Alors elle ne voulait même pas s'imaginer grandir sous un poids supplémentaire.

▬ " Ta télépathie, si tu préfères. C’est un pouvoir incroyablement complexe, tu sais. Donc, toi et moi, nous allons faire quelques entraînements, car tu es dangereuse, pour toutes les personnes d’ici. "

ean baissa son regard sur ses mains qui s'étaient légèrement crispées face à cette évocation qui trouvait des échos dans sa mémoire. C'était bien là le point le plus crucial qu'elle tâchait d'oublier avec soin, cette peur qu'elle savait fondée dans les yeux de sa famille ou même de visage inconnue qui apparaissait dans sa mémoire. Sa principale angoisse était un jour de recroiser ces regards sur de nouveaux visages alors elle n'était pas certaine d'être enthousiaste à l'idée d'explorer cette facette de ses capacités.

▬ " Dangereuse, certes, mais je suis là, pour toi. Comme je t’ai déjà dit, tu n’es pas seule, Jean. "

n fin sourire un peu forcé ré-apparut sur les lèvres de la demoiselle qui observait toujours ses mains. L'adolescente savait qu'elle n'était pas seule, prétendre le contraire serait bien inutile maintenant qu'elle avait retissé sa vie dans ce nouvel univers que lui avait offert l'homme assit face à elle. Mais elle avait perdue sa première famille dans des circonstances qui lui étaient floues mais qu'elle savait liées à ses capacités alors le sujet ne la rassurait guère.

▬ " Je sais. " Jean releva son regard vers le professeur, rendant sa sincérité à son sourire sous l'influence rassurante de cette vision. " Mais je ne veux pas être un danger. " Les "dangers" n'avaient pas d'amis, pas de famille, elle en était presque certaine ... " Ce pouvoir ne pourrait pas juste ... Rester enfermé ? "

lle s'estimait déjà bien assez dangereuse ainsi, elle ne l'était relativement pas plus que certains de ses autres amis, du moins de son humble avis, c'était déjà probablement suffisant. Cependant s'il était vrai que le professeur ait un jour "enfermé" cette capacité, le fait qu'elle occupe toujours une petite partie consciente de son esprit lui laissait penser qu'elle n'arriverait peut-être pas à maintenir se stade de tranquillité ... Mais la question méritait d'être posée, d'autant plus qu'elle avait là le meilleur interlocuteur qui soit pour tirer ce genre d'information.

e danger, ils le représentaient tous ici plus ou moins et Jean n'avait aucune difficulté à accepter ou même à faire fi de cela. Sauf lorsque celui-ci provenait d'elle, cette simple idée la terrifiait au plus haut point et c'est pourquoi cette discussion réveilla bien vite son angoisse. Mais si elle craignait le mal pouvant être causé, elle craignait d'avantage le rejet. Même si son âme se révélait être un peu solitaire toutes idées ou formes de rejet la pétrifiait sur place. Elle ne voulait en aucun cas être la responsable d'actes qui pourraient entraîner ce genre de chose par la suite et c’est bien cela qui motiva sa question.

▬ " Tu es un danger pour les autres, Jean. Mais maintenant, tu es ici, à l’Institut. Et grâce à nos progrès, enfin, à tes futurs progrès, tu ne seras crois-moi, plus un danger pour quiconque. " Le sourire de la demoiselle se fit légèrement contrit, tiraillée entre la confiance qu'elle avait en cet homme depuis qu'il était venu la chercher jusque dans le recoin obscure de son esprit où elle s'était terrée et cette angoisse qui régissait bien souvent ses actes. Ce qu'il disait était vrai: la maîtrise était la seule porte de sortie mais pour apprendre il fallait faire des erreurs et Jean n'avait jamais aimé commettre de telle chose. " Ce pouvoir dépasse tes propres facultés, tu sais… Bon. Nous irons plus vite de la sorte. Je t’explique, les mutants sont classifiés en cinq parties bien distinctes les unes des autres. Les mutants de niveau un, sont les moins dangereux, les niveaux sont classifiés dans un ordre croissant, et les niveaux cinq sont les plus dangereux. Tu es une fille de niveau cinq, Jean, comme moi et Erik. Ton pouvoir ne peut donc pas être véritablement enfermé. Mais tu t’entraîneras, et il ne pourra que rendre ta vie meilleure. "

oilà des nouvelles qu'elle n'était pas ravie d'apprendre, elle en était presque certaine. Jean laissa son regard partir sur le côté, laissant une grande inspiration tenter de chasser cette angoisse qui lui nouait la gorge. C'était définitif, elle n'avait pas tiré le bon numéro dans cette loterie et ne se retrouvait guère emballée par les perspectives qui se dévoilaient peu à peu. Néanmoins elle ne pouvait apparemment l'éviter alors peut-être qu'il n'était pas la peine de gaspiller de l'énergie à essayer d'y échapper.

▬ " Si c'est comme ça ... "

lle n'était pas responsable de ce poids qui semblait peser sur ses épaules mais elle l'était du résultat que cela donnerait alors autant assumer cela du mieux qu'elle pouvait ... Du moins c'était l'idée qu'elle tentait d’insuffler à son esprit alors que son regard retrouvait celui du professeur. L'allusion à Erik la surprit de manière différé et souleva quelques interrogations dont elle ne prit même pas le temps de visionner car ce n'était pas l'instant opportun pour se pencher là-dessus.

▬ " Mais comment comptez vous faire ? " Cette question prononcé, Jean douta de sa réelle pertinence. Le comment était plus ou moins logique même s'il était assez abstrait pour elle. Elle cherchait sans doute là à se rassurer en entendant notamment qu'il n'avait pas l'intention d'ouvrir la totalité des "barrières" qu'il avait peut-être mit dans son esprit. Non en faite en prononçant ces mots l'adolescente trouva une autre question qui trouvait plus d'importance à ses yeux. " Et si je n'y arrivais pas ... "

e qui en soi lui semblait être une perspective assez crédible même si elle tentait actuellement de se persuader du contraire. Bon ou mauvais, elle préférait recueillir l'avis du professeur sur ce point parce qu'après tout elle avait semble t-il déjà failli avant que l'Institut n'apparaisse dans son histoire.

ean ne craignait pas les échecs en soit, cela faisait longtemps qu'elle avait compris qu'ils faisaient parti de l'apprentissage, elle ne les appréciait pas mais cela se limitait à ça. Ce qu'elle craignait et ce qui l'avait poussé à poser cette question c'était les possibles conséquences de ses échecs, elle ne voulait importuner personne d'aucune manière que ce soit.

▬ " Si tu n’y arrives pas ? Nous recommencerons, encore et encore. Car nous sommes toujours meilleurs après des échecs, Jean. "

i elle partageait cet avis, l'idée ne l'enthousiasmait pas vraiment et la laissa songeuse. Le professeur profita de cet instant de réflexion pour s'approcher et ce n'est qu'au contact de ses mains sur les siennes que la demoiselle s'extirpa de ses inquiétudes pour relever le regard vers lui.

▬ " Maintenant, je vais ouvrir doucement quelques portails dans ton esprit, libérant un peu ta télépathie. Je te préviens, Jean, les choses sont incroyablement complexes. Tu risques d’entendre les pensées des élèves présents ici, bonnes ou mauvaises, et tu ne pourras qu’avec le temps, les effacées de ton esprit. Mais pas que, Jean, pas que. Tu auras aussi des souvenirs qui pour toi, n’étaient jamais là auparavant, alors que si… Prête ? "

etrouver des souvenirs étaient une idée attirante mais si la demoiselle ne s'était jamais efforcée de raccommoder les trous qui surgissaient dans sa mémoire c'est qu'elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'ils existaient pour une bonne raison alors cette nouvelle ajouta une nouvelle appréhension que la jeune demoiselle mit un peu de temps à assimiler. Sa réponse se fit donc attendre et ne prit finalement la forme que d'un léger signe de tête affirmatif alors que le professeur semblait estimer lui avoir donné assez de temps. Nerveuse, sa main se referma sensiblement sur celle toujours présente de Charles. Elle trouva étrange que ce vieux souvenirs auquel elle avait pensé instant auparavant revienne dans son esprit. Cela faisait un peu moins de trois ans qu'elle était ainsi tombé sur cet homme au milieu de la forêt et l'avait revu depuis mais elle n'estimait pas utile de re-songer à cela à cet instant.

es secondes s'écoulant Jean finit par comprendre qu'elle n'était en réalité pas maîtresse de son esprit et cessa alors de vouloir saisir la logique de ces pensées qui passaient sans raison. Le temps s’égraina ainsi et l'adolescente fut un peu déboussolé lorsqu'un souvenir s'imposa à elle. Un de ces visages inconnus qui parfois apparaissaient dans ses rêves était là. Mais cette fois elle le voyait bien, en mauvaise posture, avachi sur le sol, plantant son regard effrayé dans le sien. Était-ce véritablement un souvenir ? Jean avait bien du mal à s'en persuader, accablé par une sourde colère qu'elle ressentait ou plutôt qu'elle se souvenait avoir ressenti à cet instant passé ... Elle n'avait pas mémoire d'avoir ressenti un sentiment aussi violent et ferma les yeux pour chasser ce moment de son esprit. Mais lorsqu'elle y parvint elle ne trouva pas la tranquillité qu'elle recherchait car un autre souvenir apparut, celui d'un visage dont elle ne pensait pas se souvenir de manière aussi précise.

nnie rit devant elle et s'élança sur la pelouse soigneusement tondue. Jean frissonna, empoigné par un froid qui trouvait un écho dans cette mémoire, un froid qui lui rappela qu'elle n'avait pas envie d'aller au bout de ce souvenir. Angoissée, la demoiselle referma un peu plus sa main sur ce qu'elle tenait entre ses doigts et chassa avec la force de la peur ce bout de mémoire pour revenir à l'instant présent qui ne lui accordait pas non plus de répit. Ouvrant les yeux, elle sursauta en entendant une voix éloignée mais distincte. Elle semblait venir de sa tête mais ce n'était pas la sienne.

▬ " Voilà, tu risques d’entendre des pensées maintenant, de nombreuses pensées, mais je serais là, je te le promets. "

our cela elle avait l'impression d'être servi en effet. Il y avait une histoire de chaussures, de mal de gorge, de dîner ou encore de ... grenouille. Elle ne pouvait pas garder son attention sur tout cela à la fois mais n'arrivait pas non plus à faire le tri alors ne parlons même pas de les faire taire. Jean qui avait toujours aimé sa petite tranquillité se sentait agresser jusque dans son territoire le plus personnel et elle sentait doucement la panique se faire une place dans ce mélange qui ne tenait pas debout.

▬ " Mais qu'est-ce que je dois faire pour ... "

our quoi d'ailleurs, elle ne savait même pas ce qu'elle pouvait faire de tout cela. A défaut de les faire taire peut-être que faire le tri suffirait mais la vérité et qu'elle n'avait aucune envie d'entendre cela. Les petits secrets des autres ou même leurs pensées ne l'intéressaient pas, elle n'avait pas envie de savoir que Tòmas s'en voulait de s'être disputé avec son voisin de pallier ou que les chaussures d'Amelia lui faisaient mal aux pieds (même si à son humble avis elle l'avait bien cherché en choisissant ce genre d'escarpins). Jean eu brièvement l'envie de se boucher les oreilles même si elle était persuadée que cela ne changerait rien, la seule chose qui la retint est qu'elle n'avait pas envie de lâcher la main à laquelle elle agrippait.

eut-être devait-elle déjà se calmer dans un premier temps, il y avait déjà tellement de mots et de sensations qui traversaient son esprit et qui n'étaient pas les siens qu'elle ne devait pas ajouter ses propres impressions dans ce capharnaüm. S'accrochant à cette idée Jean referma ses yeux et baissa son visage, et se força à adopter une respiration calme.

▬ " Je ne peux pas les faire taire n'est-ce pas ? "

u calme, dans sa quête d'un peu de sérénité Jean tentait de comprendre comment dompter cette harassante faculté.

es mots, pleins de mots qui se suivaient, s'entrechoquaient, qui n'appartenaient pas au même personne et qui ne formait rien de logique ou de censé. Jean avait l'impression d'être installé dans une pièce ou chacun allait de son commentaire sur tout et n'importe quoi. Cela n'aurait pas été forcément désagréable en soit si cette pièce n'avait pas été son propre esprit. Il était difficile de s’échapper de sa propre tête, elle ne pouvait pas sortir et fermer la porte. Jean comprit aussi assez rapidement qu'il lui devenait difficile de suivre sa propre réflexion, elle perdait le fils de ses pensées pour en suivre un autre avant de s’apercevoir que ces mots n'étaient pas les siens. Elle chercha donc à recueillir des informations auprès de celui à qui elle s'accrochait sans réussir cependant à formuler sa phrase jusqu'au bout. Le fait de perdre ses pensées, de les confondre avec d'autres était des plus déstabilisant et ne l'aidait guère à réfléchir aux moyens de dompter tous ces mots.

▬ " Tu ne peux rien faire, Jean. Enfin, pas après quelques années. Mais pendant quelques jours, nous travaillerons ensembles un moyen pour que ton esprit ne reçoive pas des informations sans ton accord direct. "

oilà une idée qui lui semblait des plus approprié. Pourquoi d'ailleurs ne pas tenter de la mettre en place tout de suite ? C'est ce qu'elle aurait suggéré si elle avait réussi à aligner quelques mots mais la concentration lui manquait. Elle sentait d'ailleurs que cette situation l'angoissait et qu'elle glissait définitivement vers une zone sans contrôle. Il était donc grand temps de calmer le jeu car il arriverait un moment ou agripper la main du professeur ne serait plus d'un grand secours.

ean ferma donc les yeux et essaya de faire fi de ce tumulte dans son esprit, se concentrer sur sa respiration lui sembla alors une bonne idée et c'est ce qu'elle tenta de faire. Peu à peu elle trouva un peu de calme, assez pour réussir à formuler une nouvelle interrogation qu'elle glissa en gardant les yeux clos. On ne pouvait empêcher quelqu'un de penser n'est-ce pas ? Elle ne devait pouvoir retrouver un peu de calme qu'en fermant cette fameuse porte qui devait bien être quelque part dans son esprit.

▬ " Non, pas encore pour l’instant. Mais moi, je vais les faire taire, après notre séance. Je bloquerais encore ce pouvoir, jusqu’à ce qu’elles ne gênent plus, et les choses évoluerons doucement, mais sur la bonne route, Jean. "

oilà une bonne nouvelle qui fit rouvrir les yeux de la demoiselle. Le calme qu'elle recherchait semblait avoir un effet positif même si ce brouhaha commençait à engendrer de la fatigue. Mais un mince sourire retrouva le chemin de ses lèvres pour tenter de remercier Charles de cette perspective qu'il ouvrait là. C'est en reposant son regard sur lui que la demoiselle remarqua un détail qu'elle n'avait pas encore saisi.

▬ " Je ne vous entend pas. "

lors que les murs de cette pièce ne semblait en rien étouffer les songeries de ceux qui déambulaient de l'autre côté, elle n'entendait rien qui provenait de cette pièce, elle en était presque certaine. Cela ne l'étonnait cependant pas, le fait était juste qu'elle venait de le remarquer. Un point noir, un coin silencieux si proche d'elle, Jean tenta de s'en approcher. Son attention dévia du soin qu'elle portait à sa respiration vers ce nouvel objectif. Non pas qu'elle désirait rompre le silence qui semblait régner là, elle souhaitait plutôt tenter d'en profiter. C'était peut-être là une tentative de fuite de sa part mais la fatigue qui commençait doucement à poindre lui donnait moins de force pour accepter cette situation.

n silence, elle entendait ce point de calme, ce vide à côté d'elle. Elle n'était guère étonné de ne pas entendre l'esprit du professeur, il avait les années pour lui, la pratique, alors que pour elle tout était à apprendre. Jean se concentra alors sur ce silence pour essayer de ne plus entendre les autres. Ces bruits constants et sans logique commençaient à la fatiguer, elle le sentait.

▬ " C’est normal, Jean. Mes pensées sont bloquées, tu ne pourras pas les atteindre. "

hose qui lui convenait parfaitement car elle était déjà mal à l'aise d'entendre tous ces mots provenant de ses connaissances et amis alors elle n'osait même pas imaginer si elle avait eu accès à ceux de quelqu'un comme Charles. Mais elle resta concentré sur cet esprit inaccessible, peut-être qu'elle pouvait ainsi comprendre comment faire pour cesser tous ces flots de pensées. Son regard étant posé sur le professeur, elle le vit relever sa main sur ses tempes et ne s'étonna pas de sentir qu'elle perdait un peu plus la main sur son esprit. Elle essayait de chasser un fil de pensées particulièrement bruyant qui semblait être énervé lorsque sa mémoire fit resurgir un souvenir qu'elle avait totalement oublié.

lle reconnue sans peine cette plage et cette jetée qu'elle n'avait pourtant vu qu'une fois. Sa sœur passa devant elle en riant fuyant leur père qui avait accepté le jeu de son aînée. Elle-même observait cette scène des bras de sa mère assise dans le sable. Une scène qui n'avait plus jamais eu d'écho dans sa mémoire, ce séjour à quatre avait été unique car leur père n'avait ensuite jamais prit le temps de se libérer ou de jouer avec ses filles. Jean ne se souvenait plus d'avoir était heureuse en famille, qu'avant les craintes et la peur il y avait eu ces instants de bonheur. Le choc de cette redécouverte la laisse légèrement tremblante alors que sa main retombe doucement sur son carnet.

▬ " Concentre-toi maintenant, visualise des portes, et ferment les portes. " Se concentrer après ça ... Jean avait bien du mal à envisager que cela soit possible.
▬ " Je ... " La demoiselle leva une main qu'elle passa sur ses yeux, séchant machinalement ce qui semblait être des prémices de larmes. " Je vais essayer. "

'était bien là le mot, essayer. Car ses émotions qui refaisaient surface se mêlaient aux autres qui passaient toujours dans son esprit encombré. Son idée originelle de porte n'était donc pas si idiote que ça et si le professeur lui avait montré ce souvenir c'est qu'elle devait s'en servir. La demoiselle ferma alors un peu ses poings sur son carnet, et laissa ses paupières se fermer à leur tour. Au milieu de ce capharnaüm, Jean tenta de garder à l'esprit ce que lui inspirait ce souvenir tout en cherchant ces portes qui devaient être bien trop grandes ouvertes.

ette recherche usait de ses forces, elle le sentait et ce n'est qu'au bout de quelques instants qu'elle réussit à visualiser ce qui devait être une porte. La fermer ne fut pas non plus une mince affaire et ranima ses doutes sur ses chances de réussite. Cependant elle eu la sensation de sentir le résultat, des voix semblaient étouffées et étaient bien plus supportables ainsi. La porte suivante fut un peu plus simple à visualiser et à fermer et même si Jean chassait ses angoisses et arrivaient à présent à garder une certaine sérénité, elle avait l'impression que les efforts qu'elle fournissait étaient au-dessus des forces qu'il lui restait.

▬ " Il y en a trop. "

ean n'était guère du genre à se plaindre mais le fait est qu'elle ne savait pas véritablement combien de fois elle devrait refaire cette procédure et qu'elle craignait ne pas en voir la fin. Mais immobile sur sa chaise, les yeux clos, elle se relança dans ces manœuvres concluantes. Mais la troisième porte qu'elle finit par voir l'étonna, pour la simple et bonne raison qu'elle était déjà fermé. Et elle semblait d'ailleurs assez efficacement scellée. Elle avait là de quoi apprendre car celle-ci ne devait pas pouvoir s'ouvrir comme ça. Mais elle n'osa pas s'en approcher, ce n'était pas elle qui avait fermé cela et ce fait ne lui inspirait que de la crainte pour ce qui pouvait se cacher derrière. Par la suite elle réussit à refermer une autre porte ce qui lui apporta un calme presque acceptable car presque toutes les voix étaient à présent étouffées.

ean rouvrit alors ses yeux avant de lever une main vers sa tempe qu'elle massa un peu pour essayer de faire passer cette fatigue qui semblait peser sur son esprit.

▬ " Il faut faire ça souvent ? "

es protections se rompaient-elles sans crier gare ? Fallait-il repousser chaque nouvelle voix à son apparition ? Car la demoiselle doutait de pouvoir tenir si ses journées n'étaient que des combats perpétuels.