En retard ? Non pas vraiment, j'étais limite mais j'allais me mettre en route pour l'institut avant que mon téléphone se mette à sonner, alors que je passais la porte de mon appartement. Je me dépêchais d'aller décrocher le téléphone.

- Ah Alec, c'est Henry, tu peux pas savoir comment je suis heureux de t'avoir je te croyais déjà partis.
- Ben j'étais en train.
- J'aurais besoin que tu me rendes un petit service... Et rappelles-toi que tu m'en dois une.
- Aujourd'hui ? Tu sais que j'ai un boulot....
- Oui j'aurais besoin que tu fasses passer les visites médicales à ma place. Je t'en prie. C'est à l'hôpital celui qui est le plus près de chez toi. Et je les ai prévenue de ton arrivée...
- Ok je peux bien faire ça pour toi.

Je n'attendis pas sa réponse que je raccrochais, c'était censé être ma journée de repos mais je voulais me rendre à l'Institut, histoire de me mettre à jour. C'était raté, je me rendis donc à cet hôpital, je me présentais et une jeune infirmière me refila une blouse que j'enfilais en vitesse et je prenais la direction de son bureau.

Ce n'était que des visites médicales, rien de bien méchant, taille, poids, tension, et quelques petits tests. C'était d'une simplicité enfantine. J'avais une liste de noms des différents élèves, que je devais passer en revue.

J'avais passer un quart de la liste. Mais certain était plus réticent étant habituer au docteur Henry Monroe.
Puis je raccompagnais un élève ma liste à la main, donnant un coup de crayon sur le nom de celui que je venais d'osculter puis j’appelais le nom suivant sans lever les yeux de ma liste.

- Mademoiselle de Marnée ?

Visite Médicale. Deux mots que j’avais toujours détestés. Plutôt pour ce qu’ils représentaient, devrais-je dire. J’avais horreur des médecins, sans vraiment savoir pourquoi. Peut-être car j’étais douillette, frileuse et que j’avais peur des piqures … Alors, de toute évidence, se déshabiller devant un inconnu pour, presqu’un an sur deux, se faire vacciner, ce n’était pas vraiment mon truc, mais bon, je prenais les choses comme elles venaient, sans trop me soucier du reste. Il régnait à chaque fois une atmosphère bruyante, due aux chuchotements incessants des gens qui croyaient ne pas se faire entendre. J’avais pris un livre avec moi, malgré ma lecture interrompue par ces sortes de flashs, un peu flous, ils étaient de plus en plus fréquents, ces temps-ci et je ne pouvais m’empêcher d’y penser constamment. Ayant longtemps cru que je me perdais simplement dans le fil de mes pensées, je ne m’en étais jamais inquiétée, mais je n’arrivais pas à finir une page sans avoir une image de l’auteur. Sans l’avoir jamais vu, je savais que c’était lui, simple pressentiment.

- Mlle de Marnée ?
- Oui. Acquiesçais-je avec un accent français relativement prononcé.

Je me levai et suivi l’homme qui venait de m’appeler dans son bureau. Etant arrivée depuis moins d’un an, c’était ma première visite médicale à New-York, mais d’après les réactions des autres élèves, il n’était pas difficile de deviner que ce n’était pas le médecin habituel. D’ailleurs, le bureau ne devait pas être le sien non plus. Je remarquai une photo de famille, sur laquelle il n’était pas représenté. La fixant distraitement, je finis par me rendre compte que ma vue se brouillait pour laisser place aux trois personnes présentes sur la photo, riant ensemble, heureuses. Je ressentais leurs sentiments, m’emplissant soudain d’une grande joie, puis détournai les yeux rapidement, tentant de revenir au plus vite au monde réel. Je détestai que ce genre de choses se passe en public, tant que j’étais seule dans ces cas là, je laissais couler, mais j’avais toujours peur que cela se remarque, sans vraiment pouvoir donner d’explication. Je piquai un fard.

- Bonjour monsieur.

Les visites médicales, sérieusement qui pouvaient aimer ça... En tout cas pas c'est élèves là, ils n'aimaient pas et me le faisaient bien comprendre sauf que moins ils mettaient du leurs plus ça traînait en longueur, chose qu'il finissait par comprendre et donc il se calmer un peu...
Après avoir annoncé un nom, j'entendis une voix puis je lui fis signe de me suivre.
J'entrais dans le bureau en laissant passer la jeune fille devant moi, je me dirigeais vers le bureau, et lui indiquai de prendre place en face de moi. Je lui servis mon plus beau sourire histoire de la mettre en confiance.

- Bonjour monsieur.

- Bonjour, je suis Alec Halden le remplaçant du docteur Monroe. Je sais que ça doit être déstabilisant.

Puis je remarquais que la jeune fille rougissait, ça ne pouvait pas venir de moi, je n'avais fait que me présenter...
J'inspectai le bureau avant de voir une photo de famille du docteur Monroe.

- Quelque chose ne va pas mademoiselle de Marnée ?

Puis j’attrapais le tensiomètre, avant de demander à la jeune fille de relever sa manche, afin que je puisse prendre la tension de la jeune femme et de l'écrire sur une feuille.

- Votre tension est bonne, cependant vous me semblez fatiguée, avez-vous des problèmes de sommeils ?

Puis je testais ses réflexes, ils étaient bons, je le notais aussi, ne sachant pas comment le docteur Monroe fonctionnait, certes on avait fait l'université de médecine ensemble mais ça c'était arrêter là, je le revoyais de temps en temps mais ce n'était plus dans le cadre du travail.

- Bien. On va aller vous mesurer maintenant.

Je tentais d'être gentil et prévenant, mais ils n'étaient pas habitués à moi du coup je faisais de mon mieux pour qu'il ne remarque pas la différence. J'espérais bien m'en sortir, au moins j'aurais essayé...

- Bonjour, je suis Alec Halden le remplaçant du docteur Monroe. Je sais que ça doit être déstabilisant.
Je relevai les yeux pour croiser son regard, par politesse. Il regarda autour de lui, comme cherchant quelque chose et posa le regard sur la photo. Je sentis mon pouls s’accélérer. Il ne pouvait pas avoir deviné, non c’était impossible.

- Quelque chose ne va pas mademoiselle de Marnée ?
- Non, non, tout va bien. Répondis-je, peut-être un peu trop vite pour que cela paraisse innocent. Je n’ai jamais vu le docteur Monroe, de toute façon, je suis nouvelle. Continuais-je en tentant un sourire timide.

Il me demanda de lever ma manche, pour prendre ma tension. Je le fis le plus lentement possible, essayant de me calmer pour ne pas qu’il puisse se rendre compte de mon anxiété, je ne savais pas s’il pouvait voir mon cœur qui s’était accélérer avec l’appareil qu’il tenait en main, mais je ne préférais pas risquer le coup. Heureusement, il ne sembla rien se passer d’anormal.

- Votre tension est bonne, cependant vous me semblez fatiguée, avez-vous des problèmes de sommeils ?

Evidemment, j’avais ces sortes de vision qui, en y réfléchissant, me fatiguaient relativement bien, surtout ces derniers temps, mais je ne pouvais pas lui lâcher ainsi que je voyais des choses dès que je posais les yeux sur une photo ou une lettre. Partie comme ça, j’étais bonne pour l’asile et ce n’était certainement pas mon objectif. Ayant toujours été très mauvaise pour mentir, j’improvisai en bafouillant.

- Oui. Enfin non. Non, non. Mais c’est que … Oui, je suis un peu fatiguée, mais ce n’est pas important.

Quelle poire, pas moyen d’aligner trois mots corrects quand je m’éloignais de la vérité.

- Bien. On va aller vous mesurer maintenant.

Je le suivis. Au moins, en me mesurant, il ne devrait rien trouver de bizarre chez moi. C’était toujours ça. Comment les gens réagiraient s’ils découvraient ce qui m’arrivait ? Certainement très mal, les gens ont peur de l’inconnu, ils ont tous un côté xénophobe. Ce ne serait en tout cas pas bon pour moi.

- Non, non, tout va bien. Je n’ai jamais vu le docteur Monroe, de toute façon, je suis nouvelle.

Une chose était sûre elle venait de mentir et s'était précipité pour me répondre, chose anormale. Par contre elle était bien nouvelle à en juger par son accent.
On dériva très rapidement sur ses problèmes de sommeils. Et la jeune Marine n'était vraiment pas à l'aise. Et je me demandais bien pourquoi, cela venait-il de moi ? J'avais quelques épis mais à part ça ma tenue était correcte.

- Oui. Enfin non. Non, non. Mais c’est que … Oui, je suis un peu fatiguée, mais ce n’est pas important.

- Je peux vous prescrire des vitamines si vous le désirez ?

J'étais docteur, c'était la moindre des chose que de lui proposer.
Puis je la mesurais, 1m 68, je notais ça sur un post-it, que je collais sur la fiche de la jeune adolescente. J'ignorais pourquoi la jeune femme était mal à l'aise et ça me déconcentrait. Il fallait que je sache.

- Ma présence vous mets mal à l'aise ?

Puis je me tournais vers la photo, je l'attrapais et la rapprochais de nous. Si le malaise venait de là, il fallait que je sache pourquoi, si elle ne connaissait pas le docteur Monroe pourquoi avait-elle fait cette tête en voyant la photo.

- Ou ce malaise vient de cette photo ?

- Vous avez eu de très fortes migraines récemment ?

J'avais arrêté ma consultation, cherchant des réponses que je ne trouvais apparemment pas. Je travaillais d'ordinaire avec des mutants, était-il possible que j'en vois partout ? Ou étais-je tombé sur l’exception. Le jour où j'étais censé être de repos ? Je n'étais pas un recruteur, mais je pourrais parler de l'institut à la jeune femme, après tout c'était une école pour surdouée.

Je posais mon regard sur la jeune adolescente, attendant une réponse, espérant ne pas m'être fait de film, et qu'elle avait bien quelque chose de spécial...

Il l’avait remarqué, j’étais sure qu’il avait remarqué. Je n’avais jamais su mentir, mais là, ma nullité dépassait des sommets. J’aurais pu annoncer que j’allais lui cacher la vérité que ça n’aurait pas été plus clair.

- Je peux vous prescrire des vitamines si vous le désirez ?
- Je ... ne sais pas si ce sera très utile, improvisais-je.

Pourquoi fallait-il que je trouve toujours des trucs ridicules à répondre. C’était de pire en pire. Valait-il mieux que je me taise ?


- Ma présence vous mets mal à l'aise ?

Je gardai le silence en rougissant. Je n’aurait pas vraiment su répondre, même en moi-même. Ce n’était pas vraiment lui qui me mettait mal à l’aise, plutôt moi-même, mais peut on se sentir mal à l’aise vis à vis de soi ?

- Ou ce malaise vient de cette photo ?
- Non. Lançais-je aussitôt.

Tais-toi, arrête de dire n’importe quoi, pitié. Pourquoi fallait-il qu’il s’intéresse à cette photo, pourquoi ? Je m’appliquais à fixer le cadre, évitant l’image sans pour autant que cela ne soit trop flagrant. Mes yeux dérivèrent vers les visages au centre. Je sentis mes yeux plonger dans le vide, mes pensées se brouiller, puis tournai rapidement la tête, m’arrachant au spectacle.

- Vous avez eu de très fortes migraines récemment ?

Réflexion faite, il est vrai que j’avais eu mal à la tête assez fréquemment et plus fort que ce que j’avais pu avoir auparavant. J’essayais de réfléchir vite. Avoir des migraines aurait-il pu avoir un lien avec ces flashs ? Pas à ma connaissance.

- Oui, ça m’est arrivé, parfois.

La consultation semblait durer, alors que les autres ne restait qu’une poignée de minute, cela en faisait presque dix que j’étais rentrée. Pourtant, le docteur ne semblait pas trouver cela dérangeant. Il semblait plutôt plonger dans une profonde réflexion, comme cherchant une réponse à un problème nouveau. Etrangement, j’avais l’impression d’être le centre du problème.

J'étais en train d'assister à la pire visite médicale de toute ma carrière.... Elle semblait ailleurs, et je sentais qu'elle me cacher quelque chose, mais quoi ? Je tentais de faire correctement mon travail mais c'était loin d'être simple, ces réponses étaient évasives, peu claires, je pensais que ma présence la mettait mal à l'aise, pourtant je n'étais pas dans mes mauvais jours...

- Je ... ne sais pas si ce sera très utile.

Je relevais la tête de mon post-it... Des vitamines ? Pas utiles ? Quand je demandais si je la mettais mal à l'aise elle ne répondit pas, elle semblait plutôt absorbée par la photo même si elle tentait de faire dévier son regard sur le cadre.

Je dérivais sur le sujet des fortes migraines, elle en avait, je travaillais entouré par des mutants, avais-je l'impression d'en voir partout maintenant ? Et quelle mutation ça pouvait être ? Fallait-il que je lui fasse une démonstration de la mienne d'abord ? Non ça mutation à l'air de lui paraître normale... Si je lui montrais ce que je pouvais faire, elle aurait peur. Je devais attaquer le sujet en douceur.

- Avez-vous déjà entendu parler de mutation, un peu spéciale ? Vous savez des gens qui ont des aptitudes différentes des autres ?

Je ne pouvais pas lui annoncer "Mlle de Marnée vous êtes mutante passez une bonne journée". Mais si je pouvais la forcer à en prendre conscience ça serait super, je suis sûr que le professeur Xavier serait ravi de la compter parmi ses élèves.

- Parce que j'ai l'intuition que vous êtes différente, mais ça vous devez vous en doutez n'est-ce pas ?

J’étais partagée entre la tentation de plonger mon regard dans ses notes que j’aperçevais du coin de l’œil sur son post-it, laisser mon imagination divaguer vers un possible passé et le malaise que cela engendrerait. Sa question incongrue coupa court à mes réflexions personnelles.

- Avez-vous déjà entendu parler de mutation, un peu spéciale ? Vous savez des gens qui ont des aptitudes différentes des autres ?

Des quoi ? On était où là ? De quoi voulait-il parler ? Je ne pouvais détacher mes yeux de son visage, cherchant la trace d’une plaisanterie, le moment où il m’annoncerait qu’il rigolait, mais il ne vint pas. Je réfléchis à nouveau à la question, sans honte ni précipitation face au silence qui s’installait. Parlait-il de simples dons ? Comme ces gens qui joue de la musique sans jamais avoir pris de cours, où ceux capable de trucs légèrement divaguant ? Ou des mentalistes, observant tellement bien qu’ils étaient capable de deviner des choses folles ?

- Que voulez-vous dire par là ?
- Parce que j'ai l'intuition que vous êtes différente, mais ça vous devez vous en doutez n'est-ce pas ?
- Que je suis quoi ? Répondis-je aussitôt, surprise par ma propre réponse.

Je n’avais pas l’habitude de réagir comme ça, mais ce qu’il m’avait dit m’avait tellement surprise que je n’avais pu m’en empêcher. Je pensai directement aux flashs qui m’apparaissaient, puis écartai l’hypothèse aussi vite qu’elle était venue. C’était juste mon côté distraite, dans la lune, ce n’était que mon imagination. Je ne pus pourtant m’empêcher d’éloigner mon regard de tout texte ou photo. Cette manie d’imaginer ce qui pouvait se cacher derrière était si imprévisible que je préférais me mettre à l’abri.

- Ecoutez, je ne vois pas vraiment de quoi vous voulez parler. Conclu-je en me braquant totalement.

Comme je m'en doutais la jeune Marinée se braqua... Il n'était jamais facile d'apprendre à quelqu'un qu'il était différent. Mais je ne pouvais pas la laisser croire qu'elle devenait folle. Elle devait apprendre à contrôler son don afin de pouvoir vivre avec, sans avoir peur qu'il se manifeste toutes les cinq secondes...

- Que je suis quoi ?

Mutante fut la première chose que j'eu envie de lui dire, histoire de poser un mot sur ce qui lui faisait peur. Mais si je lui disais ça de but en blanc elle se braquerait encore plus... Il fallait que je le fasse étape par étape. C'était tellement plus simple à l'Institut. Ils savaient déjà ce qu'ils étaient, enfin plus ou moins... Là ce n'était pas le cas. Je ne m'occupais pas de recrutement, j'étais le docteur/mutant, celui vers qui vous allez quand ça ne va pas.

- Ecoutez, je ne vois pas vraiment de quoi vous voulez parler.

- Le fait d'être différente n'as pas à vous faire peur, il ne faut pas que vous vous croyiez folle, c'est faux croyez-moi. Je suis moi-même différent... Et je travaille tous les jours avec des gens comme vous et moi.

J'espérais que ça pourrait la rassurer, je ne pouvais pas lui montrer mon mimétisme, pas ici, nous n' étions que deux donc elle devrait subir mon pouvoir chose qui serait loin de la rassurer, je pouvais me dédoubler en espérant que mon double ne fasse pas n'importe quoi... C'était quand même risqué.

- Vous n'êtes pas seule Marine...

Je lui souris, espérant que la jeune femme se calme un peu, ça n'était jamais simple d'apprendre que vous étiez différent, mais là ce n'était pas la même chose, elle n'était pas seule et je pouvais l'aider.

Différente. Ca voulait dire quoi, exactement, différente ? On m’avait répété petite, que chacun avait sa propre personnalité, qu’il fallait accepter même ceux qui n’étaient pas comme nous, mais j’avais vite remarqué qu’on honorait rarement ce conseil. Etait-on voué à être un mouton ou être exclus du troupeau, n’y avait-il pas d’alternative ? Et avouer être différente ne ferait-il pas de moi quelqu’un de marginal et rejeté ? Et était-il possible d’accepter cette nouvelle condition d'individu différent ? Je n’avais pas vraiment envie d’être différente. Pourtant, ce n’était peut-être pas par hasard que ces flashs m’étaient venus ainsi à l’esprit. Devrais-je lui en parler ?

- Le fait d'être différente n’a pas à vous faire peur, il ne faut pas que vous vous croyiez folle, c'est faux croyez-moi. Je suis moi-même différent... Et je travaille tous les jours avec des gens comme vous et moi.

Lui s’incluait dans ce nous auquel j’hésitais à m’inclure. Je ne pouvais pas nier pour toujours ces visions qui occupaient de plus en plus mes pensées. Elles en devenaient gênantes. Malgré cela, pourrait-il m’aider en quoi que ce soit dans ce que je vivais ?

- Vous n'êtes pas seule Marine...

Il fallait que je me lance, je le sentais. M’asseyant sur une chaise en face de son bureau, je regardai mes pieds en réfléchissant à comment formuler ma phrase.

- Eh bien, c’est vrai que j’ai … mon imagination qui défile de temps en temps. Enfin, je ne sais pas trop comment expliquer cela, mais quand je regarde une photo ou un texte écrit à la main, je vois … plus loin que simplement des lettres. Rapportais-je. Mais je ne crois pas que ça fasse de moi quelqu’un de marginal. Me pressais-je d’ajouter.

Je relevai les yeux vers lui pour voir sa réaction. Allait-il se foutre de moi, me prendre pour une folle ? C’était possible, mais ne l’étais-je pas vraiment ? Qu’est-ce qui pouvait me le prouver ?

La jeune Marine me prenait au sérieux, et je ne pouvais l'aider que si elle acceptait de me parler. N'étant pas télépathe je ne pouvais deviner ce qu'elle pensait, j'allais devoir composer sans.

- Eh bien, c’est vrai que j’ai … mon imagination qui défile de temps en temps. Enfin, je ne sais pas trop comment expliquer cela, mais quand je regarde une photo ou un texte écrit à la main, je vois … plus loin que simplement des lettres. Rapportais-je. Mais je ne crois pas que ça fasse de moi quelqu’un de marginal.

La seule chose que je pus faire fut de poser ma main sur son épaule, comme pour l'encourager, non elle n'était pas folle. Et surtout elle n'était pas seule. Plus maintenant du moins, enfin si elle acceptait mon aide.

- Au vue de la description je dirais que c'est de la clairvoyance... Je peux vous aider, je connais quelqu'un qui est à la tête d'une école pour les gens dans notre genre. Je travaille là-bas, je peux vous le présenter, mais il faut que ça vienne de vous.

Je pouvais appeler le professeur Xavier, lui dire qu'on avait une urgence ici. J'étais sûr qu'il viendrait, et puis il trouverait plus facilement les mots que moi. Je n'étais pas doué pour ça. Moi je posais un diagnostic, donner un traitement, soigner les plaies, et gérer les dossiers. C'était suffisant.

- Alors qu'en dites vous ?

Une école pour des gens comme nous ? Allait-il encore en cours ? Qui était cet homme ? Il ne ressemblait à aucun des médecins que j’avais pu voir dans ma vie. En même temps, je n’avais parlé à aucun d’eux de ces visions, mais tout de même. N’était-il pas fou ? Pas aussi fou que moi je devais l’être ? Ces pensées tournaient dans ma tête à toute vitesse.

Je fini par poser mes yeux sur cette même photo qui restait fixée à mon regard. Peut-être parce que j’étais psychologiquement fragile à ce moment là, peut-être pour une autre raison inconnue, mais je me plongeai plus rapidement que jamais dans la photo. Je les vis rire, recommencer plusieurs fois la photo, l’un des membres de la famille du docteur Monroe ayant toujours les yeux fermés. Je sentis à mon tour un sentiment d’allégresse, mais me débattai mentalement pour sortir de cette sorte de transe. J’y parvins au bout d’une petite minute et le mal de tête qui accompagnais ces visions se fit plus douloureux que d’habitude.

Je me souvins de la présence du docteur et rougit. C’était une des premières fois que ça m’arrivais devant quelqu’un et aussi longtemps. Habituellement, je faisais toujours attention à ne pas me faire piéger par mes visions. Le mal de tête continuait à me faire souffrir, je posai deux doigts sur mes tempes.

- De la clairvoyance ? Nan, je suis pas une voyante, je suis normale. Une école ? Quelle école ? En parlant de ça, ma prof va s’inquiéter que je reste aussi longtemps, non ?

Il ne semblait pas fou, encore moins en train de rire. Le docteur Halden avait l’air si certain et sérieux qu’il était difficile de ne pas le croire.

- J’ai pas compris, continuais-je, toujours mes mains me tenant la tête, mais je suis d’accord, s’il peut m’aider à faire partir ce truc.

- De la clairvoyance ? Nan, je suis pas une voyante, je suis normale. Une école ? Quelle école ? En parlant de ça, ma prof va s’inquiéter que je reste aussi longtemps, non ?

Je souriais quand elle employait le mot voyante, je ne pouvais pas lui expliquer qu'elle n'était pas voyante mais mutante...

- C'est une école spécialiser pour les élèves... et bien disons surdouée. Oh actuellement votre "prof" et partit se commander un café. Tu veux voir et ressentir des choses, et bien moi je peux faire faire des choses aux gens.

Mais la jeune femme avait encore des tas de doutes et me le faisait savoir, le recrutement n'était décidément pas pour moi surtout que je n'avais jamais prétendu pouvoir m'en charger.

- J’ai pas compris, mais je suis d’accord, s’il peut m’aider à faire partir ce truc.

- Partir non, mais vous apprendre à le contrôler c'est certain...

Le seul téléphone à ma portée était celui du hall, celui sur le bureau avait un post-it avec inscrit hors-service...
Je décollais le post-it avant de le montrer à la jeune femme...

- Je vais utiliser celui de l'accueil, je vous fais confiance pour rester tranquille... Et puis je glisserais deux mots à votre "prof" si y'en a vraiment besoin.

Je sortais donc du bureau, et m’avancer vers l'accueil croisant la fameuse "prof" se servir un café. Je souris, avant de me diriger vers l’accueil et de m'emparer du téléphone. Je composais le numéro de tête, que j'avais surnommé la ligne directe du professeur Xavier.

- Professeur, c'est Monsieur Halden, j'ai comme qui dirait besoin de votre aide, je me demandais si vous pouviez vous rendre à l'hôpital. Ce n'est pas pour moi...

À l'institut, tout était plutôt calme. Les élèves prenaient une petite pause alors que les professeurs préparaient de nouveaux cours pour les jours à venir. Charles Xavier était installé confortablement dans son bureau et regardait des dossiers sur différents mutants. Il analysait les pouvoirs de chacun, parfois surpris et intrigué par le fonctionnement de certaines mutations. Le professeur Xavier était souvent fasciné par ce qu'il voyait ou ce qu'on pouvait lui dire à ce sujet. Sans cette fascination, il n'aurait pas fait de thèse. Sans thèse, il n'aurait pas été professeur et sans ça, l'agent McTaggert ne lui aurait pas demandé de l'aide. Sans cette aide, il n'aurait pas rencontré Erik Lehnsherr et n'aurait pas cette école. Il pouvait se remercier lui-même, en quelque sorte, d'avoir été un brillant élève à l'école. En y repensant, Charles eut un petit sourire.

Le téléphone se mit à sonner et rapidement, le professeur décrocha. Il ne pensait pas avoir Alec Halden au bout du fil et écouta attentivement ce qu'il avait à lui dire. Le mutant lui demandait de venir l'aider à l’hôpital. Ce n'était pas pour lui, ce qui intrigua encore plus Charles. Le professeur lui annonça qu'il arriverait bientôt et demanda à Sean Cassidy de le conduire à l’hôpital.

Arrivé sur les lieux, le professeur trouva rapidement Alec. Il y avait une personne avec lui, une jeune demoiselle. Charles n'eut pas beaucoup de mal à comprendre que cette adolescente était une mutante. Il fit un large sourire et présenta sa main à celle-ci, après avoir salué Alec. « Marine, je présume ? » demanda t-il sans même prendre de pincettes, comme il l'avait fait par le passé avec Hank McCoy. Ensuite, Charles leva les yeux vers l'infirmier de l'institut, sans quitter son sourire malgré l'urgence. «Je vous écoute, que se passe-t-il ? » Bien installé sur son fauteuil, le professeur attendit calmement qu'on lui explique la situation. Il n'avait pas usé de sa télépathie pour en savoir plus. Les explications d'Alec ou de la mutante pourrait suffire. Sean, lui, restait en retrait mais était là au cas où.

Apprendre à contrôler mon imagination ou ce je ne sais quoi qui me faisait voir ces flashs ? Cela paraissait bien saugrenu et pour tout dire inquiétant. J’hésitais à rester et me plonger dans cette histoire jusqu’au bout, mais mon instinct de survie me criait que tout cela était louche et que j’avais intérêt à partir.

Le docteur Halden sortit dans le hall passer un coup de fil. Cette situation devenait de plus en plus étrange. Il semblait me cacher quelque chose ou peut-être me faisais-je seulement des films. Je sentais cependant un certain stress s’immiscer en moi, face à cette situation peu commune. Une dizaine de minutes plus tard, ou peut-être un peu plus, un autre homme, en fauteuil roulant entra dans la pièce. Le médecin semblait l’attendre. Le nouvel arrivant s’approcha de moi et me serra la main.

- Marine, je présume ?
- Je … Oui, c’est cela, mais comment me connaissez-vous ? Je suis sensée savoir qui vous êtes ?

Je n’était pas habituée à un bonjour si chaleureux de la part d’inconnus et ne savait pas trop comment réagir. Toute cette histoire commençait à me mettre mal à l’aise et j’en était toujours à me demander si je connaissais cet homme ou s’il était juste très cordial.

- Je vous écoute, que se passe-t-il ? déclara-t-il e regardant le docteur.

Il était donc venu à sa demande, spécialement pour moi. Etait-ce cet homme à la tête d’une école dont il m’avait parlé ? Qu’il me conseille une autre école passait encore, mais qu’il invite directement son responsable à venir me rencontrer paraissait un peu exagéré. Et pourquoi si vite, je n’avais pas besoin de changer d’école dans la demi-heure qui suivait. De plus, rien ne disait que me mère serait d’accord que je change ainsi. Je ne savais même pas où ce trouvait cette école. New-York était grand et rien ne me disait même qu’elle était dans la ville.

Le professeur ne tarda pas à répondre, et arriva très rapidement en compagnie de Sean, je saluai ce dernier qui rester en retrait d'un signe de tête. Et je saluai le professeur dès qu'il fut arriver à mon niveau.
Ce n'était pas une situation banale, c'était loin de l'être mais j'estimais que la jeune fille avait le droit de savoir qu'elle n'était pas folle, mais juste différente et surtout qu'elle n'était pas seule.

- Marine, je présume ?
- Je … Oui, c’est cela, mais comment me connaissez-vous ? Je suis sensée savoir qui vous êtes ?

Puis le professeur Xavier, se tourna vers moi, tandis que je posais une main sur l'épaule de Marine pour tenter de la rassurer.

- Je vous écoute, que se passe-t-il ?

- Et bien je faisais les visites médicales pour rendre service en un collègue, quand j'ai rencontré la jeune Marine, et j'ai la certitude que Marine est l'une des nôtres.

Je baissais la tête, la présence des gens autour de moi m'empêcher de parler librement je me devais donc de compter sur la télépathie du professeur, ne sachant pas trop comment cela marcher je fixais le professeur, avant de me lancer.

" Je sais que le recrutement, ce n'est pas mon rôle, mais je ne voudrais pas qu'elle pense qu'elle est folle, je sais ce que ça fait... Je lui aurais bien fait une démonstration mais on sait très bien que faire apparaître mon double en public est loin d'être une bonne idée."

Mon double ne sachant pas se tenir était donc une très mauvaise idée, quant à mon autre mutation c'était vraiment risquée, car voir que la personne en face de vous peut contrôler tous vos gestes et parfois même les mots qui sortaient de votre bouche, je risquais de l'effrayer et cette fois-ci pour de bon, hors ce n'était pas mon but.

J’abaissais à nouveau la tête, un peu comme si j'étais honteux, mais je pensais que Charles était le meilleur pour l'éducation des jeunes, et surtout pour leur faire comprendre qu'ils n'étaient pas des monstres et encore moins des fous...

Totalement détendu, Charles croisa ses doigts les uns dans les autres, les mains près du ventre. Pour lui, rencontrer des mutants était devenu une routine depuis l'ouverture de l'institut. Mais il ne négligeait pas pour autant ses visites et était prêt à aider n'importe quelle personne dans le besoin. La jeune Marine ne semblait pas trop comprendre ce qu'il se passait et demanda immédiatement à Charles si elle le connaissait après qu'il l'ait appelé par son prénom. Le professeur eut un petit sourire mais ne répondit pas de suite. Il demanda d'abord à Alec plus d'informations au sujet de sa venue ici et de la jeune fille, même s'il s'en doutait bien. Le marionnettiste déclara à Charles que Marine était sûrement une mutante, sans réellement le dire. Il se servit de ses pensées pour approfondir ses idées. Le professeur X fixait Alec alors que ce dernier continuait à parler, psychiquement.

«Je vois, répliqua le professeur à voix haute. Merci de m'avoir appelé dans ce cas. »

Le professeur scruta attentivement Marine, essayant d'en savoir un peu plus sur elle en fouillant son esprit. De ce qu'il comprit, la jeune fille avait donc entendu parlé de l'institut mais ne savait pas où celle-ci se trouvait, fort heureusement. Elle se demandait si sa mère serait d'accord qu'elle change d'école, mais ça, Charles pourrait s'en charger. Enfin, Alec avait précisé qu'il ne voulait pas que la jeune fille se sente différente ou pire, folle. Charles devait tenter une approche et mettre la mutante en confiance. Il la fixa donc en se concentrant pour lui parler dans son esprit. Il ne voulait pas l'effrayer, mais si elle comprenait que la mutation était bien réelle, alors peut-être voudrait-elle venir à l'institut.

* Je me présente, Charles Xavier, professeur dans une institut pour mutants, commença Charles en s'adressant uniquement à l'esprit de Marine. Ce que tu es, en réalité. Tu n'es pas seule et je peux t'aider. Et puis, nul besoin de t'inquiéter pour ta mère, je pourrais la convaincre de nous rejoindre, si tu le désires. En tout cas, sache que tu seras la bienvenue *

Observant Alec, Charles fit comprendre au mutant qu'il venait de s'entretenir avec Marine télépathiquement.

J’écoutais d’une oreille distraite ce que le docteur racontait à l’homme en chaise roulante, plus plongée dans mes pensées que sur la réalité. Je remarquai pourtant le soudain silence et relevai la tête vers les deux hommes. S’ils avaient arrêté de parler, ils restaient pourtant en communication, de par leur attitude. On aurait presque dit qu’ils continuaient à parler, mais sans bruits et immobiles.

« Je vois. Merci de m'avoir appelé dans ce cas. »

Je tournai la tête vers le professeur. Cette phrase ne collait pas vraiment avec la conversation qu’ils avaient quelques secondes auparavant. Je les regardais tour à tour, cherchant une explication, lorsque Mr Xavier, du nom avec lequel il s’était présenté, se remit à parler. A me parler.

Je me présente, Charles Xavier, professeur dans un institut pour mutants, ce que tu es, en réalité. Tu n'es pas seule et je peux t'aider. Et puis, nul besoin de t'inquiéter pour ta mère, je pourrais la convaincre de nous rejoindre, si tu le désires. En tout cas, sache que tu seras la bienvenue

Je sursautai. Sa voix n’était pas comme avant, simplement différente et je mis près d’une minute entière, figée, à comprendre qu’il venait de s’adresser à moi par télépathie. Ce que j’aurais cru impossible quelques heures auparavant semblait tout naturel devant cet homme. Moi mutante ? Je l’aurais remarqué depuis longtemps. Lui, par contre, devait l’être tout à fait et cela n’avait rien de rassurant. Je reculai d’un pas, surprise et légèrement effrayée. Le docteur était-il télépathe aussi ? Etait-ce ça, être mutant ?

« Vous êtes télépathe ? demandais-je au professeur, tentant d’adopter une attitude calme. Vous aussi ? continuais-je en fixant cette fois le docteur Halden. Je ne suis pas télépathe, je ne suis pas mutante. Dis-je très vite, plus pour moi-même que destiné à qui que ce soit. »

Cette histoire commençait à devenir irréelle. N’étais-je pas dans un de ces cauchemardes ? Le genre qui sont si réalistes qu’on se croirait dans la vraie vie ?

- Je vois. Merci de m'avoir appelé dans ce cas.

J'hochai la tête, je ne savais pas vraiment quoi faire et mon instinct m'avait poussé à appeler le professeur, puis le professeur sembla tenir compte de ma mise en garde puisqu'il me fit rapidement comprendre qu'il s'entretenait par télépathie avec la jeune Marine.

- Vous êtes télépathe ? Vous aussi ? Je ne suis pas télépathe, je ne suis pas mutante.

La réaction de la jeune Marine ne se fit pas attendre, elle affichait un air faussement calme qui ne tromper personne, me questionna sur ma mutation et commença à nier être une mutante...

- Il n'y a aucune honte à être différente, ce n'est pas une maladie, c'est une partie de nous... Et non je ne suis pas télépathe, j'évite d'utiliser ma mutation en public...

Surtout depuis que ma deuxième mutation avait fait son apparition, un double qui me ressemblait physiquement, mais sinon nous étions vraiment différents dans le genre opposé en fait...
Oui c'est ça, il était mon opposé, mais ma mutation n'était pas à l'ordre du jour contrairement à celle de Marine.

Je craignais que la jeune femme nous prenne pour des bêtes de foire... Et si c'était le cas je ne voyais pas comment la convaincre que l'institut Xavier pouvait l'aider... L'apprendre à contrôler et à développer sa mutation.

Personnellement je trouvais que c'était une bonne chose... Elle finira bien par accepter sa différence, un jour ou l'autre...
J'avais dans l'espoir que le professeur Xavier puisse convaincre la jeune Marine.

- Comme vient de le dire Mr.Halden, il n'y a aucune honte à être différent. Enfin, nous se sommes pas si différent de nos semblables... en fin de compte. Nous sommes plus d'un milliers de mutants sur cette planète.

Il observa la jeune fille en essayant d'être le plus calme possible, pour lui éviter d'avoir peur et de se mettre à quitter précipitamment les lieux. Il aurait bien tenté une nouvelle fois de lui parler dans sa tête mais il devait éviter qu'elle ne craigne cette méthode.

- Tu peux venir dans l'institut, si tu le désires Tu verras, beaucoup d'enfants, d'adolescents et d'adultes sont comme toi, comme nous là-bas. Tu pourras te faire des amis, voir que tu n'es pas seule.

Il insista sur le mot "seule", espérant qu'ainsi, la jeune fille soit intriguée de connaître de nouvelles personnes ayant des dons, tout comme elle. Charles n'avait plus rien à faire ici mais restait tant que la mutante ne lui donnait pas de réponse. Si elle décidait de le suivre, alors il s'occuperait de la mère de celle-ci pour qu'elle puisse laisser son adolescente partir à l'institut. Un petit tour dans l'esprit de la mère et le tour serait joué. Il n'allait pas lui faire oublier sa fille, juste faire en sorte que cette dernière pense que son enfant allait se rendre dans une école pour surdoués.

- Qu'en dis-tu ? Tu es prête à nous suivre ? Le professeur Halden travaille là-bas et, si tu te sens plus en confiance avec lui, tu sauras que quelqu'un est là pour te venir en aide, dans le besoin.

Il fit un sourire et attendit, assit dans son fauteuil les mains en croix.