formulaire d'intro Type du sujet : [] Flash-Back [x] Présent Date du rp : 14 Mai 1962 Météo (approximative) : De l'orage dans l'air Matin, après-midi, soir : Soir Statut du sujet : [] libre [x] privé Statut du rp : [x] en cours [] terminé

La soirée au club des damnés se déroulait à merveille. Meaghan avait chassé ses vieux démons et pouvait pleinement profiter de sa nouvelle vie. Une nouvelle vie qui ne serait pas facile à mener, au début. Son fiancé lui manquait encore et toujours. Mais elle devait tourner la page. Avancer. Il n'aurait jamais voulu la voir ainsi. Seule, sans personne à ses cotés. Des amis, ce n'était pas suffisant. Meaghan le savait bien. Quelque part, elle essayait de se dire que l'amour n'avait pas de limite. On pouvait aimer deux personnes à la fois. Son fiancé et la prochaine personne qui entrerait dans sa vie. Meaghan chassa ces réflexions de son esprit lorsqu'une serveuse s'approcha près d'elle pour lui donner un message sur papier. C'était un mot de Clyde. Il avait besoin qu'elle lui rende un service. Meaghan relut le papier plusieurs fois, pour être sûre de bien tout comprendre. Elle ne voulait pas mal agir, puisqu'il lui demandait d'aller chercher une jeune femme à son travail, à cause de l'orage. Tiens, Clyde avait-il une demoiselle en vue ou était-elle simplement une bonne amie ? Meaghan afficha un sourire en coin en repliant le papier, prête à démarrer sa mission.

C'est au bord d'une Chevrolet Malibu bordeaux que Meaghan attendit patiemment la fameuse Rosalee Leicester, alors que la pluie commençait à tomber à fortes gouttes à l'extérieur. N'ayant rien à faire d'autre, la jeune femme observait le café qui semblait assez bondé. Les gens devaient certainement trouver un bon abri dans l'établissement. Ils pouvaient se réchauffer avec une boisson chaude et attendre que la tempête se calme. Meaghan chercha ensuite Rosalee des yeux, sans réellement savoir à quoi celle-ci ressemblait. D'après la description de Clyde, elle était brune aux yeux clairs et avait la peau très pâle. À cause ds gouttes qui tombaient de plus en plus, Meaghan avait du mal à voir le visage des gens à travers la baie vitrée du café. Mais, au moins, elle avait ouvert la vitre de sa portière pour être sûre de ne pas manquer la jeune femme quand elle sortirait. C'est alors que Rosalee sembla se montrer. Enfin, pourvu que ce soit elle. La mutante ouvrit la portière et sortit de sa voiture en ouvrant un parapluie noir, un grand sourire aux lèvres. « Excusez-moi, Rosalee ? Je sais que vous ne me connaissez pas mais on m'a demandé de vous ramener chez vous. Clyde, l'a demandé. » Elle n'avait pas répété ce qu'elle devait dire avant. Du coup, elle semblait hésitante et peu crédible...

Meaghan était assez stressée, en réalité. Elle avait l'habitude d'accoster des inconnus pour le club des damnés mais pas pour les ramener chez eux, dans sa voiture. Meaghan avait presque la sensation d'être louche. Pourtant, si c'était de la part de Clyde, tout allait bien, non ? Meaghan commençait à douter de ce service. Comment convaincre une personne que vous n'avez jamais croisé ? Surtout le soir. Un soir d'orage qui plus est. Meaghan remarqua cette jeune femme au cheveux bruns, aux yeux clairs et à la peau pâle. Aucun doute, c'était très certainement Rosalee. Elle s'excusa alors, en s'approchant près d'elle, essayant de garder un petit sourire rassurant et une voix posée. Mais elle bafouilla, parce qu'elle n'avait pas bien répété la façon dont elle allait se présenter auprès de Rosalee. Elle n'avait plus du tout l'air crédible. Heureusement qu'elle n'avait pas oublié le nom de Clyde. Au moins, le prénom serait familier à la jeune femme, qui pourrait alors avoir confiance en Meaghan. « Navré vous avez du vous trompez, je vais rentrer chez moi comme une grande fille » Bon, eh bien, ça commençait mal. Meaghan recula son visage, les sourcils froncés, totalement étonnée. Elle n'était pas Rosalee ? Pourquoi disait-elle qu'elle rentrerait chez elle comme une grande fille alors ? Les autres employés du café prenaient leurs véhicules, mais pas elle ?

En lançant un coup d’œil à l'intérieur, du café, Meaghan ne vit aucune serveuse correspondant à la description de Clyde. Elles étaient toutes blondes, ou brune avec la peau foncés. Meaghan se tourna donc vers la silhouette de Rosalee qui disparaissait peu à peu derrière les gouttes de pluie qui formaient un rideau transparent. « Attendez ! » La voilà qui courait avec ses talons aiguilles et son parapluie, qui se retourna dans l'autre sens par la force du vent. Décidément, la soirée s'annonçait vraiment bien. Tant bien que mal, la grande blonde tenta de rattraper Rosalee, qui marchait aussi vite qu'une petite souris. « S'il vous arrive quoi que ce soit, Clyde s'en voudra de ne pas être venu et je ne peux pas lui faire ça. On m'a dit que vous aviez peur de l'orage... » À ce moment précis, un éclair tomba non loin des bâtiments qui entouraient les deux jeunes femmes, s'abattant sur l'un des paratonnerres d'un building. Le tonnerre ne tarda pas à suivre, faisant trembler le sol sous leurs pieds.

L'orage commençait à se faire de plus en plus imposant. Meaghan n'avait pourtant pas d'autres choix que de rester dehors, son parapluie en main, pour tenter de convaincre la jeune femme face à elle de la suivre dans son véhicule. À sa place, Meaghan aurait réagi pareil. Se faire aborder par un ou une inconnu en pleine nuit, qui vous propose de vous ramener chez vous... c'est assez limite. Pourtant, Meaghan savait très bien qu'elle n'avait rien à se reprocher. Mais elle ne pouvait pas en vouloir à cette fameuse Rosalee de partir rapidement dans le sens opposé en essayant d'être crédible lorsqu'elle disait ne pas être la personne qu'elle cherchait. C'était tout à fait légitime. De son coté, Meaghan tenta quand même de se montrer un peu plus persuasive et évoqua quelque chose que Clyde lui avait dit sur la jeune femme. Elle avait peur de l'orage et se promener sous cette pluie battante, avec des éclairs qui ne tombaient pas loin, c'était de la folie. Rosalee allait finir dans le coin d'une ruelle, recroquevillé sous des cartons à ce rythme. « Très bien mais.. » Meaghan attendait, patiemment, en espérant ne pas avoir à se justifier d'avantage. La pluie continuait de plus belle alors que le vent se levait; un vent plutôt frais malgré l'orage. « Désolé de mettre montrer si peux agréable » Finalement, ce n'était pas un "mais" négatif. Rassurée, et souhaitant rassurer aussi la jeune femme face à elle, Meaghan commença à sourire. « Ne vous en faites pas. Vous ne m'avez jamais vu et je vous demande de monter dans ma voiture. Je comprends. »

En prenant le chemin vers la voiture, Meaghan fut agréablement surprise de voir Rosalee la protéger avec son propre parapluie. Celui de Meag, lui, était totalement fichu. Elle le laissa alors tomber dans une petite poubelle, pensant qu'il servirait peut-être à un sans-abri et se pressa pour ouvrir la porte coté passager de son véhicule. Une fois Rosalee installée, Meaghan courut vers le coté conducteur avant qu'un horrible tonnerre ne secoue la terre de ses vibrations, encore une fois. « Vous n'auriez pas pu rentrer toute seule je crois. Vous entendez cet orage ? Il est impressionnant. » Meaghan essayait de faire la conversation tout en roulant vers l'immeuble où la jeune femme habitait. Mais, parler de l'orage n'allait-il pas la stresser davantage ? La mutante observa attentivement Rosalee, un peu inquiète à son sujet. Elle ne la connaissait pas mais se disait que, si elle craignait à ce point l'orage, elle ne devait pas se sentir bien.

Une fois arrivée, Meaghan descendit de sa voiture et laissa Rosalee faire de même alors qu'elle observait l'immeuble. « Je ne sais pas si je dois m'assurer que vous arriviez bien chez vous donc, ça ne vous dérange pas si je vous accompagne jusqu'à votre porte ? Promis, c'est toujours pour être sûre que Clyde soit rassuré, de son coté. »

Sur le chemin, Meaghan ne pouvait s'empêcher d'observer Rosalee du coin de l’œil à chaque coup de tonnerre. Comment avait-elle hérité de cette peur et pourquoi n'arrivait-elle pas à la chasser ? Meaghan possédait également quelques phobies, alors, elle pouvait au moins s'imaginer dans quel état était la pauvre Rosalee. Tant qu'elles arrivaient saines et sauves, c'était le principal. L'orage n'allait pas durer éternellement et Meaghan devait juste s'assurer que la protégée de Clyde ne soit pas en difficultés. Aussi, lorsqu'elle descendit de son véhicule, Meaghan proposa d'accompagner la jeune femme jusqu'à son appartement, histoire de s'assurer que tout allait bien. Elle fit également la promesse qu'il s'agissait uniquement de cette raison et pas d'une autre. Après tout, Rosalee avait craint de se faire aborder par une inconnue. Meaghan ne voulait pas paraître louche, tout à coup, en se montrant trop insistante. « Je ne vois pas pourquoi vous montriez avec moi sinon… » Rosalee semblait totalement surprise. Meaghan se mordit alors la lèvre inférieure, comme elle le faisait à chaque fois qu'elle se sentait gaffeuse.

« Cependant j’espère que vous vous êtes sportive, j’habite au cinquième étage sans ascenseur » Meaghan observa le bâtiment, comme pour se faire une idée de la distance entre elle et l'appartement en question, au cinquième. « Je peux monter cinq étages. Pas de soucis. Même si je n'ai pas les chaussures adéquates... » Meaghan aurait dû mettre des bottes ou des ballerines. En tout cas, elle n'avait pas le choix et n'allait pas se plaindre. Elle rendait service après tout. « Et pour en revenir à ma proposition, je ne voulais tout simplement pas que ça sonne comme une excuse pour vous surveiller ou quelque chose dans le genre. Après tout, vous avez essayé de me fuir tout à l'heure, comme si vous pensiez que j'allais vous kidnapper. » Elle eut un petit rire malgré la situation. Elle ne voulait pas se montrer trop étrange. Ce n'était pas le but. « Mais je comprends. De nos jours, on ne sait plus trop à qui se fier... » Meaghan s'était arrêtée dans son élan. L'appartement de Rosalee était ouvert. Ce n'était pas normal. Encore une chance que Meaghan ne l'avait pas laissé filer sans s'assurer qu'elle monte bien en toute sécurité dans son appartement. La mutante avança de quelques pas à la suite de Rosalee qui était entrée en courant. Puis, elle remarqua la présence d'un homme et entendit la jeune femme devant elle parler dans une autre langue. Un peu perdue, Meaghan s'apprêta à parler lorsqu'elle sentie une grande vague de froid envahir l'appartement. « Qu'est-ce que... Qu'est-ce qu'il se passe ? »

Plus Meaghan essayait d'être gentille, plus elle mettait les pieds dans le plat. La jeune femme qu'elle devait raccompagner se montrait aussi froide qu'un mur de glace. Peut-être que si Clyde les avait présentées, Rosalee serait plus à l'aise. « Ce n’est pas de nos jours, je ne fais pas vraiment confiances aux gens, c’est une question de caractère pas une question de temporalité » Ou pas. Meaghan mordit le bas de sa lèvre un peu plus, totalement gênée. Elle n'osait plus parler, ne savait plus quoi dire à ce sujet. Elle qui voulait simplement prouver qu'elle n'était pas une tueuse en série passait désormais pour une imbécile, ou presque. D'un autre coté, Rosalee n'avait pas tord. Il valait mieux conserver une part de méfiance plutôt que de se montrer trop naïf.

Arrivées à l'appartement, les deux jeunes femmes s'étaient retrouvées nez-à-nez avec ce qui semblait être un cambrioleur. Il portait une tenue sombre et tenait un grand sac en tissu dans sa main. En voyant Rosalee, le criminel tenta de prendre la fuite, en vain. Meaghan, de son coté, observait la scène sans savoir quoi faire. Elle craignait que le cambrioleur ait une arme et elle se souvenait que trop bien comment ce genre de scène finissait. Puis, lentement, elle leva les yeux vers Rosalee qui parlait dans une autre langue. Elle ne comprenait pas un seul mot mais ressentait un froid courir sur sa peau. Un froid qui ne semblait pas provenir de l'atmosphère ni de la pièce elle-même. Le cambrioleur commençait à expirer un nuage blanc, comme s'il se trouvait dans un congélateur. Meaghan fronça les sourcils en s'approchant. Plus elle avançait vers Rosalee et plus il faisait froid. Mais si elle continuait ainsi, la jeune femme risquait bien de tuer le criminel. Même s'il avait commis un délit, l'inconnu ne méritait certainement pas de mourir. Il n'avait rien fait de plus que s'introduire ici pour voler des objets. Meaghan se téléporta donc derrière le cambrioleur, attrapa ses bras et se téléporta à un autre endroit, dans une cellule. Une fois le jeune homme confortablement installé, Meaghan ne tarda pas à s'éclipser le plus rapidement possible afin qu'on ne la voit pas. De nouveau près de Rosalee, la mutante sentit sa tête lui tourner. Elle n'était pas encore habituée à sa mutation et ressentait encore quelques effets secondaires désagréables. « Désolée d'être intervenue mais vous alliez presque le tuer ! » Il faisait encore froid et Meaghan serra ses bras autour de sa poitrine, frigorifiée. « Je... Je ne me sens pas très bien. » Dit-elle avant de se laisser asseoir quelque part, la tête dans le brouillard.

Le jeune homme mit en cellule allait avoir quelques soucis. Il n'était pas enregistré officiellement dans les dossiers de la police et devrait répondre de sa présence mystérieuse. Meaghan était consciente que le voleur allait affirmé avoir été téléporté en cellule par une inconnue. Mais qui allait le croire ? À part peut-être un membre de la CIA qui aurait vent de ce détail, le criminel passerait pour fou. Tant pis. Au moins, il n'était pas mort.

En revenant à l'appartement de Rosalee, la mutante ne se sentit pas dans son état normal. Elle avait toujours un peu de mal à ne pas avoir la nausée après une téléportation et ressentait un étrange malaise. Meaghan prit une profonde inspiration en expliquant son geste à Rosalee. Clyde n'aurait peut-être pas apprécié qu'en son absence, sa protégée avait commis un meurtre. Qui dit meurtre dit suspicions. Qui dit suspicions dit enquêtes, puis emprisonnement. Meaghan avait donc certainement bien agi en confiant le criminel aux mains de la police plutôt que de laisser Rosalee avoir des ennuis.

Le froid, encore présent dans la pièce, força Meaghan à serrer ses bras contre sa poitrine. Elle avait l'impression d'être dans un congélateur géant et fit part de son ressenti à Rosalee, qui pourrait certainement faire quelque chose pour régler la température de l'appartement. À la place, la brune prit une couverture avant de la poser sur les épaules de Meaghan. La mutante grelottait de froid et était certaine d'attraper froid dans les minutes qui allaient suivre. Rosalee lui tendit également un biscuit, que la jeune femme prit doucement, avec un sourire en guise de remerciement. « Merci de m’avoir stoppée, sinon je l’aurais tué… mais, enfin merci beaucoup » Meaghan avait mordu dans un petit bout de biscuit en écoutant Rosalee la remercier. Finalement, elle se montrer sous un autre jour, soit parce que la blonde se sentait mal, soit parce qu'elle avait vu qu'il s'agissait d'une mutante, comme elle. « Ne me remercie pas. J'ai fait ce que j'avais à faire. Je comprends bien ce que tu as pu ressentir en voyant cet inconnu chez toi... » Meaghan repensa à son fiancé, aux policiers qui l'avaient tué - même si seul l'un d'eux avait tiré - et ne sentit presque pas la larme couler le long de sa joue. Elle n'allait pas pleurer devant une inconnue ! Elle essuya rapidement la larme et mangea un autre bout de biscuit. « Je me doutais que tu étais une mutante. La glace, hein ? » Meaghan avait encore froid et l'orage qui grondait dehors s’amplifiait.

Une simple petite rencontre pour rendre service s'était changée en mission protection. Meaghan avait l'impression d'être d'un garde du corps, avec pour client une personnalité importante à qui on voulait du mal. En mangeant son biscuit, la mutante se sentit un peu mieux. Mais sa tête tournait encore, comme lors d'un léger vertige. Rosalee se chargea de réchauffer la pièce grâce à ses radiateurs. Meaghan sentit alors la chaleur se propager doucement, courir sur ses doigts, se poser sur son visage et ses jambes nues. Elle avait hâte de ne plus ressentir ce frisson de froid qui semblait s'être installé pour ne plus la quitter. Toujours le regard posé sur Rosalee, la mutante observa l'instrument qu'elle avait en main, puis sa réaction face à l'orage. Il était loin d'être terminé. Meaghan s'obligea donc à parler, pour occuper l'attention de son hôte afin qu'elle oublie un peu le grondement du tonnerre. Et ça marchait. « C’est cela, la glace, je ne suis pas étonnée que tu sois aussi une mutante, vu que c’est Clyde qui t'a envoyée. Tu es une sorte de voyageur, enfin tu te déplaces a tout souhait n’importe où ? » Meaghan hocha doucement la tête, bien que ce n'était qu'une partie de vérité. Parfois, elle se retrouvait dans des lieux improbables. Même chez des inconnus dans des situations pas franchement plaisantes.

La jeune femme en face d'elle tourna la paume vers le haut. Du givre commençait à apparaître. C'était assez joli comme spectacle. Si Meaghan n'était pas à moitié frigorifiée - bien que la chaleur était bel et bien présente maintenant -, elle aurait très certainement sourit en voyant la mutation de Rosalee. « Tu sembles bien le contrôler. Enfin, à part quand tu te mets en colère. Mais je connais ça. Je me déplace malheureusement pas aussi bien que je le souhaiterais. Des fois, j'atterris dans des endroits où je ne suis pas sûre de vouloir rester... » Meaghan avait terminé son biscuit. Elle essuya le coin de ses lèvres du bout de ses doigts encore froid, puis porta son regard sur le violon. « Voilà l’une des raisons pour laquelle je suis sorti de mes gonds.. » Meaghan remarqua l'écriture que semblait lui montrer Rosalee. Il s'agissait d'un nom, sûrement du fabriquant ? « C'est un très bel instrument. Et j'imagine... qu'il appartenait à quelqu'un de cher à tes yeux ? Ce nom... c'est le tien ? » Elle ne savait pas. Elle osa poser la question.

Parler de son pouvoir était toujours quelque chose d'inédit. Dans le club des damnés, ce sujet de discussion était tellement banal qu'il n'était pas souvent abordé. C'était à peine si les membres s'en préoccupaient, en dehors des missions. Meaghan ajouta que son contrôle de la téléportation laissait à désirer, parfois. « Je ne contrôle plutôt très bien oui. Hum. Oh d’accord je vois, ça ne doit pas toujours être agréable, ça demande beaucoup de temps et d’entrainement » Mine de rien, les deux jeunes femmes avaient quelques points communs. Elles auraient pu être amies, si elles s'étaient connues plus tôt - ce qui aurait évité quelques désagréments en début de soirée.

Maintenant, tout était plus calme. Apaisé. Rosalee avait même sorti un violon. Un peu naïve sur les bords, Meaghan pensait que le nom qui était inscrit dessus était un nom familial, qui pourrait être celui de son hôte. La mutante ne s'y connaissait pas vraiment en instrument. Elle n'avait touché qu'à une guitare et à un piano, mais pas assez pour se familiariser avec les noms d'entreprises qui les créaient. « Il n’appartenait pas à une personne cher à mes yeux, mais une personne cher me la offert effectivement. Non, ce n’est pas mon nom, je m’appelle Leicester pas Stradivarius, c’est le nom du fabriquant. » Si elle pouvait se glisser dans un trou de souris, Meaghan le ferait sans plus tarder. Elle se contenta simplement de rougir un peu, en plaçant une mèche de cheveux derrière son oreille, signe qu'elle était mal à l'aise. « Oh, oui, c'est plutôt logique en fait. Je suis un peu bête des fois. »

Le silence s'était installé pour laisser place à la musique. Après quelques minutes de préparation, Rosalee laissait échapper des notes que Meaghan avait déjà entendu quelque part. N'étant pas une experte en la matière, elle ne put mettre un nom sur la mélodie. Alors, elle profita de ce moment paisible. Elle en avait même la chair de poule. Rosalee jouait très bien. C'était une très belle scène à voir après ce moment de stress avec le voleur. La musique masquait un peu le bruit de l'orage, qui semblait s'éloigner enfin.

Rosalee avait secoué la tête après que Meaghan se soit traitée d'imbécile. « Tu n'es pas bête tu ne savais juste pas, on ne peux pas tout savoir! » La mutante sourit. Son hôte était vraiment compréhensive. Ça faisait du bien de pouvoir parler à quelqu'un d'aussi ouvert d'esprit. On aurait pu se moquer d'elle pour avoir confondu un nom de fabriquant avec un nom inscrit pour une personne en particulier. Meaghan se racla la gorge et serra doucement sa veste contre elle. Même si la température de la pièce devenait plus agréable, elle ressentait encore un léger frisson de froid.

Après que Rosalee ait joué ses premières notes de violon, la chair de poule de Meaghan n'avait plus rien avoir avec le froid. La musique était magnifique et faisait naître tout un lot de sentiments chez la mutante. De la joie, de la tristesse, de la nostalgie, des souvenirs de son fiancé. Meaghan sentit une larme couler sur sa joue. Rosalee était douée pour la musique et tout ce petit concert était magnifique. Lorsqu'il fut terminé, la mutante reprit un peu contenance, essuya sa joue d'un revers de main et afficha un sourire, toute émue. « Voilà j'espère que cela ta plus ! Si cela n'est pas indiscret je pourrais connaître ton prénom puis que tu connais déjà le mien? » Si ça lui avait plu ? Évidemment ! Meaghan en était encore légèrement bouleversée. Elle agita la tête, toujours avec son sourire aux lèvres. « Oui, c'était magnifique. Et, je m'appelle Meaghan. Désolée, je pensais m'être déjà présentée. » Cette soirée était mouvementée. Pas étonnant que Meaghan ne sache plus où elle en est. « Tu es douée, en tout cas, avec le violon. C'est étonnant que ce ne soit pas ton métier. » La mutante ignorait que l'entourage de Rosalee disait la même chose. Et puis, Rosalee préférait peut-être ne pas faire de sa passion un métier. Mais Meaghan était curieuse et sa question ouvrirait certainement la discussion pour que les deux jeunes femmes apprennent à faire connaissance.

La musique avait presque eu le pouvoir de faire taire l'orage. Meaghan posa son regard sur la fenêtre et vit les éclairs illuminer le ciel au loin. Puis, naturellement, elle avait complimenté son hôte pour son magnifique morceau. Elle aurait du succès auprès des damnés, et en particulier auprès de Sebastian Shaw qui appréciait énormément la musique. « Je te remercie! Ah que veux tu, je n'ai jamais eu l'opportunité de pouvoir en faire mon mériter, je suis devenue serveuse ! » Dommage pour Rosalee. Elle avait vraiment un don pour la musique. Elle savait captiver, ce qui était assez rare, même avec une bonne musique. Mais être serveuse était un métier comme un autre, et quelque soit la raison pour laquelle Rosalee n'était pas en train de jouer sur une scène, Meaghan n'insisterait pas. Elle-même renonçait beaucoup à ses rêves pour faire ce qui était juste. Une passion reste souvent une passion et ne se change pas en métier.

« Et sans indiscrétion, que fais tu comme travail ? » Meaghan eut un petit rire, car la réponse n'allait pas être bien différente par rapport à la sienne. « Je suis également serveuse, en réalité. Dans un club très sélecte. Je ne sais pas si Clyde t'a déjà mis au courant à propos de ce club d'ailleurs... » Est-ce que Rosalee connaissait les damnés ? Clyde avait-il déjà tenté de la recruter ? Meaghan ne savait pas bien si elle devait en parler à Rosalee ou si elle devait se taire. Mais, après tout, si elle était amie avec le roi noir qui avait demandé à une collègue de travail de lui rendre service, c'est qu'il avait dû déjà en parler. Meaghan se mordit la lèvre avant d'approfondir un peu sa réponse. « Au club des damnés, en fait. Tu connais, n'est-ce pas ? »

Le club des damnés ne devait pas être un secret pour Rosalee. Sinon, Meaghan ne serait pas ici. Elle s'était servie de son pouvoir devant la mutante qui avait fait de même, autant lui confier qu'elle était une damnée elle aussi. « Ah je voie tu fais le même travail que moi ! Oui Clyde m’a expliquer, ne tant fait pas, je connais le Club des damnés, pas parfaitement, mais cela me va très bien comme cela. » Clyde était donc bien passé par là. Meaghan arrangea une mèche de ses cheveux derrière son oreille en repassant la phrase de Rosalee dans sa tête. Elle connaissait le club, mais sans plus. Normal, puisqu'elle n'en faisait pas partie. Une part de Meaghan voulait jouer les entremetteuses afin de rallier une mutante à leur cause. Mais dans un autre sens, la jeune femme se sentait tellement en décalage avec les agissements de Shaw qu'elle n'était pas sûre de vouloir pousser Rosalee dans cette direction. Pourtant, Sebastian devait avoir raison.

En observant Rosalee, la damnée comprenait que quelque chose n'allait pas. C'est en la voyant retirer son gilet que Meaghan comprit. Il faisait trop chaud pour elle. Rosalee ne tarda pas à baisser la température des radiateurs, ce qui fit également du bien à la blonde. Meaghan n'aimait pas la chaleur étouffante et ne grelottait plus de froid. « Navré il fait un peu trop chaud pour moi » La jeune femme secoua la tête en levant une main en l'air. « Oh, non ne t'en fais pas pour ça. Je trouve qu'il fait assez chaud également. » Meaghan ponctua sa phrase d'un sourire en croisant ses jambes.

« Cela fait longtemps que tu es chez les damnés ? » Longtemps ? Meaghan se mit à réfléchir. « Ça doit faire maintenant deux ans, je crois. » Deux ans. C'était assez surréaliste de se dire que sa vie avait changé depuis tout ce temps et même plus. Deux années en tant que nomade, deux années en temps que damnée. « J'ai été recrutée alors que je braquais une banque à l'aide de mon pouvoir. Je sais, c'est mal. Mais j'étais sélective. Je n'allais que dans les coffres de ceux qui avaient les moyens de s'acheter des trucs sans intérêt comme des cadres photos à mille dollars. » Ils jetaient leur argent par les fenêtres dans des objets dont ils ne se servaient pas puis pleurait à la télévision pour quelques billets volés. « Tu n'as jamais pensé à rejoindre ce clan, d'après ce que je comprends ? Tu sais que les humains vont bientôt découvrir notre existence à tous ? »

Meaghan était rassurée de voir que Rosalee ne semblait pas la juger pour son passé. Oui, elle avait braqué une banque, mais en tant que fugitive, comment faire en sorte de survivre sans argent ? Elle n'aurait pas pu prendre un boulot comme tout le monde, étant donné que son fiancé avait été tué dans leur maison par des policiers et qu'elle avait disparu à cause de sa mutation. Même si elle n'était visiblement pas recherchée, Meaghan restait sur ses gardes. Le club l'avait accueilli et lui avait donné la chance de démarrer une nouvelle vie. Elle était serveuse, danseuse et s'occupait d'aider les damnés en étant un bon petit soldat. D'ailleurs, est-ce que Rosalee avait déjà pensé à intégrer le clan ? Clyde lui avait peut-être déjà proposé de le rejoindre. Incertaine, Meaghan osa lui demander si elle avait dans l'idée d'être une des leurs un jour, en précisant que les humains allaient bientôt être au courant de leur existence.

En première réponse, Rosalee haussa les épaules avant de secouer la tête. D'un côté, Meaghan comprenait que ce n'était pas facile de rejoindre un groupe, surtout avec tout les dangers que cela pouvait comporter. Shaw n'était pas non plus le meilleur des leaders, mais ça, la jeune femme le gardait pour elle. « Non, comment dire, j’aime ma liberté. Je sais, de toute façon ce n’était qu’une question de temps, toute personne un peu censé d’esprit l’aurait compris, je sais aussi ce que cela veut dire pour nous… » La liberté. Pour le moment, oui, ils étaient libres. Mais jusqu'à quand ? Meaghan poussa un soupir avant de sourire tristement. « Je ne sais pas vraiment comment tout ça va finir. Mais j'espère que tu pourras profiter de ta liberté encore longtemps. Le monde va bientôt changer. Nous prévoyons déjà quelques plans... Je préfère prévenir, au cas où. » Meaghan n'avait pas peur de parler de la quête de Shaw, ni de l'évoquer. Lui-même se fichait totalement que l'on connaisse ses projets. « Tu aurais fait une bonne damnée en tout cas. » Elle avait dit ça avec un petit sourire, pour détendre l'atmosphère qui devenait étrangement déprimante avec ces histoires. « Comment tu as connu Clyde, si ce n'est pas indiscret ? »

Meaghan craignait le jour où les humains allaient découvrir la vérité à leur sujet. Et si Shaw ne réussissait pas sa mission ? « Je pense que cela finira mal vraiment très mal, les humains sont peureux et la peur amène souvent la violence et ainsi de suite. Oh oui je savoure ma liberté chaque jour, particulièrement après avoir été enfermée dans une cage dorée. Oui le monde change c’est une chose qui a toujours été, le monde change en permanence. Je vois, je te remercie de me dire cela, de mettre ta confiance en moi. » Meaghan inclina la tête avec un fin sourire. Mais la discussion sur la découverte des mutants par rapport aux humains ne prêtait pas à sourire, loin de là. Meaghan était juste reconnaissante que Rosalee la remercie. Après tout, entre mutants, autant se donner des conseils. Qui sait ce qui pourrait advenir de leur "race" le jour où tout changerait. Est-ce que, comme dans les fictions, les scientifiques feraient des expériences sur eux ? Cette idée donna des frissons dans le dos de Meaghan, qui chassa rapidement cette image glauque de son esprit.

Rosalee aurait été plutôt utile chez les damnés et Meaghan ne se gêna pas pour lui faire savoir. Elle n'essayait pas de manipuler ses choix pour l'attirer dans le clan, non. Elle voulait juste être très franche. Puis, en dehors de Clyde, elle n'avait pas vraiment d'amis à qui se confier. Une fille aurait pu être de bonne compagnie pour certains sujets. En tout cas, Rosalee ne sembla pas vexée par son avis. Elle en souriait même. « Je te remercie, peut-être un jour, si je sais une chose sur le futur, c’est qu’il n’est jamais figé. » Et elle avait raison. Le futur n'était jamais figé. Jamais. Meaghan enchaîna rapidement avec une question de curiosité. Elle voulait savoir comment Rosalee avait connu Clyde. « Non rien d’indiscret. Un soir je suis passé dans son club un peu par hasard, je revenais d’une exposition, j’avais encore le programme dans les mains. Je ne me rappelle plus comment mais il est venue me parler et de fils en aiguilles et bien voilà. Sinon il y a des choses que tu aimes faire dans la vie, des passions ? » Ah oui, le club de Clyde. Parfois, Meaghan oubliait qu'il en gérait un. Elle devrait y passer, un de ces jours.

Si elle avait des passions ? Par le passé, Meaghan avait eu beaucoup d'occupations. Aujourd'hui, elles consistaient juste à servir les damnés et les clients du club. « J'aime beaucoup lire et chanter. Sauf qu'en ce moment, mes occupations se résument à aider les damnés dans des missions de recrutements. » Elle marqua une pause avant de reprendre. « Mais oui, j'ai une petite passion depuis toujours. J'adore dessiner. Peindre, aussi. » Meaghan observa l'heure sur sa montre puis Rosalee. L'orage semblait être calmé. « Est-ce que tu as encore besoin de quelque chose ? Tu veux que je reste ici ou ça ira pour le reste de la soirée ? » La jeune femme ne voulait pas trop s'incruster. Elle faisait connaissance avec Rosalee mais ne voulait pas monopoliser son temps.