Boutique White Moon - PV Danny Flore Ramirez
Top 100 hits 1973 - #95 : Yes We Can Can - The Pointer Sisters


J'étais bien, dans mon élément. Ma guitare à la main. Un micro sous mes lèvres.Un petit sourire sur mon visage blême.

Nous étions surélevés. Au-dessus d'une salle remplie de gens tout aussi heureux d'une journée de travail terminée.On se retrouvait dans ce petit bar sur un coin de la rue principale. Celui dont j'allais le plus souvent, question de me retrouver avec des gens que je connaissais et qui était fort respectueux. Bien sûr, je détonnais légèrement avec mon teint de neige. Le blanc n'était pas en majorité, mais en aucun cas je ne me sentais inconfortable avec cette différence. Au contraire, j'en étais plus qu'heureux. Toute ma vie, je l'ai passé dans cette communauté africo-Latino-Américaine. L'argent ne coule pas à flot, mais la coopération est plus que présente.Mes parents m'ont appris le respect des autres et de la fierté de ses origines. Je ne peux, malheureusement, pas dire grand-chose en polonais, mais je ne me considère pas comme américain à part entière. Quelques fois, en regardant l'actualité, je suis soulagé de ne pas faire partie totalement de ce groupe pour qui le pouvoir semble plus important que le respect...

Ce soir, je n'y pensais pas. Je n'avais aucunement l'intention de me morfondre. Je devais évacuer tout ce que cette semaine m'a fait encaisser. La pression que j'ai subi et les horreurs que j'ai vues.J'avais besoin de ces confrères de musique pour jouer et effacer ce noir dans ma tête afin de recommencer une autre semaine.

Marcus claquait des doigts me sortant de ma torpeur. Je le regardais avec un sourire. C'était sa façon de m'inviter à jouer un autre morceau. Malgré les conversations dans la salle, on m'encourageait à continuer de performer.Non, je n'étais pas payé pour jouer. Ici, on pouvait monter sur cette scène et jouer comme bon nous semble. Robert, le propriétaire, nous laisse toujours faire en nous accueillant avec le sourire. Ils savaient qu'on avait un certain talent. Après plusieurs années, il a vu ce qu'on était capable de faire. Enfin, je ne venais que d'arriver, mais en connaissant mon père, Marcus m'a donné cette opportunité de les accompagner.

Une gorgée de scotch, une bouffée de nicotine avant de prendre le manche de ma guitare. Je regardais les gars autour de moi qui voulaient me voir jouer en solo. Je me suis mis à rire avant de taper du pied. Certains dans la salle applaudissaient comprenant que j'en jouait une autre...

La fumée des cigares-cigarettes, l'odeur de l'alcool...Je devais me concentrer pour ne pas ressentir tous ces obstacles qui pouvaient me déranger.

1...2...3...4



La guitare de mon père provoquait un son magnifique. Le vieux micro donnait une telle résonance. Je me permettais de me laisser aller, dans ce bar...J'avais de la difficulté « à danser » avec ma musique dans les bars de Manhattan. De la honte ? Un peu..., moi qui crois que je danse comme une larve...Je tente donc de me cacher lorsque je suis à contrat. Pourtant, il m'arrive, impulsivement de laisser mon corps se transporter. Marcus m'encourageait à la faire, car , selon lui, c'est la meilleure façon de connaître parfaitement la musique...

Quand je m'amuse dans les solos, je ne suis plus le même.Mes doigts coulent sur les cordes allant là où elles le veulent. Tant qu'elles provoquent un son magnifique, je ne me retenais pas...

J'étais complètement libre...J'étais ailleurs...