De ce que l'on peut faire dans une bibliothèque [Aedis]

Mais où était ce fichu bouquin. Je regardais les indications à propos du classement par auteur, thème et je-ne-sais-quoi, je suivais les instructions jusqu'à me retrouver perdu au milieu des rayons. Un livre d'Oscar Wilde ne devrait pas être si difficile à trouver tout de même. D'accord il n'était pas américain, ni même anglais d'origine mais tout de même. Il faisait parti des plus grands auteurs de son siècle. Je plantais les mains sur mes hanches, une légère moue de consternation sur le visage quand enfin un bibliothécaire vint à moi pour me demander si j'avais besoin d'aide. Mh, pas mal le jeune homme, cheveux blonds, rasé de près...ou imberbe, il devait avoir 24 ans à tout casser. Mais je repris mes esprits en lui adressant un magnifique sourire.

« Oui, je cherche le rayon d'Oscar Wilde, je n'arrêtes pas de me perdre. Vous...pourriez peut-être m'y conduire vous-même... » demandais-je, un sourire en coin.

Le jeune homme rougit légèrement mais hocha la tête pour me mener là où je le souhaitais. Je lui emboitais le pas et en profitais pour jeter un coup d’œil à sa démarche et à ses fesses quasi absentes, c'était absolument charmant.

« Vous savez que Wilde avait un amant ? Il aimait les plaisirs de la vie...
- Ah ? Non je ne savais pas Monsieur. Le rayon est ici. »

Je souris un peu pour le remercier et passais une main sur sa joue avec douceur. Sa peau était lisse. Il releva les yeux vers moi, il n'était même pas effrayé et je pris ça pour un accord. Je me penchais alors contre lui pour l'embrasser. Au fond de la bibliothèque, il n'y avait pas grand monde pour voir ça et en être choqué. Notre baiser se prolongea, le jeune homme était loin d'être réticent et il avait même posé ses bras autour de ma taille pour m'enlacer. Je le serrais doucement en approfondissant notre étreinte. Je lui fis parvenir les bribes d'un rêve de plaisirs qui pourraient durer toute une nuit, je sentis immédiatement sa réaction physique et je souris légèrement en le relâchant doucement. Sa respiration était saccadée et son regard presque suppliant.

Je jetais alors un léger coup d’œil dans l'allée centrale, il n'y avait pas beaucoup de monde et aucun ne faisait mine de venir vers nous. Je l'entrainais alors un peu plus au fond du rayon et j'en profitais pour lui montrais les plaisirs de la vie. Je crois bien qu'il s'en souviendrait. C'est la main plaquée contre ses lèvres pour l'aider à ne pas faire de bruit que nous passâmes les 10 minutes suivantes. Nous rhabillâmes ensuite rapidement et je l'embrassais une dernière fois chaleureusement avant d'attraper Le Portrait de Dorian Gray que je connaissais quasi par cœur à force de le lire. Je filais ensuite vers le rayon des magazines pour voir les photos qui se faisait en matière de mannequins.

Le jeune homme passa derrière moi sans bruit pour rejoindre son poste à l'entrée de la bibliothèque. Je jetais un regard vers lui, il semblait bien plus épanoui qu'un peu plus tôt et j'en éprouvais une petite fierté. Les manches de ma chemise remontées jusqu'aux coudes par habitude, je me mis à feuilleter les magazines.

Aedis ne trainait que rarement dans les bibliothèques. Après tout, elle avait rencontrée certains auteurs de leur vivant, et avait elle-même une importante collection de livres chez elle. Elle préférait tout autant acheter les ouvrages qu'elle n'avait pas, étant ainsi sûr que personne n'avait posé dessus ses doigts boudinés, graisseux et sales. Mais certaines œuvres étaient introuvables même dans les meilleures librairies, et aller dans une bibliothèque se révélait être la seule et unique solution, à moins de commander, ce qui mettrait immanquablement un certain temps. Et du temps, elle n'en avait pas vraiment, alors elle allait mettre ses principes de côté, et aller à la bibliothèque. Néanmoins, si elle n'aimait pas lire ou emprunter des ouvrages étant déjà passés entre plusieurs mains, elle adorait les bibliothèques en elle-même. C'était des lieux de calme, de culture, et de ces sages rayonnages de livres ressortaient tout ce que la jeune femme avait connu de sa vie, les évolutions, les changements, les régressions parfois... Elle trouvait aussi que les bibliothèques étaient un moyen inégal d'accéder à la culture quelque soit son niveau social, ce que n'offrait pas un librairie, elle le concédait.
Elle entra donc dans l'imposant bâtiment de pierre, habillée d'un pantalon noir et d'une chemise de coton blanc. Elle avait de simples mocassins au pied, et ses cheveux fraîchement coupés lui tombaient en cascade blonde sur les épaules. Saluant les demoiselles qui s'occupaient des emprunts et des retours, elle s'avança entre les rayonnages, sachant exactement où était ce qu'elle cherchait. Ah, le système Dewey. Une sacrée chose qu'on avait inventé là. S'enfonçant dans l'allée des 100 (philosophie et psychologie), puis dans la sous-allée 130 (paranormal), elle commença à fouiller quand elle entendit un bruit de pas. Surprise, sur la défensive, elle vit le bibliothécaire marcher vers l'entrée du bâtiment, l'air heureux. Par contre, ses vêtements paraissaient un peu chiffonnés, et sa chevelure trop ébouriffée pour que ce soit naturel. Intriguée, décidant de remettre les recherches de son livre à plus tard (après tout, elle avait tout son temps), elle s'avança dans la direction d'où venait le bibliothécaire. Elle ne croisa personne, et se ravisa quand elle arriva à l'espace -bondé- des magazines. Jeunes, moins jeunes lisaient là, choisissaient les torchons à ramener chez eux... Elle fit donc faire demi-tour en haussant les épaules, et marcha un peu, quand elle aperçut un jeune homme qui lui semblait familier, complètement dans une autre allée. L'observant quelques secondes, elle dut se retenir pour ne pas lâcher un petit cri de surprise. Souriant, elle s'approcha de lui, et prit la parole :

- Et bien, Speed, on se documente ? Je ne m'attendais pas à te voir là.

Elle avait rencontré Archibald Vaughn quelques mois auparavant, par le biais d'une des membres du Club des Damnés, Gwen. Il lui avait paru sympathique, mais Aedis n'avait malheureusement pas eu le temps de faire plus ample connaissance avec lui. Elle savait simplement quel était son pouvoir (c'était presque immanquablement la première question qu'elle posait à un mutant), et qu'il n'avait pas pris parti dans la petite gué-guerre entre le Club et les deux enquiquineurs de service. Elle pensait même, mais n'en était pas sûre, qu'il ne connaissait l'existence ni de l'un, ni des autres.
Regardant le livre qu'il tenait, elle sourit :

- Très bon choix...

Laissant sa phrase en suspend, elle sourit, attendant sa réaction.

Dans l'ensemble, le style des photos n'était pas laid. C'était même plutôt correct, voire plaisant. Les femmes étaient savamment mises en valeur, et les hommes aussi. Bon, les modèles étaient bien choisis aussi, forcément et j'étais plutôt fier que l'on m'ait demandé à moi aussi d'entrer dans cet univers bien différent de celui du sport. Mais j'étais de plus en plus tenté et ce serait une bonne transition entre les deux. Le baseball n'était plus pour moi, j'avais fait mon temps, j'étais devenu populaire grâce à lui et je reconnaissais que je lui devais tout. Cependant, il me fallait laisser de la place aux jeunes qui arrivaient et qui étaient également très prometteur.

Les pages défilaient devant mes yeux et plus ça allait, plus j'étais sûr de moi. Mon prochain match serait le dernier, j'espérais que Julian puisse y assister. Il faudrait que j'aille le voir pour le lui demander avant d'annoncer officiellement ma retraite sportive. Je voulais qu'il me voit jouer au moins une fois, oh pas pour mon égo ça non, mais par fierté. Je voulais qu'il soit fier de moi, je voulais qu'il m'encourage et voit ce que j'étais devenu. L'avis des gens m'importaient peu, l'avis de Julian en revanche était le seul que je reconnaissais.

Une voix s'éleva alors derrière moi, je fis volte-face, le magazine ouvert dans les mains et je souris à la jeune femme. Quelle surprenante rencontre dans une bibliothèque mais je n'en étais pas mécontent.

« Aedis Darrek ! C'est un plaisir de te revoir. »

La jeune femme blonde était une jeune femme blonde. Nous nous étions rencontrés par l'intermédiaire de Gwen, un jour où j'allais la voir, elles se trouvaient ensemble. Or, pressés par le temps puisque nous allions au cinéma, je n'avais pas pu faire plus connaissance que cela avec elle. Gwen m'avait expliqué qu'elle n'avait pas l'âge qu'elle paraissait avoir et l'anecdote me fit sourire. Avoir vu tout ce qu'elle avait vu, elle devait être d'une charmante compagnie avais-je pensé.

Et aujourd'hui, ma curiosité pourrait probablement en être satisfaite. De toute façon, c'était toujours agréable de discuter avec une jolie femme. Je ne m'en privais jamais et mon sourire leur plaisait en général. C'était un bon moment pour tout le monde.

« Vous êtes connaisseuse ? Je le connais par cœur, mais je ne me lasse pas de le lire. Et l'ambiance des bibliothèques colle particulièrement bien à son écriture. »

Je refermais le magazine et le reposer sur son étagère avant de m'éloigner un peu des gens en pleine lecture pour pouvoir discuter avec la jeune femme sans trop déranger la fonction principale du lieu.

Speed se retourna brusquement, et un sourire naquit sur ses lèvres quand il vit la demoiselle. Elle sourit franchement, tout de même heureuse qu'il ait su remettre un nom sur son visage. Elle-même faisait parfois semblant de reconnaître les gens après qu'elle se soit fait accostée, bien qu'elle s'excuse elle-même par le fait qu'elle ait rencontré un nombre presque incalculable de personnes durant sa vie. C'était d'ailleurs un problème quand elle voulait se souvenir de quelqu'un de précis. Son Gauvain, par exemple : elle pensait à lui de temps en temps, et essayait de se remémorer les moments qu'ils avaient passés ensemble. Et plus le temps s'écoulait, plus le visage du jeune homme s'estompait, ses traits se confondaient avec ceux d'autres personnes, elle le voyait parfois vêtu à la mode du XVIIème, ou parlant une langue différente que l'anglais médiéval.

- Le plaisir est réciproque !

C'était vrai. Après tout, quitte à passer une ennuyeuse soirée à lire des livres anciens et terrifiants, autant se préparer psychologiquement en passant une agréable après-midi en bonne compagnie. Le laissant continuer, elle acquiesça :

- Je connais plus ou moins bien Oscar Fingal O'Flahertie Wills Wilde. C'est le genre de personne à laisser un souvenir impérissable. Ne serait-ce que son œuvre, avec le livre que vous avez là en main, et l'extrêmement connu Fantôme de Canterville. Je comprends qu'on puisse vouloir relire ces livres.

Elle ne releva pas sa phrase sur l'atmosphère des bibliothèques, car pour cette question elle n'avait pas vraiment d'avis. Un bon intérieur de pierre, avec une cheminée, un fauteuil en bois et un tapis bien poilu, voilà quelle était l'atmosphère idéale pour lire un livre. Enfin, la plupart du temps. La seule exception qu'elle concédait concernait la trilogie de Fondation d'Isaac Asimov, sortie il y avait quelques onze années de ça.
Elle regarda Speed refermer le magazine et le reposer, avant de s'éloigner un peu des personnes assises là, qui lisaient tranquillement et/ou leurs jetaient des regards noirs dès qu'ils s'avisaient ne serait-ce que d'ouvrir la bouche. Elle le suivit, et ils s'avancèrent jusqu'à une allée déserte. Poésie, peut-être ? A moins que ce ne soit le Droit ? Ou Gestion et services auxiliaires ? Elle ne prit pas le temps de regarder, elle s'en moquait. Se retournant vers Speed et s'adossant contre un mur, elle continua :

- Vous avez l'air en forme. Tout va bien j'imagine ?

Certes, elle n'avait pas vraiment d'imagination pour ouvrir les conversations, certes c'était un peu bateau. Mais il fallait bien commencer le dialogue d'une façon ou d'une autre, non ?

Les lecteurs du coin magazines nous jetèrent un regard noir lorsque nous éloignâmes. Décidément, le commun des mortels se vexait de tout. Je me demandais parfois comment se faisait-il que l'ulcère à l'estomac n'était pas la cause numéro un de mortalité. Mais non, l'être humain était un organisme incroyable qui pouvait être capable des pires choses comme des meilleurs (et je parlais des gens comme moi et Julian aussi). Je leur jetais un coup d'oeil avec un sourire en coin avant de rejoindre Aedis Darrek. C'était dans ces moments là que j'avais envie de crier par exemple que je venais de faire l'amour à Jonathan le bibliothécaire et qu'il avait adoré ça. Mais je me retins. Il aurait été mal vu de me faire remarquer dans une bibliothèque et d'autres part, j'étais en pleine conversation avec la jeune femme. Cela aurait été un manque total de respect, je devais l'avouer.

Je fus content qu'elle connaisse un peu Oscar Wilde, un grand écrivain et un grand homme que j'aurais aimé connaître. J'étais certains que l'on ce serait bien entendu tous les deux, une petite intuition que j'avais et mes intuitions s'avéraient souvent exactes. Encore que là, il serait bien difficile de pouvoir le vérifier soit-dit en passant. Enfin, elle connaissait un minimum ses écrits et j'en étais content, un sujet de conversation que nous pourrions avoir sans aucun problème. Quoique, avec les polémiques ayant tournées autours de son homosexualités, on était jamais sûr qu'il n'y aurait pas de problème dans une discussion. A vrai dire, on ne me parlait pas beaucoup de littérature en général, il fallait croire que ce n'était pas un sujet pour les sportifs, et pourtant. Nous n'étions pas tous aussi bêtes.

« Oh vous avez lu ses ouvrages alors ?! Enfin, après tout, il fait parti des classiques, il est bien normal de l'avoir lu lorsque l'on a un minimum de culture générale. »

Je lui adressais un sourire avant de regarder l'allée dans laquelle nous nous trouvions : Physique. Ah. Ça va que c'était pour nous éloigner des gens, sinon, je n'avais vraiment rien à faire ici. Les chiffres étant en soi une grande énigme pour moi, bien plus que mes pouvoirs.

« Je suis toujours en pleine forme Aedis ! » Je lui répondis d'un grand sourire avant de continuer. « Le sport maintient en forme, j’espère que vous pratiquez un minimum, ne serait-ce qu'un footing tout les matins. »

Bon évidemment je la taquinais. Les femmes avaient beau vouloir jouer aux hommes, elles n'avaient jamais été attirées vraiment par le sport et je supposais que peu d'entre elles faisaient de l'exercice dans le simple but de se maintenir en forme. Ça ne les rendait pas moins belles, surtout celles au caractères de feu comme Gwen.

« Et vous alors ? Vous allez bien ? Je vois que vous n'avez pas trouvé le livre qu'il vous fallait....que cherchiez vous ? » Demandais-je poliment.

Le jeune homme à l'entrée nous regardait, je lui rendis son regard accompagné d'un sourire avant de reporter mon attention sur Aedis.

Speed semblait heureux d'entamer une conversation littéraire avec Aedis. Elle de même, mais dans une moindre mesure sans doute. Elle ne voyait que peu de monde, si l'on exceptait les membres du Club, mais ces derniers ne manquaient pas de culture. Il fallait concéder pourtant qu'ils n'avaient guère le temps de parler littérature, ils étaient un peu trop occupés à ourdir de sombres machinations pour éloigner les Xmen, et précipiter leurs plans. Aedis avait pris du recul par rapport à ça, peu motivée à se battre contre des confrères, bien qu'elle reconnaisse que la cause humaine n'était en aucun cas défendable. En entendant la remarque du sportif sur Oscar Wilde et la culture générale, elle ne put retenir un petit rire. Si elle avait lu ses œuvres ? Oh oui, et elle avait même eut l'honneur de lui parler lors d'une soirée.

- Oui, en effet... Ce n'est pas l'auteur que je préfère, mais ce sont des œuvres non négligeables qu'il a laissé. Elle fit une petite pause, et reprit, sourire aux lèvres : La culture générale est une chose qui se perd, malheureusement... Attendons seulement une cinquantaine d'année, et voyons si les gens en savent toujours autant... Depuis quelques temps, j'ai l'impression que nous régressons...

Mais ça datait de plus que "quelques temps", en réalité. L'humanité devait progresser par petits bonds d'avant en arrière, la jeune femme ne voyait que ça. Il suffisait de prendre un exemple concret, l'hygiène. Pendant le Haut Moyen Âge, quand elle était née, c'était quelque chose d'extrêmement important. Jusqu'à la fin du Bas Moyen Âge, elle avait vu les bains publics se multiplier, jusqu'à ce que l'Église s'en mêle, et les déclare hérétiques, à cause de la prostitution qui y prospérait. La Renaissance avait été une période loin de tous les clichés qu'on y véhiculait, une période d'insalubrité, ou puanteur rimait presque avec rang social. Elle finit par sortir de ses obsolètes pensées en faisant une remarque sur l'énergie du jeune homme. Sa réponse la fit sourire, et elle continua :

- Oui, c'est vrai ! Que vous soyez sur le stade ou ici, vous semblez extrèmement en forme. Puis, répondant à sa question, elle ajouta : Je fais beaucoup de sport, mais pas de footing... Je suis plutôt axée sur les sports de combat occidentaux.

En clair, elle maniait l'épée dès qu'elle avait un temps de libre. C'était le principal lien qu'elle avait avec ses origines, et elle ne comptait pas le perdre. C'était d'ailleurs l'une des rares choses qui lui permettait d'aller sur le terrain, puisque ses pouvoirs n'étaient pas offensifs, et donc d'aucune utilité.

- Oui, je vais bien aussi, merci ! En fait, je cherchais un ouvrage plutôt ancien, le Necronomicon... J'aurais besoin d'y faire quelques recherches, mais il est devenu introuvable...

La nature de ces recherches, Aedis elle-même ne la trouvait pas très définie... Elle espérait justement en savoir plus en parcourant l'ouvrage, voire simplement en le survolant. Quant à le lire, elle essaierait de ne pas y penser...

- Vous cherchiez encore autre chose, mis à part le roman d'Oscar Wilde ?

Après tout, elle l'avait peut-être coupé dans ses recherches...

La jeune femme avait beau avoir l'air jeune, elle ne manquait pas de surprise. C'en était même particulièrement désarmant. En la regardant, on ne soupçonnait pas une jeune femme cultivée, sportive et faisant des recherches sur le Necronomicon. Et je devais bien avoué que mon manque d'étude me faisait sentir à quel point j'étais un sportif avec peu de savoir car cet ouvrage me disait bien quelque chose mais je ne savais absolument pas de quoi il retournait. Elle s'en doutait probablement car mon expression fut sans doute guère éloquente. Je souris néanmoins à ses propos. Du sport de combat, elle me rendait curieux et je devrais m'en souvenir pour lui poser plus de question par la suite à ce sujet. Je secouais légèrement la tête à sa dernière question prenant appuis sur une étagère de la bibliothèque.

« Non je flânais simplement, j'aime bien cet endroit et...on y fait de charmantes rencontres » ajoutais-je en pensant au jeune bibliothécaire qui se trouvait à l'entrée et n'osait plus en bouger.

Un sourire pointa sur mes lèvres en y repensant mais je reportais vite mon attention sur Aedis qui faisait également partie des charmantes rencontres en question même s'il s'agissait d'une moins biblique que la précédente.

« Le Necronomicon ? Lovecraft le mentionne je crois ?... Je n'en ai pas plus entendu parlé que cela, pardonnez mon ignorance. »

Je souris en me redressant parcourant des yeux l'étagère qui se trouvait à ma hauteur, je fis glissais mon index sur les ouvrages qui s'y trouvaient avant de la regarder une nouvelle. La couleur de ses cheveux tranchait particulièrement avec l'aspect plutôt sombre de l'endroit. J'avais parfois l'impression que la lumière venait d'elle, mais ce n'était qu'une impression bien évidemment. Est-ce qu'une personne pouvait produire de la lumière ? J'étais sceptique. Mais après tout, je maîtrisais bien les rêves, Julian guérissait les blessures. Je devais abandonner mes préjugés et ouvrir mon esprit. Tout était possible n'est-ce pas ? Je vivais dans une époque où tout était en train de changer, d'une façon ou d'une autre.

« Alors vous faites du sport de combat ? Serais-je trop impoli si je vous demandais lesquels ou lequel exactement ? Il est rare de voir une femme pratiquer ce genre de sport... »

Je lançais un regard en dehors de la travée dans laquelle nous nous trouvions. J'avais bien envie de laisser mon adresse au jeune homme. Les non-initiés étaient bien tentant et il serait encore timide pour quelques fois même si ce serait tout de même bien différent qu'une première fois. Je me mordis légèrement la lèvre et sortis un papier de ma poche sur laquelle j'inscrivis mon adresse avant de le mettre dans ma poche. J'avais l'habitude de faire plusieurs choses à la fois et écouter Aedis en même temps ne me posait pas de problème, je ne ratais pas une miette de ce qu'elle me disait. Sa conversation était fort intéressante par ailleurs.

« Excusez-moi, juste un petit mot pour mon ami, je le lui remettrais en partant tout à l'heure » dis-je en guise d'excuse.

Après tout, la politesse ne me faisait pas défaut malgré mon allure vive et effrontée.

Aedis hocha la tête. Il lui semblait bien qu'il avait autre chose en tête que sa rencontre avec elle quand il disait ça. Mais quant à savoir ce que c'était... Bah, ce n'était pas important.
Elle sourit en l'entendant parler de Lovecraft, et hocha la tête :

- Oui, c'est exact... Je n'en sais pas beaucoup plus que vous, mais certains passages se révèleraient être intéressants, je suppose. Quoique je n'ai pas vraiment envie de jouer aux apprenties sorcières...

Là, elle partait dans le racontage de vie, ce qui n'était pas forcément intéressant. Surtout qu'on retombait souvent sur des platitudes. Ils changèrent quelque peu de sujet, passant sur les sports qu'elle pratiquait. Elle secoua la tête en riant :

- Ne vous inquiétez pas, j'ai vu pire comme impolitesse au cours de ma vie ! Je fais de l'escrime, et je peux sans me vanter dire que j'ai atteint un niveau plus qu'exceptionnel. Je fais aussi de la boxe et un peu de lutte.

Le catch l'avait intéressé un temps, mais ce sport était beaucoup trop scénique pour elle. Quant aux arts martiaux orientaux... Elle verrait ça quand elle aurait atteint une meilleure maîtrise de d'elle-même et un meilleur niveau en boxe, par exemple. Elle avait déjà pris quelques cours de capoeira, mais préférait se perfectionner domaine après domaine. Elle avait le temps, après tout.
Pendant qu'elle parlait, elle le vit griffonner quelques mots sur un papier, mais ne regarda pas particulièrement. Elle ne s'en offusqua pas, s'il faisait les deux, c'était son problème. De toute façon, ce qu'elle racontait n'était pas si intéressant que ça, et ça faisait longtemps qu'elle avait appris à passer outre. Il s'excusa néanmoins, ce qu'elle trouva louable de sa part.

- Pas de problèmes ! Vous n'êtes pas obligé de vous justifier.

Elle eut un petit sourire :

- Mais je vous excuse, n'ayez crainte.

Elle fit quelques pas, visiblement, elle ne trouverait pas ce qu'elle cherchait ici. Après tout, c'était peut-être un simple mythe ? Malgré ce qu'avait dit l'auteur lui-même [NDLR : certes, certes, il y a anachronisme], elle doutait que ce soit le cas. Lovecraft n'était pas le seul à en parler, et il n'y a pas de fumée sans feu. Se tournant vers Speed, elle sourit :

- Est-ce que vous jouerez bientôt ?

Peut-être irait-elle le voir la prochaine fois... Ça faisait longtemps qu'elle n'avait pas assisté à un évènement sportif.

[HRP : Je suis désolée de l'attente, j'essaierais de faire mieux la prochaine fois]