Après le « cours » que lui avait donné Lysandre, Félicia n’avait pas souhaité sortir. Elle ne tenait pas à voir du monde et Victor s’était montré compréhensif et n’avait pas insisté.

Elle avait donc pu prendre sa douche à son rythme, sans se soucier d’être ou de ne pas être en retard, puis s’improvisa un repas. Elle aimait bien cuisiner, mais elle aimait surtout cuisiner pour les autres. Quand elle mangeait seule, elle se contentait donc du minimum syndical et cette fois ci n’avait pas fait exception à la règle. Elle s’en moquait néanmoins. C’était bon quand même et c’était le principal.

Elle essaya ensuite de se poser pour regarder la télévision, mais ne put y parvenir. Aucun des programmes ne l’emballèrent vraiment et puis elle sentait qu’elle avait la bougeotte.

Une fois rafraîchie et détendue, Félicia avait en effet commencé à éprouver l’envie de sortir, non pas pour rejoindre Victor –elle n’en avait toujours aucune envie, mais pour profiter un peu de l’air frai et de la nature qui entourait la propriété de son bienfaiteur. Quelques contacts avec certaines de ses créatures lui indiquèrent ensuite qu’elle n’était pas la seule à vouloir voir du pays et Félicia décida donc d’improviser une petite balade. Elle savait même où elle voulait aller : près du lac.

Ses créatures n’étant pas du genre passe-partout, elle entendit néanmoins que la nuit commence à tomber pour sortir, puis s’exécuta.

Elle avait déjà fait la balade des centaines de fois et savait exactement par où passer pour se faufiler avec ses créatures sans être vue. Le trajet ne posa donc pas de problème. L’arrivée près du lac non plus. Il était aussi désert qu’elle l’espérait et ses créatures et elle purent donc en profiter à leur guise. Même les bonnes choses ont une fin néanmoins et Félicia finit donc aussi par décider de rentrer.

Le chemin du retour était exactement le même qu’à l’allée. Il devait même comporter moins de risques d’être vue en raison de l’heure tardive à laquelle elle l’empruntait, sans compter que la nuit offrait un nombre plus importants de cachette à ses créatures en cas de présence humaine imprévue. Félicia n’était donc pas spécialement sur ses gardes et se permit même de continuer à jouer avec l’une de ses créatures comme elle l’aurait fait avec un chien et ce pendant la première partie du trajet.

Son assurance diminua néanmoins d’un cran quand elle arriva près du cimetière par lequel elle passait habituellement pour rentrer. Elle n’était pas particulièrement superstitieuse et abordait généralement cette partie du trajet sans plus d’inquiétude que ça, sauf que cette fois, elle crut avoir l’impression d’entendre des bruits bizarres en s’en approchant. Elle ne parvint pas vraiment à identifier ces bruits néanmoins et ne vit rien de particulier lorsqu’elle s’arrêta à côté du muret qui la séparait encore de l’intérieur pour voir si elle apercevait quelque chose d’inhabituel.

Les bruits s’étaient arrêtés par ailleurs et Félicia poussa donc la porte grinçante en fer-forgée comme elle en avait l’habitude et commença à cheminer entre les tombes sur la pente douce qui menait à une autre entrée située en contrebas.

De là, elle emprunterait le chemin qui menait de l’entrée du cimetière à une route plus importante, qu’elle remontrait sans l’emprunter pour rentrer chez elle. Plus bas encore, se trouvait un petit village -celui dont les morts venaient encore enrichir le parterre qu’elle traversait.

En descendant, de jour, on en apercevait même quelques maisons sur la droite, de même que l’on voyait le sommet d’une parabole, sur la gauche. Non loin de là se situait également le grand domaine d’un particulier. Ce dernier était entouré de bois néanmoins et elle ne savait même pas s’il était encore habité. La nuit en revanche, on ne voyait rien de tout ça et l’on en devinait à peine les formes. On ne voyait pas grand-chose tout court d’ailleurs et Félicia dû donc avancer lentement afin de ne pas trébucher.

Elle aurait pu faire le tour comme ses créatures bien sûr, mais c’était plus court de couper par là. Il n’existait aucun vrai chemin qui contournait le cimetière qui plus est et en emprunter les allées bien entretenues était donc également moins risqué.

Elle n’avait pas finit de le penser néanmoins qu’elle crut entendre à nouveau quelque chose et percevoir un mouvement un peu plus loin entre les tombes. Ce n’était pas gros et ce n’était même probablement qu’un animal, mais cela la stoppa quelques instants dans sa progression.

- Y’a quelqu’un ? demanda-t-elle ensuite.

Elle se sentait bête de poser cette question, alors qu’il n’y avait vraisemblablement personne, mais elle ne voulait pas prendre le risque de croiser qui que ce soit à la sortie alors que ses créatures s’y trouveraient aussi.

S’il n’y avait vraiment personne en outre, qu’elle ait l’air bête ne devrait pas être très gênant.