«... Et c'est ainsi que se termine le dernier cours de neuro-anatomie de l'année, j'ai été ravi d'être votre professeur et ce fut un honneur de pouvoir vous enseigner tout ce que je sais. N'oubliez pas d'étudier pendant ces vacances et au plaisir de vous revoir! »

La voix retentissait dans l'amphithétre alors que le bruit assourdissant des centaines d'élèves blasés se levant la couvrait avec une aisance presque vexante. Alors que tout le monde semblait sortir de la salle, le jeune homme qui avait tenu pendant plusieurs heures un long discours sur la neuro-anatomie et son importance dans la médecine clinique s'approcha de son pupitre afin de ranger la masse de photocopies qu'il avait utilisé durant son cours. Soupirant légèrement, il s'estimait relativement heureux d'avoir enfin fini cette année : voilà deux ans qu'il enseignait dans l'une des plus prestigieuses université de la Côte Est des Etats-Unis et honnêtement, il avait horreur de ça. Il n'était pas vraiment fait pour enseigner, il l'avait toujours su et au plus profond de lui il aurait aimé que cela s'arrête... Mais le loyer de se payait pas tout seul, il lui fallait un travail bien rémunéré et sa seule fonction de chercheur n'aurait pas suffit et c'est pourquoi il avait accepté ce poste et ses nombreux avantages. Passant sa main dans sa chevelure brune et mal coiffée, ses yeux semblaient inspecter le bureau à la recherche de quelque chose en particulier :

- C'est ça que vous cherchez professeur Gallagher?

A l'appel de son nom, Andrew leva la tête, faisant ainsi face à une charmante jeune fille aux courbes généreuses et au sourire angélique. Elle tenait dans sa main une montre en or et la remuait lentement comme un maître jouant à la balle avec son chien. Ses talons percutant bruyamment le sol à chacun de ses pas, elle s'approcha de l'enseignant sans le quitter du regard jusqu'à tenir son visage à quelques centimètres de celui de son mentor, avec un sourire malicieux et provocant qui ne semblait pas vouloir la quitter :

- Je comptais profiter du fait que vous êtes seul pour vous demander quelques conseils pour mes révisions et aussi.... sa voix baissa d'un ton. Pour vous rendre ce que vous avez oublié chez moi l'autre soir.

- Je ne vois pas du tout de quoi tu parles Sarah ! Et rend moi ma montre, je parie que tu me l'as prise lorsque je ne regardais pas pour faire ton interessante ! Ca va t'attirer des ennuis un jour tu sais ?

Malgré le caractère sévère de sa voix, le professeur Gallagher esquissa un léger sourire. Sarah -et à vrai dire d'autres étudiantes de l'université- représentaient l'un des nombreux avantages qu'offrait son statut de professeur, à savoir la possibilité de s'adonner au plaisir de la chair avec de très jolies jeunes étudiantes. En fermant son sac, le jeune homme murmura à l'oreille de cette dernière quelques mots doux avant de délicatement lui ôter la montre des mains de la jeune fille, frolant par la même occasion ses lèvres du doigt. Emoustillée par le langage corporel de son professeur, la jeune fille s'apprêtait à répliquer lorsqu'une voix forte et autoritaire brisa le silence qui s'était installé dans la classe :

- Gallagher, on va être en retard, magne-toi un peu !

Cette voix familière tira Andrew de ses rêveries de jeune séducteur afin de le faire redescendre sur terre. Adressant un bref clin d'oeil à la jeune femme, il sortit en courant de la salle pour rejoindre l'énergumène qui l'avait interrompu. Devant lui se tenait un homme imposant, véritable armoire à glace aux traits durs et au sourire bien trop souvent absent. Alors que tous deux entamaient une marche vers la sortie, l'homme prit la parole :

- Je t'ai pourtant dit que flirter avec tes étudiantes risquait de mettre en péril nos objectifs... Il ne manquerait plus que tu sois trainé en justice et tout est fichu ! Tu as la bague de ta femme, sers-t-en pour repousser les avances de ces écolières ! Te faire virer ne t'avancera a rien !

- Ce n'est pas ma faute si je plais aux femmes et de toute manière je sais ce que je fais... Passons à ce qui est le plus important : il est arrivé ?

- Son avion va atterrir dans une heure... Ca nous laisse le temps de nous préparer pour ce que Shaw attend de nous.

Acquiescant d'un signe de la tête, Andrew suivit son acolyte jusque dans une berline noire avant de prendre la direction de l'aéroport. Durant le trajet il ferma doucement les yeux, le manque de sommeil du à ses activités extra-professionnelles prenant le pas sur tout le reste. Le repos ne fut cependant pas long, les nombreuses images de la guerre de Corée à laquelle il avait participé le hantant encore ayant réussi à le réveiller avant leur arrivée à l'aéroport. Descendant de la voiture alors qu'ils étaient encore sur le tarmac, les deux coéquipiers se dirigèrent vers un groupe de personnes toutes vetues de noir et armées jusqu'au dents. A la vue des deux hommes, le groupe pointa ses armes en leur direction :

- Tu t'occupes d'eux, je prend le volant...

Disparaissant soudainement, l'armoire à glace réapparu devant les hommes armés, les égorgeant un a un avec une rapidité et une efficacité hors du commun. Ayant l'avantage de pouvoir se rendre invisible, le partenaire d'Andrew était intouchable et neutralisa chacun de ses adversaires sans avoir une seule égratignure. Faisant comme si de rien n'était et profitant du peu de monde dans cet aéroport de seconde zone, Andrew se dirigea vers une Rolls Royce flambant neuve dont la conductrice effrayée avait semblé attendre quelqu'un avant l'intervention des deux assaillants. Montant du côté passager, Andrew saisit la main de la jeune femme afin de l'empêcher de descendre de la voiture. Cette dernière le griffa au visage avant de se figer en voyant le sourire sadique sur ses lèvres :

- Désolé de vous interrompre dans le cadre de vos fonctions, mais je réquisitionne cette voiture et... vous par la même occasion !

La voix douce qui s'était échappé de la bouche du professeur contrastait avec la fermeté de l'étreinte qu'il exerçait sur sa pauvre victime qui tremblait comme une feuille. Frôlant du doigt le visage de la jeune femme, Andrew inspira longuement avant de sourire :

- Voyons ne vous inquietez pas, vous n'avez pas de raison d'avoir peur... Je ne vais pas vous manger ! Je suis un homme très doux avec les femmes et comme vous avez l'air d'être quelqu'un de bien, je vais vous traiter comme j'ai traité ma femme d'accord ?

Malgré la peur qu'éprouvait la demoiselle, cette dernière hocha lentement la tête et se mit à fixer la main d'Andrew qui était occupé à relever la manche de ce qui s'apparentait à son ''jouet du jour''. Parcourant du bout des doigts l'avant bras nu de sa victime, il murmura :

- Je dois cependant vous dire que certainement tout comme vous... Ma femme n'aimait pas vraiment ce que j'étais en réalité. Car même si ça va vous sembler aberrant, je suis... différent de vous et je sais que les gens comme vous n'aime pas.... les gens comme moi vous voyez... Alors forcément moi, ça m'attriste !

Serrant fermement le poignet de la pauvre ingénue, cette dernière gémit et se mit à crier. Sous ses yeux ébahi, elle voyait son sang s'extraire de lui-même de son corps pour aller se loger dans la paume de la main d'Andrew, qui semblait se délecter du spectacle. Son sang bouillonnait, elle tentait de se débattre pour arrêter cette horrible sensation mais rien ne semblait vouloir stopper le processus. Plus son sang et son énergie la quittait, plus elle sentait la force de son agresseur grandir et son étreinte devenir encore plus oppressante. Elle sentit les os de sa main se briser, ajoutant un peu plus de douleur à son infinie souffrance alors qu'inversement, les traces de griffures qu'elle lui avait infligé disparaissaient peu à peu. Elle semblait se dessécher lentement jusqu'à ce que tout s'arrête, son corps inerte retombant sur le volant de la voiture. S'étirant légèrement et enfilant une paire de gants en cuir, Andrew ouvrit la porte du conducteur pour faire tomber le cadavre de la jeune femme hors de la voiture et prit sa place en ajoutant :

- Sandra ne m'avait pas non plus compris de toute façon...

Après cette brève allusion à sa defunte épouse, le membre du Club des Damnés jeta un bref coup d'oeil dans le rétroviseur et aperçu son coéquipier accompagné d'un pauvre homme avec une malette. Forcé d'entrer dans la voiture, ce dernier tomba sur la banquette arrière avant que les portes ne se ferment. Sans trop comprendre ce qu'il lui arrivait, l'homme posa la question fatidique :

- Bon sang mais qui êtes-vous !

- Mr Stevenson ? Blood pour votre service... Mr Sebastian Shaw souhaite s'entretenir avec vous...