Rouler n'est pas arriver [PV : Elenna Night]

Aedis & Elenna

« Qui a dit que le taxi était un gain de temps ? »

Aedis ouvrit lentement les yeux. Aujourd'hui, dimanche, jour de repos. Tout en se levant, elle commença à réfléchir sur le programme de la journée. Elle n'avait aucune envie d'aller au Club aujourd'hui, et n'avait en fait rien à faire. S'entraîner ? Non plus, elle avait assez manié l'épée pendant la semaine. Elle enfila un jean et un t-shirt, se coiffa en vitesse, et décida d'aller se balader. Elle connaissait un ou deux endroits sympathiques pour aller prendre un petit déjeune conséquent. Quant au reste du programme, elle aviserait, elle avait encore le temps.
Sortant de son appartement, elle s'étonna encore une fois de la vitesse à laquelle New-York, et le monde en général, s'était transformé. Elle avait parfois du mal à faire la transition entre deux époques, surtout depuis le XVIIIème siècle, où tout allait si vite. Elle avait parfois du mal à se rendre compte qu'elle était déjà au XXème siècle, qu'elle était âgée de plus d'un demi-millénaire, et que si son vieillissement se ralentissait encore, comme il avait commencé à le faire depuis ses dix-huit ans, elle était bien partie pour avoir une vie digne de celle des plus grands arbres. Cette idée la fit rire, et elle continua son chemin sous les regards à peine surpris des citoyens blasés de voir quelqu'un rire seul dans la rue. Passant à côté de squares, de parcs où se tenaient mains dans la mains quelques amoureux, elle ne put s'empêcher d'avoir un pincement au cœur. Le revers de la médaille... Elle haussa les épaules, cherchant à éloigner les pensées moroses qui l'habitaient alors que cette journée commençait si bien, elle se concentra sur le trajet qui lui restait à parcourir. Alors que n'importe lequel de ces Américains moyens se seraient jetés sur un taxi, elle préférait utiliser ses jambes, comme elle avait toujours fait. Sauf à une époque, où elle privilégiaient le cheval, mais à New-York, c'était un peu dur.
Quand on parle du loup, on en voit la queue, c'est bien connu : un taxi émergea dans son champ de vision, chose loin d'être rare. Ce qui était moins commun, c'est le tonneau qu'il fit elle ne savait pourquoi. Elle lança un juron de surprise, et s'approcha de la carlingue de la voiture, fumante et à peine stabilisée. Elle avait regardé la voiture, mais absolument pas fait attention au pourquoi du comment. Elle aurait du être plus attentive. La plupart des gens s'étaient tournés vers la voiture, regardant avec curiosité ce qui se passait, mais comme souvent, personne n'avait l'air décidé à se bouger. Prenant une inspiration, Aedis se rapprocha, et ouvrit la portière. Elle savait pertinemment qu'il ne fallait pas bouger les blessés lors d'accidents, mais elle n'avait strictement aucune confiance en la fumée noire s'échappant du capot, bien qu'elle n'y connaisse absolument rien. La voiture, à l'envers, était écrasée. Rampant à l'intérieur, elle prit le pouls du chauffeur. Il était mort. Ressortant, puis ouvrant avec difficulté la portière arrière, elle détacha la passagère, et l'extirpa hors du véhicule. Elle la prit dans ses bras, et la déposa sur un banc un peu plus loin. Criant aux badauds d'alerter les secours, elle regarda la blessée. Elle semblait entière, quoi que sonnée. Mais elle était emmitouflée, et cela n'allait pas aider la circulation sanguine. Ôtant les gants de la jeune femme, elle vit s'ouvrir les yeux de la brune. Souriant, elle s'apprêtait à lui demander si tout allait bien, et attrapa les mains de l'accidentée...

_ Non faut pas… faut pas….

Aedis ouvrit la bouche pour parler, sourire aux lèvres, heureuse de voir que la jeune femme était toujours en vie, et ne hurlait pas de douleur suite à son réveil, elle commença :

- Ça v...

Elle ne continua pas. Soudain, sa vue se brouilla, et elle ne voyait plus que ses mains et la jeune femme en face d'elle, et... Et ce qui lui était arrivé le matin même. D'abord la façon dont elle avait sorti le brune de la voiture, puis le chemin qu'elle avait fait, puis sa journée de la veille... Elle cru entendre des mots s'échapper de la bouche de la demoiselle, mais elle ne les compris pas, et n'y fit de toute façon absolument pas attention. Tout s'accélérait, elle voyait des pans entiers de sa vie glisser autour d'elle. Effrayée, elle s'accrocha à la seule chose qui lui paraissait réelle et tangible, soit l'accidentée. Elle regardait, fascinée, effrayée... Et quand elle vit certains moments de sa vie un peu plus anciens, elle arrêta d'avoir peur. Elle était toujours fascinée, mais ses sentiments étaient dominés par la curiosité, et le plaisir. Certaines choses qu'elle avait oubliées reprenaient vie. Les baignades au clair de lune avec Lyly-Anne, son amie paysanne d'avant la Révolution ; les soirées passées à danser la Pavane à la cour pendant la Renaissance ; et tant d'autres moments ayant peu d'importance et qu'elle avait au fil des siècles oublié. Et peut-être, peut-être parce qu'Aedis *Et toi aussi je te signale* Mais de quoi tu te mêles ! Reste dans ton histoire ! *Rooh, t'es obligée de me donner des ordres ? Tu n'es que le narrateur !* Peut-être, mais tu n'es que le personnage. Tss...
Excusez-moi, je reprend. Et DONC, peut-être, peut-être parce qu'AEDIS pensait si souvent à Gauvain, à la chevalerie en général et aux moments de sa jeunesse, ceux qu'elle regrettait le plus, la dernière image qui se fixa fut celle d'une des réunions de la Table Ronde. Aedis, avec à ses côtés Yder et Tristan. Celui-ci avait toujours fait une impression étrange à la chevaleresse, et elle n'avait jamais pu s'empêcher de penser qu'il portait bien son nom. Son visage était d'une pâleur étrangement crayeuse, et ses yeux bleus glaciers semblaient éteint. Ses lèvres, sans être pincées ou baissées, étaient d'un neutre plutôt dérangeant. Il tourna un instant son visage vers Aedis et la jeune femme à qui elle tenait toujours les mains, et elles purent constater qu'il semblait n'avoir aucune expression, qu'il était comme... mort.
Aedis frissonna, et elle eut à peine le temps de noter cette vision que tout redevint normal. Plus ou moins. La jeune brune était retombée dans les pommes, Aedis se sentait affaiblie, et tomba au sol, comme une masse. Elle avait froid, elle tenait toujours les mains de l'accidentée, assise par terre, les yeux dans le vague. Un jeune homme d'une vingtaine d'année s'approcha d'elles.

- Mademoiselle...
- C'est elle qui était à bord de la voiture...
- C'est ce que les passants m'ont dit. Vous allez bien ?
- Je... Je crois.

Elle ne pouvait se défaire de cette vision. Tristan... Pourquoi lui ? Elle n'avait jamais été particulièrement proche de lui. Personne ne l'était d'ailleurs, depuis le mariage de sa chère et tendre. Les légendes avaient romancé sa mort, mais il avait vécu de longues années sans elle. Ils se battait, vivait, mangeait... Mais il n'était plus là. C'était étrange. Et c'était encore plus étrange qu'elle s'arrête sur lui. Sur Lancelot, Arthur, Ké, Gauvain, oui... Mais Tristan.
Aedis ne sentit pas qu'on mettait une couverture de survie sur ses épaules, et elle se leva par réflexe. Montant dans l'ambulance, avec le brancard qui portait la jeune femme qu'elle avait secouru, elle s'assit, emmitouflée, et s'endormit, la tête reposant contre l'habitacle du véhicule.

Elle ne se réveilla qu'une fois arrivée à l'hôpital, quand un jeune interne la réveilla. Elle se sentait en pleine forme, et après un rapide check-up, elle fut remise en liberté. *Hum hum* Quoi ? Cette expression te dérange ? Joue ta sainte nitouche, c'est ça.
Elle se dirigea vers la chambre qui devait abriter la jeune brune, et s'assit sur l'une des chaises, une fois qu'elle était arrivée. La regardant, se demandant ce qui s'était passé, elle finit par en arriver à une conclusion finalement logique : c'était elle qui avait fait ça, parce qu'elle était comme Aedis, une mutante.

Je repris conscience, longtemps plus tard ? Ou peut-être pas... Je n'en savais rien, mais je savais que j'étais installé dans un endroit plutôt confortable, et au chaud. Tout ceci était un rêve ? Peut-être que je n'avais jamais quitté ma chambre et pas vue l'annonce dans le journal, pas prit ce taxi et… et… et… la jeune femme. Oh mon dieu !! Je l'avais touché, j'étais entrée dans son passé sans crier gare !! Entrer chez elle dans son intimité sans frapper avant. Mais quel passé étrange avait cette femme. Il y avait plusieurs solutions à cela. La première étant que mon pouvoir a déraillé totalement et dans ce cas-là, cela me fait peur, voir même extrêmement peur, car si je ne m'abuse c'était la table ronde que j'avais vue !! Et bien avant d’en arriver là, j’avais remarqué les changements d’époque, les paroles étaient trop lointaine, dû au fait que je n’étais pas en état de les comprendre. Mais cette femme était un véritable livre d’histoire. Il ne faut pas penser à cela comme une comparaison négative, non c’était plutôt positif pour moi !

La seconde solution était que tout c'était bien passé comme je le pensais et que par conséquence cette jeune femme est différente des autres, avec une vie extrêmement longue. Troisième solution : je suis folle et bonne à interner.

Bon ok je préfère les deux premières mais le bruit qui m'entourait m'annonçait plus que j'étais dans un hôpital. Ce qui me faisait pencher pour la troisième solution. Ce qui fit accélérer considérablement mon rythme cardiaque. Oh mon dieu² j'étais dans un hôpital ! J'ouvris les yeux d'un coup et me regardais autour de moi, une personne était là. La femme blonde !! Donc solution trois est bonne pour la poubelle, et ce n'est pas plus mal !! Mais j'étais tout de même dans un hôpital et des qu'une infirmière ou médecin viendrait me voir il se prendrait une châtaigne monumentale doublé d'un petit séjour dans son passé. Non il fallait que je déguerpisse d'ici et vite !! Mais avant tout je devais parler à cette femme. Ainsi je déglutis et prit la parole.

- Merci, merci de m'avoir sortie de la voiture !

Sur ce je retirai tout ce qui était planté ou accroché sur mon corps, sans aucune délicatesse. J’avais pas de temps à perdre.

- Je suis désolée par avance si je vous ai fait peur...

Je me tournais à présent pour descendre de mon lit. Ou cela tournait un peu trop. Je me tins la tête d'une main afin d’arrêter de faire danser la chambre, tout en cherchant ou étaient mes vêtements.

- Vous ne savez pas ou ils ont mis mes vêtements ? Je dois partir d'ici, c'est urgent !

J'aurais voulu lui poser mille et une question, mais peut-être avait-elle oubliée mon incursion dans son passé ou peut être qu'elle en est venue à penser qu'elle avait repensé a tout cela seule. Les chances étaient mince mais cela valait le coup de s'y accrocher un peu. Si par contre, elle était comme moi, différente des autres humains, elle n'arriverait jamais à cette conclusion.... Mais où sont donc ses fichus vêtements !!!! Je me remis à chercher, s’il le fallait j'irai les piquer dans la chambre voisine !

Dès que la jeune femme ouvrit les yeux, Aedis put sentir la panique qui l'avait envahie. Elle voulu essayer de la calmer, mas avant qu'elle ait pu dire quoi que ce soit, la blessée la remercia de l'avoir sorti de la voiture.

- Mais... Euh... De rien...

Elle vit la brune commencer à enlever tous les capteurs qu'elle avait sur les corps, et d'autres choses dont Aedis n'avait absolument aucune idée de ce que c'était. Elle se leva rapidement, tout en s'excusant de la possible frayeur qu'elle lui avait causé. La blondinette secoua la tête, et s'apprêtait à demander ce que diantre elle faisait là, mais s'arrêta. Elle devina que la peur que la brune aurait pu causer, d'après ses dires, n'était sûrement pas à cause de l'accident en lui-même, mais à cause de ce qui s'était passé après. Aussi, elle avait l'air près à fuir. Aedis en devina donc un peu plus sur son pouvoir : elle ne le contrôlait apparemment pas tout le temps, et il se déclenchait par le toucher, d'où les gants, mais pas quand la demoiselle était inconsciente. La jeune femme qu'elle avait sauvé lui demanda en titubant si elle savait où les médecins avaient mis ses vêtements. Comme elle la vit osciller une fois de trop, elle l'attrapa sous les épaules, en faisant bien attention à ne pas la toucher.

- Doucement... Je sais pourquoi vous voulez fuir, et je vais vous aider. Vos vêtements sont là.

Elle la força à se rasseoir doucement sur le lit, et attrapa une pile de vêtements qui avait été posée sur une chaise dans un coin. Elle lui tendit, et s'assit à l'envers sur une chaise, bras contre le dossier, regard perdu dans le vague, en direction de la fenêtre.

- Ne vous inquiétez pas, j'ai vu des gens bien plus terrifiants que vous. Elle avait en tête certains mutants du Club, qui lui filait simplement les jetons en la regardant, notamment ceux qui pouvait manipuler les pensées, bien que son pouvoir l'en protège. Je m'appelle Aedis...

Elle n'attendait pas de réponse de la part de la jeune femme, elle-même saurait si elle voulait dévoiler son nom ou non. Se retournant, elle vit qu'elle était habillée, et prête à partir.

- Venez.

Elle la laissa se débrouiller seule, lui faisant simplement comprendre que si elle avait besoin d'aide, elle pouvait demander. Ouvrant la porte, elle tomba nez-à-nez avec une infirmière d'une trentaine d'année, qui semblait plutôt accueillante. Grimaçant à l'idée de se faire prendre, elle la tira dans la chambre, et l'assomma d'un coup sec, avant de la laisser sur le lit. Puis, entraînant la jeune brune, elle sortit. Faisant attention à ce que la démarche de celle-ci ne soit pas trop suspect, elle se dirigea finalement vers l'entrée de l'hôpital.

- Elenna, on m'appelle le plus souvent Ely.

- Vous savez vraiment pourquoi je veux fuir cet endroit, car vous êtes comme moi, différente ? Tout comme vous en connaissez d'autre ?

- Merci pour votre aide, vous n'est pas obligé de faire ça, bien des gens serai partie après m'avoir aidé et je ne les aurais jamais revue. Surtout après mon intrusion dans votre passé...

Aedis écouta la jeune femme se présenter, et lui sourit :

- Et bien, enchantée Elenna.

Elle n'avait aucune envie d'appeler cette demoiselle Ely. Non seulement elle ne la connaissait pas assez pour se montrer familière avec elle, mais en plus elle n'aimait pas donner des surnoms aux gens... Sauf si c'était elle qui les donnait, bien entendu !
Une fois que les deux jeunes femmes furent sorties de la chambre, Elenna prit la parole, décidant de répondre à la blondinette. Celle-ci rit, nullement surprise de la question. Après tout, elle devait se poser des questions sur elle-même et sur les autres. Aedis elle-même avait très longtemps crut être un cas à part, une résurgence des vieilles légendes païennes due à ses origines pas très catholiques. Après tout, être la petite fille d'un diable et d'une pucelle, et fille d'un mage et d'une fée guerrière pouvait peut-être avoir légèrement influencé sa vie. Mais quelques centaines d'années après qu'elle se soit fait ces réflexions, elle s'était rendu compte qu'il n'en était rien... A moins qu'il n'y ai quelques milliers d'humains sur la planète qui aient les mêmes ascendances qu'elle. Donc, même aujourd'hui, où les mutants étaient plus que nombreux, on trouvait encore des anormaux qui ne savaient pas qu'ils n'étaient pas seuls. Vu le peu d'effarement qu'avait Elenna, Aedis pensait qu'elle n'était pas de ceux-là, et lui répondit sourire aux lèvres :

- Les deux mon général ! On va dire que je fais partie d'un petit cercle de méchants mutants qui veulent détruire la planète !

Elle rit : après tout, ce n'était que la stricte vérité ! Bon, il y avait peu de chances pour qu'elle la prenne au sérieux, et même si c'était le cas, qui la prendrait elle au sérieux ? Et de toute façon, ce n'était pas en disant ça qu'on identifierai le Club !
Elenna continua, et la remercia. Reprenant un minimum son sérieux, Aedis se pinça les lèvres, et répondit d'un ton plus grave et discret :

- C'est sans doute cette intrusion dans le passé qui m'a motivé à rester, je crois que je ne l'aurais pas fait pour un banal humain. Vous m'intriguez vraiment beaucoup... Votre pouvoir est puissant... Elle fit une petite pause, avant de reprendre : Mais après tout, c'est tout naturel, non ?

Elles passèrent sans encombre le hall de l'hôpital, et Aedis put soupirer tranquillement. Elle n'avait pas envie d'avoir toute une troupe d'infirmières aux trousses, et comptait bien s'éloigner le plus vite possible.

- Et si nous allions discuter de tout ça autour d'une boisson. Ca vous requinquerait, vous n'avez pas l'air très en forme. Après, je ne sais pas si vous étiez pressée. Si c'est le cas, je peux vous accompagner jusqu'à votre rendez-vous, ou quoique ce soit...

C'était une façon comme une autre de tuer le temps, non ?

- Hum..... et vous êtes beaucoup dans ce petit cercle de mutant méchant ?

- Mon pouvoir puissant ? peut-être en apparence, mais il me ronge de l'intérieur, vous avez déjà eu peur de toucher une personne que cela soit pour caresser la joue d'un petit amis, ou une simple poigné de main et se retrouver dans la tête de la personne. C'est juste horrible je m'introduis dans leur tête et ils le savent et… et c'est comme si je violais leur intimités...

- Désolée, je ne devrais pas parler comme ça, c’est juste que cela m’énerve de ne rien contrôler et d’être prisonnière de mes mouvements. Devoir penser à l’avance s’il n’y a aucun risque pour personne, c’est très irritant.

- Je... Oui j'allais quelque part, dans un pub, mais cela attendra, je n’ai pas envie, si j'ai raison qu'un vieil ami me voie dans cette état, cela l'inquièterai encore plus qu'il ne l'était la dernière fois que je l'ai vue. J'accepte donc avec joie votre proposition d'aller boire quelque chose. Je vous laisse le choix de l'endroit par contre.

[hj : Désolée du temps de réponse =/ ]

Apparemment Elenna prenait la réponse d'Aedis plus ou moins à la légère, et ça pouvait se comprendre. De toute façon, la blondinette elle-même avait rit. Tout prendre au sérieux n'est absolument pas bon pour le moral, et les deux demoiselles avaient plus que raison de jouer aux baleines, même si c'était jaune et seulement pour quelques secondes. Il parait même que rire rallonge l'espérance de vie... Et bien, voilà qui contraste beaucoup avec l'allure austère que présente notre cher Azazel. Cacherait-il sous ses vêtements noirs un clown en puissance ? Aedis secoua la tête pour chasser ces pensées parasites. Quelle idiote devait-elle pour penser de telles inepties ! Elle répondit à Elenna sur un faux ton de plaisanterie. Tel l'arbre cachant la forêt, il montre pour mieux cacher. Il est même dit que la meilleure cachette pour une fortune, c'est une boîte à chaussure à côté d'un coffre-fort...

- Vous seriez surprise du nombre de nos semblables qui sont quelque peu... belliqueux. Et ça ne va pas en s'arrangeait. Depuis une dizaine d'année, le nombre d'adhésions s'accélère. C'est... spectaculairement tentaculaire.

Elle retint un gloussement puéril. Bon sang, mais que lui arrivait-il donc ?! Se reprenant, elle continua d'un ton plus sérieux. Apparemment, la jeune femme n'était pas réellement satisfaite de son pouvoir, notamment parce qu'elle ne pouvait pas toucher les personnes qui lui étaient chères -ou non-, sous peine de violer leur intimité. Aedis pinça les lèvres. Elle avait du mal à imaginer ce que c'était, bien qu'elle puisse plutôt facilement transposer ce problème au sien. Après tout, voir ses connaissances tomber raides mortes comme des mouches étaient aussi une chose délicate. Notant la grimace d'Elenna sans pourtant relever, elle la laissa continuer à parler, comprenant qu'elle voulait encore ajouter quelque chose. Fermant les yeux, Aedis s'arrêta, et finit par regarder la brune, un sourire rassurant aux lèvres :

- Je ne peux pas vraiment te comprendre, je n'ai pas à vivre ça... Mais tu te fais une fausse opinion de toi-même. Ce que tu fais... C'est un accident. Tu ne peux pas le contrôler, tu le dis toi-même, ça n'a absolument, mais absolument rien à voir avec un viol ! Ca t'énerve, et c'est normal... Mais... Je pense que tu ne devrais pas brider ton pouvoir ainsi. C'est en essayant de garder un contrôle sur lui que tu te bloques. Elle soupira, puis passa sa main dans ses cheveux. Je suis bien mal avisée de parler, tous mes pouvoirs sont passifs... La vérité éclata dans un coin de l'esprit d'Aedis, qui resta bouche bée un instant. Dis-moi... Est-ce que tu connais le niveau de ta mutation ?

Réponse obtenue, Aedis reprit la marche. Mais elle ne put s'empêcher de continuer encore à parler.

- Tu devrais essayer de contrôler ton pouvoir en t'entraînant. Il y a sûrement quelqu'un en qui tu as confiance qui peut te servir de "cobaye"... Quelqu'un qui est au courant... Dit ainsi, ça sonnait un peu de façon ignoble, mais c'était une façon comme une autre de voir les choses. Surtout, ne te dévalorise pas. Tu... Je connais quelques mutants qui ne ressemblent même pas à des humains. L'un des mes... amis, à la peau couleur rouge, ainsi qu'une queue fourchue... C'est permanent... Mais je trouve admirable la façon dont il le vit...

Elle s'abstint de préciser qu'il avait eu des milliers d'années pour s'entraîner, ça, c'était autre chose. Aedis proposa donc à Elenna d'aller se reposer un peu plus loin, à la terrasse d'un café. La jeune femme accepta, apparemment, elle se rendait dans un pub, mais n'était pas attendue. Aedis hocha la tête, et sourit :

- Et bien, si tel est votre choix... Je connais un endroit sympathique un peu plus loin... Il y a mieux, mais ça impliquerait de reprendre le taxi, et bien que la première chose à faire après être tombé de cheval c'est de remonter en selle, je pense que nous pourrions éviter, du moins pour aujourd'hui.

Elle emmena donc Elenna Night dans un bar quelques centaines de mètres plus loin. S'asseyant à la terrasse, elles attendirent que le serveur ne vienne.

- Vous désirez ?
- Un soho, s'il vous plait. Et vous ?

Elle se tourna vers Elenna, et précisa à mi voix :

- Je vous invite ! Vous avez intérêt à vous faire plaisir !

Elle avait eut droit à assez d'aventures pour la journée, et plus encore !

[Pas de soucis, ça arrive]

Sujet: Re: Rouler n'est pas arriver [PV : Elenna Night]