Bang Bang la migraine, vilaine fille tu as trop bu hier soir ? On ne peut vraiment pas te faire confiance… Victoria a envie d’éclater de rire, elle ne s’en prive pas : elle est toute seule dans sa chambre avec absolument personne pour l’entendre. Comme si un seul jour de sa vie elle avait été assez dégourdie pour boire autre chose qu’un verre de soda en guise de petit extra. Pas demain la veille qu’elle deviendra pochtronne ou autre, la petite ! Mais la migraine est là, faute au stress, faute à la fatigue, faute à pleins de trucs…. Et chaque feuilles d’étalées sur son petit bureau ne font que renforcer nausées et compagnies. Elle a pas envie de bosser, Victoria, pas dans cet état… pourtant bûcher un peu sur Sartre et l’existentialisme, ça serait pas mal. De un, ça permet de se vider la tête pour la remplir par quelque chose d’intelligent et de deux, elle a quand même un examen à la fin de l’année mine de rien ?
Impossible, les mots sont flous, ils veulent plus rien dire. Plus pour elle. La jeune femme tituba jusqu’au frigo, elle but d’une traite une bouteille d’eau, sentant le liquide un peu trop glacé lui déchirer la gorge. Dieu qu’elle détestait être dans un état pareil !

Par la fenêtre, on pouvait distinctement entendre les bruits de la rue. Victoria baissa le store d’un mouvement un peu trop brutal, encore un geste de ce genre et elle le casserait sans préavis. Pas ce qu’il y avait de mieux à faire.
Elle se laissa tomber sur une chaise, le bois craqua. Un peu plus loin, la silhouette du bureau semblait la narguer… Sartre -1 – Victoria-0 ?

Arrête de faire les cent pas, ma fille, arrête donc. Ca te fait réfléchir à des trucs pas bien, à ton double dans le miroir, à ton double hors du miroir… Qui est le reflet de l’autre ? N’y pense pas, prends un biscuit et ça ira mieux. Et parce que Victoria est gentille mais très cruche, évidemment elle s’étouffe en voulant mâcher. Trop de mots dans la tête, trop de choses à faire…
La jeune femme arrive à se rasseoir, c’est presque tous les jours comme ça : prises de tête avec soi même, tout cela et puis conscience pas nette. C’est tout…

Un soupir, finalement il ne reste qu’une chose à faire : le violon. Victoria n’aimait pas le violon, c’est sa mère qui avait tant voulu à ce qu’elle prenne des cours. Victoria n’a jamais su dire non à sa mère, alors… Un air de Bartok, avec les doigts qui tremblent on joue faux, c’est normal. La jeune femme songea à balancer l’instrument par la fenêtre, et puis peu à peu le blanc total : dans sa tête, juste des notes et des mesures.
Et un silence…..

Bon Dieu….

Peu importe que la pièce soit remplie du bruit de son instrument, pour Victoria il n’y avait plus que le silence. Et lorsque enfin l’archet cessa de glisser sur les cordes, il n’y eut plus que cette irrésistible envie de pleurer.

Pauvre petite fille perdue dans une chambre miteuse, bien loin de tout, avec ses rêves et ses démons. Il n’est pas fini le gros chagrin, il ne fait que commencer…

Et surtout, surtout :

Ne te regarde jamais dans un miroir !




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