Voyager. Son plus grand rêve. Les langues. Sa plus grande passion.
Combinez les deux, et c'était le meilleur des mondes. Visiter des endroits nouveaux lui apportait le plus grand des plaisirs, d'ailleurs il était mieux avec un simple sac à dos d'effets personnels, à vagabonder de villes en villes, qu'installé à un endroit fixe à vivre dans la routine. Il voulait apprendre toutes sortes de langues étrangères, les maîtriser, les enseigner. Il s'émerveillait de la capacité qu'il avait de prononcer ces sons, ces syllables et mots, ces consonnances différentes. Il avait fait des langues son champ d'études, en plus d'un passe-temps unique en son genre, puis en avait fait un métier. Alors qu'il visitait différents pays, différentes villes, il se plaisait à enseigner à des enfants curieux qui adoraient l'idée de marmonner quelques mots d'une langue étrangère, de même qu'à des adultes intrigués, ou un peu passionnés, comme lui.

Il ne s'agissait pas là de son seul talent. Il en possédait un second, majeur et à touche surnaturelle pour sa part. Il était encore relativement jeune lorsqu'il avait compris la nature de ses fréquentes fièvres et ses soudaines et inexplicables baisses de température, découvrant leur source comme étant un pouvoir, un 'don' qu'il possédait et qui faisait de lui un être à part, un être différent. Il n'avait pas la prétention de dire qu'il en était quelqu'un de spécial, pourtant c'est ce que l'on semblait croire partout où il allait. Peut-être était-ce pour ses qualités de coeur, ou alors pour les petits miracles qu'il accomplissait; faire tomber les fièvres, sauver des cas d'hypothermie de la morsure du froid. À l'occasion remettre sur pied des gens qui semblaient causes perdues. Il ne mentionnait jamais sa mutation comme telle, faisait croire que ce n'était qu'un peu de médecine toute simple, mais dans tous les cas, on le trouvait bien spécial, le beau Miklós.

C'était la vie idéale pour lui, les rencontres se multipliaient, les conquêtes et les aventures d'un soir s'accumulaient, aucune attache et aucun sentiment, car il était repartit au petit matin, plus vite que le vent. Trop volatile pour être emprisonné par l'amour, car il ne désirait briser aucun coeur en se perdant dans la distance. Puis, du jour au lendemain, sa vie entière bascula de la plus surprenante et ... adorable des façons. Une visite inattendue, un bébé naissant laissé dans ses bras, et on disparait dans l'aube sans un sourire, sans laisser de trace. Voilà ta fille, je n'en ai rien à faire, débrouille-toi.

C'était soudain, c'était des responsabilités qu'il ne s'attendait pas à avoir, c'était un frein à son rythme de vie effréné et vagabond ... Mais ce fut aussi la plus belle chose qui arriva dans sa vie. La chose qui devint la plus précieuse à ses yeux. Son petit trésor. Sa princesse. La femme de sa vie (très jeune, encore, je vous l'accorde). C'est non sans une certaine nostalgie, mais avec le sourire, qu'il s'est installé à New York, trouvé un domicile fixe et préparé à une vie plus ordonnée. Il eut vite vent de l'institut, n'eut aucun mal à déterminer que les jeunes prodiges qui y étudiaient étaient, tout comme lui, différents. Uniques. Des mutants. Des mutants à qui il voulu aussitôt enseigner, car non seulement cela lui permettait-il de perpétuer sa passion des langues, il était aussi porteur d'expériences avec son pouvoir, qui pouvaient servir à la fois de modèle et d'inspiration pour ces jeunes qui, parfois, se voyaient comme des monstres. Qui ne voyaient pas forcément le bien derrière le mal qu'ils s'imaginaient.

Cette vie-là non plus n'était pas plus mal. Le plus chouette des métiers, et le plus bel enfant du monde. Il n'était pas seul, dans tous les sens du terme. Il ne s'ennuyait pas outre mesure, contrairement à ce qu'il aurait cru. Il était tout juste arrivé, mais il se voyait sans mal y rester encore bien longtemps.