Mutations et EngueuladesA force de visiter New-York, Lawrence connaissait le quartier presque par coeur. Dès qu'il en avait l'occasion, il quittait l'institut pour se libérer un peu. Il aimait l'air frais de la ville. Il sentait qu’aujourd’hui, rien ne pourrait venir entacher sa journée. C'était un Vendredi après midi, et il n'avait exceptionnellement pas classe. Il s'était réveillé ce matin à onze heure, et était resté au lit une demi-heure de plus, juste pour profiter de ses draps. Lorsqu'il s'était levé, il était sortit dans les couloirs, pour se balader un peu, et, à midi, était descendu dans la cafétéria pour déjeuner. Il avait mangé avec deux de ses amis, puis, en début d'après midi, était remonté dans les dortoirs pour se préparer à aller à la piscine. Il allait à la piscine tout les Vendredi soir, mais, au dernier moment, il se résigna. Il préférait aller en ville. Il fit donc le trajet vers la sortie, et se retrouva, quelques minutes plus tard, à New-York.
L'air était assez frais, et une légère brise caressait le visage de Lawrence. De gros nuages venaient s'amonceler au dessus de leur tête. Lawrence espérait qu'il ne se mette pas à pleuvoir. Il était à pied, et ne contait pas rentrer trempé. Il ne portait qu'un sweat à capuche, qui n'était même pas imperméable. Ces derniers temps, d'importantes averses faisaient leur apparition. Elles ne duraient en général pas plus de dix ou quinze minutes, mais elles étaient suffisamment violentes pour transformer la ville en piscine.
Lawrence réalisa soudain qu'il s'était un peu perdu. Il avait marché, sans aucune logique, perdu dans ses pensées. Il était arrivé dans une partie de la ville qu'il ne connaissait quasiment pas. Ce serait, certes, l'occasion de visiter de nouvelles boutiques, mais il ne voulait pas non plus passer la nuit dans la ville juste parce qu'il s'était perdu. Il regarda autour de lui. Il n'était passé dans cette rue qu'une seul fois,et sans s'arrêter. Il savait comment rejoindre je centre - c'était déjà ça ! - mais ne connaissait aucune boutiques.
Aucun problèmes ! Il allait remédier à ce soucis sans plus attendre. Il regarda ce qui se trouvait autour de lui. La rue comprenait une majorité d'habitations, mais quelques magasins venaient éclairer la rue. Dont un disquaire.
Lawrence adorait la musique. Il traversa la rue pour se rendre chez lui, quand soudain, il sentit quelque chose de désagréable tomber sur sa tête. Il se mettait à pleuvoir. Les nuages avaient finalement décidé à se percer, et au bon moment en plus. Il accéléra le pas, et poussa la porte de la boutique. La pluie avait déjà commencé à faire descendre son humeur.
La boutique n'était pas aussi grande qu'un supermarché, certes, mais avait une bonne taille quand même. Des affiches colorées décoraient les murs, et les rayons étaient pleins à craquer de disques en tout genre. Lawrence n'avait pas souvent l'occasion d'écouter de la musique, et encore moins des disques, mais, lorsqu'il pouvait, il n'hésitait pas à se faire plaisir. Il s'avança d'un pas, et se mit à farfouiller parmi les étagères. Il y avait pleins de noms qu'il ne connaissait pas, mais une chose était sûre ; les pochettes étaient toutes magnifiques. Le jeune homme n'avait pas un sou, et devrait se contenter de regarder, mais il en aurait eu pleine la vue.
Dehors, la pluie se fit plus forte. Ils étaient maintenant en plein coeur d'une averse, et il serait à présent impossible de sortir sans être mouillé jusqu'aux os. Il soupira. Il était maintenant énervé. Sa journée avait pourtant si bien commencé ! Il se dit qu'il aurait du aller à la piscine, quand un homme s'approcha de lui. Cet homme devait probablement être un des vendeurs du magasin, car il demanda à Lawrence s'il pouvait l'aider.
L'interpellé n'avait nullement besoin d'aide, et ne cherchait rien en particulier.
Les paroles qu'il lança ensuite furent plus que sèches, sans doute à cause de la pluie, et de toutes ces petites choses qui avaient finies par gâcher sa journée :
-Non, c'est bon, j'ai pas vraiment besoin de vous là. Lawrence ne se rendit compte qu'après de la dureté de ses mots. Le vendeur ne voulait qu'être gentil avec lui, et il l'avait envoyé paître. La pluie, qui était responsable de cette soudaine mauvaise humeur, redoubla d'intensité.
Il était à présent coincé dans la boutique, jusqu'à que l'averse se calme et qu'il puisse enfin rentrer à l'institut.