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 You'll need me.

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You'll need me. Vide
MessageSujet: You'll need me.   You'll need me. Icon_minitimeSam 6 Aoû - 1:26


    L'écho de la sonnerie me rappelle l'internat. Devant la grille de fer forgé entourant le château de pierre grise, je m'attends presque à voir surgir un jeune préfet en uniforme, le blason de son école fièrement cousu par maman sur le sein gauche. Dieu. Je ne pensais pas retrouver une telle décoration aussi près de New York. Ni tant de souvenirs.

    Présent et passé se mélangèrent dans ma tête tandis que j'attendais une réponse. Je tirais une bouffée de ma cigarette et suivit rêveusement la fumée du regard. Aurais-je seulement un retour ? J'avoue que j'aurais presque pu me sentir nerveux devant cette grille. Après tout, c'était assez culotté de ma part de venir et ils avaient toutes les raisons du monde d'être méfiants. D'après ce que j'avais réussi à tirer de Moira, ces gens étaient comme moi. Différents. Mais voulaient-ils seulement que je le sache ? Peu probable. J'aurais peut-être du téléphoner. Et rater l'effet de surprise ? Je me repris. Ce n'était pas comme si je venais mendier. Une école de gens différent ne pouvait qu'avoir besoin d'un médecin. J'avais fait mes recherches. Le Dr Xavier était peut-être Professeur mais il n'avait pas de bases médicales. Je repassais l'entrevue dans ma tête. Je devais être parfait. Ne montrer aucun signe de faiblesse. Aucune hésitation.

    Nouvelle bouffée, nouvelle pression sur la sonnette. S'il le fallait j'étais prêt à attendre toute soirée voire une partie de la nuit. L'armée m'avait apprit à ne pas me soucier du temps qui passait et j'étais déterminé. J'allais travailler pour ces gens là. Il le fallait. Pour Speed. Pour l'avenir. Et pour moi. Continuer mes recherches sur ma différence, voir, sentir, toucher. Je sentais que la réponse à pas mal de mes questions se trouvait là, juste derrière ce portail. Par delà la porte de bois que l'on devinait au bout de l'allée. Je me sentais comme juste avant un oral important, une conférence ou l'un de ces trucs de vingt minutes qui décident de l'avenir d'un homme. Curieusement, j'aimais bien ce sentiment. Le syndrome de la corde raide j'imagine. Tous les médecins l'ont. Il le faut pour ne pas devenir fou.

    Non et puis ce qui me rassurait surtout c'est que je me savais prêt. Que ce soit physiquement ou moralement, j'avais tous les atouts de mon côté.

    J'étais vêtu d'une chemise blanche juste ouverte sur le torse, décontractant un peu mon smoking noir et mettant en valeur mes yeux clairs. Mes mains étaient comme toujours d'une blancheur immaculées, loin de montrer les taches jaunes que l'on voit habituellement chez les grands fumeurs. De même que mes dents ne montraient pas encore de signes de ma dépendance. Seul le bâtonnet de nicotine pouvait choquer mais la cigarette était tellement à la mode ces temps-ci que certains la prescrivaient même comme médicament contre des maladies telles que l'angoisse, le bégaiement et autres problèmes respiratoires.

    Quand à mon esprit, il était tendu comme un arc. Mes arguments passaient et repassaient dans ma tête; mêlés à mes bêtises d'adolescent avec Archibald et aux souvenirs de l'université. Je ne savais pas quel genre de population fréquentait cet endroit. Pour moi, seuls Speed et quelques autres étaient spéciaux. Des hommes pour la plupart, quelques femmes, souvent d'un milieu socio-culturel assez faible et qui ne savaient pas ce qu'ils avaient. Aucun ne m'avait parlé de différence. Le doute s'immisça en moi. et si je me trompais ? Et si le dénominateur commun était tout autre ? Et si… je secouais la tête, reprenant une dernière bouffée avant d'écraser mon mégot sur le sol, si je ne trouvais pas ma place dans cette institution, j'avais toujours la possibilité d'en partir. Ce n'était pas non plus un quitte ou double. Juste un pari.

    J'aurais du demander à Speed de venir avec moi. En tant que sportif, les paris étaient bien plus sa tasse de thé. Non ? Si, sûrement. Mais il n'était plus temps de tergiverser. Enfin, une ombre traversait la pelouse. Les choses sérieuses allaient pouvoir commencer.
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