Little Angel || J'ai vu dans tes yeux de gosses ce que personne ne voulait voir. Je m'y suis vu comme dans un miroir, reflet d'une enfance brisée par les coups martelés. Pourtant tu papillonnais autours de moi, fascinée par mon matériel de photographie, un sourire lumineux inondant ton visage. Nouvelle-Orléan, tu avais à peine seize ans et tu semblais pas pouvoir me décrocher un mot. Mais c'était pas grave, on se comprenait sans ouvrir la bouche. Même si je roulais pas plus sur l'or que maintenant, je t'ai fait mon assistante pour deux semaines payées vingt misérables dollars la journée. C'était toujours ça de prit.

Puis j'ai dû partir vers une nouvelle ville, te laissant derrière moi. Au sens propre puisque apparemment tu avais décidé d'élire domicile dans mon coffre. Sur le coup j'ai flippé, j'ai imaginé les flics qui m'accusaient de t'avoir enlevée mais toi, pour la première fois, tu m'as parlé, tu m'as calmé. Encore aujourd'hui, je sais pas si c'était naturel ou à cause de ton don mais bon, c'est fait. On a bien tourné dans les Etats-Unis et j'ai vu peu à peu s'atténuer la douleur dans tes yeux. Te voir heureuse était tout ce qui m'importait. On a évoquer difficilement nos pouvoirs quand ils crevaient trop les yeux de l'autre et on a essayer de s'entraîner ensemble.

Mais nos avis sur la mutation nous à fait nous séparer. Toi, douce et solaire tu n'imaginais même pas comment je pouvais envisager une domination des mutants sur les humains. Je t'ai perdue un jour, dans New-York. Je t'y cherche encore, tentes de trouver ta crinière blonde parmi la foule, cherche ton sourire unique sur le visage des filles que je croise. Je suis con, c'est comme ça. J'aurais pas dû te laisser partir. On laisse pas sa famille s'en aller comme ça.

Easy Target || Tu es arrivée, seule, frêle, trop souriante et enjouée et là je me suis dit "Bingo!" j'ai trouvé mon souffre douleur. Remarques acerbes, coup dans le dos, plaisanterie mesquine, paralysie surprise, tu as eu le droit à tout. J'aime bien comme tu essayes de m'éviter, ta façon de longer les murs. Je ne connais rien de ton histoire et de tes souffrances. Mais peut-être qu'un jour tu pourrais te rebeller et me remettre à ma place...