QUI JE SUIS ?
♣ Savannah Jane Harmegnies
TUMBLR 04 août 1939
Il y a toujours une première fois- Je veux un suçon maman !
- Non chérie, on soupe bientôt, ça va couper ton appétit.
- Allez s’il te plaît…
La petite fille s’avança tranquillement, tirant sur la robe de sa mère et exigeant encore une fois son suçon. Après un nouveau refus, les larmes lui montèrent aux yeux et elle commença à pleurnicher. Il faut dire qu’elle a une éducation sévère, où les caprices d’enfants gâtés sont vite réprimés. Oh bien sûr, elle ne manque de rien, en enfant unique si précieuse à ses parents… Mais un non est définitif, à moins que…
Sa mère se pencha pour essuyer ses larmes tandis qu’instinctivement, Savannah lui toucha la joue, en murmurant d’une voix ferme qui ne lui ressemblait pas : je veux un suçon tout de suite. Étrangement, la femme se leva sans un mot, dans une espèce de transe, chercha un suçon dans la cuisine et le tendit à sa fille. Perturbée, ne comprenant rien de ce qui s’était passé, la petite ne remarqua même pas sa victoire sur l’autorité. Elle regardait sa minuscule main devant elle. De petits chatouillements lui parcouraient le bras et elle se sentait…
Différente.
18 juillet 1947
On n’oublie jamais notre premier baiser- J’ai passé une superbe soirée Savannah.
- Oui, moi aussi.
Les étoiles brillaient au-dessus de leurs têtes alors que les deux jeunes tourtereaux revenaient du cinéma. C’est qu’il y a longtemps qu’ils se tournent autour… Après les inquiétudes parentales et enfin la permission, ils s’étaient finalement fixé rendez-vous en cette soirée magnifique. Aucun des deux ne regrettait chaque moment passé et espérait secrètement qu’il y en aille bien d’autres.
Les yeux émeraudes fixaient intensément ceux de Savannah alors que le garçon s’avançait doucement vers elle. On l’avait bien averti : surtout, ne rien brusqué. Une fille, c’est compliqué! Il commença par chercher sa main, mais elle la retira brusquement :
- Je suis désolée, il vaut mieux pour toi que tu ne me touches pas.
- Je..eh, je ne comprends pas?
- Va-t’en.
Savannah s’enfuit, les larmes coulant sur ses joues et maudissant le pouvoir qui sommeillait en elle.
3 novembre 1952
Si c’est seulement comme cela que ça fonctionne…- Je veux une voiture maman !
- Alors ramasses-toi de l’argent en travaillant.
- Mais ça sera tellement long…
Savannah s’approcha furtivement et essaya de toucher doucement l’épaule de sa mère :
- Oh ça NON ! s’exclama sa mère. Interdiction d’utiliser ça contre moi, ni contre ton père, tu le sais très bien. Comment oses-tu, après tout ce que l’on fait pour toi.
- Je sais… Je suis désolée, parfois je n’y pense même pas, c’est comme par instinct.
- Bon. On en reparle plus, vas te trouver un emploi à place.
Un mois plus tard, après cinq entrevues qui n’aboutissaient à rien, Savannah commençait à perdre espoir. Elle essayait du mieux qu’elle pouvait, croyant toujours que tout c’était bien passé, mais elle n’avait jamais le coup de fil qu’elle attendait impatiemment, porteur de bonnes nouvelles.
Il lui restait une entrevue, aujourd’hui même et elle était prête à tout, pour décrocher l’emploi.
- Oui bien sûr, je suis énormément motivée à travailler dans votre boutique de vêtements. C’est exact mon style et je saurai bien conseiller vos clients.
- Je n’en doute pas une seconde, mais c’est que je te trouve un peu jeune pour un tel emploi.
- Allez, s’il vous plaît monsieur, j’ai vraiment besoin de cet emploi.
En disant cela, Savannah toucha accidentellement le bras du gérant, le regardant droit dans les yeux. Elle savait d’instinct qu’elle aurait le travail. Mais était-ce de la triche? Une idée germait dans mon esprit...
De nos jours…Je ne suis plus cette personne qui utilise ses pouvoirs à des fins personnelles. J’ai appris à contrôler mon instinct, dominer mes envies. Bien sûr, il y a des fois qu’elles sont trop fortes, que je ne peux m’en empêcher, mais que puis-je faire? C’est dans ma nature, pourquoi m’y opposer… J’ai également pris connaissance d’un nouveau pouvoir : celui d’influencer l’humeur des gens qui m’entourait. Je ne le contrôle pas parfaitement. Bien sûr, je peux décider qu’ils soient tous très joyeux en cette journée, ce n’est pas bien compliqué, mais quand je ressens une émotion trop forte, je perds le contrôle et ils prennent tous mon état d’esprit. Enfin…
J’ai entrepris des études en droit, grimpant lentement les échelons sans jamais utiliser mon don. C’est que je suis plutôt bonne pour argumenter, défendre une cause qui me tient à cœur. J’ai rapidement appris à avoir toujours le dernier mot dans mon domaine, ce qui m’a valu une place de choix dans un grand cabinet privé de New York. J’ai donc emballé mes affaires et au revoir ma belle Californie ensoleillée et bonjour la grosse pomme !
J’ai gagné plusieurs affaires comme j’en ai perdu plusieurs, mais j’apprends toujours de mes erreurs. C’est ce qui fait ma force.
Puis, il y a eu cette rencontre inattendue, qui est venue briser ma routine structurée qui s’était établie depuis 2 ans : Charles Xavier et Erik Lensherr. Jusqu’à présent, j’étais persuadée d’être la seule dans mon cas, à avoir ce mystérieux plus que personne ne soupçonne. Ils m’ont prouvé le contraire. Je les ai suivi, méfiante, à ce qu’ils appellent la X-Mansion, où ils affirment que je pourrai développer et apprendre à mieux contrôler mes pouvoirs. J’y ai même élue domicile, à leur demande… Je les ai écoutés parler pendant des heures, essayant de me rassurer. Mais ils n’ont pas encore réussi complètement. Et si c’était une grosse erreur de les avoir suivis? Il faudra être très convaincant avec moi…