L’odeur de la fumée se perdant dans le vague de l’atmosphère. Mais quelle fascination pouvait donc éprouver l’avocat face à cet état ni liquide, ni solide, mais bien visible dans l’air par son odeur, ses mouvements pourtant bien fluide. Une inspiration. Il se tuait à coups de cigarettes, voilà ce qu’il faisait. Il touait son âme à coup d’alcool et de sensations fortes. En effet, l’avocat ne semblait jamais vraiment éprouver le sentiment de crainte, comme s’il ne s’attendait pas, justement, à ce qu’une bête des Enfers ne lui saute dessus un jour ou l’autre. Et en vérité, qu’il répondrait si on le lui demandait : il s’en fichait éperdument. Les faibles avaient peur. Les faibles tremblaient sous leurs draps. Pas lui.

L’homme encapuchonné qui s’avança prêt de lui le sermonna d’une voix grave, accusant l’indifférence dont faisait preuve l’Ange Noir vis-à-vis de l’humanité. Il supposait que les mutants devaient impérativement rester loin des yeux des Hommes. Pour mieux se protéger d’eux. Pour mieux vaincre. Pour mieux… Pour mieux quoi, exactement, au fond ? Le Séraphin se retourna vivement, lançant un regard dangereusement menaçant à l’individu qu’il connaissait que trop bien. Le manque d’ambition et la stupidité qu’il parvenait tant bien que mal à déchiffrer sous le vêtement, il les connaissait depuis toujours. Il termina d’un geste théâtral, exagéré, la cigarette serrée entre ses lèvres avant de la jeter au sol et de l’écraser d’un coup de talon rageur. Il ne comprenait pas. Il ne comprenait pas la décision de Nathaniel à avoir rejoint les Damnés. Il ne comprenait pas sa fierté, ses envies. Les humains n’étaient rien. Pourquoi les craindre ? Se sont eux, au contraire qui devraient trembler devant l’ange aux ailes de corbeau.

« Rien à foutre. » déclara-t-il enfin, sur un ton acide, glacial, au moment même où ses ailes se déployaient fièrement dans son dos en signe de protestation. Car non, Nathan ne se laissait pas soumettre par un incapable ayant peur de sa propre ombre. Aussitôt, la colère qu’il refoula au fond de lui-même sembla lui donner un nouveau souffle lorsqu’il s’arracha brutalement à la gravité pour gravir là-haut les nuages sombres qu’il toucha du bout des ailes. Se cacher des humains… C’était absurde. Les Hommes avaient toujours tenté de le brimer par le passer, de lui casser les ailes encore et encore. Et plus ils avaient tenté, adolescent, plus il s’était révolté. Ils avaient détruit ce qu’ils avaient au départ créé. C’était sans doute pourquoi il était prêt à suivre Shaw n’importe où, bien que détestant jouer le second rôle. Parce que Shaw avait l’ambition de remettre les choses en place. L’ambition, le pouvoir et les idées, soit dit en passant. Des idées radicales, certes, mais des idées tout de même.

Il retourna sur terre uniquement là où on ne lui chercherait pas d’ennuis. S’il ne se tenait que peu au Club en raison de son travail qui lui offrait un horaire particulièrement charger, sans lui déplaire toutefois, il fallait bien qu’il s’occupe un peu les esprit de temps à autres, lorsqu’il s’y pointait, on ne lui cherchait pas de problèmes… en général. Surtout lorsque le grand blond semblait d’humeur aussi détestable, bien qu’il ne soit jamais vraiment agréable. Et en fait, mis à part pour qu’il joue les héros devant les tribunaux, les autres ne s’occupaient pas spécialement de sa présence et c’était bien ce qui était mieux, justement, à cet endroit : un peu de tranquillité de temps en temps ne faisait de mal à personne.

Il se trouva un coin reculé, au dehors, refusant de mettre les pieds dans le Club en ce jour un peu minable pour lui. Ce n’était pas qu’il n’aimait pas l’ambiance ou l’endroit, qu’on se le dise, mais un peu de distance avec tout ce qui avait forme humaine lui ferait sans aucun doute le plus grand bien. Jamais il n’aurait cru espérer être dérangé, toutefois, par cette future singulière présence près de lui qu’il n’avait pas encore remarqué, malheureusement ou heureusement pour lui, d’ailleurs…