« Frappe Speed !! Mais vas-y frappe !!! »
Mes doigts se resserrèrent sur la batte tandis que j'observais le lanceur dans les yeux. Ses moindres gestes étaient pour moi une indication de la façon dont il enverrait sa balle et où. J'avais toujours été doué pour anticiper les réactions de mes adversaires et c'est pour cette raison que je fus rapidement accepté dans l'équipe. Je ne fus pas une star immédiatement, ça ne risquait pas. Le baseball commençait à gagner en popularité à la fin de la guerre et il avait déjà ses « héros ». Ma carrière sportive se joua lors d'un match en 52. J'avais 20 ans et je jouais dans l'équipe comme remplaçant depuis déjà 2 ans. Le joueur favoris s'était mal réceptionné et s'était fait une entorse à la cheville plutôt sévère. Il ne restait que moi. On m'envoya à sa place. Le stade rempli et la foule de spectateur hurlant pour oublier le contexte international me grisa. Tout sembla s'effacer autours de moi, il ne restait soudain que le batteur et moi. Ce fut la première fois que j'eus ce sentiment de voir ce qu'il allait faire de manière aussi forte. Je ne savais pas vraiment à quoi c'était dû, la sensation était étrange et pourtant, deux minutes plus tard, je terminais le tours de piste pour me faire acclamer par le stade et mes collègues. Dès lors, je fus connus et reconnus dans cet univers.
Et cela faisait maintenant 8 ans que je faisais un parcours presque sans fautes. Mais durant les derniers mois, ce sport étaient devenu pour moi quelque chose de surfait. Il me semblait en avoir tout vu et j'avais parfois marre de courir autours d'un terrain après avoir taper dans une balle. J'avais besoin de plus, j'avais besoin de nouveau. Mais ceci est une autre question, j'ai reçu des propositions pour des shooting photos...peut-être que j'y céderais...

Le fait est que Julian arrive bientôt en ville et que j'en suis tout excité. Nous ne nous sommes pas vu depuis tellement de temps. Aura-t-il changé ? Sans doute pas, je le soupçonne de ne pas aimer les changements. Après tout j'ai toujours été celui qui le tirait un peu plus vers le haut. J'espère juste qu'il sera en bonne santé...et pas aussi froid et blasé qu'il l'avait été.
Julian a toujours été particulier, même pendant notre enfance. Mais étant nés dans la même ville à seulement quelques années de différence, nous nous étions vite trouvés et nous sommes restés amis depuis...peut-être même plus que des amis. A vrai dire, il comptait énormément pour moi mais je n'avais jamais essayé de mettre un mot sur notre relation. Nous nous étions particulièrement rapproché le jour où je m'étais cassée la jambe. J'avais 12 ans et je m'en rappelle encore, c'était encore la guerre et les tensions s'étaient exacerbées. Ma mère avait peur que mon père ne revienne pas du front. Moi je préférais ne pas y penser. Peut-être que je savais déjà qu'il n'en reviendrait pas. Julian m'avait guéri par simple apposition des mains sur la blessure. Bien sûr à l'époque, nous n'avions pas compris et avions repris nos activités, mais maintenant nous savions que nous étions différents et que nous étions capables de choses que le tout un chacun ne pouvait pas faire.
Ma première expérience précéda de quelques jours seulement celle de Julian avec ma jambe. Ma mère pleurait dans le salon et je n'aimais pas la voir dans cet état. Mon père parti, elle était devenu tout pour moi et j'en prenais autant soin que possible en petit homme de 12 ans que j'étais. Je voulais qu'elle pense à autre chose que mon père, je voulais qu'elle se sente mieux, je voulais qu'elle rêve d'un monde paisible où elle pourrait peindre autant qu'elle le voudrait car c'était sa passion, dans un champs d'herbe verte avec un petit ruisseau et moi jouant avec Julian près d'elle. Je fus stupéfait de la voir soudain s'arrêter de pleurer et fermer les yeux. Elle me prit dans ses bras et me raconta exactement la même chose.
« Archi...si tu savais...je nous vois heureux toi, moi et ton ami Julian. J'aimerais peindre...oui je me vois peindre et vous riez à côté de moi. C'est ça le bonheur...n'est-ce pas Archi ? »
« Oui maman...c'est exactement ça... »
Je ne pu m'empêcher d'être content de la voir comme ça, mais j'étais à la fois effrayé. Comment avait-elle su à quoi je pensais ? Enfin, non, c'était plutôt comme si elle pensait la même chose que moi ?...non, elle rêvait, ce que je voulais qu'elle rêve. Je n'y prêtais guère plus d'attention à ce moment là mais quand un phénomène étrange se produisit avec Julian, je me remis à y réfléchir et je lui confiais également ce qui s'était produit avec ma mère.

Après le lycée, je décidais de me lancer dans le sport à haut niveau. Je jouais un peu à se nouveau sport qu'on appelait baseball et je dois dire que je n'étais pas mauvais. Mais pour pouvoir envisager une carrière, il me fallait aller aux USA...et plus particulièrement à New-York dont l'équipe commençait à prendre vraiment de l'importance. Il me faudrait donc laisser ma mère et Julian. Je pris pourtant ma décision et partit durant l'année 1950.
Ma vie a été mouvementée, mais je ne perdis jamais le contact avec Julian. J'avais fait venir ma mère à New-York en 1953 et l'avait installé dans la banlieue newyorkaise où elle était tranquillement installée. Je connus le succès, ma mère était fière de moi. Je fis beaucoup de rencontre et j'eus pas mal de relation plus ou moins sérieuse. A vrai dire, elles ne duraient jamais vraiment longtemps. Au fil des années, je m'aperçus de l'efficacité de mon pouvoir onirique. Faire rêver les gens, c'est parfois très utile. Notamment au moment de la séduction. Mon sex appeal faisait déjà bon effet et si la personne était un peu trop résistante, je jouais avant de finir par l'avoir à l'usure et par des promesses. Bref, j'aimais cette vie et elle reflétait bien ce que j'étais.

Seulement, je ne sais toujours pas le pourquoi de mes dons et l'un d'entre eux me pose de plus en plus de problèmes... J'espère sincèrement que cela s'arrangera.