Antonymes parfaits. [PV Nath']

Sujet: Antonymes parfaits. [PV Nath'] Jeu 7 Juil - 1:22

L'ambiance de l'institut était particulière pour le jeune Warren qui avait toujours vécu caché. Là-bas on l'encourageait à montrer sa mutation mais souvent l'adolescent se renfermait alors dans un mutisme contrit. Son air de fils à papa ou d'enfant trop sage voir les deux à la fois lassaient rapidement et on le laissait pour aller jouer avec les autres. Ici les jeunes jouaient avec leurs dons, commettant parfois d'irréparables dégâts. Les cours pouvaient soudainement s'arrêter parce qu'un ado se croyait malin en utilisant son pouvoir derrière le dos du prof et en cassant tout! Warren lui préférait rester seul à observer ce qui se passait. Il ne regrettait pas d'avoir quitté sa famille mais avait quand même peur d'être déshonoré, déshérité, ce n'était pas à cause de l'argent mais plutôt le fait d'être renié qui mentalement était une chose horrible à supporter.

Lorsqu'un élève trop curieux lui demanda ses dons plusieurs fois et que pour l'encourager il fit apparaître une boule de feu dans sa main, le mutant ailé recula effrayé. Il détestait cet élément depuis que son école s'était enflammée et que des élèves de sa promotion avaient failli périr y compris lui même si ce n'était pas des amis. Rajustant son manteau il s'était enfui. Désormais il errait dans les rues, songeant avec amertume à l'ironie du sort! Lui qui avait supplié son père de le libérer de ses courroies les avait gardé. Il n'arrivait pas à les retirer, c'était comme si l'absence de son père donnait plus de force à ses paroles. Il se sentait monstrueux et lui qui avait rêvé être compris, accepté, désormais qu'il en voyait d'autres, des gens comme lui, il se renfermait au lieu de prôner la tolérance... Que lui arrivait-il?!

Warren marchait donc sans but, mais il n'avait pas pensé que ce quartier était mal famé, aussi une bande de jeunes le harangua, et arrachant son manteau pour découvrir son argent, ils s'enfuirent plutôt en voyant les ailes enserrées qui même enfermées, maltraitées semblaient décidé à l'aider... Warren se mit à courir, son manteau était déchiré, il ne pouvait plus rien faire pour cacher l'aberration de la nature qu'il était. Fonçant dans la ruelle il déboucha essoufflé dans un parc; car oui il était fait pour voler, pas courir... A la limite prendre son élan comme un oiseau mais ses pieds à lui ne servaient pas à toucher terre.

L'adolescent arriva dans un endroit calme qui le rassura. Vidé de ses occupants en cette heure tardive de la nuit, l'endroit était apaisant. Une bonne odeur de nature s'élevait des lieux, relevé par une pluie récente qui donnait à la mousse une odeur puissante mais douce à la fois. S'asseyant sur un banc Warren contempla le vide. Il essayait de réfléchir à comment rentrer à l'institut sans son manteau... Et sans trop se faire remarquer une fois là-bas car il était mineur et avait malgré lui fait le mur... Chose que jamais il ne s'était permis dans son ancienne école quant tous ses camarades y prenaient plaisir.

Avoir quitté sa famille était une chose mais Warren avait dû être pris en charge par un organisme en attendant et mis sur le fait, son père n'avait pu que signer l'accord pour que l'institut soit en charge de la scolarité de son fils. Une scolarité des plus facile pour le mutant ailé qui avait connu l'école la plus luxueuse mais aussi la plus exigeante du pays. Désormais le voilà dehors, assis sur un banc comme un clochard sans son manteau. Le vent s'engouffrait dans ses ailes, ses plumes à travers la courroies suivaient son mouvement comme si elles le suppliaient de les libérer. Il n'en fit rien, tâchant d'oublier la douleur.

*Je dois penser à comment je vais rentrer. Je dois rester rationnel et me calmer! L’irrationalité m'a mené ici et à toutes ces pensées qui ne riment à rien, pareillement en ce qui concerne ce parc. Cela ne doit plus se reproduire... Bien... Comment rentrer de nuit alors... *

Et il se mit à réfléchir avec intensité malgré la douleur lancinante dans son dos. Avant le mutant les libérait pour s'endormir et présentement l'heure était d'être au lit pour un jeune de son âge sage... Or elles étaient toujours enfermées. Mais faire ceci serait se causer encore plus de problèmes pensait-il. 4,50 mètres d'ennuis en perspective... Génial... Bon alors autant éviter cette catastrophe et songer à rentrer. Perdu dans ses réflexions il n'avait pas vu venir la silhouette... Si s'en était bien une car la nuit est trompeuse et cela pourrait aussi bien être un innocent arbre qui fleurte avec le vent qu'un monstre venu d'ailleurs.

Dans son vêtement assez chic-sans être tape à l'oeil- de garçon sage et fils à papa, avec ses cheveux blonds mi long ébouriffés qui laissaient entrevoir deux grands yeux bleus égarés il avait tout l'air d'un pauvre petit angelot égaré. L'ombre en profiterait-elle? S'intéressait-elle vraiment à lui qui ne la voyait point?

Fuir n’avait jamais été dans les cordes de l’avocat. Faire face. Lever les yeux au-dessus de toutes ces têtes. Se moquer de leurs regards, de leurs pensées. Vivre pour soit et seulement pour soit, comme si le monde s’étendait à ses pieds. Voir les choses en miniature ne servait à rien sauf à ne pas avancer, à se noyer et à faire du sur-place, sans parvenir à devenir quelqu’un ou quelque chose qui pourrait être un tantinet intéressant. Il n’était pas comme ça. Il ne l’avait jamais été. Voir grand. Il avait de l’ambition, une vision bien à lui de ce que pouvait être l’avenir pour lui-même et pour eux, en général. Eux, les mutants. Eux, les différents. Eux, des futurs rejets de la société. Eux, l’avenir. Eux : l’Évolution avec un grand E majestueux.

Borné dans ses réflexions, l’homme ailé rejeta le restant de cigarette qu’il fumait, sans prendre la peine de le terminer, observant d’un air pensif, peut-être un peu rêveur, le filet blanc de fumée qui s’échappait nonchalamment du mégot. Les Hommes n’avaient plus leur place parmi eux. Ils ne l’avaient plus depuis le premier mutant. Et, donc, ils ne l’avaient tout simplement jamais eut. Comme des parasites envahissant, ils les avaient brimés sans même s’en rendre compte. Il était tant que les choses changent une bonne fois pour toute. C’était maintenant ou jamais qu’il fallait faire quelque chose. Détachant enfin son regard du mégot, il leva les yeux sur un ciel en décadence en soupirant. Il était aussi temps pour lui de partir. Allumette en main, il y mit le feu avant de s’accroupir en silence et de saisir entre ses doigts de maître de la Mort le tissue sur le moribond encore chaud. Tissu auquel il porta la flamme qui l’embrassa aussitôt, embrasa aussi le corps lui-même jusqu’à dégager une désagréable odeur de chair brulée répandue autour de lui-même. Ce qui l’incommodait le plus était que ses plumes avaient tendance à garder ces mêmes odeurs, les imprégnant dans ses ailes, le trahissant. Il ne se permit donc pas de rester plus longtemps sur la scène pour assister au spectacle répugnant qui s’offrait à lui mais dont, pourtant, il ne ressentait rien. Déployant ses grandes ailes de jais, il s’arracha à la gravité pour rejoindre le ciel dont le soleil brulait de quelques couleurs flamboyante les nuages pluvieux. S’élevant un peu trop, il traversa un de ces nuages, justement, gorgé d’eau, pour en ressortir les plumes trempées d’un bout à l’autre. Si le poids de l’eau sur ses ailes rendait son vol plus ardu, il s’entêtait, ne voulant pas lâcher prise immédiatement et surtout pas aussi facilement. Dominer le ciel, c’était aussi dominer les éléments qui le traversaient de toute part. Il dû, toutefois, au bout d’un certain temps se résoudre à laisser tomber, une fois de plus, pour revenir les pieds sur terre, comme un ange prisonnier, incapable de rejoindre son paradis perdu. Lorsqu’il se posa dans une ruelle des plus sombre, que la lueur du soleil avait abandonné pour céder sa place à une nuit plus fraiche que le jour, il dû s’obliger à faire sécher ses plus tant bien que mal se face, s’il tenait à repartir.

L’Ange Noir fut pris au dépourvu toutefois lorsque quelques sons trop humains attirent la moindre parcelle de son attention. Pestant silencieusement, Séraphin fila comme une ombre dans le noir, aux pas furtifs et prudents. Il se glissa dans un coin où la vie humaine s’était effacée depuis quelques heures déjà… Ou presque. Le Damné ne remarqua pas immédiatement cette autre présence très opposée à sa propre personne. Ailes plaquées dans son dos, il avait l’impression de sentir le chien mouillé. Ou était le corbeau trempé… Plutôt du pareil au même. Il glissa une nouvelle cigarette entre ses lèvres, s’apprêtant à l’allumer lorsqu’il se sentit légèrement moins seul. La présence d’un autre individu sur ce territoire qu’il fit momentanément sien l’intrigua au plus au point. Tel qu’il ne mit jamais le feu à la cigarette qu’il gardait pourtant bien pincée entre ses lèvres. Il se retourna, fouilla les lieux d’un regard lourd en conséquence. En vain, il ne voyait pas aussi bien que les oiseaux de proie, malheureusement. Telle la faucheuse, il se déplaça sans émettre le moindre son jusqu’à ce qu’enfin son regard d’acier se pose sur la petite créature fragile. Il ne pu s’empêcher de remarqué la blancheur immaculée qu’il gardait honteusement prisonnier. C’était un outrage à ce qu’il était et le sentiment de révolte qui gagna le cœur insensible de l’homme ailé fut sans doute la seule et unique raison qui le poussa vers le garçon. Nathan s’avança donc, de manière à lui faire face, à se faire remarqué, et comme il aimait que l’attention se porte sur lui, et puisqu’il tenait à intriguer le gamin, il transforma l’ombre humaine qu’il était en quelque chose de bien plus semblable au blond, en déploya lentement, majestueusement ses grandes ailes aussi noires que la nuit la plus sombre.

« Un oiseau qui se laisse mettre en cage mérite-t-il de voler ? »

Le ton fut froid, mais curieux. Il ne démontrait aucune agressivité ni violence, ni même la moindre intention hostile vis-à-vis de lui. Pour l’instant, du moins, ce n’était pas le cas.

-Aaah

Warren n'avait rien entendu venir, il découvrit un homme avec une cigarette au lèvres le regardant de ses yeux d'acier. Ce lui ci avait des ailes noires comme la nuit la plus profonde, semblable à un démon. Sa voix n'était pas agressive mais l'étonnement crée avait sorti brutalement l'angelot de ses pensées et par réflexe il sursauta, bondissant littéralement sur place avec une souplesse que ses années de sport intensif lui permettaient. Son père disait toujours "un esprit sain dans un corps sain" et son école prônait également ce slogan. L'adolescent retint un gémissement lorsque ses ailes frappèrent contre la paroi du banc mais aussi contre la courroie, gonflées elles semblaient chercher à faire exploser le cuir pour aider leur bourreau et néanmoins créateur, celui qui les alimentait et leur permettait de (sur)vivre.

La puissance de ses ailes n'avait fait que croître avec les années et personne n'avait jamais pensé à changer la courroie vu que le mutant l'acceptait assez facilement sans tentative de rébellion; cependant il était clair qu'elle ne faisait plus le poids contre les puissants muscles qui courraient sous elle. Sous la surprise ceux-ci se bandèrent et firent littéralement voler en éclats le cuir. Warren était tellement étonné, subjugué et effrayé par cette rencontre hors norme! Il aurait rencontré un mutant qui volait sans ailes ça l'aurait déjà surpris mais là... Cet homme, cet antonyme parfait, c'était invraisemblable!

Le cuir gisait sur le banc et par terre en morceaux misérables, un peu de sang coulait sur ses plumes blanches mais c'était léger, comparé à leur prison, les ailes adultes de Warren ne craignaient pas grand chose, c'était plus la volonté de leur maître dont elles devaient avoir peur, mais la peur augmentée par sa précédente agression dans une ruelle avait eu raison de sa détermination et de son calme habituel.

-Non mais... ça ne va pas de débarquer comme ça. Et je ne suis pas un oiseau... Les hommes ne sont pas sensés voler...

Oui mais lui comment était-il arrivé là? Bizarrement Warren devinait que l'individu avait défié la gravité.

-Sauf quelques exceptions apparemment. Enfin c'est trop tôt pour moi d'admettre ça. Je ne savais même pas que ça existait il y a quelques jours les... mutants.

D'un ton moins effaré après avoir repris son calme, Warren observa l'inconnu, intrigué désormais, ses yeux bleus intense à la chaleur aussi forte que l'était la froideur du regard de l'inconnu, l'adolescent fit le tour de l'oiseau de nuit prudemment. Il avait l'air d'admettre tout doucement sa vision. Au moins il donnait à cet homme toute l'attention réclamé car l'ange n'avait d'yeux que pour lui maintenant. Il se garda de toucher les plumes, ce serait vraiment mal venus mais chercha inconsciemment à faire le lien avec les siennes pour penser à la construction de ces dernières. Il en étendit une prudemment mais la replia bientôt, n'osant visiblement pas confronter son envergure à celle de son antonyme.

-Il y en a beaucoup d'autres? Des... Comme vous et comme moi peut-être? Je crois que j'ai entendu parler de mutants qui volent mais sans ça. Sans "ailes" car se sont bien des ailes pas vrai?

Il pouvait paraître stupide mais bon il fallait songer que Warren avait été bercé par les exorcismes, l'absence de contact avec l'extérieur et surtout sa race comme il l'avait signalé. En fait il avait plutôt une belle capacité d'adaptation en général c'est juste que là, ça faisait beaucoup à la fois.

La surprise, l’étonnement, ce fut les seules choses que l’ailé noir inspira d’abord à l’angelot, de toute évidence, non pas sans lui déplaire, certes pas, mais cette pointe inattendu l’agaça momentanément. Un mutant était un mutant. Pourquoi ce gamin se voyait-il si froisser par son unique apparition ? Il était incapable de discerner s’il avait eut chance de percevoir en lui un semblant de joie vis-à-vis son semblable ou si, justement, ceci le rebutait plus qu’autre chose. La deuxième aurait d’ailleurs sans aucun doute particulièrement plut à l’Ange Noir qui n’aurait alors pas hésité un seul instant… Pas hésiter à quoi, exactement, au juste ? Son esprit tordu était, il fallait l’avouer, sans limite quand à la souffrance d’autrui. Mais avant d’en arriver là, il fallait voir, apprendre, comprendre et saisir tout ce qui entourait ce petit être bien trop fragile à son goût. Indigne ? Il n’irait pas jusqu’à dire ça… Mais il n’en fallait que peu pour qu’il tomba dans ce cliché, dans cette vision que s’en faisait le Séraphin Noir. Le regard d’acier parcouru calmement le corps fragile qui s’offrait à lui… Antonymes… Ils étaient si différents l’un de l’autre qu’il se demanda un court instant s’il avait vraiment s’agit d’une bonne chose qu’il se pointe devant lui comme il l’avait fait. Il l’observa libérer l’oiseau de la cage avec un sourire dissimulé dans l’ombre de la nuit, rendant son léger mépris imperceptible à l’œil ordinaire. La surprise retomber, il déclara à l’homme que les hommes, eux, n’étaient pas supposer s’envoler, surplomber la terre de leur grandeur, dominer le ciel, briser toute logique à la gravité.

*Décevant.* se contenta-t-il de penser pour lui-même, gardant une expression des plus froides et non révélatrices de la frustration qui grondait en lui, bouillonnant, prêt à exploser s’il en laissait libre court. Mais ce n’était pas lui. Nathaniel n’était pas ainsi. Il était sous contrôle de lui-même depuis son enfance. Apprendre à maîtriser ses émotions, c’était apprendre à canaliser son propre pouvoir de manière à l’exploiter au maximum. L’ange blanc lui avouait sans hésitation sa stupidité devant l’évidence. Comment agir face à l’ignorance même de cet individu qui aurait pourtant dû être plus près de lui que n’importe qui d’autre ? C’était, effectivement pour le grand blond, une déception à laquelle il ne voulait pas encore répondre, gardant un léger sentiment d’espoir vis-à-vis ce petit être. Car effectivement, s’il connaissait des choses sur les mutants, il avait été étonné de découvrir que certains pouvait avoir exactement la même mutation qu’un autre, comme dans le cas présent, qu’il était justement entrain de vivre, comme une révélation qui se découvrait sous ses yeux sans qu’il n’ait eut besoin de rien demander.

Malgré son côté fort méprisant, il se montra vaguement paternel en laissant l’adolescent parcourir à son tour l’être nocturne, au plumage de corbeau, comme une curiosité qu’il sentait nécessaire. Il se permit toutefois de le suivre du coin de l’œil, observant le moindre de ses faits et gestes, comme s’il avait espérer y découvrir toute sa personnalité. Il le pu. La timidité, la gêne le paralysait de toute évidence. Il ne prenait pas de risque inutile. Avait-il honte d’être ce qu’il était ? C’était quelque chose qu’il recevait mal, lui qui avait toujours été fier de sa différence… Car sa différence faisait toute la puissance du personnage, n’est-ce pas ? Il était fier et le démontrait. Lorsqu’il passa derrière lui et qu’il le perdit momentanément de vu, il rétracta les deux puissantes ailes noires qui obéir sans rechigner le moindrement, sachant toutes la liberté qui les attendrait à la in de cette discussion. Patient, l’avocat se retourna pour de nouveau pouvoir faire face à l’adolescent, détestant perdre de vu ceux sur qui il portait son attention. Les questions naïves et innocentes comme celles qu’il lui posait aurait dû l’horripiler aussitôt, mais il n’en fit rien, bien que le léger soupire qu’il laissa entendre soulignait que c’était ce genre de penser qui rendait la vie plus emmerdante qu’une vache regardant un train passer.

« C’est fort possible. Les mutations sont aussi varier que le nombre de mutants existants. Et il y en a un nombre indéfinissable, pour tout dire. Je ne garanti pas de l’existence de semblable à la mutation identique à celle-ci, toutefois. Pourquoi demandes-tu tout ça, exactement ? Tu n’y crois pas ? Tu ne parviens pas à imaginer que ces ailes puissent être réelles et fonctionnelles ? Ce n’est pas un conte de fée. Ce n’est que la réalité. »

L’avocat ne savait pas parler avec douceur. Il était directe, franc, ne cachant que très peu ce qu’il pensait. Le ton froid et sévère soulignait toutefois l’existence difficile qu’il avait vécue, comme s’il se brimait d’exprimer autre chose, cachant ce qu’il avait déjà était par le passé et qu’il avait oublié depuis longtemps.

« Puis-je me présenter, du moins est-ce le minimum à faire. Je suis Nathaniel Fetherstonhaugh, avocat. »

Voilà, comme ça, le gamin savait à qui il avait à faire. Pas de main tendue. Il se contentait d’un regard brillant et luisant dans l’obscurité qui dévorait son interlocuteur de la tête aux pieds.

-Réelles... Oh si, ça je n'ai pas besoin de l'imaginer pour en être persuadées.

Oui mais fonctionnelles? Warren avait bien été malade lorsqu'il avait eu 10 ou 11 ans, des problèmes respiratoires et de vue notamment parce que sa mutation se préparait. Le fait est que le jeune mutant ne se contentait pas d'avoir des ailes, son gêne X avait mêlé son ADN à celui des oiseaux et de ce fait, ses capacités pulmonaires étaient adaptées aux plus hautes altitudes, pareillement pour sa vue très aiguisée mais comment aurait-il pu le savoir? Warren ne s'était jamais intéressé à cette "maladie" qui n'avait fait que l'éloigner de son père, sa famille n'était pas déjà des plus exemplaires pour l'amour alors si on l'entravait avec une différence comme celle du fils unique, de l'héritier, tout se mettait en branle et en danger. Son interlocuteur semblait prendre les choses plutôt bien quant à lui. Selon ses paroles choisies comme "conte de fées " et non pas cauchemars, sa connaissance sur la chose et son attitude- quoique difficile à déchiffrer- démontraient quel était son camp. Warren faillit lui dire qu'il avait vu un petit échantillon de toute cette diversité à l'école des mutants mais il se retint sans savoir pourquoi. Quelque chose lui disait qu'il valait mieux être prudent, ne pas causer d'ennuis à l'institut. Même si cet étrange personnage serait probablement pour et y logeait peut-être même, l'adolescent préféra ne rien dire, il se contenta de hocher la tête tout simplement.

Le ton direct de l'avocat ne l'effrayait pas étonnamment. Si son attitude du début l'avait totalement surpris, le mutant baignait désormais dans un univers connu. Son père était un homme sévère et dur, si une voix pouvait être goûté à l'égal d'un dessert, elle aurait eu la saveur d'une tarte au wisky trop assaisonnée à l'alcool. Le liquide ambré et brûlant cachait la douceur possible de la tarte et si au début la gorge prenait feu, elle semblait quelques secondes après l’ingestion aussi glaciale que l’antarctique. L'homme s'exprimait avec un phrasé recherché, Warren ne tarda pas à saisir pourquoi, en effet, c'était un avocat. Son père avait fréquenté par mal de ces personnages étranges en robe noire, tels des corbeaux ils défendaient hardiment les pires charognes pour être les seuls à pouvoir les dévorer tranquillement. L'argent était la principale chose qui intéressait les avocats entourant son géniteur, pas la justice mais c'était "normal", ou plutôt humain disons le à ce niveau, dans cet univers où l'or était omniprésent. L'angelot se méfia donc aussitôt de l'homme, pas dans le sens où il en avait peur mais où il valait mieux savoir tenir sa langue pour que tout ne se retourne pas contre sa personne. Même quand ils quittaient leur robe sombre, les avocats restaient des avocats ou plutôt des corbeaux, à l'égal de ce personnage pourvu d'un noir plumage au sens littéral du terme. Warren n'avait jamais connu ces petits avocats modestes avides de justice dans une cour pénale, il ne connaissait que les grands éloquents qui menaient toute affaire sous les feux des projecteurs. Prudemment l'adolescent donna également son identité, la véritable... Il préférait ne pas mentir à cet homme et puis le fait qu'il ait une mutation -si semblable à la sienne par ailleurs, s'en était troublant. Enfin tout ceci n'était qu'en apparence car leurs pouvoirs divergeaient quand même sur plusieurs points, mais le jeune garçon n'en avait évidemment pas conscience.- l'empêcherait certainement de le dénoncer ou d'en parler à son père, lequel serait évidemment furieux contre son fils imprudent. Enfin il s'était fait agressé, dans un quartier plutôt tranquille habituellement en plus, à une heure raisonnable mais même, il était quand même sorti de l'institut en cachette.

-Warren Worthington

Le souffle légèrement plus court, l'adolescent regarda l'homme dans les yeux l'espace d'un instant, cherchant sa réaction à l'évocation de son nom de famille si connu, son prénom aussi remarque puisque son géniteur avait le même. Warren ne pouvait que déplorer le manque d'imagination des siens puisqu'il était le troisième à avoir le même prénom. Il ne connaissait pas l'avocat mais c'était normal vu son jeune âge, il ne savait pas si ce dernier avait travaillé avec son père; ce qui serait véritablement ironique vu sa mutation. Worthington senior apprenait tout ce qu'il fallait à son fils - à reculons désormais à cause de sa "maladie"- mais ne le mêlait pas à ces affaires de droits d'entreprise, de brevets etc. Bien que celui-ci soit du genre honnête pour un homme de son envergure, il devait répondre à des attaques fréquentes de la part d'autres entrepreneurs, ainsi tout était possible.

Une question qui n'avait rien à voir brûlait les lèvres du jeune homme déjà intimidé par cette présence. Cependant il prit sur lui, cette question était nécessaire à son évolution. Malgré la courroie qu'il portait encore Warren se rendait compte qu'il devait avancer. Il avait déjà plusieurs fois essayer de « voler » sans y croire néanmoins mais désormais un nouveau cap s'ouvrait à lui. L'homme semblait savoir le faire, c'était donc vraiment possible?! Le mutant aux ailes blanches devrait toute sa vie supporter ce lourd fardeau, autant en faire une force! Surtout si ça pouvait lui permettre d'échapper aux agressions -ironiquement causées par ce phénomène principalement-

-Et... Comment avez-vous fait pour les rendre fonctionnelles? Pour apprendre à... Voler?

Son père n'appelait pas ces appendices « ailes » mais pour l'homme cela ne faisait aucun doute. Poser un nom sur l'évidence n'était pas toujours simple quand on vous aveuglait dès l'adolescence. Et surtout quand l'être qui vous aveuglait avait « logiquement » raison. Warren jeta un coup d'oeil intimidé mais également avide envers son interlocuteur. Avocat ou pas, méfiance ou non, inconnu il l'était certes mais c'était également un bout de chance qui se présentait sur son chemin. Celle-ci avait une allure bien sombre, un regard perçant et un étrange sens de la courtoisie pour ne pas lui tendre la main mais c'était déjà pas mal que l'avocat s'attarde sur son cas... Le blondinet espérait vraiment saisir une chance d'avancer, quelque soit la route à prendre.

Quoiqu'il en soit, la superbe de l'homme déclenchait son admiration plus que son effroi désormais. Ce personnage était réellement fascinant.

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