La voix de soprano colorature de la Reine de la nuit à l’accent allemand prononcé résonnait encore dans les oreilles de la rousse alors qu’elle se rendait légèrement vers le bar, le temps de l’entre-acte. L’opéra avait toujours été l’un des nombreux plaisirs de Francis, avec le tennis et l’alcool avant onze heure du matin le dimanche, mais c’était probablement le seul auquel il avait plus où moins réussi à initier son épouse, de son vivant. Cela dit, Francis avait aimé l’opéra pour la beauté des voix, l’idée que quelque chose chanté dans une langue totalement inconnue à son oreille puisse pourtant avoir tant de magie. Viondra n’aimait pas cela, dans l’opéra. En réalité c’était probablement ce qui l’ennuyait le plus mais, assise confortablement à son balcon, elle se faisait voir. Et la rousse ne vivait que pour cela. Pour le contrôle, le pouvoir, pour créer des tendances et désigner ce qui serait à la mode ou pas – être toute puissante. Elle était, bien sûr, encore loin de ses nombreux idéaux – Mais savoir que le regard des gens en dessous d’elle, dans la salle, s’était attardé sur elle et l’avait envié était suffisamment glorifiant pour la faire venir et revenir à l’Opéra.
Se glissant au bar, la jeune femme lança un rapide regard au serveur avant de décréter, sa voix froide, cassante malgré la politesse qui était demandée lors de la première d’un opéra à New-York City. La Flûte Enchantée n’était pas celui qu’elle préférait de ceux écrits par Mozart, mais elle s’en contenterait. Au moins, ce n’était pas un opéra en italien – Ils lui donnaient toujours un mal de tête affreux.
« Un Martini, sec. » Demanda-t-elle enfin au serveur, attendant sa boisson et comptant pertinemment prendre son temps pour la boire. Revenir en retard dans la salle serait probablement mal vu, mais on laissait passer presque absolument tout à quelqu’un ayant le nom de Sharp, et cela tiendrait l’homme qu’elle avait amené avec elle loin d’elle – Le fils ainé d’un des partenaire de Sharp Incorporated, sorti de l’université il y a peu et dont la conversation était encore moins passionnant qu’un opéra en allemand.
Cela dit, une personne attira son regard – Comme si elle ne l’avait pas remarquée avant. Elles étaient toutes les deux là pour la même chose, et Viondra la haïssait un tout petit peu plus pour cela -. Grande, blonde, vêtue d’un blanc si pure qu’il ne pouvait qu’être ironique et qui dessinait ses courbes… Un sourire fourbe apparu sur les lèvres d’un rose violet de la femme alors qu'elle attrapa son cocktail. « Emma ! Quelle surprise, je ne vous imaginais pas comme une amatrice de Mozart. » Lui parler était plus un affront à la blonde qu’un ennuis pour la rousse, après tout. Et si elle pouvait gâcher la soirée de quelqu’un comme Emma Frost, Viondra considérerait tout ceci comme n’étant pas une perte presque totale de son temps.