Un tout nouveau monde, c’était l’impression qu’elle avait chaque fois qu’elle découvrait une nouvelle facette de cette école pour jeunes surdoués. Depuis plusieurs semaines maintenant elle en avait intégré les murs, surprise, elle qui n’avait déjà pratiquement jamais fréquenté une école, de trouver là, une qui prenait soin de rassembler les personnes comme elle. Une découverte qui avait eu l’occasion de la faire échapper un temps à cette nostalgie qui la rongeait. Nostalgie qui l’avait gagné bien des mois avant qu’elle ne découvre l’étendu du monde mutant. Elle revoyait encore parfaitement le premier pas qui l’avait conduite à débarquer de l’avion qui l’avait amené dans ce pays qu’elle ne connaissait au fond que très peu. Ses précédents séjours ici devaient se compter sur les doigts d’une seule main et dataient d’une époque où elle ne devait pas être bien haute, alors s’était dire. Avait ensuite suivi le premier pas en dehors de l’aéroport, son grand frère pour la guider et essayer de la distraire de l’Australie qu’elle avait laissé derrière elle. Le choc des cultures avaient été grand et même encore aujourd’hui elle n’était pas certaine de réussir à s’y habituer complètement et encore moins d’abandonner définitivement certaines habitudes. Elle avait pourtant vu mille et une choses incroyables, rencontré plus de culture que bien des gens, mais ici même le beurre de cacahuète avait réussi à la laisser perplexe.

« Foutue ville. »

Cela n’avait rien d’agressif ou de colérique, c’était simplement que son ancienne vie lui manquait. Au point qu’elle avait bien tenté une fois de filer à l’aéroport et de partir pour la première destination qui se présenterait, mais l’aventure avait échoué. L’aventure lui manquait, les découvertes lui manquait, et son quokka n’était plus là pour égayer les journées. Elle avait l’impression étrange d’avoir sauté tête la première dans un monde qui tournait trop au ralenti pour elle. Jamais encore il ne lui avait fallu autant de temps pour trouver ses marques et bien que l’Institut offrait quelques divertissements capable d’accrocher toute son attention, il restait encore trop limité pour l’adolescente qui n’avait jusqu’alors jamais expérimenté ce que l’on pouvait voir comme la plus simple des routines.

Elle s’ennuyait, se sentait plus limité qu’elle ne l’avait jamais été et en remède à cette situation s’était réfugié dehors, comme toujours. Au moins l’Institut Xavier présentait un avantage sur le reste des écoles c’était le grand parc et les forêts qui l’entouraient, permettant ainsi à Hope de pouvoir se réfugier dans un endroit qu’elle affectionnait particulièrement. En haut d’un arbre. Le temps de choisir celui qui présentait les meilleurs appuis et voilà que la blonde disparaissait, s’accrochant et grimpant déjà aux branches. Dans une expédition qui aurait pu paraitre périlleuse à un professeur si ce dernier était venu à passer à ce moment là. A vrai dire ça l’étonnait même, ayant toujours eu l’habitude qu’un adulte se matérialise au moment même où elle se lançait dans les bêtises. L’escalade d’un arbre n’étant de toute manière pas pire que de gravir le Mont Ararat, Hope était parvenu sans peine et sans encombre à s’installer assisse à califourchon sur une assez haute branche de l’arbre.

Perché dans son nid d’aigle, la brise légère et quelques oiseaux pour compagnie, elle avait observé le parc de l’Institut se remplir doucement d’élèves qui comme elle profitait de leur après-midi. Dissimulé entres branches et feuilles aucun de ses camarades n’avait remarqué sa présence juste au dessus d’eux et c’est avec une certaine espièglerie que l’idée d’en profiter commença à germer. Cassant une branche courte et fine au dessus de sa tête, Hope avait d’abord pris soin d’en détacher les quelques feuilles, les laissant doucement tomber vers le sol. La branche sur laquelle elle s’était installée était assez large et robuste pour lui permettre de se glisser en avant, s’allongeant presque. La brindille coupée toujours en main, un sourire de chipie aux lèvres, elle avait commencé de casser quelques petits bouts d’écorces, les lançant au fur et à mesure sur différents élèves en contrebas, et ce avec une précision redoutable. Riant de son petit manège autant que de la tête de certaines victimes, elle avait poursuivi son petit jeu, attendant de voir si au moins une personne finirait par la remarquer ou non.

Cela devait bien faire dix bonnes minutes qu’elle avait commencé son petit manège. Visant d’abord un groupe d’élèves qui se trouvaient sous l’arbre en face du sien et qui semblait discuter joyeusement. Elle avait doucement rit en les voyant lever la tête au dessus d’eux sans rien trouver. Sans qu’il ne pense à vérifier un arbre voisin, alors elle avait continué, jusqu’à ce que le petit groupe ne parte se réfugier ailleurs dans une totale incompréhension. Et elle n’en avait même pas honte. Parce que ce n’était pas un acte de méchanceté mais d’espièglerie joueuse, comme une petite farce à cet univers qu’elle n’arrivait pas à comprendre et à ses protagonistes souvent bien trop sérieux. Après tout ça ne faisait de mal à personne. Et ce n’était pas parce que les premiers avaient fuit qu’elle ne pouvait pas continuer, il lui suffisait simplement d’attendre que d’autres élèves passent ou ne viennent s’installer. Se redressant, elle avait donc cassé une autre branche, commençant à la dépouiller de son écorce pour préparer ses futurs projectiles.

Patiente, elle s’était donc vu récompenser par le passage de plusieurs élèves qui profitaient aussi bien du temps que de l’après-midi, s’amusant toujours autant du fait qu’aucun ne pensait à véritablement lever les yeux dans sa direction. Certains avaient passés leurs chemins en courant, d’autres avaient tourné la tête de tous côtés pendant plusieurs minutes, la faisant tous rire un peu au final. Un nouveau sourire aux lèvres en ramenant les petits bouts de bois dans une seule main, elle avait alors vu une jeune fille s’approcher sur le chemin, l’observant quelques instants depuis sa cachette jusqu’à ce qu’elle soit assez proche pour recevoir un premier projectile. Comme pour tous les autres avant, Hope avait observé avec un certain amusement les réactions provoquées par ce premier lancé. Elle était même prête à en jeter un second en voyant sa cible s’arrêter au milieu de l’allée quand pour la première fois de la journée on pensa à lever les yeux au bon endroit. Le regard pétillant de malice en croisant celui de l’autre adolescente, elle avait lâché le morceau d’écorce en ramenant son bras vers elle.

Assez ravie de voir finalement une personne lever les yeux vers son refuge et un sourire aux lèvres comme toutes excuses pour son geste, elle avait attendu la réaction qui n’allait surement pas manquer. Dans ces moments, elle était habituellement confronter à deux types de réactions. Les personnes qui ne voyaient là qu’une gamine effrontée et qui tentaient de lui passer un sermon qu’elle observait en général en pouffant bien à l’abri alors qu’on lui ordonnait de descendre ou alors ceux qui passaient leur chemin avec un air amusé de s’être ainsi fait avoir. Ce fut donc une agréable surprise pour la blondinette que de voir s’approcher l’autre élève de l’Institut en la saluant d’un bonjour amical.

« Bonjour. »

Lui retournant son salut autant que son sourire, l’adolescente pouvait désormais un peu mieux observer celle qui avait réussi à la découvrir. Elle ne connaissait pas encore bien tous les élèves, ayant déjà du mal à retenir la tête de certains surveillants au professeurs, mais elle n’avait pas l’impression d’avoir déjà eu l’occasion de discuter avec la jeune fille dont l’âge devait être relativement proche du sien. Hochant la tête pour montrer que oui elle se portait comme un charme, elle avait laissé tomber les derniers petits bouts de bois qui lui restait en prenant soin d’éviter qu’il n’atterrisse sur sa camarade. Se frottant ensuite les mains sur le bord de son pantalon elle avait alors rit avec une certaine espièglerie.

« Merci, mais non merci. Je m’en sors très bien ne t’inquiètes pas. Et puis j’aime être là-haut, on est tranquille et la vue et assez sympa… Tu devrais essayer. »

La vue aurait pu être encore plus sympa avec un paysage exotique à observer en contrebas mais tant pis elle se contentait de la vue qu’elle avait sur le parc. Et puis avec le temps c’était devenue pire qu’une habitude, c’était devenu un réel besoin, à tel point qu’aujourd’hui son grand frère en profitait pour la taquiner en lui affirmant qu’elle avait commencé à escalader les arbres avant même de savoir marcher. Elle n’y croyait pas trop, mais c’est vrai que l’idée l’amusait.

« Mes félicitations en tout cas. Tu es la première à avoir remarqué que je me cachais là. »

Nouveau sourire à la brune, tandis qu’elle se calait un peu mieux sur sa branche, attendant de voir si elle allait la faire fuir ou non, chose qui s’était déjà produite quelques fois par le passé.