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 E malo nascitur omne malum [Damian Thompson]

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E malo nascitur omne malum [Damian Thompson] Vide
MessageSujet: E malo nascitur omne malum [Damian Thompson]   E malo nascitur omne malum [Damian Thompson] Icon_minitimeJeu 7 Juil - 14:50


Kirieh Eleison…

Kirieh Eleison…

Il pleuvait sur la ville comme il pleuvait sur son cœur un tout petit peu aussi. Et aucun des pavés ne parvenaient à retenir ses semelles de douleurs : Victoria courait à en perdre la raison. Où est mon esprit, où est mon corps, où est ma vie ? Derrière la pluie, il y a les ténèbres. Pourtant il fait encore jour, oh bien sûr qu’il fait jour, petite fille !
Elle ne pouvait plus voir la lumière, il n’y avait que les ténèbres en son front, ceux de ses remords, ceux de ses péchés, alors pourquoi espérer le soleil ?
Il y a une jeune femme qui court, là sur le trottoir, elle a le bord des yeux rouges mais ce n’est pas parce qu’elle a pleuré…. Non, celles qui pleurent, ce sont les petites filles et Victoria n’en était plus une, n’est-ce pas ?

Des larmes de début d’après midi, celles qui ne sont pas du matin, chagrin, celles qui ne sont pas du soir, espoir. Et ça faisait comme un crescendo de violon dans sa tête, lorsque les cordent montent, montent… ET PUIS CLAC

Aujourd’hui, seule dans sa chambre, Victoria avait prit le temps d’étudier un peu. Il y avait tout pour une journée tranquille : la radio d’allumée, une assiette de biscuits et une théière pleine. Des cours qui s’apprenaient comme ci, comme ça, la normalité ? Alors pourquoi, oh pourquoi ça ?!
Une tasse de thé, ce n’est rien… On ne peut y croiser rien d’autre qu’un reflet ridé de soi-même aux fortes effluves de menthe (Victoria adorait le thé à la menthe), et c’est là tout le tragique de cette histoire.

Un reflet, qui est le reflet ? Et des souvenirs dans sa mémoire, et des flash dans sa tête : ces doubles d’elle-même qu’elle pouvait faire apparaître, disparaître comme une démiurge toute puissante ! Oh tous ces meurtres sur ses mains, ces meurtres d’elle-même… Et qu’est-ce qui était réel, hein ? Est-ce que la vrai Victoria vivait toujours, est-ce qu’un reflet n’avait pas pris sa place avant de la faire disparaître d’un claquement de doigt ?!

Perdue, terrorisée, Victoria était sortie abandonnant dans la chambre les vestiges de sa vie normale pour courir vers l’oublie de la rue. Au bout d’un moment, sa course folle se calma, pas son esprit. Quelque chose battait à ses tempes : remords, migraines, sang ? Elle ne savait pas, dans le fond cette fille là elle savait pas grand-chose. Et puis cela se calma alors qu’elle passait près du silence d’une église.

Victoria connaissait ce bâtiment, elle connaissait le prêtre, quelques paroissiens aussi, et tout lui apparaissait comme caché derrière une vitre en tain. Est-ce qu’entrer la ferait s’apaiser un instant ? Odeur d’encens dans les narines, lumière ténue sur la gloire des vitraux et boule dans la gorge… La jeune femme s’avança le long de la nef, elle pensa Nietzsche, à son « Dieu est mort », elle pensa à Freud et à son « Père universel » et puis elle ne pensa plus, plus envie. Dans la poche de son blouson, de la monnaie. Assez pour prendre un cierge, elle en alluma la flamme avec l’impression que sa vie à elle s’éteignait encore une fois. Est-ce que chacun de ces cierges représentaient-ils une vie propre ou bien n’étaient –ils que des reflets d’un seul et unique cierge, une seule et unique conscience ?

Contre les murs, la silhouette d’un confessionnal menaça de la dévorer. Dieu, es-tu donc si injuste ? Elle ne voulait pas dire ses péchés : pardonnez moi mon père car j’ai péché, car j’ai tué, car je me suis tuée… Des dizaines et des dizaines de suicides, mon père, vous imaginer ?

Finalement, Victoria s’assit sur un des bancs, plus morte que vive. Elle regarda ses mains sans les voir, se demandant si elle se rappelait encore des bons gestes pour prier. La vie, ça fait mal vous savez ?
Il faisait froid dans l’église. Lorsqu’on frissonne, on est vivant ? Et puis d’ailleurs, c’est quoi être vivant ?
Le parfum particulier du lieu la berçait, elle ne somnolait pas, elle reprenait juste peu à peu ses esprits, seule avec Dieu. Et là dehors l’attendait la solitude : Sa solitude, seule avec elle-même oui. Elle qui craignait plus que tout de se regarder dans un miroir…
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MessageSujet: Re: E malo nascitur omne malum [Damian Thompson]   E malo nascitur omne malum [Damian Thompson] Icon_minitimeLun 11 Juil - 18:08


    Assis, dans un petit bureau, tout de pierre et de bois.

    Qu'était-il censé faire ?

    Le matin, Damian se réveillait avec le sentiment que tout pouvait changer, toujours. Combien de fois s'était il traité d'idiot déjà, à chaque fois que le sourire chaleureux et le regard doux avec lequel il aurait du passer le reste de sa vie s'effaçait au profit d'un rictus amer. Quel petit séminariste aurait cru que leur foi ne serait pas tant un réconfort, un cadeau, une réponse, ou quoi que ce soit en quoi ils croyaient, qu'une bataille sur le mal profond qui rongeait l'homme, qu'on le nomme drogue, alcool, adultère, assassinat, ou simplement... indifférence.

    Pour éviter le contact on compulsait des livres, on s'accrochait désespérément aux pages sacrées ; tout en sachant que ce qu'on a à faire nous attend là dehors. Tout en ressentant profondément dans ses entrailles que la tâche était certainement déjà perdue d'avance.

    Damian finit tout de même par sortir et parcourir les allées de cet édifice dans lequel il opérait, édifice qu'il appelait difficilement son église, tant ses échecs, ses doutes et ses peurs suintaient des pierres. Quelques âmes silencieuses étaient là, pour parfaire son sentiment de solitude. Gris recueillement.

    L'instant où Victoria passa les portes, Damian le repéra. Un poids de plus à soulever ; celui là, pourtant, il s'en sentait la force. Jeune fille sans malice, ainsi la voyait-il, qui souffrait, plus que beaucoup, autant que certains, du don que Dieu avait décidé de lui faire, à elle aussi. Quelques fois elle était venue, autant de fois repartie : la paix durable ne lui appartenait pas. Pas encore.

    Attendant qu'elle se soit installée, laissant passer le temps de sa prière, si elle en avait une, il vint s'asseoir près de la demoiselle, et sans la regarder, murmura.

    « Je ne saurais dire si je ne te vois que trop peu, ou trop souvent, Victoria. »

    Vrai, Victoria n'était pas de ces dévotes trop assidues qui adoraient un Dieu terrible, qui punissait sans transiger tout manquement à la cérémonie d'une longue prière quotidienne, à genoux ou recroquevillées, dans leur insignifiance avouées, leur étroitesse d'esprit ; une chance ? Mais chaque fois, lèvres serrées, cheveux fous, ou souffle saccadé par une longue course... Si elle ne venait que lorsqu'elle se perdait en route, Damian pria pour ne jamais la revoir. En attendant, il chercherait sa main pour essayer de la reconduire sur sa voie.

    « Dieu sait ce qui te hante. Lui demandes-tu encore de te pardonner ? »

    Lui demandes-tu de t'aider ? Lui demandes-tu de briser tous les miroirs qui te font si peur ? Lui demandes-tu le pouvoir de ne pas souffrir ?

    Voudrais-tu toi aussi le pouvoir d'oublier...
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E malo nascitur omne malum [Damian Thompson] Vide
MessageSujet: Re: E malo nascitur omne malum [Damian Thompson]   E malo nascitur omne malum [Damian Thompson] Icon_minitimeMer 13 Juil - 18:45


Evidemment, elle baissa la tête, elle baissa le nez…. La voix du père Thompson ne sonnait pas comme une réprimande, pas encore peut-être, mais pour la jeune fille cela en était une. Allons Victoria, tu as déjà assez de fautes à porter comme ça tu sais ? Pas la peine de t’en rajouter…
Vieux tic de son enfance : elle se mordit la lèvre. De toute manière lorsque ce n’était pas la lèvre, c’était l’intérieur des jours. Toujours trouver un moyen de se faire souffrir, de se punir… Lentement, Victoria décroisa les mains, ses doigts encore bien crispés cependant sous le coup de l’émotion.

Est-ce bien seulement moi que vous voyez, mon Père ?

Ca y est, elle le regardait… Toujours les mêmes yeux fatigués, toujours le même visage piqueté de barbe, toujours cette expression affable mais fermée… C’est lourd les secrets, pas vrai ? Un instant, Victoria sembla prête à parler, malheureusement elle se contenta juste de secouer la tête, chassant la moindre pensée. Trop timide, trop craintive, peu de choses semblait pouvoir l’apaiser. Elle soupira, drapée dans un carcan de silence, et leva les yeux sur le crucifix. Et pourquoi penser à un vieux, vieux, vieux poème alors qu’elle tentait de plonger son regard dans celui du Christ, notre sauveur ? Victoria n’avait jamais été une grande admiratrice de Poe, même de son corbeau, alors pourquoi ce mot ?

Nevermore…

Elle était telle Jacob, tourmentée par un ange sombre et sans visage et ne sachant comment s’en libérer pour monter à l’échelle du Paradis. Son paradis à elle serait l’apaisement, elle ne parvenait jamais à le trouver. Les soucis, on tente de les oublier, on les soigne jamais. Et pleins de mots en son cœur, là où restait toujours un peu de religion, un peu de foi, parce qu’enfant elle allait toujours à l’église, parce qu’il fallait bien trouver quelqu’un au dessus de la cruauté humaine, parce que l’Homme aura toujours soif d’un amour tout puissant….

Dieu sait, mon Père, mais il ne me pardonne pas…

Alors que faisait-elle ici, à attendre ? Au fond la jeune femme ne le savait pas vraiment, qui donc pouvait se targuer de se connaître assez soi-même pour comprendre la moindre de nos réactions ?

Qu’est-ce qui a une âme, qu’est-ce qui n’en a pas ?

Finalement, Victoria s’essuya les yeux et d’une main malhabile, remit en place quelques mèches de cheveux. Un peu moins perdue qu’avant, un peu plus triste aussi, elle paraissait à présent aussi calme que désespérée.

Et résignée…

Cela se terminait souvent comme cela. Elle ne demandait pas grand-chose, elle ne savait même pas ce qu’elle pouvait demander, non elle se contentait juste d’être là, de prier parfois et de regarder toujours le monde autour d’elle : un monde religieux, politique ou bien au contraire terriblement scientifique.
Peu importe le point de vu, de toute façon, tout restait triste.

Pardonnez-moi, mon Père, je vous fais perdre votre temps…

Elle ferait mieux de retourner à Kant et consorts, non ? Allez, ne plus penser à tout ça, ne plus penser tout court. De nouveau une grimace enfantine, de nouveau un mordillement de lèvres mais tout cela est inconscient, incontrôlable. Comme ce gros chagrin là, tout au fond d’elle-même…

Et la solitude de New-York…

Et la solitude du monde…

Ego te Absolvo ?
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MessageSujet: Re: E malo nascitur omne malum [Damian Thompson]   E malo nascitur omne malum [Damian Thompson] Icon_minitime


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