Ai-je réellement ma place ici ?

Sujet: Ai-je réellement ma place ici ? Mer 16 Juil - 12:15

« - Prends quelques jours pour te reposer, Putnam. Tu l'as bien mérité. Le monde ne va pas s'arrêter de tourner si tu ne viens pas bosser une semaine. Repose-toi et reviens-nous en pleine forme, d'accord ? » Un conseil plein de bienveillance de la part de son patron, mais qui cachait aussi un souci plus pragmatique : Castiel était en train de devenir une bombe à retardement. Après sa tentative de suicide, il s'était plongé à corps perdu dans son travail, enchaînant les heures supplémentaires et répondant toujours présent, même quand on l'appelait de nuit. Et l'incident survenu quelques jours auparavant avait bien fait comprendre au directeur de l'institut médico-légal que son meilleur élément était au bord de l'épuisement et que ça ne pouvait plus durer. C'était trop dangereux, à la fois pour lui et pour les autres. Donc, il avait donné deux semaines de congé à Castiel en lui faisant bien comprendre qu'il ne pouvait pas refuser.
Cependant, être en congé n'aidait pas l'arachnopathe à se reposer. Son esprit tournait en circuit fermé sans lui laisser une seconde de répit quand il était éveillé, depuis qu'il avait revu Charles. Il avait l'impression de devenir fou et le priver d'occupation était la pire des tortures.
Pour éviter de rester à tourner en rond comme un lion en cage dans son appartement, le jeune homme avait décidé d'aller voir s'il pouvait se rendre utile au QG de la Confrérie. Quitte à avoir l'esprit en mode panique, autant être dans un endroit où il se sentait parfaitement en confiance. Et qui sait, il trouverait peut-être quelque chose à faire pour s'occuper l'esprit. Il prit soin de ses araignées, sortit Eris, sa veuve noire, de son vivarium, la glissa dans sa sacoche avec interdiction d'en sortir sans son accord, et sortit de chez lui en fermant la porte à clé après avoir laissé un mot pour sa soeur. Il ne voulait pas qu'elle s'inquiète pour lui plus que de raison.
Dans le bus qui le conduisait à distance raisonnable du quartier général, Castiel se fit la réflexion qu'un saut à la pharmacie ne serait pas du luxe au vu de son affreux mal de tête. La veille au soir, il avait choisi de se distraire en allant boire des verres et avait fini au lit avec une jolie rouquine et un magnifique jeune homme aux cheveux noirs comme la nuit. Il s'était réveillé le matin-même avec l'impression d'avoir un tambour fou entre les tempes, encore allongé entre ses deux conquêtes de la veille. Il était rentré se doucher et avait lu une bonne partie de la journée, ce qui l'avait brièvement distrait de son mal de tête.
Après avoir fait le plein d'aspirine, Castiel se rendit au QG. Il croisa plusieurs personnes qui le saluèrent avec entrain, mais aucun n'avait des choses à lui faire faire. Il fit une ou deux fois le tour des deux étages du bâtiment, pour finalement s'asseoir sur un canapé avec un verre d'eau et une aspirine. À quoi s'attendait-il, franchement ? Ce n'était pas avec son pouvoir qu'il allait pouvoir se rendre utile et au-delà de ça, il n'était pas différent que le premier humain venu. Excepté sa mutation et son intelligence relativement supérieure à la moyenne, il n'était guère qu'un garçon lambda. En songeant à cela, un doute naquit en lui, venant s'ajouter au chaos déjà immense qui régnait dans son esprit : que pouvait-il bien apporter à la Confrérie ? Son pouvoir en lui-même n'avait rien de bien utile pour protéger les mutants et au-delà de ça, il ne pouvait pas faire grand-chose. C'était Lauralee qu'Erik voulait dans sa Confrérie ; lui avait été accepté en partie parce que sa soeur avait insisté pour qu'il vienne aussi. Bien sûr, Castiel était des plus loyaux envers Magneto et la confrérie, mais il ne pouvait s'empêcher de ce demander s'il y avait réellement sa place.
En réfléchissant, il prit Eris dans son sac et se mit à converser avec elle grâce à son don. Elle n'avait pas d'avis sur son dilemme, mais elle acceptait toujours de l'aider à se changer les idées en jouant avec lui. Ils jouèrent un bon moment avant que quelqu'un ne s'approche d'eux avec un sourire...

C’était un de ces rares jours de congés où Catherine n’avait rien de prévu. Après une grasse matinée bien méritée, elle avait déjeuné avec Rosalee, mais cette dernière avait dû partir travailler. Catherine avait ensuite rendu une rapide visite à Christopher au commissariat, mais ne voulant pas le déranger, elle était repartie bien vite.

Catherine aimait la solitude, cela faisait tellement longtemps qu’elle habitait seule qu’elle avait oublié ce que c’était d’avoir quelqu’un qui pouvait l’attendre en rentrant chez soi. Elle appréciait ce mode de vie, mais parfois, comme aujourd’hui, cela lui posait. Bien que la jeune femme soit fière de son indépendance, elle recherchait aussi la compagnie des autres. C’est peut-être pour cette raison qu’elle avait suivie Jayden McFear à la Confrérie, pour avoir la possibilité de rejoindre une communauté de mutants comme elle.

Cependant, elle ne s’était jamais sentie chez elle, pas comme d’autres membres qu’elle côtoyait. Cela ne venait pas simplement du fait qu’elle n’habitait au QG du groupe, mais parce qu’elle ne partageait pas les idées de leur leader Magneto. Si elle avait accepté la proposition d’Arrow, ce n’était pas par envie, loin de là, mais par nécessité. Nécessité de se protéger de la CIA, nécessité d’apprendre à maîtriser son pouvoir.

Au cours des derniers mois, elle avait pris plaisir à venir à la Confrérie, pour passer du temps avec les membres qu’elle y rencontrait et qu’elle avait appris à apprécier. Cependant, elle savait que ce n’était qu’une solution temporaire. Catherine avait entendu parler d’autres groupes qui réunissaient des mutants, elle avait entendu parler d’un Institut pour jeunes surdoués, mais elle n’avait pas cherché à en savoir plus. Etonnamment, elle ne se sentait pas si concernée par la guerre entre les mutants et les humains que prédisait Magneto, pas personnellement du moins. Elle serait toujours présente pour aider, pour protéger les autres mutants, mais elle sentait au fond d’elle qu’elle ne ferait jamais partie de ceux à aller se battre en première ligne.

La Confrérie l’avait aidée à se sentir plus à l’aise avec sa mutation, à apprendre plus sur la communauté à laquelle elle appartenait malgré elle, mais Catherine sentait qu’elle commençait à ne plus en avoir besoin. Après des années à fuir son passé, elle avait enfin réussi à se construire une vie dont elle pouvait être fière à New-York. Elle avait un travail qu’elle aimait, elle commençait enfin à s’ouvrir aux autres, elle pouvait enfin avoir des amis. La Confrérie et Magneto n’avaient plus leur place dans sa vie.

Néanmoins, Catherine se retrouva à la Confrérie en fin d’après-midi après avoir traîné un peu en ville. Bien qu’elle ne voie plus l’utilité que pouvoir avoir la Confrérie pour elle, elle ne parvenait pas à la quitter. Elle s’était sincèrement attachée à plusieurs de ses membres, et c’était eux qui la retenaient, qui l’attiraient à revenir encore et encore.

Il y avait pas mal de monde à la Confrérie en cette fin de journée, mais pas autant que Catherine ne l’aurait cru. Elle fit un rapide tour des pièces communes du rez-de-chaussée, salua quelques personnes qu’elle connaissait. Elle s’apprêtait à monter dans les étages, peut-être que Molly serait là, sans Adrienne de préférence. Mais un jeune homme attira son attention.

Assis seul dans un des salons, il paraissait jouer avec une araignée – ce qui expliquait probablement pourquoi aussi peu de personnes se trouvaient dans la pièce. Catherine ne l’avait jamais vraiment remarqué jusqu’à ce qu’il soit admis à l’hôpital quelques semaines plus tôt. Caleb était venu lui rendre visite assez fréquemment. Castiel, si elle se rappelait bien. Un nom peu commun.

Catherine observa un moment Castiel. Elle avait réussi à glaner quelques informations sur lui par le biais de Caleb. Elle savait pourquoi il s’était retrouvé à l’hôpital, bien qu’elle ne connaisse pas les raisons exactes qui aient pu le pousser à attenter à sa vie. Il était arrivé à la Confrérie avec sa sœur, avec qui il habitait. Pourquoi était-il là, s’il avait son propre appartement ? se demanda soudain Catherine. Peut-être s’était-il senti seul, comme elle.

La jeune femme eut un sourire triste à cette pensée. Magneto avait de quoi être fier de ses recrues ! Des âmes esseulées en quête de compagnie, quels soldats ils faisaient tous !

Catherine se décida finalement à approcher Castiel.

« Comment s’appelle-t-elle ? lui demanda-t-elle avec un sourire amical tout en jetant un regard à l’araignée de Castiel. »